Catégorie : Reflets Vers inédits

Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.

  • Retour à la nature

    Retour à la nature

    Après la première explosion qui pulvérisa leurs habits,
    Les six apprentis alchimistes n’eurent que leurs yeux pour pleurer.
    Toutefois il y eut éclosion d’un groupe du même acabit
    Qui décida d’être nudiste ; l’idée les avait effleurés.

    Pour vivre heureux, restons cachés ; pour vivre nus, restons couverts
    Sous le couvert d’anonymat loin des regards indésirables.
    Alors ils se sont attachés à se tailler quelques couverts
    Une fois atteint le minima et faire popote honorable.

    Deux filles pour quatre garçons, les soirées furent orgiaques ;
    Les unes mettaient un point d’honneur à offrir tous leurs orifices,
    Tantôt montées en canasson à la hussarde ou en cosaque
    Par les uns donnant du bonheur, et r’partant sans cesse à l’office.

    Aujourd’hui après soixante ans, ils sembleraient encore verts
    Car ils continuent de s’aimer les uns les autres, c’est démentiel !
    Comme tout le monde s’entend, bientôt tous ces vieillards pervers
    Par trop plein d’amour consommé, iront directement au ciel.

    Photo de communauté Hippie à Matala en Crete en 1970 sur https:undergroundrockpress.tumblr.compost686070077134700544hippie-commune-in-matala-crete-in-1970 .

  • Au fil de l’eau

    Comme elle allait au fil de l’eau doucement en faisant la planche,
    Je l’ai observée qui nageait dans le lac bleu aux reflets verts.
    Je me sentais un peu ballot à l’épier ainsi un dimanche
    Mais ses seins nus me présageaient que les paris étaient ouverts.

    Car j’avais noté dans la moire de l’eau qui prolongeait son corps
    Qui me révélait une queue et une nageoire palmaire.
    Je pensais pourtant de mémoire que les lacs servaient de décor
    Plutôt aux Lorelei et que les sirènes préféraient la mer.

    Sans doute était-elle en vacances auprès de ses cousins teutons
    Et goûtaient aux marins d’eau douce pour un régime plus épuré.
    Je n’ai rien su des conséquences car la navette du canton
    Lui fit éclairer sa frimousse et elle plongea à la curée.

    Tableaux de Monika Luniak sur https:www.artfinder.comartistmonika-luniak .

  • La couleur des seins

    Une Ève noire aux seins d’ébène et la genèse est révisée ;
    L’histoire est remise en couleurs et la bible devient tendance.
    Imaginez alors l’aubaine pour le journal télévisé
    De révéler dans la douleur notre véritable ascendance !

    Une jeune vierge surprise chez elle par le Saint-Esprit
    Qui eut l’envie de la téter au point même de s’y acharner.
    Imaginez quelle méprise, si Marie-Rose l’avait mal pris,
    Pour Dieu cela aurait été de ne pas pouvoir s’incarner !

    Si les guerrières aux seins jaunes venaient sonner l’apocalypse,
    Ce serait pour tuer la bête et l’exposer à Babylone.
    Imaginez les amazones – si vous me permettez l’ellipse –
    Au Paradis faire la fête et Jésus cloué au pylône !

    Tableaux de Jeremy Lipking.

  • Indiana Jones chasseresse

    Indiana Jones était déesse, entièrement nue et tatouée
    Comme un drôle de zèbre à rayures spiralées en forme de volutes.
    Elle chassait avec allégresse les mâles qui s’étaient dévoués
    À quêter, dans l’entrebâillure des rideaux, pour quatre sous une turlute.

    Indiana ne chassait donc rien et ses flèches étaient émoussées
    Car c’était plutôt les phallus qui lui rendaient grâce à sa bouche.
    J’avoue qu’en bon épicurien, j’ai eu plaisir à trémousser
    Lorsqu’elle me sonna l’angélus en me vidant les deux cartouches.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Mayahuel

    Mayahuel

    Quatre-cents seins sur la poitrine – autant de lapins vertueux –
    Ont propagé la renommée que Mayáhuel a inculquée.
    On en décore la vitrine des marchands de spiritueux
    Pour attirer à point nommé tous les amateurs de pulque.

    Dans la mythologie aztèque, Mayahuel était l’épouse
    De Patecatl, dieu dévoué à la santé et au pulque.
    L’acheteur, dans sa vinothèque, lorsqu’il l’achète par lot de douze,
    Obtient l’ivresse inavouée du goulot au divin bouquet.

    Pourquoi le pulque ? Pourquoi pas ! « Le monde entier est un cactus ! »
    Chantait Dutronc pince-sans-rire sur des paroles de Lanzmann.
    Moi-même à la fin d’un repas, j’affiche le même rictus
    En tétant l’objet du délire direct au sein de la brahmane.

    Dans la mythologie aztèque, Mayahuel est la déesse de la fertilité, de l’abondance, de l’ébriété mystique et de l’agave. Selon une version elle est l’épouse de Patecatl ou autre version la sœur. Elle est aussi la mère des Centzontotochtin, les 400 dieux de l’ivresse. Prononcez « poulké ».

