Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.
J’en ai rêvé, Dieu l’a créée et puis le progrès l’a tuée. Dommage, car elle était si belle dans ses toilettes folichonnes ! Bien qu’il soit enfin agréé qu’elle n’est plus une prostituée, Aujourd’hui la femme est rebelle mais elle s’habille comme un homme.
Connaissez-vous la nage équestre de l’hippocampe et la sirène ? Imaginez une harmonie de cambrements synchronisés. Elle se conduit en chef d’orchestre sur sa monture et vous entraîne En Nouvelle-Calédonie dans ses voyages organisés.
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Le vieux cheval s’est arrêté, un side-car l’a remplacé. Avec son chien, il soliloque ; de toute façon, nul ne l’écoute. Il paraît qu’il est bien traité dans sa réserve déplacée Avec son peuple qui débloque mais ce sont des rumeurs, sans doute.
Il a fui son anniversaire et toutes ces années de malheur Pour aller où ? Il ne sait pas mais il reste nomade avant tout. Le temps n’est pas un adversaire, il n’a pas la même valeur Pour qui vit déjà son trépas nonobstant le grand Manitou.
Représentant de l’ancien monde, j’ai régné au septentrion ; Au temps des grandes découvertes, on en respectait le royaume. Rattaché au progrès immonde, moi, seul ultime échantillon Disparais bien lâchement, certes, mais n’est ce pas ce que veut l’homme ?
Les fruits de la connaissance polluent toute la surface de la Terre Depuis que les hommes les ont cueillis avec les yeux plus gros que le ventre. On dit qu’il faut qu’on évolue et que c’est un mal nécessaire Fier d’avoir été accueilli au cœur du bien, dans l’épicentre.
Cette double hélice alchimique sépare traditions et science. L’une perpétue les jours heureux mais l’autre voudrait faire encore mieux. L’une révère la botanique, l’autre l’atome et sa puissance. Moi, je serais par trop peureux si j’en étais moins insomnieux.
J’ai toujours l’étrange impression de marcher à contre-courant D’une raison irrationnelle, d’un cœur qui bat à contrecœur. Même si je sais que la pression qui pousse tous ces concurrents Vers une vie sensationnelle n’obéit qu’à des arnaqueurs.
Il manipule les secrets, les grands mystères de l’Astrée, Les cartes perdues des tarots dans les signes astrologiques. Mais ce qui lui paraît concret reste pour les autres trop abstrait Il en lévite sur les carreaux dans un état pathologique.
Le cœur d’enfant voit sans limite l’univers de ce qu’il découvre, Même si la morale le pousse à l’enfermer dans sa maison. Mais peu lui importe ces mythes qui dissimulent et qui recouvrent L’imagination qui repousse tous ceux qui veulent avoir raison.
La porte qui s’ouvre sur les rêves demeure pour moi bien difficile. Une fois ouverte, les courants d’air m’emportent assez facilement Mais pour l’entrouvrir, je m’y crève ! La serrure d’aspect indocile Demande au rêveur solidaire d’y porter le bon talisman.
Toute nue sous l’imperméable reste un petit jeu agréable Car j’aime sentir ruisseler les gouttes de pluie jubilées. Lorsque personne ne me suit, je ne prends que le parapluie Mais si la censure s’en mêle, je cours à m’ gratter les semelles.
Cette force qui donne des ailes pourrait se faire plus discrète Je dois choisir entre la cacher ou bien l’exposer au grand jour. Pour l’afficher, il faut du zèle et ma vie tranquille s’arrête ; Alors je les ai attachées et je vis cool en mon séjour.
La course est similaire aux filles comme aux garçons ; il faut gagner ! Avec l’épreuve supplémentaire : la plus belle doit sortir du rang. Pour arriver à la cheville du prince charmant et l’empoigner D’une manière élémentaire, on élimine ses concurrents.
Tout le monde veut tenter sa chance lors de la course pour la vie. Chacun veut être le plus fort, être adulé comme un héros. Dieu nous facture cette exigence qu’on a signé après devis ; Gare aux fractures et aux efforts sous peine de rester à zéro.
Ce matin-là, pas de soleil, Sa Majesté a festoyé. Toutes ces éruptions solaires lui auront fait tourner la tête. Maudite nuit ! Maudit réveil ! Il va falloir tout nettoyer ! Et l’étoile secouer sa poussière un peu partout sur la planète.
Septième ciel, septième étage, le choix paraît bien difficile Mais être assis sur la fenêtre comporte toujours de gros risques. Ce monde plein de bizutages ne nous rend pas la vie facile Mais si vous êtes prêt à renaître, sautez ou bien changez de disque.
Chez les familles de hiboux, le Roi Soleil est renversé. La lune est seule souveraine du royaume des noctambules. Au crépuscule, on dit « debout ! » on ne va pas tergiverser Les heures nocturnes sont reines pour tenir des conciliabules.
Chaque famille de hibou respecte le cycle lunaire Et les mamans veillent au grain lorsque la lune devient gibbeuse. Durant ces nuits, des marabouts rôdent sous le grand luminaire Et cela cause du chagrin aux chouettes un peu chichiteuses.
