Catégorie : Sirènes

  • La voix de sa mère

    La voix de sa mère

    Quand la sirène commuta sa jolie queue en jolies jambes,
    Elle conserva le contact avec la reine des abysses.
    Avec deux conques qu’elle permuta en plaçant l’une à l’entrejambe
    Qu’elle dut se coincer avec tact sur la peau tendre du pubis.

    En portant l’autre à son oreille, elle pouvait écouter sa mère
    Comme un cordon ombilical mais à distance et par wifi.
    Les conques, à nulle autre pareille, portaient tellement loin sur la mer
    Qu’aux transmissions subtropicales, c’ fut un véritable défi.

    Pourquoi sur le pubis au juste ? Sans doute que le clitoris
    Devait jouer le rôle d’antenne ou de signal répétiteur.
    On pense aussi que sur le buste perlent deux tétons qui nourrissent
    Et donc amplifient par centaine les appels depuis l’émetteur.

    Tableau de Michael Whelan.

  • La fille des ondes

    La fille au joli nez de cygne aimait autant le poisson cru
    Ainsi sans doute était-ce un signe sinon alors qui l’aurait crue ?
    En tartare, salade ou sushi, en céviche ou en tahitienne,
    Nourriture rêvée pour le chi † et, pour le corps, esthéticienne.

    Elle gagnait sa vie à Marseille à son étal de poissonnière ;
    Quand vous irez, je vous conseille de prendre sa sole meunière
    Qu’elle cuisine sans se faire prier dans sa boutique du panier ††
    Près du vieux port à la criée et ses maraîchers cancaniers.

    (Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak
    † le chi ou le qi représente l’énergie vitale
    †† célèbre vieux quartier de Marseille.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La sirène des abysses

    La sirène des abysses

    Au plus profond des abysses dans les ténèbres éternelles
    Comment les sirènes opèrent pour éclairer leurs chaumières ?
    Afin que nul s’estourbisse sur les roches sempiternelles,
    Elles balisent leurs repaires avec des poissons-lumières.

    Ces poissons des profondeurs heureusement vivent à demeure
    Avec la faune abyssale depuis des millions d’années.
    Certains sont un peu frondeurs mais, de crainte qu’ils n’en meurent,
    Elle leur ouvre en grand la salle pour qu’ils puissent ricaner.

    Car ces poissons-lumineux, d’apparence monstrueuse,
    Préfèrent en rire à mourir plutôt que s’en lamenter.
    Rarement volumineux, en foule tumultueuse,
    Ils viennent alors concourir aux soirées ornementées.

    Tableau de Vinhza.

  • La sirène tricheuse

    La sirène tricheuse

    Une sirène qui fait sa mue, qui agit comme le serpent
    Dont les écailles se détachent à chaque changement de saison
    Et dont la queue d’or se transmue en deux gambettes s’extirpant
    D’une vieille peau qui entache le sable devant sa maison.

    Après la voici courant nue, les cheveux volant dans le vent
    Et les seins comme sémaphores qui lancent des signaux glamours,
    Bravant les hommes sans retenue qui deviennent ses poursuivants
    Et qu’elle attire sans métaphore pour les faire mourir d’amour.

    Enfin l’ogresse, car ç’en est une, verra ses jambes recouvrir
    Des écailles toutes nouvelles sur son giron ventripotent.
    C’est selon la phase opportune que j’ai pu ainsi découvrir
    Que quand la Lune se renouvelle, la sirène en fait tout autant.

    Illustration de Briony May Smith.

  • Le trésor des sirènes

    Le trésor des sirènes

    Le fond des mers étant jonché de trésors issus des naufrages,
    Les sirènes ont aménagé un intérieur qui réconforte.
    Elles y attendent sans broncher que la tempête fasse son ouvrage
    Et leur envoie d’apanagées décorations de toutes sortes.

    Elles aiment les tapis d’orient et les bijoux d’ors et diamants ;
    Elles se parent de bracelets et de colliers de perles fines.
    Elles gardent en les répertoriant les œuvres d’art qui vont sciemment
    Récompenser les roitelets pour leurs pillages et leurs rapines.

    Elles surveillent les conquistadors et leurs trésors d’Ali Baba
    Qu’ils rapporteront en Espagne après y avoir fait fortune.
    Elles attendent alors la pluie d’or, après un fort coup de tabac,
    Des merveilles qui l’accompagnent pour payer l’écot à Neptune.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Poissons-chats et chiens-de-mer

    Poissons-chats et chiens-de-mer

    Les animaux de compagnie que toute sirène affectionne
    Sont dressés par des éleveurs de poissons-chats et chiens-de-mer.
    Afin que la nymphomanie de leur maîtresse se perfectionne,
    Ils participent avec ferveur à la chasse à courre outremer.

    D’abord les chiens-de-mer en meute traquent les marins aux abois
    Que tous les poissons-chats rabattent vers un emplacement précis.
    Guidée par les cris de l’émeute, la sirène fait feu de tout bois
    Afin de couler les frégates grâce au travail des poissons-scies.

