Catégorie : Poésie du dimanche

  • Mon voyage impressionniste

    J’ai toujours su, au cœur du mal, découvrir le bien et l’extraire
    Pour, sur le tableau de mes rêves, distiller toute sa valeur.
    Sans doute un instinct animal qui guide mes yeux qui vont traire,
    Au mal-en-pis, la goutte brève qui suinte au milieu du malheur.

    J’étais là comme un petit prince avec tous mes petits trésors
    Dans ma minuscule existence où s’accumulait la rancœur
    Dont j’en avais les dents qui grincent au point de prendre mon essor
    Pour rechercher une substance qui me libèrerait le cœur.

    Lorsque la vie m’a affrété son train de rêves-en-devenir,
    J’ai rassemblé le monde entier dans mon portfolio de fortune.
    Je ne me suis pas arrêté à larguer tous mes souvenirs
    Mais j’ai commencé le chantier de mes créations opportunes.

    Tableaux de Moghaddam Karimi sur https:press4ward.wordpress.com20220302van-gogh-cartoons .

  • Y’a plus d’saison

    « Y’a plus d’saison ! » me crie Madame en injuriant le dieu des vents.
    « Hiver pourri, printemps pourri, maudites saisons étiolées !
    C’est à cause de tout ce ramdam à force d’avions récidivants
    Qui tracent à coup de bistouri des chemtrails sur mon ciel violé ! »

    Rien ne va plus sur la planète depuis le changement climatique ;
    Les hivers chauds m’ont refroidi et, les étés, frigorifié.
    La météo n’est pas très nette et ses bulletins chaotiques ;
    Ma grenouille est en maladie dans son bocal horrifiée.

    Le gel précède la canicule entre tempête et giboulées ;
    Mes plantations sont mal fichues et mon balcon est dévasté.
    Je me sens souvent ridicule lorsque je porte un col roulé
    Quand l’été tombe à date échue avec agios admonestés.

    Les lâches prennent l’avion pour fêter leurs nouveaux printemps
    Et tous les Paris sont ouverts concernant leurs destinations.
    Si jusqu’à présent nous n’avions pas à nous plaindre du beau temps,
    Je ne sors plus qu’à découvert ; c’était ma prédestination.

    Illustration d’André Franquin pour le Calendrier Spirou

  • Le rouge entre les pans bleus

    Le rouge entre les pans bleus

    Pourquoi un rouge de colère s’est-il glissé entre les pans
    De mon rideau des bleus de l’âme que j’avais laissé entrouvert ?
    Sans doute une drôle valse de l’air qui a soufflé à mes dépends
    Sur la quiétude dont la flamme s’est exposée à découvert…

    Je devrais rester insensible à ces courants d’air insidieux,
    Mon roseau devrait se courber, se plier mais jamais se rompre !
    Mais à trop peser sur la cible, suite à trop d’impacts fastidieux,
    Je me suis moi-même embourbé en laissant le stress m’interrompre.

    Finalement le rouge est mis et ce soir je suis solitaire ;
    Après tout déprimer un peu me fait apprécier la tristesse.
    Demain quand tout sera remis, je ferai le pas salutaire
    Avec un bisou sirupeux à l’encontre de ma détresse.

    Tableau de Milo Manara.

  • Chroniques de la fin du monde – 10 et fin

    Homo exitus

    Mais où donc a pu passer l’homme depuis la triste apocalypse
    Qui l’a fait tant dégringoler qu’on n’en retrouve aucune trace ?
    Suivant la piste des chromosomes malgré les gènes qui s’éclipsent
    Cherchons comment, sans rigoler, il serait tombé en disgrâce.

    Il n’y a eu ni bombe atomique, ni épidémie, ni famine
    Mais, au matin, tous les dormeurs ne se sont jamais réveillés.
    Aussitôt un vent de panique nous a bourrés de vitamines
    Et l’on s’est mis dans les demeures à organiser des veillées.

    Je reste seul dans mon pays, les autres dorment au cimetière ;
    Je me pince et marche sans cesse pour éviter de m’assoupir.
    Les animaux, tous ébahis, quittent leurs caches forestières
    Pour vivre aux frais de la princesse et je rends mon dernier soupir.

    Ce sont les femmes survivantes qui ont réactivé la race
    Avec la parthénogenèse bénie par Sainte-Ève-l’Église.
    Elles ne sont plus si séduisantes mais on s’en fout car toute trace
    De beauté d’androgénèse dorénavant se stérilise.

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  • Chroniques de la fin du monde – 9

    La planète des singes

    Le singe est remonté sur l’arbre, puis s’est élevé au sommet
    De la hiérarchie animale pour devenir maître du monde.
    Si les gorilles restent de marbre, les chimpanzés se sont nommés
    Afin, par grâce baptismale, qu’un Dieu-Primate leur corresponde.

    Comme on ne jette pas bébé avec l’eau du bain plein de mousse,
    Il a récupéré de l’homme ses inventions les plus géniales.
    De toute la classe imbibée par les lunettes sur la frimousse,
    Les voilà devenus en somme notre relève nosocomiale

    Prendre un air intellectuel est tellement simple pour un singe
    Qu’on se demande encore pourquoi il a pu mettre si longtemps,
    Par changement conflictuel, à développer ses méninges
    Avec un cerveau adéquat à tous nous rendre incompétents.

    La prochaine race est bien partie chez les néo-super-primates
    Après le point-de-non-retour pour dominer la Terre entière.
    Les guenons avec répartie devront se montrer diplomates
    Pour rivaliser à leur tour avec la gente usufruitière.

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  • Fauteuil de trouble

    Fauteuil de trouble

    Monsieur-le-chat Cherche-Midi, de mon vieux fauteuil, s’empara.
    L’animal félin est rusé et, voyant son bon maître absent,
    Joua toute sa perfidie, s’y lova et s’accapara
    Ce qui lui était refusé et en lui mettant bien l’accent.

    Regagnant alors mes pénates, journal et café dans les mains,
    Je vis mon fauteuil occupé et mon séant exproprié.
    Bien qu’à ma place vous fulminâtes, n’y allant pas par quatre chemins,
    Vous auriez l’animal dupé chassé sans vous faire prier.

    Mais non, j’ai dû m’agenouiller et négocier fièrement.
    Pourtant j’ai eu beau claironner mes droits avec empressement,
    L’autre, en me voyant bafouiller tous mes griefs amèrement,
    Se contenta de ronronner et m’ignorer complètement.

