Étiquette : Mer et océan

Les poèmes qui sentent bon l’air du large

  • L’étoile de mère

    L’étoile de mère

    Chaque année apporte sa vague et le flux des mois qui déferlent
    Et le temps imprègne le sable et son reflux sale ma terre.
    Alors mon cœur part en zigzag parmi les décisions qui perlent
    Entre le plus indispensable et mes folies héréditaires.

    Chaque année apporte son vent et le flux des informations
    Et le temps en humecte l’air et son reflux mouille mon feu.
    Alors mon cœur part au-devant de toutes les transformations
    Que je pense alors nécessaires et que j’appelle de tous mes vœux.

    Chaque année apporte son souffle et le flux des conversations
    Et le temps les dilue dans l’eau et son reflux brûle et m’irise.
    Alors mon cœur pleure et camoufle ses peines en tergiversations
    Jusqu’à ce que tout parte à vau-l’eau dans un ultime lâcher prise.

    Chaque année apporte son sel et le flux des bonnes surprises
    Et le temps attise le feu et son reflux m’aère l’âme.
    Alors tourne le carrousel de toutes mes pensées éprises
    Des expériences que mon cœur veut vivre au présent, tout feu tout flamme.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le chat qui regardait par la fenêtre

    Le chat qui regardait par la fenêtre

    Mêlé d’ennui, de nostalgie, il regardait par la fenêtre
    Comme s’il aspirait à entrer par la porte du Paradis.
    Il pratiquait sa liturgie chaque fois qu’un rayon venait naître
    Pour l’induire à se concentrer jusqu’à ce qu’il en soit affadi.

    L’addiction de plus en plus forte en devenait obsessionnelle ;
    Il en devint neurasthénique tant qu’il en perdit l’appétit.
    Il guettait même derrière la porte une occasion exceptionnelle
    Pour une sortie hygiénique de son univers trop petit.

    Il joignait ses pattes en avant d’une prière silencieuse
    Comme s’il avait lâché prise et demandait l’aide divine.
    Il avait bu auparavant une liberté insoucieuse
    Et espérait une surprise issue de déesse féline.

    Le Dieu-Chat miséricordieux envoie deux anges en mission
    Pour s’entretenir avec lui et avec ses deux maîtres qui l’aiment.
    Il aurait été fastidieux de demander la permission
    Et, devant l’espoir qui reluit, il prend la décision lui-même.

    Encore aujourd’hui, il écrit, il nous transmet ses amitiés,
    Trônant fièrement dans son palais devant de nouvelles fenêtres.
    Mais il n’y est plus circonscrit ; il est désormais amnistié
    Et peut courir se régaler dans le jardin du nouveau maître.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Ciels et terres, mers et vents

    Ciels et terres, mers et vents

    J’ai compté cinquante-deux vagues venues s’échouer au rivage
    Qui m’ont raconté les mémoires des sirènes et de leurs amours.
    Amours qui partaient en zigzag, en queue de poisson selon l’âge
    Des marins pris dans l’écumoire du temps qui écume les jours.

    Cinquante-deux soleils couchants qui s’engloutissent à l’horizon
    Et jettent un dernier rayon vert que les nuages absorberont.
    Ciels colorés effarouchants qui annoncent la guérison
    D’instants fragiles comme du verre qui se reconsolideront.

    Cinquante-deux vents alizées qui soufflent et effacent les traces
    Que la vie marque sur le sable de son écriture éphémère.
    Brises ou tempêtes localisées mais qui ont agité les barques
    Chargées d’espoirs indispensables aux consolations douces-amères.

    Cinquante-deux blocs de rochers, galets polis et coquillages,
    Témoins muets de l’érosion qui creuse la Terre et l’écorne.
    Ces petits morceaux accrochés comme souvenirs de voyage
    Déclenchent souvent l’éclosion d’une pensée du capricorne.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La mer

    La mer

    La vie semble une mer furieuse qui ravage les destinées ;
    Puis dans les moments d’accalmie on pleure les chers disparus.
    Fatalité bien injurieuse envers nos enfants qui sont nés,
    Envers nos parents, nos amis, devant les anges comparus.

    Nous tous, dans le même bateau, connaissons depuis la naissance
    Les abandons, les trahisons, l’humiliation et le rejet.
    Bien sûr, ce n’est pas du gâteau d’organiser la résistance
    Pour gagner notre guérison et faire de nouveaux projets.

    La mort n’est pas une injustice, même les longues maladies
    Présentent un chemin bien étrange à tous ses accompagnateurs.
    Même si les âmes aboutissent au bout du compte au paradis,
    Leur disparition nous dérange et le chagrin dévastateur.

    L’amour peut paraître invisible mais il assemble nos racines
    Et une essence nous traverse par l’écho du canal du cœur.
    Cet amour nous rend invincibles, il nous anime, il nous fascine
    Car malgré toutes controverses, il n’a ni vaincus ni vainqueurs.

    On connaît toutes ces souffrances dans le voyage des humains
    Mais on apprend à partager autant les joies que les tristesses.
    On se dit que fine est la chance d’arriver au bout du chemin
    Et ce sont nos personnes âgées qui en démontrent l’étroitesse.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le mur de l’horizon

    Le mur de l’horizon

    Peut-être un jour découvrirai-je ce qui est derrière l’horizon ;
    J’y verrai alors rassemblé ce j’aurai longtemps cherché,
    Avant que ne se désagrège l’infime porte de prison
    Qui m’avait parfois bien semblé inaccessible et haut perchée.

    Existe-t-il une vitesse à laquelle il faut sacrifier
    Toute l’énergie dépensée pour percer ce mur de frontière ?
    Sauf si ce n’est ma petitesse qui me force à falsifier
    Tous les espoirs et les pensées que j’ai lancés ma vie entière ?

    Peut-être qu’aussi j’aurai peur au moment où il faudra franchir
    Cette ouverture qui rapetisse quand je l’approche doucement ?
    Peut-être qu’à toute vapeur ou en fonçant sans réfléchir,
    Toutes les craintes se répartissent jusqu’à en taire le moment ?

