Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.
Trop de prudence et je sature de complots perfides et cruels ; J’ajoute de la témérité et tout devient sans importance. Alors je marche dans l’azur les yeux bandés sur l’actuel Tout en essayant d’éviter de chuter dans l’inadvertance l’incompétence.
Je viens chercher l’inspiration parmi ces yeux observateurs Qui ont tout vu, qui savent tout sur tout ce qui brille au soleil. J’écoute leurs conspirations à propos des cultivateurs Qui vont bientôt couper le cou à ces délateurs sans pareil.
Son laisser-aller personnel dévorait son temps passionnel Or, c’était lui qui grossissait et c’était elle qui subissait. Car mélanger grâce et caresses finit par entourer de graisse Son cœur qui doit pomper l’amour avec une tonne d’humour.
Les portraits issus du passé ont outrepassé la technique Car l’art de la photographie à la vitesse de la lumière Laissent un visage compassé et un rictus dans sa mimique Dont le souvenir s’atrophie par overdose coutumière.
Le peintre, lui, prend tout son temps ; il ne le prend pas, il l’impose L’œil à besoin d’éternité pour capter la vie du sujet. Puis, la main tâte, elle attend le trait important de la pose Et offre la paternité qu’aujourd’hui nous pouvons juger.
Des fleurs des champs cueillies à l’aube et piquées sur toile de lin Ont transformé leur couturière en un bouquet rafraîchissant. Deux cerises pendues aux lobes et un pendentif cristallin Ont favorisé sa carrière par un prestige attendrissant.
Les yeux aux ailes des papillons trompent l’œil de ses ennemis ; Ainsi mes yeux qui papillonnent troublent le cœur de mon amie. Sous les paupières ensommeillées de nos nuits blanches réfrénées, Que de joies m’ont émerveillé, que d’amours m’ont rasséréné !
Pour notre fête nationale nous attendions des pom-pom girls Munies de pompons rouge et blanc assortis à notre drapeau. Suite à une erreur cantonale nous avons reçu une cow-girl Qui a semé un froid troublant chez les suissesses à fleur de peau.
Juste un chapeau tombant du ciel, juste deux bas montant du sol Et pour le reste presque rien, juste un voile noir qui vole au vent. Si la tenue fait l’essentiel, moins il y en a, plus on raffole Car si la fille y met du sien, elle charmera en l’enlevant.
Toutes les nuits, comme au printemps, il repeint de nouvelles couleurs. Quand vient l’hiver, le mauvais temps, il efface toutes les douleurs. À l’aube dite, tout devient vert, le cœur retrouvé un peu d’humour. Puis à midi, un petit verre et le cœur sourira d’amour.
Isaac Newton et la pomme, la pomme tombant sur Newton Fait la loi de gravitation et tout le poids de la matière ! Une jolie femme avec des hommes, la femme tombant dans les pommes Fait la loi de fécondation et les amours primesautières.
Les plaies d’argent, quelle infortune ! Les pertes de temps, quelle avanie ! Mais dans la vie, tout redémarre ; la roue tourne toujours très longtemps. Pour l’argent, demande à la Lune lorsqu’elle croît à l’épiphanie ; Pour le temps, demande à Médard, il fait la pluie et le beau temps.
À gros chat bleu, les gros chagrins, éliminés par le minet. À gros chat doux, les gros bisous, alimentés par le matou. Quel temps fait-il ? Il fait du grain ! Ne sortons pas du cabinet ! Quelle heure est-il ? Debout et Zou ! Levez-vous, Monsieur Touche-à-tout !
Je vois bien l’entrée en matière sortir de son rideau à fleurs, Cependant un regard austère me dit de bien faire attention. Certes, les deux intermédiaires flattent les envies qui m’effleurent Mais ses yeux chargés de mystère révèlent tant ses intentions !
À son regard inquisiteur, la bouche pincée qui préjuge, Je crois qu’elle fait son adieu à qui veut bien l’importuner. Je sens le cœur inhibiteur qui déjà freine le déluge Du trop plein d’émotions à Dieu et tous les saints infortunés.
Le temps qui passe a bonne mine et m’offre d’autres perspectives Si je me force à regarder en bougeant le cul de mon faîte. Tantôt le destin me domine, tantôt je prends l’initiative Et tantôt je sais me garder des surimpressions toutes faites.
Photo du Pont de Rakotzbrücke en Allemagne par Josh Perrett.
