
Tous mes petits défauts, tous mes petits démons
Qui composent l’esprit et me font délirer,
Pèsent en porte-à-faux comme un mât d’artimon
Qui penche avec mépris et me fait chavirer.
Illustration de Mateo Dineen.
Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.
Tous mes petits défauts, tous mes petits démons
Qui composent l’esprit et me font délirer,
Pèsent en porte-à-faux comme un mât d’artimon
Qui penche avec mépris et me fait chavirer.
Illustration de Mateo Dineen.
Quand l’amour nécessite un phare pour naviguer en profondeur
Sur l’océan de séduction sous une nuit d’indifférence,
L’œil turquoise émet sous le fard de la paupière, tout en rondeur,
Une lumière par induction qui perce un rayon d’attirance.
Illustration de Moribayassa.
Après avoir ouvert la cage à toutes les désillusions,
Voilà les mémoires envolées avec les oiseaux de passage.
Quand « délivrance » et « déblocage » sont les mamelles de l’évasion,
L’âme et l’oubli vont convoler sans le moindre train d’atterrissage.
Tableau de Hanna Silivonchyk.
Le cœur s’offre aux pages ouvertes sans ressentir la moindre fatigue
Et l’âme, jusqu’à épuisement, continue de faire sa moisson
Puis, s’enfonce à la découverte en suivant le fil de l’intrigue
Pour arriver au dénouement où tout finit en queue de poisson…
Photo de Kerem © Keremcgrc sur https:hitek.fr42artiste-reves-photos-surrealistes_7763 .
Quand elle rit, elle se plie en quatre même si ce n’est pas tout à fait vrai ;
Quand elle rigole, elle s’esquinte par tous ses membres et jusqu’au cou ;
Après, je la vois se débattre bien même plus qu’elle ne devrait
Et tout ça finit par une quinte de rire que tous ses os secouent.
Elle fait toutes les positions du yoga au Kâmasûtra
Quand elle fait l’amour dans son lit, sur le sol et le tatamis.
Elle jouit sans opposition et, quand bien même que pourra,
Elle se replie à la folie surtout s’il y a beaucoup d’amis.
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Voici l’oiseau complémentaire, le rouge-gorge à gorge orange,
Vêtu de plumes bleu-cerise, coiffé d’une houppette discrète.
C’est notoire, c’est élémentaire, il possède un pouvoir étrange
Dont les autres espèces éprises ont l’envie qui monte à la crête.
Le Pinson des arbres de grève, le Bouvreuil pivoine lui-même,
Le Traquet pâtre morfondu et la Linotte mélodieuse,
Tous ces piafs poursuivent leur rêve évoquant l’oiseau de bohème
Et voudraient être confondus à leur idole radieuse.
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Une fois le voile levé sur le mystère féminin,
L’attention est focalisée là où il n’y a rien à cacher.
La petite culotte enlevée offre un instant fort peu bénin
Dont rien ne peut rivaliser car on ne peut s’en détacher.
Couverture du National Lampoon « High School Yearbook Parody 1974 ».
Après avoir porté le masque quelle en sera l’évolution ?
Peut-être la burqa intégrale ou bien le scaphandre autonome.
Porterons-nous bientôt des casques qui feraient la révolution
Par une tenue arbitrale qui confonde les femmes et les hommes ?
Voudriez-vous une carapace avec téléphone intégré
Reliée en sécurité dans les réseaux autorisés ?
Ainsi chaque fois qu’il se passe un évènement dénigré
Un système de sévérité n’aurait qu’à vous vaporiser.
Sculpture de Tomàs Barceló.
La vie occasionne la mort, la mort détermine la vie.
Le nombre de disparitions et le nombre de sacrifices
Sont cumulés dans les remords qui ont créé jusqu’à l’envi
À coups de multiplication l’humanité en bénéfice.
Mort et Vie sont inséparables l’une de l’autre dans la Nature
Et la nouvelle floraison prend appui sur les feuilles mortes.
La mort n’est pas irréparable mais source de progéniture.
Finalement qui a raison ? Je crois bien que la vie l’emporte.
Illustration de Skull ou Skirill.
Mensonge et dissimulation ont leurs vertus en politique ;
Escamoter n’est pas médire, on peut tromper par omission.
