Catégorie : Reflets Vers inédits

Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.

  • Adieu, les petites toilettes folichonnes !

    Adieu, les petites toilettes folichonnes !

    J’en ai rêvé, Dieu l’a créée et puis le progrès l’a tuée.
    Dommage, car elle était si belle dans ses toilettes folichonnes !
    Bien qu’il soit enfin agréé qu’elle n’est plus une prostituée,
    Aujourd’hui la femme est rebelle mais elle s’habille comme un homme.

    Tableau de Fatima Tomaeva.

  • Hue, sirène !

    Hue, sirène !

    Connaissez-vous la nage équestre de l’hippocampe et la sirène ?
    Imaginez une harmonie de cambrements synchronisés.
    Elle se conduit en chef d’orchestre sur sa monture et vous entraîne
    En Nouvelle-Calédonie dans ses voyages organisés.

    Photo de Hüseyin Şahin sur https:designyoutrust.com201807turkish-artist-huseyin-sahin-creates-stunning-imaginative-and-dreamlike-photo-manipulations .

  • L’indien moderne

    Le vieux cheval s’est arrêté, un side-car l’a remplacé.
    Avec son chien, il soliloque ; de toute façon, nul ne l’écoute.
    Il paraît qu’il est bien traité dans sa réserve déplacée
    Avec son peuple qui débloque mais ce sont des rumeurs, sans doute.

    Il a fui son anniversaire et toutes ces années de malheur
    Pour aller où ? Il ne sait pas mais il reste nomade avant tout.
    Le temps n’est pas un adversaire, il n’a pas la même valeur
    Pour qui vit déjà son trépas nonobstant le grand Manitou.

    Tableaux de Farrel Cockrum.

  • Le dernier représentant

    Le dernier représentant

    Représentant de l’ancien monde, j’ai régné au septentrion ;
    Au temps des grandes découvertes, on en respectait le royaume.
    Rattaché au progrès immonde, moi, seul ultime échantillon
    Disparais bien lâchement, certes, mais n’est ce pas ce que veut l’homme ?

    Tableau d’Erik Abel.

  • Le mal au cœur du bien

    Le mal au cœur du bien

    Les fruits de la connaissance polluent toute la surface de la Terre
    Depuis que les hommes les ont cueillis avec les yeux plus gros que le ventre.
    On dit qu’il faut qu’on évolue et que c’est un mal nécessaire
    Fier d’avoir été accueilli au cœur du bien, dans l’épicentre.

    Tableau de Dean Stuart.

  • La double hélice

    La double hélice

    Cette double hélice alchimique sépare traditions et science.
    L’une perpétue les jours heureux mais l’autre voudrait faire encore mieux.
    L’une révère la botanique, l’autre l’atome et sa puissance.
    Moi, je serais par trop peureux si j’en étais moins insomnieux.

    Tableau d’Émilie Balivet.

  • À contre-courant

    À contre-courant

    J’ai toujours l’étrange impression de marcher à contre-courant
    D’une raison irrationnelle, d’un cœur qui bat à contrecœur.
    Même si je sais que la pression qui pousse tous ces concurrents
    Vers une vie sensationnelle n’obéit qu’à des arnaqueurs.

    Tableau de Dean Stuart.

  • Le lunatique

    Le lunatique

    Il manipule les secrets, les grands mystères de l’Astrée,
    Les cartes perdues des tarots dans les signes astrologiques.
    Mais ce qui lui paraît concret reste pour les autres trop abstrait
    Il en lévite sur les carreaux dans un état pathologique.

    Tableau de Dean Stuart.

  • L’imagination sans limite

    L’imagination sans limite

    Le cœur d’enfant voit sans limite l’univers de ce qu’il découvre,
    Même si la morale le pousse à l’enfermer dans sa maison.
    Mais peu lui importe ces mythes qui dissimulent et qui recouvrent
    L’imagination qui repousse tous ceux qui veulent avoir raison.

    Tableau de Dean Stuart.

  • La porte des rêves

    La porte des rêves

    La porte qui s’ouvre sur les rêves demeure pour moi bien difficile.
    Une fois ouverte, les courants d’air m’emportent assez facilement
    Mais pour l’entrouvrir, je m’y crève ! La serrure d’aspect indocile
    Demande au rêveur solidaire d’y porter le bon talisman.

    Tableau de Dean Stuart.

