Catégorie : Poésie du dimanche

  • Adieu mars, bonjour avril

    Voilà que notre bonne vieille Terre a quitté l’orbite de Mars
    Pour s’en aller par une fronde courir la gueuse auprès d’Avril.
    Cela m’inquiète et cela m’atterre car tout ceci n’est qu’une farce
    Étant donné le ciel qui gronde devant cette orbite en péril.

    Car Avril est traître à sa race, celle des beaux mois printaniers,
    Et nous allons tous regretter les giboulées du mois dernier.
    Avec les tristes Saints-de-glace qui poussent tous les casaniers
    À s’enfermer et grelotter sous un climat balivernier.

    Avril se découvre d’un fil pour nous charmer de ses attraits
    Et nous voici hypnotisés nous croyant déjà en été.
    Hélas, elle cache son profil car derrière son joli portrait
    De belles journées érotisées, l’est une bombe prête à péter.

    Illustration de June Leeloo sur https://havengallery.com/portfolio/june-leeloo-imaginarium .

  • Le renouveau des Pâquis

    Comme une fois n’est pas coutume, cette année, les géants de Pâques
    Nous ont célébré un printemps de couleurs inhabituelles.
    Dès le matin, un beau costume de rayons de soleil opaques
    A orné leurs crânes suintants d’une impression spirituelle.

    Vers midi, on les vit verdir d’une eau qui couvrait leurs frimousses
    Et leur donnait l’air printanier, tous recouverts de jeunes pousses.
    Ils étaient cocasses, à vrai dire, avec le visage plein de mousse
    Dans un sourire chicanier et une grosse tignasse rousse.

    Le soir tout s’est un peu fané mais le ciel a contribué
    À perpétuer le souvenir de cette Pâque un peu spéciale.
    On les vit tous se pavaner, promettant de distribuer
    La même joie dans l’avenir qu’ils firent en ce moment crucial.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les œufs prisonniers

    C’est un p’tit poussin prisonnier qui m’a fait parvenir sa lettre
    Par un vaguemestre geôlier soudoyé je ne sais comment…
    C’était un p’tit œuf saisonnier qu’hier je m’étais fais remettre
    Par ce facteur épistolier qui ne parlait que l’ottoman.

    J’ai essayé de déchiffrer le premier œuf avec Google
    Mais perse, turc ou ottoman, pour moi c’est toujours du chinois.
    Lors j’ai maudit cet empiffré qui voulait se payer ma gueule
    Lorsque je vis à ce moment que de l’œuf sortait un minois.

    « Coucou ! » piaula-t-il en français – car il connaissait cette langue –
    « Je suis un p’tit poussin perdu qui enfin savoure sa victoire ! »
    Si, de comprendre, j’ai renoncé en sortant le Piaf de sa gangue,
    J’ai prié ma plume éperdue de narrer cette étrange histoire.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le ticket gagnant

    Quand je pense à la fin du monde, il me faudra trouver le port
    Et un navire qui appareille pour le voyage dans l’au-delà.
    À la toute dernière seconde, j’aurai un titre de transport
    Trouvé sans doute dans l’oreille d’un chat en habit de gala.

    Parmi tous les billets d’accès au vaisseau interplanétaire
    Qui nous transportera ailleurs, il y a un billet gagnant
    Dont le prix sera surtaxé par les conventions monétaires
    Qui désigneront le convoyeur en chef et son rôle assignant.

    Personne ne le connaîtra, ce sera l’homme sans visage
    Ou la bonne femme anonyme qui dirigera en secret.
    Donc nul ne se compromettra dans un complot qu’on envisage
    À chaque fois que s’envenime la bonne entente consacrée.

    Si c’est un homme est-ce que sa femme tiendra sa langue suffisamment ?
    Si c’est une femme, c’est kif-kif pour la confidentialité…
    La solution, sans être infâme, serait de nommer savamment
    Un asexué sur notre esquif mais… bonjour la jovialité !

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Le billet rose

    La question du sexe taraude quand on arrive au paradis :
    Quel sera notre partenaire durant toute une éternité ?
    Les petites vierges faraudes resteront-elles comme on l’a dit ?
    Une réponse bien débonnaire serait d’une opportunité.

    Bonne nouvelle pour les élus ! Toutes les vierges sont des hommes
    Car nous appartiendrons au sexe féminin, tous sans exception.
    Les anges promus au salut n’ayant, eux, aucun chromosome,
    Nous feront l’amour sans complexe sans besoin de contraception.

    Pour les femmes et les invertis, pas de changement au programme
    Mais pour les hommes quelle déception ! Personne ne l’avait prévu.
    N’avoir pas été avertis nous fait réaliser le drame
    Pressenti dès la conception du monde avec cette bévue.

    On nous donnera des billets roses en échange de nos services…
    Mais bon ! Après tout pourquoi pas… on ne sait jamais avec Dieu.
    Allez ! Quittez cet air morose ! Sans doute y aura-t-il un vice
    Et passer de vie à trépas sera plus miséricordieux !

    (Collage Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Les billets d’or

    Comme c’est bientôt la fin du monde, il va falloir appareiller
    Pour n’importe où, on trouvera bien quelque chose dans l’espace ;
    Partout où l’homme vagabonde et où la femme saura veiller
    À sa famille qu’elle couvera et aimera quoi qu’il se passe.

    Évidemment c’est limité. Les places sont chères à gagner
    Et même très cher pour les riches et quant aux pauvres, on va trouver…
    Un stratagème bien imité voire un concours accompagné
    D’un grand jeu où l’on perd et triche, télévisé et approuvé.

    Supposons que nous sommes partis et que tout le monde est casé.
    Comme Noé, le patriarche, on groupera dans les cabines
    Des couples et, en contrepartie, les genres tri- et monophasés,
    Puis chacun vivra dans son arche à se regarder la trombine.