    Mais il y a une opposition entre mon petit univers
    Et ce qui est autour de moi comme si j’étais enfermé.
    Alors qu’elle est ma position ? Suis-je comme un singe en hiver ?
    Combien partagent-ils l’émoi d’avoir peur de se transformer ?

    Peut-être que la solution est de me fondre dans la mer,
    Prendre la forme de la Terre, me réchauffer comme un soleil ?
    Pas besoin de résolution ni des bons conseils de ma mère
    Pour me tourner vers le mystère qui règne au fond de mon sommeil !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • 365 degrés autour du monde

    365 degrés autour du monde

    C’est parce que la Terre est ronde de trois-cent-soixante-cinq degrés
    Que la lumière crée des orbes et des tableaux crépusculaires.
    Et c’est la course autour du monde des voyageurs, des émigrés,
    Que les soleils couchants absorbent dans leurs rayons tentaculaires.

    C’est juste à la fin du verseau que se glissent entre les poissons
    Les petits bateaux colorés qui vont embrasser les couleurs.
    Le cul calé dans leurs berceaux, on voit les jeunes polissons
    Qui vont tenter de déflorer la mer avec ou sans douleur.

    Je ne sais s’ils sont fils du vent, fils de la mer ou l’océan,
    Mais ils se transforment en corsaires dès que l’on gratte un peu leurs gènes.
    Les voilà partis au levant, vers l’aventure, vers le néant,
    Partis combattre l’adversaire pour les beaux yeux d’une indigène.

    Christophe Colomb vit quelque part entre les vagues dérivées
    Parmi les étraves croisées que leur sang peine à maintenir.
    Ils n’aiment pas trop les départs et préfèrent les arrivées
    Car les bagages entretoisés ne peuvent pas tout contenir.

    Et ce sont ces vaisseaux chargés d’un sang nouveau de découvertes
    Qui les poussent à l’appareillage et partir loin vers le couchant.
    Souvent les peines ont surchargé juste un peu trop leurs plaies ouvertes
    Mais espérons que leurs voyages seront remèdes escarmouchants.

    Escarmouchant : qui gagne en faisant de petites batailles ou quelque chose comme ça.

  • La Vague de retour

    La Vague de retour

    Maintenant que tu as franchi le grand méridien du zodiaque,
    Celui qui marque les années sous l’autorité des étoiles,
    Aujourd’hui, tu es affranchi de tout ce monde démoniaque
    Que, le visage basané, tu quittes le vent dans les voiles.

    Lorsque tu atteindras la Lune, dans ta frégate exorbitale,
    Profites-en pour faire le point sous sa clarté révélatrice.
    Tu sauras trouver la fortune sans retourner à l’hopital
    Car tous ceux qui sont nés en juin ont l’intuition divinatrice.

    La balise Mars, c’est la rouge, elle teinte la mer de sang.
    Tu y boiras l’eau de la vie et de la jeunesse éternelle.
    Grâce à elle, tu vis et tu bouges en un mouvement surpuissant
    Qui est la force qui te ravit depuis l’école maternelle.

    Jupiter, Saturne, Uranus, tu ne pourras pas les louper
    Car elles sont omniprésentes dans cette course vagabonde.
    Mais fais attention à Vénus, là, tu ne pourras pas y couper,
    Car tout ce qu’elle représente, c’est l’existence dans le monde.

    Ne dépasse jamais Pluton après le trident de Neptune !
    Tu t’égarerais dans les routes des pauvres fous mégalomanes.
    Au contraire, ne sois pas glouton de cette voie inopportune
    Et mets le cap « en avant toute » comme on dit en langue romane.

    Et c’est enfin avec Mercure, que tu gagneras le grand prix
    Qui saura mieux récompenser tous tes efforts et ta patience.
    Le succès, tu n’en auras cure, car désormais tu as compris
    Que c’est le cœur et la pensée, ensemble qui font ta conscience.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La voix du « Spirit of Saint-Louis »

    La voix du « Spirit of Saint-Louis »

    Parfois les voiles vont par deux pour sécuriser leur départ ;
    Puis, elles franchissent l’horizon puis, elles traversent les frontières.
    Si leur voyage est hasardeux pourtant aucun d’eux ne dépare
    À ce qui construit leur raison de vivre une vie entière.

    Ils s’en vont heureux et fous de suivre leur propre carrière,
    De voler de leurs propres ailes, de s’aimer la première fois.
    On leur met trop de garde-fous, on leur dresse trop de barrières ;
    On doute souvent de leur zèle, on doute toujours de leur foi.

    On dit qu’ils n’iront pas très loin comme deux aveugles ensemble,
    Alors qu’ils ne faisaient qu’attendre patient l’heure de la marée.
    Et c’est des gènes de malouin, dont leur ADN s’assemble,
    Qui montre la carte du tendre où seul l’amour est amarré.

    C’est le chemin des découvertes, c’est la route de l’expérience
    Et le savoir se concrétise par le fruit des amours unies.
    Souvent sous la voûte couverte leur corps priaient en espérance ;
    Quand c’est l’âme qui prophétise, le cœur n’est jamais démuni.

    Et c’est l’esprit qui ressuscite par un miracle inouï
    Qui plonge au bout de ses racines qui feront la branche de demain.
    J’entends comme une voix qui suscite l’âme du « Spirit of Saint-Louis » ;
    Je vois l’enfant qui me fascine faisant un geste de la main.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La mer matrimoniale

    La mer matrimoniale

    C’était mon jeune âge où la mer était plus grande que l’univers.
    C’était mon jeune âge où ma mère remplissait les anges du ciel.
    C’était mon jeune âge où mon père était un grand savant sévère.
    C’était mon jeune âge où mes frères étaient compagnons confidentiels.

    La mer m’entrouvrait ses grands bras pour m’appeler dans le lointain.
    Le soleil remplissait la plage de milliers d’étoiles dans le sable.
    Mes châteaux faisaient « patatras » sous mes coups de pelles enfantins.
    Infini était le rivage, tout me semblait indispensable.

