
Ma fleur la plus intense, je l’ai cueillie très tôt.
Précocement, sans doute, mais c’était mon chemin !
Je la conserve encore posée sur mes tréteaux,
Elle m’épie tandis que je rime ce parchemin.
Elle est la fleur maîtresse de toute ma vie,
Elle fut la première, elle sera la dernière.
J’ai pu jeter souvent bien d’autres fleurs flétries,
Mais celle-ci, immortelle, sera ma douairière.
À trois ans, un vieillard a loué ma jeunesse.
Il m’a aussi livré ce franc enseignement :
Tu vieillis peu à peu jusqu’à ton temps d’ainesse
Et tu mourras un jour irrémédiablement.
Cette fleur, je l’avoue, a été mon moteur.
Je n’ai pas toutefois méprisé sa valeur.
Au contraire elle m’a fait prendre de la hauteur
Et n’est pas cependant une fleur de malheur.
Fleur de mort, fleur de vie, toi, l’ultime passage,
Je te sais magnanime et tu n’es pas cruelle !
Tu m’as fait parcourir le voyage du sage ;
Tu m’accompagneras vers la vie éternelle !
Tableau de Fabienne Barbier
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