  • Le déculeté

    Le déculeté

    Elle ne portait rien en dessous car on lui avait dit à l’entrée
    Que, comme on voyait sa culotte, « ça frisait la concupiscence ! »
    Ce sous-vêtement de trois sous ? Elle l’enleva pour démontrer
    Qu’ainsi, dès l’instant qu’elle l’ôte, il n’attire plus l’indécence…

    Elle lui fourra sa culotte en guise de pochette à dentelles
    Et le portier fut bouche bée lorsque la fille l’avertit
    « Que le premier qui la pelote recevra une gifle telle
    Qu’il y aura des retombées contre les mufles pervertis ! »

    Ainsi donc le « déculeté » fut lancé de cette façon
    Par cette audace irrévocable qui restera dans les annales
    Assorti au décolleté, il fit faire dans les caleçons
    Une impression très remarquable pendant les grandes bacchanales.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Mademoiselle Larousse

    Mademoiselle Larousse

    Celle qui sème à tous les vents les mots de mon vocabulaire
    Est nue comme ma page vierge qui attend son inspiration.
    Et quand ma muse vient au devant d’une défaillance épistolaire,
    L’esprit l’accueille, mon cœur l’héberge et je reprends ma narration.

    Ainsi je l’habille de vers et je l’abreuve de ma prose
    Afin qu’elle me souffle l’envie de lui écrire un mot d’amour.
    Parfois mon poème est pervers, parfois il est à l’eau de rose
    Mais d’un style qui la ravit à l’aide d’un soupçon d’humour.

    Tableau de Nikolay Ninov.

  • Mariage naturiste

    Mariage naturiste

    La mariée était en rose, pas la couleur, plutôt la fleur,
    Sur un mariage en fond vert et un prétendant d’âge mûr.
    L’ambiance était un peu morose ; la belle-famille avait peur
    De voir le corps à découvert de leur pucelle contre le mur.

    Au moment de dire « oui-da » par-devant l’officier civil,
    Les roses se sont détachées devant les prudes villageois.
    Alors on vit le candidat ému ouvrir son baise-en-ville,
    Sortir une corde et l’attacher devant le curé rabat-joie.

    Ce mariage naturiste, charmant et non-conventionnel
    N’a pas échappé à la presse qui fut tout de suite censurée.
    Quant au curé séminariste et son office exceptionnel,
    On dit qu’il a changé d’adresse chez des libertins tonsurés.

    (Photo de Laura Makabreskuv
    « Quand la fiancée, les yeux baissés, des larmes pleins les cils, s’apprêtait à dire oui-da ! à l’officier civil… » Georges Brassens – Tonton Nestor.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Douche froide sur la carte du monde

    Douche froide sur la carte du monde

    Elle aura, d’amour et d’eau fraîche, vécu sur la carte du tendre
    Et comme souvent en cours de route, elle a perdu ses illusions.
    Son cœur et son esprit revêches se sont découragés d’attendre
    Et sont partis, l’âme en déroute, avec le corps en contusions.

    Bien sûr que c’est la fin du monde et, mon Dieu, que la douche est froide
    Quand on remet les pieds sur Terre après un trip au septième ciel !
    Jamais après baisers immondes, elle n’a eu la langue aussi roide
    Avec la saveur délétère d’un engouement superficiel.

    Elle aura joué avec le « Dix », la roue des bonheurs langoureux
    Mais vivre longtemps dans la Lune exige des résolutions.
    Alors elle a troqué le « Six », carte dédiée aux amoureux
    Pour la dernière « Vingt-et-une », vouée à sa révolution.

    Harisa Nukema photographiée par Haris Nukem.

  • Incognito

    Incognito

    Elle avait parié qu’un jour, elle n’aurait pas besoin de masque
    Pour apparaître incognito, seins nus, lors d’un instant furtif.
    Pensant qu’on ne prête pas toujours attention aux détails fantasques,
    Elle se dévêtit subito de son corsage et son soutif.

    Et chacun hanté par ses seins d’observer le joli manège,
    Évaluant le poids des mamelles et la teneur des mamelons.
    Plus tard, elle revint à dessein, voir l’effet de son sacrilège ;
    Chacun évoquant la femelle et son comportement félon.

    Mais personne ne la reconnut car on gardait le souvenir
    De la poitrine scandaleuse et toute l’indécence jointe.
    Le soir quand elle se montra nue en voyant son mari venir,
    Celui-ci narra l’enjôleuse sans reconnaître sa conjointe.

    Tableau de Konstantin Razumov sur https:lerars.livejournal.com279021.html .

  • L’intégrale féminine

    L’intégrale féminine

    Globalement, les femmes en groupe restent insondables à comprendre ;
    Une femme prise isolement contient tout autant de mystères.
    J’ai choisi de faire une coupe dans l’espace-temps pour apprendre
    Chaque étape qui, frivolement, raconte au mieux son caractère.

    Tranche de jour, tranche de nuit, tranche d’hier et d’aujourd’hui,
    Toute partie juxtaposée est en théorie résoluble.
    Parfois identiques à l’ennui, souvent l’imprévu reproduit,
    Mais en pratique mon exposé… …autant de fois reste insoluble.

    Sara Thom photographiée par Jerry SchatzbergGetty Images.

  • La belle vulve

    On nous formate à la beauté en nous affichant tous les jours
    De beaux visages aux beaux sourires et d’agréables paysages.
    Mais les tabous nous ont ôté la sexualité pour toujours
    En cachant l’objet du désir nonobstant les pires présages.

    On met le phallus à l’honneur mais il ne faut pas le montrer ;
    On met la vulve en déshonneur, défense même de la citer !
    Pourtant en tout bien tout honneur, il est facile de démonter
    Que c’est l’organe du bonheur dans toute son authenticité.

    La beauté réside dans les yeux de celle ou celui qui regarde. †
    Tous ceux qu’ ont vu ce tendre corps le reconnaissent hallucinant. ††
    Il serait alors merveilleux qu’on le déclare sauvegarde
    De l’origine et de l’accord d’un humanisme fascinant.

    Vu sur https:www.jotdown.es201212la-vulva-es-bella-de-la-vagina-dentata-a-la-adoracion-del-yoni † Oscar Wilde ; †† Georges Brassens.