    Les chiens-de-mer auront les os ; les poissons-chats, les aloyaux ;
    Tous laissent le cœur et le foie mis de côté pour la sirène
    Qui alimente le réseau des mille poissons-scies loyaux,
    En nourrissant ces disséqueurs du grand mât et de la carène.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Le grand orchestre des sirènes

    Le grand orchestre des sirènes

    Il y a vingt-mille ans aujourd’hui que l’orchestre marin nous charme
    Avec ses cordes et ses bois, ses tambours, ses vents et ses cuivres.
    Beaucoup de sirènes ont produit des spectacles qui tirent une larme
    Aux marins dont le cœur flamboie pour le concert qui va s’ensuivre.

    Les crabes jouent des castagnettes, les anémones font les chœurs,
    Les coquillages tambourinent et les gymnotes se déchargent.
    Le loup de mer prend sa lorgnette et prend la barre du remorqueur
    Vers la musique sous-marine qui semble provenir du large.

    Sous l’harmonie enchanteresse des reprises et des pots-pourris,
    Les hommes à jamais attachés restent fans inconditionnels.
    Les sirènes troubadouresses, après avoir longtemps souri,
    Se feront payer leur cachet lors d’un grand banquet passionnel.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Les sirènes musiciennes

    Les jeunes sirènes n’ont pas l’organe suffisamment développé
    Mais elles compensent en apprenant à bien jouer d’un instrument.
    Avec la musique tsigane qui produit de belles mélopées,
    Elles exécutent de surprenants et superbes accompagnements.

    Comme le jazz et la java, la valse musette est à l’honneur
    Qui chauffe de l’accordéon leurs chansons aux voix aquatiques.
    D’Odessa à Bratislava, les notes au petit bonheur
    Voyagent au fil des odéons jusqu’aux côtes de l’Atlantique.

    Illustrations de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Planche surnaturelle

    Planche surnaturelle

    Méditation surnaturelle que celle d’une sirène libre ;
    Libre de vivre à satiété avec sa manne faramineuse.
    De son expression corporelle qui lui apporte l’équilibre,
    Elle dort dans une variété d’étoiles de mer lumineuses.

    Quand sur la mer ensanglantée l’azur remonte lentement
    Avec les étoiles en question sur l’avenir de la sirène,
    Elle, après s’être sustentée, s’étend sur l’onde mollement
    Pour, le temps d’une digestion, méditer d’une âme sereine.

    Si les sirènes possèdent une âme, on se demande quel Dieu cruel
    A pu la faire à son image à moins que ce n’ fut essentiel…
    Quoiqu’il en soit, c’est une femme dont le côté spirituel
    Évoque le scénarimage de l’univers existentiel.

    Tableau d’Emily Kell.

  • Planche naturelle

    Elle est nue ; elle fait la planche au large des côtes bretonnes ;
    Moitié sirène ou moitié femme mais entièrement amphibie.
    Contrastant sa peau presque blanche, détone sa bouche gloutonne
    Que les fils de Neptune affament pour cause d’anthropophobie.

    Lorsque l’eau bleue devient verdâtre, elle cherche à assouvir sa faim
    Et guette le marin-pêcheur qui va venir la secourir.
    Il aura beau vouloir combattre, il connaîtra bientôt sa fin
    Et l’autre verra, l’air bêcheur, l’homme sa disgrâce encourir.

    Tableaux d’Emily Ponsonby sur https:www.emilyponsonby.comartworks .

  • Trésors des mers

    Trésors des mers

    Finalement quelle que soit l’origine de ses merveilles,
    C’est l’empreinte de la beauté de la vie qui lui est précieuse.
    Et aussitôt qu’elle aperçoit la première vague qui s’éveille,
    Elle fait une charibotée de bijoux aux nacres gracieuses.

    Puis elle trie ses coquillages tel le piano-cocktail de Vian
    Plutôt instrument concepteur de belles couleurs irisées.
    Après un premier nettoyage, elle placera les plus conviant
    Dans son précieux sac collecteur en imprimé porphyrisé.

    Elle en fera bagues et colliers, boucles d’oreilles et pendentifs ;
    Des broches d’étoiles de mer accrochés à ses cheveux d’or.
    Quand le chemin des écoliers revient toujours intempestif,
    Elle garde le goût doux amer du sel incrusté aux trésors.

    Illustration de Briony May Smith sur https:bldgwlf.combriony-may-smith .

  • La sirène contrebandière

    La sirène contrebandière

    Tous les petits trésors des mers, jolis coquillages nacrés,
    Étoiles à cinq, six ou sept branches, bois flottés, bijoux dérisoires,
    Sont développés outremer par les sirènes consacrées
    À l’import-export Outre-Manche mais produits en Côte-d’Ivoire.

    Ainsi les sirènes anglaises nous refourguent à un prix royal
    Tout ce qu’on glane sur les plages et qui provient des colonies.
    Anciennes colonies françaises qui d’un procédé déloyal
    Arrivent en fin de recyclage sur nos côtes… Quelle félonie !

    Méfiez-vous des imitations des sirènes contrebandières
    Qui nous font avaler des pieuvres comme couleuvres sous-marines !
    Mettons-leur des limitations sur leur production stipendiaire
    Et exigeons d’elles la preuve d’ pas être roulés dans la farine !

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • La belle verte – 11

    La belle verte - 11

    Finalement je l’ai suivie et descendu son escalier,
    Les yeux rivés aux jambes fines qui s’allongeaient durant la marche.
    Je peux dire que j’ai poursuivi le vieux rêve d’un fou à lier
    Drogué à un genre morphine qui le lie à sa matriarche.