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Les billets verts

    Au Paradis comment payer les soixante-douze vierges promises
    Et l’assurance-vie éternelle sera-t-elle prise en charge ou non ?
    Ces deux questions non étayées dans les écritures commises
    Sont importantes et solennelles car rien n’avancera sinon.

    Bien sûr, l’économie divine est l’une des voies insondables
    Que Dieu se réserve souvent quand c’est trop compliqué pour nous.
    Mais cela dit, je le devine, les vierges étant invendables,
    Elles seront parquées au couvent, les anges leur servant de nounous.

    Si la règle au Monopoly est de plumer ses adversaires,
    Je me demande quel objectif sera visé au Paradis !
    Bien malhonnête pour être poli paraît cet Éden de faussaire…
    Je penche pour un vol collectif (un viol ?) et nous n’aurons pas un radis !

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • À la Voix Lactée


    Notre galaxie maternelle garde un œil toujours attentif
    Dont la pupille en entonnoir se développe à l’infini.
    Aussi petite que charnelle, soumise à cet œil préventif,
    L’âme attirée par son trou noir semble vivre en catimini.

    Mais la Voix Lactée m’a parlé et m’a révélé son secret :
    Ce que j’observe est l’intérieur de l’œil qui reçoit la lumière.
    Et commencèrent les pourparlers entre moi-même et le sacré
    Depuis ma rétine inférieure jusqu’à la vérité première.

    La vérité n’est absolue que si j’accepte l’impossible
    Et abandonne mes repères pour la dimension supérieure.
    La question ainsi résolue, je pourrai voir tous les possibles
    À travers l’œil d’un Dieu-le-père mais dans une vie ultérieure.

    Tableaux de Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • À l’enfant des étoiles

    Enfant, tu chériras la mère de tous les mondes habités
    Qui t’a conçu, qui t’a aimé, qui t’a nourri, valorisé.
    Enfant, de ta vie éphémère, tes acquis seront débités
    Dans tous les comptes essaimés que tu auras trésorisés.

    Un jour tu feras le grand saut, un jour tu tomberas de haut,
    Tu rencontreras des épreuves qui devront te faire avancer.
    Un jour tu briseras le sceau qui révélera tes idéaux
    Avec l’assurance de preuves irréfutables et annoncées.

    Alors tu iras en confiance emporté aux petits bonheurs
    Que tu trouveras en chemin comme des témoins silencieux.
    Tu laisseras l’insignifiance des biens matériels sans honneurs
    Car celui qui te tient la main, c’est toi-même, supercoquentieux.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De la Voie Lactée

    Au commencement de la vie, il y eut une grande lumière
    Qui se condensa dans le sein d’un Dieu-Univers maternel
    Qui à ce stade en fut ravie et se plut à faire la première
    Constellation dont le dessein fut de devenir éternel.

    Mais l’éternité est mortelle selon les lois de la physique
    Alors la vie inventa l’âme pour se soustraire à la science.
    Mais l’âme pour être immortelle se devait de naître amnésique
    Afin de retrouver la flamme de son immuable conscience.

    Ainsi l’âme naît de l’amour, ce grand pouvoir de l’existence
    Dont tous les cœurs font un festin dans une allégresse divine.
    Y arriverons-nous un jour à franchir cette résistance
    À accepter notre destin pour revenir aux origines ?

    Tableaux de Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De l’enfant des étoiles

    Le fœtus comme un cosmonaute, dans son placenta en scaphandre,
    Écouterait battre le cœur des étoiles qui l’ont créé.
    Une musique sans fausse note des anges prêts à le défendre,
    Qui le soignent comme un vainqueur du jeu de la vie agréé.

    Plus tard il scrutera le ciel, verra partout des coïncidences,
    Des formes de vie répétées, des arbres de vie récurrents.
    Il recherchera l’essentiel parmi toutes les incidences
    En sachant les interpréter voire même en s’y aventurant.

    Un jour c’est l’illumination ; il saisit un rai de lumière
    Et y découvre la signature de ses passages successifs.
    Il passe à l’élimination de toutes ses craintes premières
    En revêtant sa vraie nature d’éternel enfant progressif.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Au cœur des étoiles – 2

    Un jour je quitterai ce corps qui retournera à la terre ;
    Ma vie sera délimitée un peu comme un très long métrage.
    Existerait-il un raccord dont jouirait un dieu légataire
    Avec des droits illimités concernant son propre arbitrage ?

    J’imagine une gardienne d’âmes qui collectionne chaque vie
    Dont elle capte la substance une fois son contrat échu.
    Une très grande et jolie dame qui assurerait le suivi
    Et l’entretien des existences fors le tri des anges déchus.

    Mon ADN étiquetée comme un code-barre complexe
    Scanné dans le sein de ma mère, sans doute déjà enregistré,
    Indique ma rétiveté lorsque je me montre perplexe
    Ainsi que mes pensées amères afin de les administrer.

    Va-t-elle tirer le meilleur de moi-même pour le conserver
    Et développer ses tanins pour l’affiner encore une fois ?
    Me voici reparti ailleurs comme cobaye à observer
    Dans un nouveau corps féminin pour tester encore ma foi !

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Au cœur des étoiles – 1

    Étrangement le feu du ciel, l’air et la terre
    Ont occasionné l’eau qui a donné naissance
    À la vie sur la Terre, d’abord élémentaire,
    Qui a évolué en toute connaissance.

    Les formes naturelles du monde minéral
    Se retrouvent empreintes au monde végétal
    Qui nourrit l’animal par l’apport céréal
    Qui sustente l’humain par son lien génital.

