La sirène des calanques

La sirène des calanques

Elle bronzait nue, là dans les calanques.
Elle offrait son corps aux yeux des passants.
Moi qui traversais, coupant la salanque,
J’avais le regard fort embarrassant.

Ses bras écartés, posés sous la nuque
Tendaient sa poitrine aux rayons cuivrés.
Moi qui suis normal, pas même eunuque,
Mon cœur battait fort jusqu’à m’enivrer.

Elle était sans voix, la belle sirène,
Pour ce rendez-vous, elle avait troqué
Sa queue de poisson avec sa marraine
Contre sa parole qui restait bloquée.

Pas une parole ne sortait de sa bouche.
Ni des mots d’amour, ni des mots sucrés.
Je n’ai pas compris si j’avais la touche ;
Notre liaison était échancrée.

J’ai pris une plume pour écrire alors
Quelques mots d’amour sur son joli corps.
Elle a répondu brandissant mon sexe
Pour tracer sur moi le texte réflexe.

Pour communiquer nous utilisons
Ma plus grosse plume et son encrier.
Chacun à son tour, face à l’horizon,
Faisons couler l’encre jusqu’à en crier !

Elle a tant bramé qu’elle a retrouvé
Sa voix et le charme s’est évaporé.
Ondulant sa queue sans désapprouver
Elle s’est enfuie, là, toute éplorée.

Si à votre tour, vous la rencontrez,
Nue et allongée dans une calanque,
Pour rompre le charme et pour le contrer,
Je n’ai pas d’idées et je suis en manque…

Tableau de Fabienne Barbier

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