La sirène enceinte

La sirène enceinte

La sirène ne pond qu’un seul œuf qu’elle enfante à même son ventre
Qui diffuse entre ses écailles une coquille phosphorescente.
Ensemencée au gui l’an neuf, elle reste neuf mois dans son antre
Pour aménager son bercail aux dernières nouvelles récentes.

Mais gare au plongeur imprudent qui s’aventurerait là-bas !
Le père Triton monte la garde envers toute faune importune.
Et gare au chasseur, préludant à un sérieux coup de tabac,
Qui affrontera, la mine hagarde, un coup du trident de Neptune !

Quand les premières contractions se font sentir début octobre,
Sages-sirènes obstétriciennes l’assisteront jusqu’à la ponte.
Dans une grande décontraction – car les sirènes restent sobres –
Heureuse dans les eaux cliniciennes, comme un poisson au bout du compte.

« Il est sorti sans dire un mot, porté par l’onde et la lumière,
Mais dans un creux de son silence, j’ai reconnu ce cœur battant.
Ses sens infinitésimaux s’éveillent et je suis la première
À ouïr par ma vigilance son cri dans un calme patent. »

Tableau de Luke Fitzsimons.

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