    Car elle m’a pris pour étalon et je vais l’aimer pour de bon
    Dans son grand palais des abysses quarante jours, quarante nuits.
    Elle m’a ôté mon pantalon et je me sens tout pudibond
    En attendant que je subisse des préliminaires inouïs.

    Heureux comme un poisson dans l’eau, elle a joui en gémissant
    D’un million de voix de sirènes qui m’ont tué sans un remords.
    Moi, je suis au bout du rouleau et je m’éteins en bénissant
    Avec une émotion sereine mes millions de petites morts.

    Reprise de « Les jambes de la sirène » du 16.11.2019.

  • La belle verte – 10

    Tant va de fois la cruche à l’eau qu’à la fin la cruche s’y case.
    Deviendrait-elle pour autant sirène ou ondine et sylphide ?
    Elle me trouble par son halo qui l’enrubanne dans une extase
    Comme un accoutrement flottant autour de ses appas perfides.

    Quand elle abuse de ses charmes et que l’eau devient transparente,
    Mon regard plonge comme attiré envers son magnétisme vert.
    Alors je dépose les armes et je me noie dans l’attirante
    Souricière qu’elle m’a inspirée en écrivant ce Reflets-Vers

    (Photos d’Alex Sher et Elsa Marie Keefe.]

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Sirènes at teatime

    Sirènes at teatime

    À l’heure du thé sur la plage, on rencontre les sirènes anglaises
    Buvant, le petit doigt en l’air, des algues vertes torréfiées.
    On les croise même dans les villages en chaises roulantes, bien à l’aise,
    Dans les tavernes populaires sans qu’on n’en soit horrifié.

    Mais c’est normal car les anglais trouvent logique qu’à cinq heures,
    Que l’on soit humain ou sirène, on boive la boisson royale.
    Ainsi sur leurs fauteuils sanglées, elles s’en vont au petit bonheur
    Se réunir toutes sereines comme sages sujettes loyales.

    En mer, elles sont invitées à monter à bord « at teatime »
    Et partager la collation des britanniques à l’étranger.
    La seule chose à éviter, vu leurs caractères « borderline »,
    C’est faire des prolongations sous peine de se faire manger.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • La sirène couturière

    La sirène couturière

    Il est notoire a priori que les sirènes vivant nues
    N’ont nul besoin de vêtements et toutes pièces rapportées.
    Cependant a posteriori, l’une d’elles a été reconnue
    Couturière et également créatrice en prêt-à-porter.

    Bien sûr elles sont handicapées par leurs queues mal appropriées
    Pour se déplacer sur la terre une fois sorties de la mer.
    Elles doivent alors se draper au cas où vous les rencontreriez
    D’une tenue réglementaire pour faire taire les commères.

    Pour la queue, un fourreau doré, sur les épaules un chemisier
    Dont dentelles et guipures abondent sur un décolleté enivrant.
    Toutes les sirènes ont adoré – du moins celles qui sont extasiées –
    Par leur sortie dans le beau monde voire même dans la cour des grands.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • La sirène adolescente

    La sirène adolescente

    Lorsque deux jolis seins en pomme ornèrent la sirène nubile,
    Je m’engageai à les croquer juste en échange d’un baiser.
    J’étais encore un petit homme et la fille pas trop malhabile
    Car elle s’empressa de truquer le marché pour me déniaiser.

    Nous nous désirions de concert, aujourd’hui mon cœur en soupire ;
    Elle m’a plongé en plein émoi et m’a mis le monde à l’envers.
    Elle m’appelait son petit cancer car elle était pince-sans-rire ;
    D’ailleurs elle en pinçait pour moi lorsque je marchais de travers.

    Lorsque je suis parti en Suisse, elle est restée près de sa mère
    La Méditerranée trop triste de la quitter contre son gré.
    Jalouse autant qu’elle le puisse, j’avalai la pilule amère
    De la sirène égocentriste qui me vit partir sans regret.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Sirène de ma jeunesse

    Sirène de ma jeunesse

    Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, la sirène de ma jeunesse
    Était encore un peu timide et n’osait montrer sa poitrine.
    Elle vivait encore chez sa mère – une sirène diaconesse –
    Qui monnayait par temps humide des parapluies dans sa vitrine.

    Son mari était harponneur et partait chasser la baleine
    Sauf qu’en mer Méditerranée elles ne sont pas très nombreuses…
    Mais il mettait un point d’honneur à les poursuivre à perdre haleine
    Jusqu’aux confins où chaque année elles venaient en éclaireuses.

    Quant à ma petite sirène, j’aimais beaucoup la dessiner,
    Colorer ses écailles en rose et lui aquareller les yeux.
    J’offris à ma petite reine ses plus beaux traits hallucinés
    Avec son sourire morose qui lui donnait l’air malicieux.

    Illustration de Claire Fletcher sur http:www.clairefletcherart.compainting.html .

  • Dernières nouvelles de la banquise

    Dernières nouvelles de la banquise

    Depuis que la fonte des glaces se fait sentir sur la banquise,
    Les ours blancs ont dû émigrer vers les latitudes sereines
    Sur des icebergs qui se déplacent dans des températures exquises
    Vers les royaumes dénigrés du grand empire des sirènes.