    Le soir, tout redevenait gris, mes souvenirs de cartes postales.
    La voiture reprenait le chemin de notre maison familiale.
    Mes jambes s’étaient amaigries d’avoir couru d’envies costales.
    Mais gravées sur le parchemin, mes mémoires cérémoniales.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les vagues de réveil

    Les vagues de réveil

    D’une gifle flairant l’écume sur ma peau rêche et halée,
    Comme ces réveille-matins qui vous explosent les rêves,
    Comme un combat sur l’enclume d’étincelles inhalées,
    Cette vague qui m’atteint et qui me frappe sans trêve.

    Mais il n’y a pas de douleur, mais il n’y a pas de souffrance,
    Dans ce présent qui m’assaille pour me sortir du sommeil.
    Toutes ces myriades de couleurs qui me tirent de mes errances
    Comme des guerriers Massaï sur leurs pirogues vermeilles.

    C’est la vie qui me chuchote, c’est la vie qui m’injective ;
    Parfois par des coïncidences qu’il faut attraper au vol,
    Parfois par des passing-shots de façon provocative,
    Parfois par des circonstances qui demandent son envol.

    Mais il ne faut pas courir, parce que courir c’est mourir !
    Ni forcer sur son allure, car on perd toute l’essence.
    Juste marcher et nourrir, pour sentir son cœur sourire,
    D’une suave brûlure, son esprit et sa conscience.

    C’est pourquoi je bois le sac de ces rouleaux déferlants
    Qui m’abreuvent le cœur d’iode et le rassasient de sel.
    Et j’absorbe ce ressac saturé des vents hurlants
    Pour m’ancrer dans la période du présent qui m’étincelle.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Songe daltonien

    Songe daltonien

    Dans une aube nébuleuse ou un coucher tourmenté,
    Je ne sais à quel moment la journée a commencé ;
    La mer semble crapuleuse, les vents désorientés
    Avec des grains assommants de rêveries romancées.

    Peut-être est-ce le matin qui remonte la journée ?
    Peut-être est-ce aussi le soir qui dégringole vers l’aube ?
    Moi, j’ai perdu mon latin dans une vie ajournée
    Qui ne pouvait plus sursoir au temps qui conduit le globe.

    Un soleil couleur rubis sur un ciel d’azur-orange
    Fait resplendir la palette d’un peintre déraisonnable
    Qui aurait eu la lubie de composer ce mélange
    En tirant de l’arbalète sur des toiles insoutenables.

    Les vagues incendiées d’oriflammes écarlates
    Semblables à des flots de roses sous les pas de la mariée.
    Quelque artiste contrebandier faisant trafic d’armes plates
    A dû larguer, l’air morose, ses grenades avariées.

    Comme un costume audacieux qui s’accommode à ma peau,
    Que je sens m’assujettir aux couleurs sensationnelles,
    Je sens l’habit fallacieux me transformer en drapeau
    Sur lequel ce rêve étire mes folies irrationnelles.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La philo à l’îlot

    La philo à l’îlot

    Avec ses petits plumeaux pour accomplir son ménage
    Et tous ses petits chiffons bien rangés sous les nuages,
    Robinson lave à grand ’eaux à risquer le surmenage
    Et nettoie comme un typhon pour le grand débarbouillage.

    C’est parce que c’est vendredi et vendredi, c’est sacré !
    Du lointain de l’horizon, derrière la barre de récifs,
    Ça ne s’est jamais contredit : sur leurs pirogues nacrées
    Viendront sur l’île-prison, les indigènes expressifs.

    Quand il aura bien rangé toutes les noix de coco,
    Quand il aura déblayé le varech sur le rivage,
    Quand il aura dérangé sa hutte un peu rococo,
    Quand il aura balayé les fientes d’oiseaux sauvages,

    Il fera un feu de joie sur la pointe du rocher
    Comme un phare dans la nuit qui montrera le chemin.
    Être le seul villageois, sur son royaume accroché,
    Ça le sort de son ennui pour aujourd’hui et demain.

    C’est la vie de Robinson, c’est son devoir d’îlotier
    Qui prend soin de son îlot en vrai maître de maison.
    Il est gai comme un pinson chantant sur l’abricotier ;
    Ça façonne sa philo et ça forge sa raison.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le château du prince

    Le château du prince

    Comment bâtir sur le sable un empire de fortune ?
    Comment résister aux vagues qui viendront briser les murs ?
    Nul argent impérissable, nulle assurance opportune
    Ne protègeront les dagues ni la rouille des armures.

    Dans ce sable d’illusion qui voit pousser les châteaux,
    Les petites seigneuries transforment la terre en or.
    Nul ne fera allusion au contenu des bateaux
    D’où les richesses ont fleuri sans jamais perdre le nord.

    Dans ce présent immobile où tout parait éternel,
    Tous les petits souverains règnent en haut de leurs structures
    Dont les pierres font le mobile de leurs combats fraternels
    Jusqu’à ce qu’un sang imprègne leurs belles architectures.

    Mais le prince est jeune encore et suivra sa bonne étoile
    Qui bénira les pâtés qui s’effondreront ce soir.
    Il ne cherche que le record, l’audace qui tisse sa toile,
    Juste un peu pour s’épater de ses frivoles accessoires.

    Élevé ou ratissé, le sable reste inchangé ;
    Il n’a pas besoin de moule pour changer sa destinée.
    Chaque grain rapetissé, scellé ou interchangé
    Sera roulé par la houle demain dans la matinée.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les marées de mars

    Les marées de mars

    Sur des eaux si transparentes que mon cœur va s’y baigner,
    Comme une mer de cristal qui remplirait la calanque,
    Immortelles amarantes dont les vagues sont imprégnées
    Me rappellent le goût distal du sel des terres salanques.

    L’air iodé de ma Provence ravive les souvenirs
    Des lointains marais salants qui m’ont desséché les lèvres.
    La divine providence a su me faire revenir
    Dans le circuit nonchalant de mes pas chargés de fièvre.