    Et la femme à son tour un jour devient enceinte
    Et l’univers recrée en son sein son histoire.
    Mille milliards d’étoiles dans la cellule sainte
    Se fondent dans le cœur de l’enfant transitoire.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Du cœur des étoiles – 2

    Je peux comprendre que mes atomes sont forgés au cœur des étoiles ;
    Je peux comprendre que ma vie est entretissée d’énergies ;
    Quant à comprendre les fantômes des défunts qui mettent les voiles,
    J’ai peine à saisir la survie des faisceaux d’âmes en synergie.

    « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! » dit Lavoisier.
    Tout serait cycles sur la Terre et révolutions dans l’espace.
    Si tout se produit en secret est-ce pour que vous vous pavoisiez
    À croire en un dieu salutaire pour expliquer ce qui se passe ?

    Que les atomes savent-ils de leur destin moléculaire ?
    Que les cellules savent-elles de leur destination finale ?
    Sans doute suis-je versatile et mes réflexions spéculaires
    Issues d’idées accidentelles qui cherchent l’âme originale.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Du cœur des étoiles – 1

    Étrangement il est un monde où la lumière fait frontière ;
    On y vit dans l’immatériel, on y meurt afin de renaître.
    Là-bas les dieux tissent des ondes de prototypes de matière
    Pour un destin caractériel où nous allons nous reconnaître :

    Aussitôt atteint les confins, naît la substance dans un éclair
    Qui fabrique étoiles et planètes dont quelques-unes seront fécondes
    Et réitèreront sans fin à l’aide du feu et de l’air
    Mêlés à la terre jeunette la proto-mère rubiconde.

    Quelques millions d’années encore pour sculpter les formes de vie
    Après de multiples expériences dans une biosphère amène
    Où se creusent au pied des accores d’une mer fertile et ravie
    Des enfants dont la variance procréera la nature humaine.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • À la création

    Nous tous, les créateurs aux quatre coins du globe,
    Agissons en secret dans les mondes invisibles.
    Toutes nos inspirations que l’univers englobe
    Nous nous les partageons en source indivisible.

    Par l’onde musicale et la danse du corps,
    Par l’art de la peinture, celui de la sculpture,
    Par la littérature, le théâtre et encore
    Du cinématographe à toutes les cultures,

    Les artistes transmettent leur levain dans la pâte
    Dont se nourrit la Terre qui enfante les hommes †
    Et la pâte se lève d’une âme télépathe
    Qui diffuse l’amour au sein des chromosomes.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak
    † et les femmes aussi bien sûr.

  • À la porte des étoiles

    Au-delà du réel de l’univers physique,
    Je sème mes pensées à tous vents dans l’éther,
    Une autre dimension de la métaphysique
    Que les scientifiques jugent si délétère.

    Comme des pissenlits dispersés dans le vent,
    Mes idées vont germer sans que j’en sois le père.
    Elles suivent un courant qui va les soulevant
    Pour les émanciper en des âmes prospères.

    Ainsi je crée des mondes dans mes petits poèmes
    Que je confie au flot des réseaux sur la toile.
    Ils deviennent autonomes et vivent de bohème,
    Puis un jour rejoindront le peuple des étoiles.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De la création

    De la Lune croissant, j’ai appris plein de choses
    Et j’ai su écouter la Nature initiée ;
    Une artiste qui crée par les métamorphoses
    Des phases de la Lune au halo nourricier.

    D’un tourbillon d’étoiles ceint dans la Voie Lactée,
    Surgit le nouveau signe de la vie qui se crée.
    Dans un nuage d’anges qui vont se contracter
    Pour donner la naissance à l’animal sacré.

    La Nature et la vie ne font qu’un seul ensemble
    Comme l’homme et le temps, l’espace et la matière.
    Et si mon cœur d’étoile à l’univers ressemble
    C’est que j’en suis partie et de toutes frontières.

    Alors j’ai demandé d’agrandir ma vision,
    De m’ouvrir au secret des autres dimensions.
    J’ai vu de la Nature toutes ses divisions
    Et l’immense pouvoir sacré de l’intention.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De la porte des étoiles

    Je sondais la forêt, marchant entre les arbres
    D’une allés qui semblait mener vers l’infini.
    Les parterres de feuilles semblaient pavés de marbre
    Déposés par l’automne d’un ordre indéfini.

    J’ai vu à l’horizon percer le croisement
    Qui s’étendait du ciel à la terre et la haie.
    J’ai compris que le rôle de ce reboisement
    Était de me montrer la porte des souhaits.

    Le temps et la matière à l’homme sont des leurres
    La Nature et la Terre en tissent maintes toiles.
    Mais j’ai vu la lumière qui brillait tout à l’heure
    Et l’espace s’est ouvert sur un chemin d’étoiles.

    Et j’ai pu voyager mais sans déplacement
    Car j’ai vu replier dans cet espace-temps
    L’infiniment petit et son accroissement
    Vers l’infiniment grand de mon cœur haletant.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Bateaux volent !


    Quand je vois des bateaux volants évoluer sur l’horizon,
    Je m’imagine aux antipodes où terres et mer sont à l’envers
    Avec navires décollant de n’importe quand, sans raison,
    Avec des rames telles pseudopodes pour brasser de l’air à revers.

    Ces pays, où le sud est froid et le nord porteur de soleil,
    Qui ressemblent à des mappemondes aux cartes en déclinaison ;
    Des îles sous le vent de l’effroi qu’un vol de migrateurs balaye
    Quand ils s’envolent autour du monde lors des changements de saison.

    Photo de Gloria Illescas.

  • Les droits des animaux

    Une fois la dette remboursée aux colonies qui concoururent
    À l’essor de l’économie des capitaux fondamentaux,
    On verra les humains coursés par les animaux à fourrure
    Qui lorgnent sur la bonhommie des mémères aux jolis manteaux.

