Catégorie : Sirènes

  • La sirène pieuse

    La sirène avoue-t-elle un culte envers le dieu des océans ?
    Voue-t-elle des rites occultes par des usages bienséants ?
    Remercie-elle souvent Neptune pour sa manne bonifiée
    Lorsqu’elle chante sous la Lune pour les marins sacrifiés ?

    La queue ondulante et soumise, les mains jointes sur le pubis,
    A-t-elle une faute commise qui lui colore ses joues rubis ?
    Elle ferme ses yeux en amande, on dirait qu’elle va pleurer
    Lorsque son cœur parle et demande pardon aux veuves éplorées.

    Bien sûr, elle en a le cœur gros mais ce n’est pas vraiment sa faute.
    Alors quand elle montre les crocs, lorsqu’elle embrasse à marée haute
    Envers le dieu qui l’a conçue dans sa biodiversité,
    Sa proie ne peut être déçue ; c’est sa nature en vérité.

    Tableau de Victor Nizovtsev.

  • La sirène au clair de Lune

    Le clair de lune, pour la sirène, source de régénération,
    Change ses couleurs outremer en coloris psychédéliques.
    Les marins, dans la nuit sereine, tomberont en admiration
    Devant ces clins d’œil éphémères, feux follets méphistophéliques.

    À l’instar des grands prédateurs qui chassent dans les mers profondes,
    La lumière est domestiquée par les sirènes naufrageuses.
    Elles attirent les spectateurs par leurs appâts qui se confondent
    Avec l’enseigne sophistiquée des maisons closes outrageuses.

    Tableaux de Victor Nizovtsev.

  • La sirène en pleine interrogation

    Lorsqu’elle est jeune, la sirène ne croit pas qu’on vive hors de l’eau.
    Certes elle a vu que des oiseaux parcouraient le ciel, hors d’atteinte,
    Mais mener une vie sereine sur des îles dans les bungalows
    Lui paraît complètement maso et d’activités bien restreintes.

    Mais au cours de l’adolescence, d’une manière irrésistible,
    Elle est attirée en surface sans qu’elle comprenne pourquoi.
    Elle fait alors la connaissance de l’être humain indescriptible ;
    Une tête au sourire boniface mais le reste… pas très adéquat.

    D’abord des jambes qui lui donnent un air de monstre à quatre membres
    Et un cinquième riquiqui tantôt raide et tantôt flapi.
    Toujours est-il qu’elle s’abandonne entre ses bras, d’abord se cambre,
    Puis connaît le plaisir exquis lorsqu’il la prend sur le tapis.

    Enfin, cerise sur le gâteau, elle découvre que l’homme est bon ;
    Sa chair est juteuse à loisir et son sang procure du plaisir.
    Elle a compris que les bateaux lui rapportent autant de jambons
    Maintenant qu’elle sait les choisir bien dodus selon ses désirs.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .

  • Nouvelle queue pour sirène esthète

    Elle fait sa mue de temps en temps, extrait ses jambes de sa queue
    Qui se détache et qui s’en va nourrir quelques poissons voraces.
    Elle n’se repose pas pour autant ; elle produit un fluide visqueux
    Composé de coacervat † tandis qu’elle lit sur sa terrasse.

    Dès la nouvelle queue formée, dans le fourreau ses jambes glissent
    Et nous retrouvons la sirène prête à nager entre deux eaux.
    Sa structure ainsi transformée, elle disparaît dans les abysses
    Pour parader d’un port de reine et frimer dans tous les réseaux.

    † coacervat : Petite gouttelette sphéroïdale de particules colloïdales en suspension.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La vie au grand air

    Océaniquement sirène, tu aimes l’eau, ton élément
    Dans lequel ta jolie queue vibre, aime se nourrir et s’étirer.
    Atmosphériquement sereine, tu aimes l’air évidemment
    Sans lequel ton corps n’est pas libre de s’empresser de respirer.

    Tes jambes recouvertes d’écailles, je les ai vues se transformer ;
    Devenir queue étincelante lorsque tu plonges dans la mer ;
    Redevenir jambes sur les rocailles lorsque tu viens te conformer
    À une vie équivalente à celle des humains éphémères.

    Tu es immortelle sirène, lorsque tu vis dans les légendes
    Mais tu redeviendras mortelle si tu viens vivre hors de ton monde.
    Alors reste libre, ma reine, parmi l’abondante provende
    De l’océan qui te rappelle que tu es la fille de l’onde.

    Illustration de Coles Phillips sur https://www.americanartarchives.com/phillips,c2.htm .

  • La sirindienne

    Pour la Saint-Valentin indienne – qui n’existe que dans les contes –
    Valentine, la petite sirène, cherche un matelot à aimer
    Par pour le manger à l’ancienne, en sauce comme on le raconte,
    Mais pour toute une nuit sereine à faire l’amour comme jamais.

    Au début, un peu de torture pour amadouer le marin ;
    Ça l’excite et sa queue frétille lorsque sa proie lui crie « arrête ! »
    Baisers alternés de morsures et coups de nageoires sur les reins,
    Ça l’exalte et ça l’émoustille et ça stimule son arête.

    Oui, elle est sado-masochiste mais une seule fois à point nommé ;
    C’est elle qui mène le mâle au bal et tourne autour du feu de camp.
    Mais elle n’est pas fétichiste ; une fois le marin consommé
    Elle délaisse l’envie animale pour d’autres plaisirs subséquents.