Elle travaillait comme modèle pour un grand peintre de Paris Mais les braves gens disaient ainsi qu’elle n’était que prostituée. Pour eux, atelier ou bordel, c’était du même gabarit Et les « Léonard de Vinci » leur semblaient guère institués.
Elle avait les yeux émeraude comme les murs de sa chambrette Qui me jettent une œillade hagarde comme un éclat vert-azuré. Tandis qu’un doute me taraude, se déshabille la soubrette Et ses deux seins qui me regardent m’ont complètement rassuré.
Voici qu’un rayon la transforme par le pouvoir de l’embrasure Qui l’adoube comme chevalier à l’épée-soleil flamboyante. Ainsi soit-elle copie conforme à la princesse de l’azur, Comme l’attestent son collier et son anneau de clairvoyante.
Malgré la chaleur des blés d’or, les bleuets veulent s’échapper Comme s’ils voulaient gagner le ciel, pour un Eldorado d’azur. Tandis que la plaine s’endort sous les collines escarpées, Ils suivent un moment le soleil jusqu’à sa dernière embrasure.
Ce mouvement obligatoire de la rivière vers la mer Produit des effets hypnotiques de feux follets vers le néant. Je les vois suivre les histoires que les eaux tiennent de leurs mères Lorsqu’elles n’étaient qu’hypothétiques évaporées de l’océan.
Il perce le ciel nuageux toutes les fins d’après-midi Comme s’il revendique le droit de nous exposer ses romances. Et il s’étire cet élogieux soleil qui fait un peu de comédie Mais comme il n’existe qu’un roi, remercions-le de sa clémence.
Fantastiques, ces appareils aux nouvelles technologies Qui mettent en quatre dimensions toutes les photos collectées. Superbes, à nulle autre pareilles, les couleurs en analogie Avec toutes les dissensions des portraits interconnectés
Trop belle pour moi qui la voyait en beauté grecque au nez gracieux Avec des fleurs dans les cheveux comme colliers de tahitiennes. Là dans sa bouche, je me noyais, ici son regard audacieux Qui fait de moi tout ce qu’il veut dans le cœur de la magicienne.
J’aime emporter, d’une balade, juste une ramille de fleur Que je choisis un peu surprise mais en attente du cueilleur Ou qui mérite une escalade, là où ciel et terre s’affleurent. Enfin, je l’offre à ma promise comme un petit bonheur rieur.
Au crépuscule, les flamants roses se rassemblent pour un ballet. Ils s’agitent en faisant des signes aux autre groupes sémaphores. Le soleil se couche, morose, la nuit met un coup de balai Et puis, la tête haute, la tête digne, les oiseaux attendent l’aurore.
Tôt le matin, déjà à leur poste, deux chats sont juchés sur les toits. Ils surveillent les environs, capables de tenir des heures. Attendent-ils une riposte d’une minette à l’air matois Qui les jugerait trop gironds ou peut-être un peu trop poseurs ?
Tard dans la nuit, sont revenus les deux matous aux mêmes places Matant la chatte à sa fenêtre qui les fascine et les rassemble. Que seront-ils demain devenus ? Auront-ils pu rompre la glace ? Tout dépendra si l’on voit naître une portée qui leur ressemble.
J’avance à pas de loup, je surprends les renards, Les biches et les chevreuils, même les écureuils. Je ne suis ni jaloux, ni à peine goguenard, Mais les fées dans les feuilles s’enfuient quoi que je veuille.
Trop rapides pour moi, elles vivent hors du temps ; Je ne vois que le vent, juste un souffle de fuite. Un jour, avec émoi, j’ai vu un habitant Petit être vivant, de forme très réduite.
Je n’ai pas eu le temps de prendre une photo Mais je l’ai dessinée du fond de ma rétine Très vite en haletant juste avant qu’aussitôt Ne se soit débinée l’image de la lutine.
C’était un petit vent idiot qui me chuchotait à l’oreille Une petite voix fluette issue de l’étang aux étoiles. J’entendis jouer du flûtiau derrière les salsepareilles Je n’ai vu qu’une silhouette s’enfuir nue et mettre les voiles.
Désirable était son sourire pour la couleur de ses baisers, Admirable était son regard pour l’éclat qui étincelait, Et mes yeux qui vont se nourrir de ses nuances apaisées, Et ma bouche qui s’égare sur cette peau teintée de lait.
Presque des vaisseaux de lumière qui navigueraient dans le lointain Selon une aube frémissante, selon un crépuscule houleux, Selon un soleil de poussière quand son zénith sera atteint Ou sous la lune gémissante sous un ciel sombre et nébuleux.
Cet autre moi-même qui s’écoule entre conscient et inconscient M’effraie la nuit lorsque bascule le rôle de l’Alter Ego. Je suis un autre et je bouscule ce que je crois à bon escient Pour d’autres actes ridicules qui, paraît-il, seraient égaux.
La danse de la pleine lune ressemble à nos bains de minuit ; La lumière se prête au charme et à la grâce du mouvement. À température opportune, on se glisse nu dans la nuit Et puis on rit à chaudes larmes pour célébrer l’événement.
