Catégorie : Sirènes

  • La sirène qui dit oui et qui dit non

    La sirène n’est pas bonne élève comme le cancre de Prévert ;
    Elle dit « oui » à contrecœur et puis répond « non » à dessein.
    Sans doute cet usage relève de sa queue qui mime à l’envers
    Tout l’amour vrai qui sort du cœur et la haine au bout de ses seins.

    Quand elle dit « non », elle pense « jamais » ;
    Quand elle dit « oui », elle pense « peut-être » ;
    Quand elle vous embrasse, elle vous goûte ;
    Quand elle enlace, elle tâte la chair.
    Plus d’atermoiement désormais
    Et apprenons à la connaître ;
    Nous mettrions sa parole en doute
    Si c’était notre vœu le plus cher.

    Tableaux de Kristina Gehrmann sur https:www.artstation.comkristinagehrmann .

  • Quand la sirène s’éveille

    Quand la sirène s’éveille

    Endormie, la sirène coule dans la rivière somnolente
    Ou rêvent les poissons commodes qui nagent à contre-courant.
    Et tandis que les eaux roucoulent en vaguelettes insolentes,
    Son cœur et sa queue s’accommodent dans les méandres du torrent.

    Mais lorsqu’elle embrasse la Lune, sous le pont des quatre horizons,
    Son esprit alors s’émerveille d’une rosée d’étoiles d’or.
    Fougères, bruyères et callunes entrent alors en floraison
    Tandis que sirène s’éveille dans l’aube où la Lune s’endort.

    Tableau de Krista Lynn Brown.

  • Serena

    La chevelure des sirènes forme une espèce indépendante
    De petits poissons nettoyeurs qui veillent à sa beauté fatale
    De même qu’à son port de reine dont elle se veut prétendante
    Et à l’organe guerroyeur et secret de sa voix létale.

    Médusa aux cheveux-serpents foudroie un homme du regard ;
    Séréna aux cheveux-poissons séduit un homme par sa voix.
    À chacune ses participants pour piéger le marin hagard
    Et réaliser sa moisson selon vers quel but ils pourvoient.

    Illustration de Sheila Wolk.

  • Entre deux eaux bleues et vertes

    Entre deux eaux bleues et vertes

    Printemps pourri, été pourri et qu’adviendra-t-il de l’automne
    Ainsi que des autres saisons après un hiver détestable ?
    Déjà les rivières trop nourries débordent de leurs eaux gloutonnes
    Et envahissent les maisons d’une manière incontestable.

    Sans doute une révolution dans l’évolution des humains
    Qui vont s’en retourner dans l’eau, du moins jusqu’à hauteur du nez.
    Et malgré la résolution de ne pas rebrousser chemin,
    Ce sera à chacun son lot avec poissons importunés.

    Tableau de Zhongwen Yu.

  • Entre deux bleus entre deux verts

    Quand la nature va à vau-l’eau et que tout projet tombe à l’eau,
    Faut-il accepter son destin ou se débattre davantage ?
    Trop tard ! Le cheval au galop nous plonge dans un triste lot
    Et les poissons font un festin dans nos réserves de potages.

    C’est trop tard pour un dernier verre, d’ailleurs j’ai de l’eau jusqu’au nez !
    Va-t-il me pousser des branchies pour mes poumons appareiller ?
    Ceci sera mon dernier vers ; adieu humains infortunés !
    Mais non ! Je me suis affranchi du rêve et me suis réveillé !

    Tableaux d’Elena Vizerskaya sur http:bcr8tive.comsurreal-photo-manipulations-by-kassandra-vizerskaya .

  • Sirènes en mer lubrique

    Sirènes en mer lubrique

    Et si par parthénogénèse se reproduisaient les sirènes ?
    Les légendes en prendraient un coup sur le rôle des capitaines
    Que l’on trouve à la cantonaise, la cantonade ou dans l’arène
    Où les mâles se tordent le cou pour braver les terres lointaines.

    Les femmes ne portant plus malheur à bord des bateaux désormais,
    Sont devenues navigatrices, louves de mer et matelottes,
    Elles offrent aux sirènes en chaleur une alternative à jamais
    Inaltérable et novatrice envers celles qui portent la culotte.

    Lorsque les courses autour du monde navigueront vers ces récifs
    Surveillez les participantes durant leurs croisières atlantiques.
    Si leur trimaran vagabonde vers ces archipels répressifs,
    Attendez-vous à de crispantes disparitions énigmatiques.

    Illustration de Jenifer Prince.

  • Zoom sur la sirène

    Pleins feux sur la nouvelle race du nom des « sirènes-sorcières »
    Qui passent d’un coup de balai accompagnées d’un poisson-chat.
    J’en vois voler de ma terrasse par-dessus les voies traversières
    Où se combinent nos destinées entre elles, moi et ma geisha.

    Ma geisha étant japonaise et les poissons-chats des siamois,
    Ces rencontres ne sont ni fortuites ni forcément prévues d’avance.
    Quant à moi, j’en prends à mon aise tandis qu’au-dessus de chez moi
    Tombe une abondance gratuite d’ailes et plumes de jouvence.

    Illustrations de Hiroko Reaney.

  • Rencontre anisée

    Rencontre anisée

    Je reçus cette invitation transmise lors d’un communiqué
    Pour une rencontre au coucher au large des côtes bretonnes.
    J’acceptai sans hésitation et louai un bateau à quai
    À un marin mal embouché mais du genre que rien n’étonne.

