La Fée endormie

La Fée endormie

Mais quel est donc ce château que j’aperçois du rivage ?
Il m’a l’air abandonné, isolé dans ses murailles.
J’en ignore le chemin, je n’en vois pas le pavage.
Prête à Dieu de me montrer le secret de ses entrailles !

C’est en parcourant les rues, au hasard de ces venelles,
Que j’ai trouvé l’escalier montant sur la plateforme.
Que de ronces et d’herbes folles, fort peu coopérationnelles,
Se dressent sur le passage aux effluves de chloroforme !

Parvenu jusqu’au portail de l’étrange forteresse,
J’ai gravi tous les degrés des marches de la terrasse.
La porte était verrouillée par une clef enchanteresse
Que j’ai repêchée d’un puits camouflé dans la fourasse.

Me voici dans le grand hall que les ténèbres compliquent,
Mais j’ai ouvert les volets, fait pénétrer la lumière.
J’ai emprunté un couloir jusqu’à l’escalier magique
Et j’ai atteint le palier enseveli de poussière.

C’est dans la chambre du fond qu’était la belle endormie.
Dans un lit à baldaquin sous des tentures dorées.
J’ai ouvert les tabatières envahies par les fourmis,
Le soleil a pénétré dans la pièce mordorée.

Il a suffi d’un baiser, là, juste au creux de ses seins,
Pour voir sa peau s’animer d’infimes tressaillements.
Quand elle a ouvert les yeux, pas besoin de faire un dessin
Pour comprendre en ce moment l’esprit de son bâillement.

L’histoire finirait ainsi si je n’étais indiscret,
Car la belle m’a enlevé et m’a ouvert l’univers.
Je m’en veux mais j’ai promis de préserver le secret,
Car une nouvelle dimension m’a sorti de mon hiver.

Tableau de Fabienne Barbier

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