Salades et affabulations font les meilleures polémiques ;
Toute vérité, pas bonne à dire, n’est que forme de compromission.
Les marins sont bons à tromper et leurs femmes sont bonnes à terre ;
Parfois, à l’autre bout du monde, les conventions sont inversées.
La règle peut être estompée surtout s’il est bon de se taire ;
La vérité n’est plus immonde mais simplement controversée.
Photos de Haikyuu Ships.
Une fois par an dans l’hémisphère des forêts septentrionales,
L’astre vit son plus petit règne dans la cour du jour le plus court.
Et ses soldats, fiers conifères, brandir leurs branches nationales
Sur le soleil comme une araigne afin de lui porter secours.
Une fois par an, l’autre hémisphère tourné vers les régions australes
Voit l’astre dans l’apothéose de son règne prédominant.
En orientant son planisphère d’après sa course sidérale,
Notre planète est virtuose et le soleil est culminant.
Une araigne est une sorte de filet utilisé pour attraper les petits oiseaux.
Si plusieurs dieux ont mis la main pour créer la faune terrestre,
Chacun posa sa signature selon ses goûts et ses caprices.
Les dieux grecs et les dieux romains ont équipés leurs clubs équestres
D’animaux de toutes natures qui en portent les cicatrices.
Ces cornes en tire-bouchon pour droitiers comme pour gauchers
Me laissent à penser que Bacchus signa sa participation.
Installé à califourchon sur l’antilope chevauchée,
Il a rechargé ses accus en faisant bonne libation.
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La femme, assise dans l’ombre de son mari et ses amants,
S’est envolée par la fenêtre par un vent d’émancipation.
Aujourd’hui, elle montre en nombre qu’en plus de n’être que maman,
Elle a su faire reconnaître l’atout de sa participation.
La femme, cloîtrée mais promise à un mariage arrangé,
S’est échappée comme la flamme d’une essence rare et sauvagine.
Aujourd’hui, la faute commise est reproduite à l’étranger
Dans des circonstances infâmes de spiritualités misogynes.
La femme, conditionnée servante sous un joug de phallocratie
S’est déversée dans l’océan dont les eaux montent inexorables.
Aujourd’hui, la lutte fervente assure sa suprématie
Envers des hommes bienséants malgré quelques impondérables.
Tableau de Felice Casorati.
Tout l’univers, là, dans ma tête aurait tendance à déborder
Et jamais je ne trouverai de chapeau suffisamment grand.
Toutes mes idées font la fête dans un boucan désaccordé
Comme une folle éprouverait un mal d’amour désespérant.
J’y couds des patchworks de pensées, j’y tricote mes idées noires,
J’y raccommode mes regrets et nettoie toutes mes offenses.
J’aère ensuite pour compenser toutes mes pertes de mémoires
Que je rembourre par des secrets collectionnés dans mon enfance.
Tableaux d’Anna Berezovskaya sur https:tanjand.livejournal.com1035982.html#cutid1 .
Se sentir nu à l’extérieur ou fortuné à l’intérieur,
Pour les autres insignifiant mais pour moi riche d’inventions.
Je ne me sens ni supérieur, ni spécialement inférieur,
Mais fertile et vivifiant pavé des plus belles intentions.
Intentions qui pavent l’enfer si j’essaie de les imposer
À ceux qui n’ont pas demandé à vivre comme je le sens.
Tant mieux ! Si c’était à refaire, j’essaierais de me composer
Un esprit à recommander s’il se révèle intéressant.
Tableaux d’Anna Berezovskaya sur https:tanjand.livejournal.com1035982.html#cutid1 .
Femme qui pense avec le cœur, j’aime pénétrer ton esprit
Afin d’y refléter mon âme dans le creuset de ton amour.
Femme qui goûte l’air moqueur ce que ta mère t’a appris,
J’aime réunir nos deux flammes avec un baiser de velours.
Femme qui cultive son corps et qui le nourrit de beauté,
J’aime sentir entre tes mamelles l’arôme de ton cœur mûri.
Femme qui vit bien plus encore depuis l’enfance emmaillotée
Jusqu’à sa jeunesse éternelle, j’ai l’honneur d’être ton mari.
