Étiquette : Nature, faune et flore

La Nature, les arbres, les fleurs, les fruits et les natures mortes

  • La nymphe aux oiseaux

    Ce sont d’abord de drôles d’oiseaux qui m’ont mis la puce à l’oreille ;
    L’un rouge et les autres, arcs-en-ciel, tournoyant autour d’un étang
    Et jouant entre les roseaux d’une agitation sans pareille,
    En poussant des cris démentiels attestant un signe des temps.

    En robe rouge, bec aquilin, le premier, juché sur l’épaule
    D’une très jolie blondinette au regard triste et effaré,
    Semblait, d’un calme sibyllin dont il avait le monopole,
    Présager pour des clopinettes un avenir contrecarré.

    Puis un départ à la volette, de volatiles chamarrés
    Quittant leur nid de fleurs nichées sur une chevelure d’or
    D’une deuxième fée follette qui faisait mine de se marrer,
    Puis de se mettre à pleurnicher en se transformant en condor.

    Mais les deux nymphes n’en formaient qu’une ; j’ai suivi durant un instant
    L’oiseau qui traçait dans le ciel un orbe qui tenait du miracle.
    J’étais plongé sur la lagune dans des pensées manifestant
    Un vertige circonstanciel sur l’explication de l’oracle.

    Tableaux de Chie Yoshii.

  • Ceci n’est pas un édelweiss !

    Ceci n’est pas un édelweiss !

    D’édelweiss je n’ai point trouvé mais juste une fleur de bonheur ;
    J’aurais voulu t’offrir pourtant la célèbre étoile d’argent
    Mais un ange a dû approuver qu’il valait mieux te faire honneur
    Avec la fleur rose écourtant tes charges en les partageant.

    Avec la marguerite rose, plus de pensée ni de souci
    Afin que le jour qui parait soit le meilleur jour de ta vie.
    Motus sur les journées moroses ! La pâquerette radoucit
    Le temps qui passe, le temps qu’il fait comme deux miroirs en vis-à-vis.

    Effeuille-la si tu le veux et murmure-lui ton souhait
    À chaque pétale arraché comme on soulage sa conscience.
    Le lendemain, selon ton vœu, tu verras le ciel se vouer
    À son devoir et s’attacher à entretenir ta patience.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Jolie mademoiselle de mai

    Jolie mademoiselle de mai

    Toute l’eau passée sous les ponts a fécondé tant de rivières
    Qu’il naîtra en ce mois de mai tous les coquelicots de rêve.
    Coquelicot un peu fripon, coquelicot un peu sévère,
    Coquelicot plutôt gourmet, coquelicot attrape-rêve.

    Tandis que mai débute à peine juste avant le lever du jour,
    La première fleur, toute jeunette, s’éveille dans l’air transparent.
    Elle sort doucement de sa gaine ses pétales en faisant bonjour
    Au soleil et à sa planète qui l’accueillent en tant que parents.

    Elle s’épanouit à midi, reine des fleurettes des champs,
    Attire tous les papillons qui lui butinent son nectar.
    Et puis le soir, sans comédie, entre chien et loup, au couchant,
    Elle retire son cotillon et s’endort… il est déjà tard.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La route aux vingt-deux pétales

    La route aux vingt-deux pétales

    je parcours la route du tendre
    Montant les degrés de l’amour
    en évitant les « pas-du-tout ».
    J’ai préféré rompre ce rite
    – sachant trop bien à quoi m’attendre –
    Pour rajouter un peu d’humour
    et m’offrir un peu plus d’atout.

    Avec la fleur de tournesol,
    je tire les cartes du tarot,
    Partant du « un » jusqu’au « vingt-deux »
    autant de fois que de pétales.
    Et, un peu comme une boussole
    qui donnerait le bon numéro,
    L’avenir loin d’être hasardeux
    m’offre une destinée végétale.

    Un, deux, trois, la route du thé ;
    quatre, cinq, six, l’étape authentique  ;
    Sept, huit, neuf, une vie en rose ;
    dix, onze, douze, sans souci clivant.
    Au moment où j’ai débuté
    cet effeuillage chaotique,
    J’ai troqué un train-train morose
    pour des voyages captivants.

    Au treize, j’ai trouvé la chance ;
    au quinze, j’ai goûté l’amour ;
    Au vingt, j’ai poursuivi ma route
    et fait trois fois le tour du monde.
    Au vingt-et-un, je suis en France ;
    au vingt-deux j’y reviens toujours
    Car un jour mon cœur en déroute
    connut l’âme-sœur vagabonde.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Ilot fleuri

    Ilot fleuri

    Le premier août est à la fête et la nature épanouie.
    Herbes follettes et fleurettes enchantent les jardins fleuris.
    On se réveille et l’on s’apprête sous le soleil évanoui
    À louer la flore satistaite d’une charmante espièglerie.

    Coquelicots en vagues pourpres qui déferlent sur les talus,
    Marguerites et pâquerettes parsemées en cercles de fées.
    Le crépuscule qui empourpre, offre au ciel une plus-value
    Et l’aurore fait des collerettes de perles de pluie, de rosée.

    Les lutins toute la journée dorment car ils ont travaillé
    À décorer les jardinières, et les bosquets, et les îlots.
    Aujourd’hui, c’était la tournée pour une fleur émerveillée
    De naître d’une pépinière avec ses sœurs méli-mélo.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • À l’ombre du cœur de ma fleur

    À l’ombre du cœur de ma fleur

    Lorsque ma fleur s’épanouit, elle qui, hier, n’était que bouton,
    J’assiste alors à la naissance de tout un monde sensuel.
    Toute pudeur s’évanouit car jamais nous ne redoutons
    De voir brandir avec aisance tous ces organes sexuels.

    Pourtant cet arôme subtil s’apparente à des phéromones
    Pour attirer des invités à venir goûter son nectar.
    Alors se dresse le pistil avec une envie de démone
    Offrant sa belle intimité pour ressemer ses avatars.

    Ainsi dansent les étamines bercées sous les notes du vent
    Qui soutiendront les papillons, les abeilles et les faux-bourdons.
    Ainsi la vie se contamine du septentrion au levant ;
    Ne soyons pas si tatillons sinon ça file le bourdon.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les tournesols de la fortune

    Les tournesols de la fortune

    En effeuillant les fleurs du mal, je découvre au petit bonheur
    Une réponse à mes problèmes en fonction du temps des amours.
    Tant pis pour le flux lacrymal qui s’écoule en bien tout honneur
    Lorsque se présente un dilemme entre « pas du tout » et « toujours ».

    Mais en passant aux tournesols, alors la roue de la fortune
    Tourne si vite que le hasard écoute la rose des vents.
    Ainsi le temps devient boussole vers la solution opportune
    Qui disparaît dans le blizzard des jours qui passent en se suivant.

    Pour hier, c’était un an de moins, pour aujourd’hui, un an de plus,
    La nuit, quand le temps disparaît, les heures dansent et me sourient.
    Mais le tournesol néanmoins poursuit son astral stimulus,
    Et chaque journée m’apparaît comme un soleil qui me nourrit.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La rose parabolique

    La rose parabolique

    Cette rose parabolique, j’en désirais mon cœur nanti ;
    Ensorcelée par la fleuriste mais achetée à un prix d’ami.
    « Enchantée mais pas diabolique » justifiait la garantie
    Si j’en crois l’air ésotériste pour capter le cœur de ma mie.