    Pile au moment du rayon vert, la Lune se teinta de rose
    Et j’entendis la litanie d’une bouche sortant de la mer.
    Penchant la tête à découvert du côté des lèvres moroses
    J’en savourai leur goût anis, sucré-salé et doux-amer.

    Je l’invitai à prendre un pot à la taverne du vieux port
    Mais elle déclina mon offre d’une façon de tournevire ;
    Elle devait m’avoir dans la peau car elle exigea un rapport
    Immédiatement et dans le coffre à bagages de mon navire.

    Et ce matin, je me réveille ; ce n’était qu’un rêve éphémère,
    Le souvenir des lèvres anis me reste lourd sur les papilles.
    Depuis ma femme me surveille lorsque je mange des fruits de mer
    Arrosé d’un verre de pastis tout en embrassant les coquilles.

    Illustration de Shelley Skail sur https:shelleyskail.co.uk .

  • Presque sirène

    Les femmes mutent ces temps-ci et des sirènes apparaissent ;
    Le phénomène se constate sur les rivages un peu partout.
    Au début le corps s’amincit et les hanches perdent leur graisse,
    La peau devient plus délicate, tête, cheveux, poitrine itou.

    Mais quand les jambes se transforment, les mutantes alors disparaissent ;
    « Où vont-elles et où vivent-elles ? » reste un mystère irrésolu.
    Or si les légendes sont conformes, faites attention ! Elles s’empressent
    De lier quelque idylle mortelle, jetant sur vous leur dévolu.

    Couverture « Water Sign » for Vogue India sur https:bashooka.cominspirationeditorial-design .

  • Impossibles sirènes

    Impossibles sirènes

    Une fois pour toutes, il faut l’admettre, leur existence est impossible.
    Mais impossible n’est pas français et je m’en vais vous les montrer :
    Pour cela, il vous faut vous mettre au bord d’un bateau, impassible,
    Sourcils plissés et yeux froncés, là ! Vous allez les rencontrer.

    Dans les reflets des vaguelettes, vous observerez les contours
    De leurs corps, sans queue ni arête… et c’est mieux pour votre gouverne
    Car leurs voix dans les ondelettes attireraient aux alentours
    Les marins à perdre la tête pour d’utopiques balivernes.

    Si les sirènes n’existent pas, cela n’empêche pas de rêver
    À tous ces grands navigateurs tombés bêtement à la mer.
    Ils ont dû choisir leur trépas et préféré devoir crever
    Entre les bras d’un prédateur digne des légendes d’Homère.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Cendrillon la petite sirène

    Cendrillon la petite sirène

    Issus de sources magiciennes et de mythologies sacrées,
    Les contes de Hans Andersen, de Grimm et de Charles Perrault
    Ont fusionné avec d’anciennes légendes aux couleurs nacrées ;
    Pour vous représenter la scène, il faut repartir à zéro.

    Comme elle voulait aller au bal, elle alla prier sa marraine
    Qui lui donna de belles jambes et les fameux souliers de vair.
    Minuit sonnantes, elle cavale, mais se retrouve en queue de sirène
    Et s’épuise, à moitié ingambe, à regagner son lagon vert.

    Évidemment dans sa nageoire, seule une chaussure est restée ;
    L’autre a été récupérée… alors que va-t-il se passer ?
    Cette histoire – une vraie pataugeoire – est difficile à attester
    Car on l’a tant vitupérée qu’on est complètement dépassés !

    Reproduction de Chéri Hérouard pour « La Vie Parisienne ».

  • La sirène de la mer rousse

    La sirène de la mer rousse

    Je ne connais de la mer rousse seulement sa sirène éponyme
    Dont la chevelure m’évoque le crépuscule à l’horizon
    Lorsque le soleil se courrouce envers les étoiles unanimes
    À voir son règne qu’elles révoquent dans une infâme trahison.

    Je ne sais si la Lune aussi a participé au complot
    Mais la sirène depuis arbore une coiffure de la couleur
    Du soleil brulé et roussi qui, vaincu, plongea dans les flots
    Et que l’océan corrobore aux reflets de souffre-douleur.

    Tableau de hoooook sur https:www.deviantart.comhoooookgallery43215575painting .

  • Quand la sirène s’endort

    Quand la sirène s’endort

    Parfois la sirène s’endort malgré le navire qui passe
    Comme si sa voix envoûtante nécessitait une relâche.
    Elle s’enroule sur sa queue d’or et se love dans une carapace
    Tressée d’algues peu ragoûtantes mais qui discrètement la cachent.

    Puis doucement quand vient la nuit, elle remonte entre deux eaux
    Toujours plongée en léthargie tandis qu’un bateau mouille l’ancre.
    Mais ce soir, personne ne nuit dans le silence amoroso
    Des vagues dont la synergie ne crèvent point sa bulle d’encre.

    Tableau de Krista Lynn Brown.

  • La passion du poisson

    La passion du poisson

    Ciel ! Nous sommes déjà vendredi, je ne vois plus passer le temps
    Depuis que je voue ma passion promise à la pisciculture.
    Même si je me contredis en mangeant les plus excitants ;
    Princes des mers, rois des poissons voire Neptune en miniature.

    Est-ce un petit péché mignon que ma pêche miraculeuse
    Qui n’est sans doute pas végane mais inscrite à l’écologie ?
    J’aime parmi les plus trognons, surtout les carpes savoureuses,
    Qui sont muettes mais dont l’organe donne le thon dans mon logis.

