
J’ai rencontré une sirène de l’autre côté du miroir
Sous l’onde calme où se devine un chant noyé de transparence.
J’allais sur ma vieille carène poursuivre les reflets ivoires
D’un lever de Lune rubine troublante dans son apparence.
Elle était là sur son rocher, au beau milieu du labyrinthe
Et m’a promis de me guider vers l’issue en toute confiance.
Je me suis alors approché, ne manifestant nulle crainte ;
Son petit air intimidé a brisé toute méfiance.
Elle a fait tant de faux détours pour retrouver le bon chemin
Que j’en ai eu tant le tournis que de peur je l’ai semoncée.
J’ai lu un chagrin sans retour dans ses yeux implorant ma main
Pour me donner l’aide fournie et nous permettre d’avancer.
Mais ses erreurs, ses pas tremblants, m’ont fait douter de son savoir
Je crus la perdre et j’ai crié avec des élans de colère.
Voyant son regard si troublant, j’ai voulu montrer par devoir
Une clémence appropriée pour sortir de cette galère.
Et je suis tombé dans son piège en m’apitoyant sur son sort
Ce fragile gage d’amitié s’est transformé en crèvecœur.
Et vaincu par ses sortilèges a surgi, en dernier ressort
Dans le miroir, l’inimitié d’une sirène dévorant mon cœur.
Illustration de Milo Manara.
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