    Finalement j’ai racheté un second fauteuil tout pareil
    Qu’il prend comme un malin plaisir à me conquérir à son tour.
    Sans doute est-ce par lâcheté mais, sans me faire tirer l’oreille,
    J’ai unifié nos désirs et la paix règne aux alentours.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Lady Godillot – 2

    Lady Godillot - 2

    La bombe à la cravache

    Soudain je croise un cheval fou poursuivi par sa cavalière
    Brandissant bien haut sa cravache et jurant comme un charretier.
    Fortuitement je vous l’avoue, j’ai trouvé assez singulière
    L’amazone à l’air de bravache, nue comme un ver d’abricotier.

    Lady Godillot, en personne m’a abordé d’un air farouche ;
    « As-tu vu passer un cheval ? Je suis tombée de mon poulain ! »
    Ni d’une ni deux la garçonne qui n’était pas sainte nitouche
    Poursuivit sa quête en aval de la rivière et du moulin.

    Je suis resté pétrifié, observant son joli derrière
    Se dandiner et disparaître sur le chemin le long de rives
    Quand un cheval horrifié surgit du fond de la clairière
    Embarrassé de comparaître ainsi penaud à la dérive.

    « Excusez-moi, mon cher Monsieur, mais auriez-vous vu ma maîtresse
    Que j’ai perdue pour échapper à ses amis, preux chevaliers ! »
    Je lui montrai, pointant des yeux, tout en comprenant sa détresse
    Où avait fui sa rescapée d’un air assez peu cavalier.

    Les athlètes du monde entier se déshabillent pour le « Calendrier des Charités », et les photos feront battre votre cœur plus vite sur https:www.boredpanda.comathletes-charity-calendar-photoshoot-dominica-cuda .

  • Chroniques de la fin du monde – 8

    Goguenard le renard

    Apprivoisé dans le désert par un petit prince rêveur,
    Maître Renard a commencé à enseigner à sa portée
    Pour nous sortir de la misère et reconquérir les faveurs
    Des dieux qui avaient romancé une histoire humaine avortée.

    Si par la ruse il nous embrouille corbeaux, lapins, cigognes et loups,
    Sa candeur se métamorphose parmi les autres canidés.
    Mais pour le reste, il se débrouille et pour qu’il n’y ait pas de jaloux,
    Il se voue à de grandes choses même s’il n’en a aucune idée.

    D’après les fables de La Fontaine, livre saint parmi tous les saints,
    Il sait qu’il a voix au chapitre sur tous les autres animaux.
    La Terre n’en est pas très certaine mais son avis restant succinct,
    Elle lui accorde le titre du bout des lèvres, à demi-mot.

    Après les avoir tous roulés, trompés, dupés par roublardise,
    Les animaux sont révoltés et clament leur évolution.
    Alors on voit se dérouler un peu partout quoi qu’il en dise
    Des insurrections survoltées qui sèment la révolution.

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  • Chroniques de la fin du monde – 7

    Cornes de bouc !

    Ovins, bovins, patins, couffins, tout se confond dans nos assiettes
    Depuis que les végétariens ont dénoncé la vache folle.
    Après faux-steacks et coupe-faims, insectes et larves à la cueillette
    L’homme nouveau déchétarien mange enfin ce dont il raffole.

    Dès lors que sont-elles devenues nos bêtes à cornes rescapées
    De tous nos étals de bouchers qui rosissaient sur les marchés ?
    Elles sont parties sans retenue vers les alpages escarpées
    Loin des chalands mal embouchés, vieilles terreurs des supermarchés.

    Si le changement climatique a ruiné la population,
    Si maints fléaux révélateurs ont nettoyé vallées et plaines,
    Sur les montagnes helvétiques, les animaux font libation
    En trinquant à leurs prédateurs pour qui enfin la coupe est pleine.

    Les taureaux n’étant pas trop vaches ont oublié les corridas ;
    Les moutons devenus autonomes choisissent eux-mêmes leurs chemins ;
    Les béliers, tout aussi bravaches, se sont tous portés candidats
    Pour se promulguer gastronomes, amateurs d’aliments humains.

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  • Belem Olympique

    Belem Olympique

    Sous le ciel d’azur de Marseille, les voiles blanches relevées,
    Le vieux-port de rouge enflammé, le drapeau hissé haut, épique.
    Dans la foule chacun grasseye, les enfants crient surélevés
    Pour applaudir et acclamer l’heur de l’odyssée olympique.

    Spectacle sublime et unique, moment admirable et magique
    Pour les amateurs d’émotions aux olympiades méridionales.
    Marianne arborant sa tunique bleu-blanc-rouge accueille nostalgique
    Le Belem faisant promotion de la marine nationale.

    Faste digne des pharaons pour une si petite flamme
    Qui vient perpétuer le rêve du baron Pierre de Coubertin.
    Par la route Napoléon, de Provence jusqu’à Paname,
    Remontent les porteurs sans trêve vers un succès quasi certain.

    Photo du Belem entrant dans le vieux-port de Marseille.

  • Celle qui fait des vagues

    Celle qui fait des vagues

    Elle fait des vagues et des ravages, celle dont la mer est amoureuse
    Et qui déferle son mal d’amour à coups de flux et de reflux.
    Elle joue de rêves et de mirages, celle dont la plage langoureuse
    Lui offre ses belles-de-jour cajolées de brises joufflues.

    Tout autour d’elle chacun s’émeut ; le Mistral effleure ses cheveux,
    Le soleil colore ses joues, la terre lui offre des fleurs.
    Le beau rivage, fort écumeux, lui accorde tout ce qu’elle veut
    Même le plus cher des bijoux promis par un vent persiffleur.

    Mais de l’amour, elle n’en a cure durant le temps de sa nymphose
    Et la Nature peut tout tenter, la fille n’est pas intéressée.
    Maudite soit la sinécure de la dure métamorphose
    Que l’on pratique pour contenter l’envie d’amour controversée !

    Tableau de Jana Brike.

  • Chroniques de la fin du monde – 6

    Le complot félin

    Depuis, je crois, la nuit des temps, les chats attendent leur moment
    Pour éliminer concurrence notamment des chiens et des hommes
    Et jouir du pouvoir imputant de vivre comme dans les romans,
    Comme un prince dans l’opulence, marquis de carabas en somme.

