Catégorie : Poésie du dimanche

  • Mais où sont passées les amanites ?

    Fortuitement une ammonite, découverte au bord du chemin
    Traversant une forêt suisse, me mit sur la piste aux fossiles.
    Mais je ne trouvai qu’amanites qui me saluaient de la main
    Ressemblant autant qu’elles puissent à des créatures aux faux cils.

    Sans doute sous l’effet des spores, volatiles hallucinogènes,
    L’une d’elle ôta son chapeau – regard coquin sous le chignon –
    J’en transpirais de tous mes pores sous l’effet des lacrymogènes
    Qui me rubéfiaient la peau où me poussaient des champignons.

    Je n’sais où est la part du vrai – vous me croirez si vous voulez.
    Grosse truffe me suis-je trouvé parmi ces femmes vénéneuses.
    Ce n’est pas tout ; ce qui m’effraie, ce sont tous ces petits bolets
    – Mon portrait craché approuvé – qui croissent en sylve résineuse.

    Tableaux de Rebecca Cool.

  • Schtradivarius

    Schtradivarius

    Le chat accorde ses miaulements au La de ses ronronnements
    Et devient fidèle instrument dont la musique crispe les mœurs.
    Et lorsqu’il joue de piaulements, lamentations et grognements,
    L’interprète cherche incongrûment un partenaire pour les chœurs.

    Le chat ressemble à un violon par la taille, le timbre et les cordes
    Qui seraient faites de boyaux, heureusement pas du matou.
    Allons, minous, minets, miaulons en cris de joie ou de discorde
    Mais miaulons bien, miaulons royaux et miaulons juste, un point c’est tout !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’île aux chats

    L’île aux chats

    Chat échaudé craignant l’eau froide, j’ai du mal à imaginer
    Un paradis sur pilotis pour matous en quête d’houris.
    Pourtant je les vois, la queue roide, se levant dès potron-minet
    Accompagnés de sifflotis s’en aller pêcher les souris.

    Quand l’homme aura été banni de sa planète appropriée,
    Aura-t-il droit au repêchage sous forme de réincarnation ?
    Quelle vexation, quelle avanie de se trouver exproprié !
    Mais pour échapper au lynchage, moi, j’ai choisi ma damnation :

    Mon choix du paradis félin, si j’y ai droit, est légitime ;
    J’ai toujours adoré les chats surtout les plus indépendants.
    Dieu aurait été plus malin, sans que cela lui coûte un centime,
    De créer sans prêchi-prêcha le félin comme surintendant.

    Illustration de Natalia Grinchenko.

  • Mais où sont passées les sirènes ? – 2

    J’ai pris la route du bord de mer pour ma quête envers la sirène,
    De la branche des femmes-poissons qui chantent dans le vent du large.
    Mais la belle, l’air doux-amer, se comportait comme une reine
    Parmi une foule de polissons dont elle leur assumait la charge.

    Comme une anémone-chimère et ses poissons-clowns à la ronde,
    Elle régnait dans le silence du monde profond des abysses.
    Dans cette obscurité outremer, là où seul le mystère gronde,
    Je gardais toute vigilance de peur que danger ne subisse.

    Elle a ouvert sur moi les yeux, m’a observé sans dire un mot,
    Ses sujets se sont rapprochés pour défendre leur souveraine.
    D’un geste noble et religieux, elle a chassé ces animaux
    Et je goûtai dans ses crochets le vrai baiser d’une sirène.

    Tableaux de Pedro Valencia.

  • Mais où sont passées les sirènes ? – 1

    J’ai cherché dans les lacs profonds, vert émeraude de Bavière,
    J’ai recherché dans l’or du Rhin les Lorelei, les Walkyries,
    J’ai plongé au cœur des siphons jusques aux sources des rivières,
    Mais hélas les fonds sous-marins m’ont noyé dans un daïquiri.

    J’ai alors remonté les fleuves et me suis jeté dans la mer
    Où les eaux froides et profondes abritent les belles légendes.
    Mais je n’ai ni trouvé de preuve ni pêché la moindre chimère
    Jusqu’à ce que je me morfonde au fond d’une fosse normande.

    J’ai dérivé dans les mers chaudes qui rougissent au soleil couchant,
    J’ai rencontré un dragon vert, roi des océans et sa reine,
    Puis de peur que je ne m’échaude d’un quiproquo effarouchant,
    Elle me mit la tête à l’envers et j’ai reconnu ma sirène.

    Tableaux de Rebecca Cool.

  • Ode à la Lune

    Ode à la Lune

    Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, l’ami Pierrot est en retard ;
    Veuillez pardonner les paroles qui sont restées dans l’encrier.
    J’ai la musique en crescendo qui remonte de ma cithare
    Mais pour danser la barcarole, j’aimerais des chœurs appropriés.

    Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, l’ami Pierrot m’a prise au mot
    Et m’a composé de sa plume une sérénade à la Lune
    Que je vous joue decrescendo, pizzicato, fortissimo
    Jusqu’à pincer à plein volume mes cordes qui vibrent à la brune.

    Do Ré Mi Fa Sol La Si Do, l’ami Pierrot m’a fait l’amour ;
    Il m’a dit que je serai sienne et la mère de son enfant.
    Tandis qu’il fabrique un landau, j’observe le lever du jour
    Et ma lyre égrène l’antienne que chante mon cœur triomphant.

    Tableau d’Alphonse Osbert.

  • Couleurs félibres

    Couleurs félibres

    Couleurs fébriles pour le félibre † qui sait lire dans la palette
    Les caractères rouge et or inscrits sur trame violacée.
    L’esprit serein et le cœur libre, le poète a dans sa mallette
    Un nuancier d’une pléthore de tons d’alcools et opiacés.

    Mais c’est surtout dans le reflet que l’âme trouve la substance
    Qui échappe aux lois de la science et rejoint la métaphysique.
    Alors l’inspiration soufflée fait renaître la persistance
    Des songes dont la subconscience en était restée amnésique.

    † Le félibre est un poète qui écrit en occitan ou bien en auvergnat, gascon, languedocien, limousin ou provençal – selon Wikipedia.

