

« Morue à la fraise des rois » parait avant tout indigeste
Mais il me faut vous raconter ses origines outremer.
C’est un prince à l’esprit étroit qui, voulant écrire sa geste,
Courut le monde pour affronter chimères et serpents de mer.
Goûtant aux plaisirs raffinés d’une croisière encanaillée
Par des favorites en herbe un peu nubiles mais comestibles,
Le prince, la gueule enfarinée avec la fraise dépenaillée,
Entendit sortant des ténèbres un joli chant irrésistible.
Alors le capitaine en rut dirigea tout droit son navire
Tandis que les filles affolées prenaient canots de sauvetage.
Mais alors que filent ses putes à l’anglaise, son esprit chavire
Et tombe dans les flageolets, le vin, les fraises et le potage.
Alors la sirène goûta son marin à toutes les sauces.
Aux haricots, elle préféra la saveur sucrée douce-amère.
Quant aux morues qu’elle envoûta pour escamoter plaies et bosses,
Elles retournèrent à l’émirat sangloter auprès de leurs mères.
Tableaux de Maria Helena Brzozowska
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