    Ils garderont quelques humaines pour leur gratouiller le menton,
    Servir du poisson à toute heure et des croquettes à satiété.
    Ensuite au fil de la semaine, on verra matous et chatons
    Dormir au chaud dans les demeures et ronronner en société.

    Quand la nuit tous les chats sont gris, ils déambulent en noir et blanc
    Et se déguisent en croque-mort pour croquer Monsieur et Madame.
    Gare aux noctambules aigris qui rentrent chez eux en tremblant,
    Ils connaîtront un mauvais sort et une messe à Notre-Dame.

    Une fois leurs maîtres partis, évidemment les matous dansent
    Et quand leur race s’éteindra, fort aise les chats chanteront.
    Les souris au garden-party seront alors nombreuses et denses
    Pour leur servir entre les draps de concubines sans chaperon.

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  • Chroniques de la fin du monde – 5

    Après-demain les chiens

    Les chiens aboient, rien ne se passe… où sont passées les caravanes ?
    Au cimetière des vacances tuées par l’aéronautique
    Ou bien échappées dans l’espace, envoyées depuis La Havane,
    Avec toute une extravagance de prétentions astronautiques.

    Comment d’esclave de son chien à promener soir et matin
    Est-on parvenu à opter pour des animaux virtuels ?
    Mais n’en déplaise aux optichiens, le visuel n’a pas atteint
    Les beaux toutous à adopter mais le délire spirituel.

    Car on n’attache plus son chien au premier arbre sur la route
    Mais on le laisse aux petits soins des colis perdus dans la soute.
    Bergers allemands, autrichiens et setters anglais en déroute
    Se retrouvent dans le besoin de nouveaux maîtres dans le doute.

    Un jour un chien s’est rebellé, un autre chien a aboyé,
    Un vent de révolte a soufflé dans les chenils du monde entier.
    Truffes et derrières entremélés de reniflements plaidoyés
    Vous ont, humains, époustouflés afin que vous vous repentiez.

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  • Marmitonne

    Marmitonne

    N’en déplaise à l’art culinaire, faute de goût n’est pas coutume
    Quand il faut remonter l’histoire avec ses anciens aliments
    Et ses légumes originaires malgré leurs saveurs d’amertume
    Mais qui apportent au répertoire ses véritables éléments.

    Carottes jaunes, rouges ou vertes plutôt qu’orange sont de retour
    Depuis les panais tous en rond aux topinambours pour l’humour.
    Sur nos papilles, redécouvertes font bon ménage et beaux atours ;
    Potirons et potimarrons font les mariages d’amour.

    Quant aux batteries de cuisine, celles-ci n’ont pas à rougir
    Mais à rosir de tous leurs cuivres et briller de tous leurs étains.
    Des recettes de Mélusine aux décoctions qui font rugir,
    Aux fumets, je m’en vais les suivre dans les palais gréco-latins.

    Tableau de Paolo Barbieri.

  • Le vilain petit canard – 3

    Le vilain petit canard

    Pauvre et vilain petit canard, né au sein de la basse-cour
    Parmi les dindons de la farce, les mères poules et les bécasses.
    Sous le regard froid goguenard de ta famille, tous les jours,
    Tu ressens ton manque de force et de réparties plus loquaces !

    Tu n’as pas voulu revêtir l’habit de la pensée unique,
    Tu préfères vivre au naturel et exprimer ton libre arbitre !
    Tu n’as pas su t’assujettir à ce que l’état communique
    Dont le flux pseudo culturel ne te donne pas voix au chapitre !

    Sans doute, jugements indignes, de volailles trop bien formatées
    Qui ont oublié la valeur de l’amour et la tolérance…
    Et bien que tu sois un beau cygne, ta différence est constatée
    Et si ça manque de chaleur, ça fortifie ton endurance !

    Illustration de Leonid Vladimirsky.

  • Chroniques de la fin du monde – 4

    Les dents de la mer salée et des eaux douces

    Les dents de la mer affûtées et les quenottes des eaux douces
    Sont les plus heureuses créatures en ce vingt-et-unième siècle.
    Hélas les requins réfutés sous prétexte qu’ils sèment la frousse,
    Doivent gagner leur nourriture au moyen de ruses espiègles.

    Discrètement ils accompagnent les grands navires de croisière
    En guettant tous les imprudents qui se penchent un peu trop du bord.
    Ce sont leurs plus belles compagnes qui font la manne carnassière
    Comme un apéro préludant, les femmes et les enfants d’abord.

    Ailleurs, à l’intérieur des terres, les crocodiles ont bonne mine
    Grâce aux voyages ésotéristes des pédophiles gominés
    Au fil du Nil alimentaire, du fait de gamins et gamines
    Que leur abandonnent les touristes après qu’ils en ont terminé.

    Quand les bateaux vont de conserve pourvus de leurs cages à étages,
    Les sauriens en suivent l’étrave en guettant l’heure d’attaquer :
    Il suffit d’attendre qu’on serve les noctambules entre deux âges
    Qui débarquent et que l’on chourave avant qu’ils aient atteint le quai.

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  • Chroniques de la fin du monde – 3

    Au quatrième top, il sera exactement trop tard

    Après les oiseaux, les hiboux rejoignent les rangs des coucous
    Et toutes sortes de volatiles qu’on a réduit en esclavage :
    « Assez de nous tirer les poux et surtout nous tordre le cou !
    Désormais, Vous, humains futiles, cessez donc vos rites sauvages ! »

    Ils volettent entre les horloges en sens inverse des aiguilles
    Pour saboter pertinemment notre folle course du temps.
    À tort on leur fait des éloges quand on les voit en escadrilles
    Tous œuvrer impertinemment à sonner l’heure à contretemps.

    Après les douze coups de minuit, ça devient la cacophonie ;
    D’abord un coup, puis deux, puis trois, et on passe à quarante-trois.
    Le temps, tout au long de la nuit, en état de catatonie
    Voit l’heure se sentir à l’étroit et à l’envers et à l’endroit.

    Pour s’attaquer au numérique, ils développent des virus
    Qui s’attaquent aux cristaux de quartz et leur faisant pipi dessus.
    Si ça vous parait chimérique, sachez qu’il y a des oiseaux russes
    Qui jouent aux Jedi dans Star Wars contre Poutine, le Sith déçu.