    Ours et sirènes font bon ménage et se partagent les menus :
    Marins dodus et bien en chair, navigateurs, vieux loups de mer.
    Quand vient le soir, quel apanage de se blottir la queue menue
    Dans la fourrure d’un être cher, même s’il est d’état d’âme amer !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les sirènes clonées

    Les sirènes clonées

    Les expériences nucléaires pratiquées à Mururoa
    Ont provoqué des mutations chez les sirènes polynésiennes
    Par l’ADN linéaire au chromosome quarante-trois
    Qui s’est cloné en relation avec les déesses tahitiennes.

    Non seulement elles se ressemblent mais leur intellect collectif
    Pense comme pour une seule car leurs cerveaux sont en réseau.
    Sur leur rocher, elles se rassemblent pour renforcer leur objectif :
    Goûter la chair haineuse et veule d’un matelot amoroso.

    Ce que l’une voit, toutes le voient ; ce que l’une entend, toutes l’entendent ;
    Ce que l’une goûte, toutes le goûtent, ce que l’une sent, toutes le sentent.
    Lorsqu’elles unissent leurs voix, leurs cordes vocales se tendent
    Jusqu’aux oreilles à l’écoute des victimes pas si innocentes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Vivre de poisson et d’un petit je-ne-sais-quoi

    À l’origine le pêcheur vivait de poisson et de bière,
    Puis il a invité Madame à venir sur sa baleinière.
    Tant que le poisson arrivait par une moisson régulière,
    Tout allait bien mais l’état d’âme empirait chez sa cuisinière.

    Et le pêcheur se fit chasseur de lapin et cueilleur de fruits
    Pour améliorer l’ordinaire et plaire à sa diététicienne.
    Fort dépité fut le brasseur qui vit fondre tout l’usufruit
    De sa brasserie centenaire héritée d’une tante alsacienne.

    Tableaux de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Vivre de poisson et de bière fraîche

    Vivre de poisson et de bière fraîche

    Vendredi treize, il est possible que rien ne soit plus comme avant
    Et qu’une pêche miraculeuse ce soir puisse se profiler.
    Alors il demande l’impossible comme ses rêves auparavant
    Pleins de sirènes ensorceleuses qui se prendraient dans ses filets.

    On dit que faute de sirène, on se contente de poisson ;
    Le goût n’est pas aussi revêche mais on fait avec ce qu’on a.
    Et le marin se rassérène comme il peut avec pour boisson
    Une pinte de bière fraîche et un demi de corona.

    Lui, dans la fumée du cigare, a vu, cerise sur le gâteau,
    Une sirène dans les volutes se baigner tandis qu’il ramait.
    Puis brusquement sans crier gare, il est parti sur son bateau
    Retrouver celle pour qui il lutte mais qu’il ne trouvera jamais.

    Tableau de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Vœux de sirène

    Ah, que ne suis-je née sirène ! Je jouirais entre deux eaux ;
    Portée par des vagues sereines, je caresserais les oiseaux !
    Que n’ai-je un corps couvert d’écailles, une longue queue préhensile
    Et le soir rentrer au bercail au fond des mers, mon domicile !

    Je jouerais aux poissons-volants avec les mouettes rieuses
    Qui me suivraient en survolant mes plates-bandes mareyeuses.
    Et le soir guettant les bateaux mouillant dans le criques revêches,
    J’appâterais un marin pataud pour vivre d’amour et de chair fraîche.

    Tableau de Jaroslaw Kukowski.

  • Sirènes grassouillettes

    J’ai cru qu’il s’agissait de plâtres, de statuettes, de figurines
    Vendues sur le bord de la plage par un artiste « rock and roll ».
    Assez grassouillettes et bellâtres, les yeux couleur d’aventurine,
    Elles me fixaient sur l’étalage ; ne leur manquait que la parole.

    J’allais les prendre dans ma main quand elles ont couru sur le sable,
    Puis ont regagné le rivage et disparu sans retenue.
    Je suis revenu le lendemain car il m’était indispensable
    De revoir ces dames sauvages qui ne sont jamais revenues.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Laissez venir à moi tous les petits poissons !

    Laissez venir à moi tous les petits poissons !

    Depuis que les verts le rabâchent, le réchauffement de la Terre
    Fait fondre banquise et glaciers, engloutit plaines et vallées.
    Le niveau monte sans relâche et d’après les documentaires,
    Il faut que vous vous déplaciez sous peine d’être vite avalés.

    Le seul inconvénient majeur à la montée des eaux fatales
    Est la profusion de requins nés du fruit de l’adaptation.
    Les poissons, au début rageurs, ont pris l’orientation létale
    Envers le peuple américain d’après première constatation.

    Puis ils ont pris goût à leurs femmes dont la peur relève la saveur.
    Bonne nouvelle cependant, ils sont restés en Amérique
    Car cette mutation infâme fut provoquée à la faveur
    De leurs hamburgers prétendant devenir bouffe générique.

    Lara Zankoul photographiée par Asaf Hanuka de sur www.facebook.comlarazankoulphotography .

  • La sirène géante

    La sirène géante

    La première fois que je l’ai vue, sa taille m’a impressionné ;
    Montagne dans la nuit sereine, de son plus haut sommet ardu.
    Par cette rencontre imprévue, j’ai cherché à perfectionner
    Ma connaissance des sirènes et mon goût des amours perdues.