  • Yin-yang fraîcheur-chaleur

    Yin-yang fraîcheur-chaleur

    Une femme nue dans l’escalier pour monter au septième ciel,
    C’est engageant pour l’ascension mais cela me pose une question.
    Est-ce un présage hospitalier ou un prétexte superficiel
    Ou bien encore une intention d’émettre cette suggestion :

    Avoir le cul entre deux chaises tiraille la femme de valeur
    Selon ces deux situations : un aspect froid ou aguicheur ?
    Pareille aux heures de fournaise selon les degrés de chaleur,
    On sent qu’il y a fluctuation dans sa recherche de fraîcheur.

    Photo de Kendall Jenner.

  • Dans le lit de la rivière

    Quasiment l’anti-gravité, le même poids que sur la Lune ;
    J’aime le lit de la rivière aux songes fallacieusement.
    D’une parfaite sérénité, d’une quiétude peu commune,
    Je m’enfonce dans la civière d’un hôpital d’apaisement.

    Les plus beaux rêves de sirènes et leurs voix extraordinaires
    Coulent dans le lit du torrent qui m’entraîne au-delà des mers.
    Je me réveille, l’âme sereine et le cœur latitudinaire
    Au dynamisme revigorant dont je vous livre quelques vers.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les apprentis-sorciers

    Les apprentis-sorciers

    Quand l’ vieux sorcier se retirait le soir pour regagner le ciel ;
    L’homme et sa femme en profitaient pour jouir avec leurs émotions ;
    Le monde entier les attirait avec ses tours superficiels
    Mais les voyages nécessitaient un moyen de locomotion.

    D’un cheval de bois abandonné par des archanges cavaleurs,
    Qu’ils enfourchèrent afin de voir plus loin derrière l’horizon,
    Après une longue randonnée, ils souffrirent de la chaleur
    Et s’arrêtèrent sans savoir qu’ils connaîtraient la trahison.

    Ils arrivèrent épuisés à « l’auberge où il fait bon vivre ! »
    Et déjeunèrent d’une pomme empoisonnée de connaissance
    Il en furent traumatisés, leurs yeux s’ouvrirent et découvrirent
    Qu’ils étaient nus, rien d’autre en somme qu’avoir donné trop de confiance.

    Honteux et confus, repartirent nos deux pécheurs originels
    Sur leur canasson de fortune, la pomme coincée entre les dents.
    Et la leçon que je soutire du secret de polichinelle
    C’est que quand tu manques de thunes, reste confiné comme Adam.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Leçon de vol

    Qu’on soit à poil, qu’on soit à plumes, que l’on soit une femme ou un homme,
    On aimerait tous s’envoler et jouer la fille de l’air.
    La question n’est pas du volume mais de la pesanteur en somme
    Qui devra faire décoller bien haut sa croupe populaire.

    La gravité fera pointer tous les organes vers le bas
    Les seins pencheront de l’avant, fesses et pénis vers l’arrière.
    Une combinaison ajointée, costume-trois-pièces ou djellaba
    Seraient le détail aggravant qui pourraient briser la carrière.

    Alors pour s’envoyer en l’air, rien ne vaut un beau lit de plumes !
    Un beau garçon, une jolie fille, quoi qu’il en soit circonstanciels.
    Dans une position similaire à celle du poulet qu’on déplume,
    Coq en rut, poule qui sautille, partis pour le septième ciel.

    Photo de Marianna Rothen sur https:designobserver.comfeaturemarianna-rothen38954?utm_source=twitter&utm_medium=twitter et de Jean Dieuzaide.

  • Les belles vacances

    Ah, combien de jolies vacances, je passerai après ma mort
    Avec ces déesses de beauté promises en fin de mon contrat !
    J’ai pris l’option « extravagance » que j’ai souscrite sans remords
    Avant de venir ballotter dans les entrailles de mon mantra.

    Mais pour l’égalité des sexes, je viendrai avec des copains ;
    Tous à poil et bien équipés pour satisfaire les désirs.
    Elles nous choisirons sans complexe – la balle étant dans leur lopin –
    Et ces houris émancipées deviendront anges de plaisir.

    Photos de Marianna Rothen sur https:designobserver.comfeaturemarianna-rothen38954?utm_source=twitter&utm_medium=twitter .

  • L’œil en colimaçon

    L’œil en colimaçon

    Mes pensées en colimaçon ne font rien que tourner en rond
    Car on m’a formé le regard à observer selon les règles.
    J’ai trop bien appris mes leçons et forgé comme un forgeron
    Mais ce raisonnement ringard a sectionné mes ailes d’aigle.

    En ce cas, mon corps sur la rampe je vous dévale l’escalier ;
    Mon cœur appelle l’ascenseur pour monter au septième ciel ;
    Mon âme, qui est d’une autre trempe, aspire un œil hospitalier
    Qui verrait en libre-penseur au-delà du superficiel.

    Moitié marginal et artiste, moitié poète illuminé,
    Je vois le monde et j’en accepte ma destinée jusqu’au mouroir
    J’ai sans doute un côté autiste mais cela vous l’aviez deviné
    Par les idées que j’intercepte de l’autre côté du miroir.

    Photo de Sezen Vatansever.

  • L’instrument féminin

    L’instrument féminin

    La femme, magnifique instrument, produit les notes les plus exquises,
    Donne un plaisir à pénétrer l’ouverture en haut de son manche.
    Pour la surprendre, il faut crûment la faire jouir avec surprise
    Par un doigté interprété de main de maître, tous les dimanches.

    Mais il faut toute la semaine, la travailler, la travailler,
    La travailler et, sans relâche, entretenir sa résonance.
    Car l’instrumentiste est humaine et pourrait bien s’encanailler
    Si l’on renâcle trop à la tache et pratique trop l’abstinence.

