Catégorie : Sirènes

  • Jumping Fish

    Jumping Fish

    Tout l’ monde l’appelle « Jumping Fish », prince des mers et océans
    Qu’il traverse en poisson volant avec les oiseaux migrateurs.
    Les bateaux, il s’en contrefiche avec leurs moteurs malséants
    Qu’il dépasse en batifolant à la stupeur des navigateurs.

    Cent fois il a failli mourir dans des tempêtes délétères
    Mais il revient en slalomant entre les vagues agitées.
    Cent fois on l’a vu parcourir le tour du monde en solitaire
    Et puis disparaître au moment où l’on veut le féliciter.

    Jumping Fish n’est plus revenu ; personne ne sait s’il est mort.
    Peut-être a-t-il trouvé l’amour… enfin, rien ne le contredit.
    Mais alors qu’est donc devenu ce cavalier blond matamore
    Qui chevauchait avec humour un poisson nommé « Vendredi » ?

    Tableau d’Owen William Weber.

  • Poisson confort

    Poisson confort

    Fausse sirène, fausse baleine mais qui s’enfuit à perdre haleine,
    Elle chevauche les poissons ma foi, d’une drôle de façon.
    Le croiriez-vous ? Son popotin perche trois oiseaux diablotins
    Car sa monture batifolant n’est autre qu’un poisson-volant.

    Alors elle surfe sur les vagues tandis que les trois piafs divaguent
    En se racontant les potins et bien sûr les plus cabotins.
    Elle, de peur qu’elle ne s’affaisse, les mains bien calées sur les fesses
    Et la poitrine bien collée, elle se plaît à caracoler.

    Apprenez qu’un poisson commode est le véhicule à la mode,
    Écologique et naturel et dans ce cas, conjoncturel.
    Mais la sirène, même fausse, s’en moque bien, elle se gausse ;
    Elle, partisane du moindre effort, ne voit que son petit confort.

    Tableau de Lisa G. sur http:www.kathievezzani.comblogi-adore-lisa-g .

  • La sirène en mission

    La sirène en mission

    Mission spéciale pour la sirène : elle s’adonne à la pêche au gros.
    D’abord elle nage entre deux eaux, là où les eaux sont peu profondes,
    Ensuite, d’une nage plus sereine, elle suit le sillage des cargos
    Tout à l’écoute des zozos à l’insupportable faconde.

    Une fois assimilé leurs langues, elle chante son premier envoi
    En mêlant les plus jolis mots et surtout les plus beaux fantasmes
    Qu’elle a surpris quand se haranguent les matelots à grosse voix
    Déblatérant comme des chameaux avec railleries et sarcasmes.

    La suite serait délectable mais j’ai peur de vos haut-le-cœur
    Quand le marin, l’eau à la bouche, subit un coup de grâce violent.
    Partout les plaisirs de la table satisfont le bon mastiqueur ;
    Qu’est-ce que l’homme est bon sur la couche, mangé tout cru, sanguinolent !

    Illustration Yuehui Tang sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160612yuehui-tang .

  • Entre sirènes

    Entre sirènes

    Entre sirènes on s’entend bien cependant on ne mange rien ;
    Il faut mettre l’homme à la bouche pour satisfaire l’appétit.
    Et elles en consomment, Ô combien ! Marins, aviateurs ou terriens ;
    Tous ceux qui tombent sur leurs couches numérotent leurs abatis.

    Entre sirènes on se comprend, on met au point des stratagèmes
    Pour attirer et capturer tout ce qui passe à leur portée.
    Chacune, isolée, entreprend un joli chant qui dit « je t’aime »
    Comme un filet ligaturé que les vagues vont transporter.

    Entre sirènes, on se soutient, on s’épaule, on se serre les coudes
    Pour rapporter à la maison toute une pêche miraculeuse.
    Entre sirènes, on s’entretient et les amitiés se ressoudent
    Au cours du festin de saison après leurs amours crapuleuses.

    Illustration Yuehui Tang sur https:aphrodisiacart01.wordpress.com20160612yuehui-tang .

  • En queue de Lune à la passion

    En queue de Lune à la passion

    Lundi avait bien commencé et la semaine s’écoulait
    Puis vendredi, sans queue ni tête sous la folie de la passion.
    Leur Lune de miel, bien romancée, les deux amoureux roucoulaient
    Et subitement, tout s’arrête et finit en queue de poisson.

    La sirène n’aime qu’une semaine ; le lundi elle pêche aux appas
    Elle ferre un marin, quelle aubaine ! Ils font l’amour, qu’est-ce que c’est bon !
    Comme elle préfère la chair humaine bien attendrie pour son repas
    Elle lui masse la bedaine et lui caresse le jambon.

    Et Vendredi, le vent en poupe, le marin connaît l’épectase ;
    Après toute une nuit d’orgasmes, il subit la petite mort.
    La sirène alors le découpe et ardemment tombe en extase
    En se cuisinant son fantasme : noix d’homme des Côtes-d’Armor.

    Tableau de David Delamare.

