Catégorie : Reflets Vers inédits

Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.

  • La pêche aux idées reçues

    Facebook, la rue ou le bistrot ont tous quelque chose en commun ;
    Le nombre de gens convaincus de ce qui n’est qu’idée reçue.
    Les évènements magistraux comme les détails inopportuns
    Font tomber les uns sur le cul et les autres ne sont pas déçus.

    La Grande Muraille de Chine n’est pas visible de la Lune ;
    Le rouge n’énerve pas le taureau seul le mouvement peut l’affoler ;
    Le chat noir n’est pas une machine à Montmartre qui cherche fortune ;
    Les manchots restent sur le carreau… mais les pingouins savent voler.

    Tableaux de Maggie Taylor.

  • Le miroir se brisa

    Le miroir se brisa

    Alors que son cœur s’aigrisait, son âme même répondit ;
    L’esprit, par solidarité, tous ses neurones pulvérisa
    Tandis que la tête produisait une fêlure qui s’étendit
    Dans une complémentarité et le corps entier se brisa.

    Personne ne sût recoller tous les morceaux éparpillés ;
    L’amour était trop destructeur et le chagrin irréparable.
    Sa peine a trop caracolé cognant son cœur écharpillé
    Dont le mal fut le conducteur d’une destruction inénarrable.

    Tableau de Christian Schloe.

  • Rafraîchissement de la planète

    Rafraîchissement de la planète

    J’ai peut-être une solution pour combattre le réchauffement
    Sans vivre nu, les pieds dans l’eau et les problèmes de morale.
    Laissons courir la pollution et tous ces échafaudements
    Qui contribuent mélimélo à élever les eaux australes.

    Essayez donc d’imaginer Venise dans tous les pays !
    Paris sous Seine presqu’englouti dont Montmartre serait une île.
    Une fois leurs enfants marinés, les parents seront ébahis
    De voir qu’ils auront abouti à une froideur juvénile.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netgallery4262059Surreal-Storybook-Ladies .

  • Vénus telle que vous ne l’aviez jamais vue !

    Vénus telle que vous ne l’aviez jamais vue !

    Facebook ne la verra jamais ni les puritains imbéciles
    Qui restent encore inconsolés d’être issus du sein de leur mère.
    Une poitrine est désormais un obstacle assez difficile
    Qui laissera inconsolées mes envies de glandes mammaires.

    Adieu Aphrodite de charme, adieu les Vénus callipyges !
    Ainsi l’amour cède la place, fruit du péché et du malheur.
    Bonjour, tous les soldats en armes, bonjour les guerriers de prestige !
    La haine et le fric dégueulasse fait l’étalage de ses valeurs.

    Tableau d’Alan Macdonald.

  • De tous mes lapins posés

    De tous mes lapins posés

    Longtemps j’ai posé des lapins à tous ceux qui se délectaient
    De chercher la médiocrité là où ils pensaient me connaître.
    On m’a planté tant de grappins en pensant qu’ils me débectaient
    Et j’en ai tant d’aspérités que j’les ai changées en fenêtre.

    Il m’en reste un, un lapin blanc qui s’amuse à déambuler
    D’un trou de mémoire à creuser dans mes échecs et mes succès.
    Finalement sans faux-semblants, c’est lui qui me fait fabuler
    De balivernes en billevesées qui m’aident à crever mes abcès.

    « Se délecter de la médiocrité d’autrui reste le comble de la médiocrité. » Amélie Nothomb.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Lapins, ça sucre et ça suffit !

    Ne me parle pas de lapins, ces chauds lapins qui vous embrassent
    Ces beaux messieurs qui font leur trou et qui vous y glissent un enfant.
    Ni de celles qui font le tapin dehors et qui vous embarrassent
    Ces belles dames et leurs froufrous qu’elles soulèvent, l’air triomphant.

    Je ne mange pas de ce pain-là, ni de pain noir, ni de pain blanc,
    Lorsque j’y pense, j’en ai la fièvre, cela outrepasse ma vertu !
    Et si tu continues, peins-la ou écris un conte troublant
    À propos d’histoire d’un lièvre qui fait la course à la tortue.

    Tableaux d’Olga Esther sur https:beautifulbizarre.net20190129vulnerable-rebellion-an-interview-with-olga-esther .