    Collage d’Eugenia Loli sur https:www.shockblast.neteugenia-loli-worx .

  • La sirène au chant troublé

    La sirène au chant troublé

    Pour sa vision périscopique, la sirène nage entre deux eaux
    En laissant juste dépasser deux yeux pour scruter les bateaux.
    Son troisième œil, télescopique, agit à l’instar des oiseaux
    Binoculaire et espacé doublés d’une voix vibrato.

    Ainsi poussé par les courants sur la surface ondulatoire,
    Le chant troublé de la sirène, en tessiture subliminale,
    Gagne en puissance en parcourant de manière superfétatoire
    La distance de la carène à la chanteuse libidinale.

    À chaque perle du collier, une victime à son actif
    Et sur trois rangs, un génocide parmi les gars de la marine.
    Ainsi, sans vouloir la spolier de son bel organe attractif,
    Il serait bon qu’on élucide une protection en sourdine.

    Tableau de Jonny Ruzzo.

  • Les baignoires communicantes

    Les baignoires communicantes

    Au temps où j’vivais à Marseille, les WC trônaient aux balcons,
    Les uns sous les autres empilés comme des lits superposés.
    Je m’imaginais, ô merveille, des salle-de-bains, d’un genre abscons,
    Avec tuyauteries enfilées et les baignoires surexposées.

    J’aimais rêver de mes sirènes chantant dans leurs bains à étages
    Pêchant l’auditeur à la ligne, ferrant poisson ou gros pigeon.
    Je m’serais lancé dans l’arène, compétiteur du toilettage,
    Frottant le dos à ces malignes en tant que roi du badigeon.

    Cell’ du premier, exploratrice jouerait souvent au sous-marin ;
    Au deuxième une reproductrice guett’rait son mâle aux alentours ;
    Au troisième, une cantatrice siffl’rait un Pinot du Bas-Rhin ;
    Au quatrième, une lectrice ; serait celle aux plus beaux atours.

    Illustration de Marija Tiurina.

  • La tante Marinette

    La tante Marinette

    Une sirène marseillaise aurait vécu dans les calanques
    Et galvanisait les pêcheurs avec l’accent approprié.
    Elle vivait sur les falaises mais le matin quittait sa planque
    Pour faire mousser la fraîcheur de ses poissons à la criée.

    Ainsi ma tante Marinette, célèbre figure locale,
    Côtoyait César et Panisse au bon temps du pont transbordeur.
    Ceux qui l’appelaient « Ma Reinette » faisaient partie de l’amicale
    De cette boisson à l’anis qui fait les propos brocardeurs.

    Quoi qu’il en soit, la Marinette était authentique sirène
    Qui péripatait le vieux-port pour arrondir ses fins de mois.
    Maîtresse-queux de la sardinette en toutes matinées sereines,
    Elle gagnait, sous tous rapports, bien davantage que vous et moi.

    Tableau de Laura Sava.

  • Lecture pour toutes

    Lecture pour toutes

    Les sirènes se mettent à la page afin de suivre la conjoncture
    Et se retrouvent sur la plage pour une séance de lecture.
    Les romans d’amour au programme, lus par une femme écrivaine,
    Inspireront les mélodrames dont leurs chants d’amour sont en veine.

    Bien attentives dans l’intrigue qui se dénoue et se renoue
    Pareille à chaque voix prodigue qui met son marin à genoux.
    Le suspense est au paroxysme, synchrone à la marée montante,
    Et la fin se prête au laxisme comme à la marée descendante.

    Si la lectrice est décevante, elle risque d’être croquée
    Par les critiques conniventes qui se sentiraient escroquées.
    Mais c’est bien rare car les femmes sont spécialistes dans le style
    Qui mêle le digne et l’infâme dans les histoires les plus subtiles.

    Tableau de Sereismo.

  • Sirènes spontanées

    À dire vrai, sur leurs origines, les sirènes gardent leur secret ;
    On a toutefois observé des métamorphoses spontanées
    Auprès de groupes androgynes, jeunes filles nubiles consacrées
    À rejoindre l’ordre préservé des reines de Méditerranée.

    Dans une folie collectives, abandonnant leurs vêtements,
    Elles plongent nues et disparaissent sous les flots vers les profondeurs.
    Plus d’une année d’introspective est nécessaire moyennement
    Pour qu’une jolie queue apparaisse bien galbée et toute en rondeurs.

    Photos de Kate Bellm sur vogue.comslideshowkate-bellm-la-isla?epik=dj0yJnU9OFZRLXhxTlJlTGgyc2dONWRiOW9XeUwybGVYOS1Qd0cmcD0wJm49bkRVd0d1bDVGZFNPdjhXV0JJR0FSZyZ0PUFBQUFBR1NSU2FZ .

  • Elle en l’eau, les seins en île

    Elle en l’eau, les seins en île

    Elle en l’eau et les seins en île laissant le flot de ses pensées
    Se fondre dans la méditation de l’esprit en apesanteur.
    Le cœur à jamais juvénile de l’amour qu’il a dépensé
    Dans la béatification d’un puissant bien-être enchanteur.

    Elle en l’eau, sa grotte profonde dans le lagon de son giron
    Goûte le flux et le reflux de l’onde fécondée d’un ange.
    Tandis que tous ses cinq sens sondent maintes essences aux environs,
    Elle sent le plaisir qui afflue dans un incomparable échange.