    Illustration de Marjorie Sarnat.

  • Saint-Valentin dans les abysses

    Cupidon a son homologue dans le royaume des abysses
    Et Saint-Valentin, un confrère pour les quatorze févriers.
    Saint-Espadon le sexologue pique les amants qui s’assoupissent
    Alors que Saint-Pierre au contraire les feraient plutôt frétiller.

    Saint-Espadon, à l’éperon leste et rapide, vous décoche
    Des coups de foudre aiguillonnés qui cabre la queue des sirènes.
    Quant à Saint-Pierre, le chaperon, il a toujours dans sa sacoche
    Un filtre qui fait bouillonner les saintes nitouches les plus sereines.

    (Tableau de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .)

  • Fin de saison

    En fin de saison la sirène rejoint les poissons migrateurs
    Qui partent pour des eaux plus chaudes situées dans l’autre hémisphère.
    En traversant les eaux sereines à l’approche de l’équateur
    Leurs queues deviennent plus rougeaudes mais cela, c’est une autre affaire.

    Mais revenons à la sirène dont les amants sont malheureux
    Car elle n’avait pas son pareil pour passer à la casserole
    Déglacée d’un vin de Touraine dont l’alcool rend le mâle heureux
    Et raffermit son appareil pour mieux lui percer la corolle.

    Adieu sirène de mon cœur, rendez-vous au prochain printemps
    Et si tu me ponds des fillettes ramènes m’en les plus jolies !
    Je passerai à contrecœur un hiver des plus éreintants
    En m’astiquant la zigounette quand je serai seul dans mon lit.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Une faim de lion-des-mers

    Désolé, vous n’auriez pas dû voir cette scène épouvantable
    De sirènes ayant partagé leur repas avec l’équipage.
    Ce passage est assez ardu car, à peine sorties de table,
    Elles ont, les autres passagers, conviés au prochain étripage.

    Avec un appétit de lion, les deux sœurs, sirènes gloutonnes,
    Ont besoin d’un bateau par jour, marins, capitaine et touristes.
    Ces monstres incarnent les trublions les plus dangereux qui détonnent
    Par rapport aux plaisants séjours parmi les Vénus folkloristes.

    Adieu la vie, adieu les femmes ! Mon bateau est arraisonné ;
    J’ai été trompé par les vents qui m’ont fait parvenir le chant
    De ces deux créatures infâmes qui vont bientôt m’assaisonner
    Et voici qu’à peine l’écrivant… – Aïe ! – je m’ fais bouffer sur le champ.

    Tableau de Daniel Landerman.

  • Sirènes aux corps rompus

    Qui saurait mieux noyer le poisson que l’assemblée des océans
    Où tous les ministres sont des reines vivant aux frais de la princesse ?
    Et pour détourner la moisson, remplir son compte bienséant,
    Qui mieux qu’une bande de sirènes saura mieux pomper nos richesses ?

    Comment une simple sirène qui a fait de longues étuves
    Aux Açores bonnes pour leurs piments pourrait montrer moins de rigueur ?
    La République pourtant sereine renfermerait-elle dans ses cuves
    Du vice plein de boniments qui lui donnerait sa vigueur ?

    Mais il y a pire que les sirènes dans l’aréopage chauvin :
    Requins aux dents longues acérées, pieuvres à l’encre opaque et noire,
    Orques qui tournent dans l’arène et louvoient entre pots-de-vin
    Et les merlus incarcérés dont on a perdu la mémoire.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le monde vu par les sirènes

    Pour les sirènes, tout est fluide, tout est flou, tout est nuancé.
    En politique c’est pareil ; tout est trouble, on ne saurait voir
    Les pots-de-vin qui en liquide tombent aux mains influencées
    Par un judicieux appareil manipulé par le pouvoir.

    Pour les sirènes, c’est à la voix qu’on pêche les marins dodus.
    En politique également, depuis tant de temps révolus,
    On cherche la meilleure voie et les meilleurs chemins tordus
    Pour parvenir au parlement, grand lieu de magouille absolu.

    Pour les sirènes, tout finit le plus souvent en queue de poisson.
    En politique au même titre, par le journal télévisé
    Et des programmes mal définis ou des mensonges par omission,
    On finit par faire le pitre tout au sommet de l’Élysée.

    Illustration de Gillianrm Kavanagh sur http://rmkavanagh.ie/paintings-2010 .

  • Les sirènes-volantes

    À force de me raconter autant d’histoires de sirène,
    Je finis par banaliser leur aspect extraordinaire.
    Je suis obligé de compter sur la foi plus ou moins sereine
    Des gens qui vont analyser mes poèmes imaginaires.

    L’imaginaire sans frontières a dépassé les océans ;
    Toute une branche de chimères a évolué à la volée.
    Leurs queues d’or, dont elles étaient fières, se sont dressées sur leur séant
    Et un plumage assez sommaire leur a permis de s’envoler.

    Désormais les sirènes volantes ne s’attaquent plus qu’aux bateaux
    Mais aussi aux avions qui passent qu’elles pénètrent par les soutes.
    Si leurs queues jadis flageolantes faisaient des mouvements patauds,
    Leur vitesse aujourd’hui dépasse le mur du son, sans aucun doute.

    Tableau de James Fodor.

  • Les sirènes modernes

    Les temps modernes ont apporté depuis des siècles millénaires
    Les derniers cris de la technique aux sirènes en soif de confort.
    Les airs qui passent à leur portée depuis les vents tourbillonnaires
    Deviennent stéréophoniques diffusés dans les transistors.

