Catégorie : Sirènes

  • Toutes ces autres sirènes

    Dans le Grand Livre des Sirènes – que Dieu n’aurait pas imprimé –
    Existent d’autres créatures que la femme en queue de poisson
    Qui n’ont pas besoin d’oxygène ni de belle voix pour s’exprimer
    Sans faire offense à la nature ni lui faire de contrefaçon.

    Les femmes au corps de raie manta préfèrent les eaux tropicales
    Et leurs belles ailes delta permettent les belles prouesses.
    Elles ont acquis leur potentat après des luttes syndicales
    Grâce à leur voix de célesta qui ont fait d’elles des déesses.

    Les femmes-pieuvres – ou femmes-poulpes – vivent dans les eaux boréales
    Dans les abysses où leur fortune est de récolter des godasses.
    Il paraît que c’est là leur coulpe d’avoir volé les céréales
    Du jardin privé de Neptune qui les a puni de l’audace.

    Illustrations de Viccolate, HTG17 et Ryan Firchau

  • Méchante sirène

    C’est dans un sinistre « glou-glou » que le marin trouva la mort,
    Transbahuté sous la carène, lui qui espérait tant l’amour.
    Périr en mer, pour un marlou, belle fin pour ce matamore
    En manque d’air pour la sirène, lui, qui souffrait du mal d’humour.

    Regardez-la sur son rocher, dans son angélique innocence
    Qui obtiendrait l’acquittement et le Bon Dieu sans confession !
    Personne ne peut s’accrocher à vaincre sa concupiscence
    Et l’amour pragmatiquement finit toujours en queue de poisson.

    Tableaux de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim

  • Les femmes-poissons dans l’intimité

    Dans l’intimité du foyer du nid d’amour de son marin,
    La sirène a peint les mémoires de son univers maritime.
    Son cœur, encore apitoyé de ses souvenirs utérins
    Marquant sa naissance en mer noire d’un mariage illégitime.

    Sa mère était femme de mer, son père était marin au pair,
    Ils étaient jeunes et insouciants, ils se sont aimé tendrement.
    Mais le beau-père, un homme amer, voulant une lignée prospère
    Envoya son fils inconscient dans un sévère encadrement.

    La femme-pieuvre possède aussi des mémoires à n’en plus finir
    Tatouées sur ses tentacules aux ventouses impitoyables.
    Une fois sa jeunesse dégrossie, elle vit ses amants survenir
    Chacun dardant ses testicules dans des étreintes inoubliables.

    Elle pondit tant d’œufs à berger, qu’on l’appela « Octopussy »
    Elle doit ce drôle de sobriquet aux mâles qui s’y devaient mourir.
    Mais après avoir gambergé tant de grossesses, non sans souci,
    Elles eut huit fois huit poulpiquets, soixante-quatre calmars à nourrir.

    Illustrations de Maxine Vee

  • Mauvais présages

    Mais ce qui devait arriver est arrivé finalement ;
    À force d’être exterminés, les poissons deviennent insolents.
    Avec des oiseaux motivés, ils ont croisés leurs filaments
    D’ADN prédéterminés à produire des poissons volants.

    Et les voici crevant l’écran des aquariums et des fenêtres !
    Les voilà perçant la surface de toutes calottes glaciaires !
    Ainsi foncent les oiseaux à cran et tous les alevins à naître
    Qui réclament l’ultime face-à-face contre l’humanité carnassière.

    Tableau de Cyril Rolando sur https://mymodernmet.com/cyril-rolando-surreal-digital-art

  • La musique aquatique

    Pourquoi du poisson aux chrétiens et des croissants aux musulmans ?
    C’est le secret du Vendredi mais pas celui de Robinson.
    Mais quoi qu’il en soit, l’entretien de cette légende ridiculement
    Pèse dans le monde des érudits bouddhistes, juifs et franc-maçons.

    J’en ai fait ce pianoquarium pour poissons muets comme une carpe
    Qui permet de communiquer avec des bulles de toutes sortes.
    Mon piscicole auditorium sous l’action de mes métacarpes
    M’a dit d’cesser d’polémiquer ; chacun voit midi à sa porte.

