Catégorie : Poésie du dimanche

  • Fata Morgana

    Le verbe « Que la lumière soit ! » à lui seul creva les ténèbres
    Comme un mirage apparaissant dans le néant évanescent.
    N’étant pas là, ça va de soi, personne aujourd’hui ne célèbre
    La première image naissant dans l’univers opalescent.

    Quand la première graine germa pour donner ses fruits à la Terre,
    Personne n’a vu le miracle qui ne faisait que commencer.
    Et lorsque la mer renferma la première faune élémentaire,
    Nul n’a consulté quelque oracle sur l’évolution annoncée.

    Eh bien, Mesdames et Messieurs, il y eut une observatrice
    À chaque étape fondamentale depuis la création du monde.
    Dieu absorbé et minutieux dans son énergie créatrice,
    C’est sa femme, plus sentimentale, qui en filma chaque seconde.

    On l’appelle Fata Morgana mais jamais Dieu n’en parlera ;
    Il jalouse toute allusion à celle qui le désarçonne.
    Si vous voyez cette nana dans le désert du Sahara
    Ce n’sera pas une illusion mais la meuf à Dieu en personne.

    Le deuxième tableau est d’Alex Fitch. Quant aux trois autres, ce sont des images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • L’année nouvelle

    L’année nouvelle

    L’année nouvelle me procure une bourse de découvertes
    Que je vais pouvoir dépenser j’espère le plus adroitement.
    L’année se révèle sinécure avec toutes portes ouvertes
    Lorsque je suis récompensé de ses meilleurs appointements.

    Mais pour cela, pas de mystère. Je dois chevaucher la prudence
    Qui véhicule mes désirs en louvoyant entre les choix
    Délaissant les plus terre-à-terre pour privilégier l’abondance
    Et les plus subtils des plaisirs selon ce que le cœur m’échoit.

    Évidemment tout se complique dans la folie de notre monde
    Qui joue de l’insécurité et jongle avec l’adversité.
    Inutile que je vous explique comment fuir les pièges immondes
    Si ce n’est par témérité, confiance et fidélité.

    Des pièges, il y en aura toujours – toute la vie en est pavée –
    Alors je dois les assumer et en absorber l’expérience,
    Puis continuer au jour le jour mon chemin sans cesse entravé
    Mais sans me laisser consumer par l’afflux de désespérances.

    Tableau de 25kartinok sur https:www.deviantart.com25kartinok .

  • Adieu année ingrate !

    Adieu année ingrate !

    Je ferme la boîte de Pandore que l’année a alimentée
    Avec ses guerres et ses combats, ses crises et ses désolations,
    Les vrais-faux amis qui m’adorent mais ne font que complimenter
    Ce qui me tire par le bas pour leur propre consolation.

    J’arrête de me lamenter sur l’argent et le temps perdu ;
    Mieux vaut repartir de zéro que ressasser mes illusions
    Qui continuent de pimenter et laissent à ma bouche éperdue
    Le résidu du braséro de la flambée des collusions.

    Je fais le vide autour de moi de l’extérieur à l’intérieur
    Comme si j’avais un nouveau cœur qui va consumer mon passé.
    Très lentement sera ce mois où, à chaque degré supérieur,
    Je me poserai en vainqueur de chaque seconde passée.

    Le temps alourdi de remords n’existe plus ; il est passé,
    Emporté par le lâcher prise qui me libère de mes peurs.
    Qu’importe l’approche de la mort, les autres jours seront placés
    Sous une vie pleine de surprises. Plein gaz et à toute vapeur !

    Tableau de 25kartinok sur https:www.deviantart.com25kartinok .

  • Le temps, c’est de l’amour en balance

    Si les saisons révélatrices de la révolution solaire
    Marquent la Terre de couleurs et diverses températures,
    L’horloge mystificatrice dont le temps est protocolaire,
    Semble un passage sans douleur, inconsistant et sans structure.

    Même les religions s’opposent dans la mesure de l’année ;
    Les unes la veulent solaire quand d’autres l’exigent lunaire.
    On dit que Dieu, on le suppose, nous aurait ainsi condamnés
    À affronter avec colère sa dimension imaginaire.

    Ainsi la frontière des ans n’est qu’une conception humaine ;
    Heure d’été, heure d’hiver ne sont que des valeurs abstraites.
    Finalement c’est au présent que l’amour va et se promène
    Et rythme dans notre univers nos heures les plus guillerettes.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak .

  • Un petit tour en féérie pour 2024

    La fin d’année, comme une femme apparaît au bain de minuit
    Et laisse miroiter son corps d’un sex-appeal plein de promesses.
    Abusant d’artifices infâmes pour nous charmer toute une nuit,
    Mirifique et bien plus encore, le nouvel an fait sa grand-messe.

    Non pas des vœux superficiels, des résolutions infidèles,
    Ni de santé enjolivée de bonheur pour faire bon poids,
    En ce bout d’an interstitiel qui disparaît à tire d’aile,
    Qu’est-ce qui pourrait mieux motiver qu’un spirituel je-ne-sais-quoi ?

    Sous le regard impitoyable du temps qui mesure les ans,
    Je vois son sablier qui file fixant son nouveau numéro.
    Douze mois, aussi incroyables soient-ils, vont suivre dès à présent
    Pour un combat qui se profile et dont nous serons les héros.

    Photos de Ryan McGinley sur https:www.doctorojiplatico.com201312ryan-mcginley-body-loud.html .

  • Paix sur la Terre

    Paix sur la Terre

    Le passé sombre s’obscurcit, le présent lourd s’appesantit
    Et j’ai l’impression que le mal finira par vaincre le bien.
    Mon cœur peu à peu s’endurcit peut-être aussi s’anéantit
    À cause de l’homme-animal et l’esprit au stade amibien.

    Alors je lance des messages comme bouteilles jetées à la mer
    Dans l’océan de l’avenir en quête d’accomplissement.
    Qui sait ? Peut-être serons-nous sages dans un million d’années amères
    Où nous aurons le souvenir quand nous priions propicement.

