Catégorie : Sirènes

  • N’importe quoi de sirène !

    N’importe quoi de sirène !

    N’importe quoi le vendredi pourvu qu’ ça change avant lundi !
    Une sirène qui pond ses œufs fécondés par un matelot ;
    Un capitaine sans contredit qui nous enlève sa Milady
    Et qui fait parler les taiseux en l’honorant au fil de l’eau.

    N’importe quoi, toujours encore, le samedi et le dimanche !
    La sirène a vu l’éclosion de ses poussins en queue de poisson ;
    Le capitaine en justaucorps et son épouse en robe sans manches
    Après une longue explosion de rires sont épris de boisson.

    N’importe quoi toute la nuit avant le lever du soleil !
    Tous les quarts d’heures de folie ont-ils été tous accomplis ?
    Déjà la sirène s’ennuie, sa progéniture a sommeil ;
    Le capitaine s’est assoupi le ventre, d’émotions, bien rempli.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • La sirène dans sa coquille

    La sirène dans sa coquille

    Tout est compris dans la coquille dont la sirène a hérité
    Avec ses cornes et ses pistons comme un vieil avion-cargo.
    Bien calée entre ses béquilles, cette conque a bien mérité
    Son titre de Grand Baryton décerné par les escargots.

    Tout est bouclé quand elle s’endort, bien verrouillé, cadenassé
    Car la concurrence est pléthore, elle est d’un véritable ennui.
    Sans bruit, le coquillage d’or se détend comme la panacée
    Qui berce stators et rotors pour passer une bonne nuit.

    Au réveil, un grand tintamarre ; le colimaçon se réveille !
    Ça grince dans les engrenages et les courroies et les patins.
    Les autres sirènes en ont marre ; cependant bien qu’elles surveillent
    Tous les alentours à la nage, c’est le ramdam tous les matins.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Rêves de sirène

    Rêves de sirène

    À quoi peut rêver la sirène toujours en quête d’un marin
    Qui l’emmènera sur les mers à la rencontre du Mikado ?
    Parfois elle s’imagine reine qui épouse son mandarin
    Ou dans un envol éphémère avec des ailes sur le dos.

    Mais cette nuit, c’est une baleine avec des maisons sur la tête
    Qui lui propose une croisière merveilleuse en un tournemain.
    Elle court, elle court à perdre haleine, elle rêve d’être une alouette
    Qui attrape au vol la rosière et se marie après-demain.

    Mais voici qu’un feu d’artifice annonce son bouquet final
    Et les eaux d’ombres mais translucides s’agitent – c’est déjà le jour –
    Puis font trembler tout l’édifice par un fort soleil matinal.
    Queue, ailes et jambes lucides vont décider à qui le tour…

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Une sirène dans son nid

    Une sirène dans son nid

    Qu’une cigogne fasse son nid tout en haut du faîte d’un arbre
    Et me fasse le pied de grue, tout cela me parait bien normal.
    Mais qu’une sirène, quelle ironie, fasse pareil et reste de marbre
    Me semble à la fois incongru et du genre paranormal.

    Mais voilà ; ce n’est pas un nid mais une bibliothèque basse
    Où la sirène lisait un texte indiqué dans son répertoire.
    Un cyclone sans cérémonie l’a envoyée jusqu’en Alsace
    Et malgré l’absurde du contexte, elle a voulu finir l’histoire.

    Puis elle attendra un marin pour la raccompagner chez elle
    Mais en Alsace, les armateurs sont assez rares à démarcher.
    Heureusement, passe le Rhin ; une chance pour la demoiselle
    Qui trouvera plein d’amateurs de queues de poissons bon marché.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Le monde à l’envers

    Le monde à l’envers

    Et si le temps repartait à l’envers à partir de ce vendredi ?
    Demain jeudi, après-demain mercredi… jusqu’à samedi.
    Le temps renverserait l’univers comme si ç’avait été prédit
    De renvoyer le genre humain vers les poissons de paradis.

    Savez-vous que j’entends les morts ? Et pas que mon père et ma mère !
    Tous mes aïeux, mes ascendants qui n’étaient pas encore des hommes.
    Bien avant le temps de Gomorrhe, à l’époque de l’ère primaire ;
    Premiers amibes condescendants formant nos premiers chromosomes.

    Eh bien, Mesdames et Messieurs, ils nagent tout autour de nous !
    Notre petit bocal terrestre est semble-t-il un châtiment.
    Et tout là-haut, dans d’autres cieux, qui sait si toutous et minous
    Ne voient la Terre sous séquestre en attendant son jugement ?

    Tableau de Samy Charnine.

  • L’Ouvre-Nuit d’équinoxe

    L’Ouvre-Nuit d’équinoxe

    Si le char mené par Hélios déroule le jour sur le ciel,
    L’Ouvre-Nuit ferme le crépuscule et déploie son rideau de toile.
    Oiseau sacré, plutôt véloce, même parfois circonstanciel
    Lorsque l’heure d’hiver bouscule le bal estival des étoiles.

    D’ailes en nuages qui moutonnent en queue de météore battant,
    L’Oiseau-Minuit, son autre nom, se voit bien mieux sur la banquise.
    L’aurore boréale d’automne et l’aurore australe de printemps
    Lui ont consacré son renom auprès des fées qu’il a conquises.

    Ouvre-Nuit, tous les soirs j’attends ta traversée silencieuse
    Qui assombrit les heures bleues comme un peintre en période obscure.
    Je guette l’embrasement latent des planètes capricieuses
    Jupiter, l’astre fabuleux, et puis Mars, Vénus et Mercure.

    Tableau de Hanna Silivonchyk sur https:www.liveinternet.ruusers4248621post178925949 .