    Depuis qu’elles écoutent la mode, les sirènes sont au goût du jour ;
    Elles affichent des tatouages qui leur permettent d’aller seins nus.
    Étant donné qu’aux antipodes, l’été établit son séjour,
    Bronzent sous un ciel sans nuage ces dangereuses inconnues.

    Illustrations de Sara Ray.

  • Dit-on « pêcheuse » ou « pécheresse » ?

    Commettre des actes de pêche en faisant la tournée des bars
    Ou vivre à fond dans le péché dans le lit d’un torrent furieux,
    Pour un homme, rien ne l’en empêche – ça se prononce pareil, point barre –
    Pour une femme, c’est débauché et ça fait jaser les curieux.

    La pécheresse
    M’intéresse ;
    Le premier pas est accompli
    Toutes les barrières sont levées ;
    La femme est libre, je l’aime ainsi

    La pêcheuse
    Est un peu bêcheuse.
    D’ailleurs ça ne fait pas un pli ;
    Une seule chose la fait saliver :
    Surveiller sa ligne amincie.

    Tableau d’Anna Podedworna.

  • Johnny Triton

    S’il existe encore aujourd’hui, il doit vivre dans les abysses ;
    Il doit jouer de la guitare et coucher sur les bancs de sables ;
    Il doit fumer d’autres produits que la coke et le cannabis.
    Johnny le roi de la bagarre, Johnny Triton l’indispensable !

    Il aime les sirènes aux seins nus qu’il charme de ses biscoteaux ;
    Il chante tous les soirs son aubade aux bateaux ancrés dans la rade ;
    Il planque tous ses revenus aux îles aux paradis fiscaux.
    Johnny l’as de la dérobade, Johnny Triton vieux camarade !

    Toutes les femmes qui l’ont aimé chantent partout sa renommée ;
    Tous ses fils partent en tournée aux quatre coins des océans ;
    Son fan-club est tant essaimé que tous ensemble l’ont surnommé :
    Johnny, pour toute la journée, Johnny Triton tu es géant !

    Illustration de GapYBaraAi sur X.

  • La sirène émeraude

    J’aurais aimé la rajouter à ma revue des « Belles vertes »,
    Ces femmes habillées de vert ou aux yeux couleur émeraude.
    Mais chaque fois j’étais rebouté sur mon invitation ouverte
    À la suivre sous le couvert d’une rencontre qui me taraude.

    Car depuis que je l’avais vue nager dans un lac de Bavière
    Dont les eaux sombres vert foncé semblaient lui teinter l’épiderme,
    Je l’avais prise au dépourvu et elle plongea dans la rivière
    Disparaissant comme offensée et bouleversée à long terne.

    Tenez, c’est elle sur la photo que j’ai prise en catimini
    Tandis qu’elle sortait du lagon avant d’ pousser son cri d’alarme
    Demain je planterai un poteau où un mot sans ignominie
    L’invitera dans un jargon que j’espère propice à ses charmes.

    Illustration de Rien Poortvliet.

  • Jumping Nessie’s wave

    Je n’ai jamais su l’animal qu’elle calait entre ses jambes
    Mais sur les vagues il bondissait comme un jeune poulain fringant.
    C’était sans doute un jeune mâle aussi impétueux qu’ingambe
    Car à chaque bond elle glapissait de cris d’extase extravagants.

    Elle chevauchait sur sa monture entièrement nue, sans maillot,
    Dans sa chevauchée impudique à qui elle donnait tout son corps.
    Elle partait à l’aventure en criant plusieurs fois « Taïaut ! »
    Comme à la chasse parodique d’un cerf marin d’au moins dix cors.

    Je l’ai entendue quelquefois partir en l’appelant « Nessie »
    Tandis que j’arpentais la lande tout en admirant sa jeunesse.
    Puis lorsqu’elle n’avait plus de voix, elle rentrait en catalepsie
    En revêtant sa houppelande au huis du château du Loch Ness.

    Tableau de Herbert James Draper.

  • Neptunia

    Fille de Vénus et de Neptune, on n’lui a pas donné de nom ;
    La mythologie est muette quant à sa mythique existence.
    Mais justement, cette opportune héroïne devient le chaînon
    Manquant de l’énigme désuète qui ne manque pas de substance.

    Elle est sirène par son père et super-sexy par sa mère ;
    Une sorte de Cupidon avec une queue et un trident.
    « Cupidonia » irait de pair mais ça n’a pas plu à Homère
    Alors plutôt qu’un nom bidon, « Neptunia » fut plus évident.

    Bon. Maintenant qu’elle est nommée, sa légende peut commencer
    Et, bien qu’elle soit inconnue, imaginons sa destinée ;
    Créons-lui une renommée bien héroïque et romancée
    Et que ces héros méconnus cessent d’être procrastinés !

    (Tableau de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .)

  • Ces merveilleux fous pêcheurs-volants

    Puisque le métier de pêcheur ne nourrit son consommateur
    Qu’à condition d’aller pêcher dans les fonds les plus singuliers,
    Le contrôle de la fraîcheur demeure dans le collimateur
    Des règlements pour empêcher tous les trafics irréguliers.

    Au temps de la Marine à voile, des galères et des montgolfières,
    Les chalutiers s’en revenaient chargés sans se faire prier.
    Il est temps que l’on nous dévoile ce qui rendait les femmes fières
    Quand leurs maris leur ramenaient de quoi revendre à la criée.