    Parfois je rêve devenir dieu mais après un temps infini
    Où s’accumulerait chaque vie gagnée au crédit de mon âme.
    Temps éternel et fastidieux, digne d’un embrouillamini
    D’existences inassouvies auxquelles mon être réclame.

    Et même si tout ça c’était vrai, n’ayant pas le mode d’emploi
    Je revendique aux quatre vents et je demande à l’Univers
    Que si mon âme recouvrait sa vraie substance qui se déploie,
    Qu’elle me concède de mon vivant juste de quoi passer l’hiver.

    Illustration de JRSlattum sur https:www.deviantart.comjrslattumgalleryall .

  • Pas de Noël cette année !

    Arrêté un soir de décembre par des bandits bêtes et méchants,
    Il a tremblé de tous ses membres sous les six-coups effarouchant.
    Le Père Noël est attaqué et sa tournée est déjouée ;
    Le Père Noël estomaqué est dépouillé de ses jouets.

    Récidive un soir de janvier, les mêmes malfaiteurs entraînent
    Les trois rois qui sont conviés à abandonner leurs étrennes.
    Volant l’or, l’encens et la myrrhe aux mages en plein désarroi,
    Les quatre lascars leur permirent de partir sans tirer les rois.

    Illustration de Morris.

  • D’eau, de terre, d’air et de feu

    La femme est d’eau fraîche et d’amour et semble même insatiable ;
    Son homme fera ce qu’il peut pour lui faire atteindre l’orgasme.
    Si elle simule avec humour une extase inappréciable,
    Elle échangera la mauvaise queue pour une autre avec enthousiasme.

    La femme est aussi terre-à-terre et prend le taureau par les cornes
    Qui devra bosser sans relâche pour lui construire sa maison.
    Elle en sera propriétaire et si « Lui » dépasse les bornes,
    Elle divorcera de ce lâche souvent à tort ou à raison.

    La femme a l’air dévergondé, femme-enfant toute énamourée ;
    Son compagnon devra la suivre sans se poser trop de questions.
    Pourtant s’il va vagabonder et folâtrer dans les fourrés
    Avec une autre, il va s’ensuivre une flopée de congestions.

    La femme a le feu à la croupe au moment de l’ovulation
    Et l’homme jouera au pompier pour la satisfaire dans son lit.
    Et s’il le faut, toute une troupe conviée à la copulation,
    Afin, tout en prenant son pied, de chasser sa mélancolie.

    Illustrations de Duane Bryers sur https:meladan.livejournal.com516315.html .

  • Un, deux, trois et le clou du spectacle

    Un chat pitre ouvre la revue des folles bergères du pâturage
    Avec sa pelote de laine pour enchaîner les numéros.
    Comme un fil d’Ariane prévu, qui vous guide et vous encourage
    À poursuivre sans perdre haleine les aventures de nos héros.

    Deux chiens qui s’aiment d’amour tendre, robes violette et orangée,
    Vous miment l’histoire incroyable des chiens d’Ulysse et Pénélope.
    Ils parsèment leur carte du tendre d’os à moelle et puis d’os rongés
    Dont ils jalonnent l’inoubliable parcours obscur et interlope.

    Trois jeunes cabots dans le vent, coiffés d’un fruit orchestrateur,
    Entonnent en bouquet final un pot-pourri, bien entendu.
    Le trio s’avance au-devant de la scène face aux spectateurs
    Et saluent d’un original coup de théâtre inattendu.

    Coup de théâtre musical : ce sont leurs puces compositrices
    Lointaines cousines éloignées des scarabées de Liverpool.
    Pour un spectacle dominical, c’est d’une joie inspiratrice
    Dont vous tous pourrez témoigner des chiens géniaux, un peu maboules.

    Tableaux de Daniel Patrick Kessler.

  • Le rêve du chat

    Le rêve du chat

    À quoi rêve le chat qui dort pendant ces instants éphémères ?
    Aquarelles aux poissons dorés, portrait du Roi Souris Premier ?
    Marche-t-il dans les limbes d’or à la recherche de sa mère
    Et ses mamelles douces adorées à peloter sous le sommier ?

    En fait, il rêve sur la colline et sous les nuages qui passent
    En forme de gros poissons blancs en guettant l’instant favorable ;
    Bondissant du sol trampoline, il capture sa proie dans l’espace
    Qui cherche un salut en tremblant dans une fuite mémorable.

    Il rêve aux oiseaux insouciants en train de chanter sur leur branche
    Tandis qu’il fait glisser son ombre ; personne ne le voit venir.
    Surgissant vif et impatient, il fauche d’une coupe franche
    Deux ou trois moineaux dont le nombre nourrira ses beaux souvenirs.

    Tableau de Claude Meow.

  • Les couleurs du temps

    Les couleurs du temps

    Le temps affiche ses humeurs sur l’écran noir du firmament
    Que le soleil projectionniste éclaire de couleurs attachantes.
    Selon la source des rumeurs qui courent encore pertinemment,
    On peut prédire d’impressionnistes lendemains qui chantent ou déchantent.

    Selon le thème du crépuscule, la météo se fait oracle
    Et une aurore de bon augure nous sourira d’un ton plaisant.
    Mais dès que le soleil bascule et qu’il sort de son habitacle,
    Il apparaît ce qu’inaugure l’exposition du temps présent.

    Le temps se rit des habitudes et ses peintures irrationnelles
    Provoquent autant de sensations que de stupeurs et tremblements.
    Flocons de neige en altitude, orages et pluies émotionnelles
    Rendront la représentation fidèle à son tempérament.

    Tableau d’André Derain.

  • Tendres chimères

    J’ai souvent rêvé de chimères, jolies nymphes et belles sirènes
    Mais j’ai toujours su éviter harpies séniles, vielles souris.
    Mais voici qu’une intérimaire serrée dans sa grosse carène
    Est, malgré son obésité, venue remplacer mes houris.

    Accompagnée d’une consœur, une poule bien mal fagotée,
    Elles ont su me dorloter, me couver et me câliner.
    Quant à moi, le mauvais penseur, sexuellement ravigoté,
    Après les avoir pelotées, j’ai cessé de les taquiner.