    En amour, mon cœur bucolique aime la vie à l’eau de rose.
    Que voulez-vous ? C’est l’héritage que mes ancêtres m’ont légué.
    Un flacon d’amour alcoolique dont les ivresses sont la cause
    De cet attrait aux décryptages pour les amours trop intriguées.

    Évidemment je dois apprendre à mon cœur un nouveau langage
    Car seul le cœur peut percevoir ce qui échappe à la pensée.
    Le plus difficile à comprendre, c’est qu’il faut aimer davantage
    Que ce qu’on voudrait recevoir mais sans compter ni dépenser.

    Elle m’a permis de capter l’amour au-delà des frontières
    Depuis la Suisse alémanique jusqu’à ma cité phocéenne.
    J’ai réussi à m’adapter à cette nation tout entière
    À part la langue germanique malgré mon âme européenne.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • x Mandarines + y citrons + z noix = 50

    x Mandarines + y citrons + z noix = 50

    Pour les forts en mathématiques, voici un problème facile :
    Additionnez les mandarines avec les noix et les citrons
    Pour que la somme arithmétique – ce n’est vraiment pas difficile –
    Atteigne au ras de la narine exactement l’âge du patron.

    Évidemment j’ai essayé en ajoutant charges sociales,
    En enlevant l’impôt direct, la taxe sur valeur ajoutée,
    Puis j’ai tenté de monnayer auprès de la banque mondiale
    Un prêt à un taux indirect qui n’a quasiment rien couté.

    Quarante-neuf & quatre-vingt-dix, j’ai même obtenu une action
    Qui était valable jusqu’à minuit or ce matin, c’était cinquante.
    Mais il n’y a pas de préjudice, j’ai obtenu satisfaction :
    L’année prochaine, sans ennui, le taux aura grimpé la pente.

    Quand le capitaine a cinquante et qu’il se sent comme à quarante
    Avec un cœur qui a trente ans et des jambes qui ont vingt ans,
    La démonstration convaincante confirme la preuve apparente
    Que quand on aime à cinquante ans, on continuera tout le temps.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Bouquet d’anniversaire

    Bouquet d’anniversaire

    Quelques petites fleurs des champs en souvenir d’une balade ;
    Petits témoins bleus, roses et blancs, émotions d’une promenade ;
    Petites notes, bonheur du chant dont la forêt m’a fait l’aubade
    Accompagnée des cris tremblants des oiseaux à la roucoulade.

    J’en ai dessiné la portée avec des noires et des blanches,
    Avec des fleurettes nacrées rondes ou accrochées à souhait.
    Après le vent l’a emportée à travers les arbres et leurs branches
    Où résonnait l’écho sacré parmi les feuilles enjouées.

    Mais le bouquet reste éternel car la magicienne peintresse
    Au mur, l’a immortalisé pour vivre les quatre saisons
    Sur une toile maternelle riche en couleurs et de tendresse
    Dont l’éclat s’est cristallisé à l’intérieur de la maison.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Champ fleuri

    Champ fleuri

    Au bout de cinquante-et-un ans, ce terrain pourtant en jachère
    Fleurit de mille fleurs des champs sur le chemin des écoliers.
    Même si l’hiver maintenant gèle sa terre maraîchère,
    L’été, sous le soleil couchant, en redorera les colliers.

    Colliers d’argent et de rubis pour éternelles primevères
    Qui reviennent à chaque printemps avec les premières jonquilles
    Pour les caprices et les lubies des amoureux de l’univers
    Qui viennent, le bouquet chantant, charmer le cœur des jolies filles.

    Colliers d’or, perles de diamants pour l’éternelle marguerite
    Que l’amoureuse piquera au revers de son calicot
    Pour quêter au prince charmant un baiser de sa favorite
    Que celui-ci lui offrira sur sa bouche coquelicot.

    Colliers de pourpre et violine pour les éternelles colchiques
    Qui sonnent l’heure de l’automne avec les dernières vendanges.
    Et l’on verra sur la colline quelques fleurettes anarchiques
    Briller de l’éclat monotone que revêt le sommeil des anges.

    Revenez-nous voir l’an prochain quand vous voulez, à votre guise.
    La nature offre une surprise à chaque moment de la vie.
    Plus le temps passe sous les crachins, les pluies, les hauts-vents et la bise,
    Plus la beauté met son emprise sur ce terrain qui nous ravit.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Cœurs de soleil

    Cœurs de soleil

    Ah que j’aimerais parvenir à l’âge qu’on dit de raison
    Sans pour autant prendre du grade dans la hiérarchie des gâteux !
    Que pourrait-il bien m’advenir, une fois franchi l’horizon,
    Bien mieux qu’une âme rétrograde et bien mieux qu’un corps comateux ?

    Heureusement, le temps s’inverse et prend une déviation
    Pour quitter l’autoroute morne de ceux qui s’en vont au turbin.
    Ne tombez pas à la renverse ce n’est que l’appréciation
    D’avoir enfin atteint la borne de la sortie du monde urbain.

    Une fois passé les vitesses de l’âge démultiplié,
    Je franchirai le mur du temps qui détone dans le silence.
    Et sous la pluie de la vieillesse, je rirai sous mon tablier
    Comme un jeune idiot débutant dans toute sa verte insolence.

    Quant à mon corps, j’hésite encore à le transformer en étoiles
    Ou en mille petites fleurs sous un soleil d’éternité ;
    Ou revenir en météore chaque fois que le temps se voile
    Et retomber en mille pleurs d’une pluie de fraternité.

    Ainsi la mort n’était qu’une ombre qui passe et puis qui disparaît
    Et quand la lumière revient, les peurs s’effacent sans douleur.
    Je vis et appartient au nombre de l’ensemble qui comparaît
    Devant Dieu et qui redevient mille fleurs aux mille couleurs.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’hélice de mon cœur

    L’hélice de mon cœur

    Cette petite hélice, mon hélice dorée
    Qui tourne dans mon cœur comme tourne une pompe,
    Pulse dans mes vaisseaux des passions décorées
    Parfois d’un air moqueur mais qui jamais ne trompe.

    Elle ouvre mon canal branché sur les étoiles,
    Elle ferme l’esprit et ses interférences.
    Elle fait jaillir l’encre qui écrit sur la toile
    Tous mes rêves d’enfant et toutes mes espérances.

    Souvent après un choc, elle peine à pomper
    Et m’aide à remonter vers de douces fréquences.
    J’ai eu mille accidents, je suis même tombé,
    Elle m’a relevé malgré les conséquences.

    Cette vie qu’elle brasse et qu’elle aspire encore,
    Un jour va s’arrêter mais pas complètement
    Car la métamorphose transmutera mon corps
    Qui deviendra poussière dans un enchantement.

    Alors le cœur enfin reviendra à sa source,
    Là où l’espace-temps n’affecte plus mon âme.
    Et la petite hélice n’aura d’autre ressource
    Que briller dans le ciel d’une petite flamme.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le message d’éternité

    Le message d’éternité

    J’aimerais m’écrire un message, printemps-été-automne-hiver,
    Que je lirais après ma vie, que je lirais après ma mort,
    Que je lirais dans un autre âge ou bien dans un autre univers,
    Enfin si mon âme survit à mon corps comme un oxymore.