    Les bœufs réclameront leur dû, les vaches et les cochons leur cuir,
    Les moutons pleureront leur laine au rayon d’alimentation.
    À chaque espèce sera rendu tout ce qui pourrait nous en cuire
    Si nous résistions hors d’haleine à leurs justes revendications.

    Je rends son aiguille à mon chat, je rends son fusil à mon chien,
    Je rends l’arçon à mon cheval, je rends ses œufs d’or à ma poule.
    Je renonce à tous mes achats de viande et schnitzel autrichien
    Et pour l’océan j’ai l’aval des poulpes, des huîtres et des moules.

    Illustration de Peter de Seve sur https://tanjand.livejournal.com/108193.html#comments .

  • À la mode des gens bizarres de chez nous

    Sculpturale sera la mode ou bien celle-ci nous méprendra !
    Les couturiers toujours bizarres se sont encore surpassés.
    Si la couleur vous incommode, le noir et blanc vous surprendra
    Avec des fleurs et tout le bazar que l’on puisse ou non repasser.

    Juste un collant – fallait oser – un chemisier décolleté
    Et vous voilà reine d’un soir avec le succès garanti.
    On pourrait même supposer que les fleurs vont virevolter
    Lorsque vous voudrez vous asseoir avec le plus beau ressenti.

    Seins nus soulignés de peinture et fleurs de récupération
    Sur un jean noir indémodable bien ajusté au gabarit ;
    Pas de bretelles ni de ceinture, le tout tient par l’opération
    Du Saint-Esprit accomodable avec tous les seins de Marie.

    (Sculptures de Willy Verginer sur https://beautifulbizarre.net/2014/03/31/willy-verginer-finest-flower-sculpture/ .)

  • Le baptême des sirènes

    Baptisées d’eau, les jeunes filles sélectionnées et initiées
    Connaissent le moment crucial de mourir et quitter l’air libre.
    Exorbités comme des billes, les yeux peuvent à peine balbutier
    L’horreur dans l’élément glacial qui leur fait perdre l’équilibre.

    Vient le moment de se noyer et s’inonder à pleins poumons
    D’eau qui transforme les alvéoles qui mutent en branchies salvatrices.
    Cessons de nous apitoyer sur les filles devenues démons
    Et admirons leurs malléoles † devenir queue adaptatrice.

    Les voilà qui ouvrent les yeux sur leurs nouvelles identités.
    Les voici consacrées sirènes que la grâce de Neptune inspire.
    Prônons ce moment merveilleux et acceptons l’immensité
    Du passage des filles sereines pour le meilleur et pour le pire.

    Déjà les poissons font la cour à leurs nouvelles souveraines ;
    Les hippocampes les vénèrent comme maîtresses cavalières.
    Les pieuvres offrent en secours tous leurs tentacules à leurs reines
    Pour le titre de congénères de la milice animalière.

    Fonds d’écrans d’iPhone ; attention une sirène est cachée dedans !
    † Les malléoles sont les chevilles.

  • L’IA… trop robot pour être vrai !

    Plutôt qu’apporter des lilas, il s’était procuré des roses ;
    Des roses jaunes en bouquet pour attendrir sa Madeleine
    Ou pour séduire sa Dalila ; il s’était ceint de primeroses
    Couronnant d’un toupet coquet sa grosse tête pourtant vilaine.

    L’intelligence artificielle, douée pour les alternatives
    Et les options les plus complexes, reste nulle aux jeux de l’amour.
    Si la femme est superficielle aux yeux de sa mémoire vive,
    Elle cogitera longtemps perplexe contre sa logique glamour.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La rose directrice de Valentine


    Rose des vents pour la marine, rose devant pour Valentine,
    La rose aime se conjuguer selon l’emploi que l’on en fait.
    Juste posée sur la poitrine aidera l’allure enfantine
    À avancer et subjuguer ses admirateurs stupéfaits.

    Du moment que le rouge est mis, on pourra le humer des yeux,
    Goûter sa couleur de la bouche et l’observer par les oreilles.
    Le cap décisif est émis par ses pétales délicieux
    Dont la douce saveur fait mouche semblable à nulle autre pareille.

    Photos de Katya Brook sur https://www.filmconstruction.com/katya-brook-fine-art .

  • Transports amoureux

    Au début, l’amour à vau-l’eau se montre assez imprévisible
    Car pour séduire il faut ouvrir la porte aux nouvelles surprises.
    L’amour pédale sur son vélo avec la grâce assez risible
    De la danseuse qui va souffrir dans les montées et les reprises.

    Et puis l’amour se motorise lorsqu’il a appris le chemin
    Par cœur de la carte du tendre qu’il doit parcourir chaque jour.
    Et si le couple lui autorise, aussitôt en un tournemain,
    Il met la gomme sans attendre, à fond la caisse, avec bravoure.

    Enfin, les quatre roues motrices déploient l’amour et le dépannent
    Pour transporter la maisonnée lorsqu’elle s’évade en vacances.
    Si conducteurs et conductrices font souvent le coup de la panne,
    Il leur faudra arraisonner tout un convoi en conséquence.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les clefs de la Saint-Valentin

    Saint-Valentin, grand serrurier, sait déverrouiller les problèmes ;
    En tant que maître-cœurdonnier, il connaît toutes les ficelles.
    Cœur intrépide, aventurier, il sait résoudre les dilemmes
    De tous les troubles garçonniers aux retenues des demoiselles.

    Bien sûr, les garçons ont la clef mais ignorent le mécanisme
    De la serrure féminine et toutes ses prolongations.
    Un rossignol peut tout bâcler, en outre induire traumatismes
    Qui grippent, rouillent et éliminent tout acte de fornication.

