Catégorie : Poésie du dimanche

  • Marie-Nuage-Rose

    Marie-Nuage-Rose

    Écrit à l’encre des cirrus sur la coupole bleu-azur,
    Mère-Nature correspond en lettres météorologiques.
    Simple message ou bien virus d’une écriture en démesure
    Doublé d’une plume qui répond sur ciel épistémologique ?

    C’est bien Marie-Nuage-Rose qui calligraphie ses amours
    En pleine nébulosité avec les oiseaux de passage.
    Pour les distraire d’un vol morose, elle leur annonce avec humour
    L’éventuelle curiosité qui mérite un petit message.

    Si Monsieur le vent rit souvent, Marie-Nuage-Rose pleure
    Chaque fois qu’un amant la trompe avec les nymphes de la nuit.
    Elle prend un air émouvant qui s’assombrit à la malheure
    Et puis grossit et tombe en trombe de larmes en gouttes de pluie.

    Tableau de Beth Conklin.

  • Pause au moulin rouge

    Secrets dans l’envers du décor dans les coulisses du Moulin Rouge
    Où le mystère est son trésor et la création, sa richesse.
    Là, on se prépare le corps, on se vêt, on s’affaire, on bouge,
    On met ses strass, on met ses ors et on s’ajuste à ras-les-fesses.

    Avoir donné de l’insouciance et offert de la joie de vivre
    Lui fatigue autant le sourire que les cuisses et les gambettes
    Il faut jouer de l’impatience du public radieux et ivre
    Et puis on entend les fous rires de noceurs et gens en goguette.

    Qu’il est loin le temps d’une fillette qui prenait des cours en cachette
    Et de danseuse débutante en chorégraphe est devenue.
    Allez ! On remet ses paillettes, on agite un peu les clochettes
    Avec les plumes envoûtantes autour de sa poitrine nue.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • L’été à bicyclette

    Au premier matin du solstice, déjeuner aux fraises des bois
    Et puis salade de saison selon les fleurs de la journée ;
    Pissenlit, violette et mélisse, belle récolte d’un bon poids,
    De l’ail des ours pour la maison, quelques asperges pour ma tournée.

    En pleine chaleur de juillet, petit-déjeuner aux framboises ;
    Les épis de blé sont fauchés, les champs sont tout ratiboisés.
    Quelques touffes à grappiller, un bouquet aux reflets turquoise
    Vite lié, vite ébauché par trois brins d’herbe entrecroisés.

    Dernier soir d’été révolu, goûter aux noisettes et aux mûres.
    Les colchiques sont dans les prés et les premières feuilles s’envolent
    Vers un automne dévolu à les porter dans un murmure
    Et l’ombre allongée des cyprès s’agiter, danseuses frivoles.

    Tableaux d’Igor Medvedev sur http:touchofcolorr.blogspot.com201511igor-medvedev.html .

  • Mosaïques sur lac

    Mosaïques sur lac

    Les hommes imitent la nature et reproduisent sa beauté
    Et leurs maisons au bord du lac en évoquent ses vaguelettes.
    Les bateaux trempent leurs mâtures sur les reflets caillebottés
    Par les flic-floc et les flic-flac de la surface en ondelettes.

    Le miroir renvoie son image et l’homme admire la réponse
    Que la nature fait à son œuvre qu’il croit sortie de Jupiter.
    L’artiste n’y voit qu’un mirage qu’il peint dans des couleurs absconses
    Qui font ravaler la couleuvre à tous leurs fiers commanditaires.

    La mosaïque est tremblotante et ses tesselles plutôt liquides
    Mais j’aime observer l’art sauvage de l’éclat du projectionniste.
    Le lac à la vision flottante me donne une image candide
    Du ciel et de son entourage en un tableau impressionniste.

    Tableau « Malcesine am Gardasee » de Gustav Klimt.

  • Saintes-Maries-de-la-Mer-de-Lavande

    Saintes-Maries-de-la-Mer-de-Lavande

    Dans l’ultra-bleu presque violet, au bord de la mer de lavande,
    Je baigne ma mélancolie qui se dissout dans les tunnels
    Pareils aux vagues inviolées selon les anciennes légendes
    Où les sirènes en folie chantaient en plissant leurs prunelles.

    Dans les infrasons perceptibles qui montent des terres fertiles,
    Je murmure mes bleus de l’âme qui sont diffusés par l’écho
    Qui se propage irréductible comme un infime projectile
    Et se mélange aux oriflammes des plants violines ombilicaux.

    Les Saintes-Maries-de-la-Mer bercent mon cœur entre ses lignes
    Qui se rejoignent à l’infini de l’église au clocher azur
    Qui s’assombrit dans l’outremer lorsqu’au soir les rangées s’alignent
    Et fondent en catimini dans l’ombre au fur et à mesure.