    J’y collerais tous les fragments de mon passé, de mon présent,
    De mon futur, évidemment et du temps où je ne suis plus.
    Des bouts de phrase, des segments, des extraits pas trop déplaisants,
    Tout ce qui peut incidemment me rappeler ce qui m’a plu.

    Bien sûr, il y aurait tous les romans d’amour, d’histoires et d’aventures,
    Les meilleurs dont j’ai souvenance et même ceux que j’ai perdus.
    De la musique, des bons moments lorsqu’on partait tous en voiture,
    Quand c’était le temps des vacances et de la jeunesse éperdue.

    Et puis un jour, Dieu seul sait quand, une comète viendra frapper
    Ces souvenirs enregistrés ; et la poussière des étoiles
    Donnera vie, en impliquant toutes ces mémoires rattrapées
    Qui, en périodes chapitrées, des mystères, lèvera le voile.

    Si je réfléchis en instant, je suis peut-être en ce moment
    En train de lire cette histoire d’un autre temps, d’un autre espace.
    La seule preuve l’attestant, je ne sais pas vraiment comment,
    Du fond de mon cœur, c’est notoire, je crois que c’est ce qui se passe.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Rose-Joséphine n’a pas d’épine

    Rose-Joséphine n’a pas d’épine

    Je sais, quelque part, une rose qui refleurit à chaque fois
    Que je caresse le velours de son calice blanc nacré.
    Avec quelques vers, dont arrose, sans la submerger toutefois,
    D’un encrier un peu balourd, ses jolies racines sacrées.

    Je sais, quelque part, une rose qui me raconte sa longue vie
    Et les amants qu’elle a connus, et les enfants qu’elle a vu naître.
    Si quelques souvenirs moroses résistent, c’est avec envie
    Qu’elle rêve de voir dans l’inconnu tous ces fantômes disparaître.

    Je sais, quelque part, une rose qui ne possède pas d’épine,
    Dont les pétales savent écouter les mots d’amours et les romances.
    Qu’ils soient en rimes ou en prose, ils ont la fièvre galopine
    Qui lui feront toujours goûter ce cher élixir de jouvence.

    Mignonne allons voir si la rose s’est éveillée au petit jour
    Dans l’humeur de son cœur d’enfant qui s’émerveille toujours autant.
    Quelle nouvelle idée éclose va germer dans son cœur d’amour
    Qui, dans un tableau triomphant, me peindra les couleurs du temps ?

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Debout les filles !

    Debout les filles !

    Je les devine dans leurs lits, encore un peu ensommeillées
    Avant qu’un clairon de printemps leur dise enfin : « Debout les filles ! »
    Et puis, on voit les pissenlits tout doucement les réveiller
    Et leur proposer dans l’instant d’aller rejoindre les jonquilles.

    Alors les filles en boutons passent leurs rouges calicots,
    Lissent leur yeux de mascara pour un regard époustouflant.
    Les jambes encore en coton, voici les jeunes coquelicots
    Perlées de rosée baccarat qui s’éparpillent en s’essoufflant.

    Et puis tout d’un coup, c’est la fête, les champs paraissent tous enflammés
    Des fleurs de joie et de gaité dans toute leur féminité.
    On voit accourir les poètes et leurs égéries déclamer
    Des baisers d’amour à quêter et bien plus si affinités.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vague de coquelicots

    Vague de coquelicots

    On dirait le sang de la Terre qui giclerait dans les prairies
    Comme des boutons de jeunesse sur la joue verte des vallons.
    Et comme ne peut pas se taire l’allégresse dans la frairie,
    On entend partout la kermesse des flonflons rouges étalons.

    J’y vois mille bouches avides des petits esprits des forêts
    Qui, au printemps, prennent racine, dans un corps de petite fée.
    Petite fée, un peu timide, qui rougit sitôt déflorée
    Par la main brute, assassine, qui veut en cueillir le trophée.

    Moi, je les aime en vagues rouges lorsqu’elles inondent les talus,
    Lorsqu’elles se transforment en blessure dans les immenses champs de blé.
    C’est Dieu, en œuvrant de sa gouge, qui a placé sa plus-value
    Qui orne, d’une éclaboussure, la nature de fleurs endiablées.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La vague bleue

    La vague bleue

    Ô printemps, je cherche ta trace parmi les premiers perce-neiges
    Pour calmer mon cœur en hiver d’une liqueur de sève ardente !
    Puissent les elfes que j’embrasse œuvrer en cœur dessous la neige
    Pour connecter à l’univers quelques petits fleurs charmantes !

    L’hiver, c’est comme le néant d’où naîtrait une vie avide
    Qui aurait besoin d’exister parce que c’est ça, la vérité.
    L’hiver, c’est un pas de géant que la matière fait dans le vide
    Parce que vivre, c’est persister à croire en la postérité.

    Alors je pars à l’aventure pour y dénicher les empreintes
    Là où la vie a disparu, là où la mort l’a emporté.
    Alors partout dans la nature, tout se répète sans contrainte ;
    Là un bourgeon est apparu, là, de parents, naît la portée.

    Je salue avec déférence cette intention qui me transporte
    Qui est ancrée, dès l’origine, dans les règles de l’univers.
    Chaque animal fait référence et chaque plante se rapporte
    À ce qui dort sous les racines de mon pays en plein hiver.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La rose ratée

    La rose ratée

    C’est le vilain petit canard de notre collection de roses.
    Peut-être peinte à la va-vite ou en pensant à autre chose.
    Ou alors il était trop tard, ou bien le cœur était morose,
    Mais ce serait bien qu’on évite une pareille anamorphose.

    C’est malheureux, je n’y peux rien, mais cette rose, je ne l’aime pas
    Je l’avais laissée dans un coin et préféré d’autres tableaux.
    Peut-être un jour, un historien l’aurait sortie du mauvais pas
    En l’allouant à un roi bédouin ou un duc de Fontainebleau.

    Mais le miracle est arrivé dans un souci de perfection
    Son créateur a décidé de la dorer pour décorer.
    C’est là que tout a chaviré et à frisé la déception
    Et sous des dorures ridées, la rose a été déflorée.

    Mais arrêtez donc de pleurer sur cette amère destinée
    Car sous une couche de Gesso, la rose va être lavée.
    Ainsi, sans vouloir vous leurrer sur la rose ratatinée,
    Je vous ferai, in expresso, un prochain texte plus achevé.

    Tout est vrai dans la peinture cochonne et encore, la photo date d’avant la catastrophe.

  • La rose modiste

    La rose modiste

    C’était une petite rose qui était montée à Paris
    Afin d’y orner les coiffures des élégantes au Paradis (*).
    Elle avait l’air toute morose dans son tout petit gabarit
    Mais elle avait l’âme sulfure, c’est tout au moins ce qu’on m’a dit.

    Elle se nichait près de l’oreille parmi les franges des chapeaux
    Et y chuchotait des pensées parfois intimes ou indiscrètes.
    Alors la dame, toute pareille, élaborait sous son capot
    Des idées assez offensées, très érotiques et très secrètes.

