La veuve du scaphandrier – 2

La veuve du scaphandrier - 2

La veuve du scaphandrier partait quelques fois en vacances
En emportant l’équipement, aide-mémoire indispensable.
Et selon le calendrier, elle visitait en conséquence
Ses pires pierres d’achoppement : les immenses plages de sable.

À la pension « Les tamarins », elle a réservé une chambre
Avec salle-de-bains-de-mer et sa baignoire océanique.
Trois gouttes d’essence de romarin, un dé à coudre de gingembre
Et voici les rêves outremer peuplés de vaisseaux tétaniques.

Le mari revient quelquefois réincarné dans son scaphandre ;
La veuve se donne au fantôme qui reprend goût à l’aventure.
Leurs amours durent toutefois le temps nécessaire à pourfendre
La femme qui savoure le symptôme de la mort en villégiature.

Son pèlerinage achevé, elle revient à l’aquarium
Troublée, le cœur un peu défait de se croire parti en quenouille.
Mais le rituel parachevé lui accorde un tel impérium
Qu’elle en reçoit comme bienfait de se sentir femme-grenouille.

Tableau anonyme extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

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