    Tableau de Cyril Rolando sur https://mymodernmet.com/cyril-rolando-surreal-digital-art

  • Vendredi en bocal

    Il faut pêcher vers l’extérieur encore plus loin, en haute mer
    Car les poissons ont disparu de nos rivières et nos étangs.
    Et moi, cloîtrée à l’intérieur de mon confinement amer,
    J’ai trop d’étiquettes parcourues, labellisées au fil du temps.

    Le thon a payé son octroi à l’imposition de la pêche ;
    Le hareng sort de temps en temps garni de sauce rémoulade ;
    La sardine à l’huile à l’étroit avec les pilchards escabèche
    Et le saumon sont mécontents du mercure qui les rend malades.

    Illustration de Marija Tiurina

  • Le bal des sirènes sans-gène

    J’ai reçu une invitation dans l’aquarium de mon poisson.
    Une enveloppe bleue nacrée, toute petite et qui flottait
    Presque comme en lévitation, à la surface comme un glaçon.
    Je lus ce petit mot sacré avec la voix qui chevrotait :

    « Cher Monsieur, vous êtes invité au bal des sirènes sans-gène.
    Lundi soir, juste après la douche, approchez-vous, nu, du bocal.
    Plongez dans sa concavité et n’ayez crainte pour l’oxygène ;
    Nous vous ferons du bouche-à-bouche pour un petit bonheur buccal. »

    Illustration de Scott Gustafson sur http://madamkartinki.blogspot.com/2012/12/scott-gustafson-1.html

  • Ses vendredis à elle

    Elle voulait changer d’atmosphère et se retirer de ce monde
    Où ne reste nulle île déserte ni oasis en plein désert.
    Les montagnes ou la stratosphère lui donnant des nausées immondes,
    La mer apparut plus ouverte et les poissons pas moins diserts.

    Elle a échangé son local qui sentait trop l’air confiné,
    Étanchéifié ses fenêtres et rempli d’eau l’appartement.
    Puis elle a passé le bocal avec deux doigts d’air comprimé
    Enfin elle s’est sentie renaître et son poisson, également.

    Photo de Sophie Black

  • La renaissance de Vénus

    Les anciens dieux sont partagés ; se faire oublier ou revenir ?
    Jupiter se sent trop âgé d’avoir perdu ses souvenirs ;
    Vénus hésite en désespoir entre mariage et célibat ;
    Et Mars a perdu tout espoir de gagner son dernier combat.

    Mais Vénus reste divisée ; vivre d’amour n’est pas facile.
    Elle a sa copie révisée ; vivre d’eau fraîche est difficile.
    Même si tant de larmes a pleuré et qu’elle en garde une peau tannée,
    Même si les dieux se sont leurrés, elle viendra seule pour cette année.

    Photo de Saint Twenty

  • Mes vendredis

    Sans doute, le goût du souvenir des neufs mois au fond de la mère,
    Me donne envie de m’isoler dans cette retraite aquatique.
    Ce présent au triste avenir me rend son atmosphère amère
    Et je refuse, désolé, d’inspirer son air apathique.

    Plutôt que de porter un masque, je mets la tête dans un bocal
    Et j’y passe mes vendredis avec deux alevins ballots.
    Dès que je m’accoutume au casque, j’inonderai tout mon local
    Afin de vivre, sans contredit, heureux comme un poisson dans l’eau.

    Photo d’Ahmed Hassan sur https://www.behance.net/gallery/85430133/Portrait-01?tracking_source=curated_galleries

  • Pour la chaleur d’une midinette

    Au cœur du froid et de l’hiver, les antipodes vivent en été
    Alors je creuse la planète à travers le manteau terrestre
    Et j’en appelle à l’univers de me permettre de capter
    La chaleur d’une midinette durant au moins tout un trimestre.

    L’hiver avait bien commencé avec fêtes et décorations
    Mais voici le mois de janvier et la froidure de février.
    Tandis que l’été romancé est parti en dérogation
    Vers les antipodes enviés par ceux de l’hiver décrié.

    Tableau d’Anna Ewa Miarczynska

  • La poissonnière du vendredi

    Pure héritière des sirènes, ambassadrice des poissons,
    Elle a su devenir leur reine et favoriser leur moisson.
    Elle est aussi un peu cruelle à sacrifier les meilleurs
    Pour les revendre dans les ruelles des villages d’ici et d’ailleurs.

