Les gorges rouges

La conversation devient chaude et tourne en rond, décervelée,
À répéter les mêmes choses tout en restant persuadée.
Par cette obsession je m’échaude, je sens ma chaleur s’élever
Et l’espoir se métamorphose en un désir dissuadé.

Est-ce trop demander, ma sœur, faire que vos oiseaux de malheur
Arrêtent de faire des discours qui ne sont que des codes rouges ?
Je voudrais me faire chasseur, traquer ces propos sans valeur
Qui tournent, tournent et tournent court, et tirer sur tout ce qui bouge.

Hélas l’homme n’est qu’une machine, une intelligence factuelle
Qui parle comme un perroquet, un rossignol qui se répète.
J’essaie d’entendre mais je m’échine à ouïr ces piques rituelles
Telles la boule du bilboquet qui me cogne surtout à la tête.

J’voudrais fermer les écoutilles, éteindre ces voix automatiques,
Me faire loup dans les broussailles, prêt à bondir sur le système.
Mais même au fond de ma coquille, j’entends l’écho systématique
Qui souhaiterait que je m’en aille loin de ce monde d’anathèmes.

Je laisse ce monde mourir sous un tombeau de belles phrases…
Dieu ! Je te prie, si tu existes, de m’enlever mon libre arbitre ;
M’ôter le corps et encourir l’arrêt complet de chaque phase,
Jusqu’à l’atome fantaisiste qui t’a donné voix au chapitre !

Tableaux de Denis Bogapin.

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