Catégorie : Reflets Vers inédits

Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.

  • Couple de cous

    Couple de cous

    L’adaptation qui occasionne de meilleurs choix pour la Nature
    Crée des animaux surprenants comme la girafe, par exemple,
    Dont le long cou lui solutionne l’accès aux très hautes ramures
    Et une robe les fusionnant dans un décor qui leur ressemble.

    Et l’okapi et ses rayures avec le zèbre et ses zébrures
    Ont l’art d’échapper aux poursuites en évitant les coups de barre.
    Ils lancent un « à la revoyure ! » aux lions à la belle parure
    Qui traiteront ce délit de fuite comme une poisse qui les désempare.

    Tableau de Karen Laurence Rowe.

  • Hé garçon !

    Hé garçon !

    Vers les îles dans le brouillard où il suit ses rêves troublés
    Par des cauchemars de tempêtes et vagues de répréhension,
    Le cœur fort, l’esprit débrouillard, il sait bien qu’il doit redoubler
    D’attentions dans cette compète contre ses propres appréhensions.

    Que ce soit sur terre ou sur mer, sa maison ou les antipodes,
    Chaque jour il tient l’équilibre entre la mort et la survie.
    S’il vit en mer, le goût amer du sel jamais ne l’incommode ;
    S’il vit sur Terre en homme libre, alors son rôle est assouvi.

    Tableau de Frank Herbert.

  • Le château des Mages

    Le château des Mages

    Ainsi donc ce château m’obsède car je le croise un peu partout
    Dans mes recherches inabouties qui n’ont pas trouvé leur chemin
    Dont le labyrinthe m’excède par ses détours, ses fourre-tout,
    Ses culs-de-sac mal emboutis à devoir s’y prendre à deux mains.

    La dernière fois que je l’ai vu, c’était… hier… c’était… demain…
    Je ne sais plus mais son image n’a pas l’air d’être une utopie.
    À l’impromptu, à l’imprévu, si vous trouvez un parchemin
    Signalant « Le château des Mages », envoyez m’en une copie.

    Tableau de Petras Lukosius.

  • L’image fugace

    L’image fugace

    Elle demeure l’image fugace qui m’est apparue un instant
    Avant de sortir du sommeil dans ma mémoire permanente.
    Je ne sais pourquoi elle m’agace mais ce souvenir persistant
    Tintinnabule comme un réveil à la cloche encore rémanente.

    Sans doute dans une autre vie, d’autres horizons d’autres pays,
    Nous sommes-nous aimés d’amour et avons-nous fait un enfant.
    Je l’imagine, là-bas, ravi avec ses parents ébahis
    D’avoir rêvé, au petit jour, de mon reflet-vers triomphant.

    Tableau d’André Khon.

  • Quand un pont devient une étoile

    Quand un pont devient une étoile

    Quand un garçon lui tient l’échelle, il lui tient lieu de parangon
    Et la fille en sécurité ira plus loin pour innover.
    Ainsi si l’ange Saint-Michel a pu terrasser le dragon
    C’est parce que, dans l’obscurité, un autre a su le motiver.

    Alors si l’union fait la force, pourquoi les religions persistent
    À diviser l’homme et la femme plutôt que les associer ?
    Si Dieu existe, qu’Il s’efforce de m’expliquer en quoi consiste
    L’histoire d’un péché infâme qui les aurait dissociés !

    Illustration de Borda.

  • Le fruit de l’intelligence – 2

    Prenons deux cartes du tarot parmi les autres étalées ;
    Nous tirons la « Dame des Coupes » avec l’ « Arcane du Pendu ».
    L’un, suspendu par un garrot qui lui donne un air décalé,
    L’une, qui maintient dans sa soucoupe tout ce que l’autre a répandu.

    Supposons… qu’Adam ait fauté et mangé le fruit défendu
    Que le serpent lui proposait – privilège du droit de naissance.
    C’est donc l’homme qui a capoté et finit, par les pieds, pendu
    Tandis qu’Ève recomposait un Graal de jus de connaissance.

    Tableaux d’Anne Bachelier.

  • Le fruit de l’intelligence – 1

    Le fruit de l’intelligence - 1

    Ève aurait péché par faiblesse, défaut de nature des femmes ?
    Si c’est le cas, Dieu est coupable de l’avoir offerte à Adam !
    L’homme attendait plus de noblesse plutôt que ce moyen infâme
    Que croire sa femme incapable d’échapper à tout ce ramdam.