    Voilà, je range le sapin ; voici, je démonte la crèche ;
    La paysanne et ses lapins puis, la poissonnière et sa pêche.
    Tous les santons vont dans leur boîte hiberner durant trois saisons
    Jusqu’à la période adéquate où ils rejoindront ma maison.

    Tableau de Hanna Silivonchyk

  • Demain les poissons

    Quand viendra le jour des poissons, la saumure coulera de source
    Entre requins et mammifères, entre méduses et cétacés.
    Chacun troublera sa boisson en mettant son grain d’sel en bourse
    Et les grands pontes des affaires crieront : « Maintenant, c’est assez ! »

    Illustration de Rlon Wang

  • La petite sirène

    Tous les marins, vieux loups de mer, tous les plus grands explorateurs,
    Les navigateurs solitaires, les capitaines et leurs matelots,
    Ont croisé la voie des chimères lorsqu’ils ont passé l’équateur,
    Ont perçu la voix du mystère entre les vagues, au fil de l’eau.

    Ne croyez pas qu’elle assassine les hommes par haine ou par rancœur !
    La légende et la vérité s’enchevêtrent avec démesure.
    S’il est vrai qu’à son origine, elle leur dévorait le cœur,
    C’était pour sa sécurité et pour les avoir à l’usure.

    Aujourd’hui, elle dissimule sa jolie queue loin des regards,
    Loin de ce tourisme imbécile qui pollue plus que de raison.
    Si la sirène nous stimule et rend toujours les hommes hagards,
    C’est qu’elle a élu domicile là où le cœur a sa maison.

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  • La sirène-madone

    La sirène-madone

    Dans le noir éclairé d’une nuit sans ténèbres,
    Elle a longtemps bercé son ancêtre poisson.
    Cette ancienne sirène, femme aujourd’hui célèbre
    Avec sérénité la divine moisson.

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  • Avez-vous vu nager la sirène ?

    Avez-vous vu nager la sirène ?

    Avez-vous vu nager la sirène sous l’eau ?
    C’est avec grâce qu’elle accomplit son boulot.
    Toujours brasser par dix-mille mètres de fond
    Toujours nager de plus en plus profond.

    Aller repérer les sillages des navires
    Afin que le cœur de l’équipage chavire.
    Toujours choisir parmi tous ces fiers commandants
    Celui qui, seul, sera digne d’être son vrai prétendant.

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  • L’appel à la sirène

    L’appel à la sirène

    Aussitôt, tout le monde accourt !
    La belle sirène est en tête !
    Chacun veut lui porter secours !
    Quant à la belle, rien ne l’arrête !

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  • Pour les beaux yeux de la sirène

    Pour les beaux yeux de la sirène

    À force de nous observer d’est en ouest de ses yeux
    La sirène a décidé de naître de forme humaine
    Elle a plongé dans la mer dans un saut très périlleux
    Et s’est échouée sur la plage, elle s’appelle Chimène !

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  • Les yeux de la sirène

    Les yeux de la sirène

    On ne voit jamais qu’un œil, tantôt le gauche ou le droit
    Le matin lorsqu’elle ébauche un regard ensommeillé
    Le soir quand elle se couche et toujours au même endroit.
    N’observez jamais les deux, c’est vraiment déconseillé !

    Le matin, elle met du fard sur ses paupières rosées.
    Pour effacer les ridelles, elle dépose du fond de brume.
    Ses cheveux volent au vent dans des volutes arrosés.
    Les étoiles de mer palissent devant sa beauté d’écume.

    Le soir, elle change de couleur dans sa palette orangée,
    Le fond de son teint est frais et dilué dans les nuages.
    Les cheveux ébouriffés sur les nues sont arrangés
    Et dans son dernier regard, l’est un rayon vert suave.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • Là où va la sirène

    Là où va la sirène

    Mais où va la sirène absorbée dans sa nage ?
    Elle a troqué sa queue contre deux belles jambes.
    Si elle ne répond pas à notre voisinage,
    C’est qu’elle n’a plus de voix et d’amour son cœur flambe !

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  • La sirène des calanques

    La sirène des calanques

    Elle bronzait nue, là dans les calanques.
    Elle offrait son corps aux yeux des passants.
    Moi qui traversais, coupant la salanque,
    J’avais le regard fort embarrassant.