  • Poissonnes polissonnes

    Poissonnes polissonnes

    Quelques sirènes polissonnes – créatures à têtes poissonnes –
    Hantent le courant des rivières pour y placer leur souricière ;
    Elles traquent le marin d’eau douce ou éventuellement le mousse
    En agitant leur périnée au rythme des seins animés.

    Comme elles ont perdu la voix, elles leur font des gestes grivois.
    Les matelots, ces imbéciles, se laissent faire, tous dociles
    Et sur le malheureux noyé, elles font mine de s’apitoyer
    Mais la faim prenant le dessus, l’appétit n’en est point déçu.

    Chose curieuse, une remarque, elles s’entourent de monarques ;
    Ces papillons couleur orange pour une raison, ma foi, étrange.
    Sans doute pour attirer l’homme qui verrait un joli symptôme
    À suivre les ailes décorées pour mieux se faire dévorer.

    Tableau de Hannah Faith Yata sur https:hannahyata.com .

  • Baiser mortel

    Baiser mortel

    Rechercher la petite mort en pratiquant l’amour intense
    C’est chercher sa raison de vivre dans le plus profond de l’extase.
    Il existe des matamores prêts à prouver leurs compétences
    Et encrer leurs noms dans les livres qui se rapportent à l’épectase.

    Suivez le conseil des pêcheurs qui comptent un grand nombre de bravaches
    Qui échangent leurs vies à Neptune pour une vierge crapuleuse.
    Certains ne sont que des tricheurs qui quittent le plancher des vaches
    Et courent la bonne fortune pour une pêche miraculeuse.

    Dès le premier baiser mortel, il est ferré, le mâle est pris !
    Le venin de concupiscence le contamine de fantasmes.
    Le cœur s’emballe et le martèle, puis le cerveau du malappris
    Connaît l’ultime sublimissence de subir la mort par l’orgasme.

    Tableau de Gustav Wertheimer.

  • Les Gaïaelles

    Vénus n’a pas son vendredi dans la semaine germanique
    Mais Freya, déesse de l’amour et Frigg, déesse du mariage,
    Dont la parité contredit que les femmes sont plus dynamiques
    Et qu’il fallut qu’il y eût un jour pour sacrer leur appariage.

    Car l’une est reine des forêts tandis que l’autre règne en mer
    Et, selon l’antique coutume, vous ne les verrez jamais ensemble.
    Sauf pour les marins décorés lors d’une bataille éphémère
    Qui ont su, à titre posthume, en découvrir le contre-exemple.

    (Tableaux de Tomasz Alen Kopera sur https:aphrodisiacart.tumblr.compost185847459108tomasz-alen-kopera .
    Les descendants de Gaïa sont très nombreux. Sa descendance compte des divinités primordiales, des Titans, des Géants, des divinités marines et agrestes, des divinités mineures, diverses créatures (monstres et animaux), des rois et des peuples.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • J’en parle à mes poissons

    J’en parle à mes poissons

    Quand le monde ne tourne pas rond, j’en parle à mes poissons dorés
    Qui écoutent tous mes déboires sans faire le moindre contredit.
    Quand mon cœur se fait du mouron d’avoir aimé, trop adoré,
    Je plonge une tête pour boire leur suggestion du vendredi.

    Selon le goût de l’eau d’ici, j’oublie mes peines et mes remords ;
    Selon le goût de l’eau de là, j’y dilue tous mes souvenirs.
    Quand mes poissons sont indécis, l’attrait de l’eau me paraît mort
    Et lorsqu’ils sont sûrs, tralala, sa saveur vient me soutenir.

    Tableau de Moony Khoa Le alias Moonywolf sur http:sweetdreamsart.centerblog.netrub-moony-khoa-le-also-known-as-moonywolf–2.html .

  • Mariage heureux ?

    Que de souvenirs au galop dans ma jeunesse cavalière
    Où je poursuivais les chimères sur une monture un peu revêche !
    Heureux comme un poisson dans l’eau dans les eaux chaudes coralliaires,
    Avec mon compagnon des mers nous vivions d’amour et d’eau fraîche.

    Nous avons eu beaucoup d’enfants dont une sirène authentique
    Et des alevins en essaim qui virevoltent et m’exaspèrent,
    Nés d’un voyage ébouriffant à travers l’océan Atlantique.
    Quant à ma fille, elle a mes seins et la belle queue de son père.

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • La mort du poisson

    La mort du poisson

    Le dernier poisson s’est éteint dans sa réserve lagunaire ;
    Il devenait neurasthénique depuis la pollution des mers.
    Ses belles écailles avaient déteint et ses orbites lacunaires
    Ne voyaient qu’une eau agonique salée de souvenirs amers.

    Son espèce avait disparu depuis longtemps du biotope
    Où la biodiversité lui offrait un idéalisme.
    Les premiers symptômes apparus étaient visibles au périscope
    Des sous-marins sollicités pour étudier le cataclysme.

    Mort d’avoir été trop pêché, mort d’avoir ses eaux polluées,
    Mort d’avoir été massacré par l’industrie alimentaire.
    On avait pourtant dépêché une mission pour évaluer
    Un sauvetage consacré à sa sauvegarde règlementaire.

    Mais hélas, il était tout seul et s’ennuyait dans sa lagune
    En regrettant son océan et ses richesses biologiques.
    Adieu poisson, dans ton linceul tu laisses une grande lacune
    Et je pleure sur mon séant à ta mémoire ichtyologique.