    Elle en l’eau, les yeux en étoiles percent l’azur comme une lame
    Vers le Ciel qui l’a engendrée et la Terre qui l’a enfantée.
    L’invisible pinceau sur la toile du tableau qui évoque l’âme
    Trace des volutes cendrées autour des doigts comme aimantés.

    Tableau d’Emiky Kell sur emilykell.com .

  • Le centenaire de l’indépendance

    Le centenaire de l’indépendance

    Ils ont fêté le centenaire de la Première République,
    Coiffés de leurs bonnets phrygiens en liesse et formant une ronde.
    Et les chants révolutionnaires ont résonné comme un tonnerre
    Par tous les échos laryngiens dansant sur « Auprès de ma blonde ».

    Deux Marianne et leurs drapeaux. Des aristocrates en perruque
    Observent d’un air ébahi les joyeux citoyens qui dansent.
    Les royalistes, vieux crapauds, pleurent leur régime caduque
    Et les fanions de tous pays flottent en toute indépendance.

    Tableau de Henri Rousseau.

  • Homme-oiseau/femme-poisson, l’amour tendre

    Homme-oiseau/femme-poisson, l’amour tendre

    Un homme-oiseau est amoureux d’une femme-poisson au cœur tendre.
    Oui mais comment vont-ils s’y prendre pour partir en lune de miel ?
    Paraît-il que nos langoureux soupirants devront bien attendre
    Le bon moment pour nous surprendre par un curieux cérémoniel.

    Marier l’héritier des oiseaux avec l’ayant-droit des poissons,
    C’est comme Roméo et Juliette au grand dam de l’ethnologie.
    Pourtant dans le creux des roseaux, l’amour a cueilli sa moisson
    Lors de fécondes amourettes. Dès lors ils se cherchent un logis.

    Leurs enfants ? Des poissons-volants ou bien des oiseaux amphibiens ;
    Soit un vilain petit canard, soit une créature fabuleuse.
    Les anciens dieux en convolant dans les pays précolombiens
    Ont créé des êtres goguenards aux apparences ensorceleuses.

    Bon courage pour lire la signature !

  • Quand la sirène est chou

    Quand la sirène est chou

    Le chant de la sirène est chou au marin qui a bonne oreille
    Tandis que son navire échoue la nuit après qu’il appareille.
    La voix de la sirène est douce aux naufragés désabusés
    Tandis que dérive le mousse, seul sur son radeau, médusé.

    Les seins de la sirène sont fermes et hypnotisent le nageur
    Tandis qu’il approche et s’enferme entre les deux bras ravageurs.
    Les dents de la sirène sont blanches, pointues, acérées et sanglantes
    Tandis que sa victime flanche et meurt sous la morsure cinglante.

    Le ventre de la sirène est rond ; elle se repose au bord de l’eau
    Tandis que brûle l’aviron, dernier vestige d’un matelot.
    La queue de la sirène est belle et papillote comme un cadeau
    Tandis que le mousse rebelle l’a harponnée de son radeau.

    Tableau de Donato Giancola.

  • En pleine licorne

    En pleine licorne

    Exceptionnellement la Lune entre en phase dite de « pleine corne »
    Là où d’animaux fabuleux vivront trois nuits dans la forêt
    Juste au moment de l’apolune, dans le signe de la Licorne,
    Quand l’astre au halo nébuleux répand sa lumière dorée.

    Loups garous et chevaux ailés revêtent une robe d’or
    Tandis que Séléné chevauche une licorne luminescente
    Dont la crinière constellée illumine le corridor
    Qui mène à la porte en ébauche aux structures évanescentes.

    Mais la Lune redevient gibbeuse et tous les êtres légendaires
    Regagnent l’abri des sous-bois jusqu’au périastre suivant.
    Seules quelques plantes bulbeuses, mûries lors des jours calendaires,
    Portent des marques qui flamboient durant les trois nuits s’ensuivant.

    Tableau « Séléné » de Susan Seddon Boulet.

  • La dernière licorne

    La dernière licorne

    Lorsque les orages ont cessé et les eaux se sont retirées,
    Seule une licorne est restée pour témoigner de l’ancien monde.
    Mais les dieux désintéressés de cette époque mal inspirée,
    N’ont pas daigné déforester ce vieux lopin de terre immonde.

    Hélas personne ne put comprendre le langage des premières races,
    Nephilims et géants célestes qui avaient offensé les dieux.
    Et la licorne ne sût l’apprendre qu’au poète latin Horace
    Qui transmit à son tour la geste des anges miséricordieux…

    …Que l’on retrouve sur cinq tentures titrées « la dame à la licorne »
    Qui se sont trouvées un refuge auprès du musée de Cluny.
    Elles relatent les mésaventures d’hommes et femmes qui se flagornent
    Jusqu’à périr lors du déluge où la Terre a été punie.

    Tableau de Fefa Koroleva sur https:www.artfinder.comartistfefa-koroleva?epik=dj0yJnU9N1R4T3BhaXlvLU1Fd1lOTGVjN094RFdLSVB3RWNOYzAmcD0wJm49c2RkY0I1WlJjdFpBbjRMaHNfNEFxdyZ0PUFBQUFBR1I2NGxv .

  • Jeune sirène partagerait appartement – 2

    Jeune sirène partagerait appartement - 2

    Ainsi j’étais colocataire d’une véritable sirène
    Qui, peu farouche, m’invita à partager son immersion.
    Mais comme j’étais propriétaire, j’offris mes services à ma reine
    Pour transformer son habitat et en permettre la submersion.