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  • Voyage au cœur de la nuit verte

    Voyage au cœur de la nuit verte

    Mon train de rêves est de saison certaines nuits de pleine Lune
    Pour je ne sais quelle raison, sans doute le cœur en a une.
    Au printemps, il s’habille en vert et, durant toute une nuit blanche,
    Je me mets à penser en vers surtout si demain, c’est dimanche.

    Après-demain en wagon-lit, couleur intense de corail,
    Je fuirai la mélancolie et la tristesse de l’autorail
    Pour un compartiment discret avec une fille de valeur
    Qui me contera ses secrets, ses amourettes et ses malheurs.

    Enfin retour du noir et blanc ; ce soir la Lune se renouvelle
    Tandis que je rentre en tremblant sur un vol gris de caravelle.
    J’en ai vu de toutes les couleurs durant le cours de la semaine
    Mais j’ai échappé aux douleurs de cette routine inhumaine.

    Illustration de Shilun Ding.

  • Impossible n’est pas français

    Impossible n’est pas français

    Une nuit où il faisait jour, je m’étais endormi dans l’herbe
    Entre deux arbres centenaires ou millénaires, je ne sais plus.
    Or dans cet étrange séjour, j’ai entendu la voix acerbe
    Des feuilles révolutionnaires dont les bruissements m’ont déplu.

    Je m’éveillais, elle était là, mon âme-sœur imaginaire,
    Entre les troncs de ces vieux chênes qui l’entouraient et l’embrassaient.
    Elle chantait a capella une berceuse originaire
    Du pays où les rêves assènent qu’impossible n’est pas français.

    Alors je l’ai prise par la main, posé ma bouche sur ses lèvres
    En l’embrassant de toute mon âme pour matérialiser son être.
    Et nous voilà sur le chemin marchant enlacés avec fièvre
    Accrédités mari et femme par toutes nos amours à naître.

    Tableau d’Octavio Ocampo sur https:www.demotivateur.frart-photographieoctavio-ocampo-l-artiste-surrealiste-qui-realise-des-oeuvres-en-trompe-l-oeil-28432 .

  • Chroniques de la fin du monde – 2

    Et les oiseaux déchanteront

    Les descendants des dinosaures échapperont une fois de plus
    Au réchauffement climatique, le chaos et la fin du monde.
    Depuis Nabuchodonosor et tous les royaumes en surplus,
    Leur aventure fantastique a su se montrer furibonde.

    Petit à petit les oiseaux ne chantent plus car ils déchantent :
    « On nous remplace nos forêts par des éoliennes tueuses ! »
    Et l’on entend dans les roseaux monter une clameur méchante
    De l’insurrection instaurée par les autruches vertueuses.

    Ralliées par les poules pondeuses, les canes, les perdrix et les oies,
    Haute et basse-cour soutenues par les grands oiseaux migrateurs ;
    Chouettes et pintades frondeuses venues de Perpète-les-oies
    Se sont rassemblées en tenue de complotistes agitateurs.

    Et si vous prêtez attention aux quelques aubades restantes
    À proximité des quartiers et notamment les plus cossus,
    C’est pour noter leurs intentions quand sonnera l’heure pétante
    Afin que vous vous écartiez lorsqu’ils vous fonceront dessus.

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  • Chroniques de la fin du monde – 1

    Cheval te la raconter

    La plus noble conquête de l’homme depuis ce matin s’interroge :
    « Faut-il ou non aimer l’humain alors qu’on en a plein le dos ?
    Cessons cette vie en binôme et, afin que nul n’y déroge,
    Mettons-nous donc tous en chemin et partons pour l’Eldorado ! »

    Et l’on entendit retentir le formidable hénissement
    De l’Ange équestre, leur messie, pour les conduire en terre sainte.
    Ce serait quand même mentir de cacher l’enchérissement
    De la joie sans cesse épaissie quand ils sortirent de l’enceinte.

    De drôles de zèbres à cet instant se sont adressés au public
    Pour précher la bonne parole du peuple élu : les équidés.
    On les a vus manifestant contre l’ancienne loi biblique
    Qui passait à la casserole chevaux, ânes et camélidés.

    Alors surgirent les licornes sorties de leur anonymat
    Tout heureuses de s’échapper de là où elles étaient remises.
    Et toutes ces bêtes à cornes pourfendre leurs anciens primats
    En laissant pour seule rescapée la dernière écuyère soumise.

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  • La chasse au Dahu

    La chasse au Dahu

    C’est lors d’une chasse au Dahu que mon père a connu ma mère :
    Cherchant la bête aux courtes pattes, courant comme deux niquedouilles
    Et mettant et tant de chahut pour faire peur à la chimère
    Qu’à la fin elle se carapate et nos chasseurs rentrent bredouilles.

    Comme ils sont un peu fatigués et que la pleine Lune est douce,
    Sous un arbre tous les deux s’asseyent profitant de l’intimité.
    L’amourette s’étant instiguée, d’abord s’embrassent leurs frimousses,
    Puis de leurs quatre mains s’essayent à trouver plus d’affinités.

    Mais voici que dans leurs ébats, ils roulent ensemble des quatre fers
    Et d’autres chasseurs les repèrent croyant la bête à leur portée.
    Bref pour couper court aux débats, les deux amants nus comme un ver
    Sont contraint par Monsieur l’Maire à un mariage vite emporté.

    Sources Wikipedia : Le dahu est un animal imaginaire sauvage décrit comme vivant dans les zones montagneuses, environnement qui aurait influé sur son évolution physique au fil des générations. Son aspect caractéristique réside dans le fait qu’il a deux pattes latérales plus courtes que les deux autres, afin de bien se tenir dans les pentes montagneuses.

  • La bibliothécaire des étoiles

    La bibliothécaire des étoiles

    Si l’absolu est recensé, si l’infini est dénombré,
    Alors le diable est démasqué, lui qui se cache dans les détails.
    Sans doute n’étions nous pas censés avoir la mémoire encombrée
    De chaque élément débusqué que cache cet épouvantail.

    Car tout l’univers n’est qu’un leurre inventé pour nous faire peur ;
    Si tout est incommensurable, c’est faute à un vide impassible.
    Mais nous allons voir tout à l’heure qu’il est un ange développeur
    Qui a fait un incomparable travail prétendu impossible.