    Tableau d’Erin McManness.

  • Vénus in the Sky with Butterflies

    Vénus in the Sky with Butterflies

    Dire qu’à l’âge de soixante-quatre ans, je n’ai toujours pas vu Vénus
    Dans le ciel avec ses papillons qui lui butinent sa beauté.
    Je les imagine folâtrant leur déesse de tout leur tonus
    Et semer vents et tourbillons aux terres de l’autre côté.

    Mais comme nous sommes vendredi, je me contenterai d’une sirène
    Sortant nue de son pavillon, accrochée à un bout de ciel.
    Et si Vénus me contredit, je lui dirai « Reste sereine
    Car j’ai gardé les papillons qui sont, à mon rêve, essentiels ! »

    Ainsi de suite, chaque nuit, je rêverai de papillons
    Et chaque jour de la semaine, j’écrirai des vers langoureux.
    Si d’aventure Vénus s’ennuie de moi pendant mon roupillon,
    Elle pourra se montrer humaine envers son poète amoureux.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Moi, sur ma maison vide

    Moi, sur ma maison vide

    Finalement, après la vie, après la mer, ma vie en l’air,
    La mort sera la solution pour évoluer autrement.
    Trop vite signé le devis d’une existence titulaire,
    J’ai obtenu l’absolution sans l’avoir payée outrément.

    Assise sur ma maison vide, bientôt vous ne me verrez plus ;
    Embarquée pour le grand voyage, attirée par ma destinée.
    N’ayez pas peur ; je suis avide d’oublier ce qui m’a déplu
    Et là, j’attends le nettoyage de mon âme indéterminée.

    Avant-hier, cette âme sirène, hier n’étant plus qu’une humaine,
    Aujourd’hui n’est plus que poussière dans l’océan du walhalla.
    Demain sans doute enfin sereine dans l’énergie mégalumen
    À la vitesse de la lumière dans les étoiles et au-delà.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Une pensée pour la sirène

    Une pensée pour la sirène

    Quand une idée monte du cœur, légère comme un phylactère,
    Une méduse s’en empare pour la diffuser en surface.
    S’il passe alors en remorqueur un marin de bon caractère,
    L’insolite envie l’accapare de faire sous le vent volte-face.

    La cnidaire alors l’envenime de la pensée empoisonnée,
    Et la sirène le capture pour l’entrainer au plus profond.
    Elle peut se montrer magnanime ou, au contraire, le cloisonner
    Dans une étroite contracture où, dans la mort, il se morfond.

    Car elle lui pose une énigme à laquelle il devra répondre
    Or, s’il en trouve la solution, elle libère le pauvre type.
    En arguant le seul paradigme du sphynx qui pourrait correspondre,
    Le marin a l’absolution s’il a travaillé son œdipe.

    Tableau de Tomasz Alen Kopera.

  • Ma nature poissonnière

    Ma nature poissonnière

    Depuis quelques millions d’années, je parais sortie de la mer
    Cependant, en réalité, je vis toujours dans un bocal
    Où l’atmosphère surannée m’autorise une vie éphémère
    Dans un courant d’actualités qui empoisonnent mon local.

    Les petits poissons des rivières déjà ont presque disparu ;
    Leur âme infinitésimale flotte dans un air délétère.
    Je suis comme eux, sur la civière d’un temps qui a trop parcouru
    Et franchi la date minimale de conservation de la Terre.

    C’est ma nature poissonnière qui finit en queue de poisson ;
    La vie qui me semblait si belle forme des nœuds inextricables.
    Les générations prisonnières d’un passé chargé de poison
    Devront sans doute être rebelles envers leur sort inexplicable.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Cœur de sirène

    Cœur de sirène

    Pour le plaisir de ma sirène mais surtout aussi son confort,
    Je l’assieds en meuble de style et la couche sous un baldaquin.
    Du Louis XV pour ma reine m’a semblé meilleur réconfort
    Car sa queue se ressent hostile envers de mauvais palanquins.

    Bien installée sur le velours, son bel appendice ondulant,
    Elle aime bien porter la robe et prendre une allure de princesse.
    Quelques poissons un peu balourds jouent les pages en déambulant
    Et quand la lumière se dérobe, j’avoue, je lui pince la fesse.

    Car les sirènes n’ont qu’une fesse, rapport à leur anatomie,
    Douce et sensible à la caresse sous la légèreté du voile.
    Parfois taquin, je le confesse, je nargue son ergonomie
    Et elle lance un cri de détresse, la queue prise à rebrousse-poil.

    Tableau de Shiori Matsumoto.

  • La dauphine

    La dauphine

    Reine ou sirène des dauphins ? Je ne sais pas quel est son titre.
    Elle aurait été aperçue menant un banc de cétacés.
    Ils s’éloignaient vers les confins suivant sans doute un libre arbitre
    Qui les élevait au-dessus des quatre horizons espacés.

    Selon la voix qui se peaufine dans les vents d’azur outremer
    Et dans l’écho des coquillages qui le répètent à l’infini,
    Il semblerait que la dauphine, fille de Neptune, roi des mers,
    Reviendrait d’un très long voyage – mais… motus ! – en catimini.