    Tableau de Vincent van Gogh.

  • La force de la farce

    « La force terrassant le lion » est devenu assez banal…
    De nos jours il faut innover si je veux m’faire distinguer.
    Afin de vous damer le pion et déclencher un bacchanal,
    Je m’en vais vous la rénover et même l’envoyer valdinguer.

    Je sais mater le crocodile, le caïman, l’alligator,
    Tous ces sauriens terrifiants en les pliant en portefeuille.
    Et je veux devenir l’idylle de l’affrontement au corps à corps
    S’il le faut en diversifiant sous réserve que mon rival le veuille.

    Le cachalot et la baleine, l’orque, le requin et le phoque
    Avec moi ne font pas un pli face à une véritable garce.
    Je les combats à perdre haleine, presqu’à chaque fois je suffoque,
    Mais après le devoir accompli, l’adversaire apprécie ma farce.

    Tableaux de Bruno Pontiroli sur https:theinspirationgrid.comsurreal-bizarre-animal-paintings-by-bruno-pontiroli .

  • Les filles sauvages

    Mûres & Framboise
    La fille sauvage s’apprivoise par un régime de fruits rouges ;
    Cerises pour la fine bouche, le corps aux mûres adulé ;
    Mamelons, parfum de framboise, durcis aux graines de carouges
    Et longues jambes qui débouchent sur son bonbon acidulé.

    Fraise & Pèche
    Lorsqu’elle ramène sa fraise, il est temps que je me dépêche
    À lui fournir à satiété de quoi faire rougir sa rose.
    En remontant son corps de braise et caressant sa peau de pèche,
    L’amour efface toute anxiété et l’orgasme tait sa névrose.

    Cassis & Chocolat
    Nous ne faisons l’amour qu’assis dans son lit-bateau écarlate
    Qui a l’habitude de se replier en quatre pour me satisfaire.
    Après quelques acrobaties, à la fin je la chocolate
    Pour qu’elle daigne me supplier de lécher tous ses hémisphères.

    Tableaux de Il Pistrice alias Francesca Protopapa sur https:www.boumbang.comil-pistrice .

  • Sainte-Marie-des-Bois

    Sainte-Marie-des-Bois

    Cèdre parmi les conifères, je vivais d’amours et d’eaux fraîches
    Prodiguées au fil des semaines par la nature généreuse.
    Lassée de ma vie florifère, le cœur fou, la tête revêche,
    J’adoptai une forme humaine sur un coup de sève aventureuse.

    Au début, je restai de marbre, n’osant pas avancer d’un pas
    Et d’écrabouiller par mégarde le petit peuple des forêts.
    Hélas, j’étais encore un arbre qui ne se préoccupe pas
    D’écouter ceux que je regarde avec mon air de mijaurée.

    Mais voilà ! Par curiosité je me suis penchée vers ces gens
    Qui m’ont pris pour une déesse de divinité forestière.
    J’en goûte la religiosité mais ce n’est pas encourageant
    Car je ne sais quelles prouesses vont-ils me quêter en prière !

    Tableau d’Edward Robert Hughes.

  • J’en parle à mes papillons

    J’en parle à mes papillons

    Lorsque les oreilles se ferment, c’est qu’elles ne veulent pas entendre
    Ou qu’elles ne sont pas disposées à capter toute mon attention
    Comment faire pousser le germe de la manière la plus tendre
    Qui saura les prédisposer à mes meilleures intentions ?

    J’use de termes guillerets, légers comme des papillons
    Qui porteront comme une plume mes phrases en lettres déliées.
    L’œil s’ouvre avec un intérêt moins soupçonneux, moins tatillon
    Et c’est à tout petit volume que je fais tomber ses piliers.

    Ainsi je parle papillon mais juste de bouche à oreille ;
    Mes phrases sont de mots légers et de lettres aux petites ailes
    Qui entrent dans le pavillon de l’endormi(e) qui se réveille
    De son rêve désagrégé en angora de filoselle.

    Tableau de Moony Khoa Le alias Moonywolf sur http:sweetdreamsart.centerblog.netrub-moony-khoa-le-also-known-as-moonywolf–2.html .

  • Les auras métaphysiques

    Condensation
    L’âme est gazeuse, évaporée de l’esprit en ébullition,
    Quand il se fait condensateur entre la Terre, Dieu et lui-même,
    Comme un nuage phosphoré qui se nourrit d’imbibition
    Par un soleil compensateur qui vaporise ses dilemmes.

    Liquéfaction
    L’âme se répand tout autour du cœur soumis à la passion
    Tandis que les feux de l’amour consument le corps dans son poêle
    Dont la fumée fait des contours, volutes et circonvolutions
    En cercles de plus en plus lourds qui remontent à rebrousse-poil.