    Les marées de mars m’expriment dans l’insolite tableau
    Que brosse le vent du large dilué d’entrées marines,
    Des influences qui priment et m’amarrent comme un câbleau
    À toutes ces petites barges telles felouques barbarines.

    Et le tourbillon m’entraîne dans sa matrice immergée
    Vers mes familles ancestrales noyées dans ses profondeurs.
    Mes flots de pensées s’égrènent dans les rouleaux émergés
    Des vagues chaudes australes, ainsi qu’un échosondeur.

    J’aime le son amoureux du silence de la mer
    Qui fait naître sur la toile mes vraies émotions éparses.
    J’aime le vent langoureux chargé des effluves amers
    Qui m’emporte dans ses voiles comme un voyageur comparse.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les vieux bateaux à quai

    Les vieux bateaux à quai

    Qui sont-ils, où vont-ils ? Tous ces bateaux à quai
    Qui ont troqué leur voile pour une ancre solide ?
    Ils étaient mercantiles, ils étaient aux acquêts
    Jusqu’à ce qu’ils dévoilent leur âme cupide.

    Ils ont porté tant d’or que leur bois est usé,
    Ils ont tant sillonné les routes du commerce
    Qu’aujourd’hui on s’endort tant on est abusé
    Et qu’on a bâillonné leurs sirènes perverses.

    Vieux vaisseaux asséchés par la soif de l’argent
    Qui faisaient la fierté de la flotte côtière,
    Immobiles, desséchés par les flots détergents,
    Ils semblent concerter comme des chipotières.

    Ils n’ont que leur passé comme ultime richesse ;
    Ils vivaient d’avenir et de tendres chimères.
    Ils restent à ressasser leurs anciennes largesses ;
    Le temps des souvenirs est une mort amère.

    Aujourd’hui leur présent n’est qu’un temps suspendu.
    Ils ont peur du futur et ne savent plus vivre.
    L’argent omniprésent ne s’est pas répandu
    Et aucune suture ne le fera survivre.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les fiancés de la mer

    Les fiancés de la mer

    Ils ont scellés leurs destins sans se recouvrir de chaînes,
    Ils ont réuni leurs voiles et marié leur gouvernail.
    Un passager clandestin plus petit qu’un gland de chêne,
    De temps en temps se dévoile par des impulsions canailles.

    Ils ont confié à Neptune de les mener à bon port.
    Vénus montre le chemin au matin par son étoile.
    Un peu de brise opportune, qu’Éole offre comme apport,
    Propulse leur parchemin et les couche sur la toile.

    La mer sera leur patrie au-delà de l’horizon,
    Quelque part aux antipodes de la terre où ils sont nés.
    Éloignés de leur matrie, loin de toutes les prisons
    Où la vie est incommode et l’avenir rançonné.

    Plus de mauvaises nouvelles qui appesantit l’esprit,
    Plus de pression sur les tempes qui contraint au désespoir,
    Plus de retour de manivelle, de peur et de duperie,
    Plus de fumée sur la rampe, de leurre et de faux espoirs.

    L’amour de la liberté est un peu cher à payer
    Mais il ouvre la conscience et réunit cœur et âme.
    Les fiancés concertés sont prêts à appareiller
    Avec toute la patience pour un homme et une femme.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Auprès de mon phare

    Auprès de mon phare

    Juste au bord de la mer, juste auprès de mon phare,
    À surveiller le ciel et toutes ses étoiles.
    À la fonte des glaces, on entend la fanfare
    Qui prévient les péniches et les bateaux à voile.

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  • Saint-Valentin s’énerve

    Saint-Valentin s’énerve

    Valentine est en retard et Saint-Valentin s’énerve !
    Il va tromper sa fureur en faisant de grosses vagues.
    Mais Valentine s’en fiche ! Avec sa copine Minerve
    Elle parcourt les boutiques pour s’acheter une bague.

    « Peste soit de ces ferrailles » Hurle-t-il à Cupidon
    Qui a fait tomber ses flèches dans l’énorme tourbillon.
    « Attends que je les ramasse » lui répond Poséidon
    « Et on lui pique les fesses pour calmer ton goupillon ! »

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  • En remontant la mer

    En remontant la mer

    Au fur et à mesure que mon bateau avance,
    Je déplie un par un les rouleaux de la mer.
    Après, je récupère son sillage en mouvance,
    Que je redéployerai sur sa course éphémère.

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  • Les quais de mai

    Les quais de mai

    C’est au 20, rue du quai que ma mémoire sombre
    Dans les plis des ruelles profondes qui s’enracinent
    Aux souvenirs intimes tapis dans la pénombre
    Qu’on extrait par lambeaux d’une peine assassine.

    Les amours du passé deviennent immobiles,
    Durcies par la résine du temps qui cristallise.
    Ni mortes, ni vivantes, sans raison, sans mobile
    Qui était le cœur fort qui portait les valises.

    Tous les plaisirs d’amour se jettent dans la mer
    Comme la pluie qui tombe sur la terre trop sèche.
    Ils n’ont rien abreuvé de leurs sources amères
    Et retournent intacts tous les fruits de leur pêche.

    Les amours emmurées sont les plus difficiles,
    Ils n’ont aucun écho et sont nature morte.
    Les albums de photos redeviennent fossiles
    Quand ils sont immergés au midi de la porte.

    Si les amours d’antan se perdent dans l’oubli,
    C’est que le temps se pose, dépose et redépose
    Des couches d’illusions plus ou moins anoblies
    Qui font fleurir l’amour d’humus de ménopause.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vénus et Mars en bateau

    Vénus et Mars en bateau

    Maman, les petits bateaux qui naviguent par deux,
    Ne sont-ils faits que de bois ou sont-ils amoureux ?
    Et quand ils se rapprochent d’un air galvaudeux,
    Est-ce pour accoucher d’un amour langoureux ?

    J’en ai vu, ce matin, deux petites chaloupes,
    À peine accastillées dans leurs premières voiles.
    Je les imaginais venant de Guadeloupe
    Débordant de soleil aux poussières d’étoiles.