  • Avant, pendant et après

    Avant, pendant et après

    Je fus à moitié dans papa, je fus à moitié dans maman…
    Était-ce moi ? Je ne sais pas ; j’ai oublié ce mi-moment.
    Je fis la course, je fus vainqueur, je fus la porte qui s’ouvrit
    Afin d’accueillir en son cœur la graine qui donna son fruit.

    Je suis à moitié maintenant et l’autre moitié dans la Lune ;
    Les pieds sur Terre en maintenant mon âme pour toute fortune.
    Quelque soit le choix du chemin, j’ai toujours l’esprit insouciant.
    Je n’ai pas peur du lendemain ; je sais, j’ai le cœur inconscient.

    Avant j’avais peur de la mort mais je l’ai déjà traversée
    En sautant comme un matamore dans une descente inversée.
    À l’instant du dernier soupir s’ouvrira la clef des confins
    Et juste au moment de mourir, je me découvrirai, enfin.

    Tableau d’Olga Esther sur https:beautifulbizarre.net20190129vulnerable-rebellion-an-interview-with-olga-esther .

  • Perdu la tête

    Perdu la tête

    Rêver ou être dans la Lune, ou bien avoir l’esprit ailleurs,
    Courir après les papillons, aimer à en perdre la tête,
    Voilà l’occasion opportune d’utiliser le dérailleur
    Et changer son cœur de pignon jusqu’à ce que le corps en pète !

    Tantôt se casser le bassin en se prenant pour un oiseau,
    Tantôt se fracturer le bras tout en retombant sur ses pieds,
    Toujours vainqueur du tracassin au risque de s’rompre les os
    Mes amis, – abracadabra ! – je suis pourtant toujours entier !

    Tableau de Shiori Matsumoto.

  • Les ailes coincées

    Les ailes coincées

    Toute l’apparence d’un ange, des ailes pour monter au ciel,
    Tout un corps mûrit au plaisir et une bouche multi usages.
    Mais il est un point qui dérange, un point même assez essentiel,
    L’homme en fait l’objet du désir emprisonné dans une cage.

    Les ailes coincées de méprise entre les barreaux restrictifs
    Des religions et traditions qui l’ont depuis prostituée.
    Car l’homme a peur de la surprise de ses sarcasmes destructifs ;
    Elle, elle a peur sans transition d’être frappée, meurtrie, tuée.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Les liens d’amour

    Les liens d’amour

    Un bon lien d’amour vaut bien mieux que deux promesses pour deux mains
    Et l’homme qui aime sa femme l’attachera bien davantage.
    À lui, le rôle parcimonieux du héros qui revient demain ;
    À elle, un rôle plus infâme, ménage et tout l’apparentage.

    Mais c’étaient les clichés d’hier et l’homme a su la satisfaire
    En lui proposant des carrières adaptées à son savoir-faire ;
    Préposée à la cafetière, secrétariat pour les affaires
    Et si elle joue de son derrière une promotion tarifaire.

    Tableau de Svetoslav Stoyanov.

  • Madame la nuit

    Madame la nuit

    Trop belle pour moi, chaque nuit, je devine sa silhouette
    Dès que l’obscurité éteint ma caméra physiologique.
    Au douzième coup de minuit, aveugle, je sors de ma couette
    Dans les ténèbres un œil sans tain comme un miroir analogique.

    Des contours verts fluorescents m’invitent à suivre l’apparition
    Qui m’ouvre un troisième œil fermé sur son ineffable beauté.
    Et nos organes turgescents s’entremêlent en coalition
    D’un céleste amour confirmé dont je vous livre la primauté.

    Mais au matin, il est trop tard ! Les souvenirs de nos étreintes
    Fondent comme neige au soleil sans la moindre image restante.
    Sans doute était-elle en retard, sa présence me serait restreinte
    Aux premières prémices du réveil et son absence, déconcertante.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Voyage aux tréfonds de la nuit

    Dans mon labyrinthe des rêves où je crois errer au hasard,
    Tout est calculé à l’avance par une sorte d’ange gardien.
    Et je recommence sans trêve ce que je pensais provisoire
    Mais qui réclame redevance envers mon rythme circadien.