    Et si le malin est si fort… pourquoi ne pas corrompre l’Homme ?
    Aurait-ce été une sottise de mystifier ce matamore ?
    Mais Satan n’a pas fait d’effort pour l’abuser avec la pomme ;
    Ève a donné de sa bêtise quant à Adam, il l’a encore.

    Tableau de James Jean.

  • L’âme subtile et le cœur habile

    L’âme subtile et le cœur habile

    La nuit, deux ondes antagonistes qui n’ont pas besoin de lumière
    Influent sur le sommeil des hommes selon leurs polarisations.
    L’amour devient protagoniste en divisant dans les chaumières
    Les gènes et les chromosomes parés à la fécondation.

    L’âme et le cœur se font artistes en proposant l’arrangement
    Le plus propice pour créer un nouveau chef d’œuvre de chair.
    Puis vient le rôle des galeristes qui permettent l’affrontement
    De deux sexes qui vont suppléer à faire monter les enchères.

    Tableau de Jesse Reno sur https:rvamag.comarticlesfull15276art-feed-jesse-reno.html .

  • La porte du dimanche matin

    La porte du dimanche matin

    Elle m’a longtemps intrigué la porte du jardin d’en face ;
    Elle n’était même pas verrouillée et jamais personne n’y venait.
    J’avais résolu d’instituer un de ces quatre avec audace,
    Jeter un œil et patrouiller entre les ronces et les genêts.

    C’était un jardin paysan à l’abandon depuis longtemps ;
    Tout envahi de mauvaises herbes, vertiges d’un endormissement.
    Au milieu, caractérisant les coutumes des anciens temps,
    Deux tombes qualifiées d’un proverbe : « La mort n’est qu’un recommencement. »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Ève démultipliée

    Ève démultipliée

    Que nous soyons nés de Lucy – ou d’Ève selon les écrits –
    Nous avons tous les caractères du cher Ancêtre dans nos gènes.
    J’en vois la preuve réussie dans tous les regards circonscrits
    Des femmes tout autour de la Terre, étrangères ou indigènes.

    Chez les hommes, elle reste cachée cette féminité infâme
    Que beaucoup voudraient refouler dans la plus profonde oubliette.
    Par bonheur, elle s’est entachée à nous faire rechercher la femme
    Pour l’extraire dans la foulée du fin fond de nos coucougnettes.

    Collage de Giorgos Achilleos.

  • Derrière la structure de l’œuf

    Derrière la structure de l’œuf

    M’imaginé-je un embryon tapi au secret de son œuf
    Qui percevrait de l’extérieur tous les mystères de l’Univers ?
    Saurais-je comme Cendrillon avec son prince en habits neufs
    Quitter mon intime intérieur chaussé de pantoufle de vair ?

    Eh bien, Mesdames et Messieurs, nous sommes enfermés dans ce rêve
    D’un Dieu fou derrière les coulisses qui nous persécute, impassible.
    Loin de la Terre, au bord des cieux, Il déambule sur la grève
    En inventant avec malice sa prochaine figure impossible.

    Tableau de Jesse Reno.

  • Femme-flore

    Femme-flore

    À l’instar des femmes amoureuses des animaux dites « à faune »,
    J’ai un faible pour les mains vertes par les femmes dites « à flore ».
    Avec leurs passions langoureuses pour la vie végétale aphone
    Mais qui s’exprime à fleurs ouvertes, arums, roses et passiflores.

    Dans leur serres pleines de lumière en robes à pois ou à violettes
    Qu’elles associent au décor pour y être plus ressemblantes.
    Elles en décorent leur chaumière avec tout l’art de la houlette
    Qu’elles manient d’un corps à corps accordé aux plus belles plantes.

    Tableau de Michael Carson.

  • L’amour en papier mâché

    L’amour en papier mâché

    Tout l’amour que j’ai ruminé lors des refus et des râteaux
    Quand l’eau me venait à la bouche pour un baiser inaccessible,
    Et la sueur éliminée lorsqu’on me menait en bateau
    M’ont donné l’occasion farouche de réorienter ma cible.