    Je le sais car, le vendredi se dit « Frietag » en allemand
    Dont l’origine serait « Freya », déesse de l’amour et des arts.
    Si Vénus ne me contredit, la dauphine est également
    De la lignée qui effraya les romains de Jules César.

    Tableau d’Annie Stegg.

  • Sirènes pudibondes

    Sirènes pudibondes

    Finies les sirènes aux seins nus ; désormais elles portent tunique
    Et font des concours d’élégance à qui sera la plus glamour.
    Que sont leurs charmes devenus sans leur nudité impudique ?
    Sans doute un manque d’arrogance pour leur gros appétit d’amour…

    Si la sirène se civilise, la verrons-nous sortir de l’ombre,
    Nous montrer sa queue frétillante et cesser d’être une chimère ?
    Gageons que se décrédibilise son côté pernicieux et sombre
    Et qu’enfin son émoustillante beauté s’affiche sur les mers !

    Une sirène en soutien-gorge – avec baleines évidemment –
    Sera sûrement mieux acceptée par la censure draconienne.
    Que la science se rengorge et accueille concomitamment
    Ces créatures exceptées par la théorie darwinienne !

    Tableau de Kate Pospeshilova.

  • La sirène masquée

    La sirène masquée

    Heureuse comme un poisson dans l’eau, elle vit d’amour et d’onde fraîche ;
    D’amour, elle guette la marée ; d’effroi, elle épie le marin.
    Une fois goûté son gigolo, elle attend neuf mois dans la crèche
    Que naisse, dans les eaux chamarrées, l’enfant de père outremarin.

    Depuis deux ans, dans l’eau morose et sa fraîcheur ratatinée,
    Les marins sont hommes-grenouilles pourvus de masques à oxygène.
    Troublée, atteinte de névrose, elle se retrouve confinée
    Et peste filant sa quenouille dans les abysses coralligènes.

    Mais d’après le calendrier, comme aujourd’hui c’est vendredi,
    Elle désire, en portant un casque, leur jouer un tour à sa façon.
    Pour narguer ces scaphandriers, avec la voix du contredit,
    Elle les abuse d’un chant fantasque qui finit en queue de poisson.

    Tableau de Christian Schloe sur https:expresionconarte.comchristian-schloe .

  • Une perle pour la sirène

    Une perle pour la sirène

    À l’origine, un accident, un incident, une bêtise,
    Une poussière par hasard dans la matrice de la sirène.
    Soudain, en son sein s’oxydant, paraît la perle de convoitise
    Chef-d’œuvre digne des beaux-arts qui naît dans la petite reine.

    Ainsi de la chose étrangère qui l’a fécondée en son sein,
    Pareil à l’huître dont la nacre enrobe avec délicatesse,
    La particule passagère confectionnée en son bassin
    Devient perle rare dont le sacre honorera une princesse.

    En attendant cette promesse, elle cajole sa merveille
    En l’enveloppant de finesse d’une douceur particulière.
    Et la sirène diaconesse, sa reine-mère qui la surveille,
    Accordera à la faunesse le titre de Sainte-Perlière.

    Tableau d’Alyona Askarova.

  • Les anti-sirènes

    Les anti-sirènes

    Cette nuit, j’ai rêvé de carpes qui, à défaut de métacarpe,
    Étaient pourvues de métatarse pour jouer je n’ sais quelle farce.
    Et ces poissons en bas résille ― car je crois que c’étaient des filles ―
    Déambulaient en hauts talons à la recherche d’étalons.

    Je ne sais quel ange déchu a créé ces monstres mal fichus
    Mais ces sirènes acrobatiques ne m’ont pas paru romantiques.
    Avant que leurs jambes s’écartent, il a vite fallu que je parte
    Car sous leurs jupes ultra légères se cachait un corps de mégère.

    J’ai voulu voir sous leurs jupette et n’y ai vu que des roupettes ;
    Ce qui explique le peu de grâce de leurs cuisses et leurs fesses grasses.
    Neptune a eu pitié de moi et a mis fin à mes émois
    En déclenchant avec malice une sirène de police.

    Tableau de Julia Lillard.

  • L’heure du thé sous la mer

    L’heure du thé sous la mer

    L’heure du thé pour la sirène sonne pour le matelot hardi
    Attiré par la voix sifflante de sa bouilloire sous pression.
    Celui hélas dont la carène croise ses eaux ragaillardies,
    Périra d’une époustouflante infusion de dépossession.

    C’est vers cinq heures en mer de Chine – mais pas sur le plancher des vaches –
    Qu’elle déguste un florilège d’exceptionnels thés au jasmin.
    Le marin que rien ne rechigne, ravale son air de bravache
    Avec le dernier privilège qu’elle accorde à son genre humain.

    Le thé servi par la sirène est tellement chaud qu’il s’évapore
    En petites bulles d’oxygène si agréable à respirer !
    Pris d’une fatigue sereine, il dort tandis qu’elle lui dévore
    La peau, les os, le collagène jusqu’au dernier souffle expiré.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Les courses de la sirène

    Les courses de la sirène

    Cela m’a étonné, moi aussi, de voir monter en amazone
    Une écuyère de sirène sur un dinosaure harnaché.
    La bête semblait dégrossie à cette chevauchée interzone
    Filant de gondoles en carènes un peu comme au supermarché.