  • L’Attentacule

    La Pieuvre par l’Icare est âgée ; je viens d’en découvrir l’histoire.
    Un poulpe ailé fuyant, de Crète, le labyrinthe du Minotaure,
    S’échoua dans la mer Égée pour un accueil prémonitoire
    D’une sirène, fille secrète, de Neptune et d’une Centaure.

    Ils connurent des amours célèbres au cœur des abysses profondes
    Dont les échos retentissaient en des flots de littérature
    Qui résonnaient dans les ténèbres sous les clairs de Lune féconde
    Dont le halo garantissait une nombreuse progéniture.

    On l’appelait « L’Attentacule » dans les légendes en bleu-marine
    Et dans certains contes pervers qui font rougir les péronnelles.
    La sirène aux huit tentacules, à la queue couleur azurine,
    À la peau rose et aux yeux verts, demeure une énigme éternelle.

    Tableaux de Hillary Luetkemeyer, Tristan Elwell et Janae Corrado.

  • L’appellunaire

    L’appel de la Lune fait vibrer tous les arbres de la forêt
    Qu’ils transmettent par leurs antennes au-delà des lieues collinaires.
    Galactique et équilibré par le flux de l’astre doré,
    Des fées arrivent par centaines pour répondre à « l’appellunaire ».

    Or une seule sera choisie pour présider leur assemblée ;
    Celle dont l’aura brillera du même degré de lumière.
    Vêtues de robes cramoisies, d’azur et d’étoiles rassemblées,
    L’une se déshabillera – sans doute était-ce la première.

    Elle s’offre en toute humilité au Saint Halo qui la couronne
    Reine durant quatre semaines pendant lesquelles, consacrée
    D’un don de juvénilité, allouée d’une voix qui claironne,
    Elle envoie à toutes les humaines la force du féminin sacré.

    Tableaux de Lisbeth Cheever-Gessaman sur http:www.shewhoisart.com .

  • Ainsi je me décris

    Ainsi je me décris

    Je suis comme l’heure qui passe et est impossible à citer
    Puisqu’elle est aussitôt passée à peine qu’elle soit indiquée.
    Mes propres photos me dépassent et me donnent l’air excité,
    Trop vieux, trop jeune, trop compassé avec le ventre alambiqué.

    Mais j’ai trouvé le stratagème des métaphores sous-entendues
    Pour me décrire un peu comme ci, un peu comme ça, par ci par là.
    C’est par ce système que j’aime le portrait le moins prétendu
    Qui montre un visage indécis, sans éclat et sans tralala.

    Tableau d’Aaron Jasinski sur https:www.taringa.net+arteaaron-jasinski-pinceladas-nostalgicas-parte-2_hrdb0 ainsi que sur https:www.aaronjasinski.com .

  • La place aux légendes du sud

    La place aux légendes du sud

    Dans les villages de Pagnol, sur la place de la fontaine,
    Là, je perçois Manon-des-Sources et les santons de sa légende ;
    Le vieux menuisier espagnol, la boulangère assez hautaine,
    L’appel du café-de-la-bourse pour l’apéro et sa provende.

    Parfois le robinet crachote dans un silence religieux
    Pour rappeler à ses fidèles combien l’eau leur est généreuse.
    Et dans les familles on chuchote les secrets les plus litigieux
    Qui se transmettent à tire-d’aile aux rumeurs qui en sont acquéreuses.

    Illustration de Willy Maltaite extraite de l’album « Le jardin des couleurs ».

  • Le genre surexposé

    La mode un jour va nous prétendre que la beauté se renouvelle
    Par une peau d’opalescence et nudité surexposée.
    Bien sûr, il fallait s’y attendre, il y eut retour de manivelle
    Par une réaction intense diamétralement opposée.

    Des femmes nues se rencontrèrent un peu partout au coin des rues
    Afin de revendiquer leur sexe par leurs tenues déshabillées.
    La censure, au début sévère, s’y plia et puis disparut
    Mais ce ne fut pas unisexe car les hommes restèrent habillés.

    Ah oui, j’ai omis de vous dire qu’on vota une loi bien stricte
    Empêchant les hommes de bander lorsqu’ils sont sur la voie publique.
    Comme on aurait pu le prédire, ils durent cacher la vindicte
    De leur phallus vilipendé derrière des refuges éthyliques.

    Tableaux d’Andrej Mashkovtsev sur www.soseul.pe.krxeAura141472 .

  • L’Orient-Express Lunaire

    La Lune voyage en première comme voyageuse attitrée
    Par le grand réseau ferroviaire des trains de nuit homologués.
    Émettant très peu de lumière derrière les cloisons vitrées,
    Toutes les étoiles convièrent à s’y trouver cataloguer.

    Des contrôleuses aux seins nus organisèrent ces convois
    Avec porteurs assermentés pour la sécurité des astres.
    Il fut de surcroît convenu qu’il était important qu’on voie
    L’organisation exemptée du moindre insignifiant désastre.

    J’ai connu ces compartiments souvent dans les wagons de queue
    Isolés des têtes du train et du bruit des locomotives.
    La Lune montait hardiment avec un porteur obséquieux
    Qui l’installait avec entrain d’une prévenance émotive.

    Bien sûr, le soleil fut fâché et se cabra avec colère
    Des chemins de fer lacunaires qui jetaient la consternation.
    Dès l’aube, on l’voyait rabâcher toutes ses imprécations solaires
    Envers l’Orient-Express Lunaire filant vers les constellations.

    Tableaux d’Andrej Mashkovtsev sur www.soseul.pe.krxeAura141472 .

  • Emmanché d’un long cou

    Emmanché d’un long cou

    Je l’ai plutôt vu majestueux s’envoler soudain sans un bruit
    Où arriver d’je ne sais où et atterrir dans le silence.
    Quant à son pas présomptueux ou son long cou d’oiseau instruit,
    Sa tête, cachée entre les houx, ondulait avec vigilance.

    Il vit sur l’île d’eau-l’héron baptisée ainsi en l’honneur
    Du grand Oiseau-Roi blanc et gris qui règne sur tous ses canards
    Qui nagent en faisant des ronds, puis plongent au petit bonheur
    Pour gober un insecte aigri d’être dévoré au plumard.

