
Vêtue d’une robe légère, elle va là où il y a du réseau
Mais son forfait illimité la restreint jusqu’à la frontière.
Au-delà les prix exagèrent et ils coûtent la peau des os ;
L’itinérance est limitée à des données primesautières.
La communication se fait le nez fixé sur son écran,
La nuque presque à angle droit et le dos voûté comme un arc.
On ne parle que de son forfait mais pas aux gens qui sont à cran
D’écouter dans tous les endroits comment chacun mène sa barque.
Subitement l’homme devient sourd et se met à parler plus fort
Aussitôt que son téléphone vient se coller à son oreille.
Les propos sont plus ou moins lourds mais tout le monde sans effort
Souhaiterait qu’il devienne aphone ou qu’il avale son appareil.
Et quand le vent lui souffle à cran tant qu’elle pourrait lever les yeux,
Voir le monde sans notifications ni vibrations intermittentes,
Elle hésite, comme si l’écran tenait son cœur au cœur du nœud,
Prisonnière d’une invocation qui fait d’elle une dilettante.
Tableau de Jean Ruiz.
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