    C’est que les trésors par milliers répandus entre les épaves
    Font de jolis colifichets et accessoires de ménage !
    Et son animal familier est l’un des meilleurs rats-de-cave
    Pour repérer et dénicher les biens du plus bel apanage.

    Tableau de James Gurney.

  • La sirène s’en fout…

    La sirène s’en fout…

    L’est en avril, au fil de l’eau et en mai, la fille de l’air
    Car la sirène n’a pas d’heure, encore moins la météo.
    Le temps qui passe va à vau-l’eau, le temps qu’il fait va à l’envers
    Peu lui importe la froideur, la pluie ou les temps idéaux.

    Même l’hiver, la sirène s’en fout ; elle sait comment rompre la glace.
    Pareil les jours de canicule ; de toute façon, elle vit à poil.
    Si le Soleil devenait fou, elle prendrait la Lune à la place.
    À ceux qui la trouvent ridicule, elle leur tire les cordons du poêle.

    Tableau de Stojan Milanov.

  • La pêche au gros nuage

    Le vendredi saint a laissé quelques traces de son passage
    Comme si les cloches sonnant Pâques avaient tout l’azur moissonné ;
    Chemtrails sur le ciel rabaissé qui se transforment en nuages
    Parsemant leurs ombres opaques sur les plages empoissonnées.

    Depuis les moissonneurs chevauchent de gros poissons pour récolter
    Les gros nuages qu’ils capturent à coups de lassos répétés.
    Ils les rassemblent et puis les fauchent malgré les pêcheurs révoltés
    Car ils voient s’enfuir la friture, dans la confusion, hébétée.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Selon ce qui vole ou qui nage

    Chez Madame Vole-à-Tire-d’aile, on s’habille de courants d’air ;
    Les robes sont couleur du temps mais du beau temps, évidemment.
    Quelques nuages tout autour d’elle lui siéent d’un chapeau belvédère
    D’où les oisillons débutants s’entraînent à voler prudemment.

    Chez Madame Nage-entre-Deux-Eaux, on ne s’habille que de scaphandre ;
    Les robes sont couleur d’orage parfois décorées d’arcs-en-ciel.
    Tous les nuages forment un réseau dont le seul but est de se fendre
    Et ruisseler sur le corsage comme une pluie providentielle.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Bonjour et merci mes petits poissons !

    Telle une anémone de mer et ses poissons-clowns qui l’escortent,
    Elle est aujourd’hui à l’honneur pour rencontrer son capitaine.
    Un vieux marin, un peu amer mais à la belle voix accorte,
    Qui arrive au petit bonheur et vient courir la prétentaine.

    Adieu Ô Capitaine Nemo ! Ravie d’avoir pu satisfaire
    Par mes talents de maraichère leur incomparable appétit.
    Je n’ai pas pu placer un mot et me suis un peu laissé faire
    Mais nous avons fait bonne chère, moi peu mais surtout mes petits.

    Tableaux de Steven Kenny sur https:beautifulbizarre.net20200623steven-kenny-interview .

  • Princesse des temps, prince d’étang

    Le roi fainéant est lève-tard et la Reine toujours à la mode.
    Quant à la princesse, dérangée pour s’en aller à la criée,
    Elle part tout’ seule et sans retard ramener un poisson commode
    Qui lui servira pour ranger ses dessous sans se faire prier.

    Pas de chance ! C’est un prince amoureux qui a acheté le dernier
    Afin d’inviter la princesse à venir chez lui l’admirer.
    Après maints essais langoureux, finalement elle a daigné
    Passer le voir, après confesse, marchander l’objet désiré.

    « Mais… ce poisson n’est pas pratique ! » s’exclame la princesse indignée
    « Où vais-je mettre mes culottes et mes soutifs et mes chaussettes ? »
    Le prince se montrant sympathique lui propose de réaligner
    Les deux nageoires rigolotes pour les transformer en caissettes.

    « C’est beaucoup mieux ! » rétorque-t-elle. « Cela me paraît bien fonctionnel
    Et je devrais vous ramener chez-moi afin de l’installer ! »
    Ne faisant pas dans la dentelle, il se montra sensationnel
    Puis, envoya se promener le roi et la reine emballés.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Dans les nuits froides des abysses

    Dans les nuits froides des abysses

    D’un geste qui sème l’effroi dans le royaume des abysses,
    La sirène qui est moitié-femme hèle ses sujets effarouchés.
    Les poissons gardent leur sang-froid bien que tous ensemble subissent
    Cette corvée jugée infâme mais utile pour la réchauffer.

    Les yeux fermés, elle imagine son peuple aux yeux de merlan frit
    Lui passer entre les aisselles et ses mamelons turgescents.
    Elle en frétille, la sauvagine ! Tandis qu’un frisson s’appauvrit
    Sur sa queue parmi les tesselles au miroitement opalescent.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Poisson-Lune

    Poisson-Lune

    Lors du dernier croissant de Lune, certains poissons montent en surface
    Car l’astre évoque leur déesse : la sirène du temps qui passe.
    Elle mime une horloge de fortune avec ses bras qui se déplacent
    Sur le cadran avec prouesse pour les bénir dans cet espace.