    Bien sûr, les filles ont la serrure et tout le schéma intérieur
    Mais jugent trop partialement la taille de la clef convenable.
    Saint-Val’, lui, connaît les ferrures de tout calibre supérieur
    Et les clefs idéalement de qualité incontournable.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le renard en automne

    Le renard roux durant l’automne nourrit sa nature gloutonne ;
    Mais les corbeaux s’en vont flâner et prennent tout c’qu’il y a à glaner.
    Or lui souvent rentre bredouille de cette uniformité rouille
    Tandis que les oiseaux criards montrent un engouement égrillard.

    Maître Renard en addiction à la fable et aux traditions
    En cherche un, un peu plus benêt que les autres, un petit jeunet.
    Dès qu’il l’avise sur sa branche, compère en a les coudées franches
    Et de sa bouche en cul de poule montre qu’il en a dans la ciboule.

    Mais l’oiseau n’était pas tombé de la dernière pluie plombée ;
    Après avoir atteint le pompon, l’eau avait coulé sous les ponts.
    De bec à oreille de corbeau, ils ont tous repris le flambeau
    Et la leçon pour le rusé vaut qu’ son stratagème est usé.

    Tableau d’Iris Scott sur https://www.thisiscolossal.com/2013/05/oil-finger-paintings-by-iris-scott/ .

  • Adieu janvier, bonjour février

    Janvier est passé tellement vite qu’on est déjà en février
    Avant d’avoir réalisé qu’on a franchi la fin du mois.
    Le temps décolle, le temps lévite, et, d’une manière enfiévrée,
    Il sera réactualisé avec le nouvel an chinois.

    Chacun voit midi à sa porte sur l’ensemble de la planète
    Mais aux deux pôles, rien ne va plus, six mois de jour, six mois de nuit.
    Si chaque matin nous apporte une nouvelle journée nette
    Elle est bien trop vite conclue ; c’est déjà le soir, je m’ennuie.

    Passer le temps, tuer le temps, meubler le temps, ça prend du temps
    Et vingt-quatre heures n’ont pas suffi pour faire tout ce que je voulais.
    Le temps perdu n’est pas content mais il se venge en m’imputant
    Un retard qui s’intensifie et qu’hier déjà je refoulais.

    Illustration de June Leeloo sur https://havengallery.com/portfolio/june-leeloo-imaginarium .

  • Sirènes grassouillettes

    Entre vaguelettes et ondelettes, là où la surface est moirée,
    Le soleil baigne au crépuscule ses adeptes du rayon vert.
    Ainsi les sirènes rondelettes batifolent en fin de soirée
    Et n’ont pas peur du ridicule pour émerger à découvert.

    Perles noires et perles surfines, perles à l’orient le plus nacré,
    Leur rondeur rend irrésistible une attraction si séduisante
    Qu’elle agit comme une endorphine sur tout ce qui nous est sacré.
    Piège d’un charme indescriptible, chute d’amour euphorisante.

    On dit que les enfants des îles partent les affronter la nuit ;
    Ceux qui reviennent n’en parlent pas, le cœur tombé dans l’oubliette.
    Les autres ont élu domicile là où personne ne leur nuit :
    Entre les bras et les appas de leurs sirènes grassouillettes.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Anges ou démons ?

    Ange ou démon que ce printemps qui vous réveille la nature,
    Qui tire la faune du sommeil et la flore en feu d’artifice ?
    Démon tant il est éreintant de subir les températures
    De cet insolite soleil dont vous sentez le bénéfice.

    Ange ou démon que cet été qui vous embrase les cultures
    Par des millions de fleurs des champs que vont butiner les abeilles ?
    Ange qui vient vous répéter, dans des vents de désinvolture,
    Floraisons et fruits aguichants qui vous rempliront les corbeilles.

    Ange ou démon que cet automne qui vous assombrit vos soirées
    Au détriment de la lumière qui meurt en fin d’après-midi ?
    Démon aux langueurs monotones dans les paysages moirés
    D’ambre jusque dans les chaumières comme une douce maladie.

    Ange ou démon que cet hiver qui vous recouvre du manteau
    De neige au froid soporifique qui arrête l’horloge terrestre ?
    Ange vengeur de l’univers aux principes fondamentaux
    Qui d’un trépas frigorifique vous met les terres sous séquestre.

    Tableaux de Karol Bak sur http://www.andegemon.com/blog/karol-bak.html .

  • Mais où vont les chats ?

    La chatte mouille mais ne coule pas ; qui plus est jamais ne se noie ;
    Parmi ses neuf vies antérieures, celle du poisson reste assumée.
    C’est pourquoi son meilleur repas sera le même que les Danois :
    Thon de qualité supérieure, harengs et sardines fumés.

    D’ailleurs Chat-rente maritime et Chat-long sur Saône en témoignent :
    Ils sont amis des maraîchers, marins d’eau douce et capitaines.
    Avec le poissonnier, intime ; bien que quelquefois il l’empoigne
    Pour le plonger effarouché dans l’eau du bassin d’Aquitaine.

    Le chat et la chatte en chaleurs s’immergent dans les jeux de l’amour
    Dans un concert de miaulements et coups de griffes en escouades.
    Les matous sont plus cavaleurs et les minettes plus glamour,
    Et l’on retient finalement que chat échaudé craint l’eau froide.

    Illustration d’Allan Brakusfor.

  • Monopoles y a – 2

    Les hommes ont cru que le progrès leur apporterait l’opulence
    Mais ils sont contraints à payer pour que les riches s’enrichissent.
    Les femmes ont cru que le travail allait enfin les libérer
    Mais elles aussi ont dû payer pour une pseudo liberté.