Depuis que mon ange-gardien annote les péripéties Que je rencontre dans ma vie, je vois augmenter son grimoire. À chaque cycle circadien, il note lorsqu’il apprécie Que j’ai vraiment passé l’envie de choir dans un trou de mémoire.
D’autres se mettraient en pantalon mais pour la voisine pas question. L’occasion lui paraît trop belle pour soulever ses hauts-de-chausses. Elle porte des bottes à haut talon et montre en autosuggestion Une culotte de flanelle qui, bien entendu, se défausse.
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On parle beaucoup de pollution et on actionne les sirènes Mais personne n’a évalué le sort de ces pauvres créatures. Je ne vois qu’une solution pour rendre la tâche sereine ; Qu’on puisse les évacuer dans des baignoires à leurs pointures.
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Si tu n’ veux pas que je sois veuve, décide-toi, décide bien ! Si tu ne m’aimes pas, je t’aime et j’en ai plein mon pistolet. Alors chéri, donn’ moi la preuve, que tu imagines combien Ta vie deviendra un poème aussitôt que j’t’aurai violé !
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Le temps des instruments à cordes, le temps des instruments à vents Suit le tempo systématique du langage de la musique Mais le temps, lui aussi s’accorde, soit en arrière, soit en avant, Grâce à la clef mathématique du chronophone métaphysique.
L’âme s’habille de l’esprit ; plus elle en a, plus elle est chic. Elle se pare d’intelligence et se vêt de spirituel. Personne n’aime être surpris par un faux pli de son psychique Et cherche toujours l’élégance d’un bon mot intellectuel.
Mais attention aux hypocrites qui ne disent pas ce qu’ils pensent ! Ce sont des donneurs de leçons qui seront, en touche, bottés. Cette erreur de mode est proscrite et n’obtient nulle récompense. En revanche, un rien polisson donne une touche de beauté.
Tout l’ monde connaît cette idiotie de peindre son plancher céans Puis, se retrouver notamment forcé d’ s’agripper aux rideaux. L’histoire inverse existe aussi, cett’ fille a peint un océan Et puis, bien précipitamment, a dû s’ajouter un radeau.
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Parti avec l’argent du beurre, il leur a laissé la plaquette Mais il a pris tout leur argent et même tous leurs vêtements. De tout le fruit de leur labeur il ne leur reste que leurs quéquettes Et une femme partageant le lubrifiant à glissements.
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À la fois nue et habillée avec désordre, déconcentrée, Elle tenait ses vêtements devant son ventre et sa poitrine. Elle avait lu sur son billet « dévêtez-vous et puis entrez ! » Et se retrouvait bêtement le cul nu devant la vitrine.
Mais pas si bête, finalement, elle a même ouvert sa boutique ; Toujours à poil et dévêtue car c’est ainsi qu’elle est connue. Elle vous taille élégamment des orifices authentiques Mais qui respectent la vertu ; le ridicule est abstenu.
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Lorsque je retrouve la forme de mon visage dans la nature, Quand je reconnais la couleur de mes yeux au fond de la mer, Quand les nuages se transforment et prennent toutes mes statures, Je me rend compte avec bonheur que je ne suis pas éphémère.
Puisqu’il te faut de bons atouts pour réussir une carrière Avec autant de bonnes cartes et de voyantes extralucides, Tu connaîtras des touche-à-tout qui te sortiront par derrière Que le bon sens selon Descartes c’est ce que toi-même décide.
Le son domine nos résidences comme un orchestre qui s’accorde Mais dont l’ensemble des instruments ne joue que personnellement. Les murs deviennent transparents et la quiétude se désaccorde Selon les cris, les arguments qui montent proportionnellement.
Comment peut-elle m’apparaître à la fois ange ou bien démon En déployant ses ailes blanches où les serpents de sa coiffure ? Je ne veux pas le compromettre mais je crois qu’il s’agit de Raymond L’autre moi-même quand je m’épanche dans mes récits d’ébouriffure.
Parmi les combats échangés entre les deux corbeaux champions, La période antique regorge d’échecs, de mat et d’abandons. Parmi les parties mélangées, on vit César, Napoléon Et d’autres se prendre à la gorge pour régner au pyramidion.
On m’a raconté que la vie n’était autre qu’un jeu d’échec Dont la partie est commencée depuis, je crois, la nuit des temps. Deux corbeaux virent, sans préavis, des rois, des chevaux, des évêques Qui doivent tout recommencer tant qu’il reste des combattants.
Colombine tarde à s’apprêter en ce matin ensoleillé Le chat est venu quatre fois ronronner mais rien n’y a fait. Cela dit, rien n’est arrêté ; elle est encore ensommeillée Et le chat se dit que, ma foi, dormir pour elle reste un bienfait.
Tandis qu’Arlequin s’interroge sur le retard de Colombine, Il prie son pigeon voyageur d’aller quérir quelques nouvelles. « Aujourd’hui Madame déroge à répéter votre comptine ! Hier soir, un duo tapageur a épuisé la jouvencelle ! »