    Les animaux marins s’envolent par-dessus les eaux éclairées
    Par la protection solunaire du halo de la réflectance.
    Demain les femelles convolent avec les mâles éthérés
    Par la quintessence lunaire qui favorise leur laitance.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netMoonOnRoof .

  • Allume ton poisson !

    Allume ton poisson !

    Entre la Croix et le Croissant ou bien l’Étoile de David,
    J’honore le signe du poisson spécialement le vendredi.
    Je mange sa chair et son sang puis, laisse à mon chat impavide,
    La laitance comme boisson qu’il lape sans le moindre contredit.

    Poissons blancs tout illuminés accompagnent sur mon balcon
    Une sirène et sa baleine qui souffle autant que la tempête.
    Et, n’en déplaise à mon minet, Dieu trouve cela un peu abscons
    Quand l’une chante à perdre haleine et l’autre embouche sa trompette.

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .

  • La sirène salvatrice

    Contrairement à la légende selon laquelle les sirènes
    Chanteraient afin d’attirer les naufragés pour les noyer,
    La queue qui remplace leurs jambes permet, en position sereine,
    De les happer, les soutirer entre leurs bras apitoyés.

    Ce geste naturel commence au cours du développement
    Du bébé-sirène dans le ventre par une mutation innovée ;
    Les bras entrent en accoutumance et la queue en ballottement
    Donne une intention dont le centre est d’enlacer pour mieux sauver.

    Céramiques de Paul Smith sur https:paulsmithsculptures.co.ukother-ceramics .

  • La sirène ermite

    La sirène ermite

    À l’aube, la maîtresse sirène, debout sur son phare perchée,
    Tient dans sa main la canne à pêche et ferre un rayon de soleil.
    De l’horizon quelques carènes, par la chatoyance alléchées
    Bien rapidement se dépêchent pour y gagner un peu d’oseille.

    Mais la femme-poisson perfide les leurre d’un soleil couchant
    Et les marins perdent leur temps à contrôler leurs appareils.
    Puis, la créature sylphide se met à entonner son chant
    Et les hommes se faire tout autant piéger et se faire tirer l’oreille.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • La Reine des coups fourrés

    La Reine des coups fourrés

    Le chant sublime des sirènes qui mène les hommes en enfer,
    Serait d’une voix de velours sortie d’un organe si tendre.
    Pourtant la Marine est sereine ; jamais marin ne s’y enferre
    Car il n’y a de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre.

    Or la créature est rusée et la sirène se transforme
    En une pieuvre tentaculaire dont l’étreinte est irrésistible.
    Et l’équipage médusé ne peut s’échapper de l’énorme
    Succion de la bouche annulaire qui gobe les nefs digestibles.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Amours impossibles

    Amours impossibles

    Petit oiseau, petit poisson, tous deux s’aimaient d’un amour tendre.
    Mais l’âge de la puberté en a compliqué leurs rapports.
    Le garçon, après les moissons, déserta le nid sans attendre ;
    La fille éprise de liberté courut plonger au bout du port.

    Comment se sont-ils retrouvés ? Lors d’un typhon en pleine mer !
    Ils se sont laissé aspirer – sans doute par curiosité –
    Et ont tout de suite éprouvé leurs souvenirs d’amours amères
    D’un coup de foudre, mal inspiré, qui aggrava la pluviosité.

    Ainsi quand une tempête éclate et occasionne du grabuge,
    Ce sont leurs amours impossibles qui expriment toute leur jouissance.
    Toutes les légendes le relatent ; lors de l’effroyable déluge,
    On vit l’élan concupiscible de leur libido en puissance.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • La sirène en cornet

    La sirène en cornet

    Nouvelle queue pour la sirène qui a opté pour une conque
    Afin d’amplifier le chant qui s’est révélé … écorné.
    Elle a cru l’action souveraine mais son résultat est quelconque
    Car son corps n’est plus accrochant : Qui veut d’une sirène en cornet ?

    Détourner le goût du client en lui changeant ses traditions
    Apporte au marketing l’erreur impardonnable du promoteur.
    Ces flops se démultipliant annoncent la disparition
    De ce qui faisait la terreur de l’emballage prometteur.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Quand Avril frappe à ta porte

    Quand Avril frappe à ta porte

    Fin mars, « toc-toc ! » déjà l’huissier qui s’en vient frapper à ma porte ?
    « Poisson d’avril ! » crie par brimade mon facteur grimé en sardine.
    « Quel dommage que vous ne puissiez… » – lui répliqué-je de la sorte –
    « À mon repas de sardinade car c’est à l’huile qu’ici l’on dine ! »

    « Nous n’avons pas gardé nos thons dans la même boîte-à-sardines ! »
    Me rétorque le fonctionnaire tout en lissant sa queue d’écailles.
    « Si d’aventure nous barbotons ensemble de façon anodine,
    Peut-être… » – dit-il débonnaire – « …nous plairons-nous, vaille que vaille ! »

    Illustration de Dominic Murphy sur https:www.dominicmurphyart.co.ukdown-the-rabbit-hole .

