Étiquette : Échecs

Les jeux d’échecs

  • Le Roy Gérôme

    Le Roy Gérôme

    Il naquit pion et sagittaire car son chemin était tracé
    Pour traverser son échiquier jusqu’au choix de sa destinée.
    À vingt ans, toujours solitaire – personne ne l’avait embrassé –
    Il rejoignit ses équipiers parmi les soldats mâtinés.

    En sortira-t-il chevalier ? Tout dépend s’il écrit l’histoire
    Soit comme un fou, tout de travers, soit comme la tour, toujours tout droit.
    Mais s’il a l’esprit cavalier, il accumulera ses victoires
    Durant ses six mois de calvaire s’il ne se montre pas maladroit.

    Rendez-vous à l’année prochaine, il sera métamorphosé ;
    Le cœur vaillant, l’esprit ravi dans le corps d’un prince charmant.
    Il aura découvert sa reine, son âme-sœur prédisposée
    À l’accompagner dans la vie et prête à lui prêter serment.

    Que tous les jours soient des dimanches, toutes les nuits, des nuits d’amour !
    Quand on est Roy, que peut-on craindre mis à part la révolution ?
    De case noire en case blanche, avec du tact et de l’humour,
    Il n’a point le temps de se plaindre constamment en évolution.

    Souhaitons-nous de nous retrouver au moins deux ou trois fois par an
    Pour raconter les souvenirs d’un sagittaire apprivoisé.
    Comment la vie l’a éprouvée, comment est-ce d’être parent ?
    Comment se porte l’avenir et pourrons-nous en pavoiser ?

    Tableau de Maryvon Riboulet

  • Les échecs

    Les échecs

    « L’état c’est moi ! », disait le Roi « et il ne peut y en avoir d’autre ! »
    « J’suis la plus belle ! », disait la Reine « il n’y a pas plus belle que moi ! »
    Comme ils se sentent à l’étroit dans le palace où ils se vautrent,
    Le Roi et la Reine, à sa traîne, vont faire la guerre tous les mois.

    D’abord les pions paient un impôt, ce n’est que juste précaution.
    Les cavaliers paient leur fourrage pour la santé de leurs chevaux.
    Les tours doivent faire un dépôt de garantie pour la caution.
    Les fous n’ayant pas de courage, ils feront les pires travaux.

    Le noir et blanc est de rigueur, on abandonne les couleurs.
    Finalement, tout est en gris, c’est plus facile à assortir.
    Tous ceux qui ont de la vigueur paieront leurs taxes sans douleur ;
    Les gros, les grands, les rabougris, sinon on les fera sortir !

    Mais si on veut quitter les règles, il faut des avocats marrons
    Et si on veut gagner des cases, la politique est nécessaire.
    Avec quelques hommes espiègles, des margoulins et des larrons,
    On guettera la bonne occase pour évincer ses adversaires.

    L’échec arrive à chaque fois mais ça ne change rien du tout !
    Il y en a qui changent de camps, d’autres s’échangent leurs couleurs.
    Jamais la Reine ni le Roi ne se retrouvent sans un atout.
    Les pions sont plus pauvres qu’avant et chacun compte ses douleurs.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vive le Roi !

    Vive le Roi !

    « La danse macabre » de Henri Cazalis

    Zig et zig et zag, la mort en cadence
    Frappant une tombe avec son talon,
    La mort à minuit joue un air de danse,
    Zig et zig et zag, sur son violon.

    Le vent d’hiver souffle, et la nuit est sombre,
    Des gémissements sortent des tilleuls ;
    Les squelettes blancs vont à travers l’ombre
    Courant et sautant sous leurs grands linceuls,

    Zig et zig et zag, chacun se trémousse,
    On entend claquer les os des danseurs,
    Un couple lascif s’assoit sur la mousse
    Comme pour goûter d’anciennes douceurs.

    Zig et zig et zag, la mort continue
    De racler sans fin son aigre instrument.
    Un voile est tombé ! La danseuse est nue !
    Son danseur la serre amoureusement.

    La dame est, dit-on, marquise ou baronne.
    Et le vert galant un pauvre charron – Horreur !
    Et voilà qu’elle s’abandonne
    Comme si le rustre était un baron !

    Zig et zig et zig, quelle sarabande!
    Quels cercles de morts se donnant la main !
    Zig et zig et zag, on voit dans la bande
    Le roi gambader auprès du vilain!

    Mais psit ! tout à coup on quitte la ronde,
    On se pousse, on fuit, le coq a chanté
    Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde !
    Et vive la mort et l’égalité !


    « La partie fugace » de Maryvon Riboulet

    Tic et Tic et Pat, la Reine en cadence
    Frappant son Évêque avec son talon,
    La Tour à minuit joue un air de danse,
    Tic et Tic et Pat, sur son Étalon.

    Un assaut blanc souffle sur l’échiquier sombre,
    Des gémissements jaillissent des Pions ;
    Les Cavaliers blancs vont à travers l’ombre
    Prenant en sautant sur l’air des lampions,

    Tic et Tic et Pat, le Roi se trémousse,
    On l’entend Roquer ses os vers la Tour,
    La Reine lascive s’assoit sur la mousse
    Comme pour se garder et faire un détour.

    Tic et tic et Pat, l’échec continue
    De troquer sans fin sa blanche agression.
    Un voile est tombé ! La Maîtresse est nue !
    Son Fou la protège dans sa progression.

    La dame est, dit-on, Reine ou bien Princesse.
    Et le vert galant un pauvre larron
    Et voilà, horreur ! Qu’elle se rabaisse
    Comme si le Pion était un baron !

    Tic et tic et Pat, quelle sarabande!
    Tous les Chevaux noirs se rangeant autour !
    Tic et Tic et Pat, on voit dans la bande
    Le Roi s’Adouber derrière la Tour !

    Mais au coup de grâce, on quitte la ronde,
    On se pousse, on fuit, le Mat incombé !
    Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde !
    Le Roi est déchu, le Roi est tombé !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les joueurs

    Dans le jeu de la vie, les pièces se décalent.
    La tour est menaçante et le cheval détale.
    Le joueur avisé consulte la kabbale.
    Afin de se sortir d’un terrible dédale.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.