Tableaux de Dominique Garcin alias Domie.
Passés les douze coups de minuit, l’enchantement s’est terminé ;
Cendrillon s’est retrouvée nue, désemparée en pleine rue.
Elle alla cogner à mon huis qui jouxtait un estaminet
Pensant qu’il était malvenu de provoquer les hommes en rut.
N’étant ni le prince charmant, ni Don Juan, évidemment,
Je lui proposai de rester à discuter autour d’un verre.
Là, elle me trouva désarmant et décida pertinemment
De s’asseoir sans manifester le moindre trouble mais l’œil sévère.
Elle est partie au petit jour, enrobée dans ma gabardine,
Promettant de la ramener sans chemise et sans pantalon.
Elle revint me dire bonjour revêtue de ma brigandine
Qu’elle ôta pour se pavaner entièrement nue dans mon salon.
Tableau de Graciela Genovés.
Sur l’île de la tentation, les femmes nues sont souveraines ;
Les hommes sont leurs chevaliers qui s’affrontent pour devenir roi.
Du rocher des lamentations se jettent les anciennes reines
Et les vieux rois, fous à lier, détrônés en plein désarroi.
Sur l’île de la tentation, les rois élisent leur Vénus
Qui règnera, reine suprême, au nom du pouvoir de l’amour.
Elle porte la fornication jusqu’à l’ultime terminus
Où l’amant, dans l’étreinte extrême, est emporté au petit jour.
Tableaux de Vladimir Karnachev et de Graciela Genovés.
Les pieds ancrés dans les saisons mais pourtant la tête hors du temps
Comme une peur de se noyer dans la fuite éperdue du temps.
Ainsi le corps dans la maison accuse la course du temps
Tandis que s’éloigne du foyer un esprit nu d’un autre temps.
Ainsi le rythme impitoyable qu’impose un temps autoritaire
Courbe le corps, flétrit les chairs comme un vêtement de saison
Dont les modes inexorables qui soumettent les caractères
Plient les souvenirs les plus chers dans les coins obscurs des maisons.
Tableau d’Anna Ewa Miarczynska.
La liberté vit enfermée dans le cadre de la censure
Comme une muraille invisible qui protège l’intimité.
Réduite au jardin qui voit germer ses fleurs délicates en boutures
Qu’une morale juge nuisibles, frappées d’illégitimité.
Ainsi nous ne communiquons que par cette fenêtre étroite
Qui n’oriente la lumière que vers une partie publique.
Si jamais nous y appliquons une ouverture maladroite
Sur l’intérieur de la chaumière, elle sera traitée d’impudique.
Tableau d’Anna Ewa Miarczynska.
À cœur et à cri, je m’exprime et je revendique mon corps
Afin de pouvoir en montrer le fruit de l’humanité.
L’âme sur l’esprit y imprime les accords et les désaccords
Selon ce que j’ai rencontré qui empreint mon intimité.
Est-ce que mon temple m’appartient ou m’est-il prêté à crédit
Au débit de mon existence par une entité supérieure ?
C’est mon devoir, je l’entretiens en évitant le discrédit
Des vaniteuses inconsistances qui troublent mon for intérieur.
Tableaux de Dimitra Papadimitriou.
Hélas, la danse de Matisse est censurée sur la planète ;
Même avec les sexes cachés, les seins sont frappés d’interdit.
Que la liberté en pâtisse avec ces règles malhonnêtes,
Révèle une époque entachée d’une société abâtardie.
Si cet organe d’allaitement mérite quelques concessions,
Lorsqu’il est organe des sens, la censure crache son venin.
Pourtant je tiens parfaitement à contredire cette obsession
Qui qualifierait d’indécence la beauté du corps féminin.
Tableau de Cesar Santos.
Lorsque la Reine de la Lune porta sa sphère à bout de bras,
Elle prononça l’incantation qui fit s’éteindre les étoiles.
Ensuite, dans la nuit opportune, elle scanda « Abracadabra ! »
Et soudain sa disparition survint lorsque tomba le voile.
J’ai un tuyau pour la trouver ; je patiente au prochain orage
Qui vient lorsque la pleine lune troue la voûte caoutchoutière.