  • L’exposition finale de Septembre

    L’exposition finale de Septembre

    Septembre a fait fructifier les feuilles qu’Août avait semées
    Et les restitue au centuple pour les teindre en Octobre rouille.
    Septembre aura sanctifié l’été aujourd’hui clairsemé
    Dont les souvenirs se décuplent, se ramifient et puis s’embrouillent.

    Septembre, un peintre nostalgique, Octobre un peintre impressionniste
    À ce jour je ne sais encore si l’élève dépasse le maître.
    Mais la nature léthargique choisit les vents ascensionnistes
    Pour emporter dans le décor tous ses morts pour un jour renaître.

    Depuis le vingt-deux Septembre jusqu’aux premières journées d’Octobre,
    La Terre a le cœur en balance, son équinoxe est équivoque.
    Les nuits commencent à s’étendre, le Soleil de plus en plus sobre
    S’en va briller d’équivalence aux antipodes qui le convoquent.

    Illustration du calendrier d’Olga Ert sur https:www.behance.netgallery186943calendar .

  • Mozart et la Sirène-de-la-Nuit

    Mozart et la Sirène-de-la-Nuit

    Une sirène dans une rose, – c’était une rose marine –
    Avec deux jambes apanagée, est née au début du printemps.
    Les petits poissons l’air morose du matin au soir lui serinent :
    « Comment feras-tu pour nager sans queue ni nageoire à plein temps ? »

    Alors elle se confie aux roses qui savent consoler ses pleurs
    Et lui conseillent d’être studieuse et de perfectionner son chant.
    Elles lui composent d’une prose écrite en langage des fleurs,
    Sur ondes longues et mélodieuses, un tube touchant et attachant.

    Et notre sirène taciturne enchaîne tant de vocalises
    Que la mer les transmet aux vents qui soufflent tout autour de la Terre.
    Mozart composant un nocturne fait tout aussitôt ses valises
    Pour suivre ce chant émouvant jusqu’au fin fond du Finistère.

    Arrivé en terre bretonne, il cherche dans les courants d’air
    La voix aux douces harmonies de l’aurore jusqu’à minuit.
    « Jolie sirène, tu chantonnes tant tes aiguës si légendaires
    Qu’à ma prochaine symphonie tu seras Sirène de Nuit ! »

    Illustration de Jasenski.

  • L’apprentie-sirène

    Pour devenir une sirène, elle apprend d’un aréopage
    De poissons rouges dans leur bocal toutes les ficelles de l’ouïe.
    Elle plonge la tête sereine, authentifiée sans dopage
    Par l’émérite du local : un poisson prénommé Louis.

    Une fois qu’elle a plongé la tête, elle se redresse toute droite
    Et tant que l’eau ne coulera, de grands progrès effectuera.
    Elle ne respire pas ; elle tète les poissons d’une bouche adroite
    Qui, bien plus tard, embrassera le beau marin… qu’elle tuera.

    Tableaux de Ken Wong et Belén Ortega.

  • L’ampoule à poisson

    L’ampoule à poisson

    Mettre ma maison en ampoule ne me demande pas plus d’efforts
    Que mettre Paris en bouteille en amalgamant plein de « Si… ».
    Je sais donner la chair de poule en écrivant des métaphores
    Qui aurait charmé à merveille même Léonard de Vinci.

    Dès que tombe un quartier de Lune, j’attends le tram trente-trois-un-tiers,
    Un train de rêve à la station des voyages interstellaires.
    Les bancs de sardines communes forment un réseau ferroviaire
    Qui dessert chaque constellation dont notre Terre est titulaire.

    Je croise souvent l’ami Pierrot qui a accroché sa chandelle
    À un bout du croissant lunaire, suspendue au fil de son ancre.
    Quand je passe, il fait le fiérot avec sa plume d’hirondelle
    Qui écrit des mots lacunaires car constamment en manque d’encre.

    Illustration de Noelle.T.

  • Comme un poisson dans l’eau

    Elle avait tant d’eau dans la tête ou tant d’air – on ne sait pas trop –
    Qu’auraient pu voler des vélos ou nager des poissons-volants !
    Elle n’avait ni l’air à la fête ni l’eau au pastis du bistrot ;
    Plutôt des amours à vau-l’eau ou des amants peu convolant.

    Mais, m’a mis la puce à l’oreille, un poisson rouge assez ténu
    Qui est entré d’un pavillon à l’autre dans tous ses dédales.
    Dans cette cervelle sans pareille, il a vu son cœur détenu
    Par la passion d’un papillon apeuré dans son amygdale.

    Un papillon blanc amoureux qui ressemble à sa thyroïde
    Et s’est noyé dans un chagrin, si jeune à peine chrysalide.
    Il bat ses ailes, langoureux, en brassant les corticoïdes
    Qui donne au vague à l’âme un grain de folie et qui l’invalide.

    Son amant, le papillon blanc, ne mourra pas, évidemment,
    Il quittera son hippocampe pour les ventricules du cœur.
    Bien à l’abri, sans faux-semblants, il pourra faire galamment
    Sa cour sous les feux de la rampe… et la fille perdra sa rancœur.

    Tableaux de Ken Wong et Shiori Matsumoto.

  • La Rose qui voulait voir le monde

    La Rose qui voulait voir le monde

    Il était une petite rose, toute timide en son jardin,
    Qui rêvait d’explorer le monde et naviguer dans l’outremer.
    Elle pleurait des rosées moroses dans son bassin périgourdin
    Dont les eaux coulaient, vagabondes, jusqu’aux ouïes des poissons de mer.

    Ce bouche à ouïe aquatique remonta jusqu’aux anciens dieux ;
    Éole alloua l’air du levant, Neptune ses poissons volants.
    Et l’on vit un fantasmatique, étrange carrosse dispendieux
    Promener la rose-des-vents dans un voyage affriolant.