    Son chant montait sur la mer d’ombre parmi les rouleaux rugissants
    D’une tempête irrésistible qui m’a jeté entre ses bras.
    Elle m’attrapa de sa queue sombre, puis entre ses seins rougissants,
    M’entraîna vers d’indescriptibles abysses où mon corps sombra.

    Bien sûr, tout n’était qu’illusion et tout n’était que parodie ;
    Sa queue n’était que pacotille et sa voix chantait en play-back.
    J’ai connu la désillusion ; moi qui cherchais le paradis,
    J’en ai la queue qui s’entortille la nuit dans mes rêves en flashback.

    Tableau de Kristina Gehrmann sur https:www.artstation.comkristinagehrmann .

  • Les aventures de Manu : Manu roi des tritons

    Vous pourriez tous en témoigner : Manu rêve de régner en mer
    Sur les territoires éloignés et les départements outremers.
    Avec sa flotte de sous-marins et leurs amiraux fourvoyés,
    Il est devenu le parrain d’une vendetta soudoyée.

    Avec sa fausse queue dorée et sa couronne de corail,
    Les poissons ont subodoré qu’il était maître du sérail.
    Les requins blancs forment sa garde et les pieuvres font des soldats
    Qui pourraient tirer par mégarde, tant pis si la mort s’en solda.

    Cette semaine en grands pompes, il a invité leurs Altesses
    Qui ont ri, si je ne m’trompe, lorsqu’il dit sans délicatesse
    Que lui et la perfide Albion au grand palais feraient bombance
    Tandis que le peuple en haillons n’aurait plus droit à l’abondance.

    Finalement c’était un rêve et Manu noya le poisson
    En nous désapprouvant sans trêve la moindre entente sans façon.
    De cette expérience aquatique, il paraît que le vendredi
    Manu devient tout apathique et n’ supporte aucun contredit.

    Tableau d’André Dluhos.

  • La sirène qui dit oui et qui dit non

    La sirène n’est pas bonne élève comme le cancre de Prévert ;
    Elle dit « oui » à contrecœur et puis répond « non » à dessein.
    Sans doute cet usage relève de sa queue qui mime à l’envers
    Tout l’amour vrai qui sort du cœur et la haine au bout de ses seins.

    Quand elle dit « non », elle pense « jamais » ;
    Quand elle dit « oui », elle pense « peut-être » ;
    Quand elle vous embrasse, elle vous goûte ;
    Quand elle enlace, elle tâte la chair.
    Plus d’atermoiement désormais
    Et apprenons à la connaître ;
    Nous mettrions sa parole en doute
    Si c’était notre vœu le plus cher.

    Tableaux de Kristina Gehrmann sur https:www.artstation.comkristinagehrmann .

  • Quand la sirène s’éveille

    Quand la sirène s’éveille

    Endormie, la sirène coule dans la rivière somnolente
    Ou rêvent les poissons commodes qui nagent à contre-courant.
    Et tandis que les eaux roucoulent en vaguelettes insolentes,
    Son cœur et sa queue s’accommodent dans les méandres du torrent.

    Mais lorsqu’elle embrasse la Lune, sous le pont des quatre horizons,
    Son esprit alors s’émerveille d’une rosée d’étoiles d’or.
    Fougères, bruyères et callunes entrent alors en floraison
    Tandis que sirène s’éveille dans l’aube où la Lune s’endort.

    Tableau de Krista Lynn Brown.

  • Serena

    La chevelure des sirènes forme une espèce indépendante
    De petits poissons nettoyeurs qui veillent à sa beauté fatale
    De même qu’à son port de reine dont elle se veut prétendante
    Et à l’organe guerroyeur et secret de sa voix létale.

    Médusa aux cheveux-serpents foudroie un homme du regard ;
    Séréna aux cheveux-poissons séduit un homme par sa voix.
    À chacune ses participants pour piéger le marin hagard
    Et réaliser sa moisson selon vers quel but ils pourvoient.

    Illustration de Sheila Wolk.

  • Entre deux eaux bleues et vertes

    Entre deux eaux bleues et vertes

    Printemps pourri, été pourri et qu’adviendra-t-il de l’automne
    Ainsi que des autres saisons après un hiver détestable ?
    Déjà les rivières trop nourries débordent de leurs eaux gloutonnes
    Et envahissent les maisons d’une manière incontestable.

    Sans doute une révolution dans l’évolution des humains
    Qui vont s’en retourner dans l’eau, du moins jusqu’à hauteur du nez.
    Et malgré la résolution de ne pas rebrousser chemin,
    Ce sera à chacun son lot avec poissons importunés.

    Tableau de Zhongwen Yu.

  • Entre deux bleus entre deux verts

    Quand la nature va à vau-l’eau et que tout projet tombe à l’eau,
    Faut-il accepter son destin ou se débattre davantage ?
    Trop tard ! Le cheval au galop nous plonge dans un triste lot
    Et les poissons font un festin dans nos réserves de potages.

    C’est trop tard pour un dernier verre, d’ailleurs j’ai de l’eau jusqu’au nez !
    Va-t-il me pousser des branchies pour mes poumons appareiller ?
    Ceci sera mon dernier vers ; adieu humains infortunés !
    Mais non ! Je me suis affranchi du rêve et me suis réveillé !