La première fois j’ai éprouvé, avec une pointe de courage,
Une allégresse, tout opportune, en regardant par la gouttière.
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Jouer au bord de la falaise les yeux bandés, c’est amusant !
C’est comme croire que le futur ira toujours en progression.
La liberté n’est pas à l’aise ; être confinés, c’est même usant
Et c’est mauvais pour la culture mais plutôt bon pour l’oppression.
L’état, au bord du précipice, a fait un grand pas en avant
En nous brandissant la carotte de la richesse et la retraite.
Hélas nous sommes les complices du fossé qui va s’aggravant
Et grandit tant que l’on poireaute devant tous ceux qui nous maltraitent.
Tableau de Jake Baddeley.
L’espèce humaine est imbriquée dans chacune de ses créatures ;
De mère en fille, de père en fils, depuis la première pierre posée.
Chaque cellule est fabriquée à partir de deux signatures
Partagées lors de l’artifice d’un feu de deux sexes opposés.
Au centre, ce puits de ténèbres, attire l’attention des mâles
Qui gravitent autour du noyau et de l’origine du monde.
Car ce féminin qu’ils célèbrent, l’esprit lié à l’animal,
Incarne le plus précieux joyau dont l’enchantement les inonde.
Tableaux de Diego Fernandez.
Hybridé aux plantes grimpante, Issu de la branche des lierres,
L’arbre qui marche a décidé de se dégourdir les racines ;
D’abord de manière rampante puis, en démarche irrégulière.
Lui-même n’a point élucidé cette mutation qui le fascine.
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De la Grande Muraille de Chine au rideau de fer soviétique,
Beaucoup de civilisations ont barricadé leurs frontières.
Puis, nous ont fait courber l’échine en religions hypothétiques
Qui, au moyen de privations, imposent notre vie entière.
On nous apprend l’humilité pour ne pas offenser les riches ;
On fait porter le voile aux femmes qui pourraient séduire les hommes ;
Des règles d’imbécilités alors que nos dirigeants trichent
Et une répression infâme envers les exclus du royaume.
Tableaux de Jennifer Yoswa et Noor Sabah.
Les petites filles sautent à la corde, montent à l’échelle, toujours plus haut ;
C’est leur manière de prouver qu’autrefois elles étaient des anges.
Plus tard, lorsqu’elles vous accordent de vous mettre ensemble en duo,
Vous ne pouvez plus qu’approuver d’avoir les plus divins échanges.
Tout est prétexte de voler, tout est prétexte de planer
Elles iront jusqu’à surfer dessus leur planche à repasser.
Donc je vous souhaite de convoler – et d’ici la fin de l’année –
En justes noces assoiffées d’un septième ciel à dépasser.
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La télé me vide la tête et mes pensées sont minimales
À grands coups de publicité et d’informations mensongères.
Même le chat est à la fête grâce aux émissions animales
Et j’atteins la simplicité de la parfaite ménagère.
Dès le matin j’ai mes séries toujours faciles à comprendre
Après viennent les magazines pour être au plus près de la mode.
Et j’y repère pour mon chéri un bon plat facile à apprendre
Et puis je fonce à la cuisine, je le prépare et l’accommode.
Photos de Helmut Newton.
Tous les matins je m’en allais me promener sous l’océan
Avec mon requin poisson-chien pour lui distraire les mâchoires.
Je l’emmenais se régaler de quelques nageurs bienséants
Pour son plaisir œsophagien et lui dérouiller les nageoires.
Mais non, je plaisante et d’ailleurs mon requin n’aime pas les hommes ;
En revanche il aime les femmes surtout celles au corps de sirène.
Bien que les squales soient railleurs, ils apprécient dans leur royaume
Les jolies nageuses qu’affame leur attrait pour les œstrogènes.
Photo de Peter de Mulder et l’australienne Hannah Fraser photographiée par Shawn Heinrichs sur http:www.regardsurlemonde.frblogfemme-sirene-danse-requins .
Accompagnées de tambourin, de luth et de chansons d’amour,
Les baladines éveillaient l’attrait des mâles mélomanes.
Voiles azurins et purpurins dansaient au rythme des tambours
Et dévoilaient, émerveillés, leurs jolis corps érotomanes.
