
Ma grand-mère, célèbre sorcière, m’a toujours tu la vérité ;
« Tu comprendras tout ça plus tard ! » voilà tout ce qu’elle avait à dire.
Toute petite, vieille mais fière, forte de sa témérité ;
« Si t’es pas sage, le père Fouettard ! » voilà ses mots pour me maudire.
Toujours malade, hypocondriaque mais elle ne mourrait jamais ;
Elle avait traversé deux guerres, peut-être trois, on ne sait jamais ;
Elle logeait dans un paradisiaque gourbi, rue Émile Jamet ;
Mon grand-père y était mort naguère pourtant, on n’en parlait jamais.
Jamais ne faisait de sourire, sa bouche en était déformée ;
Jamais d’argent en tirelire, le porte-monnaie restait fermé ;
Dans la vie, elle avait vu le pire, le meilleur s’était refermé ;
Jamais n’était prête à en rire et tout sentait le renfermé.
Tableau de Sophia Shiloh.
Laisser un commentaire