    Amours déçues, amours perdues, peines d’argent, peines de cœurs,
    Les couloirs du rêve m’amènent là où je dois me nettoyer.
    Ainsi cette fuite éperdue dans mes cauchemars chroniqueurs,
    N’est autre qu’un signal amène que mon totem m’a envoyé

    Tableau de Andrew Ferez sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016091534325116.html .

  • Communication de nuit

    Communication de nuit

    Mon service de nuit démarre aussitôt que l’esprit bascule
    Et la responsabilité incombe alors à l’inconscient
    Qui module mes cauchemars selon les poids qui me bousculent
    À des rêves plus habilités à éveiller mon subconscient.

    Dès la connexion établie, la mémoire transfère ses données
    À des archanges spécialisés aux archives humanitaires.
    En échange, l’âme est anoblie du zèle dont elle s’est adonnée
    Pour construire et réaliser sa destinée identitaire.

    Tableau de Andrew Ferez sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016091534325116.html .

  • L’impudique fontaine

    Nulle part ailleurs qu’en Belgique, vous trouverez dans un château
    Une fille plutôt impudique offrant son jet comme cadeau.
    Le sculpteur était facétieux et son modèle tout autant,
    Le chatelain fort audacieux pour l’œuvre inaltérable au temps.

    J’eusses aimé la voir jeune mère aux jolis seins gorgés de lait
    Qui aurait coulé débonnaire dans une rigole ondulée.
    Et pourquoi pas toute la famille se baignant nue dans la fontaine
    Avec les garçons et les filles pisser d’une façon hautaine ?

    Dans les jardins du château de Jehay, en province de Liège en Belgique. Sur le côté d’une allée et surplombant une cascade, une jeune femme qui dévoile son intimité.

  • Changer l’histoire

    Changer l’histoire

    À l’instar des vieux dictateurs qui ont modifié les textes
    Et falsifié les photos de leur histoire politique,
    J’aimerais changer les acteurs et adapter tout le contexte
    Et les fantômes dans leurs châteaux ne seraient jamais anxiolytiques.

    Le Chaperon Rouge épouserait le Loup en noces grandiloquentes ;
    Le Petit Poucet et ses frères se perdraient dans un labyrinthe ;
    Le Chat Botté les trouverait et, de sa belle voix éloquente,
    Leur indiquerait l’itinéraire pour rentrer at home sans contrainte.

    Peau-d’Âne conseillerait à son père de s’enticher de sa marraine ;
    Les Sept Nains devant Blanche-Neige en tomberaient leurs ceinturons.
    Et ainsi de suite j’espère qu’à notre époque contemporaine,
    On appréciera mon manège que les enfants continueront.

    Vu sur http:casalaurette.over-blog.com .

  • Pulvérisés ? Non, poldérisés !

    Pulvérisés ? Non, poldérisés !

    Depuis que le niveau des mers s’est hissé d’environ cent mètres,
    Quelques architectes visionnaires ont défié les océans.
    Aujourd’hui le constat amer de ces prétendus géomètres
    A rendu certains millionnaires et d’autres réduits à néant.

    Aujourd’hui, ils vont s’établir au sein des calottes polaires
    Qui ont fondu depuis longtemps et ne reviendront pas de sitôt.
    Ce qu’ils vont demain accomplir risque de déclencher la colère
    Des îlotiers fort mécontents dont ont coulé les capitaux.

    Tableau de Jacek Yerka sur https:postmodernism.livejournal.com464795.html .

  • C’est les rats passe impair et manque

    C’est les rats passe impair et manque

    Les dinosaures sont à l’homme ce que l’humanité est aux rats :
    Une espèce domine la Terre et puis, la quitte, bon débarras !
    Pour ceux qui suivent, leur royaume s’érige sur le conglomérat
    Des précédents propriétaires qui les laissent dans l’embarras.

    Alors recommence la survie et le partage des ressources.
    Les oiseaux maîtrisent les airs et deviennent un peu voleurs
    Mais ils sont bien vite asservis par les rats qui les cotent en bourse
    Car on manque de boucs-émissaires et surtout de souffre-douleur.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Chanson d’une nuit d’été

    Chanson d’une nuit d’été

    Danser pieds nus sur les galets demande une plante rugueuse
    Mais le toit de notre terrasse est bien plus facile à cirer !
    Bricolons, pour nous régaler par une orchestration fougueuse,
    Un gramophone aux bonnes grâces sur l’air de « Fa Si La Si Ré ! »

    « Chansons pour les pieds, s’il vous plait ! » et nous dansons toute la nuit
    Au premier quartier de la Lune sur les traces de la Grande Ourse.
    Puis, entonnons quelques couplets au douzième coup de minuit
    Et remercions notre fortune de vivre ce retour aux sources

    Illustration de Noëlle T. sur https:www.noelleillustration.com .