    Ses bras écartés, posés sous la nuque
    Tendaient sa poitrine aux rayons cuivrés.
    Moi qui suis normal, pas même eunuque,
    Mon cœur battait fort jusqu’à m’enivrer.

    Elle était sans voix, la belle sirène,
    Pour ce rendez-vous, elle avait troqué
    Sa queue de poisson avec sa marraine
    Contre sa parole qui restait bloquée.

    Pas une parole ne sortait de sa bouche.
    Ni des mots d’amour, ni des mots sucrés.
    Je n’ai pas compris si j’avais la touche ;
    Notre liaison était échancrée.

    J’ai pris une plume pour écrire alors
    Quelques mots d’amour sur son joli corps.
    Elle a répondu brandissant mon sexe
    Pour tracer sur moi le texte réflexe.

    Pour communiquer nous utilisons
    Ma plus grosse plume et son encrier.
    Chacun à son tour, face à l’horizon,
    Faisons couler l’encre jusqu’à en crier !

    Elle a tant bramé qu’elle a retrouvé
    Sa voix et le charme s’est évaporé.
    Ondulant sa queue sans désapprouver
    Elle s’est enfuie, là, toute éplorée.

    Si à votre tour, vous la rencontrez,
    Nue et allongée dans une calanque,
    Pour rompre le charme et pour le contrer,
    Je n’ai pas d’idées et je suis en manque…

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La sirène

    La sirène a troqué une queue de poisson
    Contre de belles jambes et un cœur sans raison.
    Ce soir cette fée sera mon berger
    Mon cœur et mon âme seront immergés !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Vénus aux rochers

    Vénus aux rochers

    J’ai épousé la mer, j’ai marié la sirène
    Nous nous sommes connus une nuit sans étoile
    Elle est de sang royal et d’âme souveraine
    Elle prend des bains de Lune et couche sous mes voiles

    Cet échange de sang n’est pas un accident,
    Il a été gravé sur notre destinée.
    Notre histoire est connue d’orient en occident
    Et notre engagement était prédestiné.

    Ma princesse vit nue au milieu des rochers,
    Juste une fleur plantée dans ses cheveux au vent,
    Coquillages nacrés aux lobes accrochés,
    Maquillée de rosée et de fards innovants.

    Elle vit de soleil et de rayonnement,
    La Lune est son croissant, le ciel son élément,
    La mer est son berceau, son enracinement
    Et moi je la nourris tous les jours en l’aimant.

    Son corps est un hommage à sa mère la Terre,
    Ses seins sont des fruits d’or au sirop excitant,
    Son ventre cache un trésor, creuset humanitaire,
    Et j’y verse la vie de mon cœur palpitant.

    Tableau de Fabienne Barbier

  • La femme-poisson

    La femme-poisson

    Elle est partie rebelle, elle a choisi de vivre.
    Elle a le cœur amer, elle part pour survivre.
    Elle a laissé derrière et son père et sa mère.
    Elle part pour construire une vie de chimère.

    Mais elle a conservé ses valises chargées,
    Les conflits non réglés qui l’ont tant submergée.
    Du courroux de son père, son cœur est surchargé,
    Il lui faut, pour durer, le besoin d’émerger.

    Elle est entre deux mondes, elle n’a pas de domaine,
    Pas vraiment un poisson, pas vraiment une humaine,
    Mais en voyant les hommes elle a choisi l’hymen,
    Qui l’unira à l’un d’entre eux, un spécimen.

    Pour charmer son élu, elle se fait Philomène,
    Le rossignol des dieux depuis la voie romaine.
    Elle possède un organe prodige, un phénomène,
    Une voix hypnotique une grâce surhumaine.

    Mais elle n’a pas réglé ses comptes avec son père
    Et quand elle a charmé les humains de la terre,
    Alors elle se venge de ses crocs de vipère
    Et tue ceux qu’elle attire d’un coup phagocytaire.

    Mais elle a trop pleuré ses amours meurtrières.
    Pour ressembler aux femmes elle franchit la barrière.
    Elle a donné sa queue pour une jarretière.
    Elle a tranché le lien dont elle est l’héritière.

    Sa jolie voix charmeuse ne pourra prononcer
    Plus que des mots d’amour pour son cher fiancé.
    Aux appels de son père, oui, elle a renoncé !
    Son amour est humain, son cœur est renforcé !

    Tableau de Fabienne Barbier