    Laissez-moi donc vous présenter ma nouvelle muse attitrée ;
    Coquecigrue-la-cajoleuse, inspiratrice assermentée.
    Elle m’a fourni, sans plaisanter, ce joli texte bien titré
    Et mes inepties cavaleuses en s’ront nettement pimentées.

    Tableaux de Vladimir Golub.

  • Coup de foudre au Paradis

    Il n’est pas si facile sur Terre de trouver chaussure à son pied ;
    Trouver son âme-sœur relève d’une cruelle difficulté.
    Découvrir son complémentaire et puis tomber dans un guêpier
    Brise le cœur d’un coup de glaive et tout espoir est occulté.

    Mais au Big-Bang du Paradis, tous les milliards d’âmes détonent
    Dans une explosion de passion, d’amour et de béatitudes.
    Chaque entité ragaillardie s’associe et se pelotonne
    Par l’énergie de compassion qui met fin à la solitude.

    Quand nous prions, masturbons-nous pour atteindre l’état de grâce
    Et nous relier au sacré en joignant nos mains sur le sexe !
    Car du phallus ou du minou, quel est l’organe qui embrasse
    Le plus le chemin consacré à notre salut intrinsexe ?

    Tableaux de Vladimir Golub.

  • Le violoniste rocambolesque

    Le violoniste rocambolesque

    Tandis que j’étais prisonnier de la gardienne de mes rêves,
    Toute une faune assez burlesque a débarqué dans ma cellule.
    Parmi les oiseaux saisonniers, j’eus droit à la prestation brève
    D’un violoniste rocambolesque accompagné de libellules.

    Je ne sais comment il jouait car de sa bouche perlait un sein
    Dont le lait giclait sur les cordes couinant de façon singulière.
    Mais en revanche, je lui vouais toute mon attention à dessein
    Car l’ensemble semait la discorde dans les pensées de ma geôlière.

    Vers six ou sept heures sonnantes, toutes les portes étaient bouclées
    Et j’ai vu au soleil couchant le vent chasser les feuilles mortes.
    Puis j’ai trompé ma surveillante en lui subtilisant ses clefs
    Particulièrement celle des champs que j’avais glissée sous la porte.

    Tableau de Reydel Espinosa Fernandez sur https:www.artmajeur.comreydelespinosa .

  • De ma chambrette

    De ma chambrette

    Lorsque la pluie fait toilettage à la fin d’un jour moribond,
    L’aurore revient l’érafler de ses rayons d’or mordorés.
    Depuis mon quatrième étage, le soleil entre par rebonds
    En me renvoyant les reflets des perspectives colorées.

    Depuis un moment les lumières achèvent de me réveiller
    Par les rais qui courent au plafond pour chasser les ombres chinoises
    Qui agrémentent ma chaumière et que je ris de surveiller
    Comme un oracle qui se morfond avec ses prédictions sournoises.

    Tous les matins de ma fenêtre, je me crée un instantané
    Afin de visualiser le film vu de ma chambrette
    Depuis que j’y ai vu renaître ma vie, moi, pauvre condamné
    À vivre et à réaliser mes nouvelles amours secrètes.

    Car je suis prisonnier à vie de la gardienne de mes rêves
    Qui m’a accueilli en décembre alors que j’étais somnambule.
    Bien sûr, je lui dois ma survie mais je cherche tous les jours sans trêve
    Comment m’échapper de sa chambre en passant par le vestibule †.

    (Tableau de Bayram Salamov sur https:valentinna.livejournal.com326369.html?style=mine
    † Rassurez-vous : finalement j’ai réussi à m’en sortir au petit matin ; Fabienne m’a réveillé en secouant mon oreiller et en criant « Allez debout ! Fais-moi mon petit déjeuner. J’AI FAIM !!!)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les déesses protectrices – 2

    Outre mes déesses du foyer, ma mère, ma femme, ma fille ainée,
    Il y a celles qui m’inspirent tout au long de mon existence.
    Dont une qui m’a envoyé tout ce qui m’aura entraîné
    Pour le meilleur et pour le pire avec une étroite assistance.

    Pour les poèmes, j’ai ma muse qui me souffle l’inspiration
    Direct dans le canal du cœur et qui illumine mon âme.
    Lorsque j’écris, elle s’amuse à piquer ma motivation
    Avec son sourire moqueur mais qui alimente ma flamme.

    Celle qui a le plus de travail, c’est celle qui gère les équipes
    De mes nombreux anges gardiens qui doivent me porter secours.
    Comme je suis, vaille que vaille, du vrai casse-cou, l’archétype,
    Ils ont un rythme circadien de quarante-huit heures par jour.

    Enfin celle que je préfère, c’est ma déesse imprévisible
    Qui fait de chaque jour de ma vie, l’aventure de ma destinée.
    Je l’appelle parfois Lucifère tant elle prépare dans l’invisible
    Une retraite en vis-à-vis d’un paradis prédestiné.

    Tableaux d’Evgeni Gordiets.

  • Les déesses protectrices – 1

    Ma première déesse, ma mère, n’était pas très démonstrative ;
    Souvent elle restait de marbre devant mes besoins dispendieux
    Et j’ai connu l’enfance amère privé de mes prérogatives
    Que j’aurais héritées de l’arbre généalogique des dieux.

    Après ma deuxième déesse n’était pas vraiment une mère
    Mais plutôt une grande sœur qui me fit découvrir l’amour.
    Elle m’a initié aux prouesses et leurs sensations éphémères
    Car elle m’a quitté sans douceur, brutalement au petit jour.

    Ma troisième déesse plus mature m’a donné deux très beaux enfants
    Et j’en suis devenu le père presque du jour au lendemain.
    J’ai développé leur nature vers un avenir triomphant
    En respectant chaque repère que je trouvais sur mon chemin.

    La quatrième des déesses était la plus belle, la plus grande ;
    Elle me parut inaccessible comme la plus haute des montagnes.
    Si jamais cela vous intéresse, elle m’a concédé comme offrande
    Son assurance irréversible d’être une éternelle compagne.