    Elle devint grande intrigante que les dames se disputaient
    Pour pimenter leurs rendez-vous pour d’érotiques positions.
    Ainsi cette fleur élégante fut durant longtemps supputée
    Comme une rose, voyez-vous, qui ne manquait pas d’ambition.

    * au Paradis Latin évidemment.

  • Ombrelle rose

    Ombrelle rose

    À coup d’ombrelles, jouent dans les ombres
    Les demoiselles dans la pénombre.
    Et puis sautillent, en robes pâles,
    Les jeunes filles sous les pétales.

    Jeunes jonquilles, je vous admire
    Et vos coquilles me font frémir.
    Fleurs de lotus, je vous adore ;
    Ce soir, motus, ensemble on dort.

    Quand se dérobent lampes et chandelles,
    Tombent les robes, puis les dentelles.
    Elles se dévoilent, montrent un sein,
    Ôtent leurs voiles sur leur bassin.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’Étoile rose

    L’Étoile rose

    Cette petite étoile rose que j’ai allumée dans la nuit
    Guidera bien mes quelques vers à se frayer des lendemains
    Parmi la période morose où je suis tombé dans l’ennui
    D’être qualifié de pervers pour avoir publié un sein.

    Cette petite étoile rose aura le rôle du papillon
    À qui je demande de battre tout doucement ses ailes frêles.
    Quelle tempête de névrose par ce geste si tatillon
    Déclenchera-t-il pour débattre de cette escarmouche si grêle ?

    Cette petite étoile rose sera ma bouteille à la mer
    Que je lance dans l’océan du haut de mon île déserte.
    Un peu de rimes, un peu de prose, quelques consonances amères
    Que je projette dans le néant pour en tirer des découvertes.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les Flammes du matamore

    Les Flammes du matamore

    Cette petite flamme bleue qui danse au son des étamines
    Qui agitent tous leurs grelots avec le vent qui les balancent,
    Soulage mon cœur lorsqu’il pleut et lui donne des vitamines
    Et le fait repartir au galop avec de l’amour en cadence.

    Puis la petite flamme verte revient me donner vingt printemps
    Dès que je retrouve ma belle dans l’intimité de ma chaumière.
    C’est chaque soir la découverte, mais ce n’est jamais éclatant
    Car l’amour pousse ma rebelle à diminuer la lumière.

    Enfin c’est la flamme orangée qui sonne l’instant de l’extase
    Lorsque nos sens sont enflammés juste avant la petite mort.
    Alors les draps sont dérangés et je sens monter épectase
    Après avoir tant fantasmé à baiser comme un matamore.

    Épectase : fait de mourir lors de l’orgasme.

  • Le bouquet perdu

    Le bouquet perdu

    Je l’avais oublié dans un coin du grenier
    Mais je l’ai retrouvé quand j’ai déménagé
    Tous les secrets se cachent pour que vous appreniez
    À les redécouvrir quand vous emménagez.

    Celui-ci est spécial, je m’en souviens encore
    Quand ma muse l’a peint de rayons de lumière.
    Plaise à Dieu, à mon cœur, à mon âme et mon corps
    Qu’il rayonne d’amour et paix dans ma chaumière.

    Heureux celui qui attend que son nom soit cité !
    Heureux celui qui atteint une place de choix !
    Heureux celui qui sait rester dans la simplicité !
    Heureux celui sur qui la béatitude choit !

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Coquelicot mon amour

    Coquelicot mon amour

    Aujourd’hui je verrai éclore mes coquelicots du printemps
    Car le soleil est fou de joie tant il a d’enfants à ses pieds.
    Et jamais je ne saurai clore le dénombrement éreintant
    De tous ces boutons qui rougeoient d’un flamboiement comme il me sied.

    Même le taureau si paisible devient soudain surexcité
    En apercevant ces fleurettes qui lui font l’humeur gratifiante.
    Si leur saveur paraît nuisible et plonge dans la perplexité,
    C’est qu’elles sont un peu sœurettes d’une autre fleur stupéfiante.

    En revanche, pour célébrer une fête comme il se doit,
    Pour orner durant la saison toutes nos prairies empourprées,
    Point n’est besoin de palabrer, ni de lever bien haut son doigt
    Pour s’accorder, avec raison, que ce sont les reines des prés.

    On devrait rapprocher Noël pour en décorer le sapin,
    Les disposer sur le gâteau pour en remplacer les bougies,
    Évoquer l’amour éternel, symbole de la Saint-Valentin,
    Qui met le cœur en vibrato sous les petits baisers rougis.

    Si je m’en vais, je graverai, pour marquer ma vie sur la terre,
    Sur les armes de mon emblème, comme lignages ombilicaux,
    Cette herbacée que j’aimerai jusqu’à ma mort en solitaire
    Puis renaîtrai, pas de problème, ni chou, ni rose mais coquelicot.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le jardin costumé

    Le jardin costumé

    Vous qui entrez dans ce jardin, ne soyez pas trop étonnés
    S’il vous apparaît costumé de tant de flore et de fragrances.
    Par la science d’un mandarin tout a été sélectionné
    Afin de vous accoutumer à rêver parmi ses essences.

    Quand vous empruntez son allée, c’est l’invitation au voyage
    Sur un océan de verdure qui vous offre un goût exotique.
    Point ne voudrez vous en aller tant il est doux d’être au mouillage
    De ce creuset de la nature aux explorations hypnotiques.

    Quand vous descendrez l’escalier parmi les herbes médicinales,
    Laissez-vous alors transporter parmi le thym et la lavande.
    Les aromates hospitaliers et les plantes officinales
    Se marient pour vous apporter votre quotidienne provende.

    En montant vous serez charmés d’une palette de couleur
    Comme un tableau à la Monet dans les teintes les plus courtoises.
    Tantôt des tons juste germés comme épanouis dans la douleur,
    Tantôt des teintes impressionnées comme un bal sur mer de turquoise.

    Mais les saisons chassent l’été et l’hiver installe son deuil.
    J’en frissonne et tout tristement, le jardin quitte son costume.
    Je vois sur les eaux du Léthé qu’il m’adresse un dernier coup d’œil.
    J’en conserve un enchantement pour un petit bonheur posthume.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La rose-Laure

    La rose-Laure

    C’est une rose introvertie, assez soigneuse et attentive
    Qui défend bien son territoire mais se remet mal des revers.
    Or si son cœur bien averti sait diriger ses tentatives,
    Son ambition est méritoire grâce à une maîtrise sévère.

    D’émotions fières et généreuses, elle est confiante et téméraire ;
    Un besoin d’être un peu spéciale, ni ignorée, ni rabaissée.
    Elle communique en éclaireuse qui retient les itinéraires ;
    Ses réminiscences cruciales font l’adaptation renforcée.

    Ses amours sont perfectionnistes, un peu critiques et réservées
    Tant elle veut analyser ses sentiments stérilisés.
    Elle est assez protectionniste, ses partenaires sont énervés
    Car elle les veut finalisés, pour sa beauté, mobilisés.