    Jouez-en autant que le puisse le musicien qui est en vous ;
    Jouez tous les soirs sans attendre d’apprendre tout le concerto !
    Touchez l’ouïe entre les cuisses pour que l’organe se dévoue
    À lire la partition du tendre et vibrer en allegretto.

    Tableau de Salaam Muhammad.

  • Asie mutée

    Asie mutée

    Azimutée sous son chapeau, l’air ni japonais ni nippon
    Ne porte que deux simples voiles, un rouge, un vert, et voilà tout.
    La pluie retombe sur le capot et la rigole fait un pont
    Qui mouille, arrose et puis dévoile, un sein et un joli tattoo.

    Mais la japonaise est coquine et plaque sa voilette rouge
    Pour dissimuler son secret à la vue des passants curieux.
    La nipponne est aussi coquine, ses deux petites fesses bougent
    Et elle s’enfuit sous les regrets des badauds déçus et furieux.

    Chapeau pointu et voile vert ont virevolté dans les airs
    Tandis que s’échappait cul nu, l’orientale Cendrillon.
    Mais j’ai pu y lire à l’envers le nom d’un chapelier disert
    Qui m’a parlé d’une inconnue au sein tatoué d’un papillon.

    Armé d’un filet papillon, je la recherche avidement
    En me référant aux empreintes de ses pieds à proximité.
    Elles m’emmènent vers un pavillon où je retrouve évidemment
    Ma fugitive dont les étreintes ne me laisseront azimuté.

    Tableau d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Ici et déjà ailleurs

    Ici et déjà ailleurs

    L’attente dure un temps infini qui s’étend comme un élastique
    Qui tire, s’étire et se distend jusqu’au point de désespérance.
    Ne sera-t-elle jamais finie, cette impatience sarcastique
    Où le temps ouvre chaque instant vers un nouveau chemin d’errance ?

    Avant de partir, elle est ailleurs, avant l’heure, elle est déjà dehors
    Les yeux fermés sur l’intérieur mais grands ouverts à l’extérieur.
    Dans ce labyrinthe railleur qui la renferme et la ressort
    Depuis ses doutes antérieurs vers ses dilemmes postérieurs.

    Tout tourne en rond dans son bocal derrière ses vitres de verre,
    Frontière dure et translucide comme une prison de cristal.
    Mais voici que l’heure locale va mettre fin à son calvaire
    Et la fille, devenue lucide, s’est échappée de l’hôpital.

    Tableau d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Dans les circonvolutions de la Lune

    Dans les circonvolutions de la Lune

    Après l’heure entre chien et loup, vient l’heure de la Lune dorée
    Où elle vient lui confier ses confessions de la journée ;
    Les émois de son cœur jaloux, les embarras subodorés
    Entre ses doutes fortifiés et ses certitudes retournées.

    Enfermée dans le labyrinthe de toutes ses circonlocutions
    Qui se perdent en digressions dans tous ses détours hors-sujet,
    Elle s’échappe de son étreinte en découvrant la solution
    Lorsqu’elle prend la direction sans précision mais au jugé.

    Évidemment la Lune bouge et pour la suivre, il faut sortir
    Et la belle poursuit ses rêves à la recherche de Pierrot.
    Sous la luminescence rouge, la brune se laisse assortir
    D’une lumière rousse brève dont le halo fait le fiérot.

    Tableau d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Seconde peau

    Seconde peau

    Nouvelle mode pour demain en habits de brumes opaques
    Comme à travers un bain de lait où ne pointe que le visage.
    Seconde peau au bout des mains, couleurs, motifs en multipack,
    Finis les moches, les beaux, les laids, voici venu l’égalisage.

    Nous serons nus mais peu importe ! Grâce à cette seconde peau
    Qui nous protègera du froid, de la pluie et la canicule,
    Chacun voit midi à sa porte et peut revêtir à propos
    Ses vraies couleurs avec effroi sans redouter le ridicule.

    Vert à écailles « Crocodile », robe tachetée « Léopard »,
    Tous ornements hétérogènes seront disponibles sur devis.
    Quant à la jouissance tactile, vous sentirez de toutes parts
    Toutes vos zones érogènes se multiplier à l’envi.

    Photo d’Alexey Kartashov.

  • La première dispute

    La première dispute

    Au premier pépin rencontré, une dispute a commencé
    Entre Adam et Ève punis, mis à la porte du Paradis.
    Le serpent leur a démontré que leur vie n’est pas romancée,
    Qu’ils sont désormais démunis et surtout n’ont pas un radis.

    Alors Ève s’est fait engueuler par un Adam contrarié
    Qui pensait qu’un malentendu n’entraînerait pas de sanction.
    Il l’a traitée d’écervelée de s’être fait charrier
    Pour l’attrait d’un fruit défendu malgré la Sainte interdiction.

    Alors Ève, pour se défendre, lui dit qu’il aurait dû rester
    Avec Lilith, qui l’en empêche, puisque c’était un coup de foudre ?
    Adam, lui ne veut rien entendre et continue à protester
    Contre son épouse pimbêche qui n’a pas inventé la poudre.

    Ève fulmine et lui rétorque qu’elle n’a pas inventé l’eau tiède
    Puisque privée de connaissance et dépourvue d’intelligence.
    Et s’ils se trouvent à la remorque à poil à demander de l’aide
    Elle, c’est pour désobéissance et lui, faute de négligence.

    Tout ça n’était qu’un piège à cons et Dieu les a mystifiés.
    Évidemment ! Sans expérience comment auraient-ils pu comprendre ?
    Comment, sans l’intellect fécond, voir ce que peut signifier
    Que le péché de clairvoyance est de ne pas se faire prendre.