  • Méprise & Surprise

    Mademoiselle était éprise d’un bel oiseau rare exotique
    Mais légèrement intimidée, elle se masquait d’un papillon.
    Ce grand dadais eut la méprise de pousser le jeu érotique
    En l’embrassant l’air décidé et lui tâtant le cotillon.

    Mademoiselle pudibonde, outrée d’avoir été surprise,
    Se retourna mais découvrit son chevalier sans passe-droit.
    Alors sa bouche furibonde fut bâillonnée sous son emprise
    D’un baiser et son cœur s’ouvrît par cet amour si maladroit.

    Tableaux d’Elena Shlegel sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201308Elena-Shlegel.html .

  • Telle Guillemette

    Telle Guillemette

    Heureuse qui, telle Guillemette, a connu le goût de l’amour
    Coulant du fruit jusqu’à ses lèvres et conquérir son cœur d’api
    Afin que le garçon se permette d’ouvrir son écrin de velours
    Pour, de sa flèche chargée de fièvre, la posséder sur le tapis.

    La pomme du péché percée, le jus de l’amour consommé,
    La distillation sera longue avant d’en recueillir l’alcool.
    Puis, de la croupe renversée naîtra ou non la renommée
    D’un bébé à la face oblongue et son avenir cidricole.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • Entre deux moi

    Entre deux moi

    Toujours entre deux opposés, ma vie oscille entre deux crises
    L’illusion de gagner ma vie balance avec le temps perdu.
    Mais comme je suis supposé m’adapter à chaque surprise,
    Je ballotte entre ma survie et mon avenir éperdu.

    La Grande Guerre – une première – suivie d’un temps d’entre-deux guerres
    Ne put empêcher la deuxième comme si l’échec lui incomba.
    Le confinement fait la lumière qu’on ne peut plus s’attendre guère
    Qu’à un deuxième puis, un troisième tant que durera le combat.

    Tableau de Andrew Ferez sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016091534325116.html .

  • Solidarité envers la Terre

    Un jour, la solidarité envers la Terre défigurée
    Obligera les êtres humains à lui faire des concessions.
    À cause de la disparité de ses forêts dénaturées,
    Nos corps, soumis à l’examen, devront faire rétrocession.

    Notre bassin sera saisi pour assainir les océans
    Et nos poumons sacrifiés pour purifier l’air pollué.
    L’humanité, sans fantaisie, pourra s’asseoir sur son séant
    Après avoir falsifié Celle qui l’a fait évoluer.

    Photos de Charles Bentley sur https:theinspirationgrid.comdigital-collages-by-charles-bentley .

  • Orient-Express

    Orient-Express

    Depuis Paris jusqu’à Athènes, plusieurs destins se sont croisés
    Dans les wagons de la fiction et ceux de la réalité
    Dont les échos se concatènent en épopées apprivoisées
    Par un mélange d’afflictions au train des éventualités.

    Mais depuis le chemin de fer s’est heurté au rideau de fer
    Et les élans capitalistes ralentis par le communisme.
    Adieu vaches, cochons et affaires que l’on menait d’un train d’enfer
    Qui, aujourd’hui, a pris la piste d’envol vers le transhumanisme.

    Illustration de Janet Hill sur https:janethillstudio.comproductsthe-kidnapping-of-edward-pink-part-twelve?variant=31134022107197 .

  • À la vitesse d’un cheval au galop

    À la vitesse d’un cheval au galop

    L’homme qui court à perdre haleine sur une Terre en rotation
    N’imagine pas qu’il gravite autour du système solaire.
    Cheval, guépard, lièvre ou baleine, par un jeu d’accélérations,
    Courent ainsi de plus en plus vite par la contribution stellaire.

