Le roi des champs et le roi des villes

Le roi des champs avait coutume de visiter le roi des villes
Et lui apporter ses légumes du jardin cueillis au matin.
Il revêtait son beau costume – celui de facture servile –
Et rentrait non sans amertume dans son domaine palatin.

Quand venait la morte saison, il subsistait de ses réserves
Et souvent allait quémander pour vivre des allocations.
Mais comme le cœur et la raison ne naviguent pas de conserve,
Il n’avait qu’à recommander son âme à la fée des rations.

Le roi des villes était maniaque – c’était là son moindre défaut –
Et méprisait les fruits grossiers et les patates pleines de terre.
Il brûlait, étant insomniaque, au tarif de nuit son chauffe-eau
Pour un nettoyage outrancier de ce qui gâchait son parterre.

Quand venait la belle saison, il rassemblait tous les royaumes
Des petits roitelets des champs pour faire baisser les enchères.
Mon histoire, sans comparaison, ne fait que démontrer l’axiome
Qu’il vaut mieux être un bon marchand qu’une victime de la vie chère.

Tableaux de Jonas Burgert sur http:improvvisazionipoetiche.blogspot.com201703la-linea-di-piombo-jonas-burgert-al.html .

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