    Ils se sont échappés loin de leur bateau-mère,
    Louvoyant les récifs et les côtes amères.
    Puis, dans le lagon bleu, ténébreux, outremer,
    Ils se sont embrassés bercés par leurs chimères.

    Je vous l’avoue, maman, les bateaux ont un sexe !
    Mars avait un grand mât, que dis-je, un braquemât !
    Vénus avait la poupe légèrement circonflexe
    Et le mât dans la poupe a grimpé l’audimat !

    Pipe en bois ou brouette, levrette ou missionnaire,
    Ils ont fait de tout bois chaque pose amoureuse.
    Ça grinçait par moment, c’est extraordinaire !
    J’ai appris que la mer était avant coureuse.

    Vous dirais-je, maman, ce qui fit mon tourment ?
    Ce n’est pas de connaître enfin la libido
    De ces petits bateaux à l’appétit gourmand,
    Mais de n’avoir pas su être aussi rapido !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les dents de la mer

    Les dents de la mer

    Aussitôt qu’elle voit la jolie montgolfière,
    La mer claque son bec sur la proie innocente.
    Et les dents acérées sont abasourdissantes
    Quand elles se referment sur la nacelle truffière.

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  • Morte saison

    Morte saison

    Aujourd’hui tout est gris, je n’ai pas de couleurs.
    La nature est en deuil et le temps est en pleurs.
    Le tonnerre a brisé à grands coups de canons
    Le silence de peine sur tous les cabanons.

    Le brouillard me dilue les lumières perdues,
    Étouffant sous son aile en pesant son étoffe.
    La froidure m’engourdit après m’avoir mordu
    Et je sens son venin dans mes vers et mes strophes.

    Dans mon bunker d’hiver j’entends sourdre le vent
    Qui s’allie à la neige effaçant toute trace.
    Comme ce pugilat entre les morts-vivants
    Et les derniers fidèles sous la gelée vorace.

    Même le temps trahit le soleil invisible ;
    Il raccourcit les jours et allonge les nuits.
    La frange de lumière devient presque illisible
    Et les ombres accordent le baiser de minuit.

    Mais les étoiles brillent et continuent leur course
    À travers le zodiaque au-delà des nuages.
    Sous la monotonie du manque de ressource,
    Je brûle mes chimères au cœur d’écobuage.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les portes invisibles

    Les portes invisibles

    Regardons au-delà de nos peurs et nos peines.
    N’embourbons pas nos yeux dans l’humus pourrissant.
    Les arbres ne sont pas des serrures ou des pennes,
    Mais peuvent nous ouvrir vers des lieux nourrissants.

    Laissons-les s’écarter et montrer notre route.
    Laissons-les nous montrer qu’il n’y a pas de frontière.
    S’ils relient le soleil à la terre, sans doute,
    Ils seront les passeurs vers une autre matière.

    Quand nous sommes en forêt cernés par leur présence,
    Nous savons qu’ils ne sont ni gardiens ni limites.
    Ce ne sont que des portes exemptes de malfaisance
    Qui permettent d’oser de partir en ermite.

    Pour moi, ils ont ouvert le passage du choix ;
    Dévoilant l’horizon caché sous la barrière.
    Inexorablement, jusqu’à ce que je choie
    Dans une initiation pour une autre carrière.

    Il n’y a d’illusion que pour les non-voyants ;
    Ceux qui s’arrêtent au mur, écrasés sous leurs charges.
    Mais il faut invoquer son ange prévoyant,
    Courir vers le bateau qui nous emmène au large.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Ce balancier troublant

    Ce balancier troublant

    Ce bateau solitaire coincé sur la planète,
    Entre des eaux timides et des vents courroucés,
    Semble avoir lâché l’ancre et rompu sa chaînette ;
    La coque entre deux ondes et le mât débroussé.

    Est-ce l’évolution qui dirige sa barre ?
    Est-ce un dieu tout puissant qui tient son gouvernail ?
    Je ne vois sur le pont qu’un homme un peu barbare
    Dans les bras d’une femme en couple de tenailles.

    Ils recherchent une terre, ils recherchent le feu.
    C’est le sel de la vie, l’énergie capillaire.
    Dans l’équilibre hostile d’un subtil couvre-feu,
    Menacés des abysses et des plus lourds que l’air.

    Cette odieuse balance qui oscille en silence
    Entre quatre éléments unis, hétérogènes,
    Va comme une machine que bat avec violence
    L’humanité perdue pour préserver ses gènes.

    L’homme n’est que de l’eau dans un bocal en verre.
    Il retourne à la terre, ses pieds sont ses racines.
    Son esprit brasse l’air qui souffle son calvaire.
    Son cœur n’est que du feu que son âme calcine.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’eau de l’hiver

    L’eau de l’hiver

    L’eau du lac est immobile, frappée par un sortilège
    Par la magie de l’hiver et tous ses soldats de glace.
    Les montagnes disparaissent sous mille couches de neige ;
    La nature s’est arrêtée et je ne tiens pas en place.

    L’eau du lac est silencieuse, les ruisseaux ne chantent plus.
    Les eaux sombres monotones semblent sortir de la tombe.
    Les montagnes s’assombrissent, les sommets sont crépelus ;
    La nature est trop humide et mes souvenirs retombent.

    L’eau stagnante des chemins reflète trop de nuages
    Et mes chaussures s’embourbent dans la gadoue des chemins.
    Les montagnes font barrage comme fond de maquillage ;
    La nature est hermétique et je vis sans lendemain.

    L’eau des torrents dégringole dans le calme des rigoles,
    Les pierres ont hiberné sous les feuilles amassées.
    Les montagnes en clair-obscur découragent les cagoles ;
    La nature est endormie et mon cœur est grimacé.

    L’eau se transforme en flocon, blanchit les toits des maisons
    Dans le silence de la nuit qui se referme sereine.
    Les montagnes sont effacées attendant la floraison ;
    La nature est en hiver et mon âme est souterraine.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Folle nature, folle humanité

    Folle nature, folle humanité

    Quand je lève les yeux là devant ma fenêtre,
    J’aperçois les montagnes au fond de la vallée.
    Comme un bateau flottant sur tous les paramètres
    Qui rythment les vivants sur un triste chevalet.