    Tableaux d’Evgeni Gordiets.

  • Veni Vidi Vici Venise !

    Je n’ai jamais atteint Venise que par les livres d’aventures
    Ou le cinéma du dimanche ou bien les bandes dessinées.
    Je n’ai pas connu d’entremise pour partir en villégiature
    Mais je veux prendre ma revanche sans pour autant me débiner.

    Ainsi, Veni Vidi Vici, je me transporte en train de rêve ;
    Arrivée en gare de Venise par l’Orient-Express, s’il vous plait.
    Mais comme je ne suis pas d’ici, je recherche un guide sans trêve
    Qui j’appellerais bien Denise si ce joli nom vous complait.

    D’ailleurs voici sa tête rousse qui vient d’apparaître sur le quai ;
    Héritière du Céleste-Empire au blason ceint d’une orchidée.
    Suivons les traces de Barberousse dont les exploits ont provoqué
    Les pleurs sur le pont des soupirs dans notre visite guidée !

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Le retour d’Amarilla

    Le retour d’Amarilla

    Depuis que sa disparition m’avait laissé l’âme orpheline,
    Mon cœur s’était cicatrisé de l’absence de ses étreintes.
    Guettant sa réapparition, toutes mes envies masculines
    Ont tant mes yeux électrisés que j’en ai la rétine empreinte.

    Je l’ai trop aimé chaque nuit, je l’ai trop peinte dans mes rêves
    Car l’image est un peu jaunie et s’estompe de ma mémoire.
    Or plus son souvenir me nuit, plus sa réminiscence est brève
    Et met mon cœur à l’agonie comme sous un coup d’assommoir.

    De l’eau a coulé sous les ponts depuis ces dix années passées ;
    J’ai réussi à l’oublier et rencontré d’autres horizons.
    Même si rien ne lui correspond, j’ai sa présence outrepassée
    Par mes poèmes publiés afin d’hâter ma guérison.

    Voici que l’on frappe à ma porte et mes réflexions se dérobent ;
    J’ouvre. Elle est là comme une reine qui cherche son prince charmant.
    Je dis « Que le diable t’emporte ! » mais voici qu’elle ôte sa robe,
    Me prend dans ses bras et m’entraîne dans un instant d’égarement.

    Illustration de Milo Manara sur https:designyoutrust.com202201milo-manara-comic-art-youve-probably-never-seen .

  • La dernière image avant la fin du monde

    Lorsqu’un évènement conséquent au cours de la journée survient,
    La Terre entière, c’est éloquent, paradoxalement s’en souvient.
    Ce que faisait tel ou tel père au moment de l’impact immonde
    Est retenu comme un repère crucial dans l’Histoire du monde.

    Malgré les recommandations des stations météo locales
    Personne n’a prêté attention aux crues dues aux pluies radicales.
    Toutes les mères besogneuses surprises en pleine activité
    Furent les premières trépigneuses face à l’intempestivité.

    Lorsque les calottes polaires ont fondu inopinément,
    Les établissements scolaires l’ont appris opportunément.
    Les professeurs et les élèves ont eu le temps de constater
    Que la fin du monde relève du genre humain inadapté.

    Photos LUNGENLIGA Garrigosa Studio sur https:www.behance.netgallery70352317Lungenliga-2018 .

  • L’embarcadère pour le rêve

    L’embarcadère pour le rêve ne reconnaît aucun horaire
    Et chaque départ affrété est chaque soir inopiné.
    L’embarcation paraît si brève et la manœuvre si temporaire,
    Qu’on n’a pas l’temps d’interpréter rien d’autre que sa destinée.

    On ne sait quand on est parti mais on sait que c’est pour longtemps
    Et que chaque escale révèle une aventure exceptionnelle
    Car malgré le temps imparti, le songe s’étire dans l’instant
    Et ouvre une porte nouvelle sur une idylle passionnelle.

    Passé l’archipel aux cauchemars qui n’offre que peu d’intérêt,
    Prenez le temps de visiter l’atoll aux sirènes véganes !
    Malgré les poissons zigomars qui vous mettent en garde, atterrés,
    Goûtez la générosité de Viviane sur l’Île Morgane.

    Tableaux d’Evgeni Gordiets.

  • Les mots dans l’air, le feu et la lumière

    Les mots dans l’air, le feu et la lumière

    Parfois des mots passent dans l’air et mon p’tit avion dans la tête
    Capte ces émissions issues sans doute du cœur des étoiles.
    J’écoute les airs populaires venus par le jeu des tempêtes
    Qui se croisent dans le tissu dont je trame et brode ma toile.

    Ma muse inspiratrice nue ainsi que l’imagination
    Filtrent ensemble mes pensées sous la pleine Lune en extérieur,
    Puis précipitent le contenu dans les flots de divination ;
    Ainsi seront récompensées mes perspectives ultérieures.

    Mais il faut le feu de l’image, la lumière d’une belle intention
    Qui me font retrouver le fil de ce qu’elles m’ont distillé.
    Par ce poème, je rends hommage à la subtile intervention
    De ce miracle qui se profile au bout de ma plume stylée.

    Tableau de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • Patchwork amoureux

    L’œil droit sur la carte du tendre éclaire un patchwork amoureux
    D’une étoffe tissée par les gènes qui ont dessiné son visage.
    Heureux celui qui sait entendre l’aubade du vent langoureux
    Qui sort des lèvres érogènes pour enchanter son paysage.

    Tandis que l’œil gauche viril devient le soleil conquérant
    Dont le regard monte aux sommets, puis redescend dans les vallées,
    Nulle fossette ne met en péril l’explorateur prépondérant
    Qui saura boire et consommer la source d’amour exhalé.

    Collages de Pete Buttigieg.

  • La danse nuptiale

    À l’instar des paradisiaques, l’éloge de la danse nuptiale
    Revient à qui saura charmer le sexe opposé désiré.
    M’étant pris de multiples claques avec mes rimes provinciales
    Je me dois de savoir m’armer de patience… et bien inspirée.