    Sublimation
    L’âme sort de la matière grise sous la forme de vapeur d’eau
    Quand les neurones sont à la masse et court-circuitent le cerveau.
    Puis la conscience lâche prise et laisse tomber son fardeau ;
    Un ange passe et le ramasse et tout se remet à niveau.

    Tableaux d’Agostino Arrivabene sur https:shewalkssoftly.com20140719agostino-arrivabene .

  • Ces singes qui nous gouvernent

    Le singe de la santé
    N’étant pas le porte-parole qui tripatouille de belles phrases,
    Le premier des singes préfère laisser s’exprimer sa maîtresse
    Qui faut le pitre et le mariole mais avec maintes périphrases
    Qui mêlent tiédeur et colère qui tournent en feux de détresse.

    Le singe de l’économie
    N’ayant ni l’oreille musicale ni la patience pour l’écoute,
    Le deuxième singe fait confiance aux sources de sa propriétaire
    Qui masque la dette fiscale que tous ses électeurs redoutent
    Derrière l’insignifiance de ses échanges monétaires.

    Le singe de l’intérieur
    Ni œil-de-lynx, ni de faucon, ni des yeux d’aigle ou de vautour,
    Le troisième singe se réfère au point de vue de sa patronne
    Qui le maintient dans un cocon avec protection tout autour
    Mais quand les refus prolifèrent, il pousse le mot de Cambronne.

    Tableaux de Sophie Wilkins sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201204sophie-wilkins-canadian-magic-realism.html .

  • Cœur de feu

    Cœur de feu

    Mon cœur de feu brûle et consume mes petits amants de passage
    Comme fagots maigres et trop secs qui s’embrasent d’un feu de paille.
    Je cherche quelqu’un qui s’assume — sans pour autant être trop sage —
    Dont la qualité intrinsèque serait un bois de bonne taille.

    Comme vieilli en fût de chêne, un combustible spiritueux
    Qui flambe sans dilapider l’énergie de ses sentiments.
    Un buisson ardent qui enchaîne maints jeux d’amour délictueux
    Et dont le fruit vient valider nos neuf mois de mûrissement.

    Et si le foyer de ton cœur, garni de pierres réfractaires,
    Veut accueillir mon carburant afin de s’embraser ensemble,
    Laissons l’amour alambiqueur chauffer nos corps-nus volontaires
    Pour consumer l’air comburant de nos bouches qui se rassemblent.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Le cœur verrouillé

    Le cœur verrouillé

    Toutes ces vieilles clefs rouillées qui voudraient bien ouvrir mon cœur
    Me poussent à l’ultra-protéger contre toute forme d’effraction.
    Seul pourra le déverrouiller mon petit prince, mon vainqueur,
    Pas un idiot, le cœur léger, qui le ferait par distraction !

    Celui qui force ma serrure pourrait s’en aller la clef basse ;
    Qui se sert d’un passe-partout, à tout jamais, serait banni !
    Un homme bardé de ferrures se retrouverait dans l’impasse ;
    Un soupirant de rien du tout m’agacerait de litanies !

    Je sais que je suis difficile et qu’il n’y a de prince charmant
    Que celui que mon cœur transforme par l’amour et par la patience
    Je ne suis pas fille facile et j’attends l’homme désarmant
    Dont l’essence prendra la forme de l’âme-sœur de ma conscience.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • La bouche en cul de papillon

    La bouche en cul de papillon, juste six mots qui se dévident
    Sauf que tout juste prononcés, les voici devenus tempête.
    Tempête dans le tourbillon d’un verre d’eau à moitié vide…
    Que voulez-vous ? J’ai renoncé à vivre sans tambour ni trompette.

    Parfois mes mots sont en accord avec la triste actualité
    Mais alors ils paraissent tristes et exempts de tout optimisme.
    Si je les tourne en désaccord envers votre réalité,
    Vous me jugerez égocentriste et surchargé de pessimisme.

    J’ai trouvé une solution : écrire dans les réseaux sociaux ;
    Ainsi mes mots seront noyés dans l’océan des vanités.
    Si j’ai pris la résolution d’écrire ces vers asociaux,
    Sans doute me suis-je fourvoyé à écrire cette insanité.

    Ces photos pourraient être de Céline Excoffon.

  • Le pays de la douche

    Des pays où sans être timide, il fait bon vivre, entièrement nu,
    J’en visite un chaque matin au moment de prendre la douche.
    Son climat est assez humide et ses averses soutenues
    Mais le bonheur est vite atteint si je n’ fais pas la fine bouche.

    Derrière un rideau de pudeur qui garde toute la vapeur,
    Les pores ouverts, je transpire à grandes glandes sébacées.
    Je m’étudie dans l’impudeur et j’évacue toutes mes peurs
    Avec la buée que j’expire une fois le corps décrassé.