    Je les vois arpenter une vie de misère,
    Transportant leurs objets achetés dans l’effort.
    Ils rentrent dans leurs maisons, foyers indivisaires,
    Et repartent encombrés de déchets d’inconfort.

    Les montagnes immobiles n’ont que faire des fourmis
    Qui grouillent dans la vallée en quête de nourriture.
    Les sommets enneigés demeurent endormis
    Tandis que les cigales meurent en déconfiture.

    Mais les nuages passent lorsque souffle le vent ;
    Parfois lâchant la pluie et de terribles orages.
    Les fourmis les maudissent, ces démons aggravant.
    Qu’ont-ils fait au Bon Dieu pour recueillir sa rage ?

    C’est ainsi ; la nature a ses règles divines ;
    Elle n’a pas à juger ses rouages intimes.
    Mais les rampants regimbent dans leur âme chauvine
    Et voudraient y graver une logique légitime.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le prisonnier du village

    Le prisonnier du village

    Prisonnier de la vie, enfermé au village,
    Coincé entre la mer et de hautes montagnes,
    Je n’entrerai jamais dans vos enfantillages
    Qui trahissent l’esprit de la Grande-Bretagne.

    J’avais démissionné d’une vie outragée
    Qui ne convenait plus aux élans de mon cœur.
    Vous m’avez capturé pour m’en décourager
    Et je vous maudirai de toute ma rancœur.

    Vous voulez m’extorquer tant de renseignements
    Que je n’aurai de cesse d’échapper à vos peurs.
    Vous m’avez oppressé de tant de saignements
    Que je vous détruirai dans un geste stoppeur.

    Malgré vos tentatives et vos tristes expériences,
    Je vous échapperai, vous n’aurez pas mon âme.
    Malgré vos fourberies en multi variance
    Et vos humiliations qui ternissent ma flamme.

    Vous n’avez de visage que des faux numéros,
    Vos maîtres sont cachés et n’ont pas d’existence !
    Je vous renverserai et serai le héros
    Qui vous gouvernera de toute ma résistance.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Des filets d’ânes

    Des filets d’ânes

    Où sont passés vos trésors, mes pauvres aventuriers,
    Vous qui étiez gorgés d’or et de précieux fruits d’argent ?
    Qu’est devenu le butin dont vos coffres roturiers
    Regorgeaient dès la marée dans le matin émergeant ?

    Tous à moitié desséchés par la morsure de la mer,
    Encore gorgés des eaux et d’écumes orageuses,
    Las, échoués sur la plage, remplis de larmes amères,
    Vos bras ne renferment plus que des pensées ravageuses.

    Mais que reste-t-il encore de vos fiers exploits marins ?
    Qu’est-elle donc devenue votre pêche miraculeuse ?
    Vous étiez les contenants, vous serez les tartarins
    Qui raconteront leur chasse à la toison fabuleuse.

    On vous a raccommodés, vous repartirez bientôt ;
    On a resserré vos liens et remplacé vos flotteurs,
    Vidé tous vos souvenirs, effacé vos mémentos,
    Vous êtes prêts à refaire l’histoire à compte d’auteur.

    Demain vous embarquerez à nouveau pour la marée.
    Demain vous amasserez de nouvelles exigences.
    Demain vous vous chargerez de fruits de mer chamarrés.
    Mais charge de connaissances ne fait pas l’intelligence.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Titanic, je me souviens

    Titanic, je me souviens

    Je me souviens de toi, fier vaisseau titanique,
    Trop vite prince des mers et roi des océans.
    Auréolé de luxe au standing britannique ;
    Tu reposes à présent, perdu dans le néant.

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  • Le vol du Phénix

    Le vol du Phénix

    Dès que je vois les feux du soleil au couchant,
    Je sens l’eau qui bouillonne tout autour de mon corps ;
    Alors je m’ébouillante, deviens effarouchant
    Et je saute très haut rejoindre le manticore.

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  • La vague d’or

    La vague d’or

    Je l’ai couchée sur mes draps d’or,
    Je l’ai baisée sur mes mots bleus,
    Elle me roule lorsque je dors,
    Elle me trompe dans les sableux.

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  • Nouvelles vagues

    Nouvelles vagues

    Avez-vous senti passer cette vague de chagrin ?
    Comme un épais chagrin bleu chargé de lourdes ténèbres ?
    Annonçant la fin du monde et ses exécrables grains
    Prédisant la solitude et ses afflictions funèbres ?

    Il m’a rongé trop de nuits, des nuits toujours sans sommeil ;
    Il m’a si écartelé que mon corps en est gravé.
    J’ai vu passer les saisons, j’ai vu les jours sans soleil ;
    J’y ai perdu la raison en vertiges aggravés.

    C’est la vague bleue qui passe, qui balaie toute l’audace ;
    C’est un tsunami de peine qui emporte l’inutile.
    Et ces constructions humaines ne sont plus que des carcasses,
    Des échos de vanités et de réflexions futiles.

    Mais la vague n’a pas d’âme et sa sagesse est bien folle ;
    Elle n’a de compte à rendre ni de raison à fournir.
    Peut-être que si les hommes arrêtaient leurs fariboles
    Et cessaient d’ancrer leurs lois, ils cesseraient d’agonir.

    J’ai laissé tout s’envoler dans le déluge de glace ;
    Je n’ai voulu retenir ni passé ni expérience ;
    Je me suis retrouvé nu, laissé sans aucune classe ;
    Prêt à accueillir l’écho de la divine invariance.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Dernière récolte

    Dernière récolte

    Avant que le soleil se couche, je jette encore mon filet
    Une dernière fois dans les ondes sans savoir trop quoi attraper.
    Ce sera ma dernière récolte et mon dernier entrefilet
    Quelques rimes attachées aux mailles mais qui entreront sans frapper.