Shéhérazade sans aucun doute figurait le clou du spectacle
Lorsqu’elle chantait a capella l’histoire des mille-et-une nuits.
Tout l’auditoire à son écoute était saisi par le miracle
De cette voix qui excella à le tirer de son ennui.
Tableau de Kees Van Dongen sur http:pasperdus.canalblog.comarchives200710216561016.html .
Après avoir couru le monde à la recherche de l’étoile
Qui brille dans le cœur et l’âme et illumine le visage,
Comme une comète vagabonde dont l’éclat a percé le voile,
S’est dévisagée une femme enrichie d’un doux paysage.
Après avoir parcouru 30 ans à travers le monde, le photographe belge Serge Anton a vu beaucoup de visages et en a fait un livre de captures faciales insolites « Faces ».
À la pleine lune suivante, il a quitté sa louve-garelle
Dont il avait plein les godasses de lui effeuiller les marguerites.
La maladie récidivante de sa mutation corporelle
Plut à une lapine chaudasse qui en devint sa favorite.
Mais voilà ! Une fois passée la métamorphose du loup,
Celui-ci trouve la lapine d’un autre appétit qui s’ensuit.
Elle devra se surpasser à raconter à son loulou
Une histoire qui le turlupine pour durer mille-et-une nuits.
Tableaux de Jozef Wilkon.
Sous la nuit de la pleine lune, le loup-garou est amoureux
Car c’est la maladie d’amour qui lui donne la rage de mordre
Les fleurs aux dents et les callunes qu’il cueille d’un air langoureux
Pour offrir un bouquet glamour assez fleuri mais en désordre.
Sa louve-garelle, la coquine, l’envoie siffler sur la colline
Pour y cueillir des marguerites plutôt qu’une gerbe de bruyères.
Le loup, bien sûr , ça l’enquiquine et, la queue basse qui dodeline,
Repart dans sa quête émérite faire un bouquet dans la clairière.
Tableaux de Jozef Wilkon.
Quand il n’y aura plus ni pétrole, ni gaz ni électricité,
Il nous faudra recommencer à dompter les chevaux-vapeur.
Avec chariots et carrioles tractés avec motricité
Par le caractère romancé de beaux étalons galopeurs.
Sur leurs sabots dotés de roues, ils patineront sur les routes ;
Avec des flotteurs adaptés, ils deviendront chevaux-marins.
Adieu à nos anciens gourous qui auront tous fait banqueroute
Ou qui se seront réadaptés à mettre le pied dans le purin.
Tableaux de Jake Baddeley.
Même si j’observe de loin pour rester en sécurité,
Je participe malgré moi à ce dont je reste extérieur.
Et si j’avance plus ou moins avec force et témérité
J’authentifie au fil des mois ce qui bâtit mon intérieur.
Je suis marqué par mes erreurs, tu es marquée par tes succès,
Il est marqué par ses échecs, elle est marquée par ses victoires.
Ainsi, nous portons la terreur inscrite en nous comme un abcès ;
Ainsi que les marques extrinsèques des sourires aux belles histoires.
Tableaux de Juliette Belmonte.
Quels sont les chemins inconnus qui me restent à parcourir
Sans avoir l’esprit mal tourné ni tomber cul par-dessus tête ?
Mais de peur d’être reconnu comme machine à discourir,
Laissez-moi donc me retourner et reprendre du poil de la bête.
Moco Museum – Amsterdam.
De père en fils, chez les Dubois, nous vivons en communauté
Dans nos baraques en bois flotté une existence de casaniers.
Et pareils aux chiens qui aboient quand un bruit les fait sursauter,
Aux fenêtres venons chuchoter quand passent les caravaniers.
Œuvre de Marc Bourlier réalisée à partir de bois flotté, ramassé sur les plages.
Si les rayures amincissent, les carreaux soustraient les regards
Et la reine de l’échiquier en profite pour s’escamoter.
Secrètement, elle s’immisce entre les pions un peu hagards
Et va rejoindre son équipier qui saura bien la bécoter.
Et Reine blanche – comme Reine noire – se prêter à ce petit jeu
De l’art qui, en catimini, permet de retourner sa veste.
Ainsi en cas d’échec notoire, elle rallie les meilleurs enjeux
Chez l’autre avec ignominie pour lui obéir sans conteste.
