Catégorie : Reflets Vers inédits

Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.

  • Prudence et témérité

    Prudence et témérité

    Trop de prudence et je sature de complots perfides et cruels ;
    J’ajoute de la témérité et tout devient sans importance.
    Alors je marche dans l’azur les yeux bandés sur l’actuel
    Tout en essayant d’éviter de chuter dans l’inadvertance l’incompétence.

    Tableau de Yana Fefelova.

  • L’œil des tournesols

    L’œil des tournesols

    Je viens chercher l’inspiration parmi ces yeux observateurs
    Qui ont tout vu, qui savent tout sur tout ce qui brille au soleil.
    J’écoute leurs conspirations à propos des cultivateurs
    Qui vont bientôt couper le cou à ces délateurs sans pareil.

    Illustration d’Aeppol.

  • Grâce et caresses

    Grâce et caresses

    Son laisser-aller personnel dévorait son temps passionnel
    Or, c’était lui qui grossissait et c’était elle qui subissait.
    Car mélanger grâce et caresses finit par entourer de graisse
    Son cœur qui doit pomper l’amour avec une tonne d’humour.

    Tableau de Jeanne Lorioz.

  • Portraits d’antan

    Les portraits issus du passé ont outrepassé la technique
    Car l’art de la photographie à la vitesse de la lumière
    Laissent un visage compassé et un rictus dans sa mimique
    Dont le souvenir s’atrophie par overdose coutumière.

    Le peintre, lui, prend tout son temps ; il ne le prend pas, il l’impose
    L’œil à besoin d’éternité pour capter la vie du sujet.
    Puis, la main tâte, elle attend le trait important de la pose
    Et offre la paternité qu’aujourd’hui nous pouvons juger.

    Tableaux de John William Godward.

  • La couturière fleurie

    La couturière fleurie

    Des fleurs des champs cueillies à l’aube et piquées sur toile de lin
    Ont transformé leur couturière en un bouquet rafraîchissant.
    Deux cerises pendues aux lobes et un pendentif cristallin
    Ont favorisé sa carrière par un prestige attendrissant.

    Tableau de Mirjana Gotovac.

  • Les yeux papillon

    Les yeux papillon

    Les yeux aux ailes des papillons trompent l’œil de ses ennemis ;
    Ainsi mes yeux qui papillonnent troublent le cœur de mon amie.
    Sous les paupières ensommeillées de nos nuits blanches réfrénées,
    Que de joies m’ont émerveillé, que d’amours m’ont rasséréné !

    Tableau de Delphine Cossais.

  • La cow-girl du 1er août

    La cow-girl du 1er août

    Pour notre fête nationale nous attendions des pom-pom girls
    Munies de pompons rouge et blanc assortis à notre drapeau.
    Suite à une erreur cantonale nous avons reçu une cow-girl
    Qui a semé un froid troublant chez les suissesses à fleur de peau.

    Illustration de Michel Blanc-Dumont.

  • Chapeau bas

    Chapeau bas

    Juste un chapeau tombant du ciel, juste deux bas montant du sol
    Et pour le reste presque rien, juste un voile noir qui vole au vent.
    Si la tenue fait l’essentiel, moins il y en a, plus on raffole
    Car si la fille y met du sien, elle charmera en l’enlevant.

    Tableau d’Irene Sheri.

  • Le réparacœur

    Le réparacœur

    Toutes les nuits, comme au printemps, il repeint de nouvelles couleurs.
    Quand vient l’hiver, le mauvais temps, il efface toutes les douleurs.
    À l’aube dite, tout devient vert, le cœur retrouvé un peu d’humour.
    Puis à midi, un petit verre et le cœur sourira d’amour.

    Illustration de Gaëlle Boissonnard.

  • Miss Newton

    Miss Newton

    Isaac Newton et la pomme, la pomme tombant sur Newton
    Fait la loi de gravitation et tout le poids de la matière !
    Une jolie femme avec des hommes, la femme tombant dans les pommes
    Fait la loi de fécondation et les amours primesautières.

    Tableau d’Irene Sheri.