    Quand les estivants abandonnent l’île après avoir trop nagé,
    Celle-ci attend le retour du pauvre monarque exilé.
    Il reste paisible et s’adonne à son plaisir apanagé :
    Guetter ses proies aux alentours, hélas les poissons ont filé.

    (Photo de Viktor Lyagushkin et fable de Jean de La Fontaine
    « Un jour sur ses longs pieds, allait, je ne sais où, le Héron au long bec emmanché d’un long cou. ».)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’ennemi imaginaire

    L’ennemi imaginaire

    J’ai un ami imaginaire – mais, après tout, est-ce un ami ? –
    Qui m’a longtemps apprivoisé depuis mon enfance timide.
    Mon caractère, plutôt lunaire, s’est-il forgé un ennemi
    Qui, en le faisant pavoiser, l’entraîne dans les zones humides…

    …De la peur bleue, des idées noires, des échecs, des actes manqués ?
    Je reconnais là le démon de ma plus mauvaise conscience !
    Il m’empoisonne la mémoire, de tous ses coups tordus, flanquée
    Et dans des traquenards sans nom avec ses faux puits de science.

    Eh non, ce n’est que l’intuition qui souffle dans le moulin à vent
    De l’épouvantail à moineaux dans mon cerveau aux courants d’air.
    Désormais en coalition, nous marchons ensemble de l’avant
    Car « chi va sano va piano » avec cette âme secondaire.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli sur https:ilmondodimaryantony.blogspot.com201308gli-incubi-celesti-di-nicoletta-ceccoli.html .

  • À l’œil et à l’oreille des oiseaux

    Parfois je parais narcissique lorsque je parle de moi-même
    Comme si je m’interrogeais auprès du miroir de mon âme
    Qui me renvoie l’amour classique car il est normal que je m’aime
    Et comme si je me prorogeais dans un égocentrisme infâme.

    Heureusement tous les oiseaux sont connectés à la nature
    Et me chantent que tout va bien et que ma quête n’est pas vaine.
    Par leur incroyable réseau je retrouve la signature
    De mes ancêtres amphibiens qui coulent dans mes propres veines.

    Finalement je reste à l’écoute et j’apprends à me pardonner
    Ainsi qu’aux autres, tous les maux ou le bien que j’ai mal compris.
    J’y crois tout autant que je doute mais c’est ce que Dieu m’a donné
    En créant tous les animaux savants fors moi-même, l’incompris.

    Tableaux de Claude Verlinde.

  • Les trois sommeils

    D’abord je plonge entre les lignes et mon esprit quitte la ville
    Dans les wagons de mon roman et ses chapitres dessinés
    Dont les images entre les signes fuient la réalité servile
    Afin de vivre un bon moment loin de cette vie confinée.

    Comme il arrive lors des voyages, je rencontre une foule d’âmes
    Qui m’échange de leurs nouvelles contre une tranche de ma journée.
    Les nues parlent de foudroyage, la Lune d’histoires de dames ;
    Leurs petits secrets se révèlent tandis que se poursuit ma tournée.

    L’arrivée en gare des rêves m’affranchit des destinations
    Et des paysages aperçus mêlés aux circonlocutions.
    Je note toutes ces idées brèves avant leur élimination
    Par l’aube qui souffle au-dessus des bribes en circonvolution.

    Tableaux de Claude Verlinde.

  • Mon cœur épistémologique

    Mon cœur épistémologique

    Mon cœur épistémologique ne fonctionne pas à la logique
    Car ma raison suit l’intuition au risque de déperdition.
    J’évite Proust et l’infini de ses phrases mal définies
    Qui s’éparpillent en chemin, remises toujours à demain.

    J’agis comme un Petit Poucet sauf que je sème de mon gousset
    Tableaux, photos, belles images – un genre de scénarimage –
    Sur la voie que j’ai commencée d’une vie sans doute romancée
    Depuis déjà plus de dix ans insolites et euphorisants.

    Tableau de Nicoletta Ceccoli sur https:ilmondodimaryantony.blogspot.com201308gli-incubi-celesti-di-nicoletta-ceccoli.html .

  • Les roses rebelles

    Les roses rebelles

    Lundi matin, j’avais apporté quelques roses ;
    Les nœuds ont éclaté, les roses envolées.
    Mardi matin, plutôt ai-je apporté ma prose ;
    L’encre a dégouliné, le papier gondolé.

    Puis Mercredi j’avais rapporté des bonbons ;
    Le sac était troué, les bonbons dispersés.
    Jeudi, chez le boucher, je t’ai pris du jambon
    Un gros chien affamé m’a tout fait renverser.

    Vendredi, j’ai cueilli de jolies marguerites ;
    Les pétales effeuillés tombaient sur « pas du tout ».
    Samedi au marché comme tu le mérites,
    J’ai acheté du vin, j’en ai versé partout.

    Dimanche j’ai compris, je suis trop maladroite
    À trop chercher d’idées mes flops font rebelotte.
    Je sais quoi t’apporter, j’ai mis ma robe droite
    Et pour faire une surprise, j’ai ôté ma culotte.

    Tableau de Li Guijun sur https:www.cuded.compaintings-by-li-guijun .

  • Les sirènes ailées

    Les sirènes aux ailes papillons se sont libérées de l’entrave
    Des lois de la gravitation et la mécanique des fluides.
    Leur dos arbore deux pavillons ondulant aux vents qu’elles bravent
    Pour passer en lévitation sur toutes interfaces liquides.

    Icare tombé en mer Égée aura fécondé sa sirène
    Qui accoucha de la lignée des femmes poissons et oiselles.
    Neptune aura su protéger tous les enfants nés de leur reine ;
    Éole les aura désignées comme éternelles demoiselles.

    Car elles ne cherchent pas d’amant, ni marin ni aviateur ;
    Heureuses comme un poisson dans l’eau, elles ne jouissent que par le vent.
    Elles inspirent évidemment poètes, peintres, illustrateurs
    Qui les évoquent mélimélo volant dans le soleil levant.

    Illustrations d’Arthur Spiderwick.