    Tableaux d’Elena Vizerskaya sur http:bcr8tive.comsurreal-photo-manipulations-by-kassandra-vizerskaya .

  • Sirènes en mer lubrique

    Sirènes en mer lubrique

    Et si par parthénogénèse se reproduisaient les sirènes ?
    Les légendes en prendraient un coup sur le rôle des capitaines
    Que l’on trouve à la cantonaise, la cantonade ou dans l’arène
    Où les mâles se tordent le cou pour braver les terres lointaines.

    Les femmes ne portant plus malheur à bord des bateaux désormais,
    Sont devenues navigatrices, louves de mer et matelottes,
    Elles offrent aux sirènes en chaleur une alternative à jamais
    Inaltérable et novatrice envers celles qui portent la culotte.

    Lorsque les courses autour du monde navigueront vers ces récifs
    Surveillez les participantes durant leurs croisières atlantiques.
    Si leur trimaran vagabonde vers ces archipels répressifs,
    Attendez-vous à de crispantes disparitions énigmatiques.

    Illustration de Jenifer Prince.

  • Zoom sur la sirène

    Pleins feux sur la nouvelle race du nom des « sirènes-sorcières »
    Qui passent d’un coup de balai accompagnées d’un poisson-chat.
    J’en vois voler de ma terrasse par-dessus les voies traversières
    Où se combinent nos destinées entre elles, moi et ma geisha.

    Ma geisha étant japonaise et les poissons-chats des siamois,
    Ces rencontres ne sont ni fortuites ni forcément prévues d’avance.
    Quant à moi, j’en prends à mon aise tandis qu’au-dessus de chez moi
    Tombe une abondance gratuite d’ailes et plumes de jouvence.

    Illustrations de Hiroko Reaney.

  • Rencontre anisée

    Rencontre anisée

    Je reçus cette invitation transmise lors d’un communiqué
    Pour une rencontre au coucher au large des côtes bretonnes.
    J’acceptai sans hésitation et louai un bateau à quai
    À un marin mal embouché mais du genre que rien n’étonne.

    Pile au moment du rayon vert, la Lune se teinta de rose
    Et j’entendis la litanie d’une bouche sortant de la mer.
    Penchant la tête à découvert du côté des lèvres moroses
    J’en savourai leur goût anis, sucré-salé et doux-amer.

    Je l’invitai à prendre un pot à la taverne du vieux port
    Mais elle déclina mon offre d’une façon de tournevire ;
    Elle devait m’avoir dans la peau car elle exigea un rapport
    Immédiatement et dans le coffre à bagages de mon navire.

    Et ce matin, je me réveille ; ce n’était qu’un rêve éphémère,
    Le souvenir des lèvres anis me reste lourd sur les papilles.
    Depuis ma femme me surveille lorsque je mange des fruits de mer
    Arrosé d’un verre de pastis tout en embrassant les coquilles.

    Illustration de Shelley Skail sur https:shelleyskail.co.uk .

  • Presque sirène

    Les femmes mutent ces temps-ci et des sirènes apparaissent ;
    Le phénomène se constate sur les rivages un peu partout.
    Au début le corps s’amincit et les hanches perdent leur graisse,
    La peau devient plus délicate, tête, cheveux, poitrine itou.

    Mais quand les jambes se transforment, les mutantes alors disparaissent ;
    « Où vont-elles et où vivent-elles ? » reste un mystère irrésolu.
    Or si les légendes sont conformes, faites attention ! Elles s’empressent
    De lier quelque idylle mortelle, jetant sur vous leur dévolu.

    Couverture « Water Sign » for Vogue India sur https:bashooka.cominspirationeditorial-design .

  • Impossibles sirènes

    Impossibles sirènes

    Une fois pour toutes, il faut l’admettre, leur existence est impossible.
    Mais impossible n’est pas français et je m’en vais vous les montrer :
    Pour cela, il vous faut vous mettre au bord d’un bateau, impassible,
    Sourcils plissés et yeux froncés, là ! Vous allez les rencontrer.

    Dans les reflets des vaguelettes, vous observerez les contours
    De leurs corps, sans queue ni arête… et c’est mieux pour votre gouverne
    Car leurs voix dans les ondelettes attireraient aux alentours
    Les marins à perdre la tête pour d’utopiques balivernes.

    Si les sirènes n’existent pas, cela n’empêche pas de rêver
    À tous ces grands navigateurs tombés bêtement à la mer.
    Ils ont dû choisir leur trépas et préféré devoir crever
    Entre les bras d’un prédateur digne des légendes d’Homère.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Cendrillon la petite sirène

    Cendrillon la petite sirène

    Issus de sources magiciennes et de mythologies sacrées,
    Les contes de Hans Andersen, de Grimm et de Charles Perrault
    Ont fusionné avec d’anciennes légendes aux couleurs nacrées ;
    Pour vous représenter la scène, il faut repartir à zéro.

    Comme elle voulait aller au bal, elle alla prier sa marraine
    Qui lui donna de belles jambes et les fameux souliers de vair.
    Minuit sonnantes, elle cavale, mais se retrouve en queue de sirène
    Et s’épuise, à moitié ingambe, à regagner son lagon vert.