Photos de Stefan Sagmaster.
Dans les vieux quartiers de Marseille, à côté du four aux navettes,
On voit naître à la chandeleur des créatures étonnantes ;
Ces lapines aux longues oreilles qui se vendent à la sauvette
Donnent un effet batifoleur aux jolies filles entreprenantes.
Sculpture de Nikichi – Akihiko Yoshida.
Les murs de brume impénétrables peinent le soleil de novembre
Qui nous semble user de patience à vouloir transpercer l’écran.
Parfois le brouillard vulnérable entrebâille une porte d’ambre
Et l’on voit l’astre en prescience percer la brume en l’échancrant.
Tableau de xxx.
En robe bleue un peu baroque, avec long bec et courte queue,
L’oiseau Martin, maître-pécheur, niche autour des lacs des forêts.
Sa plumage turquoise évoque, malgré son esprit belliqueux,
Un lien d’exotisme accrocheur aux paradisiers décorés.
Il apaiserait les tempêtes et porterait bonheur aux hommes
Qui vivent en ces régions humides où brumes et brouillards s’égarent.
Mais ne vous cassez pas la tête s’il semble absent en son royaume ;
Par son naturel très timide, il échappe à tous vos regards.
Photo de Luisa Azevedo.
Au printemps, la pie est frivole, elle a bu plus que de raison
Avec les beaux paradisiers qui se sont partagés sa chambre.
À l’automne naquit la pirolle avec ses couleurs hors-saison
Afin que vous organisiez la fête du mois de novembre.
Or, la pirolle n’est pas pie, du moins sa lointaine cousine
Émigrée vers l’Himalaya et même plus loin jusqu’en Chine.
Douée de chromothérapie, elle fait la une des magazines ;
Il paraît qu’elle se déploya au Vietnam, ancienne Indochine.
Photo d’une Pirolle à bec rouge et dessin de Karen Lee.
Si tu veux t’envoyer en l’air avec compagnons et compagnes,
Viens donc chanter La Marseillaise sous le grand miroir du vieux port.
Tu décoinceras tes maxillaires qu’on entendra jusqu’à Aubagne
Et feras trembler, mal à l’aise, la Bonne-Mère sur son support.
À Marseille au Vieux-Port sous le grand miroir.
À chienpossible nul n’est tenu s’il demeure irréalisable
De mener à bien les miracles en dépit de ce qu’on a appris.
Or, celui qui s’est abstenu de faire des lois égalisables
Nous promet, à force d’oracles, l’opération du Saint-Esprit.
Illustration de Shigeo Fukuda.
Plus on nous parle de Vincent et moins on n’en voit la couleur ;
On n’ose plus sortir le nez sans conseil des pharmacologues.
On nous cantonne, nous évinçant de nos proches dans la douleur
Et nous retrouvons confinés sans plus de papier dans les gogues.
Tableau d’Oleg Shuplyak.
Madame est exhibitionniste et montre fièrement son minou
Quand elle fume après l’amour tout en se caressant la chatte.
Monsieur, plutôt opportuniste, chat-fourré mais chaud lapinou,
Lui avait dit non sans humour : « Que toutes les deux m’approchâtes ! »
Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.
Parmi les couples indissociables qui restent unis toute leur vie,
Certains ont toujours du ressort d’avoir lavé leur linge sale.
L’amour n’est pas plus négociable qu’une famille en indivis
Qui unit les princes consorts d’une attirance colossale.
Quand une reine tombe amoureuse de son valet, celui-ci risque de dévaler dans l’arène.
Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.
Pierre Galet et son épouse semèrent leurs petits cailloux
Qui ont roulé le long des plages de Normandie à Vintimille.
Lorsque je vois sur ma pelouse la trace de ces petits voyous,
J’en reconstitue l’assemblage pour rendre hommage à leur famille.
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Juste entre l’Halloween d’octobre et le jour des morts de novembre,
Ceux qui sont partis nous rappellent à leurs plus tendres souvenirs.
Les feuilles en faire-part d’opprobre laissent un froid qui glace les membres
Et celles qui s’en vont à la pelle laissent leur place à l’avenir.
Photo du cimetière des vétérans.