    Après elle a perdu le nord quand elle a passé l’équateur
    Et a exploré l’Antarctique dans ses plus basses latitudes.
    Ce seraient les signaux sonores de quelques câblo-opérateurs
    Qui ont transmis sa fantastique pérégrination dans le sud.

    Collage de Paula Belle Flores sur https:www.iamfy.coshoppaula-belle-flores .

  • Les voyages en poisson-volant

    Les voyages en poisson-volant

    Vendredi, je ne sais pourquoi, je m’envole en poisson-volant
    Pour respirer un air iodé empreint des embruns coralliens.
    Quand vient le moment adéquat, j’en appelle un, batifolant
    Par les vieilles ballades yodlées comme des chanteurs tyroliens.

    Car les meilleures montgolfières, construites en poissons de Bavière,
    Vous siéent les meilleures montures qui vous emporteront au loin
    Toutes les rêveuses sont fières de traverser monts et rivières
    Pour aller braver l’aventure jusqu’au dimanche et faire le point.

    Faire le point sera facile grâce au vol des roses-des-vents
    Qu’il me suffira d’observer pour mes prochains itinéraires.
    Si les vents se montrent graciles, le voyage sera innovant
    Mais devra bien me préserver des coups de foudre temporaires.

    Collage de Margaret Orr sur https:www.redbubble.comfrpeoplehogretshop .

  • Les sirènes modernes

    Les sirènes modernes

    Elles ne sont plus ce qu’elles étaient et la magie est terminée.
    Désormais la sirène moderne a internet et le wifi.
    Tandis qu’autrefois elles guettaient les marins à éliminer,
    Désormais les vieilles badernes viennent visiter leurs profils.

    C’est ainsi qu’ j’ai trouvé la mienne, une sirène alémanique
    Dont les beaux tableaux sur la toile m’avaient pris entre leurs filets.
    J’ai quitté ma vie bohémienne pour une langue germanique
    Qui m’a ouvert mon cœur d’étoile et fermé mes yeux effilés.

    Faites attention quand vous croisez une sirène au téléphone
    Qui promène avec nonchalance son poisson rouge en canne-à-pêche !
    N’essayez pas d’apprivoiser la belle devenue aphone
    Qui répond avec insolence et s’enfuit comme une pimbêche !

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • Naïades

    Naïades

    La pêche à l’amour en eaux troubles m’entraîne au bord de la rivière
    Quand le courant fait des remous sous la pleine Lune sereine.
    Dans les reflets qui se dédoublent, là, deux Walkyries de Bavière
    Sortent deux têtes faisant la moue adoucies d’une voix de sirène.

    En m’approchant pour écouter le joli chant des deux naïades,
    Je m’assieds plus loin sur la berge à quelques mètres de la rive ;
    Raisonnablement dégoûté d’être entraîné dans la noyade
    Et de peur qu’elles me submergent, je me cramponne quoi qu’il arrive.

    Mon jeu dut plaire aux ingénues car elles n’ont cessé de chanter
    En exécutant une danse au rythme d’un cantabile.
    Serais-je un poisson devenu dans cette rivière enchantée ?
    Certainement tombé en transes et noyé à l’heure qu’il est !

    Tableau de Neil Welliver.

  • N’apprend pas à pêcher au vieux poisson

    N’apprend pas à pêcher au vieux poisson

    Ce n’est pas à un vieux poisson qu’on fait le coup de l’hameçon.
    Lui qui a vu passer toute sa vie les vers de toutes ses envies
    Mais qui a su les ignorer car il paraissait timoré
    Devant le fatal traquenard doublé d’un létal cauchemar.

    Or si tout ce qui tombe du ciel est béni, sacré, essentiel,
    Méfions-nous des bonnes aubaines qui tombent d’un camion-benne
    Car celui qui veut t’appâter pour te transformer en pâtée,
    T’offriras tout ce que tu veux et tu y perdras tes cheveux.

    Si la nuit tous les chats sont gris, les poissons gardent leur sang froid
    Et quand on leur envoie un leurre, ils en voient de toutes les couleurs.
    Alors les pêcheurs forts aigris rentrent bredouilles avec effroi
    Et nous les verrons tout à l’heure se plaindre comme souffre-douleurs.

    Tableau de Dan Craig sur https:www.ba-reps.comillustratorsdan-craiganimals .

  • Dans quel sens, le courant ?

    Dans quel sens, le courant ?

    Faut-il que je suive les verts, les bleus, les rouges, les transparents
    Ou encore les poissons d’argent ou les cuivrés ou les dorés ?
    Je peux aussi suivre à l’envers le cours d’eau à contre-courant
    Où hisser une voile partageant le sens du vent subodoré.

    Ma vie a perdu tout son sens depuis que j’ai quitté ma maison
    Et plutôt que suivre un poisson autant me laisser dériver
    Dans le flot de l’omniprésence du temps qui file sans raison
    Mais qui me permet la moisson de tout ce qui peut m’arriver.

    J’ai déjà suivi des études que j’ai également poursuivies ;
    J’ai suivi deux lièvres à la fois mais me suis casée, désormais ;
    J’ai navigué en solitude, puis dans ma vie qui s’ensuivit.
    Quant à trouver la bonne voie ? je crois que je ne le saurai jamais !

    Tableau de Beth Conklin.

  • Ange et sirène

    Ange et sirène

    Un ange qui marche sur l’eau, une sirène pourvue de plumes,
    Toutes les tendances de la nature s’expriment à travers les légendes.
    De leurs amours sur les rouleaux et les vagues crêtées d’écume,
    Est née une progéniture dont Dieu n’a pas fait propagande.