    Je lui cédai pour compagnons mes poissons rouges exotiques
    Qu’elle accepta comme sujets au sein d’son espace vital.
    En retour, me trouvant trognon, d’un gazouillement hypnotique
    Elle me convia, sans m’adjuger, à écouter son récital.

    Je ne sais plus ce qu’il advint et n’en ai aucun souvenir,
    Vaincu par le charme légendaire et par le baiser de l’oubli ;
    Évidemment je ne parvins jamais à y contrevenir.
    Merci de m’en être solidaire en lisant ce que je vous publie.

    Illustration de Robin Pushee.

  • Jeune sirène partagerait appartement – 1

    Jeune sirène partagerait appartement - 1

    « Jeune sirène souhaiterait partager un appartement
    Mais avec l’exclusivité d’une baignoire en guise de chambre. »
    A priori sans intérêt, l’annonce me plut gaillardement
    Et j’invitai à visiter la belle un matin de novembre.

    Elle aima ma salle-de-bains et y déposa ses valises
    Et s’enferma à double tour juste après l’avoir découverte.
    Je m’en allai à mon turbin quand j’entendis ses vocalises
    Et m’approchai sans hésiter de la tabatière entrouverte.

    Je ne vis d’abord qu’une queue qui ondulait de la cuvette,
    Puis de longs cheveux chatoyants, ruisselants sur deux seins tremblants.
    Curieux de ce décor aqueux, je l’observai à la sauvette
    Lorsque soudain, imprévoyant, elle me fixa d’un air troublant…

    Illustration de Camila Estela G.

  • Pauvres sirènes !

    Pauvres sirènes !

    Pauvres sirènes qu’on nous censure car ce serait contrevenant
    Non pas pour leurs inexistences mais pour leurs seins affriolants.
    Or elles n’ont rien sous la ceinture et presque rien d’inconvenant
    Fors dans certaines circonstances un appétit des plus violents.

    Mais puisqu’elles n’existent pas, comment condamner leurs délits
    Envers ces marins imbéciles constamment épris de boisson.
    Et malgré leurs tendres appas, comment les aimer dans un lit
    Avec cette queue indocile qui subodore le poisson !

    Tableau de David Delamare.

  • Notre Terre est une sirène

    Notre Terre est une sirène

    Si nous sommes enfants de la Terre et que nous sommes nés dans la mer,
    Alors notre mère est sirène et notre père, marin du ciel,
    Vieux loup de mer, un peu austère, qui connut l’amour éphémère
    Et féconda six jours sa reine d’un divin souffle providentiel.

    Puis Dieu partit se reposer laissant la Terre nourricière,
    Sous les flots antédiluviens, accoucher en célibataire.
    Nous pourrions alors supposer que le bilan bénéficiaire
    De la création en revient à notre mère cosignataire.

    Si un jour, Dieu a des remords et vient reconnaître ses enfants,
    Comment donc l’accueillerons-nous, lui qui nous a laissés tomber ?
    Peut-être bien qu’après la mort, il nous attendra, triomphant
    Et nous l’appellerons « Papinou » fièrement, le torse bombé.

    Tableau d’Aleksander Korman.

  • Les Neptuniennes

    Les Neptuniennes

    Entre la huitième planète de notre système solaire
    Et le Dieu des eaux de la Terre, il n’est aucune coïncidence.
    Quant aux sirènes choupinettes, anciennes agents protocolaires
    Venues comme parlementaires, elles sont tombées en dissidence.

    Elles devaient établir un lien entre Terriens et Neptuniens
    Mais ont préféré se gaver des matelots bons à croquer.
    De leur origine d’alien et d’un ancêtre titanien,
    Elles ont gardé pour nous braver une queue de poisson défroqué.

    Si attirantes sous la Lune, lorsqu’elles émergent des flots,
    Elles viennent en délégation leur proposer un jumelage.
    Hélas ces filles de Neptune leur font naufrager leur rafiot
    Et transforment en abnégation l’illusion de batifolage.

    Tableau d’Olga Fomina.

  • La vie après la mort du poisson

    La vie après la mort du poisson

    Petit poisson deviendra grand s’il n’est pêché par accident
    Et s’il, parvient à remonter la source dans laquelle il est né.
    Heureusement pour l’émigrant, un ange gardien dissident
    Ira, un à un, affronter tous les pêcheurs incriminés.

    À l’instar de celle des marins, vit la sirène des eaux douces
    Qui a jambé sa belle queue pour mieux endormir les pêcheurs.
    Avec un peu de romarin, de fenouil et d’oseille rousse,
    Elle se prétend maîtresse-queux, spécialiste en buffet-fraîcheur.

    Croyez-moi, si les amateurs de Chasse Pêche et Tradition
    Reviennent fréquemment bredouilles, ils ont d’autres compensations.
    Je ne suis pas diffamateur mais pour moi la disparition
    Des chasseresses de quenouilles serait une abomination.

    Tableau de Hanna Silivonchik.

  • Des ronds dans l’eau

    Des ronds dans l’eau

    Autant de bulles que d’années envolées à coincer sa bulle
    Tandis que le monde troublé change chaque jour de décor.
    Sans toutefois être condamné à trépigner en somnambule
    Avec la peur de redoubler et renaître dans un nouveau corps.

    Heureusement, les bons amis et ma famille poissonnière
    Reviennent buller avec moi me souhaiter bon anniversaire.
    De jeune fille jusqu’à mamie, toutes mes années printanières
    Résonnent d’une grande joie et, franchement, je suis sincère.

