Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.
Un beau matin, la reine blanche porta des fleurs à sa rivale, Juste une jupe sous ses seins nus avec déculotté pubien. La reine noire, elle, en revanche, portait une robe estivale Et ce qu’il en est advenu, seuls les deux rois le savent bien.
Elle gambadait sur les chemins pour éveiller tous ses instincts, S’habillait selon la saison mais volontiers en robe longue. Elle se peignait avec la main ses longs cheveux blonds et châtains Pour la plus simple des raisons : deux mains aux phalanges oblongues.
Tableau de Maria Pace-Wynters. Texte inspiré du Gargantua de Rabelais.
Si jamais ma plume se voile et de surcroît je n’ai plus d’encre, J’embarquerai en pleine lune quand l’outre-mer devient doré. Dicté aux poussières d’étoiles, je mouillerai alors mon ancre Dans le royaume de Neptune et ses sirènes m’adorer.
Lorsque ma cuisine exigüe se transforme en salle de bains, Mes deux toutous montent la garde, là, comme deux chiens de faïence. Sous la vigilance ambigüe mais sûre de mes deux chérubins, J’aime que personne ne regarde les appas de ma corpulence.
Quand la bergère pose la question, c’est la réponse du berger : « Les questions sur leur destinée que les moutons se poseront : – Mettre la laine en cogestion ou la façon d’être hébergés – Juste avant d’être exterminés, crois-tu qu’ils se rebelleront ? »
Pour bien cuire vos œufs à la coque, faites l’amour en monocoque. Si vous voulez les mangez durs, continuez la procédure. Mais si vous restez trop longtemps, les œufs ne seront pas contents Et j’ai bien peur, qu’à la maison, les œufs maudissent la bandaison.
Sous l’apanage de Richelieu qui avait le goût du théâtre, Les spectacles s’y développent depuis la Comédie Française. Palais-Royal, Ô riche lieu ! Que chaque ballet idolâtre Tous les Ulysse et Pénélope des odyssées qui nous complaisent !
Là-bas, de l’autre côté du temps, mon père est encore un jeune homme, Ma mère, encore jeune fille et puis, ils s’aiment avidement. Ils vont se fréquenter longtemps jusqu’à ce qu’ils soient autonomes Afin de fonder la famille où je naîtrai, évidemment.
Hier, je l’ai rencontrée, c’était la pleine lune Et ses reflets d’argents illuminaient le port. Alors elle s’est montrée de manière opportune Dans l’instant partageant la vie avec la mort.
Juste quelques secondes mais j’ai vu son visage Et son corps et ses seins nus, d’opale perlée. Sa pâleur moribonde signifiait un présage Et j’ai su, à dessein, qu’elle allait me parler.
« Toi qui as su me voir, surtout ne me suis pas ! Je ne viens que pour ceux qui se meurent d’amour. Et, sans te décevoir, retourne sur tes pas, Mais reviens quand tu veux lorsque ce sera le jour ! »
Alors je l’ai laissée s’enfoncer dans les ombres Et fermer les rebelles portes de son royaume. Mais mon cœur est blessé, j’ai cru être du nombre Des amants de la belle et ses amours fantômes.
Tous les soirs elle entend la voix qui vient du large Puis, quand tombe la nuit, elle rentre au logis. Ça doit faire vingt ans qu’elle vit sous la charge De ce cruel ennui qu’est sa pathologie.
Attend-elle des marins qui ne seraient pas rentrés, Son mari et son frère et d’autres compagnons ? Moi, sous les tamarins, je la vois concentrée À guetter la lumière du moindre lumignon.
Fasse Dieu qu’elle revienne ! Ce mystère m’énerve. Personne ne la connaît ni même où elle habite. Je vais, quoi qu’il advienne, sortir de ma réserve, Croiser au balconnet l’apparition subite.
Ce n’était qu’un mirage, il n’y avait personne ; On m’a dit qu’un fantôme rôde sur la jetée. Lors d’une nuit d’orage, une vierge amazone S’est noyée sous le dôme dans la mer argentée.
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J’ai, en reconnaissance des lieux, commis l’erreur du débutant En ne retenant que l’image du petit village de charme. Une fois plongé dans le milieu, le fort vacarme rebutant Des navires en arrimage me fit bien vite sonner l’alarme.
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Quel beau décor paysager lorsque résonne la quiétude ! Rien ne pourrait envisager qu’il soit troublé de solitudes. Pourtant des personnes âgées laissent poindre quelques inquiétudes Sur les agréments passagers du fleuve de l’incomplétude.