    C’est à peu près ce que je pense lorsque je marche dans la nature
    À mon allure débonnaire, riant dans le vent qui balaye,
    En voyant combien se dépense ce sportif en musculature
    Pour finir aussi stationnaire que moi tout autour du Soleil.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • À cheval sur tous les possibles

    À cheval sur tous les possibles

    Ce qui me paraît ordinaire, presque empreint de banalité,
    Deviendrait extraordinaire dans une autre réalité.
    Une Télé-Univers en chaînes de transmissions simultanées
    Dont les programmations s’enchaînent au fil des mois et des années,

    Ce que je crois vivre au présent est en vérité retransmis
    En maintes saisons concomitantes avec flash-backs et passerelles.
    Et le soleil omniprésent est une source d’ectoplasmie
    Dont la lumière intermittente flashe des mondes parallèles.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Le miroir à trois temps

    Le miroir à trois temps

    Mon miroir inverse l’espace ; droite et gauche sont permutées.
    Saurait-il renverser le temps, passé et futur transposé ?
    Mon passé quitterait l’impasse où le temps l’aurait transmuté
    Et le futur serait d’autant déjà écrit et composé !

    Il refléterait les photos de ma folle jeunesse écoulée
    En me renvoyant le visage au délai déduit de ma mort.
    Bébé qui fait ses rototos deviendrait vieillard écroulé
    Devant la bobine que mon âge lui renverrait avec remords.

    Illustration de Marie Cardo.

  • L’amour aimanté

    L’amour aimanté

    Si la Saint-Valentin recharge les accus des cœurs langoureux
    Par les amours court-circuitées de coups de foudre et de tonnerres,
    La mise à la terre décharge les petits bisous amoureux
    Échangés dans l’exiguïté d’une rencontre terre-à-terre.

    Gare aux baisers à courant faible car ils se révèlent collants
    Et la séparation exige une double polarité !
    Quant à l’indispensable règle – préservatifs bien isolants –
    Dans ce cas, le jus se dirige vers plus de régularité.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Madame de la Chandeleur

    Madame de la Chandeleur

    Madame de la Chandeleur porte l’habit une fois par an
    Parée de galons paraffine avec bougies et oriflamme.
    Elle nous parle avec chaleur de ses ancêtres, ses parents,
    Le Roi, le Prince et la Dauphine dont elle ranime la flamme.

    Mais ne parlez pas de flamber, ses crêpes au chouchen ou au rhum
    Qui lui évoquent la détresse survenue au cours de l’automne
    Car ses aïeux ont succombé à un incendie au forum
    Des Halles par la maladresse d’une cuisinière bretonne.

    Photo de Helen Sobiralski.

  • L’autre perception

    Plus je m’enfonce dans mes vers à la recherche de ma muse,
    Plus celle-ci reste étrangère à ma couleur fondamentale.
    Je peux scruter tout l’univers dans tous les sens si ça m’amuse
    Sans que jamais la messagère rappelle mon âme sentimentale.

    Mais si j’accepte de m’ouvrir à l’inconnu, à l’imprévu,
    Si je prends le temps d’écouter un chant nouveau de vérité,
    Je n’aurai plus qu’à découvrir les œillères qui brouillent ma vue
    Pour cesser d’être dérouté par souci de sécurité.

    Illustration de James Jean.

  • Mère nature s’inquiète un peu

    Mère nature s’inquiète un peu

    Mère Nature, consciencieuse, surveille l’aventure humaine
    Qu’elle trouve assez dissipée, bien au-delà de la normale
    D’une volonté capricieuse qui rabâche au fil des semaines
    Le désir de s’émanciper de ses racines animales.

    Les unes ne veulent plus être femmes aux dernières actualités
    Et jugent la pénétration comme phallocrate dictature.
    Elles refusent le rôle infâme qu’impose leur sexualité ;
    Quant aux hommes, leur génération ne pense qu’aux belles voitures.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Tout ça, c’est Dieu qui joue aux dés

    Tout ça, c’est Dieu qui joue aux dés

    Si la quadrature du cercle a nui aux mathématiciens,
    L’Univers est indécidable et triche avec ses propres lois.
    Moi qui ai soulevé le couvercle par esprit pythagoricien,
    Je n’y ai vu qu’une formidable supercherie de bon aloi.