Ici, la nature m’observe par l’œil qu’un fou lui a donné ; Dieu n’aurait pas construit un pont, il aurait fait ça plus naturel. Justement que Dieu me préserve d’être quelque part pardonné ; « Monsieur le juge, j’en réponds, je suis associoculturel ! »
Photo du Pont de Rakotzbrücke en Allemagne par Marcel Siebert.
Drôles sont mes envies de partir, mes envies de me réfugier Dans un lieu pour mieux observer l’intimité du souvenir. Alors entre « voyager » et « départir », j’ai besoin que vous ne jugiez Pas nécessaire de préserver quoi que ce soit pour me retenir.
Je ne suis pas près d’oublier mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq ! L’année qui m’a marqué au corps, au cœur, à l’esprit et à l’âme. J’avais fini de relier, afin que ma vie m’en convainque, Tous les point qui restaient encore pour dessiner mon oriflamme.
En fait, j’avais quitté Marseille pour vivre avec les alsaciennes, Ce qui m’a conduit dans l’Hérault pour rencontrer des vignerons. Puis, j’ai bientôt manqué d’oseille comme une comédie balzacienne ; Ce fut le retour du héros riche de cœur mais sans un rond.
Non, le lion n’est pas hippie, ni gay ni trans, mais amoureux. Une marque de coquetterie qu’il se réserve pour sa lionne. Il lui a construit un tipi, un vrai et des plus savoureux ; Alors ne faites pas les ahuris et venez féliciter sa championne.
Évidemment c’était Lilith, l’empêcheuse de traîner en rond ! Et le serpent fut introduit au Paradis pour expulser L’Ève afin que se facilite son entrée dans les environs Adam aurait été séduit et Dieu de tout recompulser.
Les écrits n’en parlent jamais et les légendes se contredisent. Ève, la noire, a pourtant existé et n’a jamais mangé la pomme. Alors je voudrais désormais mettre un terme à toutes ces bêtises Car si jamais vous insistez, elle aurait pu bouffer son homme.
Je suis guéri des femmes en rose ; je ne vois plus que des flamants. J’ai fait ma cuti-réaction entre les flammes et les couleurs. Il ne reste qu’un point morose mais il n’y a là rien d’infamant ; Je dois juste faire attention entre les goûts et les douleurs.
Je dois aussi faire soigner mon attrait pour les flamants nus Et les docteurs m’ont conseillé de me reposer en Camargue. Là-bas je pourrai témoigner que sont les femmes devenues Et si elles sont bien habillées pour déguster une poutargue.
La poutargue est un plat typique de poissons en saumure préparé en Camargue.
J’en étais sûr, je le savais ! Adam et Ève étaient des blacks Et le serpent un grand python ou un boa bien constructeurs. Du coup, l’homme blanc n’est qu’un navet, complètement à côté de la plaque Les anges jouent du mirliton et Dieu, un vieux contradicteur.
Des amazones à Tahiti galopant en Polynésie À Hawaii ou Haïti et même un peu partout en Asie ? Je n’en savais pas plus que vous mais rendons-nous à l’évidence ; Le fantastique donne rendez-vous où il désire mener la danse.
Quand la lune dort et le chat parti, Les maris s’en vont et les souris dansent. Et que font les femmes ensemble entre amies ? Toute la vérité, pas de supercherie.
Comme elles ont de l’or et un beau parti, Elles vont voir Yvon dans sa résidence. Il n’y a rien d’infâme sur le tatami : On y boit du thé et des pâtisseries.
Et puis on s’endort, on se répartit On s’ prête un savon, on met de l’ambiance Et puis entre femmes, on s’ fait des mimis Pas sexualité mais copinerie.
Entre Femmes en roses et flamants roses, j’y perds mes œufs et mes enfants. Comme l’élan et l’orignal, ou le bardeau et le mulet. Le cerf-volant devint morose quand son fils aîné, l’ailé-faon, Fit ce jeu de mots original, juste et pas du tout simulé.
Maintenant que la femme est créée, il faut assurer sa maintenance. Pour qu’elle soit jeune toute l’année, il faut de l’organisation. Pour l’amour, elle est agréée ; il ne manque plus que l’intelligence Qui aurait dû être instantanée mais que Dieu a mis en option.