    Pourtant, de la femme poisson et de son angelot déchu,
    Se sont éveillées par le monde mille chimères adorables.
    Tritons, queues en colimaçon ; serpents de mer, langue fourchue
    Médusa, mèches furibondes ; et la Vouivre, dragon formidable !

    Leurs deux parents omniprésents, survivant avec allégresse,
    Sont partis en villégiature au pôle sud, en Antarctique.
    Or s’ils recommencent à présent à s’accoupler avec ivresse,
    Ressentez la température du réchauffement climatique !

    Tableau de Carlos Schwabe.

  • Sauvés des eaux

    Je vis des gens sauvés des eaux, venus du profond des abysses,
    Remonter jusqu’à la surface et puis s’envoler dans les airs.
    Ensemble, unis par un réseau afin qu’aucun d’eux ne subisse
    La décompression face à face de la puissance du geyser.

    Leur ascension pourtant très brève m’apparaissait spectaculaire ;
    Des âmes héritières du ciel mais avec effet immédiat.
    J’ai cru que ce n’était qu’un rêve, une illusion sur l’oculaire,
    Car je n’ai lu rien d’officiel dans les journaux et les médias.

    Photos de Tamara Dean.

  • La sirène psychédélique – 2

    La sirène psychédélique - 2

    Quand les sirènes étaient hippies, ce qui remonte à fort longtemps,
    Elles vivaient d’amour et d’eau fraîche, chantaient nuit et jour, décorées ;
    Vénus indiennes dans leurs tipis, îliennes sur leurs radeaux flottant,
    Américaines à l’air revêche et cubaines à la queue dorée.

    Toutes les chimères du monde organisaient des festivals
    Où accouraient poissons en nasse et cabillauds dans leurs filets.
    Les rares sirènes pudibondes arboraient des queues-de-cheval
    Et les autres, nues dans la masse, s’amusaient à les effiler.

    Dans les mers chaudes exotiques, on vivait en communautés.
    Toutes ensemble, les créatures se partageaient les créations.
    Dans les abysses érotiques, continuellement en nouveautés
    Elles poussaient la température en transe jusqu’à ébullition.

    Tableau de Daria Hlazatova.

  • La sirène psychédélique – 1

    La sirène psychédélique - 1

    Dans les années soixante-huit, quand les sirènes étaient hippies,
    On entendait dans les abysses chants suaves et surnaturels.
    Les auditions étaient gratuites pour les marins et leurs groupies
    Qui fournissaient le cannabis dans ces âges intemporels.

    Leurs queues nues et bariolées dont les écailles scintillaient
    Ondulaient au son des tambours joués dans toutes les octaves.
    Les pieuvres en tutu violet vous servaient des punchs antillais
    À l’alcool de topinambours vieillis en vieux fûts des épaves.

    Bien sûr, tout était cuit à l’eau sur les volcans subaquatiques ;
    Algues fourrées aux narcotiques et coquillages stupéfiants.
    On observait dans son halo, un soleil roux fantasmatique
    Sur les vagues fantomatiques et leurs reflets émulsifiants.

    Tableau de Daria Hlazatova.

  • L’ambassadeur rougissant

    L’ambassadeur rougissant

    Une sirène défroquée ayant perdu sa queue sacrée
    À la suite d’amours douteuses avec un noble au beau parcours,
    Se trouva dès lors révoquée du Club-Neptune consacré
    À déguster la chair goûteuse des capitaines au long cours.

    On nomma un ambassadeur, un poisson commode diplomate
    Pour tâcher de lui expliquer ses devoirs et ses origines.
    Nanti d’un bocal-baladeur – il fallait bien qu’il s’acclimate –
    Il lui pria de rappliquer à la demande de ses frangines.

    Mais la belle garde le bocal emprisonné, au bout du compte,
    Sur une malle dans l’appartement où elle couche avec son prince.
    Confus, gêné dans le local, notre poisson, rouge de honte,
    Tourne le dos obstinément tant qu’on entend ses dents qui grincent.

    Tableau d’Olga Tuleninova.

  • Le Grand Prince du Danemark

    Le Grand Prince du Danemark

    Tout à l’envers chez ce Monarque, un Petit Prince devenu grand.
    Non pas le jeune héros illustre du conte de Saint-Exupéry
    Mais le Prince du Danemark connu pour ses penchants flagrants
    Notamment les milieux lacustres et les poissons de Sibérie.

    Le vendredi évidemment domine toute la semaine
    Par son marché à la criée et ses célèbres poissonnières.
    Il en est une, pertinemment, véritable prouesse humaine,
    Qui livre sa pêche triée selon sa taille chaponnière.

    À chaque fois, on agrandit, on taille portes et fenêtres
    Pour faire passer le léviathan frais pêché du lac Baïkal.
    Dans son habit en organdi, le Prince, il faut le reconnaître,
    Lui accomplit un épatant saut périlleux bien amical.

    Tableau de Handrej Dugin.

  • Jumping Fish

    Jumping Fish

    Tout l’ monde l’appelle « Jumping Fish », prince des mers et océans
    Qu’il traverse en poisson volant avec les oiseaux migrateurs.
    Les bateaux, il s’en contrefiche avec leurs moteurs malséants
    Qu’il dépasse en batifolant à la stupeur des navigateurs.

    Cent fois il a failli mourir dans des tempêtes délétères
    Mais il revient en slalomant entre les vagues agitées.
    Cent fois on l’a vu parcourir le tour du monde en solitaire
    Et puis disparaître au moment où l’on veut le féliciter.

    Jumping Fish n’est plus revenu ; personne ne sait s’il est mort.
    Peut-être a-t-il trouvé l’amour… enfin, rien ne le contredit.
    Mais alors qu’est donc devenu ce cavalier blond matamore
    Qui chevauchait avec humour un poisson nommé « Vendredi » ?

