Petite sirène, mon amour !

Petite sirène, mon amour !

La suite serait délectable à raconter mais la censure
M’oblige à taire les moments trop intimes avec ma sirène.
Pourtant il serait regrettable de taire comment nos cœurs conçurent
Leurs amours tout en slalomant, moi mon corps, elle sa queue de reine.

La question du sexe des anges ne se pose pas pour la sirène ;
Sa queue s’entrouvre et puis s’adapte à la mienne tout simplement.
Dans l’eau, c’est un drôle de mélange ; elle colle sa bouche sereine
Sur la mienne et ainsi je capte un souffle amer mais amplement.

Le Kâmasûtra sous les eaux vaut mille fois celui sur Terre
Et les positions aquatiques se révèlent plus audacieuses.
Sans doute seulement les oiseaux connaissent ce coït salutaire
Dans l’atmosphère fantasmatique aux voluptés si délicieuses !

Nos corps glissaient dans l’eau profonde en un ballet d’ombres jumelles,
Épousant l’onde et ses secrets dans un vertige originel.
Quand vint l’instant où nos deux mondes se fondirent en une étincelle,
Je crus saisir l’instant sacré dans son regard incriminel.

Mais l’extase avait un prix sombre, un pacte aux clauses irréelles,
Dans ses étreintes sempiternelles, mon souffle en vain chercha le sien.
Quand je voulus fuir vers les ombres, sa bouche se fit plus cruelle
Et j’eus l’épectase éternelle aux tréfonds des abymes anciens.

Illustration de Nicole Claveloux.

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