    Alors je fais des marionnettes avec tout mon papier mâché ;
    Avec toute l’eau transpirée et tout ce que j’ai salivé,
    Avec lettres et chansonnettes de mes passions empanachées,
    Et mes statues, fort inspirées, s’en révèlent enjolivées.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La dame oiselle – 1

    La dame oiselle - 1

    Le mimétisme inspirateur de la sorcière chamanique
    S’apparente à l’aspiration du volatile par la Lune.
    Par son halo révélateur d’un vieux procédé alchimique
    Et le cœur en adoration envers son compagnon à plumes.

    Quand le corps subit l’attraction vers l’âme de la créature,
    Celle-ci l’attire en son sein pour lui en livrer sa structure.
    L’humaine alors fait abstraction sitôt de sa propre nature
    Pour revêtir celle du poussin qui lui en offre sa texture.

    Illustration de Jana Heidersdorf.

  • La dame oiselle – 2

    La dame oiselle - 2

    Lorsque la femme est transformée en volatile chimérique,
    Son reflet pourtant continue à renvoyer sa vraie nature.
    J’en vois des éclats se former dans des flaques d’eau féeriques
    Après une pluie obtenue sous de chaudes températures.

    Après des jours caniculaires, quand la Terre a évaporé
    Toute son eau maléficiée par la pollution du diesel,
    Alors sous la clarté lunaire, sa mémoire revigorée
    Permet aux femmes initiées à redevenir femmoiselles.

    Photo d’Alicja Posluszna.

  • Au pays des baleines, la poussée sereine

    Au pays des baleines, la poussée sereine

    Si Archimède avait été une femme qui, en prenant son bain
    Et en constatant la poussée, aurait-elle crié « Eurêka » ?
    Aurait-elle sorti ses tétés, et risqué un scandale urbain
    Et voir les hommes se trémousser devant ses charmes délicats ?

    Aurait-elle incité les femmes, les potelées, les grassouillettes,
    À plonger nues entre les vagues et nager à en perdre haleine ?
    Les hommes auraient trouvé infâme de les voir faire l’andouillette
    Et estimé qu’elles divaguent à se conduire comme des baleines !

    Sculpture de Tristan Elwell.

  • Le Clan Extraverti des Rigolards

    Le Clan Extraverti des Rigolards

    Il n’y a pas d’heure pour rigoler, pour chanter ou faire les fous
    Pour ceux qui font partie du Clan Extraverti des Rigolards.
    Quel plaisir de fariboler et de se donner rendez-vous
    Pour faire ensemble un bataclan à tout casser entre gueulards !

    Évidemment les braves gens ne dorment pas quel que soit leur âge ;
    Ils râlent mais – que voulez-vous ? – c’est l’anniv’ d’une connaissance…
    Et n’appelez pas les agents car chaque jour dans le village
    Il y aura toujours un fou qui fête son jour de naissance.

    Presque tous les Tableaux de Michael Carson sur https:www.sohu.coma428867333_120065965 .

  • L’impudique

    L’impudique

    La femme, toujours pragmatique, à l’école de la séduction
    Connaît le maniement des armes qui n’ sont en fait que des appâts.
    Par des moyens fantasmatiques, elle transporte par adduction
    Les hommes par le pouvoir du charme qui se dégage de leurs appas.

    Nul besoin de trop d’accessoires puisqu’une femme nue suffit
    À paralyser le système reptilien du cerveau du mâle.
    Exhibant sin divertissoire – comme le prêtre son crucifié –
    Et de son coup mortel : « je t’aime », elle vainc sans peine l’animal.

    En argot, le divertissoire s’apparente à toutes les parties physiques qui font le charme féminin.

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  • L’amoureuse

    L’amoureuse

    Si l’arcane de « l’amoureux » – sixième lame du tarot –
    M’autorisait à proposer une alternative à saisir,
    Alors deux hommes langoureux, deux hommes forts comme des taureaux,
    Lorgneraient la femme supposée devenir l’objet du désir.

    L’opportunité de la femme à choisir l’élu de son cœur
    Rivalise avec celle de l’homme qui lutte pour la conquérir.
    Ainsi ce que l’on juge infâme dans la vanité du vainqueur
    Est à répartir en binôme avec celle qui veut le chérir.