  • Petite envie

    Petite envie

    Toute nue sous l’imperméable reste un petit jeu agréable
    Car j’aime sentir ruisseler les gouttes de pluie jubilées.
    Lorsque personne ne me suit, je ne prends que le parapluie
    Mais si la censure s’en mêle, je cours à m’ gratter les semelles.

    Tableau de Daniel Del Orfano.

  • L’ange discret

    L’ange discret

    Cette force qui donne des ailes pourrait se faire plus discrète
    Je dois choisir entre la cacher ou bien l’exposer au grand jour.
    Pour l’afficher, il faut du zèle et ma vie tranquille s’arrête ;
    Alors je les ai attachées et je vis cool en mon séjour.

    Tableau de Canan Berber.

  • Accrochez-vous, les filles !

    Accrochez-vous, les filles !

    La course est similaire aux filles comme aux garçons ; il faut gagner !
    Avec l’épreuve supplémentaire : la plus belle doit sortir du rang.
    Pour arriver à la cheville du prince charmant et l’empoigner
    D’une manière élémentaire, on élimine ses concurrents.

    Tableau de Beth Conklin.

  • La course pour la vie

    La course pour la vie

    Tout le monde veut tenter sa chance lors de la course pour la vie.
    Chacun veut être le plus fort, être adulé comme un héros.
    Dieu nous facture cette exigence qu’on a signé après devis ;
    Gare aux fractures et aux efforts sous peine de rester à zéro.

    Tableau de Benoît Havard.

  • Drôle de soleil

    Drôle de soleil

    Ce matin-là, pas de soleil, Sa Majesté a festoyé.
    Toutes ces éruptions solaires lui auront fait tourner la tête.
    Maudite nuit ! Maudit réveil ! Il va falloir tout nettoyer !
    Et l’étoile secouer sa poussière un peu partout sur la planète.

    Tableau de Barbara Olson Fiber.

  • N’approchez pas ou je saute !

    N’approchez pas ou je saute !

    Septième ciel, septième étage, le choix paraît bien difficile
    Mais être assis sur la fenêtre comporte toujours de gros risques.
    Ce monde plein de bizutages ne nous rend pas la vie facile
    Mais si vous êtes prêt à renaître, sautez ou bien changez de disque.

    Tableau de Balthus.

  • Histoires de hiboux

    Chez les familles de hiboux, le Roi Soleil est renversé.
    La lune est seule souveraine du royaume des noctambules.
    Au crépuscule, on dit « debout ! » on ne va pas tergiverser
    Les heures nocturnes sont reines pour tenir des conciliabules.

    Chaque famille de hibou respecte le cycle lunaire
    Et les mamans veillent au grain lorsque la lune devient gibbeuse.
    Durant ces nuits, des marabouts rôdent sous le grand luminaire
    Et cela cause du chagrin aux chouettes un peu chichiteuses.

    Illustrations d’Annette Mangseth.

  • Modèle à la folle époque

    Modèle à la folle époque

    Elle travaillait comme modèle pour un grand peintre de Paris
    Mais les braves gens disaient ainsi qu’elle n’était que prostituée.
    Pour eux, atelier ou bordel, c’était du même gabarit
    Et les « Léonard de Vinci » leur semblaient guère institués.

    Tableau d’Amedeo Modigliani.

  • La chambre émeraude

    La chambre émeraude

    Elle avait les yeux émeraude comme les murs de sa chambrette
    Qui me jettent une œillade hagarde comme un éclat vert-azuré.
    Tandis qu’un doute me taraude, se déshabille la soubrette
    Et ses deux seins qui me regardent m’ont complètement rassuré.

    Tableau d’Amedeo Modigliani.

  • La princesse de l’azur

    La princesse de l’azur

    Voici qu’un rayon la transforme par le pouvoir de l’embrasure
    Qui l’adoube comme chevalier à l’épée-soleil flamboyante.
    Ainsi soit-elle copie conforme à la princesse de l’azur,
    Comme l’attestent son collier et son anneau de clairvoyante.

    Tableau d’Aaron Griffin.

  • Neurasthénie en blues – 1

    Neurasthénie en blues - 1

    Malgré la chaleur des blés d’or, les bleuets veulent s’échapper
    Comme s’ils voulaient gagner le ciel, pour un Eldorado d’azur.
    Tandis que la plaine s’endort sous les collines escarpées,
    Ils suivent un moment le soleil jusqu’à sa dernière embrasure.

