
Aïe, la sirène est amoureuse alors qu’elle devait rester neutre
Sans laisser voir ses sentiments qui déclenchent d’étranges phénomènes ;
Dans une pose langoureuse, d’abord ses ouïes se calfeutrent,
Puis sa queue se fend lentement en deux jolies jambes humaines.
Car pour aimer, elle devient femme faute de harpie dévoreuse
Quand le marin, beau comme un dieu, cause l’ouverture du cœur.
Elle quitte sa nature infâme pour une silhouette désireuse
De plaire à l’amant insidieux qui saura être son vainqueur.
Dans le chant de la pleine Lune, elle aiguise l’appât des tétons
Qui dardent un regard incendiaire, un sourire en éclats de dents.
Prête à croquer la bonne fortune de la chair d’un marin breton
Charmé par l’allure minaudière qui lui fait du rentre-dedans.
Sur son embarcation normande, elle se glisse, furtive et brûlante ;
Son regard de braise captive l’âme du marin de contrebande.
Au goût exhalé de Guérande, elle mêle sa langue virulente,
Puis croque la chair attractive de l’organe mâle qui bande.
Mais hélas, contre toute ardeur, une mouette rieuse s’invite,
Tranchant la queue d’un coup de bec devant la sirène interdite.
Le maudit oiseau chapardeur alors à tire-d’aile évite
La gastronome qui, aussi-sec, ne mangera pas à l’heure dite.
Illustrations de Milo Manara.
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