    Sans trop être exhibitionniste, j’examine mes attributs
    Que je regarde du bout des doigts, la main tremblante mais tentante.
    Dans l’infini expansionniste des deux miroirs, je distribue
    Quelques caresses, comme il se doit, enrobées de crème hydratante.

    Photos de Mikhail Shestakov sur https:vk.comclub3889576 .

  • La porte du crépuscule

    Quand le jour referme la porte du crépuscule par l’interstice,
    Juste à l’instant du rayon vert, l’ange de nuit déploie ses ailes.
    Tous les démons qui l’insupportent guettent une occasion subreptice
    Pour se glisser à découvert dans le dos de la demoiselle.

    Mais Morphée dans la nuit d’onyx, garde de manière intangible
    Le seuil en tirant la tenture tissée des rêves impénétrables.
    Jusqu’à ce que vienne le Phénix dont l’action inintelligible
    Autorisera l’ouverture d’un nouveau jour impondérable.

    Seulement voilà, l’ange de nuit commence à douter de lui-même.
    Tout seul jusqu’au lever du jour, il estime sa vie infâme.
    Les années passent et il s’ennuie ; personne ne lui dit « je t’aime »
    À part Morphée, depuis toujours, mais l’ange préfère les femmes.

    Tableau de Kinuko Y. Craft.

  • Rêver aux étoiles

    Rêver aux étoiles

    Dans les trous noirs de mes nuits blanches, lorsqu’il n’y a rien à explorer,
    Je fais ce que Dieu à ma place aurait fait… et alors je crée.
    Souvent les mots en avalanches tombés des mémoires éplorées
    Se décantent dans la mélasse d’un poème à leur consacrer.

    Parfois je lis sur ma tablette, en lettres blanches sur fond noir,
    Des mots en étoiles filantes dans l’infini de l’interface.
    Parfois ma soif reste incomplète alors j’enfile mon peignoir
    Et je trinque à la rutilante Lune gibbeuse sur ma terrasse.

    Et les mots s’affichent en couleurs et la page m’ouvre ses portes ;
    Je traverse un champ de lecture et prends la voie des vers ferrés.
    J’arrive en Gare des Douleurs attraper le bus qui transporte
    Les rêveurs en soif d’aventure sur un air de Léo Ferré.

    Tableau de Hajin Bae.

  • L’amour vert

    La sexualité des arbres, souvent incomprise des hommes,
    Ne laisse pourtant pas les femmes indifférentes envers leurs charmes.
    Les religions restent de marbre sur les sylvestres chromosomes
    Et jugent la question infâme sans même y verser une larme.

    Pourtant ces amours invisibles en forêts profondes s’enchaînent ;
    Les arbres mâles et femelles s’accouplent en chœur, petits et grands
    Quand leurs passions imprévisibles annoncent leurs noces de chêne,
    Toute la flore alors s’emmêle pour leur souhaiter beaucoup de glands.

    Nos femmes, beaucoup plus sensibles, ressentent le lien de la sève
    Comme des sœurs apparentées à l’arbre de la vie cosmique.
    Et l’envie irrépréhensible de les prendre en leurs bras relève
    D’un désir de complimenter cette sororité karmique.

    Tableaux de Tomazs Alen Kopera.

  • Le troisième œil

    L’œil solaire
    Par une lumière solaire d’un premier rayon éphémère,
    L’intuition donne une vision connectée vers notre intérieur,
    Et depuis l’étoile polaire jusqu’à la Terre, notre mère,
    Nous en sentons les prévisions projetées au monde extérieur.

    L’œil animal
    Par le premier cri de la vie poussé par la petite voix,
    Notre subconscience instinctive parle directement au cœur.
    Sage est l’esprit qui se ravit d’écouter et suivre la voie
    D’illumination inductive connexe à l’âme du vainqueur.

    L’œil lunaire
    Par une présence lunaire qui rythme le cycle du temps,
    Nous ressentons dans la matière l’arborescence de l’amour.
    Comme une partie lacunaire, un vide se répercutant
    De la nature tout entière qui nous fait vivre chaque jour.

    Tableaux de Tomasz Alen Kopera sur https:www.grahamfineart.comtomasz-alen-koperatomasz-alen-kopera-1.php .

  • Une perle pour l’Univers

    Une perle pour l’Univers

    À l’origine de l’Univers ? Un tout petit grain de poussière !
    Mais il gêne tant le cosmos qu’il sécrète la Voie Lactée
    Dont le lait produit mille vers qui l’entourent de bras de lumière
    Jusqu’à ce que prenne l’osmose d’une galaxie réfractée.