  • Demain les poissons

    Demain les poissons

    Du temps où j’ai été poisson ? L’ADN n’en porte nulle trace.
    Du temps où je vivais dans l’eau ? Dotée de branchies, j’imagine.
    Ainsi ma vie fait sa moisson parmi les genres de toutes races
    Mais ma mémoire va à vau-l’eau pour remonter ses origines.

    Lundi, amibe un peu timide ; mardi, j’évolue en brochet ;
    Mardi, mercredi ma structure fut telle que jeudi m’accoucha
    Au sommet de la pyramide : Vendredi ! Je reste accrochée
    À ma véritable nature : poisson-clown ou bien poisson-chat.

    Tableau d’Olga Esther sur https:beautifulbizarre.net20190129vulnerable-rebellion-an-interview-with-olga-esther .

  • Les courses du vendredi

    Les courses du vendredi

    Dès le lundi il faut courir la Terre, les airs et l’océan
    Afin que Dieu, dans sa clémence, nous donne le pain de ce jour.
    Manger au risque de mourir et s’en retourner au néant
    Ou bien mériter sa pitance et survivre tout au long séjour.

    Dès le lundi, elle s’entraîne, la voix tintant comme de l’airain
    Afin que jeudi, elle soit prête à faire monter les enchères.
    Vendredi, jour pour la sirène dédié à la course aux marins,
    Elle va s’en mettre plein l’arête après avoir fait bonne chère.

    Mais il faut chanter à tue-tête pour décrocher le meilleur lot !
    Ainsi le marin de Bretagne se vend bien plus cher que l’anglais.
    Il faut traquer la belle bête en lui montant le ciboulot,
    Triller d’un chœur qui accompagne le chant au risque de s’étrangler.

    Tableau de Mike Hoffman.

  • La sirène de minuit

    La sirène de minuit

    Comme Cendrillon, la sirène, plongeuse à la petite semaine,
    Souhaite participer au bal nonobstant sa queue malvenue.
    Elle se confie à sa marraine qui lui donne apparence humaine
    Avec comme ordre principal : « Qu’à minuit tu sois revenue ! »

    La sirène est à moitié femme – et c’est là son moindre défaut.
    Les valses dérèglent son horloge ainsi que sa notion du temps.
    Minuit sonnant. Précepte infâme ! Elle pirouette en porte-à-faux
    Autour de sa queue qui déroge aux règles du bal des débutants.

    Alors elle s’enfuit vers le port perdant ses pantoufles de vair
    Qu’un beau capitaine au long cours a recueilli sur le parvis.
    J’ai lu sur son dernier rapport qu’il a navigué tout l’hiver
    Et rencontré sur son parcours la belle au risque sa vie.

    Tableau d’Edvard Munch.

  • Allo, les réseaux sociaux ?

    Les synapses contactent un neurone à des milliers de connexions
    Et celui-ci fait la synthèse pour choisir une solution.
    Chez les hommes, la testostérone leur permet de faire objection
    Aux informations sur les thèses qui mènent à la révolution.

    Si le cerveau est complotiste – puisqu’il se renseigne pour agir –
    Les hommes, en troupeau de moutons, élisent leur loup-président.
    Les « sauve-qui-peut » humanistes mettent longtemps à réagir
    Avant que, nous le redoutons, il bouffe tous ses résidents.

    Illustrations d’Oksana Grivina sur http://www.dripbook.com/grivina/style/illustration-portfolios

  • Les deux Vendredies

    D’ores et déjà vendredi revient systématiquement
    Annoncé, en fin de semaine, par deux sirènes en pêle-mêle.
    Je le dis et je le redis : « ce jour est thématiquement
    Voué, par leur nature humaine, à deux femmes-poissons jumelles.

    Deux sirènes qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, c’est drôle !
    Comme le reflet d’un miroir ou deux clones sans contredit.
    Elles vivraient toujours ensemble en s’admirant à tour de rôle ;
    Elles sont connues dans leur terroir sous le nom des deux Vendredies.

    Tableau de Nicoletta Ciccoli

  • Vendredi, mangez du lapin !

    Je vois les feuillets s’effeuiller au fil de mon éphéméride
    Sept fois par semaine – quelle aubaine ! – mon régime suit la marée :
    Lundi, du poisson persillé ; mardi, la fête à la bourride ;
    Mercredi, sole marocaine ; jeudi, bigorneaux bigarrés.

    Mais point de poisson vendredi, la mer m’a posé un lapin.
    Qu’à cela ne tienne – de garenne – j’en quémande de toute ma fièvre !
    Notre pêcheur, sans contredit, aussitôt lance son grappin
    Et nous remonte de sa carène une sirène à moitié lièvre.

    Du vendredi soir au dimanche, durant deux jours, durant trois nuit,
    Je l’aimerai passionnément et jusqu’à la dernière arête.
    Le goût de sa douce chair blanche m’aura profondément séduit
    Au point que, sans désagrément, ce n’est pas demain que j’arrête.