  • Nu au Masque

    Quitte à braver les interdits qui censurent la nudité,
    Que j’aime pouvoir m’isoler dans mon invisible cocon,
    Loin des regards abâtardis qui ne sont que stupidité
    Et qui souhaiteraient m’immoler sur leur autel des plus abscons !

    Seul mon chat et seules mes sculptures ont le droit de m’admirer nue ;
    Ils n’ont pas à se résigner et m’acceptent telle que je suis.
    Mon corps exprime la culture physique innée et ingénue
    D’un pur langage pour désigner mon cœur et tout ce qui s’ensuit.

    Bien sûr, parfois j’invite un homme à sacrifier à mon corps
    Une dévotion naturelle envers mon clitoris de nacre.
    Cette religion, je la nomme « Ma Féminité » en accord
    Avec les amours rituelles que j’accorde à qui me consacre.

    Ce strip-tease de mon physique est avant tout spirituel ;
    Je dénude aussi bien mon âme, mon cœur, mon esprit que mon corps
    Jusqu’à ce que deviennent amnésiques les pigments individuels
    Des organes intimes d’une femme qui s’est fondue dans le décor.

    « Nu au Masque » Lithographie de Jacques de Loustal sur https:www.melpublisher.comfroeuvredetails2137jacques-de-loustal-nu-au-masque-2017 .

  • Le Vallon des Auffes

    Le Vallon des Auffes

    De la Anse de la Fausse-Monnaie, à pied jusqu’au Vallon des Auffes,
    Passant la Anse de Maldormé et longeant le port de Malmousque,
    Tu sentiras t’époumoner les grosses vagues dont la voix off
    Saturent le chant déformé des sirènes du petit port ousque…

    …Tu découvriras chez Fonfon le secret de la bouillabaisse
    D’un cotre ayant appartenu au Comte de Monte-Cristo.
    Plonge, le fond n’est pas profond, tu trouveras le tiroir-caisse
    Du contrebandier parvenu au titre du Roi des Cuistots.

    Le Vallon des Auffes, petit port célèbre à Marseille.

  • La revanche du lièvre sur la tortue

    La revanche du lièvre sur la tortue

    Lorsque le lièvre prend sa revanche – sans que La Fontaine l’ait su –
    C’est bien dommage car la tortue possède d’autres stratagèmes.
    Par exemple, elle suspend aux branches des chronomètres à son insu
    Dont le mécanisme s’évertue à donner un temps hors barème.

    Ou bien elle laisse gagner le lièvre tout exalté par sa victoire
    Cependant disqualifié pour un dopage scandaleux
    Car la tortue, lors de la fièvre du départ, lui avait fait boire
    Un café noir tonifié par des stimulants frauduleux.

    Dernièrement il a gagné mais sa réussite est amère
    Car la tortue est décédée – elle serait morte de vieillesse.
    Alors triste il a regagné après son triomphe éphémère
    Son gîte d’un air excédé par cette fausse gentillesse.

    Tableau de Kevin Sloan sur http:art-et-cancrelats.blogspot.com201106kevin-sloan.html?m=1 .

  • La demoiselle d’Avignon – 2

    La demoiselle d’Avignon poursuit les œuvres délaissées
    Notamment celles inachevées qui squattent les murs des musées.
    Alors elle rajoute des lorgnons, paupières et mentons rabaissés,
    Caricatures parachevées de ridicule pour s’amuser.

    La Joconde se voit arborer un large sourire édenté ;
    L’homme à la pomme de Magritte n’a plus qu’un trognon sur la poire ;
    Escher et Gustave Doré voient leurs gravures enchantées
    Garnies de couleurs hypocrites et graffitis ostentatoires.

    Elle déguise les femmes nues sous de grotesques accoutrements
    Et verse des seaux de peinture avec ses adeptes activistes.
    Elle dégrade sans retenue les œuvres de détournements
    Sous prétexte d’art immature qu’elle améliore à l’improviste.

    Tableaux de Cesar Santos sur http:www.juxtapoz.comnewssyncretism-by-cesar-santos .

  • Les goûts et les couleurs complémentaires

    Heureusement les papiers-peints de nos années soixante-dix
    Ont été relégués au stock des gabegies les plus grotesques.
    Avec l’orange sans pépin, rouilles et citrouilles qui verdissent
    Et l’ambre dégoulinant flic-floc en ridicules arabesques !

    Sans doute après un mauvais vin, nos grand-mères complètement saoules
    Ont dû faire valser les couleurs en improvisant un tango
    Argentin fougueux et divin jusqu’à c’qu’un espagnol déboule
    Et les renverse sans douleur mais sur un air de fandango.

    Je ne sais pourquoi de nos jours, les couleurs sont assez fadasses
    Sur les t-shirts et les polos, les bermudas, les pantalons.
    Je repense encore et toujours à ces tapisseries tiédasses
    Mais dont les motifs rigolos égayaient tout de même les salons.

    Cartes postale sur https:nuala-art.nlenproduct-categoriepostcardspostcards-inge-look-old-ladies .

  • La boîte à souvenirs

    La boîte à souvenirs

    Photos jaunies de souvenirs, photos fuchsia ou noir et blanc
    Marquent un rappel de mémoire à la couleur des sentiments
    Vers une époque en devenir où l’on vécut sans faux-semblants
    Et qui finit dans une armoire dans la boîte aux ressentiments.

    Tous ces moments-là partagés mais pour ainsi dire perdus
    Remontent comme la vérité sortant du puits de souvenance.
    Parmi les amours passagers et les amitiés éperdues
    Qui n’auront pas démérité des fantômes en rémanence.

    Pourtant tous ces instants volés à l’oubli de la nuit des temps
    Semblent revenir outre-tombe pour revivre en deux dimensions
    Le soir derrière les volets quand l’atmosphère se détend
    Dans le crépuscule où succombent toutes les vaines prétentions.

    Illustration de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057449&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Les contes de chats se tait

    Les contes de chats se tait

    À cinq heures chez les chats anglais, on boit sa soucoupe de lait
    Avec un soupçon de bon thé et une souris escomptée.
    Toutefois chez les chats allemands, alsaciens et suisses romands,
    Cinq heures, c’est l’heure du bretzel et d’une tranche de schnitzel.

    À cinq heures chez les chats français, bien que ça n’soit référencé,
    On mange des langues de chat étendu comme des pachas
    Sur les sofas les plus moelleux qui deviendront des plus poileux
    Et pour finir, ravis au lit, souris fourrées aux raviolis.

    En revanche, pour les chats chinois, comme je n’en ai pas chez moi
    Je donne aux siamois ma languette s’ils mangent avec des baguettes.
    Plus loin à l’est, les chats nippons, ce n’serait ni mauvais ni bon ;
    Les souris se font des soucis pour n’pas s’fourrer dans les sushis.

    (Tableau de Hannah Silivonchyk sur https:www.livemaster.rutopic980417-dobrota-i-trogatelnost-v-kartinah-anny-silivonchik
    Le Schnitzel est une escalope ; « Das paniert Schnitzel ist eine österreichische Spezialität. Es wird dann Wiener Schnitzel genannt. ».)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La sphinge et ses mystères

    Œdipe alors fit la rencontre du Sphinx, légendaire animal,
    Personne entourée de mystères mais aussi femelle vicieuse.
    Souvent les mythes vont à l’encontre de la vérité minimale
    Exercée par un magistère d’historiens aux sources douteuses.

    Sachez qu’on l’appelait la Sphinge, égérie de toutes les chimères
    Dont l’abondante connaissance s’étendait sur tous les domaines.
    Mais Œdipe, malin comme un singe, projeta sur elle sa mère,
    Lui parla d’avant sa naissance au sein même de son abdomen.

    La Sphinge écarquilla les yeux, perdit la tête et la raison ;
    Ainsi le faux-fils l’enfourcha et devint lui-même un oracle.
    Il serait parti pour Lisieux, serait apparu à Thérèse
    Qui le voyant s’effaroucha croyant que c’était un miracle.

    Illustrations de Lou Benesch sur https:www.thisiscolossal.com202302lou-benesch-watercolor-illustrations .

  • Leurs Majestés les Sirènes

    Que deviennent donc les sirènes après avoir longtemps régné ?
    Se retrouvent-elles entre chimères, entre femmes-poissons âgées ?
    Lors j’ai interrogé leur Reine de la lignée des araignées
    Et des anémones de mer dans son hospice aménagé.

    D’abord elle a ri aux éclats car les sirènes n’existent pas
    Du moins dans l’administration et le régime des retraites.
    Mais elles n’en font pas tout un plat du moment que pour leur repas
    On leur sert de bonnes rations, au mess des officiers, soustraites.

    Elle m’a présenté ses amies, sirènes de jour, sirènes de nuit ;
    Plus on est de sirènes, on rit tous les jours au fond des abysses !
    Comme elles n’ont plus d’ennemis – plus personne aux marins ne nuit –
    Elles vivent nourries et chéries de joie sous les meilleurs auspices.

    Photos de Jonas Peterson sur https:jonaspetersonprintshop.com .

  • Le kit de raccommodage rapide

    Le kit de raccommodage rapide

    Un peu de fil et une aiguille suffit pour repriser un trou
    Mais le cœur est bien trop sensible pour se laisser rafistoler.
    Sinon la moindre peccadille revendiquera peu ou prou
    Un temps infini extensible et requis pour le consoler.

    Sachez, parole de cœurdonnière, qu’un bon kit de raccommodage
    Contient compassion et patience, amour et empathie en tube.
    Un bisou à la boutonnière, un patch anti-marivaudage,
    Trois grosses bobines de confiance et de l’espoir en bouillons-cubes.

    Illustration de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057449&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Premières amours

    Premières amours

    Les petits démons font la fête dans une explosion d’émotions
    Quand les premières amours éclatent comme des bourgeons au printemps.
    Les coups de cœur montent à la tête sous les passions en promotion,
    L’émotivité se dilate sous des courts-circuits éreintants.

    Le cœur n’ayant pas de fusible et le courant étant trop fort,
    L’esprit n’offre aucune résistance et les plombs pètent à se dissoudre.
    Pourtant bien que rien ne soit visible, on imagine les efforts
    De l’homme ou la femme en instance de succomber au coup de foudre.

    Tableau de Lisa Aisato sur https:www.aisato.no .

  • La forêt psychédélique

    Pour retrouver tous les chemins de mes rêves psychédéliques,
    J’emprunte les voies forestières d’une inspiration stimulée
    Qui me fait écarter de la main les rideaux méphistophéliques
    Où la faune inhospitalière choisit de se dissimuler.

    Parmi les arbres phosphorés et les sentiers luminescents,
    Je suis et remonte la piste des elfes, des fées des lutins
    Qui se cachent dans la forêt et dont les pas déliquescents
    Montrent leurs empreintes utopiste qui mènent à leurs quartiers mutins.

    Là, une fée masquée en biche ; ici, un elfe travesti
    En oiseau noir, vilain corbeau, ou en oiselle, belle corneille.
    Moi, je fais celui qui s’en fiche, qui cherche ailleurs et s’investit
    À éloigner les escargots des ramasseurs et leurs corbeilles.

    À la manière de l’alchimiste, je reviens cent fois sur mes pas,
    Je reprends les mêmes passages autant de fois qu’un requérant.
    Comme je suis opportuniste et que j’ai l’œil dans le compas,
    Depuis ce jour, ils envisagent de m’accepter parmi leurs rangs.

    Le « Bois de Hal » situé entre la Flandre et la Wallonie, dévoile une majestueuse hêtraie sur https:fr.quora.comprofileSylvia-9Une-for%C3%AAt-enchant%C3%A9e?ch=17&oid=106656537&share=82c47322&srid=hJ7fDb&target_type=post .

  • Les actes manqués

    On dit que les actes manqués sont une sorte de compromis
    Entre le désir inconscient et l’objectif sciemment visé.
    Quand je me retrouve flanqué de créatures au cœur promis,
    Dois-j’en conclure à bon escient que mon âme est bien avisée ?

    Dès qu’une houri m’a souri, rêvé-je un amour impossible ?
    Quand Vénus m’accueille en son sein, qu’ai-je oublié dans sa matrice ?
    Quand je sors avec une souris, le chat est-il inaccessible
    Et pénétrer en son bassin, est-ce une source inspiratrice ?

    Sans doute l’ivresse des sens distille en l’esprit la liqueur
    Qui lui entrouvre la petite porte pour l’accès au septième ciel ?
    L’acte manqué serait l’essence, le super carburant du cœur
    Qui virevolte et me transporte aux paradis artificiels.

    « À travers moi, viennent la vie, la respiration et la mort ! »
    M’a répondu la flamme verte issue du féminin sacré.
    Je vais donc suivre son avis et abandonner sans remords
    Mes conflits pour la découverte de mes petits démons sucrés.

    Posters de Darren Grealish sur https:theplanetofsound.net20160418interview-rock-poster-artist-darren-grealish .

  • Marie au cinquième vent

    Marie au cinquième vent

    Trouver bonne chaussure à son pied n’est pas toujours aussi aisé ;
    Et trouver son homme parfait… impossible mais… ce n’est pas français.
    Marie a fait comme il lui sied ; pour ne pas se faire baiser
    Elle a écarté les surfaits et gardé ses référencés.

    Puis elle les a mis à l’épreuve : « Savent-ils faire la cuisine ?
    Mangent-ils bio, équilibré, boivent-ils avec modération ? »
    Un à un, ils ont fait leurs preuves, beaucoup se sont crus à l’usine
    Mais Marie les a calibrés à la qualité des rations.

    Finalement le plus complexe, l’expérimentation finale,
    Fut de tenir le plus longtemps et réjouir au lit, Marie.
    Bains, douche-à-bouche qui se duplexent et s’inscrivent dans les annales,
    Enfin faire l’amour à plein temps toute une vie sans avarie.

    Illustration d’Astrid Babayan sur https:obrah.com.brcollectionsastrid-babayan .

  • Marie au cinquième temps

    Marie au cinquième temps

    Marie s’invente désormais sa propre saison pour aimer
    Depuis le trente-deux décembre jusqu’au trente-quatre novembre.
    Chez elle, elle s’habille en été, seins nus – c’est bon pour les tétés –
    Et quand elle sort, pas de culotte , c’est pas pour autant qu’elle grelotte.

    Quelle est sa mode automne-hiver ? Pas autrement qu’en pull-over !
    Printemps-été, robe légère voire une folie passagère ;
    Un décolleté bien plongeant ou un dos nu se prolongeant
    Jusqu’à ce qu’admet la censure sans rien montrer sous la ceinture.

    Lundi est jour de promenades, randonnées, petites balades,
    Puis du mardi au vendredi – comme rien ne la contredit –
    Elle fait la tournée des grands ducs et quand sa fortune est caduc,
    Elle jette samedi et dimanche la cognée, puis après le manche.

    Illustrations de Julianna Brion sur https:www.behance.netjuliannabrion .

  • Marie aux quatre vents

    Joli mois de mai pour Marie qui cherche l’amour de sa vie
    Le printemps ravive les cœurs, le fond de l’air est amoureux.
    Tous les animaux s’apparient pourquoi pas elle, à votre avis ?
    En quête du mâle vainqueur, elle court les sentiers langoureux.

    Au mois d’août en pleine chaleur, ses amours vont en pleine ardeur ;
    Un nouvel amant chaque jour, les nuits passent en effervescence.
    Trouver l’étalon de valeur qui ne dure pas qu’un quart d’heure
    Mais l’oiseau rare court toujours ou finit en évanescence.

    Novembre la distrait à peine mais elle reste seule dans son lit
    Car les amours sont monotones et les manteaux trop pudibonds.
    Chercher les mâles à la douzaine, l’aventure tourne à la folie.
    Fichue saison, fichu automne, fichu caractère furibond !

    En février, rien ne va plus ; passé janvier, un peu de pluie ;
    Saint-Valentin, un rendez-vous et Marie va se faire les yeux.
    C’était très bien, ça lui a plu, elle est repartie avec lui
    Et au matin, je vous l’avoue, Marie le trouve merveilleux.

    Illustrations d’Astrid Babayan sur https:obrah.com.brcollectionsastrid-babayan .

  • Marie aux quatre temps

    Joli mois de mai pour Marie qui s’éloigne et se met au vert
    Et oublie les soucis divers qui ont fait de l’ombre au soleil.
    Il faut changer de gabarit et recréer son univers,
    Remiser ses habits d’hiver, sortir les crop-tops du sommeil.

    Au mois d’août en pleine chaleur, Marie suit l’aventure en jaune,
    Couleur de l’été en pleins champs, à galoper les jambes nues.
    Chercher à se mettre en valeur et chevaucher en amazone
    Des heures jusqu’au soleil couchant et patienter la nuit venue.

    Novembre la surprend à peine, la rouille n’est que provisoire ;
    Marie recherche le confort et se blottit dans sa maison.
    Bien loin de la folie urbaine et ses mouvements dérisoires,
    Elle se nourrit à grand renfort de fruits et légumes de saison.

    En février, rien ne va plus ; Marie songe à déménager,
    Changer de lieu et changer d’air et connecter d’autres réseaux.
    Tous les dimanches, il a bien plu et les nuages ont présagé
    Une grisaille légendaire et le moral reste à zéro.

    Illustrations de Julianna Brion sur https:www.behance.netjuliannabrion .

  • Éternelle petite fille

    Éternelle petite fille

    Il n’y a pas d’âge pour grandir, il n’y a pas d’âge pour rester jeune,
    Pour tenter de boire l’ondée d’une fine pluie de printemps.
    La vie ne cesse de resplendir à celle qui le matin déjeune
    D’une graminée fécondée par le soleil et l’air du temps.

    S’il faut que jeunesse se passe, il faut que vieillesse s’installe
    Tout en gardant son cœur d’enfant et ses yeux de conquistador.
    Qu’importent le temps et l’espace et leurs secondes qui détalent
    Tant que j’irai philosophant sur la valeur de l’âge d’or.

    Sénilité contre jeunisme sont les mamelles de la peur
    Comme une épée de Damoclès sur la grande horloge de la vie.
    Avec la force de l’eugénisme qui revient à toute vapeur,
    Ce bon vieux Méphistophélès berne les jeunes cons qu’il ravit.

    Tableau de Lisa Aisato sur https:www.aisato.no .

  • L’enfant-oiseau

    L’enfant-oiseau

    Après la grande mutation des espèces de toutes sortes,
    On ne sut qui avait grandi ou rapetissé sa structure.
    Sans doute une permutation des énergies faibles et fortes
    Que la science avait brandi à l’encontre de la nature.

    Et l’on vit des enfants-pêcheurs parés de plumes magnifiques,
    Éduqués par de grands alcyons pour l’élevage du ver-à-soie.
    On dit que seuls les empêcheurs de tourner en ronds pacifiques
    Fuirent vers la Perfide Albion ou à Pétaouchnok-les-oies.

    Et moi qui vous écrit ces lignes, je suis l’un de ces descendants
    Qui vole au-dessus des mûriers enfourchant sa fière monture.
    J’ai une copine assez maligne avec qui, en indépendants,
    J’ouvrage en tant que couturier et elle dans la haute couture.

    (Illustration d’Ed Binkley sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com202101Ed-Binkley-Artwork.html .
    L’alcyon est l’autre nom du martin-pêcheur.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les reptiliennes

    Sans doute avant les Cromagnonnes, nous eûmes des femmes mignonnes ;
    Des créatures fantastiques, chimériques autant qu’esthétiques.
    D’ailleurs le serpent séduisant n’était-il pas si reluisant
    Qu’il a su abuser la femme par un fruit aux pépins infâmes ?

    Les plus belles sont caméléonnes dont les parures polissonnes
    S’adaptent au mieux aux yeux des hommes en imitant leurs chromosomes.
    Elles savent montrer patte blanche, transformer les jours en dimanches
    Et faire l’amour à en mourir pour s’en repaître et s’en nourrir.

    Après les néandertaliennes, sont arrivées les reptiliennes
    Talentueuses pour les langues, les beaux sermons et les harangues
    Qui pénètrent par une oreille pour une course sans pareille
    Qui viendra enflammer les cœurs de leurs héros, de leurs vainqueurs.

    Photos de Flóra Borsi sur https:floraborsi.comprojects .

  • Immersion corps-à-cœur

    Corps astral contre corps physique, esprit vif contre âme inconsciente,
    Comme deux univers imbriqués dont je ne vois que la surface.
    Être parfait mais amnésique dont la pensée omnisciente
    Recherche sa source étriquée au cœur de l’intime interface.

    Mais quand je pense avec les yeux, quand je raisonne avec le cœur,
    Quand je réfléchis dans ma tête et quand mes rêves se profilent,
    Je frôle le côté merveilleux dans cet équilibre moqueur
    Qui me fait croire à une parfaite divinité tirant mes fils.

    Dans le plus profond des sommeils, dans la plus abstraite des morts,
    Je passe de l’autre côté et j’oublie ce monde réel.
    Je retourne au cœur du soleil où s’est forgée mon égrégore
    Que des anges viennent asticoter dans des fantasmes surréels.

    Photos de Local Preacher sur https:www.behance.netgallery81493085INITIALIZATION?tracking_source=digest_recommendations&trackingid=T32PLY3L&mv=email .

  • Coucou ! T’y es ?

    Coucou ! T’y es ?

    En suisse, ils font très bien les choses en ce qui concerne les oiseaux
    Qui servent de garde-manger au chat le plus intelligent.
    Mais les oiseaux plaidant la cause qu’on les prenait pour des zozos,
    En ont marre d’être dérangés par ce matou désobligeant.

    On leur éleva les mangeoires et verrouilla leurs maisonnettes ;
    Le chat passa donc par le toit – on n’avait pas pensé à ça !
    On installa des pataugeoires, des troncs enduits de savonnettes
    Et le chat, au début pantois, finalement y renonça.

    Nous appelons donc « coucoutiers » ces drôles d’arbres défensifs
    Que tous les oiseaux plébiscitent trouvant la méthode adéquate.
    Mais le chat que vous redoutiez passa tout l’hiver, l’air pensif,
    Guettant la manière illicite de réinventer l’ouvre-boîte.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Tout pour les vacances

    Tout pour les vacances

    Contre les soucis de la vie et l’esclavage du travail,
    L’être humain moderne se drogue de fêtes et de carnavals.
    On est ensemble, on est ravi, on apprécie les retrouvailles,
    On se suit partout sur les blogues, là en amont, là en aval.

    Trois cent soixante-cinq jours par an, autant de jours d’anniversaires
    Multipliés par habitants dans les villages et les cités,
    Avec les enfants, les parents et les amis toujours sincères
    Et les échos concomitants de musique en intensité.

    Tant pis si tout le week-end nuit et envahit le voisinage
    Et tant pis si les minets râlent quand les toutous aboient gaiement !
    Chantons, dansons toute la nuit, avant d’atteindre le troisième âge
    Car la jeunesse est libérale et populaire, ah oui vraiment !

    Tableau de Natalia Ivanova sur https:m.facebook.comstory.php?story_fbid=pfbid02kWFBXk2YvxtmjBKcPYde9cum75cjCvtypYDj8dsWf4A3NY5TNcWrBBYjHyYySjVRl&id=1436215845 .

  • Courbes et méandres

    Même en Suisse la pollution grimpe au sommets de nos collines
    Et les ruisseaux chargés de pluies arborent des teintes bizarres.
    Suivant les circonvolutions de ces eaux jadis cristallines,
    J’ai recherché, l’esprit instruit, l’origine de chaque mare.

    La vérité n’étant pas droite mais courbée de plusieurs méandres,
    Je me suis souvent égaré et j’ai parfois tourné en rond.
    Jusqu’à ma chute maladroite comme un imbécile au pied-tendre
    Dans des éboulis bigarrés couleur ambre, rouille et marron.

    Mais je ne suis pas géologue et c’est là mon moindre défaut.
    Ce n’est pourtant pas très sourcier de découvrir le pot-aux-roses !
    Mais pas besoin d’être écologue ou d’être un savant comme il faut
    Pour savoir qu’il faut se soucier d’une apocalypse morose.