    La guilde des poissons volants vantait bordels et garçonnières
    Où des parties de jambes en l’air valaient les tables solunaires.
    C’est du moins en batifolant avec les sirènes poissonnières
    Que ces marins patibulaires cocufiaient leurs partenaires.

    Mais quel rapport me direz-vous avec la pêche miraculeuse ?
    Eh bien les gardes de Neptune qui fréquentaient également
    Ces établissements chelous avaient la langue peu scrupuleuse
    Et révélaient pour quelques thunes les meilleurs des emplacements.

    (Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .)

  • La sirène bleue

    Dans les flots bleus, elle se cache grâce à un curieux mimétisme
    Qui lui fait prendre la couleur de l’atmosphère et du décor.
    Elle se recouvre alors de taches qui suivent un fluide magnétique
    Qui se propage sans douleur progressivement sur tout le corps.

    Lorsqu’elle émerge sur le rivage pour se mêler parmi les hommes
    Elle paraît chic dans un maillot digne des plus grands couturiers.
    Aux moments forts de l’estivage, elle sort souvent en binôme
    Avec un matelot fayot ou un marin aventurier.

    Amateur de Bodybuilding, je les repère facilement
    Et joue à les accompagner pour voir ce qui va se passer.
    Parmi les tours et les buildings, elles parviennent habilement
    À mettre la main au panier des passants dès lors dépassés.

    Bodypainting de Lymari Millot sur https://www.nadyasonika.com/gallery/item/mystique/ .

  • La sirène des temps modernes

    Depuis le siècle des lumières et l’explosion industrielle,
    Les bateaux ont perdu leurs voiles et sont équipés de moteurs.
    Or les sirènes, les premières, ont dû adapter des kyrielles
    De stratagèmes qui dévoilent qu’elles suivent d’ardents promoteurs.

    Ce sont les tours-opérateurs qui affrètent les grandes croisières
    Et qui engagent les sirènes pour en charmer les traversées.
    Par leurs chants rémunérateurs et leur séduction outrancière,
    Les recettes sont bien plus sereines et les pertes moins controversées.

    Ça ne plait pas à tout le monde notamment aux divas, aux stars,
    Aux Castafiores d’opérette, Shellalas, Ginas et Gigis.
    En revanche à chaque seconde une sirène superstar
    Fait vendre dans les supérettes du PQ à son effigie.

    Tableau d’Armand Baltazar sur https://www.kaifineart.com/armandbaltazar .

  • Le repaire de Muréna

    Le repaire de Muréna

    De son repaire, Muréna guette le pêcheur imprudent
    Qui vient s’aventurer chez elle guidé par l’âme chasseresse.
    Fidèle fille d’Athéna, elle l’attire lui préludant
    La proie facile d’une demoiselle à porter à son palmarès.

    Mais connaissez-vous la murène, poisson aux dents longues et pointues
    Qui vit dans les trous de rocher mais jamais n’attaque un plongeur ?
    Or dans ces galeries souterraines, il arrive qu’un pêcheur têtu
    Viennent de trop près l’approcher… et la murène mord le nageur. †

    Quand Muréna est dérangée, elle fait usage de ses charmes
    Afin de capter l’intérêt du chasseur qui devient gibier.
    Elle empiège alors l’étranger qui pense qu’elle n’a pas d’arme
    Et lorsqu’il croit l’avoir ferrée… elle l’égorge dans le bourbier.

    (Tableau de Waldemar von Kozak.
    † « Le repaire de la murène » une aventure de Spirou & Fantasio d’après André Franquin.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La Voie Manta

    La Voie Manta

    Comme des oiseaux migrateurs en route pour d’autres pays,
    Les raies mantas s’en vont aussi découvrir des mers plus sereines.
    Qu’il est heureux l’admirateur qui voit sous ses yeux ébahis
    La transhumance qui s’associe à la migration des sirènes !

    Les raies mantas pavent les voies qu’emprunte le flot des sirènes
    Comme une autoroute piscicole pour bolides aux ombres falotes.
    On n’y voit rien ! C’est à la voix qu’elles suivent fidèlement leur Reine
    Ladite Manta qui s’y colle dès qu’elles ont besoin d’un pilote.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La voix de sa mère

    La voix de sa mère

    Quand la sirène commuta sa jolie queue en jolies jambes,
    Elle conserva le contact avec la reine des abysses.
    Avec deux conques qu’elle permuta en plaçant l’une à l’entrejambe
    Qu’elle dut se coincer avec tact sur la peau tendre du pubis.

    En portant l’autre à son oreille, elle pouvait écouter sa mère
    Comme un cordon ombilical mais à distance et par wifi.
    Les conques, à nulle autre pareille, portaient tellement loin sur la mer
    Qu’aux transmissions subtropicales, c’ fut un véritable défi.

    Pourquoi sur le pubis au juste ? Sans doute que le clitoris
    Devait jouer le rôle d’antenne ou de signal répétiteur.
    On pense aussi que sur le buste perlent deux tétons qui nourrissent
    Et donc amplifient par centaine les appels depuis l’émetteur.

    Tableau de Michael Whelan.

  • La fille des ondes

    La fille au joli nez de cygne aimait autant le poisson cru
    Ainsi sans doute était-ce un signe sinon alors qui l’aurait crue ?
    En tartare, salade ou sushi, en céviche ou en tahitienne,
    Nourriture rêvée pour le chi † et, pour le corps, esthéticienne.