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  • Orage sur la mer

    Orage sur la mer

    Apercevez-vous au loin, ces nuages lourds et noirs
    Qui descendent sur la mer pour la noyer de leur encre ?
    Eh bien ces nues sont un leurre, austère comme la forêt noire,
    Pour effrayer les pêcheurs et leur faire trembler leur ancre.

    Ce sont des vaisseaux de guerres d’extra-terrestres égarés,
    Perdus dans notre univers, en quête de brigandage.
    Ces nuages sont des villes, citadelles bigarrées,
    Qui descendent pour la bataille, le pillage et l’abordage.

    Que Saint-Marc me vienne en aide pour nettoyer ces chimères !
    Que la croix de Saint-André vienne barrer le chemin !
    Que les feux de la Saint-Jean viennent embraser l’outremer !
    Que la foi de Saint-Thomas agisse en un tournemain.

    Que tous les anges d’Éole viennent repousser l’essor !
    Que les chariots d’Hermès crachent leurs feux protecteurs !
    Et j’en appelle à Vulcain pour nous forger un ressort
    Pour renvoyer chez Pluton ces perfides prospecteurs !

    Les éléments de la Terre ont répondu à l’appel.
    Regardez-les décamper la traîne basse en arrière !
    Quelle que soit la tempête j’aurai toujours ma Chapelle
    Comme un très saint lieu de culte pour y planter ma bannière !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Port-Souillé

    Port-Souillé

    Éclaboussés de couleurs comme vagues de tendresse,
    Tout barbouillés d’arcs-en-ciel comme des feux de détresse,
    Mes bateaux flambent de tons irisés comme l’aurore,
    Sur leurs mâts les oriflammes portent les couleurs d’Andorre.

    Moi, mes larmes ont coulé sur le port de la madrague,
    Mes chagrins ont dérivé et ont fait grossir les vagues,
    Ça fait trop longtemps déjà que je suis rivé au sol
    Et que cet immobilisme a altéré ma boussole.

    J’avais brisé mon navire sur les récifs des calanques,
    Puis on m’avait enfermé, enchaîné dans une planque.
    Depuis tout s’est arrêté, à l’horloge de mon être,
    Et puis tout a déliré ; j’ai vu mon âme renaître.

    Tout mon sang, toutes mes larmes se sont mélangés ensemble,
    Parfois le soleil couchant a reflété l’eau qui tremble,
    Parfois le soleil levant l’a inondée de lumière ;
    Elle scintille la nuit, comme pour une avant-première.

    Alors j’ai lâché les eaux, alors j’ai ouvert le port,
    Toutes ces belles couleurs accompagnant mon transport.
    Alors j’ai appareillé, alors j’ai mis de l’action,
    Avec mes mille couleurs comme une arme d’effraction.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Mes bateaux de la lanterne

    Mes bateaux de la lanterne

    Mes bateaux de la lanterne, où la lune s’est accrochée,
    Emmanchée en haut du mât pour illuminer la nuit,
    Avec des bateaux complices, ils vont bientôt approcher
    Les ténèbres à l’horizon comme un soleil de minuit.

    Bateau-lune ou bateau-phare, ils ont de multiples noms.
    Mes bateaux de la lanterne, aux mâts tout illuminés
    Et qui arborent la Lune comme un précieux gonfanon
    Pour guider les nefs perdues dans les tempêtes embruinées.

    Un jour mon père a sorti son bateau resté à quai.
    Il est parti loin derrière l’horizon de l’océan.
    Il ne reviendra jamais, il a rejoint le banquet
    Des anges qui l’ont reçu comme un naufragé céans.

    Puis ma mère a affrété une barque bien discrète.
    Partie comme pour le marché mais a croisé la tempête.
    Son bateau s’est fracassé sur les terribles arêtes
    Des récifs de compassion, sans tambour et sans trompette.

    Moi, mon bateau est petit ; pas de voile, juste deux rimes.
    Sur mon mât sobre et ténu, j’ai attaché une étoile.
    Souvent je pars dans la nuit, dans la noirceur de déprime
    Et je troue l’obscurité d’un fin éclat sur la toile.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les mâts en folie

    Les mâts en folie

    Ils vont tous bien ensemble, les coques appareillées.
    Ils sont fiers, ils sont braves, ils bandent vers le ciel.
    Demain c’est la régate et l’honneur va payer !
    Pour la gloire du plus brave, le plus providentiel !

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  • Même pas peur

    Même pas peur

    Je ne suis pas roseau, je ne suis qu’un petit phare.
    Quand Neptune se déchaîne, je ne plie ni ne courbe.
    Mais c’est ma rectitude qui rythme la fanfare
    Lorsque grondent les vagues de ce pauvre dieu fourbe !

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  • Neptune se lâche un peu

    Neptune se lâche un peu

    Quand Neptune claque des doigts, ça fait une grosse vague !
    Quand il fait un bras d’honneur, ça fait un coup de tempête !
    Il a un fort caractère, qu’il soit sobre ou qu’il divague.
    Mais il faut se méfier, faire attention quand il pète !

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  • Les pêcheurs de soleil

    Les pêcheurs de soleil

    C’est à l’instant Aurore, qu’on voit les virtuoses.
    Artisans de lumière et chasseurs de rayons,
    Ils capturent le soleil à sa métamorphose
    Lorsqu’il renaît à peine après son réveillon.

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  • Mille Marseilles

    Mille Marseilles

    Dans leurs couleurs de pastels, blanches et azur alternées,
    Les ruelles jouent de l’ombre et de rayons contrastés,
    Puis se baignent de reflets des vaguelettes internées
    Dans l’Hôtel-Dieu du Vieux-Port dans un Mistral dévasté.

    De rues chaudes et de rues froides aux quartiers dépareillés,
    Des montées et des descentes comme des vagues mouvantes,
    Le paysage est planté dans la baie ensommeillée,
    Surveillé par la Bonne-Mère toujours fière et bienveillante.

    C’est la ville bleue d’azur, accordée au bruit de l’onde.
    Maisons aux façades blanches qui explosent dans l’écume.
    Ici les bleus sont légions et ils observent le monde
    Qui apporte ses couleurs que délave l’amertume.