    Tableau de Jan Bosschaert sur https:www.janbosschaert.befr-welkom.html .

  • La première fois

    La première fois

    Une petite touche de frayeur qui lui enlaidit le visage,
    Un tout petit soupçon d’horreur qui lui donne le teint verdâtre.
    Mais pour le pire et le meilleur, elle va apprendre à faire usage
    De cet organe dévoreur et l’appétit de son bellâtre.

    Gare aux serpents, aux araignées, aux sorcières et aux fantômes ;
    L’appréhension serait inscrite au cœur du cerveau reptilien.
    Son esprit en est imprégné et lorsqu’elle découvre l’homme
    Elle voit que la chose décrite lui fait d’l’effet machiavélien.

    Ainsi la marque de stupeur est comme une reconnaissance
    Qui sert à susciter l’envie d’aller affronter l’inconnu l’incroyable
    Alors finalement la peur au regard de la turgescence
    Lui fera vite changer d’avis sur l’expérience inoubliable.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Première mode, le retour

    Première mode, le retour

    Avec la mode minimaliste qui règne sur le prêt-à-porter
    Et la mode au biologique qui nous fera toujours marcher,
    Nul doute que les grands stylistes vont tôt ou tard nous apporter
    Une tenue écologique simple, pratique et bon marché.

    J’attends fébrilement le retour du port de la feuille de vigne
    Mais que nous placerons ailleurs puisque qu’il faut vivre avec son temps.
    Mon cœur démarre au quart de tour au regard de ces curvilignes
    Nippes végétales que les tailleurs raccourciront tous les printemps.

    Au fait, pourquoi pas une rose qui rappellerait le paradis
    Pour qu’enfin les hommes en résolvent tout le mystère ébouriffé ?
    Seule ombre au tableau, la névrose, la folie et la maladie
    Quand vient la période des soldes où les fringues sont dégriffées.

    Photo de Mikhail Shestakov sur https:500px.compshestakovm?view=photos .

  • Mère nature

    Mère Nature, tu as raison de montrer ta féminité,
    Ce lien qui relie ton enfant après l’avoir tant attendu.
    Terre nourricière, tu es la maison où vit pourtant l’humanité
    Qui réplique en t’apostrophant lorsqu’elle voit un sein tendu.

    Mère Nature, tu es maligne et tu sais que la vie s’écoule
    Des origines indescriptibles soient animales et végétales.
    En outre tes filles soulignent de quelles racines elles découlent
    Par le pouvoir reproductible de l’activité génitale.

    Mère Nature, tu es fidèle et tu renaîtras de tes cendres
    Même si les hommes détruisent ce que tu as bâti de tes mains.
    Et si tu changes de modèle, tu sauras choisir le plus tendre
    Afin que la femme construise un nouvel espoir pour demain.

    Photo de Tina Modotti ; illustration de Philip Smeeton.

  • Gémelle en mai, juin et juillet

    Gémelle en mai, juin et juillet

    Surtout en fin du mois de mai, au début du premier décan,
    Plus folles seront les gémelles qui naîtront avec frénésie.
    Cela les prédispose à jamais d’un caractère inconséquent
    Qui attribue à ces femelles toutes sortes de fantaisies.

    Au mois de juin, toutes joyeuses, elles profitent de leur mois
    Pour aller vivre à la campagne entre le printemps et l’été.
    Mais comme elles sont aussi gouailleuses, elles sèment discordes et émois
    Entre compagnons et compagnes à qui elles vont tout répéter.

    Mais en juillet rien ne va plus ! D’abord elles n’aiment pas les cancers
    Qui leur ont piqué le solstice et tout le début de l’été.
    Elles rigolent s’il a bien plu les jours de bals et de concert
    Mais je dois leur rendre justice : avec l’une, je m’suis complété.

    Tableau d’Andrius Kovelinas sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201011andrius-kovelinas.html .

  • Là où va mon petit oiseau

    Là où va mon petit oiseau

    Qui veut voyager loin, ménage sa monture ;
    Qui veut jouir de la vie, épargne son bonheur ;
    Qui cherche un bon conjoint pour une bonne aventure,
    Choisit le plus long vit, modèle étalonneur.

    Après, l’accompagner pour faire ses premiers pas
    Sur la route du tendre vers la grotte sacrée ;
    Mettre la main au panier, lui tâter ses appas,
    Et puis enfin attendre le plaisir consacré.

    Et le petit oiseau reviendra de lui-même
    Pour un désir naissant d’actes préliminaires,
    Bientôt le damoiseau, déniaisé sans dilemme,
    Sera reconnaissant envers sa partenaire.

    Photo Ryan McGinley sur http:albumsceline.blogspot.com201203droles-doiseaux.html .

  • On n’arrête pas le progrès !

    Et vivent mes anniversaires avec toutes mes mises à jour !
    Changer l’âge du capitaine, avancer l’âge de la retraite,
    N’être plus le bouc émissaire de mes parents à moitié sourds !
    Passé l’cap de la cinquantaine, j’ai droit à une vie plus distraite !

    J’ai l’IOS dans la cervelle du dernier modèle excentrique ;
    J’ai mis un tigre dans mon moteur – on est pas près d’me rattraper ;
    J’ai les guibolles qui s’renouvellent grâce à mon vélo électrique
    Et je touche des droits d’auteur quand mes clients plantent SAP.

    vu sur CommitStrip.com.

  • Marie et l’Esprit-Saint

    Marie et l’Esprit-Saint

    Lorsque Marie fit connaissance de l’Esprit-Saint, un peu hagard,
    Bien loin des relations publiques qui jugeaient la pratique infâme,
    Ils ont dû mûrir la naissance en s’accouplant loin des regards
    D’après la tradition biblique dixit « quand l’homme connaît sa femme ».