    Ainsi Dieu au commencement procrée une perle de vie
    Enrobée d’anges dont la nacre devient énergie et matière.
    Après cet ensemencement, ce Dieu s’apaise, il est ravi
    Et le lendemain se consacre à l’humanité tout entière.

    Toutes les civilisations qui se sont imposées sur Terre
    N’ont pas l’air d’avoir reconnu cette mission dont elles disposent.
    Sauf si leurs réalisations, même si elles s’avèrent délétères,
    N’aillaient dans le sens inconnu du Plan Divin qu’Il nous impose.

    Tableau de Dana Lynne Andersen.

  • Jardin d’une nuit éternelle

    Jardin d’une nuit éternelle

    Ah, que mon âme se complaît en joignant ma propre âme-sœur
    Lorsque mon côté féminin paraît un instant éphémère !
    Enfin mon être est au complet comme au temps béni précurseur
    Où je n’étais qu’ange bénin avant d’être enfant de ma mère.

    Mais si choisir, c’est renoncer, quel déchirement fatidique
    De perdre son autre moitié tant que durera l’existence !
    Pour moi, la mort est annoncée comme la phase véridique
    Où je suis à nouveau entier mais dans une autre consistance.

    Par bonheur l’amour vient combler la faille d’où naît ce complexe
    Et permet la reconnexion du yin et du yang dissociés.
    L’homme et la femme rassemblés connaissent le plaisir du sexe
    Et la joie de la conception par leurs chromosomes associés.

    Tableau de Yoann Lossel.

  • Femmes-fleurs au printemps

    Au printemps l’ivresse des fleurs fait basculer les romantiques
    D’effervescentes phéromones que la nature distribue.
    Et les jeunes filles en pleurs subissent l’effet aromatique
    De leurs corps saturés d’hormones et de leurs nouveaux attributs.

    Les yeux sont le reflet de l’âme et l’on y voit le temps qu’il fait
    Dans leurs cœurs tantôt bien moroses ou tantôt tout émoustillés.
    Dans ce regard passe la flamme de quelques désirs stupéfaits
    Par des amours à l’eau de rose ou des promesses vite oubliées.

    Mais les couleurs reviennent vite afin que l’âme s’en nourrisse
    Et que leurs corps mettent en route le support d’un jardin fertile.
    Bientôt répondront à l’invite les papillons vers la matrice
    Aux nervosités en déroute pour un coup de trompe érectile.

    Tableaux de Maria Pace Wynters.

  • Le sourire musclé

    La théorie
    Puisque l’amour, c’est la santé, commençons donc à attirer
    En musclant nos zygomatiques pour plaire d’un air de vainqueur
    Sur un visage innocenté par un vrai sourire soutiré
    Au réseau des nerfs sympathiques puisé dans la source du cœur !

    La pratique
    Une fois que c’est bien compris, oublions notre théorie
    Et démontrons-en la pratique avec un peu d’entraînement !
    Coupons le canal de l’esprit qui viendra a posteriori
    Et laissons le cœur empathique diriger nos enchaînements.

    La réalité
    Puisqu’il faut se jeter à l’eau, ne craignons pas le ridicule ;
    Un sourire communicatif, se répand comme traînée de poudre !
    Tel le soleil dans son halo, crevons de notre denticule
    Notre embarras limitatif et gagnons-y un coup de foudre !

    Tableaux de Lisa Aisato sur https:www.boredpanda.comsurreal-illustrations-lisa-aisato?media_id=3057426&utm_source=pinterest&utm_medium=social&utm_campaign=organic .

  • L’oiseau-trompette et Vénus Anadyomène

    L’oiseau-trompette et Vénus Anadyomène

    Bien sûr, une seule hirondelle ni même deux ne font le printemps
    Et non, aucun oiseau trompette ne déclenche aucun ouragan.
    Mais comment un battement d’aile de papillon, un court instant,
    Peut-il provoquer la tempête voire un cyclone extravagant ?

    Se produit-il, ce phénomène, quand le volatile en question
    Affronte les intempéries et que la pluie s’intensifie ?
    Surgit Vénus Anadyomène qui donne en tant que suggestion :
    « Souvent la météo varie et bien fol l’oiseau qui s’y fie ! »

    Entre l’attraction de la Lune et de Mars conjointe à Vénus,
    Les Météorologues doutent que leurs influences soient très nettes.
    Quant à Jupiter et Neptune, ainsi que Saturne et Uranus,
    Je crois qu’ils n’y comprennent goutte sur les humeurs de la planète.

    (Tableau de James Jean.
    Anadyomène signifie « surgie des eaux » en grec ― on en apprend tous les jours.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La femme-papillon

    La femme-papillon

    La femme papillon s’habille de dentelle ;
    De toiles d’araignées, de vers à soie tissés
    En guise de cotillon, de porte-jarretelle
    Et de musc imprégné sur ses ailes hérissées.