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Ma vue sur la clepsydre humaine qui s’immerge tout au long des heures Transforme ma vallée de larmes en une croisière éternelle. Chaque jour de chaque semaine, leurs petits bains catalyseurs Filtrent le temps avec le charme de leurs petites fesses charnelles.
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Malgré toutes ses protections, j’arrive à croiser mon voisin ; Celui qui habite juste en face et que j’ai souvent invité. Sans doute mes imperfections ont rebuté cet argousin Et provoqué cette interface d’infranchissable concavité.
Je salue au passage Gérard, mon voisin, si d’aventure il lit ces lignes dans sa tour d’ivoire.
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Sur nos balcons, en passerelles élevées jusqu’à l’horizon, Nous ne craignons point le vertige dans nos modernes appartements. Pigeons, corbeaux et tourterelles viennent nous voir dans nos prisons En étagères de prestige au summum de l’escarpement.
J’y vis d’éternelles vacances sur l’helvétique Riviera Avec une vue imprenable sur les sédentaires abscons. J’ai accompli l’extravagance d’établir un protectorat En me sacrant inaliénable mais mémorable Roi des Cons.
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Bien sûr, quand l’homme prend la mer, l’amour est plus vaste et profond Et ses frontières à l’infini disparaissent à l’horizon. Bien sûr, sa femme devient mère mais reste au port et se morfond Ainsi la vie nous définit entre liberté et prison.
La danseuse pointe son chausson d’une manière inoubliable. Une sorcière, sans façon, s’en ira pointer chez le diable. Pour différencier les prétendantes, présentez-leur un beau tutu ; La vraie dansera trépidante, l’autre criera : « Turlututu ! »
Photo « Margaret Morris Dancers » 1920 de Fred Daniels.
Pour les mecs, le nec plus ultra concernant le Kâmasûtra : Le fumeur de pipe, sa meuf, doit lui faire un soixante-neuf ; La nana du libre-penseur préfère l’amour dans l’ascenseur ; Et celle du révolutionnaire, la position du missionnaire.
« Three men in swimming trunks, one with shades, one with pipe, all with bulges. » – Saskatchewan 1943.
Si les p’tits rats de l’opéra apprennent entrechats et ballets, Chez les sorcières en sabbat, on apprend à coups de balais. Que faut-il faire, me direz-vous, pour n’pas s’faire mener en bateau Sous peine, au premier rendez-vous, d’risquer de se prendre un râteau ?
Photo de Hannes Kilian avec le Stuttgarter Ballet.
Métro, boulot, c’est fatigant pour le personnel navigant ! Faire dodo, c’est harassant, faire l’amour, embarrassant ! Faire le travail de l’amour requiert bien trop d’heures par jour Et trop de jours dans la semaine pour une activité humaine !
Femme idéale n’existe pas … sauf dans un peu toutes les femmes Mais l’homme ne saura jamais trier les bonnes des infâmes ! L’Homme idéal n’existe pas … mais c’n’est pas un problème en somme Puisque les femme savent désormais que tous les chemins mènent à l’homme.
Tenter d’éveiller le minou reste une gageure sans pareille ; Monsieur cherche l’inspiration en ouvrant en grand la fenêtre. Un petit air frais choupinou, chuchoté à même l’oreille, Pour troubler la respiration et donner l’envie de renaître.
Mais il n’est pas poltron minet ! D’ailleurs il réclame sa sieste Et garde la pose au giron en échange de quelques caresses. Gageons que dès potron-minet, Monsieur devra d’une main leste Chasser l’animal au ronron qui garde trop bien sa maîtresse.
Que revienne le temps des copines, que reviennent le temps des copains Et les longues nuits où les chattes se languissaient de leurs minets ! Quand il y avait trop de cuisine, on conviait aussi les voisins Chacun sa cruche, chacun sa jatte, chacune sa pipe, son robinet.
Les deux balançoires, ajustées à l’impudence des regards, Permettaient à ces demoiselles, en se caressant le minou, D’harceler et tarabuster tous les garçons un peu hagards Qui lorgnaient le dieu des pucelles tout en se mettant à genoux.
Godelureau à bicyclette rêverait d’amour à vélo, Elle derrière et lui devant, pour pédaler jusqu’à vau-l’eau. Si tu veux être ma Juliette, j’incarnerai ton Roméo Et nous irons contre le vent en tandem ou en pédalo.