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  • Les reflets jumeaux

    Je ne sais pour quelle raison elle a disposé ce miroir
    Qui m’offre une polygynie en dédoublant ma partenaire.
    Sans doute la comparaison entre mes mémoires à tiroirs
    Qui cherchent un goût de l’infini dans mon espace stationnaire ?

    Elles ne sont pourtant pas jumelles mais se ressemblent toutes pareilles ;
    L’une est rattachée à mon cœur, l’autre à jamais indépendante.
    J’aime donc sa partie femelle lorsque l’amour nous appareille
    Et son reflet à contrecœur pour son image condescendante

    Presque tous les Tableaux de Michael Carson sur https:www.sohu.coma428867333_120065965 .

  • Trop pudique

    Trop pudique

    Trop pudique ou trop réservée comme une fille sainte-nitouche,
    Mon intuition effarouchée s’enfuit lorsque je parle d’elle.
    Alors j’essaie de conserver une quiétude qui la touche
    Sinon, elle reste mal embouchée et… à Dieu vat, mon hirondelle !

    Mais dans les moments de silence, quand l’esprit peut se débrancher
    Du matérialisme imbécile de l’existence mécanique,
    Une fois chassées les turbulences, elle revient le cœur épanché
    Parler à mon âme indocile dans ses tréfonds neurasthéniques.

    Presque tous les Tableaux de Michael Carson sur https:www.sohu.coma428867333_120065965 .

  • Crépusculaires

    Mes deux voisins crépusculaires n’apparaissent que deux fois par jour ;
    Je devrais dire qu’ils se signalent, soit au coucher, soit au lever.
    Des petits pieds corpusculaires – sans doute le fruits des amours –
    Courent aux premières matinales à petits pas, bien élevés.

    Et puis, plus rien… fors le silence qui occupe seul la maison
    Mais à l’heure entre chien et loup, l’escalier résonne de rires.
    J’ai bâti cette vigilance, indépendante de ma raison,
    Comme une horloge un peu cheloue qui scande le temps du délire.

    Tableaux d’Anna Carll sur http:cristinafaleroni.blogspot.com201507anna-carll.html .

  • L’innocence

    L’innocence

    Eh oui ! Sous la jupe des filles se cache une sorte d’ara
    Dans une cage qui – quel émoi ! – l’abrite, le chauffe et le nourrit.
    Pour entrer, tirez la cheville et la bobinette cherra ;
    Pour sortir, attendez neuf mois et guettez le trou de souris.

    Les filles aiment les métaphores mais les garçons vont droit au but
    Et le mystère des naissances impose un tabou familial.
    Le père en fait tout un fromage pour éviter toute dispute
    Et la mère, en toute connaissance, en fait un conte convivial.

    Tableaux de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • L’enfance d’Ariane

    Le labyrinthe de l’enfance déroutait tout mon bon vouloir ;
    Je n’étais pas très perspicace d’en voir ses traverses médianes.
    J’aurais pu forger mes défenses en empruntant tous ses couloirs
    Avec des moyens efficaces ou tout au moins un fil d’Ariane.

    Combien de « moi » se sont perdus dans les ruelles de mes pensées
    En croyant résoudre un dilemme semblant faussement goguenard ?
    Et mes réflexions éperdues ont cru être récompensées
    Par la solution du problème qui masquait un vrai traquenard.

    Tableaux de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • Le secret d’Ariane

    Le secret d’Ariane

    Fille d’un père compliqué – un architecte extravagant –
    Ariane reçu dès le berceau des jouets les plus fantaisistes.
    Dédale lui avait expliqué comment marcher en zigzaguant
    En lui offrant comme cerceau un labyrinthe spinoziste.

    À l’instar de ses camarades et de leurs cerceaux répandus
    Qui ne trouvaient que leur bonheur en l’accompagnant d’un bâton,
    Ariane étudia par bravade et de manière inattendue
    À sortir en bien tout honneur de son écheveau à tâtons.

    Le spinoziste adhère à la philosophie de la joie et du bonheur.

    Illustration de James Jean.

  • La divination

    La divination

    Voir l’avenir en papillons brassant de l’aile à l’horizon
    Et l’air se changer en tempête dans des mouvements chaotiques.
    Voir le futur en tourbillons de vents que nous favorisons
    Par de la poudre d’escampette dans une fuite chaotique.