    Ce devait être au mois de mai dans un lit de fleurs de printemps,
    Marie dessous, l’ange dessus, dans un coït impétueux.
    Et d’ailleurs comme on n’sait jamais, ils ont dû s’y reprendre longtemps
    Car la Marie était fessue et le Saint-Esprit voluptueux.

    Ainsi Jesus est le fruit de l’amour, ce qui explique les douze apôtres
    Qui ont écrit sans retenue quand le christ s’adressait aux hommes
    Que s’il disait avec humour : « Mais aimez-vous les uns les autres ! »
    C’est que la vierge toute nue avait marqué ses chromosomes.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • L’homme en vert

    L’homme en vert

    L’homme qui voyait la vie en vers et l’écrivait dans ses poèmes
    Illustra celles de ses semblables par ses « Nouvelles de Nulle-part ».
    Une utopie pour se mettre au vert dans un avenir de bohème
    Où toutes choses invraisemblables remettraient les pendules au départ.

    J’ai, moi aussi, imaginé des mondes idylliques utopiques
    Où l’on viendrait après sa mort et vivrait d’amour et d’eau fraîche ;
    Hommes et femmes avoisinés en société philanthropique.
    Ce n’est qu’un rêve mais sans remords d’avoir juste entrouvert la brèche.

    Nous sommes tous un peu pareils, nous qui nous créons des histoires
    Pour dédramatiser ce temps qui passe impitoyablement
    Et qui vient nous tirer l’oreille à chaque seconde rédhibitoire
    Mais qui nous rend plus résistant envers un vif accablement.

    Autoportrait de William Morris.

  • La libération

    La libération

    Une fois les forêts disparues, que deviendront les colibris ?
    Sans leur biotope naturel, comment leur trouver un logis
    Quand bien même à peine secourus, il faudra les mettre à l’abri
    De notre monde culturel et sa triste technologie.

    Par une étrange métaphore, une fille aux fruits défendus
    Pourrait loger ces butineurs dans une cage en bois tressé.
    Puis leur offrir le réconfort de sa poitrine aux seins tendus
    Dont les mamelons affineurs sécrètent un bon lait dégraissé.

    Imaginez-vous le spectacle d’une jolie fille toute nue
    Ouvrant la cage aux volatiles pour leur accorder la tétée !
    J’assisterais bien au miracle de la nourrice soutenue
    Par sa vénération utile pour les nourrir à satiété

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • En mode nature

    La vie secrète des forêts doit aux caméléons la mode,
    L’art de se confondre au décor pour vivre heureux, vivre caché.
    Sous la lumière phosphorée des sous-bois chacun s’accommode
    À s’adapter de tout son corps enraciné et rattaché.

    Boutonnée de champignons d’or, la robe verte naturelle
    Rafraîchie d’un peu de rosée sèche sous un soleil discret.
    Sous le vent doucement s’endort une timide pastourelle,
    Fée sauvagine et reposée parmi la flore et ses secrets.

    Les escargots viennent aux nouvelles des oiseaux météorologues
    Qui prédisent vents et marées d’après le vol des papillons.
    Les hirondelles à tire-d’aile, vénérables entomologues,
    Réveillent la belle chamarrée d’une abondance d’oisillons.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • La sœur d’Icare

    La sœur d’Icare

    Dans l’oasis abandonnée quelque part dans le Sahara
    Qu’elle ne pouvait pas traverser, la fille était désespérée.
    Cependant elle s’est adonnée, pour se tirer de l’embarras,
    À écouter et converser avec pilotes invétérés.

    La sœur d’Icare, plus futée et surtout plus perfectionniste
    Se harnacha d’une cigogne pour conquérir la voie des airs.
    Avec quelques branches affûtées au volatile protagoniste
    Elle put s’envoler sans vergogne et traverser tout le désert.

    On ne la revit plus jamais ; nul sait ce qu’elle est devenue.
    S’est elle échouée dans le ciel, a-t-elle perdu ses repères ?
    A-t-elle atteint les hauts sommets des monts d’une Olympe inconnue ?
    Sans doute un aigle providentiel l’a recueillie sur son repaire…

    Tableau de Steven Kenny.

  • L’amante religieuse

    Ne saluez surtout pas Marie après que son fils l’a mordue
    Quand elle vient, poitrine écumante, protester envers l’Esprit-Saint !
    Elle vient se plaindre à son mari et sa Trinité distordue
    Pour cette mission opprimante pour laquelle elle donne le sein.

    Être future Sainte Vierge pour quelques milliard de chrétiens
    Ne justifie pas la disgrâce que l’enfant Jésus lui impose.
    Elle a beau allumer des cierges pour lui réclamer un soutien,
    Ses mamelons demandent grâce et tous les quarts d’heure, une pause.

    Aussi, chrétiennes, mes chères sœurs, priez seins nus dans les églises
    En souvenir des mamelons que Jésus a martyrisés !
    Je me dois d’être le défenseur pour qu’enfin se généralise
    Cette pratique dans les salons où le culte est autorisé.

    Échangeons le pain et le vin qu’on présente à la communion
    Par des prêtresses nourricières aux saintes poitrines généreuses.
    Tétons l’allaitement divin qui symbolise la réunion
    De notre foi bénéficiaire à ses mamelles plantureuses.

    Tableaux de Tom Bagshaw.

  • L’arbre énergétique

    L’arbre énergétique

    Si nous ouvrions le troisième oeil qui voit en quatre dimensions,
    Nous verrions les autres couleurs sur l’hypercube chromatique.
    Nous noterions l’aura des feuilles et l’énergie en ascension
    D’accouchements mais sans douleur des végétaux aromatiques.