    La rose a forte volonté mais ne s’approche directement,
    A tendance à se révolter et recherche des protecteurs.
    D’un esprit large à satiété qui rajoute immodérément
    A sa chance un peu survoltée mais en aucun cas objecteur.

    Rose solitaire et patiente mais aux relations difficiles,
    Une rose aux libres convictions mais assez peu conventionnelles.
    Quelques philosophies latentes, les dons prophétiques sont faciles
    Quand les mariages et les passions savent se montrer correctionnels.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La rose-muguet

    La rose-muguet

    Elle me rappelle tant de choses que j’ai plaisir à retrouver,
    Comme une rose de muguet qui connaîtrait tous mes désirs.
    La vie n’est que métamorphoses où chaque stade est approuvé ;
    On peut naître un jour portugais, vivre et puis mourir de plaisir.

    Mais il y a parfois des jours tapis dans le calendrier
    Qui me font voir la vie en rose tel un enchantement sacré.
    Si Noël repasse toujours comme une fête appropriée,
    L’anniversaire est une hypnose qui rythme une vie consacrée.

    Aujourd’hui les clochettes sonnent comme un refrain de renaissance
    Et je revoie ton arrivée que j’avais toujours attendue.
    J’entends cette voix qui résonne afin d’activer ta naissance
    Pour que ton âme soit ravivée et que ton cœur soit entendu.

    C’est pourquoi je t’offre aujourd’hui cette rose-muguet nacrée
    Pour te rappeler les moments, les pires comme les meilleurs.
    Si chaque jour il s’est produit comme un enchantement sacré,
    Parfois la vie est un roman, un apprentissage éveilleur.

    Maintenant, pour toute l’année, la rose-muguet va fleurir,
    Arrosée de larmes de joie, baignée du soleil de ta vie.
    Son doux parfum s’en va planer pour accompagner tes sourires,
    Pour te conseiller dans tes choix, dans tes désirs et tes envies.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Manger en Suisse

    Manger en Suisse

    Pour faire un bon repas en Suisse, il faut savoir se lever tôt
    Et s’en aller sur les marchés pour trouver sa bonne pitance.
    Fi des gigots et des saucisses ! Il faut quêter les végétaux
    Pour fuir tous ces supermarchés et les maintenir à distance.

    Des kilomètres de rayons vous font voyager à l’envi
    Pour vous offrir tant de cépages que l’énumération vous en saoule !
    Mais pour faire un bon réveillon, il faut surtout avoir envie
    D’un petit Beaujolais village ou d’un bon Bourgogne qui coule !

    Mais qu’est-ce qu’ils ont comme fromages ces communautaires helvétiques !
    Mais c’est surtout pour leurs fondues noyées d’un Fendant qui ensuque !
    Alors qu’il serait bien dommage de se priver d’un véridique
    Roquefort très bien défendu qu’on déguste sous sa perruque !

    Pour la charcuterie, ça va ! Ils sont prédominants, ma foi !
    À condition d’aimer le porc qui développe l’embonpoint.
    J’entends bien souvent les vivats suivis de grandes crises de foie
    Qui nécessitent le transport vers l’hôpital en contrepoint.

    Mais pour faire une bonne table, je consulte les maraîchers
    Qui ont des produits du terroir très fins et très traditionnels.
    Alors tout devient acceptable et on n’est plus effarouché
    À se regarder dans un miroir après un bon nutritionnel.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Rosa

    Rosa

    Rosa, dans tes origines venues du septentrion ;
    Rosa, dans tes ovations à ta grâce féminine ;
    Rosam, un peu sauvagine portée comme amphitryon ;
    Rosea, quand ton intention envoie la sérotonine ;
    Rosea, offerte à Argine par son humble histrion ;
    Rosa, retour aux racines pour un hommage à Junine.

    Rosae, des milliers de fleurs en un bouquet de tendresse ;
    Rosea, comme des louanges à ta beauté éternelle ;
    Rosas, pour calmer mes pleurs lorsque la douleur m’oppresse ;
    Rosarum, pour donner le change à ton aide maternelle ;
    Rosis, tantôt persifleur, mais avec un peu d’adresse ;
    Rosis, étrange mélange d’une attention fraternelle.

    Tes déclinaisons me charment mais me perturbent mon âme ;
    Tes invocations me plaisent mais me font tourner la tête ;
    Tes accusations m’alarment quand je vois danser ta flamme ;
    Tes appoints me mettent à l’aise mais aussi sur la sellette ;
    Tu me fais couler des larmes quand il me manque ma dame ;
    Et mon cœur file à l’anglaise en signant ton épithète.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Signé Mathys

    Signé Mathys

    Avant le point du jour que guette l’hirondelle,
    Lorsqu’on entend le chant des oiseaux de l’hiver
    Qui nous disent bonjour aux lueurs des chandelles
    Qui luisent dans les champs dans leurs beaux habits verts.

    D’abord, c’est une troupe de hardies coccinelles
    Qui secoue les brindilles des clochettes florales.
    Les papillons en groupe, parmi les dauphinelles,
    Font vibrer leurs mandilles dans la brise aurorale.

    Soudain jaillit un cri, comme un cri de printemps,
    Là, au cœur de l’hiver, comme appel à la vie.
    Tout est déjà inscrit dans ce timbre chuintant
    Qui séduit, à l’envers, sa famille ravie.

    C’est un joli tableau, cet enfant qui parait ;
    On dirait du Matisse dessinant au lavis.
    C’est un joli fableau, ce fils qui apparait
    Dans le frêle interstice de l’accès à la vie.

    Qui saura son chemin sinon sa bonne étoile ?
    Qui guidera sa main sinon son âme-sœur ?
    Qui tracera demain l’avenir sur la toile
    Pour aider ce gamin à cultiver son cœur ?

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Mon Grand frère philosophe

    Mon Grand frère philosophe

    Ainsi mon vieux tu es venu d’un pays que j’ai peu connu dans la Provence.
    Tu as pris, c’était convenu, en direction de l’inconnu, un peu d’avance.

    Tu as parcouru les terrains qui mènent au quartier latin, à la Bastille.
    Moi, j’étais dans les souterrains, môme qui quêtait le matin une pastille.

    Tu t’es envolé dans l’espace dans des vaisseaux d’hyperespace, les plus étranges.
    Moi, blotti dans ma carapace, j’apprenais tes tours de passe-passe dans une grange.

    Tu es parti gagner ta vie et ton épouse t’a suivi partout en France.
    J’ai pu parfois, j’en suis ravi, partager ta table servie de préférence.

    J’aimais ces nouvelles musiques qui sortaient de ton tourne-disque derrière ta porte.
    Elles m’ont rendu nostalgique et apaisé ce goût du risque que je transporte.

    Quelques souvenirs de vacances partagés dans une fréquence aléatoire,
    Avec tes conseils d’éloquence qui ont gravé leurs conséquences dans ma mémoire.

    Tu as toujours su préserver un caractère réservé en philosophe.
    Loin des religions conservées, Dieu seul sait s’ils t’ont énervé, ces théosophes.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La rose rose

    La rose rose

    Est-ce une fleur de couleur ou la couleur de la fleur ?
    Je suis souvent un peu bête de comprendre de travers.
    Quand j’ai de fortes douleurs, j’en recherche la valeur
    Puis j’agite mes gambettes et mets ma tête à l’envers.