    Pendant ce temps grâce aux médias, « On » leur montre l’actualité
    Des pays pauvres qui ont faim et du chômage en progression.
    Pendant ce temps grâce aux églises, aux mosquées et aux synagogues
    « On » maintient un ordre mondial, chacun chez soi, Dieu pourvoira.

    Dès que l’enfant prend le chemin des institutions de l’état,
    Il est aussitôt formaté pour servir de chair à produire.
    À la maison, c’est la télé qui continue l’apprentissage
    Pour devenir gentil robot, fourmi besogneuse et soumise.

    « Nous avons créé et financé le mouvement féministe en mettant la femme au travail et en faisant croire que cela les libérerait. Cela nous a permis de taxer le travail des 2 sexes et de confisquer l’éducation des enfants pour mieux les formater ! » David Rockefeller.

    Tableau « la vérité au pouvoir » de Mear One sur https://www.buzzfeednews.com/article/dennishuynh/compelling-political-art-near-the-dnc.

  • Mais où va le chat ?

    Bien sûr, dans l’eau les minets râlent car ce n’est pas leur élément ;
    Ils préfèrent comme terrain de chasse tout un domaine à leur portée.
    Parmi la faune littorale, les chats ne sont pas tellement
    L’espèce la plus efficace que la Nature ait apportée.

    Pourtant plongez un chat dans l’eau ; il n’a pas besoin d’Archimède
    Et sa poussée scientifique pour nager instinctivement.
    Certes, il a l’air un peu ballot durant ce petit intermède
    Mais sa technique honorifique le sauve rétrospectivement.

    La queue en forme de périscope et les yeux comme deux hublots,
    Il saura ainsi s’acharner à vivre si le cas lui échoit.
    D’ailleurs le chat dans l’horoscope chinois gagne sur tous les tableaux :
    Il est la prudence incarnée et opte pour les meilleurs choix.

    Illustrations d’Allan Brakusfor.

  • Monopoles y a – 1

    L’histoire commence par le temps ; le temps qui fixe l’existence.
    D’un côté le présent actif, de l’autre le passé passif.
    Par un Big-Bang omnipotent ou une divine substance
    Qui, par un jeu interactif, créa notre univers massif.

    Ainsi Dieu, qui aurait créé le monde et l’homme à son image,
    Insidieux lui aurait permis de choisir le péché vénal.
    Pernicieux, Il a maugréé contre ce mal qui l’endommage
    D’abord par un feu affermi, puis un déluge phénoménal.

    Je ne sais plus trop aujourd’hui comment comparer notre monde
    Qui engendre guerre sur guerre pour enrichir les grands saigneurs.
    Toute la richesse qu’on produit s’accumule dans les poches immondes
    De ceux qu’on appelait naguère pachas, rois, empereurs, seigneurs.

    Je me demande à quel moment nous allons atteindre le seuil
    Qu’ont approché Loth et Noé lors de leur punition divine.
    Gageons que nos gouvernements, garants des précieux portefeuilles,
    Vont à leurs moutons dénouer pareille apocalypse ovine.

    (Tableaux de Daniel Loveday sur https://www.artfinder.com/artist/daniel-loveday?epik=dj0yJnU9QXVBOW9faWdJalhBTG5KSU9hc1lPM2Y3T05abjZkZVcmcD0wJm49QjZWYURGcjdWeERvX1FGZ2wxTGVBUSZ0PUFBQUFBR1VpV2VF .)

  • La mémoire de Dieu

    Pour Adam je n’ai eu besoin ni de modèle ni d’ébauche ;
    J’ l’ai créé à l’inspiration à partir d’un bon gabarit.
    Mais pour Ève, là j’ai pris grand soin de ne pas avoir deux mains gauches ;
    J’avais plus de motivation ; j’avais des projets pour Marie.

    J’ai bien pétri la terre glaise et modelé deux belles miches,
    Palpé, malaxé ses mamelles, bien fendu son mont de Vénus.
    Après j’ai filé à l’anglaise une fois remis la pouliche
    Afin qu’Adam et sa femelle me fassent des petits en bonus.

    Tableau de Quang Ho et Clay Sculptures.

  • La chamane de la forêt

    Initié par les trois chamanes, j’ai commencé l’enseignement
    Sur les mystères de la Terre et sur l’histoire de l’univers.
    Mais je ne suis pas mythomane et, d’après mes renseignements,
    Je devrais avant tout me taire avant d’écrire ces quelques vers…

    Mais j’ai le droit d’en révéler quelques éléments, à vrai dire ;
    En effet personne n’écoute les vraies valeurs humanitaires
    Car lire, écrire et calculer ne sert à rien sinon prédire
    Un esclavage coûte que coûte envers l’état totalitaire.

    La vérité sur l’existence ainsi que sa finalité
    Serait d’atteindre la dimension de l’amour et la compassion.
    En attendant, la résistance à cette fonctionnalité
    Fait à jamais l’appréhension d’une élite en dépravation.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Les mémoires de Dieu

    Si créer l’homme m’a pris six jours, créer la femme fut plus long.
    En réalité, je dois dire que j’avais commencé par elle.
    Car même Dieu ne fait pas toujours ce qu’il désire ; c’est selon
    Ma résolution à prédire toute l’histoire naturelle.

    En créant les cieux et la Terre, en fait j’ai créé la première
    Essence féminine nue au cœur des étoiles conceptrices.
    Chaque accouchement élémentaire donna un ange de lumière
    Et les suivants sont devenus des âmes autoreproductrices.

    Une fois la femme créée, je l’ai dotée d’un serviteur,
    Cueilleur-chasseur reproducteur, pour l’aimer et la promouvoir.
    Si Adam a su l’agréer, ses fils plutôt inquisiteurs
    Se sont révélés réducteurs et ont usurpé son pouvoir.

    Sculptures de Dan Crossland.