    Faut-il être maître-chanteur, danseur étoile, charismatique ?
    À la course à la séduction, il faut savoir partir à point.
    Les chauds-lapins, lièvres arpenteurs partent plutôt fantasmatiques
    Et les tortues en déduction s’carapatent malgré l’embonpoint.

    À défaut d’être magnétique, joli garçon, plutôt beau gosse,
    Il ne reste plus que l’argent pour faire l’appoint à l’attirance.
    Sans doute aussi machiavélique, le philtre d’amour se négoce
    Sinon c’est en le partageant que le charme a plus d’assurance.

    Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161 .

  • L’amour binaire

    L’amour, à l’origine binaire, est devenu plus homogène ;
    La Mère-nature avait pourtant sélectionné la parité
    Mais il devient parfois trinaire et plus s’il n’y a pas de gêne
    Or il n’est jamais dégoûtant malgré toutes ces disparités.

    Alors il faut redéfinir les pôles de la force d’amour ;
    Nord-sud, yin-yang, actif-passif, zéro-un, plus-moins, noir-et-blanc.
    Il y en a à n’en plus finir et si l’amour fait de l’humour,
    Il fera d’un sexe poussif un instrument polyvalent.

    Finalement l’homme et la femme sont ce que Dieu a fait de mieux ;
    Oui mais voilà, nul ne choisit et doit subir son numéro.
    On peut trouver ce choix infâme ; toujours est-il qu’il saute aux yeux
    Que les sexes n’ont pas moisi depuis qu’ils s’affrontent en héros.

    Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161 .

  • L’être suprême de la forêt

    L’être suprême de la forêt

    L’être suprême de la forêt, elle, je n’ai pas pu la surprendre ;
    Au contraire, elle a décidé de m’approcher de vive voix.
    Nue, dans une aura phosphorée, je mis un moment à comprendre
    Que je venais d’élucider le mystère de la fée-des-bois.

    Nous avons parlé si longtemps que bientôt se mirent à tomber
    La nuit et elle entre mes bras – magie à nulle autre pareille –
    Pour me garder jusqu’au printemps pensant que j’avais succombé
    Au charmant « abracadabra » formulé au creux de l’oreille.

    Sans trop lui montrer de quel bois je me chauffe, d’un aspect vantard,
    J’ai répliqué qu’une autre fée m’ensorcelait à la maison
    Du genre jalouse qui flamboie lorsque j’arrive très en retard…
    Nonobstant son air stupéfait, j’ai disparu à l’horizon.

    Tableau de Karol Bąk sur http:touchofcolorr.blogspot.com201601karol-bak.html .

  • La femme des bois

    La femme des bois

    La femme des bois n’a pas de corne mais une longue chevelure
    Faite de toison végétale qui la vêt pour tout ornement.
    Hélas, à l’instar des licornes, elle s’enfuit à vive allure
    Si la moindre entrée sociétale menace son environnement.

    Elle vit là où nul ne la voit, se confondant dans les branchages,
    Et participe par sa nature aux activités sylvicoles.
    Parfois le vent porte sa voix qui transmet les meilleurs présages
    Aux poètes en villégiature en manque de veine agricole.

    Évidemment je la rencontre dans mes rêves les plus sylvestres
    Sous l’effet de la pleine Lune et son attraction sororale.
    Ses pensées viennent à l’encontre et je m’en fait le vaguemestre
    Par cette complainte opportune de la poésie pastorale

    Illustration de Sakimichan.

  • Les êtres de la forêt

    Pareils aux animaux sauvages, les petits êtres de la forêt
    Restent discrets et bien cachés car ils se méfient des humains,
    De leurs machines et les ravages qu’ils pratiquent dans les fourrés ;
    Arbres coupés, buissons hachés, écobuages au bout des chemins.

    Eh bien, parfois je les surprends quand je pratique le hors-piste,
    Séduit par un coin qui embaume d’essences et toutes autres substances.
    Ils ont la crainte, je les comprends, d’être accusé comme un lampiste
    D’avoir fricoté avec l’homme et révélé leur existence.

    Mais bientôt nous voilà amis – je vous le jure croix-de-bois –
    Devenus compagnons de souches depuis que l’on s’est rencontré.
    Nous avons les mêmes ennemis : ces pyromanes qui flamboient,
    Vététistes et cavaliers louches qui nous bousillent nos contrées.

    Mes petites rencontres dans la forêt d’Eschenberg derrière chez-moi.

  • L’homme des bois

    Lorsqu’il perd ses bois en Automne, le jeune homme-cerf redevient
    Un humain sans comparaison qui se fond dans l’anonymat.
    Le faune s’en va, monotone, gagner l’abri qui lui convient
    Pour subir la morte saison malgré la rigueur du climat.

    Vous le rencontrez en hiver sans toutefois le reconnaître,
    Ses cicatrices dissimulées sous une cagoule discrète.
    Jamais le moindre fait divers n’a entrouvert une fenêtre
    Sur la légende stipulée à l’aune de la forêt secrète.

    Puis lorsque revient le printemps, deux nouvelles branches s’ajoutent
    Aux jolis bois dont la ramure caractérise sa beauté.
    Il joue de la flûte à plein temps parmi la faune qu’il envoûte
    Et même ceux qui se claquemurent sortent pour s’en aller riboter.

    Il reste discret tout l’été, fuyant la compagnie des hommes,
    Leur préférant les cervidés auxquels il demeure attaché.
    Quand vient le temps de compléter l’héritage de ses chromosomes,
    Il croise son hominidé avec une biche amourachée.

    Illustrations Iris Compiet, Brian Froud et autres illustrateurs.

  • La belle verte au final – 2

    La belle verte au final - 2

    J’ai ramené à la maison ma belle verte rencontrée,
    Nourri sa chèvre et son mouton et calmé son air hystérique.
    Pour je ne sais quelle raison j’ai réussi à lui montrer
    Avec quels plaisirs nous goûtons aux amourettes féériques.

    Lorsque je me suis réveillé, elle était habillée de vert
    Et me regardait effarée de ses découvertes ovariennes.
    Mais elle était émerveillée par ce détour dans l’univers
    Qui lui avait fait s’égarer dans une aventure terrienne.