    Je prends un bain de couleurs dans ces aubes matinales
    Qui m’entraînent dans les verts aux reflets irradiants.
    J’y ressens quelques soûleurs, à mon âme, médicinales
    Dans la nature sévère au fol esprit d’étudiant.

    Tous les jours je vois ma rose et sa peau si satinée.
    Elle ne complique pas les choses, elle ne sait qu’exister.
    Et j’y vide l’air morose de ma raison mutinée
    Qui se rebelle et dont j’ose juste à peine résister.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le silence de l’enfant

    Le silence de l’enfant

    Droit au cœur de l’hiver quand la brume se voile,
    À l’aube de l’année dans un scintillement,
    L’enfant de l’univers, engendrée d’une étoile,
    Aime errer et flâner dans ce miroitement.

    Dans ce temps coloré qui refroidit l’espace,
    Les arbres sont les témoins de la saison passée.
    Maintenant déflorés par les frimas rapaces,
    Ils restent, néanmoins, fidèles et compassés.

    Mais l’enfant les écoute quand leurs branches s’agitent
    Sous la bise glaciale qui leur mord les bourgeons.
    C’est peut-être, sans doute, que chaque aréopagite,
    Dans la forêt cordiale, amplifie ses surgeons.

    C’est l’Archi-Capricorne, la Maîtresse du temps,
    Qui sait communiquer les secrets de la Terre.
    Instruite par la licorne aux matins débutants,
    Elle a su s’impliquer sans faire de mystères.

    La forêt est timide, la forêt est limpide,
    Tout se passe à présent dans un chuchotement.
    Dans ce matin humide, gardez le cœur sapide
    De l’enfant de treize ans et son enchantement.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La danse des tournesols

    La danse des tournesols

    En attendant le soir tomber sur la fenêtre
    Au soleil embrasé qui s’éteint lentement,
    Lorsque viendront s’asseoir les valets et les maîtres,
    De fatigue, écrasés dans leurs sourds grondements,

    Lorsque disparaîtra l’ultime rayon vert,
    Abandonnant les lieux aux gardiens des ténèbres,
    Alors apparaîtra un soleil à l’envers
    Surgissant au milieu de la veillée funèbre.

    Dans leurs petits chaussons sur leurs tiges bien frêles,
    Balançant leurs jupons comme habit de lumière,
    Retenant leur leçon, la tête sous l’ombrelle,
    Frappant de leurs tampons le plancher des chaumières.

    Ce ballet rituel répète à l’infini
    Le souvenir passé de l’astre disparu.
    L’usage habituel est ainsi défini
    Sans jamais dépasser l’illusion apparue.

    Observez les danser quand la nuit enveloppe
    De ses bras taciturnes les foyers des maisons !
    Petits pas cadencés, entrechats interlopes
    Sont les témoins nocturnes de l’ancienne saison.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’alchimie des potirons

    L’alchimie des potirons

    C’est après la fin de l’été,
    Qu’on voit fleurir les potirons
    Qui n’ont cessé d’être allaités
    Si tendrement dans leurs girons.

    Je les voyais dans les jardins,
    Comme fœtus dans la matrice,
    Veillés par quelques muscardins
    Qui laissaient quelques cicatrices.

    Accrochés aux murs des maisons,
    Ils font figure de lanterne
    Pour ramener à la raison
    Les fantômes à leur poterne.

    Mais leur palais, c’est la cuisine
    Où l’on accomplit l’alchimie ;
    Protégés, par les sarrasines,
    Des fléaux de l’agrochimie.

    Là, dans le fumet des soupières,
    Dans les terrines et les poêlons,
    J’en ai la larme à la paupière
    Et l’estomac dans les talons.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Tournesols Lune et Soleil

    Tournesols Lune et Soleil

    Quartiers de Lune, quartiers Soleil,
    Lune montante, soleil montant ;
    En pleine lune, le plein soleil,
    Lune descendante, soleil couchant.

    J’ai conjugué pour la beauté
    Lune et soleil en tournesols.
    Fleurs subjuguées, fleurs barbotées,
    Fleurs en soleil en parasol.

    Coups de pinceaux plantés en pots,
    Jets de couleurs luminescents,
    Comme rinceaux bien à propos,
    Rais enrouleurs, évanescents.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Coquelicot éternel

    Coquelicot éternel

    Les grenats sont éternels, les coquelicots aussi !
    C’est une fleur d’allégresse qui ravive les couleurs !
    La caresse maternelle de pétales dégrossis
    Et l’odeur enchanteresse d’un remède anti-douleur.

    Je m’enrichis au printemps de ces vagues écarlates
    Qui déferlent sur les champs et colorent les talus.
    L’air trivialement content, remuant les omoplates,
    Sur le tableau alléchant de cette onde du salut.

    Avez-vous, tout comme moi, déposé quelques pétales,
    Sur vos narines frémissantes, comme une robe de fée ?
    Pour ressentir cet émoi lorsque le charme s’étale
    En magie éblouissante du plus somptueux effet.

    Ou bien renverser la fleur sur sa robe vermillon
    Et l’inviter à danser sur ses jambes d’étamines.
    Avec un criquet souffleur dans un air de carillon
    Sur un rythme cadencé aux graines de balsamines.

    C’est la fleur de mes pensées, c’est ma dame de bonheur
    Qui me suit sur les chemins et au-delà des frontières.
    Une douce fiancée à qui je veux faire honneur
    De lui accorder ma main pour une vie tout entière.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La fleur d’origine

    La fleur d’origine

    Pour faire simple et lumineux, je vous le fais avec des fleurs :
    Quelques pétales auréolés autour d’un soleil géniteur.
    Qu’y a-t-il de plus faramineux, qui fait taire les persifleurs,
    Que cette vie alvéolée qui apparaît au moniteur ?

    Déjà cachée dans une graine dans la plus simple expression,
    La fleur de vie se développe aussitôt que point le signal.
    Puis, chaque seconde qu’égrène, dans le sablier, la pression
    Du temps brise la frêle enveloppe du prototype original.

    Et le mystère en toute chose donne à chacun sa dimension ;
    Comme une direction céleste que seule connait le créateur,
    Soit la parfaite métamorphose de ce qui porte la mention
    De l’extraordinaire geste de l’univers procréateur.

    Il suffit d’une simple goutte sur la semence desséchée
    Pour que le miracle s’opère et que la mort soit supprimée.
    Comme le souffle d’air, sans doute, que Dieu donna pour dépêcher
    À notre humanité, son père et sa descendance exprimée.

    C’est la cinquième dimension qui échappe à toute matière,
    C’est cette sainte direction qui ne se soucie pas du temps,
    De la formidable intention de la lumière tout entière
    Qui met la Terre en érection et donne un écho percutant.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Courrier du cœur aux tournesols

    Courrier du cœur aux tournesols

    J’avais mis à dessein ce bouquet sur ma table ;
    J’avais besoin d’idées et d’une inspiration.
    L’aréole d’un sein m’était inévitable
    Comme téléguidé par cette aberration.

    J’y observais aussi sa robe de dentelles
    Qu’elle portait un soir lors d’un galant dîner.
    Mes pensées dégrossies faisaient la tarentelle
    Quand je voulus m’asseoir pour la baladiner.