    Mais lorsque la pluie tombe, elle cherche un abri
    De crainte que ne fonde sa robe vaporeuse.
    Quand vient l’orage en trombes sous un ciel assombri,
    Sa nudité profonde la rend bien malheureuse.

    Mais elle bénéficie de solidarité
    Envers les libellules qui lui offrent un refuge
    À ses péripéties et sa précarité
    Par d’étanches ombellules sûres et calorifuges.

    Tableau de Troy Brooks.

  • Enceinte éternellement

    Avant la vie, après la mort ? Que lui importe au petit ange ?
    Pour lui le monde est limité à son univers intérieur.
    Il ne connait aucun remords, il se contente des échanges
    Dans sa moelleuse intimité sans contact avec l’extérieur.

    Parfois sa planète bascule et parfois elle reste immobile
    Mais il n’existe ni de temps ni de distance à parcourir.
    Juste un étrange tentacule qui à l’occasion l’obnubile
    Mais qui lui paraît important, sans doute pour le secourir.

    Il n’aura aucun souvenir mis à part la voix de sa mère
    Qu’il a toujours à sa portée bien à l’abri dans sa maison.
    Toujours est-il que l’avenir prévoit son congé éphémère
    Car il va se téléporter mais… est-ce à tort ou à raison ?

    Tableaux de Steven Kenny sur https:www.kaifineart.comstevenkenny?m=1 .

  • La renaissance

    Si je ne vis pas plusieurs fois, je change plusieurs fois de vie.
    Elle commence par une trompe d’éléphant surnommé Fallope
    Qui me transbahute, ma foi, à la rencontre d’une envie
    Arrivée en un coup de pompe, gigotant comme une antilope.

    Et voilà comment j’ai atteint le premier barreau de l’échelle
    Où chaque année est un degré où je dois faire des progrès.
    Que je sois, du soir au matin, enfant riche ou romanichel,
    Je vais devoir y intégrer mes joies, mes peines et mes regrets.

    Bien sûr, l’échelle se termine et j’en ai beaucoup enterrées
    Mais il leur manque le curseur qui grimpait inlassablement.
    Il faudra bien que j’y culmine mais mes deux anges ont interêt
    De faire de moi le précurseur vers un nouveau raccordement.

    Tableaux de Beth Conklin.

  • La vie en rose

    La vie en rose

    Mon film n’est pas « la vie en rose », du moins pas toujours, pas tout l’temps,
    Car je ne reste jamais fixé sur un coin de ma pellicule.
    Certains clichés semblent moroses mais, alignés à contretemps,
    Reflètent un bonheur remixé, en prenant bien sûr du recul.

    Cette vie que je croyais plate s’est révélée comme une fleur
    Qui s’ouvre et qui s’épanouit à l’aube d’un matin de printemps.
    Le blues en devient écarlate arrosé de larmes et de pleurs
    Et le chagrin s’évanouit d’en voir ses faveurs à plein temps.

    Pour ne pas rester sur ma faim quand viendra ma métempsychose,
    J’espère n’avoir plus d’ennemi à récurrence destinale.
    Mais puisque tout a une fin, j’en ferai une apothéose
    Où je convierai mes amis à ma Sainte Cène finale.

    Tableau de Mihai Criste sur http:sweetdreamsart.centerblog.netrub-mihai-criste-.html .

  • Deo gratias in blues

    Deo gratias in blues

    L’âme du violon semblait faite pour glisser sur sa robe en blues
    En paysages liturgiques avec des doubles et des alias.
    L’archet courrait monter au faîte de la petite corde jalouse
    Des pizzicatos démiurgiques qui créaient le Deo gratias.

    Lorsqu’elle arrête de jouer, le silence ressemble au silence
    Qui succède après le final et qui reste toujours du Mozart.
    Et dans sa quiétude enjouée, ce calme trouve son équivalence
    Avec le geste original d’un Dieu qui créerait par hasard.

    Elle vous donnera l’illusion de jouer les bleus de son âme
    De son doigté le plus précieux qui s’envoleront dans l’azur
    À la vitesse de diffusion de l’onde qui sert de sésame
    À l’ouverture en clef des cieux dont un ange bat la mesure.

    (Tableau d’Abner Recinos.
    « Elle semblait faite pour glisser, en robe blanche, dans des paysages liturgiques, une branche de lis ou un rameau d’or à la main. » — Octave Mirbeau, Le colporteur)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Mérou au secours !

    Tout en haut de ma tour d’ivoire, j’appelle un mérou de secours
    Avant de plonger dans les rêves et nager dans leurs eaux profondes.
    Juste une fuite provisoire qui soit mon ultime recours
    Seulement pour cette nuit si brève où j’oublierai un peu le monde.