    Illustration de Dominic Murphy sur https://www.dominicmurphyart.co.uk/down-the-rabbit-hole

  • Histoires d’amour libres

    Petit oiseau, petit poisson	s’aimeront un jour d’amour tendre
    Lorsqu’à l’instar du Créateur, je bâtirai mon nouveau monde.
    Un monde où, au temps des moissons, l’air et le vent pourront prétendre
    À se marier à la moiteur des rivières chaudes et vagabondes.

    L’onde aussi légère que l’air, l’air alourdi de compassion,
    Rencontreront un équilibre dans des amours plus ou moins sages.
    Des poissons-volants similaires à des anges en lévitation
    Convoleront en amour libre avec des oiseaux de passage.

    Illustration de Vladimir Gvozdariki sur http://klimtbalan.blogspot.com/2012_02_01_archive.html

  • La voix de sa mère

    Partout elle recherchait sa mère depuis qu’elle les avait quittés
    Pour les abysses éternelles aux eaux chatoyantes et nacrées.
    Malgré la mémoire éphémère de son départ précipité,
    Elle compulsait les maternelles origines de son chant sacré.

    Héritière de son ouïe fine – des oreilles en colimaçon –
    Elle disposait des coquillages là, tout autour de son séant,
    Pour écouter la voix divine, assise sur sa queue de poisson,
    Dont remontait le babillage par le réseau des océans.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https://iamachild.wordpress.com/category/matsumoto-shiori

  • Une rose pour la sirène – 2

    Depuis que la sirène est veuve, elle voue un culte à ses roses
    Qu’elle cultive en souvenir de son vieux marin regretté.
    Elle a su surmonter l’épreuve et remonter son cœur morose
    Par un jardin plein d’avenir pour les vieux couples retraités.

    Elle a grossi, évidemment, car le parfum de rose énivre
    Tant l’âme que son corps distille une rémanente liqueur.
    Ainsi l’amour, les sentiments pèsent autant que leurs poids en livres
    Et la sirène des Antilles en fait sa richesse du cœur.

    Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html

  • Une rose pour la sirène – 1

    Un vieux marin à la retraite cherchait sirène pour ses vieux jours
    Lorsqu’un spécimen de l’espèce se présenta sur son chemin.
    Alors, le vieillard, d’une traite, lui offrit comme preuve d’amour
    Une rose par délicatesse afin d’y demander la main.

    Mais comment son petit oiseau fit-il pour aimer sa queue tendre ?
    Sachez que tous les amoureux vivent et d’amour et d’eau fraîche.
    Ils ont dû entre les roseaux plus de mille fois s’y reprendre
    Mais, sous leurs efforts langoureux, naquit un triton dans leur crèche.

    Tableau de Victor Nizovtsev sur https://www.catherinelarosepoesiaearte.com/2016/08/victor-nizovtsev-new.html

  • L’école du charme

    La sirène, devenue moderne, séduit les femmes plus que les hommes
    Sauf que, plutôt que les noyer, elle les enchante, s’il vous plaît !
    Fi des marins, vieilles badernes, vivent les coquines amazones
    Dont l’amour sait s’apitoyer d’orgasmes vocaux décuplés !

    Celles qui cherchent la bonne école de la jouissance au féminin
    N’ont pas besoin de GPS à la voix de fausse sirène.
    Demandez Madame Nicole, au 4, rue Saint-Saturnin,
    Et découvrez, je vous l’ confesse, le chant langoureux d’une reine.

    Tableau de Gustave Gélinet extrait de la BD « La Sirène des pompiers » dessinée par Zanzim

  • Sirénologie

    Depuis que j’ai approfondi mes connaissances sur les sirènes,
    Elles m’acceptent à condition de prendre un poisson pour parrain.
    J’en ai choisi un, arrondi, que j’appelle « Simon de Cyrène »
    Car il me croit, sans conviction, grand ambassadeur des marins.

    J’ai donc passé mes examens à l’université Neptune
    Et j’ai été promu « Triton » lors du grand bal de fin d’année.
    Je n’suis plus qu’à moitié humain mais à l’apparence opportune
    D’un amphibien en demi-thon et demi-homme simultanés.

    Illustration de Charles Santore

  • Vivre avec une sirène

    J’avais commandé sur le Net une « Femme-Poisson authentique »
    Garantie à vie, s’il vous plaît, et « satisfait ou remboursé » !
    Écologique pour la planète, elle a traversé l’Atlantique
    Pour me parvenir au complet dans une caisse renforcée.

    « Avant le tout premier usage, baignez-la trois jours et trois nuits ! »
    Collé comme avertissement pour obtenir « bon résultat ».
    J’ai commencé son arrosage que j’ai terminé à minuit
    Et pris un rafraîchissement glaçons et triple-margarita.

    Soixante-douze heures passées, elle frétillait là, dans mon lit
    Et moi, comme un poisson dans l’eau, j’ai honoré sept fois ma reine.
    Quant à elle, elle s’est surpassée et m’a aimé à la folie
    À en devenir ramollos, ma queue et celle de la sirène.

    Kristen Mcmenamy photographiée par Tim Walker sur http://visualoptimism.blogspot.com/2013/12/far-far-from-land-kristen-mcmenamy-by.html?m=1