Conforme au café de Vincent, situé place du forum, J’y convierai une amie peindre avec ses toiles et ses pinceaux. Sans trop de monde effervescent mais avec tout le décorum Pour que nous puissions nous étreindre sous les arcanes provençaux.
Durant une profonde nuit pareille à la guerre qui fit rage, Entends-tu les femmes intrépides qui luttent contre l’infamie ? Malgré le froid qui s’introduit et leur lacère le visage Et leur carcasse qui trépide sous l’assaut des balles ennemies.
Depuis, leurs fantômes bleu-nuit reviennent rôder dans les parages Sur le sol gelé rougissant que leurs avions ont percuté. À l’heure fortuite – minuit – dans ce sinistre paysage, On entend l’écho rugissant de leurs cris se répercuter.
Quelques sites internet à propos des sorcières de la nuit : https:www.curieuseshistoires.netles-sorcieres-de-la-nuit
Afin de trouver le sommeil troublé par l’esprit qui galope, Mon anima lâche la bride à ses soucis en écheveaux. Alors les chagrins sans soleil des bleus de l’âme nyctalopes Quittent ce cauchemar hybride un peu tiré par les chevaux.
Les yeux du cœur et ses oreilles captent cette onde innominée Qui s’insinue dans la spirale tapie dans l’écoute profonde. Ce labyrinthe qui s’appareille à une antenne embobinée Transmet la maladie virale des amours folles et furibondes.
À l’aveuglette, la main écoute, la main perçoit l’écho solaire ; Les vibrations qui la pénètrent croisent les énergies palmaires. Dans le silence, les deux mains goûtent les sentiments qui vont dans l’air Et qui chuchotent dans la fenêtre de mes mains jointes en prière.
Fidèle envers l’oiseau à l’aube qui chante le lever du jour, Je suis le soleil dans sa course en chevauchant le firmament. Le vent s’engouffre sous ma robe et, sous son aile, je savoure L’ultime éclat de la Grande Ourse qui s’éclipse sous le flamboiement.
Sein noir, sein blanc, bien ressemblant ; sein blanc, sein noir, bonne mémoire. Bras blanc devant, contre le vent ; bras noir derrière, pour la guerrière. Selon le code, aux antipodes, la femme est tendre à qui sait l’entendre Selon le signe, la femme est digne, c’est le tatoo qui vous dit tout.
Un tatouage sur le visage, bien plus joli qu’un maquillage ; Un serpent sur une cheville, le diable se recroqueville ; Un papillon sur le bassin, le charme opère à dessein ; Un cœur aux parties génitales, un coup de la femme fatale.
Malgré sa coiffure d’automne que le printemps ne fleurit pas, Ses deux mamelons qui bourgeonnent lui donnent un air de renaissance. Fasse que l’été déboutonne la belle montrant ses appas Et que l’hiver me pelotonne contre ses seins en turgescence !
Nouvelle mode de saison ; la Terre change sa garde-robe. Adieu manteaux d’hermine blancs et châles en brumes évanouies ! Le dieu-printemps crée sans raison les plus extravagantes robes Dont il va fleurir l’arrière-plan de nos collines épanouies.
Le grand plaisir en garçonnière consiste à offrir un café À une jeune femme dévêtue pour en mêler les deux arômes. L’élixir de la cafetière produit robustesse et effet Lorsque sa bouche a revêtu de sa langue le sexe de l’homme.
Tableau « Valerie and the omani coffee pot » de Ken Howard.
Toujours légère et court vêtue, reposée sur son coussinet, Notre laitière ainsi troussée, n’ose pas tout recommencer. Assez triste et fort abattue, pense à son mari « Poussinet » Qui, pas du tout l’air courroucé, a préféré l’ensemencer.
Ainsi, tant va la cruche à l’eau, le pot-au-lait et la Perrette, Toutes les belles intentions finissent un jour par se briser. Si le mari n’est pas salaud et la femme pas trop simplette Un petit câlin plein d’attentions et tout sera cicatrisé !
Entre l’instant où je m’éveille et le moment où je m’endors L’instant précis où la conscience et l’inconscience changent de rôles, Vit le plaisir qui s’émerveille de vivre sous un soleil d’or, Meurt la peur de la subconscience qui, à l’insu, prend le contrôle.