    J’aime sentir ce lâcher prise et chuter éternellement
    Dans les airs à tombeau ouvert, sécurisée par le mérou.
    Le songe étant plein de surprises, je le serre fraternellement
    En lui disant à mots couverts de m’emmener jusqu’au Pérou.

    Hélas mon rêve est éphémère et je suis désavantagée
    Car je n’ai pas plus d’avenir qu’avait la Belle-au-Bois-Dormant.
    Au matin le prince des mer me rend mon baiser engagé
    Et je me réveille au souvenir de mon petit mérou charmant.

    Tableaux de Nicoletta Ceccoli.

  • Les sirènes atlantes

    Deux descendances différentes vivent ensemble au fond des mers.
    D’une part, les filles de Neptune, en queue de poissons héritée ;
    Puis, les atlantes proliférantes dans les abysses outremer
    Depuis la chute inopportune de l’Atlantide déméritée.

    Elles ont conservé leurs deux jambes – les pieds palmés mais pas les mains –
    Adaptées à tous les milieux, amphibies par transmutation.
    Particulièrement ingambes, elles prennent souvent le chemin
    De Paris et de sa banlieue, puis en métro jusqu’à Nation.

    Mais lassées de l’humanité, elles rentrent en fin de semaine
    Et rapportent les souvenirs aux petits poissons attentifs.
    Restant loin de l’inanité de notre société humaine,
    Elles préfèrent suivre l’avenir depuis l’océan préventif.

    Tableaux d’Annie Stegg.

  • Nuit d’Onyx

    Nuit d’Onyx

    Discrétion, silence et mesure, l’ange de nuit répand son ombre
    Et tisse un écheveau obscur qui plonge la Terre en sommeil.
    Le jour s’enfuit dans l’embrasure poursuivant le soleil qui sombre
    Flanqué du fidèle Mercure dans un dernier rayon vermeil.

    Ange ou démon ? Je m’interroge sur ses véritables desseins
    Et cette étrange accoutumance qu’instaure le marchand de sable.
    Fatalement nul ne déroge à ce rituel sacro-saint
    Malgré toute la véhémence de ma quête inassouvissable.

    Les plus beaux rêves sont tissés dans la chevelure de nuit
    Qui me reconnecte au réseau du chœur des étoiles qui songent.
    Étoiles noires métissées d’astres et de comètes qui fuient
    Comme s’envolent les oiseaux qui migrent au pays des mensonges.v

    Tableau de Kaysha Siemens.

  • L’autre côté du miroir

    L’autre côté du miroir

    Tous les miroirs de ma maison accèdent à un autre côté,
    Un genre d’univers inversé, mais qu’ils m’interdisent de franchir.
    Je ne sais si j’ai eu raison mais je les ai tous boycottés
    Jusqu’à c’ qu’ils soient controversés et acceptent de m’affranchir.

    Depuis je peux passer ma tête, un bras, une jambe, une main
    Mais je reçois un bol d’eau froide et parfois carrément un seau.
    Ils sont farceurs mais je m’entête à y découvrir un chemin,
    Même si c’est une porte étroite, pour m’y retrouver au verso.

    Alors pour fair’ fondre la glace puisque le miroir est poli,
    Je m’ suis reflétée en parlant d’une voix pointue et étroite,
    Puis nous avons changé de place, mon double et moi, à la folie,
    Et depuis je parle en verlan et confonds ma gauche et ma droite.

    Lorsa pour raif’ drefon la cegla quepuis le roirmi est lipo,
    Je m’ suis téeflére en lantpar d’une voix tuepoin et troitée,
    Puis nous vonsa géchan de cepla, mon bledou et moi, à la liefo,
    Et puisde je lepar en lanver et fondcons ma chegau et ma tedroi.

    Tableau de Natalie Shau.

  • La danse des Samodiva

    Les trois sorcières solidaires ne sont pas descendantes d’Ève
    Mais de Lilith ou Artémis selon l’histoire non écrite.
    Sauvages et de vies solitaires, chaque année elles renouvellent
    Leurs liens en suivant les prémices que leur nature leur a prescrites.

    Alors elles invoquent leur mère qui apparaît tel un phénix
    Dans le feu ardent dont les flammes les embrassent de leur chaleur.
    Elles redeviennent chimères et montent dans la nuit d’onyx
    Rejoindre et réunir leurs âmes sacrées aux divines valeurs.

    Comme une naissance d’étoile, les filles ont fusionné leur mère
    Et créent de nouvelles énergies pour les diriger sur la Terre.
    Alors retombent comme un voile des étincelles éphémères
    Qui se transforment en synergie fertilisante, élémentaire.

    Premier tableau d’artiste inconnu ; deuxième et troisième tableaux d’Eduardo Rodriguez Calzado sur https:eduardorodriguezcalzado.com .