    Nous saurions quels arbres-maîtresses enfantent avec acrimonie,
    Nous distinguerions feux follets de l’autre flore masculine,
    Nous respecterions la détresse de la planète à l’agonie,
    Notre Terre-Mère affolée tisser des algues corallines.

    Mais déjà nous le ressentons en écoutant le vent souffler,
    En entendant gronder l’orage et ses averses messagères.
    Est-il trop tard ? Parlementons avec la Nature essoufflée
    Et ses éléments qui font rage sur l’humanité passagère.

    Tableaux de Kat Fedora.

  • Drôle d’oiselle

    Drôle d’oiselle

    Les petits rats sortent de l’œuf encore tout ébouriffés ;
    Juste un petit bouquet de plumes comme une touffe sur la dune.
    Leurs petits corps encore tout neuf portent un tutu dégriffé
    Dont on admire le volume dès qu’elles dansent sous la Lune.

    Ainsi ce ne sont pas des rats mais des souris apparemment !
    Il est vrai que des rats tout roses, c’est assez rare évidemment.
    Déjà l’appel de l’opéra les précipite hardiment
    Sur la scène en pleine névrose de leur public les réclamant.

    Trois petit pas, des entrechats, trois petits sauts en tours piqués ;
    Elles s’envolent comme oisillons qui osent se jeter du nid.
    Mais les oiseaux ont peur du chat et les souris sont paniquées.
    Vite, sur leurs pointes, les cotillons virevoltent à donner le tournis !

    Josie Lane photographiée par Philip Treacy.

  • In vino veritas

    In vino veritas

    Boire et faire sauter les bouchons reste un plaisir réjouissant
    Pour l’esprit dont ses escapades l’emmène à l’ivresse des sens ;
    Ainsi la femme aime les cochons et apprécie les nains puissants
    Et pour les hommes, la débandade fait à l’amour un contresens.

    Boire ou jouir, il faut choisir son paradis artificiel ;
    Bacchus mit de l’eau dans son vin en mariant Ariane esseulée
    Ils firent l’amour tout à loisir dans son palais résidentiel,
    Siège des premiers arts divins après avoir bien dessaoulé.

    Bien que Bacchus fut un maçon réputé assez tortueux,
    Ses tours bâties en tire-bouchon obligeaient maintes pirouettes.
    D’escaliers en colimaçon aux virages irrespectueux
    Faisaient, cruchon après cruchon, aux deux époux tourner la tête

    Tableau d’Alan Macdonald sur https:alanmacdonald.net .

  • Vénus telle que vous pouvez la voir

    Vénus telle que vous pouvez la voir

    Vénus a dû se rhabiller pour passer les réseaux sociaux ;
    Les faces de boucs n’appréciant pas les femmes aux formes callipyges.
    Elle a mis un déshabillé n’exhibant que muscles faciaux
    Mais masquant ses autres appas afin de garder son prestige.

    Cacher le sexe et la poitrine devient tabou universel
    Et c’est manquer à ses devoirs que d’en montrer même en peinture.
    Il existe même des doctrines qui ne montrent aucune parcelle
    De celles dont le contre-pouvoir n’est qu’une offense à la nature.

    Alors Vénus en burkini s’imposeront dans les musées ;
    Les David, rois du culturisme, seront vêtus – censure oblige.
    Terminé le monokini, les seins à l’air sont refusés
    Et pratiquer le naturisme relèvera bientôt du prodige.

    Tableau d’Alan Macdonald sur https:alanmacdonald.net .

  • Les jambes du compas et l’angle de l’équerre

    Les jambes du compas et l’angle de l’équerre

    L’art de l’équerre et du compas remonterait à l’antiquité ;
    Paraît-il même aux temps bibliques d’après des sources irrévocables.
    Mais quand on aime, on ne compte pas le nombre d’efforts acquittés
    Afin que les maths nous expliquent tous les problèmes inextricables.

    D’abord outils mathématiques pour tracer la géométrie
    Sur un plan aux normes d’Euclide, c’est-à-dire en deux dimensions,
    Le transfert paradigmatique pour gérer la volumétrie
    Des temples et des pyramides sacralisa leur propension.

    Sur ses deux jambes, le compas du cercle traque la quadrature
    Et l’équerre, à l’angle bien droit, court rattraper l’hypoténuse.
    Pour le maçon, même combat ; il doit chérir l’architecture
    Et plus il est franc et adroit, plus ses règles deviennent confuses.

    Tableau de Catherine Chauloux.

  • L’intime subconscient

    L’intime subconscient

    Par mon cordon ombilical qui m’a vibré toute sa gamme,
    J’ai l’acoustique qui me démange d’une tentation quotidienne
    Comme un fantasme musical aux douze cordes polygames
    D’une guitare sèche à long manche aux douze clefs clitoridiennes.

    Certains l’appellent l’âme-sœur ou la conscience féminine
    Qu’un musicien sait rassembler et qu’il appelle l’intuition.
    La musique offre la douceur d’une présence sibylline
    Et l’harmonie peut ressembler à l’âme en superposition.

    Sans doute les femmes artistes possèdent plus de connexions
    Car elles laissent plus de déférence à leurs consciences masculines.
    Peut-être qu’un enfant autiste a tellement d’interconnexions
    Qu’il ne fait plus la différence entre ses deux âmes orphelines.

    Tableau de Jorge do Carmo.

  • La délivrance

    La délivrance

    « Naissance » sonne comme « Délivrance » pour la mère arrivée à terme
    Mais elle résonne comme « évasion » pour un bébé neurasthénique.
    Il en ressent la recouvrance chaque fois que le monde l’enferme
    Derrière un mur de dissuasion soi-disant socio-hygiénique.