  • Les cadeaux viennent en dormant

    Les cadeaux viennent en dormant

    Les plaies d’argent, quelle infortune ! Les pertes de temps, quelle avanie !
    Mais dans la vie, tout redémarre ; la roue tourne toujours très longtemps.
    Pour l’argent, demande à la Lune lorsqu’elle croît à l’épiphanie ;
    Pour le temps, demande à Médard, il fait la pluie et le beau temps.

    Illustration de Gaëlle Boissonnard.

  • Chat va, chat vient !

    Chat va, chat vient !

    À gros chat bleu, les gros chagrins, éliminés par le minet.
    À gros chat doux, les gros bisous, alimentés par le matou.
    Quel temps fait-il ? Il fait du grain ! Ne sortons pas du cabinet !
    Quelle heure est-il ? Debout et Zou ! Levez-vous, Monsieur Touche-à-tout !

    Tableau de Zurab Martiashvili.

  • La toise relative

    La toise relative

    Plus je grandis, moins je grandis.
    C’est le paradoxe de la girafe.
    Depuis dix ans, bientôt onze ans,
    Je fais toujours la même taille.

    Et je mesure, et je brandis,
    Compas, crayons, ciseau, agrafes,
    Ce n’est pas très satisfaisant
    D’être arrêté, vaille que vaille.

    Je mets ma robe en organdi
    Et des bottines qui se dégrafent
    Mais tout ça n’est pas suffisant
    Pour une croissance qui m’aille.

    On dit que je m’ suis arrondie
    Que je pourrais faire chorégraphe
    Et que c’est bien féminisant
    De garder sa petite taille.

    Finalement c’est ma girafe
    Qui a conclu ce paragraphe
    Disant qu’il faut que je ragrafe
    Ma toise avec un cartographe.

    Tableau de Zurab Martiashvili.

  • Le pouvoir de l’intention

    Le pouvoir de l’intention

    Je vois bien l’entrée en matière sortir de son rideau à fleurs,
    Cependant un regard austère me dit de bien faire attention.
    Certes, les deux intermédiaires flattent les envies qui m’effleurent
    Mais ses yeux chargés de mystère révèlent tant ses intentions !

    Tableau de Delphine Cossais.

  • L’adieu à qui ?

    L’adieu à qui ?

    À son regard inquisiteur, la bouche pincée qui préjuge,
    Je crois qu’elle fait son adieu à qui veut bien l’importuner.
    Je sens le cœur inhibiteur qui déjà freine le déluge
    Du trop plein d’émotions à Dieu et tous les saints infortunés.

    Tableau de Suzan Buckner.

  • Le cercle ultérieur

    Le cercle ultérieur

    Le temps qui passe a bonne mine et m’offre d’autres perspectives
    Si je me force à regarder en bougeant le cul de mon faîte.
    Tantôt le destin me domine, tantôt je prends l’initiative
    Et tantôt je sais me garder des surimpressions toutes faites.

    Photo du Pont de Rakotzbrücke en Allemagne par Josh Perrett.

  • Le cercle extérieur

    Ici, la nature m’observe par l’œil qu’un fou lui a donné ;
    Dieu n’aurait pas construit un pont, il aurait fait ça plus naturel.
    Justement que Dieu me préserve d’être quelque part pardonné ;
    « Monsieur le juge, j’en réponds, je suis associoculturel ! »

    Photo du Pont de Rakotzbrücke en Allemagne par Marcel Siebert.

  • Le cercle intérieur

    Drôles sont mes envies de partir, mes envies de me réfugier
    Dans un lieu pour mieux observer l’intimité du souvenir.
    Alors entre « voyager » et « départir », j’ai besoin que vous ne jugiez
    Pas nécessaire de préserver quoi que ce soit pour me retenir.

    Tableau de Marcel Siebert.

  • L’année 1985

    L’année 1985

    Je ne suis pas près d’oublier mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq !
    L’année qui m’a marqué au corps, au cœur, à l’esprit et à l’âme.
    J’avais fini de relier, afin que ma vie m’en convainque,
    Tous les point qui restaient encore pour dessiner mon oriflamme.

    En fait, j’avais quitté Marseille pour vivre avec les alsaciennes,
    Ce qui m’a conduit dans l’Hérault pour rencontrer des vignerons.
    Puis, j’ai bientôt manqué d’oseille comme une comédie balzacienne ;
    Ce fut le retour du héros riche de cœur mais sans un rond.