    So viele Blasen wie Jahre, die man mit dem Festhalten an der Blase vertrödelt hat
    Während die unruhige Welt jeden Tag ihre Kulisse ändert.
    Ohne jedoch dazu verurteilt zu sein, schlafwandlerisch zu stolpern.
    Mit der Angst, sich zu wiederholen und in einem neuen Körper wiedergeboren zu werden.

    Zum Glück sind gute Freunde und meine Fischfamilie da.
    Sie kommen zurück, um mit mir zu blubbern und mir zum Geburtstag zu gratulieren.
    Vom Mädchen bis zur Oma, alle meine Frühlingsjahre
    klingen von großer Freude, und ehrlich gesagt, meine ich das auch so.

    Tableau de Fefa Koroleva sur https:www.artfinder.comartistfefa-koroleva?epik=dj0yJnU9N1R4T3BhaXlvLU1Fd1lOTGVjN094RFdLSVB3RWNOYzAmcD0wJm49c2RkY0I1WlJjdFpBbjRMaHNfNEFxdyZ0PUFBQUFBR1I2NGxv .

  • Baiser mouillé

    Dans le courant d’une onde pure, un jour où m’étant abreuvé,
    Tandis que j’y trempais mes lèvres, j’eus la sensation d’un baiser.
    J’aperçus la jolie figure d’une femme belle à en crever
    Qui me prit avec tant de fièvre que je m’en suis senti embrasé.

    « Qui te rends donc si audacieux de venir troubler mon breuvage ? »
    Me dit une sirène pleine de charme, « Bravo pour ta témérité ! »
    Ce baiser fut si fallacieux pour me réduire en esclavage,
    Que je lui déposais mes armes car elle l’avait bien mérité.

    Tableaux de Marco Busoni et Bluelarch.

  • Sirène d’amour

    Sirène d’amour

    Les grandes passions aquatiques ont leur sirène chasseresse
    Armée du trident de Neptune à l’instar de l’arc et des flèches.
    Celle-ci, tout autant romantique, nage et traque avec allégresse
    Les rencontres fort opportunes qui vivront d’amour et d’eaux fraîches.

    Le trident est empoisonné à la folie des profondeurs
    Qui précipite les amoureux en copulations colossales.
    Et dans les grottes cloisonnées résonnera l’échosondeur
    Qui proclamera langoureux toutes les naissances abyssales.

    Illustration de Lusitano Grey.

  • M’as-tu vu le vendredi ?

    À force de me répéter « vivement qu’on soit vendredi ! »
    Dès le lundi, j’en ai les larmes aux yeux qui rappellent la mer.
    J’en ai le regard hébété du mardi jusqu’au mercredi
    Et le jeudi sonne l’alarme : « plus que vingt-quatre heures amères ! »

    Heureux comme un poisson dans l’eau, je batifole ce jour-là ;
    L’aïoli devient un festin et la Bouillabaisse est divine.
    Mais le week-end part au galop à tant faire la bamboula
    Qu’arrive ce terrible destin… que tous les travailleurs devinent.

    Tableaux de João Vaz de Carvalho.

  • Bonne pêche !

    Tandis que la sirène à quai s’est ensommeillée sur le sable,
    Les deux pêcheurs qui l’ont halée devisent d’un air impérieux.
    S’ils produisent un communiqué avec ses suites irresponsables
    Ils attireront des allées et venues d’une foule de curieux.

    S’ils gardent la chose secrète, comment la cacher à leurs femmes
    Qui trouveront plutôt bizarre d’aller en mer trois fois par jour.
    Et si jamais ils la rejettent, la sirène trouvera infâme
    D’avoir été mise à l’écart aujourd’hui et même pour toujours.

    Mais la sirène est plus maligne et a trouvé la solution ;
    Elle leur fait un abonnement valable les nuits solunaires
    Car ces nuits-là toutes les lignes ont tellement de production
    Qu’il leur faudra tout bonnement plus de nuitées qu’à l’ordinaire.

    Tableau de David Lawrence sur davidlawrenceart.com .

  • Le signe du lit de la rivière

    Le signe du lit de la rivière

    Ce doit être un signe des temps que ces nombreuses catastrophes,
    Ces inondations régulières et la constante montée des eaux ;
    Je rêve d’un cygne d’étang qui, dès le matin, m’apostrophe
    Au saut du lit de la rivière entre nénuphars et roseaux.

    Mieux que la météo marine et son équivalent stellaire,
    Il crée mes rêves prémonitoires à l’encontre des parlementaires.
    Ceux qui nous roulent dans la farine par leurs discours impopulaires
    Peuvent changer le cours de l’histoire mais pas le destin de la Terre.

    Demain, soit je régresserai et redeviendrai un poisson
    Et tous nous recommenceront des destinées les plus immondes,
    Soit, au contraire, j’évoluerai après avoir fait la moisson
    Des projets les plus fanfarons pour quitter la folie du monde.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Quand les poissons s’envoleront

    Quand les poissons s’envoleront

    Il en est des rêves utopiques de ceux qui ne connaissant rien
    Ont pourtant bravé l’aventure et triomphé des gens instruits.
    Les meilleurs désirs atypiques, à en croire les historiens,
    Malgré quelques mésaventures ont toutefois porté leurs fruits.