    Tableau de Iris Scott ou Paul Ledent.

  • Rivière et feux follets

    Rivière et feux follets

    Ce mouvement obligatoire de la rivière vers la mer
    Produit des effets hypnotiques de feux follets vers le néant.
    Je les vois suivre les histoires que les eaux tiennent de leurs mères
    Lorsqu’elles n’étaient qu’hypothétiques évaporées de l’océan.

    Tableau de Iris Scott.

  • Feux royaux

    Feux royaux

    Il perce le ciel nuageux toutes les fins d’après-midi
    Comme s’il revendique le droit de nous exposer ses romances.
    Et il s’étire cet élogieux soleil qui fait un peu de comédie
    Mais comme il n’existe qu’un roi, remercions-le de sa clémence.

    Tableau d’Erin Hanson.

  • Photo de groupe

    Photo de groupe

    Fantastiques, ces appareils aux nouvelles technologies
    Qui mettent en quatre dimensions toutes les photos collectées.
    Superbes, à nulle autre pareilles, les couleurs en analogie
    Avec toutes les dissensions des portraits interconnectés

    Tableau de Laurent Folco.

  • La fille de Santorin

    La fille de Santorin

    Trop belle pour moi qui la voyait en beauté grecque au nez gracieux
    Avec des fleurs dans les cheveux comme colliers de tahitiennes.
    Là dans sa bouche, je me noyais, ici son regard audacieux
    Qui fait de moi tout ce qu’il veut dans le cœur de la magicienne.

    Tableau de Laurent Folco.

  • Un petit bonheur rieur

    Un petit bonheur rieur

    J’aime emporter, d’une balade, juste une ramille de fleur
    Que je choisis un peu surprise mais en attente du cueilleur
    Ou qui mérite une escalade, là où ciel et terre s’affleurent.
    Enfin, je l’offre à ma promise comme un petit bonheur rieur.

    Tableau de Françoise Collandre.

  • Du crépuscule à l’aurore

    Au crépuscule, les flamants roses se rassemblent pour un ballet.
    Ils s’agitent en faisant des signes aux autre groupes sémaphores.
    Le soleil se couche, morose, la nuit met un coup de balai
    Et puis, la tête haute, la tête digne, les oiseaux attendent l’aurore.

    Photo de Dominic Liam.

  • La vie sur les toits

    Tôt le matin, déjà à leur poste, deux chats sont juchés sur les toits.
    Ils surveillent les environs, capables de tenir des heures.
    Attendent-ils une riposte d’une minette à l’air matois
    Qui les jugerait trop gironds ou peut-être un peu trop poseurs ?

    Tard dans la nuit, sont revenus les deux matous aux mêmes places
    Matant la chatte à sa fenêtre qui les fascine et les rassemble.
    Que seront-ils demain devenus ? Auront-ils pu rompre la glace ?
    Tout dépendra si l’on voit naître une portée qui leur ressemble.

    Tableaux de Colette Brunelière.

  • Lutine mutine

    Lutine mutine

    J’avance à pas de loup, je surprends les renards,
    Les biches et les chevreuils, même les écureuils.
    Je ne suis ni jaloux, ni à peine goguenard,
    Mais les fées dans les feuilles s’enfuient quoi que je veuille.

    Trop rapides pour moi, elles vivent hors du temps ;
    Je ne vois que le vent, juste un souffle de fuite.
    Un jour, avec émoi, j’ai vu un habitant
    Petit être vivant, de forme très réduite.

    Je n’ai pas eu le temps de prendre une photo
    Mais je l’ai dessinée du fond de ma rétine
    Très vite en haletant juste avant qu’aussitôt
    Ne se soit débinée l’image de la lutine.

    Illustration de Larry MacDougall.

  • Lutine furtive

    Lutine furtive

    C’était un petit vent idiot qui me chuchotait à l’oreille
    Une petite voix fluette issue de l’étang aux étoiles.
    J’entendis jouer du flûtiau derrière les salsepareilles
    Je n’ai vu qu’une silhouette s’enfuir nue et mettre les voiles.

    Illustration de Larry MacDougall.

  • Les belles couleurs

    Désirable était son sourire pour la couleur de ses baisers,
    Admirable était son regard pour l’éclat qui étincelait,
    Et mes yeux qui vont se nourrir de ses nuances apaisées,
    Et ma bouche qui s’égare sur cette peau teintée de lait.