    Tableau d’Owen William Weber.

  • Poisson confort

    Poisson confort

    Fausse sirène, fausse baleine mais qui s’enfuit à perdre haleine,
    Elle chevauche les poissons ma foi, d’une drôle de façon.
    Le croiriez-vous ? Son popotin perche trois oiseaux diablotins
    Car sa monture batifolant n’est autre qu’un poisson-volant.

    Alors elle surfe sur les vagues tandis que les trois piafs divaguent
    En se racontant les potins et bien sûr les plus cabotins.
    Elle, de peur qu’elle ne s’affaisse, les mains bien calées sur les fesses
    Et la poitrine bien collée, elle se plaît à caracoler.

    Apprenez qu’un poisson commode est le véhicule à la mode,
    Écologique et naturel et dans ce cas, conjoncturel.
    Mais la sirène, même fausse, s’en moque bien, elle se gausse ;
    Elle, partisane du moindre effort, ne voit que son petit confort.

    Tableau de Lisa G. sur http:www.kathievezzani.comblogi-adore-lisa-g .

  • La sirène en mission

    La sirène en mission

    Mission spéciale pour la sirène : elle s’adonne à la pêche au gros.
    D’abord elle nage entre deux eaux, là où les eaux sont peu profondes,
    Ensuite, d’une nage plus sereine, elle suit le sillage des cargos
    Tout à l’écoute des zozos à l’insupportable faconde.

    Une fois assimilé leurs langues, elle chante son premier envoi
    En mêlant les plus jolis mots et surtout les plus beaux fantasmes
    Qu’elle a surpris quand se haranguent les matelots à grosse voix
    Déblatérant comme des chameaux avec railleries et sarcasmes.

    La suite serait délectable mais j’ai peur de vos haut-le-cœur
    Quand le marin, l’eau à la bouche, subit un coup de grâce violent.
    Partout les plaisirs de la table satisfont le bon mastiqueur ;
    Qu’est-ce que l’homme est bon sur la couche, mangé tout cru, sanguinolent !

    Illustration Yuehui Tang sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160612yuehui-tang .

  • Entre sirènes

    Entre sirènes

    Entre sirènes on s’entend bien cependant on ne mange rien ;
    Il faut mettre l’homme à la bouche pour satisfaire l’appétit.
    Et elles en consomment, Ô combien ! Marins, aviateurs ou terriens ;
    Tous ceux qui tombent sur leurs couches numérotent leurs abatis.

    Entre sirènes on se comprend, on met au point des stratagèmes
    Pour attirer et capturer tout ce qui passe à leur portée.
    Chacune, isolée, entreprend un joli chant qui dit « je t’aime »
    Comme un filet ligaturé que les vagues vont transporter.

    Entre sirènes, on se soutient, on s’épaule, on se serre les coudes
    Pour rapporter à la maison toute une pêche miraculeuse.
    Entre sirènes, on s’entretient et les amitiés se ressoudent
    Au cours du festin de saison après leurs amours crapuleuses.

    Illustration Yuehui Tang sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160612yuehui-tang .

  • En queue de Lune à la passion

    En queue de Lune à la passion

    Lundi avait bien commencé et la semaine s’écoulait
    Puis vendredi, sans queue ni tête sous la folie de la passion.
    Leur Lune de miel, bien romancée, les deux amoureux roucoulaient
    Et subitement, tout s’arrête et finit en queue de poisson.

    La sirène n’aime qu’une semaine ; le lundi elle pêche aux appas
    Elle ferre un marin, quelle aubaine ! Ils font l’amour, qu’est-ce que c’est bon !
    Comme elle préfère la chair humaine bien attendrie pour son repas
    Elle lui masse la bedaine et lui caresse le jambon.

    Et Vendredi, le vent en poupe, le marin connaît l’épectase ;
    Après toute une nuit d’orgasmes, il subit la petite mort.
    La sirène alors le découpe et ardemment tombe en extase
    En se cuisinant son fantasme : noix d’homme des Côtes-d’Armor.

    Tableau de David Delamare.

  • Poissonnes polissonnes

    Poissonnes polissonnes

    Quelques sirènes polissonnes – créatures à têtes poissonnes –
    Hantent le courant des rivières pour y placer leur souricière ;
    Elles traquent le marin d’eau douce ou éventuellement le mousse
    En agitant leur périnée au rythme des seins animés.

    Comme elles ont perdu la voix, elles leur font des gestes grivois.
    Les matelots, ces imbéciles, se laissent faire, tous dociles
    Et sur le malheureux noyé, elles font mine de s’apitoyer
    Mais la faim prenant le dessus, l’appétit n’en est point déçu.

    Chose curieuse, une remarque, elles s’entourent de monarques ;
    Ces papillons couleur orange pour une raison, ma foi, étrange.
    Sans doute pour attirer l’homme qui verrait un joli symptôme
    À suivre les ailes décorées pour mieux se faire dévorer.

    Tableau de Hannah Faith Yata sur https:hannahyata.com .

  • Baiser mortel

    Baiser mortel

    Rechercher la petite mort en pratiquant l’amour intense
    C’est chercher sa raison de vivre dans le plus profond de l’extase.
    Il existe des matamores prêts à prouver leurs compétences
    Et encrer leurs noms dans les livres qui se rapportent à l’épectase.

    Suivez le conseil des pêcheurs qui comptent un grand nombre de bravaches
    Qui échangent leurs vies à Neptune pour une vierge crapuleuse.
    Certains ne sont que des tricheurs qui quittent le plancher des vaches
    Et courent la bonne fortune pour une pêche miraculeuse.