  • Les chamanes de la forêt

    On dit qu’elles sont empoisonneuses, de vraies sorcières maléfiques
    Et qu’il vaut mieux les éviter quand on les voit dans la forêt.
    D’une attitude soupçonneuse, lorsque j’ai vu ces mirifiques
    Femmes en train de léviter, j’ai pris une allure effarée.

    Trop tard ! Elles m’ont pris par la main et m’ont fait boire leur breuvage,
    Une espèce de vin merveilleux qui fait perdre toute volonté.
    J’ai dormi jusqu’au lendemain après huit heures d’esclavage
    Et c’qu’elles m’ont fait, ô mes aïeux, je ne peux vous le raconter.

    J’ai rêvé avoir chevauché toute la nuit, nu comme un loup ;
    Avoir hurlé la gueule ouverte avec une faim dévoreuse.
    Mais nous nous sommes rabibochés ; je n’en suis pas du tout jaloux
    Puisque j’ai fait la découverte de trois chamanes bien généreuses.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • S.O.S. Père Noël

    « Service après vente, tu parles ! » maugréait Jean-Emmanuel,
    L’arrière-arrière-petit-fils pour tout c’ qui a dysfonctionné.
    Entendre « Tu te magnes, Charles ? » tous les matins depuis Noël
    Pour réparer les maléfices des jouets mal confectionnés !

    Voir toute la sainte journée des jeunes enfants mécontents
    Et tous les parents furibonds dont les mamans surexcitées.
    Puis recommencer la tournée durant trois mois jusqu’au printemps
    Quand le dernier ours moribond est finalement ressuscité.

    Malgré la qualité ISO des confections traditionnelles,
    Des poupées aux jolis minois sont emballées mal contrôlées.
    Par bonheur on a le réseau d’une maintenance prévisionnelle
    Qui flaire les lutins chinois et les bras cassés qu’ont gaulé.

    Illustration de Tom Kilian sur https://www.tkillustration.com/?ssp_iabi=1682696161353 .

  • La vérité sur le Père Noël

    Maintenant qu’enfin est passé Noël, puis la fin de l’année,
    Il est temps de lever le voile sur sa nature originaire.
    Après avoir bien potassé librairies et miscellanées,
    L’authenticité se dévoile sur ce fait extraordinaire.

    D’abord il ne vient pas du nord mais des régions himalayennes ;
    Tout là-haut sur le toit du monde dans les lamaseries enjouées.
    C’est le Yéti, ce grand ténor des voix qui sortent de la moyenne,
    Qui parcourt en une seconde la grande tournée des jouets.

    Tous les lutins sont les enfants qu’il a eu de Marie-Noelle,
    Grande Yétie qui fait marcher son petit monde à la baguette.
    Tous les mois à dos d’éléphants, sont livrées de continuelles
    Fournitures très bon marché toutefois conformes à l’étiquette.

    Il faut voir leurs pattes velues manier marteaux et tournevis ;
    Leurs quatre mains très adaptées redoublent d’efficacité.
    Toute cette bande de chevelus, manœuvres qualifiés et novices,
    Est connue dans la Voie Lactée pour leur célèbre pugnacité.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Météo érotique

    Le matin un brouillard léger perdure au fond de la vallée
    Entre les monts qui apparaissent turgescents au-dessus des nues.
    Son joli ventre rondouillard sera peu à peu avalé
    Par cette brume où disparaissent tous ses appas sans retenue.

    À midi le temps se découvre et donne la pleine lumière
    Du soleil dans des éclaircies qui perdureront jusqu’au soir.
    Si quelques nuages recouvrent − la saison en est coutumière −
    Le ventre qui a un peu forci, une pluie fine pourrait surseoir.

    En fin d’après-midi le vent soulève les plis de sa robe
    Et dénude montagnes et vallons de la plaine au Mont de Vénus.
    Puis le front froid se soulevant de l’ouest où bientôt se dérobe
    Le soleil qui semble un ballon perdu gagnant son terminus.

    Au coucher, les soleils rougissent, empourprent et encensent ses charmes ;
    Un léger voile les fait jouer au jeu du chat et la souris.
    Il est temps que je me blottisse quand le ciel se teinte de parme
    Et que la nuit me fait vouer tout l’amour dont je me nourris.

    Tableaux d’Artland Wandbild.

  • Seins nus aux quatre saisons

    Au printemps ses bourgeons éclosent et sa fleur tendre s’épanouit
    Dès le matin lorsque les feux du soleil de mes yeux l’admirent.
    Le soir dans notre maison close, j’observe le galbe inouï
    De sa poitrine sur mes cheveux et ma joie de les affermir.

    L’été dévoile ses colliers de perles fines et de fruits mûrs
    D’où sort un lait érotisé par la chaleur de ses mamelles.
    Par le chemin des écoliers, je pars juste entre les fémurs
    Et remonte comme hypnotisé vers les tétons de ma femelle.

    L’automne et ses couleurs transmutent sur ses rondeurs ambre et cuivrées
    Avec juste un vert essentiel qui parsème sa touffe tendre.
    Entre ses deux monts, je permute maintes caresses, énivré
    Du parfum doux consubstantiel auquel j’ai seul droit de prétendre.

    L’hiver blanchit ses mamelons comme deux petites congères
    Que mes mains dévalent en luge, puis remontent et puis redescendent.
    Et, cerise sur le melon, les miches de ma boulangère
    Mouillent comme après le déluge lorsque mon amour la transcende.

    Tableaux de Félix Valloton.

  • L’esprit de la forêt

    J’ai croisé le renard surpris de nous retrouver nez à nez ;
    J’ai même stupéfié un chevreuil tombé les quatre fers en l’air ;
    Heureusement sans parti pris – plus rien ne saura m’étonner –
    Ils n’ont pas jeté de mauvais œil sur mon audace singulière.