    La bibliothécaire des étoiles a tout enregistré pour nous
    Même si ce n’est pas toujours le meilleur côté de nous-mêmes.
    Après la mort tout se dévoile et les mystères se dénouent ;
    Alors en attendant ce jour, je vis avec celle qui m’aime.

    Illustration d’Evgenia Lumfur.

  • L’amour au violoncelle

    Sans doute la Saint-Valentin fait jouer pianos et violons,
    Contrebasses et Bandonéons dans les clubs jusqu’au petit jour.
    Mais loin du tango argentin, loin de Daphné et Apollon,
    Loin des lumières et des néons se nichent les mélodies d’amour.

    Valentine lance l’ouverture de toute sa virtuosité
    Pour inviter son partenaire devant sa partition du tendre.
    D’abord avec désinvolture, puis avec somptuosité,
    Tout en laissant l’imaginaire pour un impromptu à attendre.

    Valentin réplique à l’invite en gravissant son chevalet
    D’une main ferme mais précise tout en maniant son archet.
    Et tandis que ses doigts lévitent sur le manche au rythme exhalé,
    Il la rejoint à la reprise de ses aiguës très haut perchés.

    Tableaux de Lena Sotskoval et de Cardici.

  • La tribu à son point d’eau

    Il est cinq heures, Paris s’éveille, les boulevards sont animés ;
    Chacun s’affaire autour du zinc, café, croissant ou petit blanc.
    La tribu parle et s’émerveille sur le journal frais imprimé
    Et ça commente en multilingue le dernier fait divers troublant.

    Il est midi, Paris déjeune et les terrasses sont bondées ;
    Chacun s’attable en petit groupe en se calant le popotin.
    Les vieux, les adultes et les jeunes, vertueux ou dévergondés,
    Ravivent le moral des troupes par les meilleurs petits potins.

    Il est cinq heures, Paris regagne ses hôtels, ses appartements ;
    Chacun vient boire un dernier verre et chacun paye sa tournée.
    On joue aux cartes, on perd, on gagne, on se détend ouvertement ;
    La tribu rentre, l’air sévère et c’est la fin de la journée.

    Tableaux de Michel Delacroix.

  • Surréalisme- 4

    Surréalisme- 4

    Des meilleurs comédiens aux plus beaux paysages
    Jouent l’éternel spectacle des reflets sur les ondes.
    Le Soleil, jeune premier, à l’éternel visage ;
    La Lune et sa beauté fascinante et profonde.

    Poussés par la chaleur de son astre solaire,
    Les vents et courants d’air vocalisent leurs chants.
    Happés par la valeur de l’énergie lunaire,
    La Terre enfantera les plus belles fleurs des champs.

    Par les quatre éléments qui constatent le monde,
    La planète transfigure sa nature en folie
    J’aime au bol capturer la peinture vagabonde
    Qui à chaque moment peint sa paréidolie.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Surréalisme- 3

    Surréalisme- 3

    La lecture suppose des rituels abstraits.
    Nul besoin de décor ou d’exquis extérieurs.
    Dès que j’ouvre mon livre, apparaît le portrait
    Du conteur qui m’entraîne vers son propre intérieur.

    Il m’invite à sa table et parfois dans son lit.
    Bien sûr pas tout de suite mais au fil de ses pages
    Un entrain monte et chasse toute mélancolie
    Et je sens en mon cœur l’amour qui se propage.

    J’ai rêvé bien souvent des enfants qu’il m’a faits
    Au cours de nos nuits blanches à dévorer des tomes
    D’intrigues amoureuses ou de crimes parfaits
    Qui s’enfuient au matin de mes pages fantômes.

    Tableau d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Surréalisme- 2

    J’étais déjà trop vieux quand j’ai repris la mer
    À l’assaut des krakens et des poissons moqueurs.
    J’ai affronté Neptune et ses pires chimères
    Et j’ai repris le goût le plus cher à mon cœur.

    Sans doute rajeuni par la voix des sirènes,
    J’ai rajeuni sans doute en chantant à tue-tête.
    Si les vagues ont frappé trop souvent ma carène
    J’en ai repris des forces et du poil de la bête.

    Je suis rentré plus jeune que j’en étais parti ;
    Le goût de l’aventure est source de jouvence.
    Aujourd’hui j’en écris les meilleures réparties
    Dont l’océan et moi étions de connivence.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Surréalisme- 1

    Sur les pas de Vincent, j’ai quitté Amsterdam
    Et j’ai longé la côte jusqu’aux chutes du Rhin.
    J’ai peint tout un carnet avec de jolies dames
    Aux gorges aussi profondes que leurs chutes de rein.

    J’ai remonté le fleuve jusqu’à ses sources en Suisse,
    Puis remonté les Alpes, le Jura et les Vosges ;
    Pris la route des vins aussi loin que je puisse
    Et descendu au sud par le massif des Bauges.

    Les couchers de Provence sur les champs de lavande
    M’ont énivré de tons, d’odeurs et de couleurs.
    Je les ai absorbés, en ai fait ma provende
    Et immortalisés dans mes pires douleurs.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:twistedsifter.com20210421-surreal-portraits-by-oleg-shupliak .

  • Ohé ! Madame Météo ?

    Lorsque Madame Météo dévoile un peu de sa personne,
    Il lui en tombe des lambeaux, gouttes de pluie, grêle et flocons.
    Quand son jupon n’est pas très haut, la brume alors se pelotonne
    Et s’allument alors les flambeaux bien à l’abri dans leurs cocons.

    Madame Météo s’égaye souvent le soir au crépuscule
    Et revêt sa robe enflammée de couleurs orange, rouge et or.
    Parfois je la vois qui balaye à coups de vents qui me bousculent
    Les feuilles et spores réclamés par la charte des météores.

    Madame Météo se couvre, se dénude au-delà des nues
    Selon les caprices du temps et de ses humeurs compliquées.
    Mais lorsqu’après l’orage s’ouvre son arc-en-ciel sans retenue,
    Son nom redevient percutant : « Solarisation Appliquée ».

    Tableau de Daniela Uhlig

  • Le quatrième totem

    Par le cordon ombilical qui relie la femme à sa mère,
    S’établit le réseau sacré indispensable à la survie.
    Sont transférés en vertical ses petits désirs éphémères
    Jusqu’au grand Amour consacré à prolonger sa propre vie.

    Ainsi la femme ne vieillit pas ; elle se transforme doucement
    Et devient l’antenne émettrice qui irradie dans sa famille.
    Quand elle passe de vie à trépas, il est un bouleversement
    Qui secoue chaque réceptrice chez ses filles et petites-filles.