    Elle gagnait sa vie à Marseille à son étal de poissonnière ;
    Quand vous irez, je vous conseille de prendre sa sole meunière
    Qu’elle cuisine sans se faire prier dans sa boutique du panier ††
    Près du vieux port à la criée et ses maraîchers cancaniers.

    (Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak
    † le chi ou le qi représente l’énergie vitale
    †† célèbre vieux quartier de Marseille.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La sirène des abysses

    La sirène des abysses

    Au plus profond des abysses dans les ténèbres éternelles
    Comment les sirènes opèrent pour éclairer leurs chaumières ?
    Afin que nul s’estourbisse sur les roches sempiternelles,
    Elles balisent leurs repaires avec des poissons-lumières.

    Ces poissons des profondeurs heureusement vivent à demeure
    Avec la faune abyssale depuis des millions d’années.
    Certains sont un peu frondeurs mais, de crainte qu’ils n’en meurent,
    Elle leur ouvre en grand la salle pour qu’ils puissent ricaner.

    Car ces poissons-lumineux, d’apparence monstrueuse,
    Préfèrent en rire à mourir plutôt que s’en lamenter.
    Rarement volumineux, en foule tumultueuse,
    Ils viennent alors concourir aux soirées ornementées.

    Tableau de Vinhza.

  • La sirène tricheuse

    La sirène tricheuse

    Une sirène qui fait sa mue, qui agit comme le serpent
    Dont les écailles se détachent à chaque changement de saison
    Et dont la queue d’or se transmue en deux gambettes s’extirpant
    D’une vieille peau qui entache le sable devant sa maison.

    Après la voici courant nue, les cheveux volant dans le vent
    Et les seins comme sémaphores qui lancent des signaux glamours,
    Bravant les hommes sans retenue qui deviennent ses poursuivants
    Et qu’elle attire sans métaphore pour les faire mourir d’amour.

    Enfin l’ogresse, car ç’en est une, verra ses jambes recouvrir
    Des écailles toutes nouvelles sur son giron ventripotent.
    C’est selon la phase opportune que j’ai pu ainsi découvrir
    Que quand la Lune se renouvelle, la sirène en fait tout autant.

    Illustration de Briony May Smith.

  • Le trésor des sirènes

    Le trésor des sirènes

    Le fond des mers étant jonché de trésors issus des naufrages,
    Les sirènes ont aménagé un intérieur qui réconforte.
    Elles y attendent sans broncher que la tempête fasse son ouvrage
    Et leur envoie d’apanagées décorations de toutes sortes.

    Elles aiment les tapis d’orient et les bijoux d’ors et diamants ;
    Elles se parent de bracelets et de colliers de perles fines.
    Elles gardent en les répertoriant les œuvres d’art qui vont sciemment
    Récompenser les roitelets pour leurs pillages et leurs rapines.

    Elles surveillent les conquistadors et leurs trésors d’Ali Baba
    Qu’ils rapporteront en Espagne après y avoir fait fortune.
    Elles attendent alors la pluie d’or, après un fort coup de tabac,
    Des merveilles qui l’accompagnent pour payer l’écot à Neptune.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Poissons-chats et chiens-de-mer

    Poissons-chats et chiens-de-mer

    Les animaux de compagnie que toute sirène affectionne
    Sont dressés par des éleveurs de poissons-chats et chiens-de-mer.
    Afin que la nymphomanie de leur maîtresse se perfectionne,
    Ils participent avec ferveur à la chasse à courre outremer.

    D’abord les chiens-de-mer en meute traquent les marins aux abois
    Que tous les poissons-chats rabattent vers un emplacement précis.
    Guidée par les cris de l’émeute, la sirène fait feu de tout bois
    Afin de couler les frégates grâce au travail des poissons-scies.

    Les chiens-de-mer auront les os ; les poissons-chats, les aloyaux ;
    Tous laissent le cœur et le foie mis de côté pour la sirène
    Qui alimente le réseau des mille poissons-scies loyaux,
    En nourrissant ces disséqueurs du grand mât et de la carène.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Le grand orchestre des sirènes

    Le grand orchestre des sirènes

    Il y a vingt-mille ans aujourd’hui que l’orchestre marin nous charme
    Avec ses cordes et ses bois, ses tambours, ses vents et ses cuivres.
    Beaucoup de sirènes ont produit des spectacles qui tirent une larme
    Aux marins dont le cœur flamboie pour le concert qui va s’ensuivre.

    Les crabes jouent des castagnettes, les anémones font les chœurs,
    Les coquillages tambourinent et les gymnotes se déchargent.
    Le loup de mer prend sa lorgnette et prend la barre du remorqueur
    Vers la musique sous-marine qui semble provenir du large.

    Sous l’harmonie enchanteresse des reprises et des pots-pourris,
    Les hommes à jamais attachés restent fans inconditionnels.
    Les sirènes troubadouresses, après avoir longtemps souri,
    Se feront payer leur cachet lors d’un grand banquet passionnel.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Les sirènes musiciennes

    Les jeunes sirènes n’ont pas l’organe suffisamment développé
    Mais elles compensent en apprenant à bien jouer d’un instrument.
    Avec la musique tsigane qui produit de belles mélopées,
    Elles exécutent de surprenants et superbes accompagnements.

    Comme le jazz et la java, la valse musette est à l’honneur
    Qui chauffe de l’accordéon leurs chansons aux voix aquatiques.
    D’Odessa à Bratislava, les notes au petit bonheur
    Voyagent au fil des odéons jusqu’aux côtes de l’Atlantique.

    Illustrations de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Planche surnaturelle

    Planche surnaturelle

    Méditation surnaturelle que celle d’une sirène libre ;
    Libre de vivre à satiété avec sa manne faramineuse.
    De son expression corporelle qui lui apporte l’équilibre,
    Elle dort dans une variété d’étoiles de mer lumineuses.

    Quand sur la mer ensanglantée l’azur remonte lentement
    Avec les étoiles en question sur l’avenir de la sirène,
    Elle, après s’être sustentée, s’étend sur l’onde mollement
    Pour, le temps d’une digestion, méditer d’une âme sereine.

    Si les sirènes possèdent une âme, on se demande quel Dieu cruel
    A pu la faire à son image à moins que ce n’ fut essentiel…
    Quoiqu’il en soit, c’est une femme dont le côté spirituel
    Évoque le scénarimage de l’univers existentiel.

    Tableau d’Emily Kell.

  • Planche naturelle

    Elle est nue ; elle fait la planche au large des côtes bretonnes ;
    Moitié sirène ou moitié femme mais entièrement amphibie.
    Contrastant sa peau presque blanche, détone sa bouche gloutonne
    Que les fils de Neptune affament pour cause d’anthropophobie.

    Lorsque l’eau bleue devient verdâtre, elle cherche à assouvir sa faim
    Et guette le marin-pêcheur qui va venir la secourir.
    Il aura beau vouloir combattre, il connaîtra bientôt sa fin
    Et l’autre verra, l’air bêcheur, l’homme sa disgrâce encourir.

    Tableaux d’Emily Ponsonby sur https:www.emilyponsonby.comartworks .

  • Trésors des mers

    Trésors des mers

    Finalement quelle que soit l’origine de ses merveilles,
    C’est l’empreinte de la beauté de la vie qui lui est précieuse.
    Et aussitôt qu’elle aperçoit la première vague qui s’éveille,
    Elle fait une charibotée de bijoux aux nacres gracieuses.

    Puis elle trie ses coquillages tel le piano-cocktail de Vian
    Plutôt instrument concepteur de belles couleurs irisées.
    Après un premier nettoyage, elle placera les plus conviant
    Dans son précieux sac collecteur en imprimé porphyrisé.

    Elle en fera bagues et colliers, boucles d’oreilles et pendentifs ;
    Des broches d’étoiles de mer accrochés à ses cheveux d’or.
    Quand le chemin des écoliers revient toujours intempestif,
    Elle garde le goût doux amer du sel incrusté aux trésors.

    Illustration de Briony May Smith sur https:bldgwlf.combriony-may-smith .

  • La sirène contrebandière

    La sirène contrebandière

    Tous les petits trésors des mers, jolis coquillages nacrés,
    Étoiles à cinq, six ou sept branches, bois flottés, bijoux dérisoires,
    Sont développés outremer par les sirènes consacrées
    À l’import-export Outre-Manche mais produits en Côte-d’Ivoire.

    Ainsi les sirènes anglaises nous refourguent à un prix royal
    Tout ce qu’on glane sur les plages et qui provient des colonies.
    Anciennes colonies françaises qui d’un procédé déloyal
    Arrivent en fin de recyclage sur nos côtes… Quelle félonie !

    Méfiez-vous des imitations des sirènes contrebandières
    Qui nous font avaler des pieuvres comme couleuvres sous-marines !
    Mettons-leur des limitations sur leur production stipendiaire
    Et exigeons d’elles la preuve d’ pas être roulés dans la farine !

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • La belle verte – 11

    La belle verte - 11

    Finalement je l’ai suivie et descendu son escalier,
    Les yeux rivés aux jambes fines qui s’allongeaient durant la marche.
    Je peux dire que j’ai poursuivi le vieux rêve d’un fou à lier
    Drogué à un genre morphine qui le lie à sa matriarche.

    Car elle m’a pris pour étalon et je vais l’aimer pour de bon
    Dans son grand palais des abysses quarante jours, quarante nuits.
    Elle m’a ôté mon pantalon et je me sens tout pudibond
    En attendant que je subisse des préliminaires inouïs.

    Heureux comme un poisson dans l’eau, elle a joui en gémissant
    D’un million de voix de sirènes qui m’ont tué sans un remords.
    Moi, je suis au bout du rouleau et je m’éteins en bénissant
    Avec une émotion sereine mes millions de petites morts.

    Reprise de « Les jambes de la sirène » du 16.11.2019.

  • La belle verte – 10

    Tant va de fois la cruche à l’eau qu’à la fin la cruche s’y case.
    Deviendrait-elle pour autant sirène ou ondine et sylphide ?
    Elle me trouble par son halo qui l’enrubanne dans une extase
    Comme un accoutrement flottant autour de ses appas perfides.

    Quand elle abuse de ses charmes et que l’eau devient transparente,
    Mon regard plonge comme attiré envers son magnétisme vert.
    Alors je dépose les armes et je me noie dans l’attirante
    Souricière qu’elle m’a inspirée en écrivant ce Reflets-Vers

    (Photos d’Alex Sher et Elsa Marie Keefe.]

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Sirènes at teatime

    Sirènes at teatime

    À l’heure du thé sur la plage, on rencontre les sirènes anglaises
    Buvant, le petit doigt en l’air, des algues vertes torréfiées.
    On les croise même dans les villages en chaises roulantes, bien à l’aise,
    Dans les tavernes populaires sans qu’on n’en soit horrifié.