    Illustration d’Aitch Heliana.

  • Le lion fleuri

    Le lion fleuri

    Non, le lion n’est pas hippie, ni gay ni trans, mais amoureux.
    Une marque de coquetterie qu’il se réserve pour sa lionne.
    Il lui a construit un tipi, un vrai et des plus savoureux ;
    Alors ne faites pas les ahuris et venez féliciter sa championne.

    Tableau de Marcel Van Luit.

  • Lilith, évidemment !

    Lilith, évidemment !

    Évidemment c’était Lilith, l’empêcheuse de traîner en rond !
    Et le serpent fut introduit au Paradis pour expulser
    L’Ève afin que se facilite son entrée dans les environs
    Adam aurait été séduit et Dieu de tout recompulser.

    Illustration d’Aitch Heliana.

  • Ève, la noire

    Ève, la noire

    Les écrits n’en parlent jamais et les légendes se contredisent.
    Ève, la noire, a pourtant existé et n’a jamais mangé la pomme.
    Alors je voudrais désormais mettre un terme à toutes ces bêtises
    Car si jamais vous insistez, elle aurait pu bouffer son homme.

    Illustration d’Aitch Heliana.

  • Femmes et flamants à l’eau de rose – 2

    Je suis guéri des femmes en rose ; je ne vois plus que des flamants.
    J’ai fait ma cuti-réaction entre les flammes et les couleurs.
    Il ne reste qu’un point morose mais il n’y a là rien d’infamant ;
    Je dois juste faire attention entre les goûts et les douleurs.

    Je dois aussi faire soigner mon attrait pour les flamants nus
    Et les docteurs m’ont conseillé de me reposer en Camargue.
    Là-bas je pourrai témoigner que sont les femmes devenues
    Et si elles sont bien habillées pour déguster une poutargue.

    La poutargue est un plat typique de poissons en saumure préparé en Camargue.

    Tableau de Eric Jean-Louis.

  • L’imposture blanche

    L’imposture blanche

    J’en étais sûr, je le savais ! Adam et Ève étaient des blacks
    Et le serpent un grand python ou un boa bien constructeurs.
    Du coup, l’homme blanc n’est qu’un navet, complètement à côté de la plaque
    Les anges jouent du mirliton et Dieu, un vieux contradicteur.

    Tableau de Gabriel Alix.

  • Partout sont les amazones

    Partout sont les amazones

    Des amazones à Tahiti galopant en Polynésie
    À Hawaii ou Haïti et même un peu partout en Asie ?
    Je n’en savais pas plus que vous mais rendons-nous à l’évidence ;
    Le fantastique donne rendez-vous où il désire mener la danse.

    Tableau d’Eric Jean-Louis.

  • Copineries

    Copineries

    Quand la lune dort et le chat parti,
    Les maris s’en vont et les souris dansent.
    Et que font les femmes ensemble entre amies ?
    Toute la vérité, pas de supercherie.

    Comme elles ont de l’or et un beau parti,
    Elles vont voir Yvon dans sa résidence.
    Il n’y a rien d’infâme sur le tatami :
    On y boit du thé et des pâtisseries.

    Et puis on s’endort, on se répartit
    On s’ prête un savon, on met de l’ambiance
    Et puis entre femmes, on s’ fait des mimis
    Pas sexualité mais copinerie.

    Tableau de Laurel Burch.

  • Femmes et flamants à l’eau de rose – 1

    Femmes et flamants à l’eau de rose - 1

    Entre Femmes en roses et flamants roses, j’y perds mes œufs et mes enfants.
    Comme l’élan et l’orignal, ou le bardeau et le mulet.
    Le cerf-volant devint morose quand son fils aîné, l’ailé-faon,
    Fit ce jeu de mots original, juste et pas du tout simulé.

    Tableau de Jahar Dasgupta.

  • L’intelligence en option

    L’intelligence en option

    Maintenant que la femme est créée, il faut assurer sa maintenance.
    Pour qu’elle soit jeune toute l’année, il faut de l’organisation.
    Pour l’amour, elle est agréée ; il ne manque plus que l’intelligence
    Qui aurait dû être instantanée mais que Dieu a mis en option.