    Tableau d’Anna Brigitta Kovacs.

  • Les vaisseaux de lumière

    Les vaisseaux de lumière

    Presque des vaisseaux de lumière qui navigueraient dans le lointain
    Selon une aube frémissante, selon un crépuscule houleux,
    Selon un soleil de poussière quand son zénith sera atteint
    Ou sous la lune gémissante sous un ciel sombre et nébuleux.

    Tableau d’Anna Brigitta Kovacs.

  • L’Alter Ego

    L’Alter Ego

    Cet autre moi-même qui s’écoule entre conscient et inconscient
    M’effraie la nuit lorsque bascule le rôle de l’Alter Ego.
    Je suis un autre et je bouscule ce que je crois à bon escient
    Pour d’autres actes ridicules qui, paraît-il, seraient égaux.

    Tableau de Valeriy Kot.

  • La danse de lune

    La danse de lune

    La danse de la pleine lune ressemble à nos bains de minuit ;
    La lumière se prête au charme et à la grâce du mouvement.
    À température opportune, on se glisse nu dans la nuit
    Et puis on rit à chaudes larmes pour célébrer l’événement.

    Tableau de Valeriy Kot.

  • Le grimoire de mon ange-gardien

    Le grimoire de mon ange-gardien

    Depuis que mon ange-gardien annote les péripéties
    Que je rencontre dans ma vie, je vois augmenter son grimoire.
    À chaque cycle circadien, il note lorsqu’il apprécie
    Que j’ai vraiment passé l’envie de choir dans un trou de mémoire.

    Tableau de Valeriy Kot.

  • Histoire de hauts-de-chausses

    Histoire de hauts-de-chausses

    D’autres se mettraient en pantalon mais pour la voisine pas question.
    L’occasion lui paraît trop belle pour soulever ses hauts-de-chausses.
    Elle porte des bottes à haut talon et montre en autosuggestion
    Une culotte de flanelle qui, bien entendu, se défausse.

    Illustration de Waldemar Von Kazak sur https:designyoutrust.com201509fantastic-illustrations-by-waldemar-von-kozak .

  • Le sort des sirènes

    Le sort des sirènes

    On parle beaucoup de pollution et on actionne les sirènes
    Mais personne n’a évalué le sort de ces pauvres créatures.
    Je ne vois qu’une solution pour rendre la tâche sereine ;
    Qu’on puisse les évacuer dans des baignoires à leurs pointures.

    Illustration de Waldemar Von Kazak sur https:designyoutrust.com201509fantastic-illustrations-by-waldemar-von-kozak .

  • Veux-tu m’épouser ?

    Veux-tu m’épouser ?

    Si tu n’ veux pas que je sois veuve, décide-toi, décide bien !
    Si tu ne m’aimes pas, je t’aime et j’en ai plein mon pistolet.
    Alors chéri, donn’ moi la preuve, que tu imagines combien
    Ta vie deviendra un poème aussitôt que j’t’aurai violé !

    Illustration de Waldemar Von Kazak sur https:designyoutrust.com201509fantastic-illustrations-by-waldemar-von-kozak .

  • Le chronophone métaphysique

    Le chronophone métaphysique

    Le temps des instruments à cordes, le temps des instruments à vents
    Suit le tempo systématique du langage de la musique
    Mais le temps, lui aussi s’accorde, soit en arrière, soit en avant,
    Grâce à la clef mathématique du chronophone métaphysique.

    Tableau d’Igor Samsonov.

  • Les vêtements de l’âme

    L’âme s’habille de l’esprit ; plus elle en a, plus elle est chic.
    Elle se pare d’intelligence et se vêt de spirituel.
    Personne n’aime être surpris par un faux pli de son psychique
    Et cherche toujours l’élégance d’un bon mot intellectuel.

    Mais attention aux hypocrites qui ne disent pas ce qu’ils pensent !
    Ce sont des donneurs de leçons qui seront, en touche, bottés.
    Cette erreur de mode est proscrite et n’obtient nulle récompense.
    En revanche, un rien polisson donne une touche de beauté.

    Tableaux d’Igor Samsonov.

  • Peinture fraîche

    Peinture fraîche

    Tout l’ monde connaît cette idiotie de peindre son plancher céans
    Puis, se retrouver notamment forcé d’ s’agripper aux rideaux.
    L’histoire inverse existe aussi, cett’ fille a peint un océan
    Et puis, bien précipitamment, a dû s’ajouter un radeau.