    Dès le premier baiser mortel, il est ferré, le mâle est pris !
    Le venin de concupiscence le contamine de fantasmes.
    Le cœur s’emballe et le martèle, puis le cerveau du malappris
    Connaît l’ultime sublimissence de subir la mort par l’orgasme.

    Tableau de Gustav Wertheimer.

  • Les Gaïaelles

    Vénus n’a pas son vendredi dans la semaine germanique
    Mais Freya, déesse de l’amour et Frigg, déesse du mariage,
    Dont la parité contredit que les femmes sont plus dynamiques
    Et qu’il fallut qu’il y eût un jour pour sacrer leur appariage.

    Car l’une est reine des forêts tandis que l’autre règne en mer
    Et, selon l’antique coutume, vous ne les verrez jamais ensemble.
    Sauf pour les marins décorés lors d’une bataille éphémère
    Qui ont su, à titre posthume, en découvrir le contre-exemple.

    (Tableaux de Tomasz Alen Kopera sur https:aphrodisiacart.tumblr.compost185847459108tomasz-alen-kopera .
    Les descendants de Gaïa sont très nombreux. Sa descendance compte des divinités primordiales, des Titans, des Géants, des divinités marines et agrestes, des divinités mineures, diverses créatures (monstres et animaux), des rois et des peuples.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • J’en parle à mes poissons

    J’en parle à mes poissons

    Quand le monde ne tourne pas rond, j’en parle à mes poissons dorés
    Qui écoutent tous mes déboires sans faire le moindre contredit.
    Quand mon cœur se fait du mouron d’avoir aimé, trop adoré,
    Je plonge une tête pour boire leur suggestion du vendredi.

    Selon le goût de l’eau d’ici, j’oublie mes peines et mes remords ;
    Selon le goût de l’eau de là, j’y dilue tous mes souvenirs.
    Quand mes poissons sont indécis, l’attrait de l’eau me paraît mort
    Et lorsqu’ils sont sûrs, tralala, sa saveur vient me soutenir.

    Tableau de Moony Khoa Le alias Moonywolf sur http:sweetdreamsart.centerblog.netrub-moony-khoa-le-also-known-as-moonywolf–2.html .

  • Mariage heureux ?

    Que de souvenirs au galop dans ma jeunesse cavalière
    Où je poursuivais les chimères sur une monture un peu revêche !
    Heureux comme un poisson dans l’eau dans les eaux chaudes coralliaires,
    Avec mon compagnon des mers nous vivions d’amour et d’eau fraîche.

    Nous avons eu beaucoup d’enfants dont une sirène authentique
    Et des alevins en essaim qui virevoltent et m’exaspèrent,
    Nés d’un voyage ébouriffant à travers l’océan Atlantique.
    Quant à ma fille, elle a mes seins et la belle queue de son père.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • La mort du poisson

    La mort du poisson

    Le dernier poisson s’est éteint dans sa réserve lagunaire ;
    Il devenait neurasthénique depuis la pollution des mers.
    Ses belles écailles avaient déteint et ses orbites lacunaires
    Ne voyaient qu’une eau agonique salée de souvenirs amers.

    Son espèce avait disparu depuis longtemps du biotope
    Où la biodiversité lui offrait un idéalisme.
    Les premiers symptômes apparus étaient visibles au périscope
    Des sous-marins sollicités pour étudier le cataclysme.

    Mort d’avoir été trop pêché, mort d’avoir ses eaux polluées,
    Mort d’avoir été massacré par l’industrie alimentaire.
    On avait pourtant dépêché une mission pour évaluer
    Un sauvetage consacré à sa sauvegarde règlementaire.

    Mais hélas, il était tout seul et s’ennuyait dans sa lagune
    En regrettant son océan et ses richesses biologiques.
    Adieu poisson, dans ton linceul tu laisses une grande lacune
    Et je pleure sur mon séant à ta mémoire ichtyologique.

    Tableau d’Erin McManness.

  • Vénus in the Sky with Butterflies

    Vénus in the Sky with Butterflies

    Dire qu’à l’âge de soixante-quatre ans, je n’ai toujours pas vu Vénus
    Dans le ciel avec ses papillons qui lui butinent sa beauté.
    Je les imagine folâtrant leur déesse de tout leur tonus
    Et semer vents et tourbillons aux terres de l’autre côté.

    Mais comme nous sommes vendredi, je me contenterai d’une sirène
    Sortant nue de son pavillon, accrochée à un bout de ciel.
    Et si Vénus me contredit, je lui dirai « Reste sereine
    Car j’ai gardé les papillons qui sont, à mon rêve, essentiels ! »

    Ainsi de suite, chaque nuit, je rêverai de papillons
    Et chaque jour de la semaine, j’écrirai des vers langoureux.
    Si d’aventure Vénus s’ennuie de moi pendant mon roupillon,
    Elle pourra se montrer humaine envers son poète amoureux.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Moi, sur ma maison vide

    Moi, sur ma maison vide

    Finalement, après la vie, après la mer, ma vie en l’air,
    La mort sera la solution pour évoluer autrement.
    Trop vite signé le devis d’une existence titulaire,
    J’ai obtenu l’absolution sans l’avoir payée outrément.

    Assise sur ma maison vide, bientôt vous ne me verrez plus ;
    Embarquée pour le grand voyage, attirée par ma destinée.
    N’ayez pas peur ; je suis avide d’oublier ce qui m’a déplu
    Et là, j’attends le nettoyage de mon âme indéterminée.

    Avant-hier, cette âme sirène, hier n’étant plus qu’une humaine,
    Aujourd’hui n’est plus que poussière dans l’océan du walhalla.
    Demain sans doute enfin sereine dans l’énergie mégalumen
    À la vitesse de la lumière dans les étoiles et au-delà.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Une pensée pour la sirène

    Une pensée pour la sirène

    Quand une idée monte du cœur, légère comme un phylactère,
    Une méduse s’en empare pour la diffuser en surface.
    S’il passe alors en remorqueur un marin de bon caractère,
    L’insolite envie l’accapare de faire sous le vent volte-face.

