La soupe du progrès

Ils touillent la soupe du savoir	dans des cornues multicolores,
Le cerveau fait de trous de ver et la conscience à rayons X.
Chaque pensée devient devoir, chaque erreur, un déclic sonore ;
Ils modélisent l’univers mais en ont perdu la notice.

Leurs cravates rayées d’orgueil tremblent au-dessus des éprouvettes
Et pendant qu’ils filtrent l’ivraie, leur thé s’évapore dans un coin.
Ils fabriquent des enfants-cercueils, âmes clonées dans des pipettes,
Mais confondent encore le vrai, le beau, le bon, en contrepoint.

L’homme moderne a la migraine d’idées qu’il appelle « délices »
Et dans son crâne en hypercube s’entrechoquent des vérités.
À force d’en prendre de la graine, il voit en double et triple hélice,
Il s’est reçu un pied au cube pour breveter l’obscurité.

Et pendant qu’il mixe l’éthique dans un shaker d’alcool quantique,
Qu’il transforme en chants allemands dédiés à des amours abstruses.
Un petit rire biochimique fuse au fond du tube symbolique :
« Et si le progrès, finalement n’était rien d’autre qu’une ruse ? »

Illustrations de Laureline Lechat.

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