    Mais c’est normal car les anglais trouvent logique qu’à cinq heures,
    Que l’on soit humain ou sirène, on boive la boisson royale.
    Ainsi sur leurs fauteuils sanglées, elles s’en vont au petit bonheur
    Se réunir toutes sereines comme sages sujettes loyales.

    En mer, elles sont invitées à monter à bord « at teatime »
    Et partager la collation des britanniques à l’étranger.
    La seule chose à éviter, vu leurs caractères « borderline »,
    C’est faire des prolongations sous peine de se faire manger.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • La sirène couturière

    La sirène couturière

    Il est notoire a priori que les sirènes vivant nues
    N’ont nul besoin de vêtements et toutes pièces rapportées.
    Cependant a posteriori, l’une d’elles a été reconnue
    Couturière et également créatrice en prêt-à-porter.

    Bien sûr elles sont handicapées par leurs queues mal appropriées
    Pour se déplacer sur la terre une fois sorties de la mer.
    Elles doivent alors se draper au cas où vous les rencontreriez
    D’une tenue réglementaire pour faire taire les commères.

    Pour la queue, un fourreau doré, sur les épaules un chemisier
    Dont dentelles et guipures abondent sur un décolleté enivrant.
    Toutes les sirènes ont adoré – du moins celles qui sont extasiées –
    Par leur sortie dans le beau monde voire même dans la cour des grands.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • La sirène adolescente

    La sirène adolescente

    Lorsque deux jolis seins en pomme ornèrent la sirène nubile,
    Je m’engageai à les croquer juste en échange d’un baiser.
    J’étais encore un petit homme et la fille pas trop malhabile
    Car elle s’empressa de truquer le marché pour me déniaiser.

    Nous nous désirions de concert, aujourd’hui mon cœur en soupire ;
    Elle m’a plongé en plein émoi et m’a mis le monde à l’envers.
    Elle m’appelait son petit cancer car elle était pince-sans-rire ;
    D’ailleurs elle en pinçait pour moi lorsque je marchais de travers.

    Lorsque je suis parti en Suisse, elle est restée près de sa mère
    La Méditerranée trop triste de la quitter contre son gré.
    Jalouse autant qu’elle le puisse, j’avalai la pilule amère
    De la sirène égocentriste qui me vit partir sans regret.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Sirène de ma jeunesse

    Sirène de ma jeunesse

    Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, la sirène de ma jeunesse
    Était encore un peu timide et n’osait montrer sa poitrine.
    Elle vivait encore chez sa mère – une sirène diaconesse –
    Qui monnayait par temps humide des parapluies dans sa vitrine.

    Son mari était harponneur et partait chasser la baleine
    Sauf qu’en mer Méditerranée elles ne sont pas très nombreuses…
    Mais il mettait un point d’honneur à les poursuivre à perdre haleine
    Jusqu’aux confins où chaque année elles venaient en éclaireuses.

    Quant à ma petite sirène, j’aimais beaucoup la dessiner,
    Colorer ses écailles en rose et lui aquareller les yeux.
    J’offris à ma petite reine ses plus beaux traits hallucinés
    Avec son sourire morose qui lui donnait l’air malicieux.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Dernières nouvelles de la banquise

    Dernières nouvelles de la banquise

    Depuis que la fonte des glaces se fait sentir sur la banquise,
    Les ours blancs ont dû émigrer vers les latitudes sereines
    Sur des icebergs qui se déplacent dans des températures exquises
    Vers les royaumes dénigrés du grand empire des sirènes.

    Ours et sirènes font bon ménage et se partagent les menus :
    Marins dodus et bien en chair, navigateurs, vieux loups de mer.
    Quand vient le soir, quel apanage de se blottir la queue menue
    Dans la fourrure d’un être cher, même s’il est d’état d’âme amer !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les sirènes clonées

    Les sirènes clonées

    Les expériences nucléaires pratiquées à Mururoa
    Ont provoqué des mutations chez les sirènes polynésiennes
    Par l’ADN linéaire au chromosome quarante-trois
    Qui s’est cloné en relation avec les déesses tahitiennes.

    Non seulement elles se ressemblent mais leur intellect collectif
    Pense comme pour une seule car leurs cerveaux sont en réseau.
    Sur leur rocher, elles se rassemblent pour renforcer leur objectif :
    Goûter la chair haineuse et veule d’un matelot amoroso.

    Ce que l’une voit, toutes le voient ; ce que l’une entend, toutes l’entendent ;
    Ce que l’une goûte, toutes le goûtent, ce que l’une sent, toutes le sentent.
    Lorsqu’elles unissent leurs voix, leurs cordes vocales se tendent
    Jusqu’aux oreilles à l’écoute des victimes pas si innocentes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Vivre de poisson et d’un petit je-ne-sais-quoi

    À l’origine le pêcheur vivait de poisson et de bière,
    Puis il a invité Madame à venir sur sa baleinière.
    Tant que le poisson arrivait par une moisson régulière,
    Tout allait bien mais l’état d’âme empirait chez sa cuisinière.

    Et le pêcheur se fit chasseur de lapin et cueilleur de fruits
    Pour améliorer l’ordinaire et plaire à sa diététicienne.
    Fort dépité fut le brasseur qui vit fondre tout l’usufruit
    De sa brasserie centenaire héritée d’une tante alsacienne.