    Je n’ai pas eu droit à trois vœux mais elle me fit l’amour trois fois
    Avant de partir pour toujours et son mouton et sa chevrette.
    Je garde une boucle de ses cheveux que je conserve toutefois
    En souvenir de l’heureux jour où je connus la bergerette.

    (Tableau de Kees van Dongen
    La première version finissait par « où j’ai pris la fée en levrette. » mais j’ai décidé de rester sage.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La belle verte au final – 1

    La belle verte au final - 1

    Je ne l’avais pas vu venir avec sa chèvre et son mouton
    Et j’aurais dû me méfier d’une bergère toute nue ;
    Elle portait dans mon souvenir juste un collier sur les tétons
    Et je restai là, stupéfié par cette fille sans retenue.

    Sa peau verte et luminescente faisait penser à un mirage ;
    Je devais sans doute être en train de rêver comme d’habitude.
    Cette vision déliquescente cesserait au prochain virage
    Pensais-je et c’est avec entrain que j’avançais en certitude.

    « Joli damoiseau, aide-moi ! Je suis la fée Belle Lurette
    Et je me suis perdue, je crois ; je n’ai aucun plan sous la main ! »
    Assez surpris, tout en émoi, je lui ai dit qu’une amourette
    Avec un terrien de surcroît la mettrait sur le bon chemin…

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Ma belle planète verte – 2

    Prenons une planète vierge et semons les graines de vie,
    Après quelques millions d’années, observons leur propagation ;
    Mammifères et oiseaux émergent de l’océan, puis ont suivi
    Des chemins bénis ou damnés selon leur force d’adaptation.

    Après plusieurs essais ratés de plusieurs races dominatrices,
    L’homme s’est taillé la part du lion dans la course au pouvoir suprême.
    Mais il est lui-même piraté par sa propre soif destructrice
    Qui fait de lui le trublion apprenti-sorcier de l’extrême.

    Gageons qu’à force de monter et dépasser tous les sommets,
    Il n’aura plus les pieds sur Terre soumis aux antidépresseurs.
    Une fois ces détails surmontés et tous les plaisirs consommés,
    Bye-bye pauvre humain délétère et fais place à ton successeur !

    Tableaux de Rithika Merchant sur https:www.thisiscolossal.com202211rithika-merchant-mixed-media-works .

  • Ma belle planète verte – 1

    Le créateur de l’univers n’était qu’un simple jardinier
    Qui, d’un coup de botte précis, envoya valdinguer la Terre
    Avec été, automne, hiver et un renouveau printanier
    Avec comètes qui apprécient d’apporter leurs eaux salutaires.

    Pluies chargées de graines de vie et Soleil rempli d’énergie
    Ont fait progresser toutes sortes d’espèces dans les océans.
    Poissons et oiseaux ont suivi des destinées en synergie
    Avec une planète forte d’un environnement bienséant.

    La vie se nourrissant de vie, les prédateurs ont pris le train
    De la révolution en marche, soi-disant pour l’écologie.
    Et les moutons avec envie se sont jetés d’un même entrain
    Dans l’enclos de leurs patriarches par abus de psychologie.

    Tableaux de Rithika Merchant sur https:www.thisiscolossal.com202211rithika-merchant-mixed-media-works .

  • Ballerine en peinture

    Ballerine en peinture

    Nue, la ballerine dansait comme une petite souris verte
    Que ces beaux messieurs ont trempé dans un pot de peinture à l’huile.
    Puis tandis que se condensait le liquide qui l’a recouverte,
    Apparut une robe estampée sur ses formes les plus subtiles.

    Mais plus la danseuse sautait et tressautait en soubresauts,
    Plus la matière gélatineuse dévoilait un peu plus son corps.
    Et plus la robe se dépiautait plus n’en restait que le trousseau ;
    Une culotte lumineuse et un soutif du même accord.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Ailleurs la mer semble plus verte

    Ailleurs la mer semble plus verte

    Ou bien elle écrivait car elle se sentait seule,
    Ou bien elle était seule parce qu’elle écrivait.
    Elle semblait sur le port toujours faire la gueule
    Car son inspiration sans cesse dérivait.

    Alors elle la suivait d’un regard apathique
    En se posant au mât des voiliers qui passaient
    Et puis elle s’envolait vers une hypothétique
    Île sur l’horizon qui au loin dépassait.

    Un jour elle est partie vers son île déserte ;
    Elle a dû embarquer sur quelque bateau ivre.
    Elle croyait qu’ailleurs la mer semblait plus verte ;
    Ainsi, quoi qu’il en soit, l’espoir fait toujours vivre.

    Tableau de Kees van Dongen.

  • Mon paradis de guimauve

    Comment est régi l’univers au-delà du mur de lumière,
    Là où la matière n’est plus, pas plus que le temps et l’espace ?
    Finis tous les aspects divers dont la science est coutumière
    Et si mon entrée vous a plu, bienvenue dans mon outrespace !

    Ici, la matière est guimauve, l’espace et le temps élastiques ;
    Les arbres sont en sucre d’orge et les montagnes en pain d’épice.
    Toutes les aurores sont mauves et les crépuscules exotiques
    Au goût qui reste dans la gorge durant toute une nuit propice.

    Imaginez-vous réveillés sur une plage acidulée
    Qui parfume votre corps nu d’arômes pour tout vêtement.
    Eh bien soyez émerveillés : ce paradis affabulé
    N’est pas tout à fait biscornu mais utopique, complètement.

    Tableaux 3D de Nerdzilla sur https:nerdzilla.com.brpapel-em-camadas-3d-layered-paper-art .

  • La mort joyeuse

    Le baiser de la mort joyeuse présumait une nouveau départ
    Vers l’autre monde bien visible qui s’ouvrait aux yeux de l’astral.
    Je saisis sa main pourvoyeuse surgie soudain de nulle part
    Pour suivre une imprévisible voie vers l’au-delà magistral.