    Mais voir l’avenir autrement au carrefour de tous les possibles,
    Trouver d’autres prédilections, d’un autre élan locomoteur.
    Choisir dans l’enchevêtrement – même si ça paraît impossible –
    Et prendre la même direction que celle des tigres psychomoteurs.

    Tableau de James Jean sur https:theartofanimation.tumblr.compost181288922412james-jean .

  • Les feux de l’attente

    Les feux de l’attente

    Passe le temps sur mon postérieur tant que je guette l’aventure,
    Notant les feux passer au vert comme éternelle ritournelle.
    Mais au carrefour ultérieur, les mêmes feux contre-nature
    Semblent limiter l’univers d’une attente sempiternelle.

    J’attends l’amour comme au printemps, trouver un cœur concomitant ;
    J’attends l’enfant comme l’été et voir ma vie s’y refléter ;
    J’attends la fin comme en automne et sa retraite monotone ;
    J’attends la mort comme un hiver pour redoubler mon univers

    Je t’attends toi, qui lis ces vers… mais tu t’en fous, tu n’es qu’un veau
    Que l’on dirige, tel un héros, vers l’abattoir, t’éliminer.
    J’attends que ce monde à l’envers soit remplacé par un nouveau
    Pour recommencer à zéro, mon histoire n’est pas terminée.

    Illustration de Ner-Tamin.

  • Feuille-papillon

    Feuille-papillon

    Je suis la feuille-papillon, la messagère de fin d’automne
    Qui, sans retourner à la terre, s’envole déployant sa mâture.
    Lorsque j’entends le carillon des cloches des anges qui tonnent
    J’incarne le parlementaire au nom de toute la Nature.

    Je leur raconte tous les faits et gestes des bois et forêts ;
    Je narre les fleurs du bonheur, chefs-d’œuvre d’un printemps adroit ;
    Je décris les plus beaux effets des arbres les plus décorés
    Et de ceux qui m’ont fait l’honneur de vous en transmettre les droits.

    Tableau de Vladimir Kush sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201210Vladimir-Kush.html .

  • Regard en cocotte

    Regard en cocotte

    Son regard porte à l’horizon comme une envolée de cocottes
    Sur lesquelles son cœur a écrit tous ses chagrins entre les plis.
    Entre les murs de la prison, elle a trouvé cet antidote
    À l’envie de pousser des cris mais l’âme a-t-elle tout accompli ?

    J’en ai intercepté l’une d’elles et l’ai dépliée tendrement ;
    J’ai lu les échos de son cœur résonner fort entre les lignes.
    Je lui ai envoyé l’hirondelle pour mettre fin à ses tourments
    Car elle annonce, d’un air moqueur, le printemps et ça, c’est bon signe !

    Tableau d’Aykut Aydoğdu sur https:www.behance.netgallery45715277Set .

  • Une femme à chaque bord

    Une femme à chaque bord

    La vie de l’homme vit d’aventures de femmes avec lesquelles il se vautre ;
    Celle qui l’accouche dans son lit et celle qu’il couche dans le sien.
    Souvent les garçons peu matures passent d’une mère à une autre ;
    La boucle est bouclée sans délit et l’Œdipe reste platonicien.

    Mais cet amour incomparable se combine avec ses deux bouts
    Et l’homme ne sait plus penser autrement que par sa gynécée.
    Mais serait-il au moins capable de se tenir tout seul debout
    Sans équilibre à compenser ? Hélas… l’âme en reste émoussée.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201612Rafal-Olbinski.html .

  • À l’écoute de quoi ?

    À l’écoute de quoi ?

    Écoute-moi ci, écoute-moi ça ! Prête-moi une oreille attentive !
    La vie semble une succession d’orchestrations cacophoniques.
    Toutes ces ambiances de salsa deviennent tellement préemptives
    Que j’me transforme, sans concession, en cobaye psychotonique.

    La musique adoucit les mœurs suivant la force du volume
    Mais quand celui-ci est poussé mes pensées sont embouteillées.
    La vie exprime sa clameur qui m’assomme comme une enclume
    D’un son qui vient éclabousser le cœur et l’âme, tous embrouillés.

    Sans doute, le silence fait-il peur comme le vide de l’espace
    Et les hommes ont besoin de bruit pour paraître et s’écouter vivre.
    Pourtant profonde est ma stupeur devant le vacarme qui passe
    Et s’établît comme le fruit que notre évolution délivre.