    La faute en est à l’air du temps qui siffle entre les arbres verts
    Et dont les branches communiquent les transmissions de la forêt.
    Un peu sot, voire débutant, j’ai dû entendre de travers
    Et suivre l’onde botanique glissant sur l’herbe phosphorée.

    Je me suis fait apprivoiser en y revenant chaque jour
    Sans chercher la moindre rencontre avec un habitant des bois.
    Je ne voudrais pas pavoiser mais je crois qu’ils m’aiment d’amour
    Car ils viennent toujours à l’encontre comme s’ils étaient aux abois.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • L’oracle de la forêt

    À chacun son totem secret, son inspiration créatrice ;
    À chacun sa source cachée, sa ressource imaginative.
    J’aime les éléments sacrés de la nature génératrice
    Présents sur les signes rattachés de la forêt germinative.

    Toute la flore féminine, force de vie de l’univers,
    Témoigne d’une connaissance gravée depuis la nuit des temps.
    Et le ciel envoie sa quinine quand tombe la neige en hiver
    Pour protéger toute naissance qui émergera au printemps.

    Par toute la sylve étendue comme un oracle horizontal,
    Par tous les arbres hérissés comme ds antennes verticales,
    Leurs prédictions sont entendues par le vent transcontinental
    Dont j’entends les feuilles crisser de leurs délices lexicales.

    « Il neige, sur janvier fiévreux, toute la quinine du ciel » Jean Giraudoux – Provinciales.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com.

  • Les esprits de la forêt

    Si les esprits de la forêt parlent le langage du cœur,
    J’irai m’égarer la raison dans leurs labyrinthes boisés.
    Je me perdrai dans les fourrés où seuls les animaux moqueurs
    Savent retrouver leurs maisons parmi les ronces apprivoisées.

    Par les chemins vers nulle part, j’ai découvert l’inaccessible ;
    J’ai constaté l’humilité et le pouvoir du lâcher prise.
    J’ai senti tomber les remparts dévoilant mon âme impassible
    Avec la juvénilité de l’enfant devant sa surprise.

    En suivant comme un fil d’Ariane une inspiration dans le vent,
    J’ai maintes fois croisé la route de lièvres, renards et chevreuils.
    Sur la piste des valérianes, le matin au soleil levant,
    J’ai plusieurs fois cassé la croûte avec lutins et écureuils.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Les oracles de la forêt

    Qui sait se taire et observer sans vraiment chercher à comprendre
    Découvrira certains secrets qui ouvrent ses nouveaux devoirs.
    Il veillera à conserver tout ce qu’il souhaitera apprendre
    Sur ses désirs les plus sacrés que sa raison ne saurait voir.

    Les oracles élémentaires, interconnectés aux saisons,
    Renseignent tous les végétaux sur tous les caprices du temps
    Par les minéraux de la Terre sensibles aux combinaisons
    Des alliages entre métaux comme indicateurs percutants.

    D’autre oracles supérieurs dominent aux sommets des montagnes
    Et par la chaîne des vallées, rus, ruisseaux, rivières et torrents.
    Depuis son manteau intérieur, la planète les accompagne
    Par les cheminées exhalées des vieux volcans expectorants.

    Art païen de Naomi Cornock sur https://www.nomeart.com .

  • Alexandre et Bucéphale

    ce soit la monture qui ait choisi son cavalier.
    Quant à ce qui est de pourfendre pour des conquêtes triomphales,
    On dut attendre que mature le conquérant animalier.

    Or comme en attestent les sources, elle a bel et bien existé
    Cette relation singulière, unique dans l’histoire équestre.
    On dit qu’il battait à la course tous ceux qui auraient persisté
    À défier à la régulière n’importe quelle épreuve terrestre.

    Tableau d’Adrien Deggan.

  • Le soir chez les uns et les autres

    Dans nos résidences modernes où nos vies sont superposées,
    Les voisins font partie du lot de la routine quotidienne.
    Lorsque s’éteignent les lanternes, tous vont ensemble se reposer,
    Puis repartiront au boulot tous les matins en file indienne.

    Les postes de télévisions clignotent à toutes les fenêtres ;
    Au moment des informations, soit on complote, soit on sanglote.
    On se soulage en prévision pendant la pub pour son bien-être
    Tandis que fusent les sommations pour économiser la flotte.

    En période de transhumance, les gens ne vivent plus chez eux
    Mais dans le ciel en avion ou sur la route comme d’habitude.
    La continuité des vacances distingue les actifs des oiseux
    Et, comme déjà nous le savions, pour ces derniers… quelle quiétude !

    (Illustration de Pierpaolo Rovero sur http://lambidextre.over-blog.com/2020/03/le-dessin-du-jour-pierpaolo-rovero.html .)

  • La fille aux couteaux

    Aveuglée par une injustice, elle officiait comme partenaire
    À un mexicain basané, lanceur de couteau patenté.
    Craignant une erreur subreptice, fatale ou extraordinaire,
    L’avait la tête enrubannée d’un joli foulard argenté.

    Jusqu’au jour où elle décida de le fixer droit dans les yeux
    Dont le regard, sans faire exprès, sous les feux de la rampe, brilla.
    Hélas, elle l’intimida et lors d’un lancer audacieux
    La fine lame passa si près que l’homme au sombrero cria.

    Pourtant, plus de peur que de mal, elle remit alors son bandeau
    Et le spectacle recommença sans risquer la crise cardiaque.
    Il paraît même que l’animal exigea pour leur libido
    Que la belle au sang chaud pansa ses propres yeux paranoïaques.

    Tableaux de Gill Del-Mace sur https://artandcollectors.com/collections/gill-del-mace-b-1947 .