    Photo de Katie O’Hagan sur https:www.artistsnetwork.comart-mediumsoil-paintingartists-network-ohagan .

  • Lubrification

    Lubrification

    Parti avec l’argent du beurre, il leur a laissé la plaquette
    Mais il a pris tout leur argent et même tous leurs vêtements.
    De tout le fruit de leur labeur il ne leur reste que leurs quéquettes
    Et une femme partageant le lubrifiant à glissements.

    Photo de Katie O’Hagan sur https:www.artistsnetwork.comart-mediumsoil-paintingartists-network-ohagan .

  • Dévêtez-vous et puis entrez !

    À la fois nue et habillée avec désordre, déconcentrée,
    Elle tenait ses vêtements devant son ventre et sa poitrine.
    Elle avait lu sur son billet « dévêtez-vous et puis entrez ! »
    Et se retrouvait bêtement le cul nu devant la vitrine.

    Mais pas si bête, finalement, elle a même ouvert sa boutique ;
    Toujours à poil et dévêtue car c’est ainsi qu’elle est connue.
    Elle vous taille élégamment des orifices authentiques
    Mais qui respectent la vertu ; le ridicule est abstenu.

    Photo de Katie O’Hagan sur https:www.artistsnetwork.comart-mediumsoil-paintingartists-network-ohagan .

  • De la couleur de la nature

    De la couleur de la nature

    Lorsque je retrouve la forme de mon visage dans la nature,
    Quand je reconnais la couleur de mes yeux au fond de la mer,
    Quand les nuages se transforment et prennent toutes mes statures,
    Je me rend compte avec bonheur que je ne suis pas éphémère.

    Tableau de Autumn Skye Morrison.

  • Les atouts du bon sens

    Les atouts du bon sens

    Puisqu’il te faut de bons atouts pour réussir une carrière
    Avec autant de bonnes cartes et de voyantes extralucides,
    Tu connaîtras des touche-à-tout qui te sortiront par derrière
    Que le bon sens selon Descartes c’est ce que toi-même décide.

    Tableau de Vladimir Muhin.

  • La transparence du bruit

    La transparence du bruit

    Le son domine nos résidences comme un orchestre qui s’accorde
    Mais dont l’ensemble des instruments ne joue que personnellement.
    Les murs deviennent transparents et la quiétude se désaccorde
    Selon les cris, les arguments qui montent proportionnellement.

    Tableau de Julie Heffernan.

  • L’autre moi-même

    L’autre moi-même

    Comment peut-elle m’apparaître à la fois ange ou bien démon
    En déployant ses ailes blanches où les serpents de sa coiffure ?
    Je ne veux pas le compromettre mais je crois qu’il s’agit de Raymond
    L’autre moi-même quand je m’épanche dans mes récits d’ébouriffure.

    Tableau de Vladimir Muhin.

  • Le jeu de la vie – 2

    Le jeu de la vie - 2

    Parmi les combats échangés entre les deux corbeaux champions,
    La période antique regorge d’échecs, de mat et d’abandons.
    Parmi les parties mélangées, on vit César, Napoléon
    Et d’autres se prendre à la gorge pour régner au pyramidion.

    Tableau de Моисеева Лиана.

  • Le jeu de la vie – 1

    Le jeu de la vie - 1

    On m’a raconté que la vie n’était autre qu’un jeu d’échec
    Dont la partie est commencée depuis, je crois, la nuit des temps.
    Deux corbeaux virent, sans préavis, des rois, des chevaux, des évêques
    Qui doivent tout recommencer tant qu’il reste des combattants.

    Tableau de Моисеева Лиана.

  • Jour de relâche

    Colombine tarde à s’apprêter en ce matin ensoleillé
    Le chat est venu quatre fois ronronner mais rien n’y a fait.
    Cela dit, rien n’est arrêté ; elle est encore ensommeillée
    Et le chat se dit que, ma foi, dormir pour elle reste un bienfait.

    Tandis qu’Arlequin s’interroge sur le retard de Colombine,
    Il prie son pigeon voyageur d’aller quérir quelques nouvelles.
    « Aujourd’hui Madame déroge à répéter votre comptine !
    Hier soir, un duo tapageur a épuisé la jouvencelle ! »

    Tableaux de Damião Martins.