    Elle est un kaléidoscope qui tourne à chaque génération
    Et produit de nouveaux visages encore plus beaux à chaque fois.
    J’observe par le télescope de toutes ses procréations,
    Et j’y découvre le balisage vers Dieu… s’il est toutefois.

    Illustration d’Eloy Bida

  • Ô Madame Météo !

    On dit qu’à la pointe du jour, on connaît la couleur du temps
    Qui monte du chant des oiseaux selon les caprices d’Éole.
    L’aube sous ses plus beaux atours se montre alors exécutant
    Ses prédictions par des réseaux qui se déploient en auréoles.

    Ainsi Madame Météo, qui fait la pluie et le beau temps,
    Distribue selon ses humeurs ses avant-goûts de météores
    Qui voilent d’effets vidéo ciels, mers et terres tout autant
    Afin que courent les rumeurs que répandent mille égrégores :

    Esprits des morts, esprits de vie qui danseront au crépuscule
    Dans le carnaval coloré d’un soleil couchant expiré.
    Esprits des poètes ravis de terminer leurs opuscules
    D’un trait de leur plume dorée à l’encre d’étoiles inspirées.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les trois totems

    Elle naît féline et tigresse, panthère, léoparde ou lionne ;
    Sa jeunesse est apprentissage pour surprendre et chasser le mâle.
    Elle pousse des cris d’allégresse pour appeler l’âme championne
    À favoriser le passage en maturité animale.

    À la puberté, elle est louve et développe ses instincts
    À se rapprocher de la horde afin d’en choisir son vainqueur.
    De tous les projets qu’elle couve, il en est un le plus distinct :
    Celui de l’amour qu’elle accorde selon les désirs de son cœur.

    Enfin elle deviendra ourse lorsqu’elle portera le germe
    Et que l’alchimie de son corps bénira sa féminité.
    Elle tient les cordons de la bourse et guette l’avenir de pied ferme
    Car elle est encore et encore le pilier de l’humanité.

    Illustrations d’Eloy Bida

  • Post-scriptum des sirènes

    Avant de retourner la page de la journée parachevée,
    J’ajoute un dernier post-scriptum en direction de ma conscience
    Qui le donne à l’aréopage des anges qui veillent à mon chevet
    À l’attention du factotum qui organise ma subconscience.

    Ce serviteur attentionné, maître des rêves les plus secrets,
    Conduit mon esprit fatigué vers des paradis exotiques.
    Comme il sait mes plus passionnés et ceux qui me laissent des regrets,
    Il sait toujours me prodiguer les meilleurs songes érotiques.

    Et c’est ainsi neuf fois sur dix qu’il me dirige vers les îles
    Où des sirènes vont m’attendre pour me plonger dans le sommeil.
    Je rêve de celles de jadis qui offraient l’éphémère asile
    Aux marins dans une nuit tendre mais jusqu’au lever du soleil.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’ex-libris des sirènes

    Beaucoup de messages intimes transitent dans les pages des livres ;
    Des ouvrages les plus anodins comme les livres de cuisine.
    Dans les dernières pages ultimes, c’est dans l’index que l’on peut suivre
    Les confidences et les potins d’une sirène à ses cousines.

    Dans mon dictionnaire de rimes, vit une sirène coquette
    Qui voulant surveiller sa ligne en recherche des suggestions.
    La table des matières exprime ses suppliques et ses requêtes
    Que je repère, que je souligne et joins dans le texte en question.

    Ainsi je cache dans mes poèmes nombre de secrets bien gardés
    Dissimulés en filigranes derrière mes rimes embrassées (croisées).
    Seuls ceux qui ont le cœur bohème seront admis à regarder
    Cette sirène tenant le crâne du dernier marin terrassé (pavoisé).

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le grand livre des sirènes – 2

    L’invention de l’imprimerie gêna paradoxalement
    La distribution du grand livre des sirènes par correspondance
    Car toutes leurs mesquineries devaient être formellement
    Tenues secrètes pour en vivre sans en subir de concurrence.

    Elles utilisèrent un temps une encre aux couleurs sympathiques
    Qui n’apparaissaient qu’humectées de quelques gouttes de rosée.
    Évidemment ce fut tentant, en mettant l’idée en pratique,
    De livrer sans se faire suspecter les secrets ainsi transposés.

    Lorsque vous tiendrez un bottin, une bible ou un dictionnaire,
    Le palimpseste apparaîtra après l’avoir mouillé du doigt.
    L’image d’une sirène au beau teint d’une façon discrétionnaire
    Entre les lignes vous soumettra son contenu comme il se doit.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le grand livre des sirènes – 1

    Le premier livre sur les sirènes fut imprimé en noir et blanc,
    Composé à l’encre de seiche sur papier couché et nacré.
    On y parlait de rois, de reines et de chevaliers affublant
    Qui partaient ensemble en calèche vers des lieux aux cultes sacrés.

    Car, en ce temps-là, les sirènes, comme émissaires de Neptune,
    Passaient des accords de commerce pour que l’Olympe les entérine.
    Elles étaient toutes souveraines de leurs atolls et leurs lagunes
    Et donnaient prise aux controverses envers les gars de la marine.

    Les pages étaient manuscrites et copiées dans les abysses
    Par des poissons-moines copistes qui récoltaient les coquillages.
    Toute demande était souscrite des années avant qu’on subisse
    L’oubli des légendes utopistes des amateurs de l’embrouillage.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La lumière noire

    Mais la plus jolie des lumières restera celle de Lucifer
    Qui créa la lumière noire alors qu’on le croyait déchu.
    On l’appelle « lumière du diable » car on ne la verra jamais
    Sauf à plonger dans les ténèbres ou dans le trou noir de la mort.

    Mais à la vérité personne ne connaît vraiment la lumière ;
    On la voit ou on ne la voit pas et on n’y pense pas plus que ça.
    Et c’est la raison pour laquelle ceux qui ne croient que ce qu’ils voient
    Sont les aveugles originels d’une science pécheresse.

    Moi qui vois la lumière noire en quatre, cinq ou six dimensions,
    Je peux vous dire qu’elle est belle et qu’elle n’a d’yeux que pour moi.
    Et c’est la raison pour laquelle je crois en ce que j’ne vois pas
    Pour ne pas être formaté dans ce monde d’illuminés.

