La sirène sans rivage

Je ne suis plus de l’eau, ni du sel, ni du ciel,
Je suis l’onde sans bord, la mer sans arc-en-ciel.
Ma queue n’est que d’airain, mes seins ne sont que brume,
Et je me désincarne au rythme de l’écume.

Je n’ai plus de rocher, plus de chant pour t’attendre,
Je suis ce qui t’efface en te laissant te fendre.
Je ne dis plus ton nom, je ne tends plus les bras :
Je m’ouvre sans pourquoi, sans besoin, sans émoi.

Tu peux glisser en moi, mais tu n’y prends personne ;
Je suis vide et féconde, et la vague te sonne.
Tu crois me posséder ? Tu deviens mon reflet,
Un silence en fusion dans mon sexe parfait.

Je suis la fin des jeux, la fin de la prière,
Ni muse, ni putain, ni mémoire, ni lumière.
Je suis l’après-sirène, l’oubli, le grand passage…
Et toi, si tu me suis, tu y meurs sans naufrage.

Tableaux de Barbara Yochum.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *