Catégorie : Poésie du dimanche

  • Le nid d’aigle des culbutants

    Le nid d’aigle des culbutants

    Voler sans quitter le sol, grimper sans escalader,
    Voguer sur des vagues vides et par les vents soutenu ;
    Immobile, sans boussole qui m’enverrait balader
    Et sans direction avide de me perdre dans les nues.

    Sur mon nid d’aigle isolé des soucis matérialistes,
    Je ne vis que d’air du temps et d’orages intentionnels.
    Ne soyez pas désolés si mon âme fataliste
    A choisi des culbutants † comme maîtres ascensionnels.

    (Tableau de Francisco Fonsca.
    † Le culbutant est une race de pigeons.)

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  • Les pieds dans l’eau

    Les pieds conservent la mémoire du temps où ils étaient nageoires
    Et le contact d’une eau bien fraîche en ravive le souvenir.
    Surfaces aux effets de moires d’élémentaires pataugeoires
    Se répandent en ondes revêches au moindre pas en devenir.

    La réflexologie issue de nos origines aquatiques
    Nous reconnecte à la matrice archangélique et infinie.
    Je le sens dans tous mes tissus et mon système sympathique
    Comme une ligne directrice reliée à ma kundalini.

    « Les pieds dans l’eau » sont synonymes de la détente et des vacances
    Comme si tout le corps se rebranche à la nature par ses eaux.
    « Se baigner », geste magnanime qui parle d’une muette éloquence,
    Est natif de la même branche que toutes les mères en réseau.

    Tableaux de Michele Poirier Mozzone.

  • L’immersion du corps astral

    Mon corps astral, fin psychologue, voyage sans papier-monnaie
    Car la traversée transparaît en impressions psychédéliques.
    Mes jambes à la « Vincent van Gogh » dans un décor « Claude Monet »
    Vont en substance chamarrée dans le pur marbre pentélique.

    Tandis que le reste du corps, dans la lumière ultraviolette,
    Se soustraits aux lois de l’optique pour des perspectives quantiques
    Dont la lumière s’édulcore comme l’oiseau à la volette
    Qui fond dans l’azur hypnotique d’une vieille photo argentique.

    Ne reste alors que cette image évaporée de l’antimonde
    Au moment même du passage de l’indescriptible frontière,
    Puis disparaît par le gommage du temps comme une trace immonde
    Vue au seuil de l’interfaçage entre l’esprit et la matière.

    (Tableaux d’Alexandra Djokic.
    Reprise du Reflets-Vers 486 « Avancer » du 29.06.2019

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  • L’incarnation de l’âme

    L’incarnation de l’âme

    L’âme non initialisée par un mental spirituel
    Accomplit un cycle de vie qui nous est encore inconnu.
    Avant de se spécialiser dans cet étrange rituel
    Tenue de donner son avis, elle doit préparer sa venue.

    C’n’est pas l’ovule qui choisit, non plus le spermatozoïde
    Mais l’âme elle-même qui orchestre les participants au concert.
    Elle fait preuve de courtoisie pour concevoir l’humanoïde
    Depuis le flux extraterrestre qui va s’incarner dans l’insert.

    En une fraction de seconde, elle sélectionne le meilleur
    Qui lui convient pour préparer son véhicule corporel.
    Tandis que les autres vagabondent, l’élu deviendra l’éveilleur
    Qui bientôt va accaparer tout l’embryon intemporel.

    Illustration de Silvio Vieira.

  • Amour cosmique

    Amour cosmique

    J’aime dans les paréidolies voir les formes humanoïdes
    Du visage de la nature et de la Terre féminine.
    J’attrape des torticolis à prévoir ses organoïdes
    Surgir comme la signature de sa féminité divine.

    Si j’essayais d’imaginer le Big-Bang d’un œil artistique,
    Je verrais bien Dieu accoucher et Sa première étoile cosmique
    S’extirper et s’évaginer de sa sainte vulve christique
    Qu’il aurait sitôt attouchée dans une lumière orgasmique.

    Au bout de sept milliards d’années, Il se serait dit qu’il est temps
    De lui inoculer le germe du mal qu’on appelle la vie
    Et son descendant condamné à devenir incompétent
    Pour qu’enfin arrive le terme de Sa création assouvie.

    Tableau de Tina Maria Elena.

  • Sirènes des mers chaudes

    Selon la teinte des mers chaudes situées entre les tropiques,
    Les sirènes ont l’âme violette et une queue en lie-de-vin.
    Celles-là, rien ne les échaude ; ni les marins philanthropiques,
    Ni les loups de mer obsolètes dont on n’sait ce qu’il en devint…

    Sur le tropique du Cancer, en plein océan pacifique,
    Sans doute inspirées par Gauguin sont les sirènes polynésiennes
    Dont les couleurs vont de concert avec leurs coiffes mirifiques
    Et dont le système sanguin est d’origine vénusienne…

    Au tropique du Capricorne, elles nagent la tête à l’envers
    Pour faire sans doute tourner la tête des voyageurs en dilettante.
    Les légendes parlent de licornes dont les os transmués en vert
    Se seraient changés en arête et la corne en queue chatoyante…

    Illustrations de Liselotte Eriksson.

  • Le rendez-vous des sirènes

    L’instinct agit comme un signal programmé dans ses chromosomes
    Et la femme, nubile sirène, rejoint sa mer originelle
    Dont le souvenir vaginal la guide au sein de son royaume
    Vers la destination sereine des sororités éternelles.

    Bientôt rejointe par ses sœurs qui répondent à l’appel tout proche,
    Elles recouvrent tous leurs sens par la mutation de leurs corps.
    Par les courants intercesseurs et les écailles qui s’accrochent
    Et recouvrent en effervescence leur métamorphose en accord.

    Chacune retrouve sa branche dans l’arbre généalogique
    Qui règne au Détroit de Messine d’un ange tombé en décadence
    Qui a choisi qu’on lui retranche ses ailes anthropologiques
    Pour une queue dont la racine se transmet à sa descendance.

    Tableaux dAlexander Surkov sur https:kolybanov.livejournal.com25265646.html .

  • L’ascension au Paradis – 2

    L’ascension au Paradis – 2

    Depuis que j’ai été nommé gestionnaire du Paradis,
    J’ai amélioré le voyage qui rebutait tous les humains.
    La mort ayant triste renommée avec toutes ses maladies,
    J’ai rénové le convoyage pour faciliter le chemin.

    Désormais on ouvre l’espace avant que la mort ne survienne
    Et l’on s’adresse aux appelés avec une voix de sirène.
    Ainsi, tandis qu’un ange passe, on attend que leurs âmes viennent
    D’elles-mêmes pour être attelées à un char tiré par six rènes :

    Tornade, Danseur et Éclair, Fringant, Comète et Cupidon
    Qui les transportent de conserve vers un avenir triomphant.
    Pour Furie, Rudolph et Tonnerre, ce n’est pas nous qui décidons,
    Car le Père Noël les réserve pour ses grands et petits enfants.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’accès à l’imaginaire

    L’accès à l’imaginaire

    Un livre symbolise une porte qui ouvre sur l’imaginaire ;
    Un monde que je ne peux voir qu’avec l’œil situé dans le cœur.
    Une bonne préface lui apporte une échelle extraordinaire
    À condition de ne prévoir que quelques lignes sans longueur.

    Aussitôt la première page, moi, lecteur, j’oublie d’où il vient
    Et pénètre dans l’atmosphère que l’auteur m’aura préparée.
    Suspense et tensions se propagent de la manière qu’il convient
    Pour sustenter et satisfaire ma soif de lire désemparée.

    Chacun sa méthode du livre ; soit on le lit de bout en bout,
    Soit on réserve la surprise à déguster un autre jour.
    Quoi qu’il en soit, cela délivre et fait office de garde-boue
    Sur les soucis que l’on méprise dès qu’on allume l’abat-jour.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Quelques heures avant le Big-Bang

    Au commencement la Déesse, mère de tous les univers,
    Tissa soigneusement sa toile, perchée aux chaînes angéliques
    Qui ont soutenu sa prouesse et l’ont racontée dans les vers
    Retranscrits au cœur des étoiles comme poèmes évangéliques.

    Quand la Déesse l’ordonna, tous les soleils étincelèrent
    Et les planètes s’invitèrent au céleste commencement.
    Ensuite Elle subordonna son plus bel ange titulaire
    Pour veiller au bien de la Terre ainsi qu’à l’ensemencement.

    Alors Lucifer créa l’homme et la femme selon ses desseins
    Les sommant de se multiplier avec ses démons estourbis.
    Et la Déesse en son royaume se fâcha contre tous ces saints
    Et décida de se plier à réparer tout ce fourbi.

    Illustrations de Faith Gozenc.

  • 24 heures de la vie de la Terre

    D’abord elle est née de la mer pour respirer une autre essence
    Et rejoindre ses partenaires, les astres lunaire et solaire.
    À son tour de devenir mère et favoriser les naissances
    Issues de son imaginaire destiné au règne cellulaire.

    Dès que le soleil apparut, elle sentit son âme intérieure
    Briller de la même origine que celui du cœur des étoiles.
    Celle-ci dans la nuit transparut dans une lumière extérieure
    Et la femme devint androgyne par son fils couvé dans sa toile.

    Et la vie engendre la vie selon le rythme du Soleil
    Et le sang retransmet le sang selon les phases de la Lune.
    Ainsi sa substance survit à travers les temps qui balayent
    Tous ses enfants ressortissants d’une destination commune.

    Illustrations de Faith Gozenc.

  • L’ascension au Paradis – 1

    L’ascension au Paradis - 1

    La direction du Paradis
    change tous les quarante-huit mois
    Et désormais elle m’en incombe
    et je dois veiller aux pensions.
    Comme elles ne coûte pas un radis,
    Saint-Pierre s’est confié à moi
    Pour renforcer depuis la tombe
    le processus de l’ascension.

    J’ai nommé des anges-pilotes
    pour repérer les accidents
    Et, un quart d’heure avant leur mort,
    ils ascensionnent les victimes
    Qui perdent jusqu’à leur culotte,
    tous leurs vêtements excédants
    Que nous revendons sans remords
    au prix du gramme à vingt centimes.

    Lorsque les nouveaux arrivants
    entrent au Paradis à poil,
    Devenu un camp naturiste,
    ils ont les nerfs à fleur de peau.
    Mais on équipe ces morts-vivants
    d’une auréole à cinq étoiles
    Produites en Chine communiste
    que j’ai piquées sur leurs drapeaux.

    Tableau d’Isabel Mahe sur https:www.artmajeur.comisabel-mahe .

  • Le corps éthérique

    Le corps éthérique

    Mon corps éthérique s’étire
    entre les différents niveaux
    De physique et d’intelligence,
    sentiments et spirituels.
    Bien que ces quatre états s’attirent,
    ils n’en restent pas moins rivaux
    D’où négligence ou exigence
    d’un équilibre éventuel.

    La négligence et la bêtise
    de ne pas sentir ces piliers
    M’auraient sans doute fourvoyé
    dans les pièges de la science.
    Heureusement je sympathise
    avec des forces affiliées
    Qui m’ont permis de louvoyer
    entre conscience et subconscience.

    Corps astral, subtil ou vital,
    éthérique, extra-sensoriels,
    Sans doute y en a-t-il autant
    que de dimensions planétaires.
    Le dernier passage létal
    qui me libère du matériel
    M’ouvrira la porte du temps
    par la clef de tous les mystères.

    Tableau de Martin Bridge.

  • Flous de femmes

    L’image de ma mère, dans les yeux de mon père,
    Incluse dans mes gènes, revient comme un fantôme
    Le long des télomères des chromosomes en paires,
    ADN érogène jusque dans ses atomes.

    Bien sûr l’image est floue, la photo fut rapide,
    Cryptée dans les gamètes au cours de la méiose.
    Ce cliché me renfloue en désirs insipides
    Mes plans sur la comète que l’âme ébahie ose.

    L’encre du génotype dont j’écris mes poèmes
    Traduit entre les lignes ma génitrice offerte.
    Ce complexe d’Œdipe à l’esprit de bohème
    N’est autre que le signe d’intruses découvertes.

    Tableaux de Georgia O’Keeffe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201202georgia-okeeffe-1887-1986-precisionist.html?m=1 .

  • Le baiser du chat

    Cherche-Midi dans son jardin n’a pas vraiment d’autre besoin
    Sauf d’attention évidemment et de câlins passionnément.
    Toutefois depuis qu’ son gredin de maître s’acoquine d’un conjoint,
    Les caresses s’ font éminemment plus rares disproportionnément.

    Et tu l’embrasses et tu l’étreins, et je te griffe et je te mords ;
    Et tu la caresses et l’enlaces, et j’égratigne ta couverture ;
    Et plus tu y mets de l’entrain et plus je lui souhaite la mort
    D’ailleurs tandis qu’elle se prélasse, je fais pipi dans ses chaussures.

    « Toi aussi je t’aime mon minet ! » et chaque fois je suis floué
    D’autant plus fort que sa bougresse vient me chatouiller le menton.
    Quand les mamours sont terminés, je me roule en boule, bafoué
    Et je m’endors avec tendresse bien faufilé dans le futon.

    Tableaux de Gustav Klimt et importunés par Inna Ruda.

  • Une femme-médecine

    Une femme-médecine

    J’ai rencontré l’une des leurs qui a daigné se mettre à nu
    Pour me présenter sa science issue des femmes-médecines.
    D’abord la magie n’est qu’un leurre afin de couvrir l’inconnu
    Et protéger de l’inconscience toute aversion de leurs racines.

    Bien sûr, leurs filles sont sacrées et leurs fils leur sont dévoués
    Pour les nourrir et pour parer à tous dangers de l’extérieur.
    Ainsi les femmes consacrées à leurs pratiques inavouées
    Ont le champ libre pour préparer leurs âmes au stade supérieur.

    Comme pour me récompenser de l’avoir longtemps écoutée,
    Elle m’offrit son amour, sans doute, pour partager l’esprit divin
    Comme une levure condensée qui relève le cœur ajouté
    D’un soupçon de deux ou trois gouttes qui font office de levain.

    Illustrations de Jean-Sebastien Rossbach sur https:cargocollective.comjsrossbachPortraits .

  • Carrousel pour trois chevaux – 2

    Carrousel pour trois chevaux - 2

    Ils étaient trois chevaux sauvages qui mutaient au fil des saisons ;
    Belle robe brune au printemps, puis en été robe isabelle.
    Après plusieurs mois d’estivage, après le temps des floraisons,
    Les poils transmutent en se teintant de tonalités mirabelles.

    Puis vient la rouille et puis vient l’ambre pour se cacher dans les forêts ;
    Robes d’or au soleil levant et cuivrées au soleil couchant.
    Et chaque mois jusqu’en décembre, des pelages les plus colorés
    Passent en courant dans le vent dans un spectacle effarouchant.

    En hiver la mode est au blanc, gris, perle, argent et opaline
    Selon s’il neige, selon le temps, selon la bise qui oppresse.
    On les raconte ressemblant à des déités chevalines
    Issues de contes relatant leurs épopées enchanteresses.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Les femmes-médecines

    Sirènes des bois, chimères des mers, de quelles légendes viennent-elles ?
    De sociétés matriarcales où les femmes dirigent leurs mondes ;
    Indigènes aux yeux outremer nées de déesses immortelles
    Dont les racines ombilicales plongent dans les forêts profondes.

    Femmes-médecines de mères en filles qui se transmettent leurs secrets
    Dans la matrice en gestation et par leurs âmes communautaires.
    Ainsi s’agrandit la famille qui, par le féminin sacré,
    Évolue dans l’acceptation de leur système immunitaire.

    Elles ne nourrissent pas seulement leurs enfants du lait de leurs seins
    Mais de la tradition orale des origines de la Terre.
    Leurs dons provient d’enseignements impénétrables aux médecins
    Et leurs écoles doctorales mais par théurgie sanitaire.

    Illustrations de Jean-Sebastien Rossbach sur https:cargocollective.comjsrossbachPortraits .

  • Carrousel pour trois chevaux – 1

    Ils étaient trois chevaux sauvages, toujours ensemble, inséparables,
    Mais tout autant insaisissables ; ils disparaissaient dans le vent.
    Sans doute contre l’élevage dans des haras indésirables,
    Hostiles à l’inassouvissable désir de l’homme démotivant.

    Ils n’apparaissaient que le soir, surtout les nuits de pleine Lune
    Où ils tournaient comme un manège autour d’un arbre séculaire
    Faisant office d’ostensoir pour une liturgie peu commune
    Envers une déesse des neiges d’une blancheur spectaculaire.

    De temps en temps, ils étaient quatre ; sans doute un cheval de passage
    Venu partager la parade et s’initier au rituel.
    Alors dans la lumière albâtre commençait son apprentissage
    Laissant le nouveau camarade hennir d’un chant spirituel.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • La quatrième nuit chevaline

    La quatrième nuit chevaline

    Lune Nouvelle, bonne nouvelle, tout l’univers complémentaire
    N’est que cycles de vies et de morts qui se propagent à l’infini.
    Tout ce qui vit se renouvelle comme un besoin élémentaire
    De s’améliorer sans remords et sans objectif défini.

    Si entre mon cheval et moi, s’est créé la complicité,
    Sans doute nous sommes nous connus sous d’autres formes d’existences.
    À chaque rencontre, quel émoi de faire avec simplicité
    À nouveau ces rites inconnus qui reviennent avec persistance.

    Juste avant l’aube, un rayon d’or, comme un signal prémonitoire,
    Nous annonce le prochain retour de la période d’ascension.
    Tandis que la forêt s’endort d’un profond sommeil méritoire,
    On voit mourir aux alentours des feux follets en suspension.

    Tableau de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • La quatrième lune chevaline

    La quatrième lune chevaline

    Après mes trois premières lunes, nous étions, mon cheval et moi,
    Connectés de pensées communes comme si nous étions siamois.
    Je sentais son corps intensif et son cœur d’essence chevaline
    Et lui, mon esprit expansif et mon âme toute féminine.

    Enfin la quatrième lune, empreinte de témérité
    Sans la science inopportune à connaître la vérité,
    Nous ouvrit cette dimension qui échappe à l’entendement
    Par la force de l’intention qui entraîne l’enfantement.

    Ainsi lovée telle un fœtus contre mon Pégase amoureux,
    Dans la position du lotus, je sentis mon cœur langoureux
    Battre d’une énergie sensible avec celui de ma monture
    Qui me fécondait impassible par le pouvoir de la Nature.

    Tableau de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Les trois lunaisons chevalines

    Premier quartier, la nuit sereine ouvre la première semaine
    Où je sens dans l’obscurité l’esprit des arbres de la forêt
    Qui se répand dans les arènes, loin des activités humaines,
    Que forment par maturité maintes clairières phosphorées.

    En Pleine Lune, méditation, réflexion et recueillement
    Des énergies de la Nature fécondée du halo lunaire.
    Un temps de préméditation quant au prochain effeuillement
    Comme une mort qui fait pâture de nos mémoires lacunaires.

    Dernier quartier, la nuit s’endort vers une amnésie absolue
    Comme si la région entière nécessitait la digestion.
    Sous la voûte d’étoiles d’or, nous marchons d’un pas résolu
    Vers cet oubli hors des frontières de nos perceptions en question.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Les trois lunes chevalines

    Inévitable était le mot pour mon parcours initiatique
    Où je devais, seule, à cheval, traverser ma nuit solitaire.
    La Lune conjointe aux gémeaux, dédoublée et énigmatique,
    Rayonnait dans un festival d’étoiles tout autour de la Terre.

    Ma solitude fut troublée lorsque mon cheval me parla
    Comme si la Lune le dotait d’une aura de divinité.
    Je fus, moi aussi, affublée d’une couronne de mandalas
    En même temps qu’il me chuchotait les secrets de l’humanité.

    Quand l’aube creva les ténèbres, clôturant ma première nuit,
    Mon cheval répétait encore une fois tout c’ qu’il m’avait appris ;
    Ainsi quand le soleil célèbre un nouveau jour épanoui,
    Le cœur rayonne sur le corps et l’âme ressource l’esprit.

    Tableaux de Fefa Koroleva sur https:fineartamerica.comprofilesfefa-koroleva .

  • Déesse au cinquième temps

    Déesse au cinquième temps

    Selon pays et latitudes, il est des cinquièmes saisons ;
    Été indien aux Amériques ou la mousson aux antipodes.
    Elle a donc plusieurs attitudes ; son cœur ignore sa raison
    Et, d’un naturel chimérique, elle surprend à chaque épisode.

    Elle joue les prolongations, étire les arrière-saisons
    En gagnant toujours du terrain au grand dam de sa subséquente.
    Sécheresse et Inondation l’accompagnent sans comparaison,
    Ses deux enfants adultérins dont elle est mère inconséquente.

    Finalement, il faut le dire, la déesse est stakhanoviste ;
    Elle nous pourrit les printemps, puis les étés et les automnes.
    De plus, on ne peut rien prédire car elle débarque à l’improviste
    Et la météo passe son temps à traquer ses coups qui détonent.

    Tableau « Goddess of Earth » par Amanda CHURCH

  • Amours cachées mais animales

    Amours cachées mais animales

    Il est des amours interdites qui toujours marqueront l’histoire
    Notamment celles d’une licorne et d’un taureau sous les étoiles.
    De cette liaison maudite naquirent tous leurs enfants notoires ;
    Minotaure et chimères à cornes de toutes sortes et de tout poil.

    Ainsi de filles du taureau en fils de la licorne agile,
    Les descendants continuèrent les mariages interlopes.
    Bien loin des principes moraux qui ne sont paroles d’évangile,
    Les créatures évoluèrent en centaures, gorgones et cyclopes.

    Elles n’ont pas vraiment disparu quoique la science le dise
    Mais ont émigré vers les terres de la toundra transsibérienne.
    Parfois s’il vous est apparu d’en croiser une par surprise
    Bénissez cette solitaire d’être restée végétarienne.

    Tableaux de Esben Hanefelt Kristensen http:www.knudgrothe.dkalbum.asp?kunstner=89&vb=3489 .

  • Déesses aux quatre temps

    À chaque saison sa déesse, à chaque déesse son talent ;
    La divinité du printemps d’ailleurs en dispose à son aise.
    Autant elle joue de prouesses, autant ses retards insolents
    Rendent renouveaux éreintants pour la néoglucogenèse †.

    Quand vient l’été, pas de problème pour notre nymphe estivalière
    Qui réserve toujours en avance ses quartiers de villégiature.
    Elle se fait connaître par l’emblème aux fleurs des champs festivalières ;
    Fleurettes de Saint-Paul-de-Vence cultivées en pleine nature.

    Quand vient l’automne monotone, la responsable de la déco
    Doit user de mille stratégies pour égayer le paysage.
    On lui doit ces tons qui détonnent, ambre et rouille qui se font écho
    Dans une sorte d’élégie à la beauté de son visage.

    Comme un capricorne en hiver, elle reste dans sa tour d’ivoire
    Et n’utilise que les vents mêlés de neige pour décorer.
    Elle est la pire dans l’univers de toutes les déesses du devoir ;
    D’ailleurs son titre est relevant de la mort sûre pérorée.

    (Tableaux « Goddess of Earth » par Amanda CHURCH
    † je ne suis pas sûr quant à la néoglucogenèse mais n’étant pas une déesse, je n’en discuterai pas.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Amours célèbres et animales

    Quand deux chevaux furent conviés à partir en lune de miel
    Pour une croisière animale, ils y accoururent en sabots.
    Leur place étant fort enviée par d’autres espèces non essentielles,
    Ils préparèrent vite leurs malles et montèrent dans le paquebot.

    Jaguars, ocelots, léopards et tous les fauves tachetés
    Embarquèrent et prirent pension avec buffet à volonté.
    Mais pour nourrir ces salopards, Noé n’ayant rien acheté,
    Sacrifia à leur expansion une boucherie violentée.

    « Pour vivre heureux, restons cachés ! » car les licornes inopportunes
    Furent « persona non grata » refoulées à l’entrée de l’Arche.
    Cependant elles purent s’arracher à leur destinée d’infortune
    Et firent partie du prorata… mais à l’insu du patriarche.

    Tableaux de Esben Hanefelt Kristensen http:www.knudgrothe.dkalbum.asp?kunstner=89&vb=3489 .

  • L’arc-en-cœur

    L’arc-en-cœur

    Un jour j’ai osé l’ouverture du cœur et de toute mon âme
    Qui tonna d’un coup de canon dans l’air devenu furibond
    Afin de tenter l’aventure, afin de conquérir ma dame,
    Et même si la dame m’a dit non, mon cœur s’est ouvert pour de bon.

    Ce don, d’après l’astrologie, vient des planètes en pentagone
    Qui offrent à l’esprit engourdi de se reconnecter au cœur
    Et joindre la mythologie pour, via le réseau d’Antigone,
    Savoir braver les interdits et s’asseoir parmi les vainqueurs.

    Illustration de Joka sur https:dotjoka.comgallery2011-2014 .

  • Sonate au clair de Lune

    Sonate au clair de Lune

    Sol do mi, sol do mi, trois notes répétées ;
    Une invite à l’amour, un appel de la vie.
    Bonhomie, bionomie, tel l’écho reflété
    Qui pointe au petit jour quand le soleil revit.

    Sol do mi, sol do mi, sérénade à la Lune ;
    La femme qui séduit l’homme qui s’introduit.
    Endormis, rendormis, dans la couche commune
    La musique conduit, la vie se reproduit.

    Tableau de Susan Seddon Boulet.

  • Sur les chemins du paradis

    Vous me croirez si vous voulez, je m’ suis retrouvé à cheval
    Devant les portes consacrées à protéger le Paradis.
    Mais je n’en fut pas refoulé et, dans une sorte de carnaval,
    J’entrai dans la forêt sacrée dans un Éden de parodie.

    Pas de houri à l’horizon en référence à Mahomet,
    Ni de lait, de vin ou de miel mais une jungle inextricable.
    Chevauchant dans cette prison végétale, en quête d’un sommet,
    Je pensais, atteignant le ciel, appréhender l’inexplicable.

    Puis une femme fit son entrée sur sa somptueuse monture
    Tonnant : « Maintenant je suis Dieu et toi, l’humain, ma créature !
    Ensemble, dans cette contrée, nous allons peupler la nature
    Et recommencer l’insidieux cycle de notre progéniture ! »

    Tableaux de Esben Hanefelt Kristensen http:www.knudgrothe.dkalbum.asp?kunstner=89&vb=3489 .

  • Pas de sirène au paradis ?

    Refusée à l’entrée de l’Arche selon on ne sait quel critère,
    La sirène put se réfugier auprès d’un dauphin, son cousin.
    La fuyarde et son patriarche prirent la barque pour Cythère
    Et, dans ces eaux privilégiées, vécurent auprès de leurs voisins.

    Charmants compagnons de fortune, les poissons la prirent pour reine
    Auprès des cétacés-barons dans le royaume des abysses
    Du territoire de Neptune, Dieu procréateur des sirènes
    Et tous les tritons fanfarons qui naquirent sous ces bons auspices.

    Fécondée pas son étalon, elle enfanta l’homme-poisson
    Qui lui donna une descendance obscure à la taxonomie.
    Si les chrétiens tournent les talons à leur accorder sans façon
    Le salut par condescendance, ils pèchent avec parcimonie.

    Tableaux d’Esben Hanefelt Kristensen http:www.knudgrothe.dkalbum.asp?kunstner=89&vb=3489 .

  • Aux sources de l’imaginaire

    Aux sources de l’imaginaire

    Du fleuve de l’imaginaire, en explorant mes propres sources,
    J’ai gravi l’enfance à l’envers jusqu’à mes premières lectures
    Pour lesquelles l’extraordinaire dont j’économisais ma bourse
    Me révélait tout l’univers et mes plus belles aventures.

    Au fil des bandes dessinées, des inventions de Jules Verne,
    Et de la bibliothèque verte, j’ai semé de l’or dans mes rêves.
    Au fil des pages disséminées qui m’auront servi de gouverne
    Ont fleuri toutes mes découvertes qu’encor je cultive sans trêve.

    Illustration de François Schuiten.

  • Aviez-vous réservé ?

    Aviez-vous réservé ?

    Évidemment j’aurais rêvé d’obtenir la plus belle table
    Au cours des épreuves requises pour mon admission à la vie.
    Mais lorsque je suis arrivé, les places les plus confortables
    Avaient déjà été conquises par ceux qui les avaient ravies.

    J’aurais pu naître bien avant mais ç’aurait été similaire ;
    L’opportunisme n’attend pas pour disqualifier les novices.
    Or patienter jusqu’au suivant prendrait des années séculaires
    Et je manquerais le repas pour avoir loupé le service.

    Les meilleurs tables étant prises que reste-t-il à espérer ?
    Attendre qu’une se libère, contester quitte à m’énerver ?
    Je peux les prendre par surprise, crier « au feu ! » désespéré
    Ou dire à l’oreille du cerbère… « Que j’avais pourtant réservé ! »

    Vu sur https:www.newyorker.commagazine .

  • Femmes-fleurs au gré des dieux

    La mythologie nous raconte autant d’exploits que de prouesses
    Que les héros doivent aux femmes, véritable énergie divine.
    Le demi-dieu reçoit l’acompte accordé par une déesse,
    Puis échappe aux pièges infâmes grâce au soutien de sa copine.

    Si tout un cirque on fait de Dieu, on célèbre autant la beauté
    Des plus belles femmes du monde auxquelles un culte est consacré.
    Les concours les plus fastidieux, mariages en principautés,
    Font l’adulation vagabonde sur tous les tabloïds sacrés.

    Morgane, Viviane, sorcières ou Vierge-Marie divinité,
    Le charme est traité de diablesse ou d’immaculée conception.
    Je possède une âme sourcière qui connaît une infinité
    De ruisseaux qui jamais ne blessent le cœur sinon de déception.

    Tableaux d’Audrey Kawasaki https:www.audkawa.com2017 .

  • Femmes-fleurs au gré des ondes

    Les femmes, ondes de beauté, transmettent le charme dans le temps.
    Du bout du nez de Cléopâtre jusqu’aux yeux de la Du Barry,
    S’enchaîne une charibotée de dames aux appas envoûtants
    Résonnant dans l’amphithéâtre qui fait jaser le Tout-Paris.

    Chacun y reconnait la vague qui lui bouleverse le cœur,
    Qui le stimule et qui l’agrée à lui conquérir son sommet.
    Et lorsqu’elle accepte la bague qui lui donne un air de vainqueur
    L’onde atteint le plus haut degré de l’amplitude à consommer.

    Puis la fréquence redescend et se transfère à ses enfants
    Qui propageront à leur tour l’onde du féminin sacré.
    Ce pic tantôt évanescent revient sans cesse triomphant
    Car il fait des aller-retours auxquels l’amour est consacré.

    Tableaux d’Audrey Kawasaki https:www.audkawa.com2017 .

  • Et tout recommencer !

    Et tout recommencer !

    Si je devais recommencer et pouvoir choisir à la carte,
    Je resterais d’abord heureux comme un poisson dans l’au-delà,
    Puis suivrais la voie romancée que toutes les religions écartent
    En optant pour un chaleureux corps de félin au walhalla.

    Puisque choisir, c’est renoncer, j’explorerais toutes les pistes ;
    Pourquoi pas devenir sirène et rester dans mon élément ?
    Puis un ange viendrait m’annoncer qu’il ferait de moi une harpiste
    Et me produirait dans l’arène pour un public plutôt clément.

    Tour à tour, je m’incarnerais dans tous les animaux du monde,
    Jouant plus souvent de gibier que de prédateur sanguinaire.
    Sans doute je m’épargnerais la création la plus immonde
    Qui fait de la Terre un bourbier au bout de quelques millénaires.

    Tableau d’Evgeni Gordiets.

  • Le petit prince lunatique

    Le petit prince lunatique

    La face cachée de la Lune serait tout envahie de roses
    Depuis qu’un certain petit prince y aurait un jour fait escale.
    Par quelques graines inopportunes, quelques comètes qui les arrosent
    Et des vents solaires qui rincent plus l’aide d’un agneau pascal.

    Lorsqu’un jour il est revenu à la demande du renard,
    Il a vu les roses éclatées et disséminées dans l’espace
    Par la floraison obtenue grâce à trois anges goguenards
    Dont les exploits sont relatés par les étoiles en messe basse.

    Quarante jours, quarante nuits, on a ramassé des pétales ;
    Certains écrits parlent d’un déluge ou d’une inondation florale.
    Quoi qu’il en soit, cela ne nuit en rien à l’histoire fatale
    Car le prince a trouvé refuge dans une roseraie littorale.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Femmes-fleurs au gré des vents

    Par des vents venus d’occident et qui ont traversé les mers,
    Des flots de graines immigrantes viennent se chercher un foyer.
    Un peu de pluie par accident, un peu de soleil éphémère
    Offrent une manne équilibrante qui va les aimer, les choyer.

    Aussitôt les tiges fleuries, toutes ensemble se mettent en transe
    Au moindre souffle ou courant d’air qui leur rappelle leurs origines.
    De jour en jour, la soufflerie excite les fleurs à outrance
    Comme les amours légendaires de cent mille fées sauvagines.

    Par des vents arrivés d’orient qui ont franchi les continents,
    Des semences d’autres essences vagabondent dans l’air rebelle.
    Par ce concours luxuriant, anciens et jeunes s’acoquinant
    Nous enrichiront de naissances en femmes-fleurs encore plus belles.

    Tableaux d’Audrey Kawasaki http:audreykawasaki.blogspot.com201408my-hirari-hirari-show-at-merry-karnosky.html#more .

  • Femmes-fleurs au gré du temps

    La jeune fille à peine éclose fleurit un matin de printemps
    Humide en perles de rosée, un collier précieux d’eaux célestes
    Dont chaque goutte tombe, explose sur ces butineurs s’apprêtant
    À goûter son cœur arrosé du nectar dont ils la délestent.

    La jeune femme épanouie s’ouvre sous un soleil d’été
    Aux abeilles et aux papillons qui vont lui féconder le cœur.
    Si au soir elle s’évanouit après de trop longues tétées
    À l’aube après son roupillon, elle renaît par l’astre vainqueur.

    La femme mûre aux fruits charnus attire oiseaux de toutes sortes
    Qui retransmettront à la Terre ses graines d’enfants assumés
    Qui, par des chemins biscornus ou par le vent qui les emporte,
    Deviendront l’image planétaire de la femme-fleur parfumée.

    Tableaux d’Audrey Kawasaki https:www.audkawa.com2017 .

  • Correspondance langoureuse

    Correspondance langoureuse

    Pour trouver marin à son goût, elle décide de voyager
    Dans une bouteille à la mer, un mobil-home bienséant.
    Il lui faudra du premier coup trouver l’adresse apanagée
    D’une piscine bleu-outremer, vue imprenable sur l’océan.

    Comme j’habitais à Marseille une maison en bord de mer,
    Elle jeta son dévolu sur ma villa « le Montfaucon ».
    Bien que ma prudence conseille d’éviter la pilule amère,
    Après une année révolue, j’ouvris le mystérieux flacon.

    De l’amour je connus l’ivresse car elle m’a dévoré le cœur
    Qui, tel le foie de Prométhée, ressuscite au soleil levant.
    Elle le croqua avec tendresse et en absorba la liqueur,
    J’en éprouvai l’ébriété d’un orgasme des plus émouvants.

    Illustration de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Correspondances amoureuses

    Correspondances amoureuses

    Comme elle n’a plus vu de marin depuis bien longtemps maintenant,
    Elle ouvre une correspondance, bouteilles jetées à la mer.
    Encre au parfum de romarin, joli papier, beau contenant,
    Elle espère bien faire bombance de beaux matelots doux-amers.

    Au centre de tri des sirènes, les receveuses sont perplexes…
    « Tout ce courrier exagéré va nous rameuter trop de monde ! »
    Elles prennent conseil de leur reine qui les retourne sous prétexte
    Que les bouchons sont altérés et rendent l’encre nauséabonde.

    Tout son courrier est renvoyé avec une carte costale :
    « Aucun destinataire n’habite à l’adresse lue sur l’étiquette. »
    Contre les postières employées et leur maudite censure postale,
    Malgré sa déception subite, elle n’enverra nulle requête.

    Illustrations de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Chagrin d’amour perdure autant

    Elle a tendance à s’isoler dans la protection de sa bulle
    Pour s’y laisser mourir d’amour suite à sa fracture du cœur.
    Elle se forge un mausolée où des Cupidons somnambules
    Viendront pleurer son désamour et s’en lamenteront en chœur.

    Dans la bulle, une petite voix résonne au plus profond de l’âme :
    « Le cœur ne fait pas de faux pas, il évolue, tout simplement.
    Ce n’était pas la bonne voie, mais sur d’autres brille la flamme
    De personnalités sympas dont l’une est ton prince charmant ! »

    Enfin un jour la bulle éclate, le cœur entre en convalescence,
    Il suit sa rééducation, il panse et soigne ses blessures.
    Toutes les amours le relatent : après la mort, la renaissance
    Et arrive une relation qui rétablit et qui rassure.

    Illustrations de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Chagrins d’amour ne durent qu’un temps

    Mieux vaut souffrir que ne pas souffrir du tout.
    Bien que l’amour soit une force, on ne peut pas forcer l’amour
    Car l’amour par définition n’existe que s’il est partagé.
    Quand un chagrin griffe l’écorce du cœur qui bat d’un rythme lourd,
    Il en oublie la punition et s’en retrouve encouragé.

    Les flèches du Cupidon.
    Laisse donc Cupidon planter dans ton corps ses flèches adressées
    Car ton cœur fait feu de tout bois et devient de plus en plus fort !
    Mais ne te laisse pas supplanter par ton amour-propre blessé ;
    Ce n’était pas la bonne voie, demain tu feras plus d’efforts !

    Un « non » les fâchera sans doute mais tu resteras libre.
    Quand l’amour devient ton gardien, ton isolement, ta prison
    Alors l’annonce d’une rupture devient clef de ta liberté.
    Tu as tranché le nœud gordien qui contractait ton horizon
    Et désormais, c’est l’aventure pour un amour de vérité.

    Illustrations de Gretel Luski sur gretlusky.com .

  • Cérémonie sauvage

    Cérémonie sauvage

    Bleu de nuit sous la Lune, vert émeraude la forêt,
    Rouge sang les lapins, d’or les yeux affolés,
    Ô couleurs opportunes, fluorées, phosphorées,
    Crépuscule là peint à coups de feux follets !

    Une nuit spécifique pour un peintre sorcier
    Qui n’use de couleurs qu’issues du fond des bois
    Mais ce soir mirifiques, sans doute associées
    Aux intimes douleurs d’une Terre aux abois.

    Voyez, frères humains qui vous sentez privés,
    Les vrais fils de la Terre n’ont pas besoin de vous
    Pour préparer demain la prochaine arrivée
    Des vrais propriétaires que Gaïa leur dévoue.

    Tableau de Marina Antonova.

  • Le chat de Schrödinger

    Le chat de Schrödinger

    Alors le chat de Schrödinger, est-il avec nous ou ailleurs ?
    Est-il défunt ou bien vivant, figé dans l’immortalité ?
    S’amuse-t-il d’un air blagueur à nous duper d’un ton railleur
    Avec son mystère captivant au risque d’irréalité ?

    Cet état de vie suspendue doit faire plaisir au minet
    Qui peut ainsi chasser ses proies perversement d’une main preste.
    Et ses victimes prétendues deviennent ainsi contaminées
    Par ce virus qui nous fait croire à la vie, la mort et le reste.