    Tableaux de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Vivre de poisson et de bière fraîche

    Vivre de poisson et de bière fraîche

    Vendredi treize, il est possible que rien ne soit plus comme avant
    Et qu’une pêche miraculeuse ce soir puisse se profiler.
    Alors il demande l’impossible comme ses rêves auparavant
    Pleins de sirènes ensorceleuses qui se prendraient dans ses filets.

    On dit que faute de sirène, on se contente de poisson ;
    Le goût n’est pas aussi revêche mais on fait avec ce qu’on a.
    Et le marin se rassérène comme il peut avec pour boisson
    Une pinte de bière fraîche et un demi de corona.

    Lui, dans la fumée du cigare, a vu, cerise sur le gâteau,
    Une sirène dans les volutes se baigner tandis qu’il ramait.
    Puis brusquement sans crier gare, il est parti sur son bateau
    Retrouver celle pour qui il lutte mais qu’il ne trouvera jamais.

    Tableau de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Vœux de sirène

    Ah, que ne suis-je née sirène ! Je jouirais entre deux eaux ;
    Portée par des vagues sereines, je caresserais les oiseaux !
    Que n’ai-je un corps couvert d’écailles, une longue queue préhensile
    Et le soir rentrer au bercail au fond des mers, mon domicile !

    Je jouerais aux poissons-volants avec les mouettes rieuses
    Qui me suivraient en survolant mes plates-bandes mareyeuses.
    Et le soir guettant les bateaux mouillant dans le criques revêches,
    J’appâterais un marin pataud pour vivre d’amour et de chair fraîche.

    Tableau de Jaroslaw Kukowski.

  • Sirènes grassouillettes

    J’ai cru qu’il s’agissait de plâtres, de statuettes, de figurines
    Vendues sur le bord de la plage par un artiste « rock and roll ».
    Assez grassouillettes et bellâtres, les yeux couleur d’aventurine,
    Elles me fixaient sur l’étalage ; ne leur manquait que la parole.

    J’allais les prendre dans ma main quand elles ont couru sur le sable,
    Puis ont regagné le rivage et disparu sans retenue.
    Je suis revenu le lendemain car il m’était indispensable
    De revoir ces dames sauvages qui ne sont jamais revenues.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Laissez venir à moi tous les petits poissons !

    Laissez venir à moi tous les petits poissons !

    Depuis que les verts le rabâchent, le réchauffement de la Terre
    Fait fondre banquise et glaciers, engloutit plaines et vallées.
    Le niveau monte sans relâche et d’après les documentaires,
    Il faut que vous vous déplaciez sous peine d’être vite avalés.

    Le seul inconvénient majeur à la montée des eaux fatales
    Est la profusion de requins nés du fruit de l’adaptation.
    Les poissons, au début rageurs, ont pris l’orientation létale
    Envers le peuple américain d’après première constatation.

    Puis ils ont pris goût à leurs femmes dont la peur relève la saveur.
    Bonne nouvelle cependant, ils sont restés en Amérique
    Car cette mutation infâme fut provoquée à la faveur
    De leurs hamburgers prétendant devenir bouffe générique.

    Lara Zankoul photographiée par Asaf Hanuka de sur www.facebook.comlarazankoulphotography .

  • La sirène géante

    La sirène géante

    La première fois que je l’ai vue, sa taille m’a impressionné ;
    Montagne dans la nuit sereine, de son plus haut sommet ardu.
    Par cette rencontre imprévue, j’ai cherché à perfectionner
    Ma connaissance des sirènes et mon goût des amours perdues.

    Son chant montait sur la mer d’ombre parmi les rouleaux rugissants
    D’une tempête irrésistible qui m’a jeté entre ses bras.
    Elle m’attrapa de sa queue sombre, puis entre ses seins rougissants,
    M’entraîna vers d’indescriptibles abysses où mon corps sombra.

    Bien sûr, tout n’était qu’illusion et tout n’était que parodie ;
    Sa queue n’était que pacotille et sa voix chantait en play-back.
    J’ai connu la désillusion ; moi qui cherchais le paradis,
    J’en ai la queue qui s’entortille la nuit dans mes rêves en flashback.

    Tableau de Kristina Gehrmann sur https:www.artstation.comkristinagehrmann .

  • Les aventures de Manu : Manu roi des tritons

    Vous pourriez tous en témoigner : Manu rêve de régner en mer
    Sur les territoires éloignés et les départements outremers.
    Avec sa flotte de sous-marins et leurs amiraux fourvoyés,
    Il est devenu le parrain d’une vendetta soudoyée.

    Avec sa fausse queue dorée et sa couronne de corail,
    Les poissons ont subodoré qu’il était maître du sérail.
    Les requins blancs forment sa garde et les pieuvres font des soldats
    Qui pourraient tirer par mégarde, tant pis si la mort s’en solda.

    Cette semaine en grands pompes, il a invité leurs Altesses
    Qui ont ri, si je ne m’trompe, lorsqu’il dit sans délicatesse
    Que lui et la perfide Albion au grand palais feraient bombance
    Tandis que le peuple en haillons n’aurait plus droit à l’abondance.

    Finalement c’était un rêve et Manu noya le poisson
    En nous désapprouvant sans trêve la moindre entente sans façon.
    De cette expérience aquatique, il paraît que le vendredi
    Manu devient tout apathique et n’ supporte aucun contredit.

    Tableau d’André Dluhos.