    Tableau de Cyril Rolando sur https:mymodernmet.comcyril-rolando-surreal-digital-art .

  • Par le petit trou du souffleur

    Si la curiosité est un vilain défaut,
    L’exploration pourtant reste une noble cause.
    Et la pilosité, mes amis, loin s’en faut,
    Reste un mystère autant touffu qu’il en impose.

    Tous les moyens sont bons à l’homme scientifique
    Pour chercher la toison d’or. Ô tant désirée !
    J’ai touché le pompon le plus honorifique
    En perçant les cloisons et les planchers cirés.

    Ainsi la toison bleue, fruit de ma prospection,
    M’est apparue au bout de sueur et tant d’émoi.
    Madame Barbe-Bleue, en gage d’affection
    Se tenait, là, debout, juste au-dessus de moi.

    Photo de Miles Aldridge.

  • Shéhérazade super star

    Shéhérazade super star

    Le roi de Perse fut invité lors d’une fête entre hommes et sans femme
    Et la Reine seule à ce moment en profita pour le tromper.
    Hélas, elle ne put éviter au retour du cocu infâme
    Qu’il décapita les amants par une lame en acier trempé.

    Prétendant les femmes perfides, il en épousa chaque jour
    Une jeune vierge exécutée au matin des noces cruelles.
    Shéhérazade, belle et sylphide, rusée et pleine de bravoure
    Mit fin aux femmes persécutées par ces tortures sexuelles.

    La nuit de noces, elle raconta une histoire extraordinaire
    Qui se terminait sur un suspense à suivre au prochain numéro.
    Intéressé, il reporta l’exécution disciplinaire
    Et chaque jour le roi, bon prince, fut accro au fil des héros.

    Au bout des mille-et-une nuits, le roi tomba dans l’habitude
    D’écouter son cher feuilleton qui radoucit le néophyte.
    Addict à tromper son ennui, il fit avec mansuétude
    Placer partout des œilletons afin que ses proches en profitent.

    Photo de Tejal Patni sur https:www.slrlounge.comraging-colors-mind-bending-monochrome-rule-fashion-calendar-tejal-patni .

  • La fille en jaune au grand chapeau

    Dans notre sexe puritain qui ne sait voir le moindre sein,
    Je dois flouter l’intimité sous peine d’être censuré
    Car le modèle américain nous impose un code sacro-saint
    Et taxe d’illégitimité ses valeurs caricaturées.

    Bientôt nous voilerons les femmes comme prohibition infâme ;
    Toute beauté sera cachée, les laids y seront attachés.
    Bientôt nous tramerons un film pour masquer ses détails infimes ;
    Au moindre doute on pourrait voir une fin de non-recevoir

    Photos d’Elizaveta Porodina.

  • Géométrie des nouveaux sexes

    La femme est ronde, l’homme est carré ? Aujourd’hui on chamboule tout !
    Maintenant que les genres sortent de nos cadres traditionnels,
    Si le sexe est contrecarré, quel est notre meilleur atout
    Pour que la mode nous apporte un caractère exceptionnel ?

    Les hétéros, pauvres héros auraient le moral à zéro
    Si on leur disait que l’habit vêt les genres de tout acabit.
    Robes, saris, jupes indiennes autant pour bis, gays, trans, lesbiennes
    Le sexe, bien sûr, occulté sans faire de difficulté.

    Photos d’Elizaveta Porodina.

  • Carreaux et rayures, on tourne en rond

    Mode à carreaux, mode à rayures, la mode reste géométrique
    Malgré la créativité et l’envie d’être avant-gardiste.
    Mode rétro et revoyures, la mode est trigonométrique
    Car elle ne peut éviter ses révolutions fantaisistes.

    Après avoir changé le corps, métamorphosé sa vision,
    La mode nous crée des lunettes pour voir le monde à notre image.
    Dès lors, choisissez le décor pour vous apporter l’illusion
    De voir sur toute la planète même ramage, même plumage.

    Photos d’Elizaveta Porodina.

  • Vive la simplicité !

    La mode imprime la signature au corps d’un passe sanitaire
    Et nous couvre de QR-codes comme ceinture de chasteté.
    Elle nous impose la couverture de nos systèmes immunitaires
    Protégés par un digicode fors notre pudeur contestée.