    Ceux qui croient que la Terre est plate utilisent des règles pirates ;
    Ceux qui pensent que l’Univers est infini, sont démodés ;
    Ceux qui lisent sur l’omoplate d’un chameau la dernière sourate
    Et ceux qui font tout de travers, tout ça, c’est Dieu qui joue aux dés.

    Tableau de Validimir Kush.

  • Noël égaré

    Noël égaré

    Pas plus qu’un Père Noël russe qui aurait traversé l’Ukraine,
    Ou un virus en houppelande qui viendrait s’offrir en cadeau,
    Je ne crois pas en ces chorus qui me promettent pour mes étrennes
    Le retour de François Hollande qui chevaucherait Tornado.

    Car le retour au bon vieux temps de Zorro ou Robin-des-bois
    N’est qu’une panoplie tissée avec juste un trou pour les yeux
    Qui ne laisse voir qu’un inquiétant Père Rouspétard aux abois
    Menaçant de rapetisser mon petit confort orgueilleux.

    Illustration d’Oksana Grivina sur http:www.dripbook.comgrivinastyleillustration-portfolios .

  • Les conférences de Mère Nature

    Les conférences de Mère Nature

    Mère-Nature correspond par le biais des quatre éléments
    Pas par bouteilles à la mer mais par réseau de montgolfières.
    Comme personne ne lui répond, elle demeure là, isolément,
    Guettant le p’tit geste éphémère d’un enfant qui la rendrait fière.

    Mais les avions dévastateurs perturbent le courrier du ciel
    Par des chemtrails d’interférence dont les fautifs restent de marbre.
    Malgré tous ces profanateurs, vous pouvez capter l’essentiel
    De ses sublimes conférences en vous plaquant contre ses arbres.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • La fée Électricité

    La fée Électricité

    Sur mon balcon, j’ai une ampoule sans fil relié au secteur
    Qui, grâce à l’énergie solaire, s’éveille quand tombe le jour.
    Une petite fée déboule issue du socle collecteur
    Venue de l’Étoile Polaire pour agrémenter mon séjour.

    Le soir fait partie du séjour qui se prolonge ainsi la nuit,
    Par la vertu de la science et l’économie d’énergie.
    Elle brille jusqu’au petit jour et clignote un coup à minuit
    Sans doute en reconnaissance à la Petite Ourse en synergie.

    Illustration de Marie Cardouat.

  • L’horloge intestinale

    L’horloge intestinale

    Constitué de corpuscules infinitésimaux de temps,
    L’éternité lentement s’écoule depuis l’horloge intestinale.
    L’infime fraction minuscule à peine avalée se détend,
    Se vaporise dans les traboules de ses entrailles terminales.

    Étrangement, le temps qui passe et le temps qu’il fait se rencontrent
    Dans la digestion des saisons par le cycle interplanétaire.
    Ce phénomène me dépasse et tout mon cœur bat à l’encontre
    De ce rythme idiot sans raison que scande mon séjour sur Terre.

    Tableau de Jacek Yerka sur https:postmodernism.livejournal.com464795.html .

  • L’élevage du ver à soie

    L’élevage du ver à soie

    Mon Bombyx, ce lépidoptère qui venait du nord de la Chine
    Avait occupé mon mûrier devenu son petit chez-soi.
    Comme il n’était que locataire, je tapais donc à la machine
    Un contrat pour le teinturier à qui louer mon ver à soie.

    Bien que le Bombyx domestique se développe dans sa chenille,
    Il prétendait se débiner sans payer le prix de mes arpents.
    Grâce à un cornet acoustique que je plaçai sous les ramilles,
    J’ai pu, son fil, rembobiner comme fait le charmeur de serpent.

    Illustration de Holly Clifton.

  • L’ex-dame de carreau

    L’ex-dame de carreau

    Elle ne semblait pas inconnue quand elle s’assît à mon bureau ;
    Je fis de façon implicite allusion à cette impression.
    « Je suis, en fait, archiconnue ! » répondit la Dame de Carreau
    Sortant sa carte de visite avec sa plus simple expression.

    « Je veux divorcer de mon Roi et épouser le Roi de Pique ! »
    Dit-elle agitant son foulard comme une oriflamme rebelle.
    « Nous formions un ménage à trois…  lança-t-elle de manière épique ;
    « Notre règne sera cumulard et nous tricherons de plus belle ! »

    Tableau de Michael Cheval sur http:chevalfineart.comportfolionew-releases .