    Tableaux de Phyllis Shafer sur https:stremmelgallery.comphyllis-shafer-beneath-one-sky .

  • Les eaux moirées

    Les reflets pervers narcissiques n’étant pas ceux que je préfère,
    J’essaie de prévoir l’avenir dans l’image inversée du temps.
    Hélas les pollutions toxiques me montrent une étrange atmosphère
    Qui tendrait à me prévenir d’un poison latent rebutant.

    Alors je m’en vais explorer les flaques et les mares stagnantes
    Où l’eau de pluie a décanté dans la froidure de l’hiver.
    Mais le printemps vient déplorer des odeurs pas très avenantes
    Dans ces endroits désenchantés exempts du moindre fait divers.

    Sans doute les ruisseaux rieurs ruissèleront de beaux présages
    Hélas des flots de mousse orange s’écoulent des dernières pluies.
    Quel est ce démon bousilleur qui gâche les beaux paysages ?
    Flore véritable sporange ou corruption sortant du puits ?

    Tableaux de Phyllis Shafer sur https:stremmelgallery.comphyllis-shafer-beneath-one-sky .

  • Fantomatique

    Fantomatique

    Elle ne m’apparait pas toujours ; plutôt de nuit dans la pénombre
    Où j’aperçois sa silhouette étouffée dans l’obscurité.
    J’aime m’attendre à ce qu’un jour ou demain, elle sorte de l’ombre
    Telle une vaine pirouette née de ma singularité.

    Pourtant comme la Terre tourne, elle existe malgré la science
    Qui traite de superstition ce qui lui semble inextirpable.
    Sans doute mon âme détourne ce qui échappe à ma conscience
    Mais pourtant cette apparition s’avère bien souvent palpable.

    Ai-je des hallucinations, entends-je des voix qui susurrent ?
    Vois-je des fantômes passer quand je me réveille à propos ?
    Sans doute ces manifestations, ces ectoplasmes et ces murmures
    Veulent me voir outrepasser mon appartenance au troupeau.

    Tableau de Adrienne Stein.

  • Le temps et l’attente sont pléonasmes

    Le temps et l’attente sont pléonasmes

    C’est ce qui est à moitié vide quand tout semble se ralentir
    Et ce qui remplit tout l’espace qui font que l’attente devient lourde.
    Pourquoi mon cœur est-il avide de vouloir toujours ressentir
    Toutes les secondes qui passent pour réveiller mon âme sourde ?

    C’est mon tonneau des Danaïdes qui jamais ne se remplira
    Car je demeure convaincue que seule la mort m’en délivre.
    C’est comme une vraie thébaïde où rien ne différenciera
    Tout ce que j’ai déjà vécu et tout ce qu’il me reste à vivre.

    C’est aussi le compte à rebours que je subis en endurant
    Cette satanée habitude de croire que ma vie s’y enclave.
    Je crois éviter les débours que je lui dois ma vie durant
    Et sortir de la certitude qu’il est le maître et moi l’esclave.

    Ne sont que gouttes dans un verre, sable écoulé du sablier,
    Gouttelettes dans une clepsydre, aiguilles qui ne cessent de courir.
    Le temps, c’est l’arôme sévère d’une pomme verte distillée
    Dont l’alcool qui donne son cidre m’enivre à m’en faire mourir.

    Tableau d’Edward Hopper.

  • À quoi rêveront les robots ?

    Finalement ils ont opté pour les prothèses à cent pour-cent ;
    Des cœurs à piston rotatif et un cerveau électronique.
    De nouveaux membre sont adoptés en composite propulsant
    Et un système digestif soumis à l’ordinaire unique :

    On ne mange plus, on s’alimente un peu partout dans les forêts
    Qui subsistent sur la planète grâce aux plastiques dégradés
    Car plus la pollution augmente et plus les bois sont phosphorés
    Et transmettent par internet un courant faible rétrogradé.

    À quoi rêvent donc les robots ? À des programmes en vidéo
    Téléchargés à la demande d’un simple coup de téléphone.
    Si vous trouvez cela trop beau pour être vrai, vos idéaux
    Seront à portée de commande dans les applis de vos smartphones.

    Illustrations de Matt Dixon sur https:www.boredpanda.comlonely-robots-quiet-world-part-4-matt-dixon?media_id=1653679&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • Nos enfants du futur

    Au rythme de quinze vaccins et injections de toutes sortes,
    Les ARN-messagers ont accompli leur mutation.
    Les contrôles étant trop succincts, les premiers symptômes se comportent
    Comme des troubles passagers ; personne n’y fait attention.

    Cheveux bouclés comme des moutons poignent dans les maternités
    Et les oreilles décollées surviennent avant l’adolescence.
    Plus tard, irruption de boutons, surtout dans les fraternités
    Nourries au lait éthérolé de tendance à l’obsolescence.

    Dès le début, de jolies cornes sont apparues comme stigmates
    Et les médecins ont conclu : « ce sont de futurs télépathes ! »
    On vit des filles à la licorne et plein de garçons astigmates
    Mais tous les doutes étaient exclus quant aux syndromes psychopathes.

    Mais il est trop tard désormais et nos enfants sont des mutants
    Qui n’ont de cœur que pour la science et la foi dans l’informatique.
    Leurs parents demeurent à jamais traités d’erreur du débutant ;
    Leur Dieu n’ayant pas eu conscience des progrès de la robotique.

    Tableaux d’Oleg Dou sur https:beautifulbizarre.net20140530oleg-dou-beauty-whispers-beast .

  • Les chatons de Schrödinger

    Les chatons de Schrödinger

    Schrödinger n’avait pas un chat mais une chatte qui mit bas
    De trois chatons métaphoriques sur l’absurdité de la vie.
    Si le premier s’effaroucha lorsque sa mère l’exhiba,
    Le deuxième fut authentique et le troisième plutôt ravi.

    Quant à la théorie quantique, on ne sait quel chat fut élu
    Mais Schrödinger a confondu les spécimens de bout en bout.
    Comme ils étaient tous identiques, à son hypothèse farfelue,
    Le monde entier a répondu qu’elle était à dormir debout.

    Tableau d’Adolf Fleischmann.