    Je franchis le fleuve des morts en riant de toute mon âme ;
    J’en fus baptisé d’eau-de-feu brûlante et glaciale à la fois.
    Inconscient comme un matamore qui part, aux couleurs de sa dame,
    Gagner les terres de ses vœux et les acquérir à sa foi.

    À l’arrivée, j’ai retrouvé tous les corps que j’ai habités ;
    Nymphes grossières et séductrices, héros primitifs et vainqueurs.
    Une garde-robe approuvée pour revivre en dualité
    Toutes les amours conductrices vers l’ineffable beauté du cœur.

    Tableaux de Felippo Masi sur https:www.psynft.xyzartistsfelippo-masi .

  • Comme dans un livre

    Comme dans un livre

    Elle pouvait lire comme dans un livre l’esprit des hommes prévisibles
    Tant leurs histoires se répétaient au fil des mois et des années.
    Tel un synopsis qui délivre la conclusion tellement plausible
    Dès les premiers mots hébétés par un bel amant basané.

    Mais elle n’avait pas de mérite ; elle était rat d’bibliothèque
    Et avait passé sa jeunesse à lire les romans d’aventures
    Où les pauvres héros démérites avec leurs gueules de métèques
    Chaque fois rabâchaient sans finesse toujours la même littérature.

    Photo de Stina Walfridsson.

  • La Terre ronde et féconde

    La Terre ronde et féconde

    Bien que des fous la pensent plate, notre Mère la Terre est ronde
    Et de son ventre sort une source d’eau vive nutritive de vie.
    De ses mamelles parfois éclatent geysers en colonnes fécondes
    Et de sa matrice des ressources qui se multiplient à l’envi.

    Elle est si belle que, de l’espace, les extra-terrestres font la queue
    Pour en admirer les rondeurs de son corps nu sous les nuages.
    Étrangement plus le temps passe et plus son caractère aqueux
    Trace des rides en profondeur comme un élégant tatouage.

    Mais d’autres fous inconséquents exercent leur hégémonie
    Et lui font pleurer des calottes de grosses larmes désenchantées.
    Il est logique par conséquent qu’elle les voue aux gémonies
    Par une apocalypse idiote mais nécessaire pour sa santé.

    Tableau de Shuren sur https:www.artmajeur.comshuren .

  • Bouddha psychédélique érotissima

    Bouddha est grand, surtout sa femme qui pose magnanimement
    Devant le seuil du nirvâna pour cueillir les âmes à sa porte.
    Elle m’a accordé le sésame qui m’ouvrit emphatiquement
    Le cœur de la Sainte Nana, grande patronne des plumes mortes.

    Première fois. Premier frisson. Faire l’amour à une déesse
    Procure des sensations fortes qui vous décuple tous les sens.
    Hier, je j’étais qu’un polisson mais je découvre des prouesses
    Telles que le diable m’emporte si ce n’est de concupiscence.

    J’ai le goût de l’amour sucré, la vision de la volupté,
    L’ouïe de la lascivité, l’odorat de l’accouplement.
    Quant au toucher, ce sens sacré, il est comme électrocuté
    Par la sainte impulsivité qui m’a valu mon sacrement.

    Illustrations de Victor Moscoso sur we-heart.com20150320victor-moscoso-psychedelic-art .

  • Bienvenue dans le Pandémonium !

    Vous me croirez si vous voulez mais je me suis retrouvé nu
    Devant la porte des enfers dans une étrange procession.
    J’ai vu des femmes débouler sur des montures saugrenues
    Je n’ devais pourtant pas m’en faire ; je ne sentais nulle oppression.

    Lorsque les portes furent ouverte, j’entrai dans un parc d’attraction
    Où des queues de gens patientaient pour recevoir mille frissons.
    Ainsi je fis la découverte avec joie et décontraction
    De femmes qui s’impatientaient de délurer les polissons.

    « Poisson d’avril ! » cria Satan, « En fait vous êtes au Paradis !
    J’ai composé un consortium qui unit le bien et le mal ! »
    Ainsi Dieu n’est qu’un charlatan et l’Éden n’est que parodie.
    Entrez dans mon Pandémonium et baisez comme un animal ! »

    Tableaux de Michael Hutter.

  • À chacun sa proie

    À chacun sa proie

    Le chat attrape la souris, l’homme apprivoise le matou,
    La femme mate son bonhomme et la souris la fait bondir.
    Toutes les parties sont nourries avec de semblables atouts
    Qui font des tête-à-queue en somme et qui ne font que rebondir.

    Quand les chats craindront les souris et les hommes auront peur des chats,
    Les femmes deviendront des chiennes invraisemblables et burlesques.
    Finalement tout est pourri sur cette Terre sans rachat
    Pour s’affranchir des cornéliennes idées plus ou moins ubuesques.

    Aujourd’hui tous les peuples jouent au jeu du chat et la souris
    Et gardent encore la rancœur des escarmouches infligées.
    On a beau tendre l’autre joue, les règles du jeu sont pourries
    Entre victimes et vainqueurs et leurs descendances affligées.

    Tableau de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Les moules jardinières aux concombres

    Les moules jardinières aux concombres

    Tous les goûts sont dans la nature et notamment dans la cuisine
    Où chaque aliment se prépare selon diverses traditions.
    De même que la nourriture apprêtée chez votre voisine,
    Chez les indigènes barbares et en voie de disparition.

    Aux antipodes de la Belgique, au large de la Nouvelle Zélande,
    On n’ sert pas d’ frites avec les moules mais des concombres de saison
    Car l’îlotier est allergique aux pommes de terre de Hollande
    Qu’ont pédalé dans la semoule pour on ne sait quelle raison.

    Sans doute un problème de friteuse à l’huile de noix de coco
    Qu’aura donné un indigeste goût de café à la liégeoise.
    Quoi qu’il en soit la visiteuse avec son chapeau rococo
    Devra s’en retourner la veste si jamais elle est bruxelloise.

    Tableau de James Mortimer sur https:www.minus37.com20190308british-artist-and-sculptor-james-mortimer .