    La cnidaire alors l’envenime de la pensée empoisonnée,
    Et la sirène le capture pour l’entrainer au plus profond.
    Elle peut se montrer magnanime ou, au contraire, le cloisonner
    Dans une étroite contracture où, dans la mort, il se morfond.

    Car elle lui pose une énigme à laquelle il devra répondre
    Or, s’il en trouve la solution, elle libère le pauvre type.
    En arguant le seul paradigme du sphynx qui pourrait correspondre,
    Le marin a l’absolution s’il a travaillé son œdipe.

    Tableau de Tomasz Alen Kopera.

  • Ma nature poissonnière

    Ma nature poissonnière

    Depuis quelques millions d’années, je parais sortie de la mer
    Cependant, en réalité, je vis toujours dans un bocal
    Où l’atmosphère surannée m’autorise une vie éphémère
    Dans un courant d’actualités qui empoisonnent mon local.

    Les petits poissons des rivières déjà ont presque disparu ;
    Leur âme infinitésimale flotte dans un air délétère.
    Je suis comme eux, sur la civière d’un temps qui a trop parcouru
    Et franchi la date minimale de conservation de la Terre.

    C’est ma nature poissonnière qui finit en queue de poisson ;
    La vie qui me semblait si belle forme des nœuds inextricables.
    Les générations prisonnières d’un passé chargé de poison
    Devront sans doute être rebelles envers leur sort inexplicable.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Cœur de sirène

    Cœur de sirène

    Pour le plaisir de ma sirène mais surtout aussi son confort,
    Je l’assieds en meuble de style et la couche sous un baldaquin.
    Du Louis XV pour ma reine m’a semblé meilleur réconfort
    Car sa queue se ressent hostile envers de mauvais palanquins.

    Bien installée sur le velours, son bel appendice ondulant,
    Elle aime bien porter la robe et prendre une allure de princesse.
    Quelques poissons un peu balourds jouent les pages en déambulant
    Et quand la lumière se dérobe, j’avoue, je lui pince la fesse.

    Car les sirènes n’ont qu’une fesse, rapport à leur anatomie,
    Douce et sensible à la caresse sous la légèreté du voile.
    Parfois taquin, je le confesse, je nargue son ergonomie
    Et elle lance un cri de détresse, la queue prise à rebrousse-poil.

    Tableau de Shiori Matsumoto.

  • La dauphine

    La dauphine

    Reine ou sirène des dauphins ? Je ne sais pas quel est son titre.
    Elle aurait été aperçue menant un banc de cétacés.
    Ils s’éloignaient vers les confins suivant sans doute un libre arbitre
    Qui les élevait au-dessus des quatre horizons espacés.

    Selon la voix qui se peaufine dans les vents d’azur outremer
    Et dans l’écho des coquillages qui le répètent à l’infini,
    Il semblerait que la dauphine, fille de Neptune, roi des mers,
    Reviendrait d’un très long voyage – mais… motus ! – en catimini.

    Je le sais car, le vendredi se dit « Frietag » en allemand
    Dont l’origine serait « Freya », déesse de l’amour et des arts.
    Si Vénus ne me contredit, la dauphine est également
    De la lignée qui effraya les romains de Jules César.

    Tableau d’Annie Stegg.

  • Sirènes pudibondes

    Sirènes pudibondes

    Finies les sirènes aux seins nus ; désormais elles portent tunique
    Et font des concours d’élégance à qui sera la plus glamour.
    Que sont leurs charmes devenus sans leur nudité impudique ?
    Sans doute un manque d’arrogance pour leur gros appétit d’amour…

    Si la sirène se civilise, la verrons-nous sortir de l’ombre,
    Nous montrer sa queue frétillante et cesser d’être une chimère ?
    Gageons que se décrédibilise son côté pernicieux et sombre
    Et qu’enfin son émoustillante beauté s’affiche sur les mers !

    Une sirène en soutien-gorge – avec baleines évidemment –
    Sera sûrement mieux acceptée par la censure draconienne.
    Que la science se rengorge et accueille concomitamment
    Ces créatures exceptées par la théorie darwinienne !

    Tableau de Kate Pospeshilova.

  • La sirène masquée

    La sirène masquée

    Heureuse comme un poisson dans l’eau, elle vit d’amour et d’onde fraîche ;
    D’amour, elle guette la marée ; d’effroi, elle épie le marin.
    Une fois goûté son gigolo, elle attend neuf mois dans la crèche
    Que naisse, dans les eaux chamarrées, l’enfant de père outremarin.

    Depuis deux ans, dans l’eau morose et sa fraîcheur ratatinée,
    Les marins sont hommes-grenouilles pourvus de masques à oxygène.
    Troublée, atteinte de névrose, elle se retrouve confinée
    Et peste filant sa quenouille dans les abysses coralligènes.

    Mais d’après le calendrier, comme aujourd’hui c’est vendredi,
    Elle désire, en portant un casque, leur jouer un tour à sa façon.
    Pour narguer ces scaphandriers, avec la voix du contredit,
    Elle les abuse d’un chant fantasque qui finit en queue de poisson.

    Tableau de Christian Schloe sur https:expresionconarte.comchristian-schloe .

  • Une perle pour la sirène

    Une perle pour la sirène

    À l’origine, un accident, un incident, une bêtise,
    Une poussière par hasard dans la matrice de la sirène.
    Soudain, en son sein s’oxydant, paraît la perle de convoitise
    Chef-d’œuvre digne des beaux-arts qui naît dans la petite reine.