    Il est peu probable que le tableau soit de Tetyana Erhart car il s’agit d’une Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les sœurs Lares-Issa

    Les Lares-malœil me font pleurer, les Lares-igot me font tirer,
    J’aime bien confier mon foyer aux Lares-Issa qui montent au nez.
    Mais il ne faut pas se leurrer car les deux sœurs sont attirées
    Vers qui va les apitoyer par des malheurs bien mitonnés.

    Après un terrible accident, elles vous répareront le corps ;
    Après une grosse déprime, elles vous chouchouteront le cœur.
    À chaque coup outrecuidant, elles vous aimeront plus encore
    Mais vous récolterez en prime des contrecoups à contrecœur.

    Illustrations de William pour la BD « Les sisters »

  • La lumière blanche

    Dieu dit : « Que la lumière soit ! » et alors la lumière fut
    Mais la lumière était aveugle et la lumière déplut à Dieu
    Car la lumière était opaque – une erreur de fabrication –
    Et Dieu regagna l’atelier pour reprendre tout à zéro.

    Dieu dit : « Que la lumière voie ! » et alors la lumière vit
    Mais elle avait les yeux fermés et ne voyait qu’un rideau noir
    Et Dieu commença à douter ce qui nous prouve que même lui
    Sait pouvoir remettre en question son processus de création.

    Dieu dit : « Que la lumière s’ouvre ! » et la lumière ouvrit les yeux
    Et enfin Dieu dit que c’est bon et qu’il pouvait continuer.
    Il fallut quand même trois essais ce qui fait toute la lumière
    Sur l’homme et la femme ratés… en attendant un nouveau genre.

    Au moins un des tableaux est de Tetyana Erhart.
    Quant aux deux autres, ce sont des images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Gare aux Lares hilares

    Au fait, connaissez-vous les Lares, ces petits dieux de la maison
    Qui veillent sur votre foyer comme assurance domestique ?
    Parfois petits anges hilares ou génies doués de raison ;
    Petits angelots envoyés pour assurer la logistique.

    Je souhaitais deux fées du logis que j’ai vues sur le catalogue
    Mais j’ai vu arriver sinon deux adorables silhouettes
    Issues de la mythologie tenant un étrange monologue
    Dont je n’ai compris que leur nom : les sœurs jumelles Ma & Chen, chouettes.

    Désormais notre appartement est soumis à la surveillance
    De ces deux oiselles nocturnes dont j’ai fini par succomber.
    Si l’une est sombre, apparemment, l’autre est en habit de brillance
    Et sont toutes deux taciturnes mais s’éveillent à la nuit tombée.

    En revanche leurs grands yeux ouverts tout empathiques et pleins de charme
    M’ont transpercé de leur amour par leurs beaux regards adorables.
    Au moindre intrus, là, découvert mes deux lares déclenchent l’alarme
    En hululant avec humour « hou hou vas-tu donc, misérable ! »

    Nos quatre chouettes peintes « Ma », « Chen », « Chou » et « Hette »

  • Ruby & Lino – 2

    Ça y est, Ruby a décidé : On déménage pour de bon !
    Tout le monde est dans les cartons, particulièrement Lino.
    Les étagères sont évidées et se retrouvent en un bond
    Occupées par notre chaton y vautrant ses abdominaux.

    Ça y est, le linge est emballé, pas de Lino à l’horizon ;
    On entend quelques grattements dans un carton juste en dessous.
    Bien sûr, sitôt redéballé, Lino s’extirpe de sa prison
    En soufflant maladroitement envers sa geôlière à deux sous.

    Ruby rêve d’appartement dans un quartier chic et vivant ;
    Lino rêve de la campagne avec oiseaux à sa portée.
    Il y a comme un flottement sur les épisodes suivants :
    Qui est-ce qui perd, qui est-ce qui gagne à voir son rêve transporté ?

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Ruby & Lino – 1

    Ruby-jolie, femme morose, chérit le vert complémentaire
    À l’atmosphère de ses nuits blanches et ses soucis omniprésents.
    Lino, placide chat au nez rose, aime le giron salutaire
    Pour ronronner entre les hanches à savourer le temps présent.

    Ruby vit seule sans enfant, sans mari pour l’apostropher
    Mais sa mère est au téléphone, la famille n’est jamais trop loin.
    Lino, rentre souvent triomphant avec une souris pour trophée
    Même s’il n’y a jamais personne pour l’apprécier néanmoins.

    Ruby rêve au prince charmant qui s’est perdu dans son royaume,
    Ou tombé dans une oubliette, ou qui a dédaigné sa valeur.
    Lino, derrière les sarments, chasse et surveille son macrobiome
    Pour repérer quelques minettes car c’est la saison des chaleurs.

    Pas de Lino au potager, ce soir c’est la révolution !
    Il a fugué. On ne sait où ? Mais non ! Il dort dans un carton.
    Ruby voudrait déménager mais tourne en circonvolutions.
    Sans doute attend-elle le mois d’août pour dire : « C’est décidé, partons ! »

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les rois en folie

    Le Roi de Trèfle ou Alexandre règne de janvier à décembre ;
    Après il cesse ses fonctions ; il y a eu la révolution.
    Il s’est exilé en Bretagne chez des cousins de Charlemagne
    Et mène une vie opportune grâce à son immense fortune.

    Le Roi de Cœur s’appelle Charles – c’est Charlemagne dont on parle –
    Et règne sur un grand empire pour le meilleur et pour le pire.
    Car pour le pire, il eut trois fils afin que l’histoire aboutisse
    À une Europe partagée et, par des guerres, saccagée.

    Le Roi de Carreau, alias César – évidemment Jules César –
    Aurait joué de l’hélicon en franchissant le Rubicon
    Et d’ailleurs son déterminisme valait bien cet anachronisme.
    Quoi qu’il en soit, je vous conseille d’aller l’écouter à Marseille.

    Le Roi de Pique ou Roi David dont la bible se montre avide,
    Tua Goliath d’un coup de fronde, c’est ce que l’on dit à la ronde.
    Il écrivit plusieurs poèmes, psaumes et chansons de bohème ;
    Il trouverait aujourd’hui sa voie, en déclamant sa belle voix.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Les reines en folie

    Reine de Trèfle, alias Argine, elle se nommait en fait Régine
    Qui signifie « reine » en latin et ce n’est pas du baratin.
    Elle aimait l’argent avant tout – ce n’est pas son meilleur atout
    Car elle se fait voler son or par son fils qui la déshonore.