    Évidemment dans sa nageoire, seule une chaussure est restée ;
    L’autre a été récupérée… alors que va-t-il se passer ?
    Cette histoire – une vraie pataugeoire – est difficile à attester
    Car on l’a tant vitupérée qu’on est complètement dépassés !

    Reproduction de Chéri Hérouard pour « La Vie Parisienne ».

  • La sirène de la mer rousse

    La sirène de la mer rousse

    Je ne connais de la mer rousse seulement sa sirène éponyme
    Dont la chevelure m’évoque le crépuscule à l’horizon
    Lorsque le soleil se courrouce envers les étoiles unanimes
    À voir son règne qu’elles révoquent dans une infâme trahison.

    Je ne sais si la Lune aussi a participé au complot
    Mais la sirène depuis arbore une coiffure de la couleur
    Du soleil brulé et roussi qui, vaincu, plongea dans les flots
    Et que l’océan corrobore aux reflets de souffre-douleur.

    Tableau de hoooook sur https:www.deviantart.comhoooookgallery43215575painting .

  • Quand la sirène s’endort

    Quand la sirène s’endort

    Parfois la sirène s’endort malgré le navire qui passe
    Comme si sa voix envoûtante nécessitait une relâche.
    Elle s’enroule sur sa queue d’or et se love dans une carapace
    Tressée d’algues peu ragoûtantes mais qui discrètement la cachent.

    Puis doucement quand vient la nuit, elle remonte entre deux eaux
    Toujours plongée en léthargie tandis qu’un bateau mouille l’ancre.
    Mais ce soir, personne ne nuit dans le silence amoroso
    Des vagues dont la synergie ne crèvent point sa bulle d’encre.

    Tableau de Krista Lynn Brown.

  • La passion du poisson

    La passion du poisson

    Ciel ! Nous sommes déjà vendredi, je ne vois plus passer le temps
    Depuis que je voue ma passion promise à la pisciculture.
    Même si je me contredis en mangeant les plus excitants ;
    Princes des mers, rois des poissons voire Neptune en miniature.

    Est-ce un petit péché mignon que ma pêche miraculeuse
    Qui n’est sans doute pas végane mais inscrite à l’écologie ?
    J’aime parmi les plus trognons, surtout les carpes savoureuses,
    Qui sont muettes mais dont l’organe donne le thon dans mon logis.

    Collage d’Eugenia Loli sur https:www.shockblast.neteugenia-loli-worx .

  • La sirène au chant troublé

    La sirène au chant troublé

    Pour sa vision périscopique, la sirène nage entre deux eaux
    En laissant juste dépasser deux yeux pour scruter les bateaux.
    Son troisième œil, télescopique, agit à l’instar des oiseaux
    Binoculaire et espacé doublés d’une voix vibrato.

    Ainsi poussé par les courants sur la surface ondulatoire,
    Le chant troublé de la sirène, en tessiture subliminale,
    Gagne en puissance en parcourant de manière superfétatoire
    La distance de la carène à la chanteuse libidinale.

    À chaque perle du collier, une victime à son actif
    Et sur trois rangs, un génocide parmi les gars de la marine.
    Ainsi, sans vouloir la spolier de son bel organe attractif,
    Il serait bon qu’on élucide une protection en sourdine.

    Tableau de Jonny Ruzzo.

  • Les baignoires communicantes

    Les baignoires communicantes

    Au temps où j’vivais à Marseille, les WC trônaient aux balcons,
    Les uns sous les autres empilés comme des lits superposés.
    Je m’imaginais, ô merveille, des salle-de-bains, d’un genre abscons,
    Avec tuyauteries enfilées et les baignoires surexposées.

    J’aimais rêver de mes sirènes chantant dans leurs bains à étages
    Pêchant l’auditeur à la ligne, ferrant poisson ou gros pigeon.
    Je m’serais lancé dans l’arène, compétiteur du toilettage,
    Frottant le dos à ces malignes en tant que roi du badigeon.

    Cell’ du premier, exploratrice jouerait souvent au sous-marin ;
    Au deuxième une reproductrice guett’rait son mâle aux alentours ;
    Au troisième, une cantatrice siffl’rait un Pinot du Bas-Rhin ;
    Au quatrième, une lectrice ; serait celle aux plus beaux atours.

    Illustration de Marija Tiurina.

  • La tante Marinette

    La tante Marinette

    Une sirène marseillaise aurait vécu dans les calanques
    Et galvanisait les pêcheurs avec l’accent approprié.
    Elle vivait sur les falaises mais le matin quittait sa planque
    Pour faire mousser la fraîcheur de ses poissons à la criée.

    Ainsi ma tante Marinette, célèbre figure locale,
    Côtoyait César et Panisse au bon temps du pont transbordeur.
    Ceux qui l’appelaient « Ma Reinette » faisaient partie de l’amicale
    De cette boisson à l’anis qui fait les propos brocardeurs.

    Quoi qu’il en soit, la Marinette était authentique sirène
    Qui péripatait le vieux-port pour arrondir ses fins de mois.
    Maîtresse-queux de la sardinette en toutes matinées sereines,
    Elle gagnait, sous tous rapports, bien davantage que vous et moi.

    Tableau de Laura Sava.

  • Lecture pour toutes

    Lecture pour toutes

    Les sirènes se mettent à la page afin de suivre la conjoncture
    Et se retrouvent sur la plage pour une séance de lecture.
    Les romans d’amour au programme, lus par une femme écrivaine,
    Inspireront les mélodrames dont leurs chants d’amour sont en veine.