    Et je propose de construire les rêves les plus audacieux
    Et même les plus impossibles voire s’ils paraissent stupides
    Car lorsqu’il s’agit de détruire les savoirs les plus fallacieux,
    La porte de tous les possibles s’ouvre en grand aux plus intrépides.

    Une fois décroché la Lune, la pêche devient miraculeuse
    Car les poissons volent par-dessus l’eau qui a coulé sous les ponts.
    Les pêcheurs à l’heure opportune munis de lignes nébuleuses
    Ne seront, je crois, pas déçus de ma suggestion, j’en réponds.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Sirène blanche et sirène noire

    La sirène blanche éclaire mes nuits par le grain de sa peau laiteuse
    Qui se confond avec mes songes ensommeillés d’iode et de sel.
    Elle se morfond, elle s’ennuie. Par mes rêveries prometteuses
    Je la distrais de mes mensonges dont elle tire les ficelles.

    La sirène noire me fait plonger dans le sommeil le plus profond
    Vers les mirages aquatiques qui nourrissent mon inspiration.
    Elle aime me faire prolonger intensément vers les tréfonds
    Là où ses fantasmes érotiques ont le plus de motivation.

    Tableaux de Yelena Briksenkova et de Becca Stadtlander.

  • La sirène humaine

    Quand la sirène devient humaine pour l’amour d’un beau matelot
    Elle est un peu déboussolée sans sa queue mais avec deux jambes.
    Il faut une bonne semaine avant de se jeter à l’eau
    C’est-à-dire de batifoler gaillarde, alerte et ingambe.

    Encore une fois, elle hésite de quitter l’élément liquide
    En outre, le fond de l’air est frais, d’ailleurs elle en reste sans voix.
    Juste une dernière visite ; déjà l’eau paraît insipide.
    Elle rejoint le monde qui l’effraie comme toujours la première fois.

    Photos de Joel Meyerowitz et Ryan McGinley sur https:www.slate.frgrand-formatjoel-meyerowitz-photographe-oeil-70029 .

  • Les couleurs en ballade

    Le vendredi, elle a le blues, toujours l’ivresse des profondeurs
    Qui lui fait voir soit tout en noir, soit tout en bleu, soit tout en blanc.
    Alors elle enfile sa blouse qui dissimule ses rondeurs
    Et chante tout son désespoir d’un récital des plus troublants.

    Puis du samedi au dimanche, elle se baigne de couleurs
    Pour mieux accueillir la balade des matelots en mal d’amour,
    Lassés de s’astiquer le manche – ce qui provoque cals et douleurs –,
    Qui viennent écouter ses ballades un peu grivoises mais riches d’humour.

    Illustrations de Julie Paschkis sur https:wondrouswovenmagic.wordpress.com20101013wondrous-wednesday-julie-paschkiss-fabrics .

  • À l’attention de M. Neptune

    À l’attention de M. Neptune

    Elle s’était prise dans les filets
    De mes rêves imaginés
    Que je lance à la mer obscure
    Afin d’affronter mes nuits blanches.
    Elle avait pris l’entrefilet
    De mes feuillets émarginés
    Pour la balise de Mercure
    Qui, en nouvelle lune, se déclenche.

    Elle s’est retrouvée dans mes vers
    Toute menue, échevelée,
    L’air apeuré entre mes lignes
    Entrelacées, inopportunes.
    Elle a éprouvé un revers
    De fortune, là, tout esseulée.
    Alors, j’ai adressé d’un signe
    Ce poème à Monsieur Neptune.

    Monsieur Neptune, en gentleman,
    A fait tomber d’une étagère
    Un coquillage de circonstance
    Par lequel j’écoute la mer.
    Et la sirène mélomane
    Par la parole messagère
    À vite pris de la distance
    D’une jolie fugue éphémère.

    Illustration de Steve Purcell.

  • Les poissons-femmes

    Femme-poisson ou poisson-femme ? La Nature n’a pas su choisir ;
    Des femmes aux gueules de merlans frits ont émigré aux antipodes.
    Sans doute vous paraissent-elles infâmes et jaugées avec déplaisir
    Mais supposez-les appauvries d’une tête de gastéropode !

    Plus douées pour la reproduction que la sirène à queue de poisson,
    Les marins n’ont pas à les craindre car elles sont végétariennes.
    En revanche pour la séduction, il vaut mieux s’aider de boisson
    Alcoolisée pour les étreindre… à condition qu’on y parvienne.

    Tableaux de Hannah Yata sur beautifulbizarre.net20150108the-beautifully-imperative-world-of-hannah-yata .

  • La fille de Némo

    La fille de Némo

    Au fond des fosses abyssales vivrait une femme-poisson
    Dont l’origine remonterait à l’aube de la nuit des temps.
    Fruit des légendes colossales dont les poètes font leur moisson
    Mais qui pourtant raconteraient les mêmes faits se répétant.

    On la dit fille de Némo, de la famille de Noé
    Dont l’Arche aurait été léguée par héritages successifs.
    Par gratitude aux animaux qu’il suivait de son canoë,
    Il l’avait alors reléguée dans un bâtiment immersif.

    Et puis Némo eut une fille, née du sein même d’une sirène,
    Qui navigua avec son père vingt ans tout autour de la Terre.
    Elle portait à sa cheville une gourmette marquée « Irène »
    Et avait bâti son repaire dans un abîme solitaire.

    Tableau de Carolyn Laplante sur https:designspartan.compresentationpresentation-digital-painter-carolyn-laplante-aka-snaketoast .