Mais alors là, Dieu, franchement est un vrai connard de première ! D’avoir fait Ève intelligente … mais après des millions d’années ! Du premier coup assurément elle aurait branché la lumière Et pour la pomme qui serpente, c’est Adam qu’elle aurait damné !
Le Roi n’est plus ce qu’il était ; ce matin il a pris un bateau, Celui qui sillonnait le ciel tous les jours sur son char doré. On l’a même aperçu cet été, se prendre carrément un râteau Avec l’étoile artificielle des feux d’artifices en Corée.
Si vous aimez prendre racine, optez pour la mode de saison Qui vous fera passer l’hiver fort dépourvue mais fort menue. Après une bise assassine, vous perdrez plus que de raison, On lira dans les faits divers : « Encore un pigeon au menu ! »
Celles qui ont traversé l’hiver, celles qui n’ont pas froid aux yeux, Laissez tomber les vêtements puisque la nature vous affine. Optez pour un style pervers, uniquement du prestigieux ! Sur les seins un piercing diamant et un masque de perles fines.
Sur mer, franchir le mur du son paraît chose irréalisable. Même en faisant des pirouettes, vous risquez de perdre du temps. Or, si le temps n’est pas très sûr, enfilez votre imperméable. Avec les bras en girouette, je vous l’assure, ça vous détend.
Le mur du son ? Mon pauvre ami ! Si vous croyez ce qu’on vous dit, Vous l’avez franchi plusieurs fois, celui avec une cédille. Essayez sur le tatami, tout nu avec des bigoudis, Et répétez à vive voix : « Kelnig Osch Sui ! » à l’écoutille.
Au club, on manque de pigeon, c’est pourquoi on les initie. On leur fait croire qu’ils sont élus mais vont passer sous le bandeau. Puis, on leur passe un badigeon ; on dit qu’ils en bénéficient. Et une fois qu’ils sont dévolus, on les transforme en fricandeau.
Pour assurer la traversée, faites passer d’abord l’éléphant. S’il y en a deux, mettez-en un à l’avant et l’autre à l’arrière. Pour éviter de renverser les passagers et les enfants, Jetez-en deux, jetez-en un et criez : « Silence, là derrière ! »
À l’arrivée, sans garantie, retournez cherchez les enfants. Vous avez oublié la bouée ? Vérifiez leur assurance. Si vous les en avez nantis, vous pouvez rentrer triomphant. Demain si vous voulez rejouer, nous le ferons en récurrence.
Ce soir j’attends ma minette, j’ai apporté du vin blanc ; Je j’attends comme toutes les semaines, c’est pour ce soir évidemment. Ce soir je guette sa binette, nous ne ferons pas de faux-semblants Elle sera bonne comme la romaine et moi, bien sûr, son amant.
Entre chats, les histoires d’amour fonctionnent toujours du premier coup. Le soir j’attends ma minette et la nuit tous les chats sont gris. Je fis toujours avec humour qu’il faut se faire à tous les goûts On les passe à la moulinette ; on change quand elles sont rabougries.
Femme de Patch, femme de Work, la femme est au meilleur format : Femme ouvrière, femme soumise, à sa famille se résigna ; Femme de carrière à New-York, à tous les styles se conforma ; Femme éternelle toujours exquise, belle dans son semi-comma.
J’aurais voulu un soleil vert, la lune bleue sous un ciel orange. J’en ai rêvé, Dieu l’a raté alors je l’ai bâti moi-même. Pour le soleil, j’ai lu Prévert et pour le ciel, Pierre Morhange ; Et tout le reste, je l’ai gratté dans les vieux châteaux de Bohème.
L’homme ne vivra pas seulement de pain mais de laine de ses moutons. Il en tricotera des routes et jusqu’au sièges des voitures. Pour les avions évidemment il faudra rajouter des boutons Et pour casser, sur Mars, la croûte, il servira de nourriture.
Il était doux, un peu rêveur, la tête un peu dans les étoiles Dont les cheveux coiffés en brosse semblaient capter d’autres planètes. Il travaillait comme serveur ou moniteur de planche à voile ; Je crois qu’il s’appelait Éros et puis, sa copine Antoinette.
Elle aussi rêvait des étoiles et même d’une en particulier ; Andromède ou bien Bételgeuse, je les confondais tout le temps. Elle se mettait parfois à poil et levait deux bras singuliers Pour saluer l’avantageuse constellation du Léviathan.