    Mais alors là, Dieu, franchement est un vrai connard de première !
    D’avoir fait Ève intelligente … mais après des millions d’années !
    Du premier coup assurément elle aurait branché la lumière
    Et pour la pomme qui serpente, c’est Adam qu’elle aurait damné !

    Tableau d’Uldus Bakhtiozina.

  • Le Roi-Soleil

    Le Roi-Soleil

    Le Roi n’est plus ce qu’il était ; ce matin il a pris un bateau,
    Celui qui sillonnait le ciel tous les jours sur son char doré.
    On l’a même aperçu cet été, se prendre carrément un râteau
    Avec l’étoile artificielle des feux d’artifices en Corée.

    Tableau d’Uldus Bakhtiozina.

  • Encore un pigeon au menu !

    Si vous aimez prendre racine, optez pour la mode de saison
    Qui vous fera passer l’hiver fort dépourvue mais fort menue.
    Après une bise assassine, vous perdrez plus que de raison,
    On lira dans les faits divers : « Encore un pigeon au menu ! »

    Celles qui ont traversé l’hiver, celles qui n’ont pas froid aux yeux,
    Laissez tomber les vêtements puisque la nature vous affine.
    Optez pour un style pervers, uniquement du prestigieux !
    Sur les seins un piercing diamant et un masque de perles fines.

    Tableau d’Uldus Bakhtiozina.

  • Le mur du çon

    Le mur du çon

    Sur mer, franchir le mur du son paraît chose irréalisable.
    Même en faisant des pirouettes, vous risquez de perdre du temps.
    Or, si le temps n’est pas très sûr, enfilez votre imperméable.
    Avec les bras en girouette, je vous l’assure, ça vous détend.

    Le mur du son ? Mon pauvre ami ! Si vous croyez ce qu’on vous dit,
    Vous l’avez franchi plusieurs fois, celui avec une cédille.
    Essayez sur le tatami, tout nu avec des bigoudis,
    Et répétez à vive voix : « Kelnig Osch Sui ! » à l’écoutille.

    Tableau de Quint Buchholz.

  • La vie au club

    La vie au club

    Au club, on manque de pigeon, c’est pourquoi on les initie.
    On leur fait croire qu’ils sont élus mais vont passer sous le bandeau.
    Puis, on leur passe un badigeon ; on dit qu’ils en bénéficient.
    Et une fois qu’ils sont dévolus, on les transforme en fricandeau.

    Tableau de Quint Buchholz.

  • Là où passe l’éléphant

    Là où passe l’éléphant

    Pour assurer la traversée, faites passer d’abord l’éléphant.
    S’il y en a deux, mettez-en un à l’avant et l’autre à l’arrière.
    Pour éviter de renverser les passagers et les enfants,
    Jetez-en deux, jetez-en un et criez : « Silence, là derrière ! »

    À l’arrivée, sans garantie, retournez cherchez les enfants.
    Vous avez oublié la bouée ? Vérifiez leur assurance.
    Si vous les en avez nantis, vous pouvez rentrer triomphant.
    Demain si vous voulez rejouer, nous le ferons en récurrence.

    Tableau de Quint Buchholz.

  • Ce soir j’attends ma minette

    Ce soir j’attends ma minette, j’ai apporté du vin blanc ;
    Je j’attends comme toutes les semaines, c’est pour ce soir évidemment.
    Ce soir je guette sa binette, nous ne ferons pas de faux-semblants
    Elle sera bonne comme la romaine et moi, bien sûr, son amant.

    Entre chats, les histoires d’amour fonctionnent toujours du premier coup.
    Le soir j’attends ma minette et la nuit tous les chats sont gris.
    Je fis toujours avec humour qu’il faut se faire à tous les goûts
    On les passe à la moulinette ; on change quand elles sont rabougries.

    Tableaux de Quint Buchholz.

  • Femme Patch et Work

    Femme Patch et Work

    Femme de Patch, femme de Work, la femme est au meilleur format :
    Femme ouvrière, femme soumise, à sa famille se résigna ;
    Femme de carrière à New-York, à tous les styles se conforma ;
    Femme éternelle toujours exquise, belle dans son semi-comma.