    Ce creuset d’humanité aux milles sangs mélangés ;
    Les étrangers provisoires, les voyageurs de passage ;
    Certains y prennent racine, d’autres s’y sont arrangés,
    Leur cœur resté au pays, leur corps en affranchissage.

    Mille voix dans les ruelles, mille yeux sont à l’affût.
    Mille oreilles vous écoutent, mille mains pour vous nourrir.
    C’est la ville aux mille bras, la ville aux mille raffuts.
    C’est la ville aux mille vies ; il faut la voir, puis mourir.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Quand la mer jouit

    Quand la mer jouit

    Quand la mer est heureuse accrochée à son phare
    Qu’elle suce de vagues en mouillant tous les ports,
    Elle vient au plaisir à grands coups de fanfare,
    Inondant de plaisir ses petits madrépores.

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  • Les rochers immortels

    Les rochers immortels

    Des rochers tourmentés, des rochers qui ont peur.
    Ils sentent l’érosion et se sentent brûler
    Peu à peu sous l’assaut de ces flots agrippeurs
    Qui vont les éroder jusqu’à les acculer.

    Les poussières de sables seront toutes entraînées
    Vers un autre destin, vers une autre existence.
    Ils sentent leurs racines peu à peu s’égrener
    D’une mort apparente qui change leur substance.

    Mais il faut qu’ils admettent que toutes leurs particules
    N’ont pas plus d’importance sur le plan de la Terre.
    En revanche tous ces grains qui furent leurs molécules
    Iront ensemencer d’autres communautaires.

    Quoi ? Vous ne serez plus ? Et c’est là toute l’affaire ?
    Vous n’avez pas compris que, sous l’actuel aspect,
    Vous n’êtes que transitaires et devez vous soustraire
    À la loi de l’écho et lui rendre respect.

    Mais vous allez survivre à vos grains de poussière !
    Car la forme est donnée et jamais effacée.
    Ce qui a fait de vous ces rochers de lumière,
    Vous perpétuera tous dans une foi tracée.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le cavalier de la mer

    Le cavalier de la mer

    Arrivé devant la vague, le cavalier capricorne.
    Le cheval est-il marin, aura-t-il le mal de mer ?
    Si son père est l’hippocampe et sa mère la licorne
    Il est prêt pour l’aventure, pour le voyage doux-amer.

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  • La plage immobile

    La plage immobile

    Rien ne parait bouger sur la plage immobile.
    Les vagues sont figées, les rochers sont soudés.
    Le temps est suspendu, la distance est débile.
    Le soleil est coincé, l’horloge s’est accoudée.

    Le rêve est utopique, le tableau est chimère.
    Pour la carte du temps, l’effet est bien amer !
    Comment peindre du temps, sa vision éphémère ?
    Le flux et le reflux s’annihilent dans la mer.

    L’écho est ainsi fait, il ignore le futur.
    Car il n’existe pas, c’est la démonstration.
    S’il existait alors, serait déconfiture,
    La raison de l’écho et de la création.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le départ des voiliers

    Le départ des voiliers

    Les beaux mâles font la parade en se comparant les voiles.
    Ils font cliqueter leur mât, levant la proue bien altière.
    Dodelinant de la poupe pour séduire les étoiles
    Et ondulant sous le vent, la bannière tendue bien fière.

    Ils arborent leurs couleurs comme de puissants guerriers
    En mimant une escouade pour bien montrer leur bravoure.
    Au jeu de la compétition, ces voiliers contrariés
    Ne sont jamais que des pions qui font le jeu de la mourre.

    Mais toutefois si ces jeux ont l’air un peu puéril,
    Il est bon de constater qu’ils leur permettent de monter,
    De montrer leur intention, efficace ou stérile,
    De progresser sur la marche supérieure à affronter.

    C’est le jeu de la nature de sans cesse confronter
    Les diverses solutions, les clefs de l’évolution.
    C’est pourquoi même les vaincus, par la honte d’être domptés
    Participent à cet essor qui fait les révolutions.

    Que l’on gagne ou que l’on perde, tout est du pareil au même.
    Un écho de l’expansion dont le vent gonfle les voiles.
    La raison de la bataille, si tous ceux qui suivent m’aiment,
    C’est que nous arrivions tous ensemble sur les étoiles.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Piétinez bien la mer

    Piétinez bien la mer

    Marchez sur le rivage et puis, là, sans relâche
    Appuyez bien des pieds, piétinez, piétinez !
    Jusqu’à ce que les vagues se transforment en gouaches
    Se mélangeant à l’eau peignant des pieds-de-nez !

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  • Les voiliers flous

    Les voiliers flous

    Ces voiliers sont bien flous fondant dans la peinture,
    Les voiles délavées, les coques dégradées.
    La mer fait tache d’huile à la belle aventure
    Que le soleil salue de rayons évadés.

    Sommes-nous dans un rêve où la vérité meurt ?
    Sommes-nous échappés de la réalité ?
    Ce monde est irréel et devient écrémeur
    Quand j’y plonge mon âme et mon cœur alités.

    C’est ainsi que je vois tout le monde qui passe
    Devant moi, loin de moi et à perte de vue.
    Mais ce flou dans mes yeux, c’est l’écho qui dépasse,
    Son immersion intime me prend au dépourvu.

    En chaussant mes lunettes, la nature s’affine.
    Une belle monture qui me conduit au net.
    Mais ces verres sévères à la fée séraphine
    Sont bâtons de vision, un soupçon malhonnête.

    Les images aplaties sont ma réalité,
    Ou bien la profondeur redevient imprécise.
    Je dois choisir entre deux anormalités ;
    Précision en 2D ou 3D indécise.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La main de la mer

    La main de la mer

    Quand la mer tend sa main, c’est très impressionnant !
    Les gestes de la terre peuvent être effrayants.
    Mais c’est pour nous montrer son appel implorant
    Et nous faire comprendre qu’on doit être obligeant !

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