    Ses pupilles amusées se reflètent au cœur
    De ce gros tournesol qui m’observe sans dire,
    Comme au coin d’un musée avec l’œil critiqueur
    Qui se veut la boussole qui va me contredire.

    J’ai trempé un pétale de la fleur de mentor
    Dans l’encre de l’espoir qui me pousse à écrire.
    Sur ma feuille j’étale d’une voix de stentor
    Sans aucun désespoir ce que j’y veux transcrire.

    Maintenant terminée, posée sur mon pupitre,
    Je m’en vais la poster sur le courrier du cœur.
    Elle est vitaminée par ce tendre chapitre
    Et je vais m’aposter dans un espoir vainqueur.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La réponse est dans la fleur

    La réponse est dans la fleur

    Si tu te demandes encore qui décide la direction
    Du vent qui souffle sur les monts et disperse les nuages ;
    Si tu recherches l’accord que donne la protection
    De l’eau qui coule en amont et anime ton sillage ;

    Si tu cherches la raison qui inspire la passion
    De la terre qui nourrit et féconde ses enfants ;
    Si tu quêtes la maison d’où émane la compassion
    Du feu qui brûle et sourit à ton cœur en le chauffant ;

    Alors écoute la fleur, sois attentif à la gerbe,
    La réponse à tes questions est dans le cœur de la fleur ;
    Regarde bien les couleurs, c’est dans leur écho superbe
    Qu’est cachée, en suggestion, la science du souffleur.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Correspondance aux tournesols

    Correspondance aux tournesols

    J’ai voulu t’écrire une lettre
    Mais le vent, en soufflant mes plumes,
    M’a privé, autant qu’on puisse l’être,
    De toute force de mon volume.

    Et me voilà devant ma page
    Sans pouvoir y coucher mes mots.
    Alors, j’ai fait ce découpage
    Avec des efforts extrêmaux.

    En effeuillant la marguerite
    J’ai collé ma lettre d’amour.
    Et pour qu’elle soit émérite,
    Les tournesols sont très glamours.

    J’en ai mis quatre sur ma feuille,
    Le premier, doux comme ton corps,
    Un pour ton cœur de chèvrefeuille,
    Un pour ton esprit en accord.

    Le quatrième pour ton âme
    Qui saura entendre ma voix
    Que j’ai gravée dans cette flamme
    Sur la devise de mon pavois.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les coquelicots aux mille voix

    Les coquelicots aux mille voix

    Entendez-vous de mille voix, leur écho frappe l’espace ?
    C’est la chorale des mille fleurs, l’orchestre auguste, éternel.
    Entendez-vous à claire-voie, le souffle du vent qui passe
    Et qui s’accorde en siffleur au soleil sempiternel ?

    Chef d’orchestre étincelant, c’est toi qui tiens la baguette !
    Tu as charmé ton audience par ta couronne royale.
    De tes feux ensorcelant, sous la voûte de guinguette,
    Tu cultives l’impatience de tes sujettes prairiales.

    Je ne suis que spectateur de ce théâtre floral
    Mais je me laisse séduire par les mille bouches vermeilles.
    Le doux chant incantateur de l’écarlate chorale
    Ne cesse point de produire mille tons, mille merveilles.

    Alors doucement je penche et dépose sur leurs lèvres,
    Une par une, un baiser pour ressentir dans ma bouche
    Des échos, des avalanches du plus précieux des orfèvres :
    Une quiétude apaisée m’arrosant comme une douche.

    Je ne suis plus que le vent qui amplifie l’orphéon,
    Je ne suis plus que la pluie qui communique la vie,
    Je ne suis qu’un feu vivant, un témoin du panthéon,
    Je ne suis plus que le fruit de l’amour inassouvi.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le chant des coquelicots

    Le chant des coquelicots

    Ô mon écho écarlate, que j’aime entendre ta voix
    Quand le vent se fait archer et fait vibrer les montagnes !
    Je chéris ce chant qui flatte dans les champs à claire-voie
    Lorsque je m’en vais marcher dans les chemins de Bretagne.

    Lèvres grenat frémissantes, chuchotant un chant nouveau
    Qui s’accorde à la quiétude qui règne dans la nature.
    Votre antienne engourdissante fait sonner le renouveau,
    Comme une mansuétude dans vos appogiatures.

    Alors l’esprit se détache, le mental éteint son verbe
    Et le cœur rejoint la source qui jaillit dans votre écho.
    Je relâche les attaches de mes souvenirs acerbes,
    Le temps arrête sa course et je lui paie mon écot.

    Fleurs de joie et de corail, vous m’accrochez au présent ;
    Le passé n’est plus qu’une ombre, le futur inexistant.
    L’éclat du champ de vitrail, doux rayon omniprésent,
    Me soustrait de la pénombre dans un faisceau consistant.

    Toutes vos vagues écumantes du sang vermeil de la Terre,
    Me transportent au bout du monde et me relient à mon âme.
    Votre houle consumante des beautés du Finistère,
    M’est nourriture féconde comme le cœur d’une femme.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Ces petites fleurs jaunes

    Ces petites fleurs jaunes

    Elles sont le seul souvenir d’un samedi soir oublié,
    Une invitation aux chandelles dans un petit jardin secret.
    Je n’ai pas vu la nuit venir dans l’ombre des érabliers
    En regardant les hirondelles chassant les insectes indiscrets.

    Il n’y avait pas une étoile ni même une fraction de lune,
    La nuit habillée d’un noir d’encre s’amusait à nous aveugler.
    À tâtons j’ai palpé un voile, j’en remerciais cette opportune
    Qui me retenait comme une ancre tout en m’empêchant de beugler.

    Une main posée sur ma bouche puis un baiser pour tout bâillon
    Et voilà qu’une autre m’entraîne dans un labyrinthe obscurci.
    Puis on m’allongea sur la couche et l’on m’ôta mon médaillon
    Pour ne pas rester à la traine en tâtant mon sexe endurci.

    Elle fit un jeu de lumières en déposant quelques bougies
    Sur le tapis d’herbes sauvages et ces petites fleurs jaunies.
    On aurait dit une prière avec des lumignons rougis,
    Pieusement sur le dallage comme une sainte cérémonie.

    J’ai dit « Je vous salue Marie ! Pierre m’avait loué votre grâce !
    Je crois en vous et à vos seins, permettez que je les embrasse ! »
    Elle n’a rien dit, elle a souri, m’a embrassé sur l’herbe grasse
    Et s’accroupit sur mon bassin pour que plus rien nous embarrasse.

    Depuis ces fleurs font mille échos quand je les aperçois dans l’herbe,
    Comme un chant sacré solennel qui me rappelle cette rencontre.
    Elles me font penser aux bécots que j’ai reçus avec superbe
    Et cet amour compassionnel que je garde dans le cœur, tout contre.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Le coquelicot solitaire

    Le coquelicot solitaire

    Ça faisait un an déjà que je courtisais ma belle.
    Je la rencontrais le soir lovée dans son habit rouge.
    Pour n’avoir pas l’air goujat, j’apportais des mirabelles
    Qu’on mangeait sans rien surseoir sous l’ombrage des carouges.