  • Un monde de rêves – 2

    Après avoir créé le monde avec ses os et ses pépins,
    Dieu vit que cela était bon car il n’était pas pessimiste.
    Ses enfants le rendant immonde sous prétexte de gagner leur pain,
    En firent, à la sueur de leur front, un paradis économiste.

    Tant et si bien que Lucifer leur conseilla de se construire
    Une sorte de gratte-ciel pour rencontrer ce Dieu infâme.
    Hélas, malgré leur savoir-faire, ils finirent par se détruire
    Car ils oublièrent l’essentiel : demander l’avis de leurs femmes.

    Illustrations de Noëlle T.

  • L’escalier du temps

    L’escalier du temps

    Je monte l’escalier du temps tout en regardant en arrière
    Les marches qui devraient descendre mais qui remontent vers ailleurs.
    Il est étrange tout autant d’y voir les fruits de ma carrière
    Entreposés comme les cendres pesées par un temps fossoyeur.

    Les décorations, les médailles, tout ce que j’ai pu convoiter ;
    Les erreurs, les insanités que j’ai chiées en serrant les dents ;
    Et les succès, vaille que vaille, qui viennent aussi s’y emboîter.
    Tout s’écoule dans la vanité d’un passé complexe obsédant.

    Illustration de Starry John.

  • Le piano à poutrelles

    Le piano à poutrelles

    Ne dites plus « chat de gouttière » mais « chat de piano à poutrelles »
    Car l’architecte mélomane a ainsi bâti sa maison.
    Situez, sur la carte routière, dans la commune des Pastourelles,
    La construction mégalomane d’un Maître qui a perdu la raison.

    Les escaliers sont des claviers ; les poutres des cordes à piano ;
    Toutes les portes sont à tambour ; les fenêtres, instruments à vents.
    Une choriste, sur le palier, petite-fille de Luis Mariano,
    Vous contera, mais à rebours, toute l’histoire ici-devant.

    Tableau d’Otar Imerlishvili.

  • Les mathématiques buissonnières

    Ô trésors de l’arithmétique, de l’algèbre et de la logique,
    Riches en beauté de leurs carrés, leurs logarithmes et leurs complexes !
    Mais ôtons des mathématiques tous ces casse-têtes illogiques
    Et laissons-nous nous égarer dans une absurdité simplexe.

    J’ai lu qu’Alice avait suivi un lapin blanc peu ordinaire ;
    Moi, j’ai fait l’école buissonnière et libéré mes caractères.
    Je les ai longtemps poursuivi en pistant leurs traces binaires
    Qui s’incrustaient dans les ornières des racines carrées de la Terre.

    Illustrations de Marie Cardouat.

  • Les mathématiques racontent

    Dans les décimales cachées des meilleurs nombres algébriques,
    Les trésors de la connaissances racontent tout et leurs contraires.
    Au fil des zéros rattachés aux autres codes numériques
    Cubes et carrés en excroissance et intégrales arbitraires.

    Prenons le film de nos vies de la naissance jusqu’à la mort.
    Il existe une infinité de nombres dont les décimales
    Contiennent récits assouvis des histoires qu’ils commémorent
    De même qu’une immensité d’existences millésimales.

    Illustrations de Marie Cardouat.

  • Le silence aveugle

    Le silence aveugle

    La bouche irritée des bleus de son âme ;
    Les ongles teintés en masquent les yeux.
    La cupidité aveugle et infâme
    Ne pouvant tenter un cœur sourcilleux.

    Quand l’homme demande le prix de son cœur,
    La femme réplique d’absolu silence.
    Pas de réprimande mais de la rancœur,
    Un muet supplique devant l’insolence.

    Photo de Vanessa Guevara Studios.

  • Noël impatient ?

    Noël impatient ?

    Le compte à rebours recommence dès que les fêtes sont passées
    Pour les grands enfants nostalgiques qui n’ont pas assez de jouets.
    Attendre à deux, belle performance que compter les nuits espacées
    Durant les amours névralgiques du calendrier enjoué !

    On fait l’avent dans la baignoire pendant toute la morte saison ;
    On patiente au lit sous la couette, bien installés entre les draps !
    On se réchauffe sous les peignoirs tant qu’il fait frais dans la maison
    Et dès qu’on voit la silhouette du Père Noël, on tend les bras !