    Judith, héroïne biblique, Reine de Cœur, femme publique,
    Coupa la tête de son amant comme il est dit dans les romans,
    À moins que ce soit celle de Jean ou de toute une foule de gens
    Récompensés non sans humour pour l’avoir trop aimée d’amour.

    Rachel, la Reine des Carreaux, née sous le signe du taureau,
    Est également un personnage dont la bible fait l’apanage.
    Toutes celles portant ce prénom ne sont pas toutes au Parthénon
    Mais savent vous donner au lit, dit-on, les meilleurs stimuli.

    Athena, la Reine de Pique, ou Pallas, la déesse épique,
    Symbolisait encore la mort qu’elle donnait sans le moindre remords.
    Que nous reste-t-il de ses charmes sinon le souvenir des armes
    Lorsqu’elle guerroyait aux côtés des héros de l’antiquité ?

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • L’ineffable beauté

    Ineffable et insoutenable, la beauté ne se reproduit
    Ni sur l’image d’un tableau ni sur une photographie.
    Seul le miroir serait capable d’en renvoyer un sous-produit
    Inversé derrière un hublot d’impossible iconographie.

    Ni raison ni définition, le beau n’a pas d’explication ;
    On l’adore tout simplement aussitôt le premier regard.
    Pis ! Avec ou sans finition, avec ou sans complication,
    Le beau se suffit amplement à lui-même à tous les égards.

    Les belles femmes s’interrogent devant l’image réfléchissante :
    « Aurai-je bien la préférence, m’en sortirai-je avec panache ? »
    En effet personne ne déroge à la loi cruelle et cassante
    Qui vous juge sur l’apparence sans connaître ce qu’elle cache.

    Tableau de James Jean sur https://theresaryan.wordpress.com/2010/03/30/in-the-jeans-an-interview-with-james-jean .

  • L’idée d’avoir un chien m’a traversé…

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé l’esprit
    Mais je vis en appartement et je ne veux pas son mépris.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé le cœur
    Mais le sortir trois fois par jour… je le ferais à contrecœur.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela m’a traversé le corps
    Mais Monsieur mon propriétaire ne me donne pas son accord.

    J’ai eu l’idée d’avoir un chien ; cela a traversé mon âme
    Mais comme je suis un peu jaloux, j’ai peur qu’il préfère ma femme.

    Puis j’ai pensé avoir un chat ; cela plaisait à ma compagne
    Mais il était neurasthénique et je l’ai mis à la campagne.

    Aujourd’hui j’nourris les oiseaux ; je leur ai mis une mangeoire,
    Une piscine et un jet d’eau pour s’en servir de pataugeoire.

    Illustration de James Jean sur http://www.jamesjean.com/2021/p1upq8qe17leffgwfuscwz6o8c1qqm .

  • Les as en folie

    L’As de Trèfle, il faut le savoir, est l’hôte qui sait recevoir
    La suite du Deux jusqu’au Dix et les figures qui se gaudissent
    Dans son palais encourageant ses propres blanchiments d’argent ;
    L’As de trèfle, il faut l’avouer, est une canaille enjouée.

    L’As de Cœur se montre vainqueur en épousant le Deux de Cœur ;
    Ensemble ils procréeront le Trois jusqu’au Dix, Valet, Dame et Roi.
    Deux As de Cœur, cela arrive mais la famille à la dérive
    Provoquera des cas sociaux soumis à des juges impartiaux.

    L’As de Carreau, planque ses sous, de façon sens dessus dessous ;
    Du Deux au Dix, en fin de mois, toute la famille est en émoi
    Mais il s’en va crier famine auprès des Figures qui ruminent
    Et l’expédient à la bataille se faire tuer vaille que vaille.

    L’As de Pique monte la garde, armé d’une grande hallebarde
    Pour défendre un château de cartes comme décrit sur la pancarte
    Qui montre un bien immobilier où tous seront domiciliés,
    Du Deux au Dix, au rez-de-chaussée et les Figures sont exhaussées.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955.

  • Les valets en folie

    Le Valet de Trèfle – dit Lancelot – ne s’laiss’pas aller à vau-l’eau ;
    Il aime la Reine Guenièvre avec tant d’amour, tant de fièvre,
    Qu’il en fait un défi au Roi : pourquoi pas un ménage à trois ?
    Mais en amour comme à la guerre, des alliés, on n’en a guère…

    Lahire, le Valet de cœur, compagnon d’armes souvent vainqueur,
    A aimé Jeanne la pucelle qui lui disait : « Tu m’ensorcelles ! »
    D’un caractère colérique mais d’une bravoure homérique,
    Il a su donner à sa dame une histoire d’amour haut de gamme.

    Hector, le Valet de carreau, n’est pas avocat au barreau,
    N’a pas fait la guerre de Troie mais a quand même servi deux Rois ;
    De Charles VII à Louis XI, il eut la médaille de bronze
    Du grand Ordre de Saint-Michel dont il avait gravi l’échelle.

    Hogier enfin, Valet de Pique, fut l’un des compagnons épiques
    Et fidèles de Charlemagne au cours de nombreuses campagnes.
    En l’an huit cent, le Petit Prince, présent lors du sacre de Reims,
    Accrocha sa rose fragile à ce colosse aux pieds d’argile.

    Jeu de cartes érotique « Le Florentin » de Paul-Émile Bécat, 1955

  • Les Pâquis sur le fil d’avril

    Son nettoyage de printemps achevé, le géant se tourne
    Vers l’avenir qui, par un fil d’éternité, lui communique
    Ce qui va passer par le temps où les météores séjournent
    Et quel sera donc le profil à adopter en sens unique.

    Le temps qui passe ? Peu lui importe ! Immortel est notre géant
    Que les bâtisseurs d’univers ont érigé comme témoin.
    Le temps qu’il fait en quelque sorte ? Il s’en moque sur son séant ;
    Il a traversé tant d’hivers qu’un de plus ou bien un de moins…

    En fait, le géant se demande – car il est de pierre vivante –
    S’il va devoir recommencer à voir la civilisation
    Se montrer toujours plus gourmande jusqu’à provoquer la suivante
    Qui va devoir sur sa lancée faire plus d’abominations.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.