    De même pour les animaux qui s’évertuent avec courage
    À s’évader hors de la cage de n’importe quelle ménagerie ;
    Flegme et temps infinitésimaux font plus que force ni que rage
    Et bientôt cesseront les parcages dans la moindre sournoiserie.

    Devenons les libérateurs de toutes sortes de prisons,
    Qu’elles soient de clôtures d’acier ou de contraintes politiques !
    Arrêtons les adorateurs qui viennent des quatre horizons
    Exhorter leurs dieux grimaciers islamiques ou bien catholiques !

    Tableau de Steven Kenny.

  • Baisez en paix !

    Baisez en paix !

    « …Er que croissent et se multiplient toutes les espèces vivantes ! »
    Dieu a parlé, ainsi soit-il, le fruit des entrailles est béni.
    « Malgré le péché accompli, continuez la motivante
    Loi contractile et rétractile sans penser à la vilénie ! »

    Je ne sais où est passé ce texte qui s’est perdu entre les pages…
    Mais faire l’amour publiquement risque de nous faire tuer.
    Les animaux… c’est le contexte qui, pour des raisons d’élevage,
    Leur font connaître bibliquement les femelles prostituées.

    L’amour devient la maladie de l’incompréhension totale
    Les hommes cultivent leurs fantasmes, les femmes, leurs jolies silhouettes.
    Certains vivent leurs Paradis dessous l’habit sacerdotal
    Et d’autres atteignent leurs orgasmes juste au prix d’une pirouette.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • Le passage sacré

    Le passage sacré

    Après avoir été chassés du paradis, Adam et Ève
    N’ont eu de cesse de creuser un tunnel pour y revenir.
    Il fallait les voir entasser d’énormes rochers sur la grève
    Au risque de s’ faire écraser et stopper net notre avenir.

    Mais supposons qu’ils aient trouvé l’accès au jardin défendu…
    Ils n’ont pas dû le divulguer sinon ce serait mentionné !
    Ils ont peut-être alors prouvé que Satan n’a rien répandu
    Et même qu’Il a promulgué d’en faire un lieu soumissionné.

    Ainsi parmi les fils d’Adam, un petit nombre de profiteurs,
    De bouche à oreille, ont transmis le secret en se partageant,
    Hors de la foule des quidams qui demeurent leurs débiteurs,
    Ce maudit pacte compromis par l’opprobre et beaucoup d’argent.

    Tableau de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • Sacré Gaston !

    Si la chimie est l’avenir de l’homme selon ses désirs,
    L’alchimie hissera la femme à l’apogée des féministes.
    Si j’en crois le bon souvenir des photographies de plaisir
    Un peu coquines, un peu infâmes sur les murs de notre chimiste.

    Selon l’expérience amusante du flacon d’élixir d’amour,
    Il aurait conquis aux archives une secrétaire de carnaval.
    Or sa portée est médusante car Jeanne n’était pas si glamour
    À la première tentative où prônait sa queue de Cheval.

    Illustration d’André Franquin dans l’album 7 « un gaffeur sachant gaffer », page 38, case 9 mais tronquée dans cette édition.

  • Face à femmes

    Fausses ennemies mais vraies jumelles ? Fausses jumelles, vraies ennemies
    Ou simplement complémentaires avec un pic de jalousie ?
    Chacune abrite dans ses mamelles son emblème, totem et ami ;
    Petit bateau rudimentaire ou un ours dans son jacuzzi .

    Elles m’acceptent sans problème car je sais comment les confondre ;
    La première n’aime pas les hommes et la deuxième encore moins.
    Oui, je sais, cela pose un dilemme mais je n’ai su pas quoi répondre
    Quand elles m’ont dit : « Notre royaume te sera ouvert, néanmoins ! »

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Défi Royal à la Royale

    Elle :
    Comment le battre à la loyale, ce roitelet de droit divin
    Qui m’oblige à courber la tête lorsque je croise son chemin ?
    Sa lignée est-elle aussi royale qu’il le prétendrait ― mais en vain ―
    Selon un titre d’opérette falsifié de sa propre main ?

    Lui :
    Comme on le dit dans la Marine : elle est canon, cette fille-là !
    L’ajouterais bien à mon cheptel, cette pouliche appétissante !
    Elle n’a pas beaucoup de poitrine mais le cul qu’il faut pour cela…
    ´Lui proposerai bien la bagatelle si elle se montre obéissante !

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  • Homme et Femme du vingtième siècle

    Petites annonces
    « Femme « steampunk » du vingtième siècle chercherait homme approprié
    Qui aimerait livres en papier, vieux vinyles et films comiques.
    Intrépide, malin et espiègle et qui, sans se faire prier,
    S’appliquerait à recopier toute ma prose astronomique. »

    Réponse
    « Chère Madame, également pratiquant de l’ancien système,
    Bibliothèque et discothèque sont les mamelles de ma culture.
    Je vous propose galamment de nous réunir sous le thème
    Des enfants australopithèques qui ont renoncé au futur. »

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .

  • Reine d’en haut, Reine d’en bas

    La reine d’en haut vit en été et les animaux, ses sujets
    Accourent passer leurs vacances dans la mer de Sa Majesté.
    Ils en sont tellement hébétés qu’ils en dépassent leurs budgets ;
    Le lion, en grande éloquence, ne cesse de le contester.

    La reine d’en bas gîte en hiver ; tout est gratuit même les boissons !
    Mais les ours en hibernation sont trop occupés à dormir.
    L’actualité des faits divers, d’ailleurs, ne parle que des poissons
    Qui viennent seuls ― consternation ! ― car les repas sont à vomir.

    Tableaux de Maggie Taylor sur https:maggietaylor.com .