    Aux bras, les moyens de paiement ; aux cuisses, les titres de transport,
    Aux pieds, chaussures sécurisées ; aux mains, gants « Virtual Reality »
    Aux seins, des électro-aimants qui serviront de passeport
    Et un sexe remasterisé si son genre est sous garantie.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La gardienne germinale

    La gardienne germinale

    L’esprit des fleurs est prisonnier et enfermé à double-tour
    Par la gardienne germinale dans les semences et les graines.
    Tandis qu’à coups de tisonnier on se protège sans détour
    Contre la froidure hivernale des flocons que la neige égrène.

    Prisonnier mais pas pour longtemps car la résistance s’étend
    Dans les silos et les greniers, dans les plants et les pépinières.
    Et aux premiers jours du printemps, tous ces combattants végétant
    Vivront l’acquittement printanier s’énoncer dans les jardinières.

    Tableau de Daria Petrilli sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201704Daria-Petrilli.html?m=1 .

  • Le Club des Grandes Perches

    Le Club des Grandes Perches

    Entre ses parrains fabuleux, elle attendait avec langueur
    L’acceptation enfin promise, fruit abouti de ses recherches.
    Grâce à la perruche à col bleu et la girafe toute en longueur,
    Elle fut heureuse d’être admise au fameux Club des Grandes Perches.

    Elle fut promue Femme-étalon, habilitée à mesurer
    Tous les géants de la nature, de l’éléphant au cachalot.
    Et juchée sur ses hauts talons à semelles démesurées
    Elle obtint enfin la stature de la première dame mégalo.

    Tableau de Sophie Wilkins.

  • L’oraison du miroir

    L’oraison du miroir

    Miroir, tu triches ! Miroir, tu mens ! La vérité, tu n’en veux pas !
    Tu ne sais juste qu’inverser la gauche et, vice-versa, la droite
    Mais il te manque le mouvement qui renverse le haut et le bas
    Et le côté controversé de mon image maladroite.

    Mais mon reflet reste muet alors qu’il devrait réfléchir
    Au monde vu de l’autre côté et complètement à l’envers
    Où je me sens si désuet à voir mon univers fléchir
    Sous les lois tarabiscotées de ce gouvernement pervers.

    Photo Nathalie ?

  • Cultiver son petit bonheur

    Cultiver son petit bonheur

    Jamais bonheur n’a existé confectionné de toutes pièces
    Et sa recherche ne mène à rien si je l’attends toute ma vie.
    Car je ne souhaite être assisté d’aucun conseil de toutes espèces
    Et je me veux épicurien de chaque pas qui me ravit.

    Je suis comme ce chercheur d’or qui filtre au fond de la rivière
    Cailloux, galets multicolores, petits trésors du temps présent.
    Et la nuit lorsque je m’endors, mes rêves partent en croisière
    Sur l’océan versicolore des p’tits bonheurs omniprésents.

    Illustration de Kemineko Art Works.

  • Bonnet d’anniversaire !

    Joyeux bonnet d’anniversaire, bonnet d’année qui se resserre
    D’une bougie pour allumer toute l’année qui va venir.
    Petite flamme nécessaire à réveiller ses partenaires
    Qui seraient parties en fumée sans la chaleur des souvenirs.

    Joyeux rappel d’avoir régné dans l’éternité de l’enfance !
    Joyeux moments d’avoir traîné durant toute l’adolescence !
    Joyeux bisou tout imprégné du premier amour d’innocence !
    Que chaque jour soit étrenné comme éternelle renaissance !

    Bodypaintings de Tash Kouri sur https:www.tashkouri.comphoto .

  • Mon parcours existentiel

    Mon parcours existentiel

    Inopinément dans le lit d’une rivière au courant doux,
    Je semais mes petits bonheurs en petits cailloux colorés
    Pour noyer ma mélancolie sans patauger dans la gadoue
    Avec le cœur du randonneur pour un voyage phosphoré.

    Ainsi je diluais mon âme dans la vapeur d’un feu ardent
    Qui montait comme une prière qui aurait enflammé le ciel.
    Je sentais ces petites flammes évoquer le soleil dardant
    Ses rayons dans la fondrière de mon parcours existentiel.

    Tableau de Julie Heffernan.