    Bien attentives dans l’intrigue qui se dénoue et se renoue
    Pareille à chaque voix prodigue qui met son marin à genoux.
    Le suspense est au paroxysme, synchrone à la marée montante,
    Et la fin se prête au laxisme comme à la marée descendante.

    Si la lectrice est décevante, elle risque d’être croquée
    Par les critiques conniventes qui se sentiraient escroquées.
    Mais c’est bien rare car les femmes sont spécialistes dans le style
    Qui mêle le digne et l’infâme dans les histoires les plus subtiles.

    Tableau de Sereismo.

  • Sirènes spontanées

    À dire vrai, sur leurs origines, les sirènes gardent leur secret ;
    On a toutefois observé des métamorphoses spontanées
    Auprès de groupes androgynes, jeunes filles nubiles consacrées
    À rejoindre l’ordre préservé des reines de Méditerranée.

    Dans une folie collectives, abandonnant leurs vêtements,
    Elles plongent nues et disparaissent sous les flots vers les profondeurs.
    Plus d’une année d’introspective est nécessaire moyennement
    Pour qu’une jolie queue apparaisse bien galbée et toute en rondeurs.

    Photos de Kate Bellm sur vogue.comslideshowkate-bellm-la-isla?epik=dj0yJnU9OFZRLXhxTlJlTGgyc2dONWRiOW9XeUwybGVYOS1Qd0cmcD0wJm49bkRVd0d1bDVGZFNPdjhXV0JJR0FSZyZ0PUFBQUFBR1NSU2FZ .

  • Elle en l’eau, les seins en île

    Elle en l’eau, les seins en île

    Elle en l’eau et les seins en île laissant le flot de ses pensées
    Se fondre dans la méditation de l’esprit en apesanteur.
    Le cœur à jamais juvénile de l’amour qu’il a dépensé
    Dans la béatification d’un puissant bien-être enchanteur.

    Elle en l’eau, sa grotte profonde dans le lagon de son giron
    Goûte le flux et le reflux de l’onde fécondée d’un ange.
    Tandis que tous ses cinq sens sondent maintes essences aux environs,
    Elle sent le plaisir qui afflue dans un incomparable échange.

    Elle en l’eau, les yeux en étoiles percent l’azur comme une lame
    Vers le Ciel qui l’a engendrée et la Terre qui l’a enfantée.
    L’invisible pinceau sur la toile du tableau qui évoque l’âme
    Trace des volutes cendrées autour des doigts comme aimantés.

    Tableau d’Emiky Kell sur emilykell.com .

  • Le centenaire de l’indépendance

    Le centenaire de l’indépendance

    Ils ont fêté le centenaire de la Première République,
    Coiffés de leurs bonnets phrygiens en liesse et formant une ronde.
    Et les chants révolutionnaires ont résonné comme un tonnerre
    Par tous les échos laryngiens dansant sur « Auprès de ma blonde ».

    Deux Marianne et leurs drapeaux. Des aristocrates en perruque
    Observent d’un air ébahi les joyeux citoyens qui dansent.
    Les royalistes, vieux crapauds, pleurent leur régime caduque
    Et les fanions de tous pays flottent en toute indépendance.

    Tableau de Henri Rousseau.

  • Homme-oiseau/femme-poisson, l’amour tendre

    Homme-oiseau/femme-poisson, l’amour tendre

    Un homme-oiseau est amoureux d’une femme-poisson au cœur tendre.
    Oui mais comment vont-ils s’y prendre pour partir en lune de miel ?
    Paraît-il que nos langoureux soupirants devront bien attendre
    Le bon moment pour nous surprendre par un curieux cérémoniel.

    Marier l’héritier des oiseaux avec l’ayant-droit des poissons,
    C’est comme Roméo et Juliette au grand dam de l’ethnologie.
    Pourtant dans le creux des roseaux, l’amour a cueilli sa moisson
    Lors de fécondes amourettes. Dès lors ils se cherchent un logis.

    Leurs enfants ? Des poissons-volants ou bien des oiseaux amphibiens ;
    Soit un vilain petit canard, soit une créature fabuleuse.
    Les anciens dieux en convolant dans les pays précolombiens
    Ont créé des êtres goguenards aux apparences ensorceleuses.

    Bon courage pour lire la signature !

  • Quand la sirène est chou

    Quand la sirène est chou

    Le chant de la sirène est chou au marin qui a bonne oreille
    Tandis que son navire échoue la nuit après qu’il appareille.
    La voix de la sirène est douce aux naufragés désabusés
    Tandis que dérive le mousse, seul sur son radeau, médusé.

    Les seins de la sirène sont fermes et hypnotisent le nageur
    Tandis qu’il approche et s’enferme entre les deux bras ravageurs.
    Les dents de la sirène sont blanches, pointues, acérées et sanglantes
    Tandis que sa victime flanche et meurt sous la morsure cinglante.

    Le ventre de la sirène est rond ; elle se repose au bord de l’eau
    Tandis que brûle l’aviron, dernier vestige d’un matelot.
    La queue de la sirène est belle et papillote comme un cadeau
    Tandis que le mousse rebelle l’a harponnée de son radeau.

    Tableau de Donato Giancola.