Que restera-t-il de l’été lorsque l’automne reviendra ? Quelques souvenirs effeuillés ou un album plein d’émotions Que je n’aurai qu’à feuilleter quand un détail me retiendra ; Une petite chatte endeuillée ou un matou en adoption.
Je reviendrai au fil des jours en relisant mon almanach Où j’annote chaque événement que mon cœur a pu retenir. J’y reverrai chaque séjour, chaque fragrance qui émana Du bouquet de déchaînements que la vie laisse en souvenir.
Tout vient à point finalement à tous ceux qui savent attendre, Ceux qui arrivent point par point au bout de dix ans de patience À parvenir au firmament de l’expression la plus tendre Et la plus expressive de loin du génie de leurs expériences.
Je lègue tout à mon minet ; le destin de l’humanité Et surtout celui de la Terre que nous, égoïstes, ont détruite. Une fois l’homme éliminé, une nouvelle animalité Régnera en chats solidaires des souris, oiseaux et des truites.
Même en plein milieu de mes rêves, je continue à pédaler Pour s’attraper à l’épuisette quelques idées à conserver. Je les collectionne sans trêve en prenant soin de les étaler Sur l’écran noir de ma nuisette que j’ai omis de préserver.
Alors j’écris sur mes seins nus à l’encre noire de la nuit Les papillons proses et vers que j’ai recueillis au filet. Mais que sont-ils donc devenus à l’aube, quand le soleil luit ? Je me retrouve nue comme un ver et ma mémoire s’est défilée.
Tableau d’Oleg Tchoubakov sur http:ecgallery.comexclusive-artistshomeoleg-tchoubakov .
Dans mes nuits blanches, en roue libre, où je pédale dans l’absurde, J’essaie de noter l’inconnu des mes chemins vers l’impossible. Au matin, le déséquilibre de ma mémoire se masturbe Avec des mots non reconnus par mon œil ouvert impassible.
Je trouve des extraterrestres qui auraient volé la Joconde En s’enfuyant en pédalo dans une forêt de bohème. Très rarement un mot s’orchestre avec une rime vagabonde Et, sans que je sois mégalo, me permet d’en faire un poème.
Tableau d’Oleg Tchoubakov sur http:ecgallery.comexclusive-artistshomeoleg-tchoubakov .
Char à voile, char à vapeur et pourquoi pas char à cheval ? Je sais, c’est déjà inventé mais moi, il me tire à vélo. Au triple galop, il m’a pas peur d’être le clou du festival Des fous de la roue indentée pour un équestre méli-mélo.
Plus besoin d’actionner le timbre avec le boucan déchaîné ; Les gens se jettent dans le fossé s’ils n’ont pas peur d’être piétinés. Chose qui nous permet d’atteindre dans un fou fondu-enchaîné Une vitesse sur la chaussée qui devrait nous ratatiner.
Je te goûterai la tête lorsque tu feras la sieste, Je te goûterai le cœur d’un sommeil réparateur. Pour donner un air de fête, permets que je manifeste Mes envies de mastiqueur en te léchant en hauteur.
Tableau « La cama inglesa » de Guillermo Lorca García H.
Quand elle ne roule pas, elle rêve assise sur sa balançoire. Elle poursuit dans ses pensées les routes qui l’attendent demain. Cet engrenage qui l’a crève à petit feu reste accessoire Car ses neurones ont dépensé tous ses soucis sur les chemins.
Rouler, c’est comme l’Amérique, comme le rêve américain. On roule de plus en plus loin, on roule de plus en plus vite. Rouler dans le monde féérique des rallies panaméricains Parus-Dakar, tout le tsoin-tsoin où les fous du guidon l’évitent.
La trottinette également possède un goût de paradis Qui fait frémir, cheveux au vent, l’exaltation de la vitesse. Modèle Suisse ou Allemand, on en trouve pour pas un radis Abandonnée le plus souvent quand on a cuvé son ivresse.
Comme un chien avant les vacances, on l’abandonne sur un trottoir, Près des poubelles, la roue cassée ou le guidon tout déglingué. Quand même ! Quelle extravagance ! Pour notre époque, il est notoire Que tout ce qui est dépassé finit par être valdingué.
Elle porte des ailes mécaniques toutes animées par des ressorts Et une série d’engrenages qui tictaquent comme une horloge. Elle vient de Suisse alémanique, le pays qui a connu l’essor De l’habileté chronophage de la montre qui fait son éloge.