  • Re-naissance

    Re-naissance

    Comme une source jaillie des ombres entre les montagnes ascendantes,
    Je suis née d’un ruisseau tenu aussi brillant qu’un cheveu d’ange.
    Mais je faisais partie du nombre des femmes élues et repentantes
    Dans la tradition maintenue du saint matriarcal échange.

    Et comme un soleil j’apparais pour illuminer la maison
    Et pour répandre tout le bonheur tous les jours en pleine abondance.
    Cette lumière transparaît sans que j’en connaisse la raison
    Car elle provient, en tout honneur, de ma glorieuse ascendance.

    Photo de Noriaki Yokosuka sur https:www.emoninc.comartists-noriaki-yokosuka .

  • En hippocampe

    En hippocampe

    Monture rare et peu connue, sauf de la sirène-plancton,
    L’hippocampe l’est néanmoins pour sa queue en colimaçon.
    Or, elle se trouve la bienvenue, comme le dit ce vieux dicton :
    « Qui veut voyager au plus loin, doit ménager son canasson. »

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian.Schloe.html?m=1 .

  • J’exige un avocat !

    J’exige un avocat !

    J’ai demandé un avocat pour défendre mes intérêts
    Avec force, prudence, justice et vérité, jamais en deçà.
    Lorsque le juge me convoqua, j’ai prié d’une foi atterrée
    Et dans un tribunal factice, Dieu répondit : « Je n’ai que ça ! »

    Tableau de Michael Naples.

  • Sous le masque, la grâce

    Sous le masque, la grâce

    J’aime lorsque tombe le masque sur le visage déshabillé
    Comme un strip-tease qui révèlerait toute l’intimité de l’âme.
    Une bouche charnue et fantasque, des yeux vrais et démaquillés,
    Un petit nez qui oserait se tortiller comme une flamme.

    Masque tombé, la vérité sort de la bouche de la femme
    Comme un enfant à découvert à l’orée d’une forêt sombre.
    Riche de mémoires héritées et d’amour dont mon cœur s’affame
    Et d’un regard à peine ouvert qui m’invite à sortir de l’ombre.

    Tableau de Thomas Richman Blackshear.

  • Bain de cartes

    Bain de cartes

    La Reine qui veut brouiller les cartes, possède plus d’un tour dans son sac.
    D’abord elle joue les jolis cœurs, à la fin de l’envoi, elle pique.
    Ses sujets aussitôt s’écartent car ils en craignent le ressac
    Lorsqu’elle abat d’un air vainqueur ses atouts en bataille épique.

    Seulement voilà quand on est reine, on en craint les révolutions.
    Les sans-culottes qui n’ont plus rien à perdre descendent dans la rue.
    On déshabille la sirène et on fait la dissolution
    D’un gouvernement de vauriens et on pleure l’honneur disparu.

    Photo Instagram de Frombeewithlove.

  • Crépuscules complotistes

    Crépuscules complotistes

    Cette météo anarchiste présente son côté artiste
    Mais je ne suis pas masochiste et je la trouve complotiste.
    À cause d’un printemps en retard suivi de cet été pourri
    De quarante jours au mitard sous une glaciale flouerie.

    Or voici que la canicule vient de nous tomber sur le cul
    Avec des bulletins ridicules qui n’ont pas assez de recul.
    Alors les fantaisies du ciel et ses crépuscule cosmiques
    Me semblent assez concurrentiels avec l’époque pandémique.

    Photo de Mathieu Rivrin.

  • Divagations estivales

    Divagations estivales

    Sans me moquer des catastrophes et rire des inondations,
    J’ai aimé ces intempéries qui ont changé nos paysages,
    L’été figé dans l’apostrophe qui a joué les prolongations
    Durant la mi-temps d’hystérie sous ses incessants arrosages.

    Les rivières ont connu leurs crues, de l’eau est passée sous les ponts,
    Malgré les vacances gâchées, on pouvait sortir s’amuser.
    Tandis qu’aujourd’hui, qui l’eut cru ? Il nous faut un coup de tampon
    Afin de pouvoir s’arracher des restrictions désabusées.

    Illustration de François Ravard sur https:bd-chroniques.beindex.php20210803vague-damour?fbclid=IwAR1flFxTxDcOr0fgLHJbdWziET4KlP38-abvMbsgn9P_74Y4T_rtxVNZIiM .