    Illustration de Green Cardamom.

  • Le petit tour de manivelle

    Le petit tour de manivelle

    Quand le moral tombe à zéro, il suffit de le remonter
    D’un petit tour de manivelle là où ça manque de ressort.
    Je voudrais être ce héros qui aide l’homme à surmonter,
    D’une impulsion dans sa cervelle, les hasards et les coups du sort.

    Et pour les femmes, évidemment, j’ai la manivelle subtile,
    Celle qui ouvre les esprits et fait crac, boum, hue dans les cœurs,
    De mérite, n’ai pas tellement car cette manette est futile
    Puisque chaque amoureux épris la brandit comme son vainqueur.

    Tableau de Catherine Chauloux sur https:catherinechauloux.comles-peintures .

  • Mes petites boîtes

    Mes petites boîtes

    Boîte à idées, boîte à malice, boîte à jeter, boîte à garder,
    Tout prend sa valeur ajoutée quand je lui colle une étiquette.
    Bien sûr, pas pour faire la police ni pour en faire ma chasse gardée ;
    Encore moins empapaouter les trésors que j’y empaquète.

    Je crée mes petits univers dans lesquels chaque futilité
    Peut-être reine ou être pion selon les règles que je profile
    De codes uniques aux plus divers aux mille possibilités
    Dont je me vante d’être champion du monde des cassettophiles †.

    † le Boxoferrophile est le collectionneur de boîtes en fer, le Philuméniste est le collectionneur de boîtes d’allumettes, le Puxisardine est le collectionneur de boîtes de sardines mais il n’existe pas de mot pour le collectionneur de boîtes ordinaires. Alors Boîtophile ? Cassettophile ?

    Tableau de Catherine Chauloux sur https:catherinechauloux.comles-peintures .

  • Le dragon de fer

    Le dragon de fer

    Les progrès du chemin de fer ont fait reculer les chevaux,
    Ont divisé les territoires par tous leurs réseaux ferroviaires.
    Les riches ont mené leurs affaires et les autres pris dans l’écheveau
    Des péripéties de l’histoire, astreints se diversifièrent.

    Il y a toujours un train à prendre et parfois des trains à rater
    Qui ne reviennent qu’une fois compris comment en être usufruitier.
    Mais si vous vous laissez surprendre à déjouer l’autorité
    Elle vous chasse avec mépris du train en marche sans pitié.

    Tableau de José Luis Lopez.

  • La clef des rêves

    La clef des rêves

    Toujours hors de portée, la clef qui doit ouvrir les solutions
    Semble désirer s’échapper comme inaccessible horizon.
    Et l’on poursuit sans renâcler à croire sa résolution
    Quand le progrès aura frappé tout ce que nous autorisons.

    La pensée devient pragmatique pour résoudre tous ses problèmes ;
    Nous en rêvons même la nuit et certains y voient un symbole.
    Or, ce calcul mathématique nous mène droit à ce dilemme :
    À force de chercher l’ennui, on se perd dans ses paraboles.

    Tableau de Gyuri Lohmuller.

  • Flots et reflots

    Flots et reflots

    Entre le flux et le reflux, les bateaux ne font qu’obéir,
    Fidèles à la loi des marées et la mécanique des fluides.
    Pourtant il serait superflu de leur demander de trahir
    Par leurs attaches amarrés et leurs craintes envers le liquide.

    Or, la fortune et ses revers nous font également tanguer,
    Attachés aux liquidités et aux pressions économiques.
    Prenons le problème à l’envers : à force de nous haranguer,
    L’horreur de la cupidité nous mène en bateau anémique.

    Tableau d’Éric Le Pape.

  • Un monde de rêves – 1

    Au début Dieu créa le monde pour en faire un monde de rêves
    Avec un astre de lumière pour des journées émerveillées
    Et une Lune vagabonde pour une histoire de temps si brève
    Que toute sa matière première n’aurait duré qu’une veillée.

    Pourtant le Prince des Ténèbres voulu prolonger le contrat
    Et rengagea toute la troupe pour une éternelle tournée.
    Mais si Satan devint célèbre, son oisiveté démontra
    Qu’hommes et femmes vivent sous sa croupe et bossent toute la journée.

    Illustrations de Noëlle T.