Tout ce qui naît, qui vit qui meurt, touche mes rêves éphémères. La peur qui grandit, que j’affronte, dont le combat va me nourrir. L’amour qui éclos dans mon cœur dont je deviendrais père ou mère Joie et colère qui se confrontent mais finissent aussi par mourir.
La première âme, liée au corps, bat comme un cheval au galop ; La deuxième âme, libre d’attache, s’envole comme l’oiseau au soleil. Ainsi l’empreinte de la mort libère l’une dans un halo Tandis que l’autre se détache pour regagner le grand sommeil.
Le plus grand signe d’intelligence se révèle lorsque j’ai peur. Peur du danger, peur de mourir, peur de ma dernière seconde. La vie possède l’intransigeance de protéger ce que le cœur Tient à aimer et à chérir ce qu’il a de plus précieux au monde.
Sa beauté vierge réhaussée d’un masque autour de son visage Et ses cheveux de jais coiffés d’une floraison exotique, Mademoiselle a exaucé mon goût pour les beaux paysages ; Moi, qui était tant assoiffé d’azur et de fleurs érotiques.
Seulement voilà ! Elle est pirate, fille du corbeau noir iroquois. Son masque bleu n’est que peinture pour porter un regard amer En évoquant l’or disparate scellés aux coffres zurichois Qu’elle dissimule dans sa ceinture et qu’elle jette à tout va dans la mer.
Les dieux quelquefois misogynes se font de véritables écheveaux Avec les femmes et les juments qui mettent au monde les héros. D’une rencontre sauvagine, Épona, déesse des chevaux, Naquit ainsi se présumant d’un phénomène in utero
Tableau « Épona, déesse des chevaux » de Helena Nelson-Reed.
Heureusement, les jolis masques ne masquent pas les jolis yeux Ni ne camouflent la beauté malgré le nez, malgré la bouche. Finalement, ce que démasque ce joli loup bien capricieux Fait la moue encharibotée qui nous avertit d’un « pas touche ! »
Car l’œil du diable dissimulé au milieu de plumes de paon Surveille les moments intimes d’un fol regard qui épouvante. Mais il peut aussi stimuler l’envie par ces yeux de serpent Qui hypnotisent leur victime avant de la croquer vivante
Dans le temps, à Casablanca, elle peignait des gens de couleur Puis, à Paris, désabusée, elle ne peignit qu’en noir et blanc. Tous les tableaux qu’elle flanqua de cadres assez racoleurs Sont désormais dans un musée, colorisés, c’est affublant !
Je n’ai pas tout compris mais ma jolie voisine M’a, en suisse-allemand, demandé quelque chose Et le diable m’a pris ; au seuil de la cuisine, Je l’ai finalement baisée sur ses joues roses.
Je ne saurai jamais ce qu’elle demandait Car la belle a rougi puis, mes fesses bottées. Elle m’a déclamé que ce qu’elle quémandait N’était qu’une bougie car ses plombs ont sauté.
Si l’amour rend aveugle, la masturbation sourd, J’y perds le sens du goût et celui du toucher. Ainsi dans mon immeuble, je passe un bon séjour Car je n’ai pas beaucoup l’occasion de coucher.
Par quel fichu prétexte faire le premier pas Pour que l’amour m’attrape et que le cœur m’emporte ? J’ai commencé ce texte car je n’y croyais pas Or voici que l’on frappe doucement à ma porte.
Dissimulé dans ses ocelles pour ses femelles, « l’œil du diable » Montre l’oiseau qui fait la roue plus séducteur que le serpent. Sa danse nuptiale ensorcelle, fascination irrémédiable, Et suscite bien des rendez-vous pour l’amour des plumes de paon.
Que sera mon fantôme devenu, une fois fondu dans le décor ? Que restera-t-il de mon passage et l’empreinte de mon apparence ? Longtemps je me suis abstenu de penser où irait mon corps Mais j’ai appris auprès des sages qu’il faut jouer la transparence.
Tant que Jésus est parmi nous, il convient de toucher du bois Pour conjurer le mauvais sort du sacrifice de la croix. Ainsi, se toucher le minou, jouerait un peu le contrepoids Pour Marie qui permit l’essor de la chrétienté qui s’accroît.
Tour le plaisir de la gastronomie lorsque j’ai l’estomac dans les talons Aspire à m’apporter la satiété après une heure ou deux de digestion. Tout de désir d’une belle anatomie d’une femme nue chevauchant l’étalon M’inspire à étendre la société après neuf mois de saine gestation.