  • Quand la poulpe est pleine

    Comme elle a plusieurs tentacules et qu’elle a su faire ses preuves,
    La sirène s’est faite jardinière dans les algues aux fruits aquatiques.
    Aidée par les animalcules d’un plancton riche à toute épreuve,
    Elle distille de sa pépinière un élixir fantasmatique.

    Et du samedi au dimanche, la sirène et son gros triton
    Trinquent et oublient tous leurs déboires de la sainte semaine écoulée.
    Ils s’étreignent de huit paires de manches, se moquent du qu’en-dira-t-on ;
    Ce qui tend à prouver que boire fait les abysses chamboulées.

    Tableaux de Hannah Silivonchyk sur https:www.livemaster.rutopic980417-dobrota-i-trogatelnost-v-kartinah-anny-silivonchik .

  • L’amour à califourchon

    L’amour à califourchon

    Heureux comme un poisson dans l’eau ? Oui mais quand on est cachalot
    Les amours sont plus compliquées pour ne pas dire alambiquées.
    Quant aux fabuleuses sirènes, leurs amours ne sont pas sereines
    Car elles ont besoin pour mari d’un matelot bien aguerri.

    Il faut un marin bien dodu afin qu’elles en soient mordues ;
    Un marin pas trop maigrichon – faut pas s’monter le bourrichon ! –
    Un homme de mer pas trop revêche pour lui garantir la chair fraîche
    Et s’il est plutôt joli garçon, elle l’aimera à califourchon.

    Illustration de Lisa Aisato sur https:www.aisato.nomalerier .

  • Zénitude en profondeur

    Sans doute la vie de sirène s’avère plus zen qu’une humaine ;
    Elle n’a pas inventé le feu, pas plus l’eau tiède que la poudre.
    Sa vie paraît donc plus sereine avec sept dimanches par semaine
    Sans faire bouillir le pot-au-feu, ni laver, repriser ni coudre.

    Car elle a, de son mâle, appris qu’au fond les femmes sont sensées
    Car elles n’ont pas besoin de roue ni de devoir franchir les bornes.
    Hélas, chez nous, des malappris mènent une guerre insensée
    Pour mettre nos femmes sous les verrous selon « la loi de la licorne ».

    (Tableaux de Isabelle Bryer sur https:www.liveinternet.ruusers3255824post234988954
    « La loi de la licorne » sur https:www.caminteresse.frsocietequest-ce-que-la-loi-de-la-licorne-1175841 .)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Serre-moi la pince !

    Serre-moi la pince !

    Comme elle connaît ses limites, elle se plaît à les dépasser,
    Affronter les plus grands dangers du plus simple au plus compliqué.
    Ainsi donc s’est forgé le mythe de celle qui aime outrepasser
    La peur du péril étranger par un courage revendiqué.

    Les crabes lui serrent la pince avec une grande admiration ;
    Les méduses sont médusées et les requins sont requinqués.
    On dit qu’elle a séduit un prince au cours de sa transmigration
    Et qu’elle en aurait abusé… et que le pauvre aurait trinqué.

    Elle lui a préféré le crabe dont les pinces d’or sont renommées
    Depuis qu’un jeune aventurier l’a narré dans ses reportages.
    Tant pis ! Bien que le prince arabe l’ait appelée sa Salomé,
    Elle a choisi un roturier, oui mais expert en pinçotage.

    (Tableau d’Anthony Ackrill sur https:americangallery.wordpress.comcategoryackrill-anthony
    « Je connais mes limites. C’est pourquoi je vais au-delà. » Serge Gainsbourg.)

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  • Attentat en profondeur

    Attentat en profondeur

    Souvent lorsqu’il part à la pêche avec ses leurres et ses appâts,
    Notre sirène se dépêche d’y frotter ses propres appas.
    Plus le marin est pourfendeur avec hameçons et crochets,
    Plus l’attentat en profondeur par elle lui sera reproché.

    D’abord elle tâte l’aiguillon pour en tester la résistance
    Et prélève un échantillon dont elle goûte la substance.
    Puis à son tour, elle asticote d’un caractère bien trempé,
    La ligne qui se ravigote sous l’action du marin trompé.

    Après tout va toujours trop vite et tel est pris qui croyait prendre
    Car le pauvre pêcheur n’évite jamais de se laisser surprendre.
    Or il n’en reste aucune arête ; juste un chapeau à la dérive
    Car la sirène ne s’arrête qu’avec la nuit, quoi qu’il arrive.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’adieu à la sirène

    L’adieu à la sirène

    Adam et Ève ou les sirènes ? Dieu s’est beaucoup interrogé ;
    L’homme et la femme, c’est plus sérieux mais les chimères, c’est le rêve !
    Mais il a vite repris les rênes en réfléchissant au projet
    De son désir impérieux. Tant pis si la sirène en crève !

    Heureusement que Lucifer lui récupéra le programme
    Qu’il essaima au fond des mers comme un virus dans les abysses.
    Tandis que tous les mammifères se centuplaient au kilogramme,
    Les amourettes outremer portaient leur fruits avec malice.

    Les vieux loup-de-mer, du meilleur cru, gobent les marins bien dodus
    Qui cherchent trésors et merveilles et viennent troubler leur boisson
    Mais Adam n’y a jamais cru quant à Ève, elle a répondu
    Que ce n’est pas demain la veille qu’elle port’ra un’ queue de poisson.

    Tableau d’Anthony Ackrill sur https:americangallery.wordpress.comcategoryackrill-anthony .