    Elle ôtait sa pèlerine d’une couleur écarlate
    Et l’étendait sur la mousse dans un mouvement de grâce.
    En ouvrant grand les narines, en haussant les omoplates
    Et riant de sa frimousse sur le tapis d’herbes grasses.

    Je l’appelais « Coquelicot », pour ses lèvres vermillon.
    « La cousine du Pavot », pour ses pommettes vermeilles.
    Je l’appelais « Mon Œillette », pour ses hanches en papillon.
    Elle était mon « Argémone », qui régnait sur mon sommeil.

    Pour honorer son pistil et préserver ses pétales,
    J’étalais sa robe rouge comme chasuble sacrée.
    Je mettais beaucoup de style à dévoiler cet étal
    Car je suis né à Montrouge et je m’y suis consacré.

    Elle avait une peau blanche, satinée comme une pèche
    Avec des lèvres grenat et des mamelons corail.
    Entre ses bras, la pervenche voulait que je me dépêche
    À grimper au Nirvana dans son caravansérail.

    Quand nous avions épuisé nos provisions de baisers
    Et tari toute la source qui abreuve l’amourette,
    Nos sens tout amenuisés n’étaient qu’à peine apaisés,
    Nous n’avions d’autre ressource que fumer une cigarette.

    Les coquelicots ne durent que l’espace d’un printemps
    Et la chaleur estivale enflamma ses oriflammes.
    On vit fondre la soudure de nos deux cœurs éreintants
    Et ce rouge adjectival me darda ses lance-flammes.

    C’est la fleur que je préfère et qui brûle dans mon cœur.
    Quand je goûte ses pétales, je repense à ma passion.
    Il n’y a plus rien à faire, il n’y a pas de rancœur,
    Quand les amours sont létales, elles meurent en compassion.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Les fleurs égoïstes

    Les fleurs égoïstes

    Mes jolies fleurs clairsemées ont toutes beaucoup à dire.
    Trop grosse ou bien trop charnue ? Chaque fleur a son histoire.
    Unique ou bien parsemée ? À louer ou affadir ?
    Sublime ou bien biscornue ? Laide ou bien adulatoire ?

    Dans nos jardins de famille, chaque cicatrice reste
    Et les années de printemps n’en effacent pas la trace.
    Toutes les jeunes charmilles grandissent plus ou moins prestes
    Et se gênent en s’éreintant pour régner sur les terrasses.

    On charme le jardinier, on captive le fleuriste.
    Tant pis s’il faut ombrager les candidates en friche !
    Sous le soleil matinier, on loue le pépiniériste
    Pour se faire encourager et admettre au clan des riches.

    Chaque fleur a ses affaires et se croit unique au monde.
    Le bouquet n’est qu’un réseau qui doit l’écouter se plaindre.
    Les roses qui prolifèrent ont des épines immondes
    Mais unies par des tréseaux hypocrites à complaindre.

    Elles faneront un jour, desséchées dans l’amertume,
    Rejetant la faute aux autres si elles n’ont pas eu leur gloire.
    C’est le pire des séjours de chercher l’honneur posthume
    Et jouer les bons apôtres dans un bocal étrangloir.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Couleur poivre

    Couleur poivre

    Corps luisant et sanglant, à la peau satinée,
    Dont la chair est un feu à ma bouche gourmande,
    Bourgeonnant comme un gland à ses vices platinés,
    Comme ardent boutefeu de la langue allemande.

    Tantôt jaune, orangé, tantôt rouge, émeraude,
    Comme des oriflammes sur le souffle des vents,
    Au goût vif, étranger qu’à ma faim me taraude
    Et fait cracher des flammes à travers les évents.

    Piment rouge, piment fort je te croque, tu me mords,
    Tu m’as communiqué ton paprika glamour,
    À grands coups de renforts, par la petite mort
    Qui m’a fait tourniquer la chaleur de l’amour.

    Je sais de tes arômes et toutes ses essences
    Empreindre mon palais sur un parfum d’extase.
    C’est la force de l’homme ténue dans sa semence
    Faisant au chevalet jouir mon épitase.

    Fier de ta forme étrange et de son goût suave,
    Tu enflammes ma langue au profond de ma bouche.
    Es-tu démon ou ange ? Intrépide ou bien zouave ?
    Mon cœur et mon corps tanguent quand je perce ta couche.

    Poivre noir, poivre blanc, qu’importe ta couleur
    Si tu sais relever les goûts et les saveurs.
    Dans ma main, tout tremblant, c’est un peu de douleur
    Quand tu vas t’élever et devenir baveur.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Vers les plus hautes branches

    Vers les plus hautes branches

    Cette pompe à chaleur bat le cœur de la sève,
    Un capillaire astral braqué sur le soleil.
    Inexorablement, il porte tous mes rêves
    Pour les réaliser au sortir du sommeil.

    Ils sont là, tous mes vœux, tous mes espoirs intimes ;
    Je les ai semés hier dans le profond respect
    En priant l’univers de toute mon estime
    Pour purifier mon âme envers tout irrespect.

    Sentez le sol trembler de l’énergie divine,
    De la Terre qui lève ses arbustes flambeaux !
    De la Terre au Soleil, les ruisseaux des ravines
    Transportent le courant par ses moindres lambeaux.

    Ce soir j’irai prier sous les plus hautes branches
    Ces prêtres végétaux qui parlent aux étoiles.
    J’arroserai mon arbre des pensées les plus franches
    Qui coulent de mes os aux tréfonds de la moelle.

    Suis-je frère de sang ou bien frère de sève ?
    C’est toujours l’eau du ciel qui draine la matière.
    Cet ascenseur divin constamment me relève,
    Il protège mon bras comme une cubitière.

    Cubitière : Partie de l’armure à plates qui protège le coude (garde-bras).

    Tableau de Fabienne Barbier

  • L’appel du printemps

    L’appel du printemps

    Sur un air de Vivaldi qui courrait sur la campagne,
    Une gerbe de rayons réveilla les fleurs sauvages.
    Les danseuses aux pétales, comédiennes et compagnes,
    Ont bondi sous le faisceau de l’étincelant breuvage.

    Ô Printemps, si ta musique ressuscite les fantômes,
    Répands-la dans les esprits qui languissent dans les villes.
    Illumine les ruelles, renouvèle les symptômes
    Qui font fleurir le bonheur dans les affaires civiles.

    Entendez-vous les violons, les altos, les violoncelles
    Qui sèment leurs partitions sur tous les champs de la terre ?
    Voyez-vous entre les branches, les discrètes étincelles
    Qui annoncent les bourgeons sur les arbres sédentaires ?

    Quand les fleurs jouent les cymbales dans la danse du soleil
    Et que les papillons d’or font voltiger leurs baguettes,
    Les percussions des bourdons, qui flirtent avec les abeilles,
    Mettent une ambiance de joie dans les forêts aux guinguettes.

    C’est le sacre du printemps qui réveille les dormeurs
    Et les sort de leurs effrois, de leurs plaintes et leurs chimères.
    Ouvrez bien grand vos fenêtres, aérez bien vos demeures !
    Laissez entrer dans vos cœurs cette hardiesse primaire !

    Tableau de Fabienne Barbier