    Ainsi de la chose étrangère qui l’a fécondée en son sein,
    Pareil à l’huître dont la nacre enrobe avec délicatesse,
    La particule passagère confectionnée en son bassin
    Devient perle rare dont le sacre honorera une princesse.

    En attendant cette promesse, elle cajole sa merveille
    En l’enveloppant de finesse d’une douceur particulière.
    Et la sirène diaconesse, sa reine-mère qui la surveille,
    Accordera à la faunesse le titre de Sainte-Perlière.

    Tableau d’Alyona Askarova.

  • Les anti-sirènes

    Les anti-sirènes

    Cette nuit, j’ai rêvé de carpes qui, à défaut de métacarpe,
    Étaient pourvues de métatarse pour jouer je n’ sais quelle farce.
    Et ces poissons en bas résille ― car je crois que c’étaient des filles ―
    Déambulaient en hauts talons à la recherche d’étalons.

    Je ne sais quel ange déchu a créé ces monstres mal fichus
    Mais ces sirènes acrobatiques ne m’ont pas paru romantiques.
    Avant que leurs jambes s’écartent, il a vite fallu que je parte
    Car sous leurs jupes ultra légères se cachait un corps de mégère.

    J’ai voulu voir sous leurs jupette et n’y ai vu que des roupettes ;
    Ce qui explique le peu de grâce de leurs cuisses et leurs fesses grasses.
    Neptune a eu pitié de moi et a mis fin à mes émois
    En déclenchant avec malice une sirène de police.

    Tableau de Julia Lillard.

  • L’heure du thé sous la mer

    L’heure du thé sous la mer

    L’heure du thé pour la sirène sonne pour le matelot hardi
    Attiré par la voix sifflante de sa bouilloire sous pression.
    Celui hélas dont la carène croise ses eaux ragaillardies,
    Périra d’une époustouflante infusion de dépossession.

    C’est vers cinq heures en mer de Chine – mais pas sur le plancher des vaches –
    Qu’elle déguste un florilège d’exceptionnels thés au jasmin.
    Le marin que rien ne rechigne, ravale son air de bravache
    Avec le dernier privilège qu’elle accorde à son genre humain.

    Le thé servi par la sirène est tellement chaud qu’il s’évapore
    En petites bulles d’oxygène si agréable à respirer !
    Pris d’une fatigue sereine, il dort tandis qu’elle lui dévore
    La peau, les os, le collagène jusqu’au dernier souffle expiré.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Les courses de la sirène

    Les courses de la sirène

    Cela m’a étonné, moi aussi, de voir monter en amazone
    Une écuyère de sirène sur un dinosaure harnaché.
    La bête semblait dégrossie à cette chevauchée interzone
    Filant de gondoles en carènes un peu comme au supermarché.

    C’est que les trésors par milliers répandus entre les épaves
    Font de jolis colifichets et accessoires de ménage !
    Et son animal familier est l’un des meilleurs rats-de-cave
    Pour repérer et dénicher les biens du plus bel apanage.

    Tableau de James Gurney.

  • La sirène s’en fout…

    La sirène s’en fout…

    L’est en avril, au fil de l’eau et en mai, la fille de l’air
    Car la sirène n’a pas d’heure, encore moins la météo.
    Le temps qui passe va à vau-l’eau, le temps qu’il fait va à l’envers
    Peu lui importe la froideur, la pluie ou les temps idéaux.

    Même l’hiver, la sirène s’en fout ; elle sait comment rompre la glace.
    Pareil les jours de canicule ; de toute façon, elle vit à poil.
    Si le Soleil devenait fou, elle prendrait la Lune à la place.
    À ceux qui la trouvent ridicule, elle leur tire les cordons du poêle.

    Tableau de Stojan Milanov.

  • La pêche au gros nuage

    Le vendredi saint a laissé quelques traces de son passage
    Comme si les cloches sonnant Pâques avaient tout l’azur moissonné ;
    Chemtrails sur le ciel rabaissé qui se transforment en nuages
    Parsemant leurs ombres opaques sur les plages empoissonnées.

    Depuis les moissonneurs chevauchent de gros poissons pour récolter
    Les gros nuages qu’ils capturent à coups de lassos répétés.
    Ils les rassemblent et puis les fauchent malgré les pêcheurs révoltés
    Car ils voient s’enfuir la friture, dans la confusion, hébétée.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Selon ce qui vole ou qui nage

    Chez Madame Vole-à-Tire-d’aile, on s’habille de courants d’air ;
    Les robes sont couleur du temps mais du beau temps, évidemment.
    Quelques nuages tout autour d’elle lui siéent d’un chapeau belvédère
    D’où les oisillons débutants s’entraînent à voler prudemment.

    Chez Madame Nage-entre-Deux-Eaux, on ne s’habille que de scaphandre ;
    Les robes sont couleur d’orage parfois décorées d’arcs-en-ciel.
    Tous les nuages forment un réseau dont le seul but est de se fendre
    Et ruisseler sur le corsage comme une pluie providentielle.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Bonjour et merci mes petits poissons !

    Telle une anémone de mer et ses poissons-clowns qui l’escortent,
    Elle est aujourd’hui à l’honneur pour rencontrer son capitaine.
    Un vieux marin, un peu amer mais à la belle voix accorte,
    Qui arrive au petit bonheur et vient courir la prétentaine.

    Adieu Ô Capitaine Nemo ! Ravie d’avoir pu satisfaire
    Par mes talents de maraichère leur incomparable appétit.
    Je n’ai pas pu placer un mot et me suis un peu laissé faire
    Mais nous avons fait bonne chère, moi peu mais surtout mes petits.

    Tableaux de Steven Kenny sur https:beautifulbizarre.net20200623steven-kenny-interview .