    Tableau de Johanna Goodman.

  • Jardin d’hiver

    Jardin d’hiver

    J’aurais voulu un soleil vert, la lune bleue sous un ciel orange.
    J’en ai rêvé, Dieu l’a raté alors je l’ai bâti moi-même.
    Pour le soleil, j’ai lu Prévert et pour le ciel, Pierre Morhange ;
    Et tout le reste, je l’ai gratté dans les vieux châteaux de Bohème.

    Tableau de Neil Simone.

  • Et de la peau de mes moutons

    Et de la peau de mes moutons

    L’homme ne vivra pas seulement de pain mais de laine de ses moutons.
    Il en tricotera des routes et jusqu’au sièges des voitures.
    Pour les avions évidemment il faudra rajouter des boutons
    Et pour casser, sur Mars, la croûte, il servira de nourriture.

    Tableau de Johanna Goodman.

  • Mes amis d’un été

    Il était doux, un peu rêveur, la tête un peu dans les étoiles
    Dont les cheveux coiffés en brosse semblaient capter d’autres planètes.
    Il travaillait comme serveur ou moniteur de planche à voile ;
    Je crois qu’il s’appelait Éros et puis, sa copine Antoinette.

    Elle aussi rêvait des étoiles et même d’une en particulier ;
    Andromède ou bien Bételgeuse, je les confondais tout le temps.
    Elle se mettait parfois à poil et levait deux bras singuliers
    Pour saluer l’avantageuse constellation du Léviathan.

    Illustrations de Kyle T. Webster.

  • Vénus étalonne

    Vénus étalonne

    Son corps menu, tout allongé
    Semble un jalon de la beauté.
    Comme une maîtresse étalon,
    Une jument pygmalion.

    Voyez les courbes prolongées
    Des rides à peine rabotées
    Qui s’étirent sur les talons
    D’avoir dansé un bataillon.

    Elle se cache le visage
    Mais vous l’avez tous reconnue :
    Vénus, déesse de l’amour
    Et de l’éternel féminin.

    En hommage à son paysage,
    Ses seins, montagnes inconnues,
    Son sexe, en sillon de labour,
    Laissez-moi le mot de la fin :

    Ma Vénus en guise de toise
    Ferait une icône grivoise
    Qu’à la croissance s’apprivoise
    Et qu’à l’amour, mon cœur pavoise.

    Tableau d’Alexander Sigov.

  • Ce qui reste de l’été

    Que restera-t-il de l’été lorsque l’automne reviendra ?
    Quelques souvenirs effeuillés ou un album plein d’émotions
    Que je n’aurai qu’à feuilleter quand un détail me retiendra ;
    Une petite chatte endeuillée ou un matou en adoption.

    Je reviendrai au fil des jours en relisant mon almanach
    Où j’annote chaque événement que mon cœur a pu retenir.
    J’y reverrai chaque séjour, chaque fragrance qui émana
    Du bouquet de déchaînements que la vie laisse en souvenir.

    Tableau de Georges Seurat.

  • Les points de la piste aux étoiles

    Tout vient à point finalement à tous ceux qui savent attendre,
    Ceux qui arrivent point par point au bout de dix ans de patience
    À parvenir au firmament de l’expression la plus tendre
    Et la plus expressive de loin du génie de leurs expériences.

    Tableau de Georges Seurat.

  • Mimi sur le grand Bi

    Mimi sur le grand Bi

    Innocemment, le minet blanc,
    Méli-mélo sur le vélo.
    Qui l’a mis là et pourquoi ça ?
    Les gens sont fous de par chez nous.

    Chat piétonnier, là prisonnier,
    N’as-tu vertige de ton prestige ?
    Sur ton grand Bi, tu es béni
    Car la photo, ça sert d’auto.

    Illustration « Bicycle and Cat Letterpress » de Lantern Press, Portland, Oregon.

  • Une nouvelle animalité

    Une nouvelle animalité

    Je lègue tout à mon minet ; le destin de l’humanité
    Et surtout celui de la Terre que nous, égoïstes, ont détruite.
    Une fois l’homme éliminé, une nouvelle animalité
    Régnera en chats solidaires des souris, oiseaux et des truites.