    Le jour occulte son trépas, la nuit nous cache ses atomes ;
    Chaque moment de la journée reste une énigme à l’existence.
    Faut-il lui donner un repas sinon chasse-t-il les fantômes ?
    En fait, il poursuit sa tournée avec totale inadvertance.

    Illustration de Caramurú Baumgartner.

  • Femmes en bleu

    Le Chaperon, entre chien et loup, s’éclipse subrepticement
    Pour rejoindre « vous-savez-qui » au fond des bois sous la pleine Lune.
    Son amant est un peu jaloux de la voir clandestinement,
    Méfiant de prendre pour acquis ces précautions inopportunes.

    Peau-d’âne a le blues du départ ; qui sait ce qui peut arriver
    Au cours des jours avec un père qui se montre si entreprenant ?
    Quand plus de vingt ans vous séparent, l’amour du même sang privé
    Est-il l’existence qu’elle espère malgré l’effet contrevenant ?

    La Belle au Bois-Dormant s’endort pour cent ans et bien plus encore ;
    C’est pour son bien lui a-t-on dit ainsi que pour son avenir.
    Elle fera cent mille rêves d’or sous un dôme autour de son corps,
    Bien à l’abri des maladies, gage des meilleurs souvenirs.

    Cendrillon vient juste de rentrer tout essoufflée après sa course ;
    Désolée, elle est au taquet et s’effondre sur sa paillasse.
    À présent toute concentrée, elle a épuisé ses ressources ;
    « Adieu carrosse, adieu laquais bonjour espoir, salut l’audace ! »

    Tableaux de Richard Burlet.

  • Femmes en rouge

    Le Chaperon se fait du mouron ; l’amant n’est pas au rendez-vous ;
    Sans doute un chasseur à l’affût l’a buté au nom de la loi.
    Tant pis si demain nous mourrons d’amour pour un grand méchant loup
    Dont les histoires font un raffut dans les villages de bon aloi !

    Peau-d’âne se fait du souci ; Papa n’est pas un bon parti ;
    Sans doute le qu’en-dira-t-on alimente aussi les rumeurs.
    Lorsque l’amour sent le roussi, il faut trouver la répartie
    Afin de pouvoir dire non tout en gardant sa bonne humeur.

    La Belle au Bois-Dormant s’inquiète ; comment sera-t-elle dans cent ans ?
    La trouvera-t-on démodée ce jour-là, au premier regard ?
    Car après un siècle de diète – doublé d’anorexie s’entend –
    Sa beauté tout incommodée réclamera beaucoup d’égards.

    Cendrillon se fait un sang d’encre vermillon, rouge incandescent
    Le stratagème du chausson n’est pas le meilleur qui lui sied.
    Toutes les chinoises qui s’échancrent les pieds sous leurs rites indécents
    Peuvent lui chanter la chanson « en amour, fait ce qui te pied ! »

    Tableaux de Richard Burlet.

  • Papyrus & Mamyrus

    Papyrus & Mamyrus

    De fait, Papyrus étant scribe et Mamyrus ayant bon dos,
    Ils écrivirent un journal sur les potins illégitimes.
    Comme bien souvent sa diatribe, trop longue, occupait tout l’endos,
    Les titres, sous les fosses rénales, descendaient aux parties intimes.

    Mamyrus n’avait pas le choix et sortait nue pour exposer
    Annonces et publicités affichées aux endroits sensibles.
    Que la même idée nous échoit de nos jours va indisposer
    Tous les prudes de la cité mais l’impact sera ostensible.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:mashkovtsev.livejournal.com?skip=100 .

  • Le jardin intérieur

    Le jardin intérieur

    Mon petit jardin intérieur ne siège pas dans ma cervelle
    Mais dans l’abdomen près du cœur qui fait office de soleil.
    Parfois aux niveaux supérieurs, là où les poumons s’échevellent,
    Passent des nuages de rancœur que quelques coups de vent balayent.

    Tout ce qui remonte des tripes et que je n’ai pas digéré
    Vient décanter dans la forêt des projets encore à bâtir.
    Souvent juste au bord s’y agrippe mon petit oiseau préféré
    Qui est l’avatar phosphoré ce celle dont j’aime compatir.

    Car ton souvenir est en moi malgré l’image déformée
    Que j’ai oubliée en chemin mais peu m’importe l’apparence.
    Tu vis toujours au fil des mois comme un fantôme réformé
    Qui me soutient, main dans la main, dans mes jours de désespérance.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:mashkovtsev.livejournal.com?skip=100 .

  • Sur les traces du Petit Poucet

    Courant les bois et les forêts, je jette un œil dans les fourrés
    Et j’y vois un drôle de caillou me toiser d’un regard voyou.

    Plus loin, dormant sur une souche, un œuf reposant sur sa couche ;
    Sans doute un coucou égaré a pondu cet œuf bigarré.

    Sous une tranche de bois coupé, une coccinelle m’entourlouper
    Avec ce panneau en ébauche qui confond la droite et la gauche.

    C’est un gros matou débonnaire, un peu devin et visionnaire,
    Qui me conseille plutôt d’aller dans la direction des galets.

    Je tourne en rond dans un bosquet cherchant un signe débusqué
    Lorsqu’un galet indicateur se montre assez inspirateur.

    Sur ses conseils, une famille de petits graviers qui fourmillent ;
    Grands et petits, lapins cochons et autres animaux folichons.

    Une fleur en forme de boussole, digne bouture d’un tournesol
    Apparenté d’une rose-des-vent, me renvoie au soleil levant.

    Et j’atteins la maison célèbre, d’un couple qui crève les ténèbres,
    Où trônent Madame Lunaire et son compagnon luminaire.

    Dernier coup d’œil sur le chemin, sans doute j’y reviendrai demain
    Maintenant je peux rebrousser la piste du Petit Poucet.

    Les petits cailloux peint de Fabienne Barbier que j’ai semés sur le chemin dans la forêt d’Eschenberg.