  • Les femmes anima

    Sans doute l’attirance animale a dérouté l’imaginaire
    De l’homme qui se représente la femme dans son anima.
    La source infinitésimale dont son cœur est originaire
    Coule d’une eau qui alimente l’amour poussé aux maxima.

    L’âme évolue avec prudence dans l’existence délicate
    Lorsque dans le corps d’une femme naîtra un enfant autonome.
    Il faut se rendre à l’évidence certaines anima candidates
    Ont eu peur d’une vie infâme et se sont incarnées en homme.

    Dans l’intimité protectrice de leur gynécée protégé,
    Lorsque aucun mâle ne les dérange pour des petits démons sucrés,
    Elles se montrent réceptrices envers l’esprit le plus léger
    Qui produit ce mystère étrange comme le féminin sacré.

    (Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161
    Anima : Représentation féminine au sein de l’imaginaire de l’homme.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Parlez-lui avec des fleurs

    Lundi, des iris pour ses yeux au premier regard sourcilleux
    Pour arroser ses bleus de l’âme de fleurs hissées en oriflamme.
    Pour la nuit, iris indigo accompagnés de madrigaux
    Pour la diriger sur la voie guidée par le son de ma voix.

    Mardi, des pensées à la fête pour lui en mettre plein la tête ;
    Des fleurs de toutes les couleurs pour y délayer ses douleurs.
    Pour la nuit, des pensées nocturnes pour plonger son cœur taciturne
    Dans des rêveries amoureuses sous mes caresses langoureuses.

    Mercredi, jeudi pâquerettes selon comment son cœur s’apprête
    Et pour son esprit émérite, j’effeuillerai sa marguerite.
    Pour la nuit, jolies fleurs des champs aux couleurs du soleil couchant ;
    Bleuets, boutons d’or, pissenlits pour l’apprivoiser dans mon lit.

    Vendredi, samedi, dimanche, des roses mais en robe blanche
    Afin de parfumer son corps de fragrances encore et encore.
    Pour les nuits, roses rouges et noires pour l’accueillir en mon manoir
    Et goûter entre ses pétales son bouton de porte fœtale.

    Tableaux d’Irina Carcabi sur https:www.liveinternet.rucommunity1726655post410804161 .

  • Le premier café du matin

    Le premier café du matin

    Une heure du matin, mes nuits blanches m’insufflent une petite faim ;
    Deux heures, c’est une petite soif qui me tire du lit conjugal ;
    Trois heures, aujourd’hui c’est dimanche mais cette nuit n’a pas de fin ;
    Quatre heures, je m’lève, je me dessoiffe et je m’fais un p’tit lunch frugal.

    Il est cinq heures, Paris s’éveille et moi je vais me recoucher.
    Il est six heures, c’est enfin l’heure du café noir matutinal
    Et là, tous mes sens s’émerveillent à chaque lampée embouchée
    De ce nectar dont la chaleur serait presque libidinale.

    Illustration d’Andrey Popov.

  • La Lune féminine

    La Lune féminine

    Chaque fois fécondée de Soleil, la Lune enceinte s’arrondit
    Jour après jour et chaque soir montre sa grossesse brillante.
    Après quelques nuits sans sommeil, son croissant dodu s’agrandit
    Et Maman-Lune vient s’asseoir sur un lit d’étoiles filantes.

    Quand l’enfant naît, discrètement la Lune va se reposer
    Dans les confins inexplorés des grandes sagas romancées.
    Elle reviendra timidement et on pourra la supposer
    Encore enceinte et déflorée mais prête à tout recommencer.

    Illustration de Liliya Rodnikova sur https:www.stocksy.comlileinayashowcase?page=1 .

  • Monster Magnets Music

    Issu d’une rave party et ses rythmes psychédéliques,
    Le rêve manqué recommence comme s’il n’avait jamais cessé.
    Voici que conscient parti sur un air méphistophélique,
    Déjà le cœur bat sa romance hypnotique, le corps affaissé.

    Alors l’inconscient se réveille – à moins que ce ne soit son double –
    Et s’empare de toutes les ficelles pour un show de marionnettes.
    L’étrange démon s’émerveille avec un regard qui se trouble
    Sous trop de larmes qui ruissellent par l’effet d’envies malhonnêtes.

    À l’apogée, l’âme s’envole et se reconnecte à ses dieux
    Ou à ses saints, peu lui importe au monde de l’irréalité.
    Toutes les fantaisies convolent avec des caprices odieux
    Afin que le diable l’emporte mais avec sensualité.

    Posters sur https:411posters.comtagmonster-magnet .

  • La nature photographe

    L’aurore, peintre impressionniste, livre sa première impression,
    Par les ombres complémentaires sur les façades des maisons,
    Du nouveau jour opportuniste dont la lumière en progression
    Peint en touches élémentaires ses prévisions pour la saison.

    Quand midi sonne, la chaleur chasse furtives silhouettes
    Qui résistent par leur fraicheur sur les murs muets qui suffoquent.
    La photo prend de la valeur par les sinuosités fluettes
    Dont les bouts arqués accrocheurs tentent une opposition loufoque.

    Le crépuscule met sa patte et signe le dernier cliché
    Qui restera toute la nuit gravé sur la toile des rêves.
    Sous le chef-d’œuvre qui m’épate, j’admire le talent affiché
    Dont l’expression chasse l’ennui. Mais quel dommage qu’elle soit si brève !

    Tableaux de Sergiy Ciochina.

  • Mon réseau de vies

    Mon réseau de vies

    Depuis mon premier pas sur Terre, j’ai déroulé mon fil de vie
    Qui s’est tellement embrouillé que les Parques s’en sont courroucées.
    Un méli-mélo salutaire à qui je devrai ma survie
    Jusqu’à c’ que leurs ciseaux rouillés s’en retrouvent tous émoussés.

    J’ai tellement tourné en rond, refais cent fois les mêmes erreurs
    Et noué mes vies en spirales comme l’araignée sur sa toile !
    La mort se fera du mouron lorsqu’elle verra avec terreur
    L’impossibilité virale de trancher net mon cœur d’étoile.

    Photo de Menina Roja Alfredo Palmero.