    Tableau de Ryan Conners.

  • Même pas en rêve – 1

    Même pas en rêve - 1

    Même en plein milieu de mes rêves, je continue à pédaler
    Pour s’attraper à l’épuisette quelques idées à conserver.
    Je les collectionne sans trêve en prenant soin de les étaler
    Sur l’écran noir de ma nuisette que j’ai omis de préserver.

    Alors j’écris sur mes seins nus à l’encre noire de la nuit
    Les papillons proses et vers que j’ai recueillis au filet.
    Mais que sont-ils donc devenus à l’aube, quand le soleil luit ?
    Je me retrouve nue comme un ver et ma mémoire s’est défilée.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov sur http:ecgallery.comexclusive-artistshomeoleg-tchoubakov .

  • Même pas en rêve – 2

    Même pas en rêve - 2

    Dans mes nuits blanches, en roue libre, où je pédale dans l’absurde,
    J’essaie de noter l’inconnu des mes chemins vers l’impossible.
    Au matin, le déséquilibre de ma mémoire se masturbe
    Avec des mots non reconnus par mon œil ouvert impassible.

    Je trouve des extraterrestres qui auraient volé la Joconde
    En s’enfuyant en pédalo dans une forêt de bohème.
    Très rarement un mot s’orchestre avec une rime vagabonde
    Et, sans que je sois mégalo, me permet d’en faire un poème.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov sur http:ecgallery.comexclusive-artistshomeoleg-tchoubakov .

  • Le cheval à vau-l’eau

    Le cheval à vau-l’eau

    Char à voile, char à vapeur et pourquoi pas char à cheval ?
    Je sais, c’est déjà inventé mais moi, il me tire à vélo.
    Au triple galop, il m’a pas peur d’être le clou du festival
    Des fous de la roue indentée pour un équestre méli-mélo.

    Plus besoin d’actionner le timbre avec le boucan déchaîné ;
    Les gens se jettent dans le fossé s’ils n’ont pas peur d’être piétinés.
    Chose qui nous permet d’atteindre dans un fou fondu-enchaîné
    Une vitesse sur la chaussée qui devrait nous ratatiner.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • Je te goûterai

    Je te goûterai

    Je te goûterai la tête lorsque tu feras la sieste,
    Je te goûterai le cœur d’un sommeil réparateur.
    Pour donner un air de fête, permets que je manifeste
    Mes envies de mastiqueur en te léchant en hauteur.

    Tableau « La cama inglesa » de Guillermo Lorca García H.

  • La trottinette aussi – 2

    La trottinette aussi - 2

    Quand elle ne roule pas, elle rêve assise sur sa balançoire.
    Elle poursuit dans ses pensées les routes qui l’attendent demain.
    Cet engrenage qui l’a crève à petit feu reste accessoire
    Car ses neurones ont dépensé tous ses soucis sur les chemins.

    Rouler, c’est comme l’Amérique, comme le rêve américain.
    On roule de plus en plus loin, on roule de plus en plus vite.
    Rouler dans le monde féérique des rallies panaméricains
    Parus-Dakar, tout le tsoin-tsoin où les fous du guidon l’évitent.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • La trottinette aussi – 1

    La trottinette aussi - 1

    La trottinette également possède un goût de paradis
    Qui fait frémir, cheveux au vent, l’exaltation de la vitesse.
    Modèle Suisse ou Allemand, on en trouve pour pas un radis
    Abandonnée le plus souvent quand on a cuvé son ivresse.

    Comme un chien avant les vacances, on l’abandonne sur un trottoir,
    Près des poubelles, la roue cassée ou le guidon tout déglingué.
    Quand même ! Quelle extravagance ! Pour notre époque, il est notoire
    Que tout ce qui est dépassé finit par être valdingué.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • Les ailes mécaniques

    Les ailes mécaniques

    Elle porte des ailes mécaniques toutes animées par des ressorts
    Et une série d’engrenages qui tictaquent comme une horloge.
    Elle vient de Suisse alémanique, le pays qui a connu l’essor
    De l’habileté chronophage de la montre qui fait son éloge.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.