
Je suis arrivé déjà ivre dans un cocktail existentiel
Qui m’a fait boire au biberon le lait prétendu de ma mère.
Je me suis abreuvé de livres et leurs langages exponentiels
Qui vous donnent un coup d’éperon par l’orthographe et la grammaire.
J’ai quitté les eaux de l’enfance pour les rivières de l’alcool ;
L’ivresse de l’adolescence m’a entraîné dans ses courants.
Jeune damoiseau sans défense, j’ai couru les filles qui racolent
Et m’ont livré la connaissance de tous les plaisirs concourants.
Puis la griserie du travail a succédé aux libations
D’une jeunesse destinée à ce que j’apprenne à semer.
Boire et déboires, vaille que vaille, ont marqué mes implications
Dans la famille coltinée au cours d’une vie consommée.
Aujourd’hui, mon sang a mûri et j’en distille l’expérience
Comme un bon vin millésimé qui vieillira en s’affinant.
Je louvoie entre pénurie, rationnement et luxuriance
Mais l’esprit toujours animé des rêves les plus fascinants.
Demain, sans doute au goutte-à-goutte, je sécréterai le meilleur,
Le suc essentiel de moi-même maturé d’arômes divins.
Toujours je resterai à l’écoute de l’ange-gardien conseilleur
Qui me conduit vers ceux qui m’aiment et savent apprécier mon vin.
Tableau de Fabienne Barbier
Laisser un commentaire