  • Féminité sacrée

    La vierge clôture l’été, c’est déjà le temps des colchiques ;
    Les feuilles commencent à tomber malgré la chaleur persistante.
    On l’aperçoit se refléter sur les eaux sombres métapsychiques
    Des lacs et étangs surplombés par sa psyché inconsistante.

    La mère est enceinte en automne ; elle gardera neuf mois son fruit
    Et subira une alchimie archangélique en son bassin.
    Sa grossesse paraît monotone mais à l’intérieur se construit
    Une inviolable biochimie qui métamorphose en son sein.

    L’enchanteresse ferme l’hiver et annonce le renouveau
    De primevères en perce-neiges, de boutons d’or en pâquerettes.
    En accord avec l’univers qui met les saisons à niveau,
    Elle exécute son manège, fraîche émoulue et guillerette.

    La sorcière charme le printemps, surtout les nuits de pleine Lune
    Où elle adore danser nue autour d’un feu avec ses sœurs.
    Mais elle donne des cours à plein temps aux quatre filles de Neptune,
    Jeunes sirènes ingénues, qui nécessitent un professeur.

    Tableaux de Tamara Phillips sur https:www.tamaraphillips.ca .

  • Coup de foudre

    Coup de foudre

    Un coup de foudre au crépuscule lors de son dernier rayon vert
    Qu’il adresse, tel un message, à l’astre féminin du soir.
    Celle dont le croissant bascule l’embrasse alors sous le couvert
    De l’ombre qui prend le passage au jour en lui disant « bonsoir ».

    Juste un baiser et disparaît le Soleil amoureux déçu
    De n’avoir pas d’autre occasion sous la discrétion des étoiles
    Qui taisent lorsqu’il réapparaît combien la Lune était fessue
    Lors d’une éclipse d’évasion durant la danse des sept voiles.

    Quand vient la nuit de Lune rousse, des faubourgs de la Voie Lactée
    Le Soleil lance un billet doux cacheté d’étoiles filantes.
    Sept jours après, quand se rebrousse le temps de s’être contacté,
    Les astres fuient, on ne sait d’où, vivre leurs amours ambulantes.

    Tableau de Marta Orlowska sur https:www.behance.netMoonOnRoof .

  • L’amie-nid des oiseaux

    L’amie-nid des oiseaux

    J’ai pondu un chagrin d’amour dans un œuf couvé dans mon nid
    Et les p’tits oiseaux dans ma tête l’ont fécondé dans la douleur.
    Un jour est né mon Désamour ; un poussin qui a le génie
    D’égosiller des cris de bête et des reproches roucouleurs.

    Alors j’ai arraché l’amour, cautérisé la plaie du cœur
    Et nettoyé les cicatrices de mes passions désavouées.
    J’ai regardé avec humour − un humour noir, vif et moqueur −
    La trace purificatrice que les oiseaux m’avaient tatouée.

    Est-ce une maladie d’amour ou une maladie de vivre
    Que de passer son temps à pondre pour le meilleur et pour le pire ?
    Est-ce que s’arrêtera un jour ? Ce n’est pas écrit dans les livres
    Car pas un seul ne sait répondre au vague à l’âme dont je soupire.

    Tableau d’Elisa Anfuso sur https:formsofchaos.tumblr.compost189217611178supersonicart-elisa-anfuso-paintings-surreal .

  • La robe dérobée

    Derrière le rideau d’une grande couturière,
    Petite retoucheuse se livre à sa besogne.
    Ses yeux de péridot et l’âme aventurière
    Incitent la bêcheuse à agir sans vergogne.

    Plutôt que comparaître comme voleuse à la tire
    Et qu’elle ne reparte sans la robe aux saphirs,
    Pour faire disparaître l’objet de ses désirs,
    Un simple tour de cartes ne pourrait y suffire.

    Mais la robe précieuse n’était qu’une vitrine ;
    Un écrin pour les pierres qu’on range tous les soirs
    La fille capricieuse à petite poitrine,
    Authentique fripière, l’a volée dans le noir.

    Tableaux de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • L’imagination

    Dans ma tête en colimaçon lorsque j’étais petit garçon,
    J’étais comme un poisson dans l’eau dans mes pensées méli-mélo.
    Je retournais tout l’univers que je voyais tout à l’envers
    D’où partait tout un écheveau en direction de mon cerveau.

    Un jour mon crâne se recycla et mon corps vola en éclats ;
    Le bassin se brisa trois fois et je fis ma crise de foi.
    Une voix qui se prétendait Dieu m’a révélé mon crime odieux
    Et mon esprit à contrecœur céda son pouvoir à mon cœur.

    Demain, ma cervelle d’oiseau prendra le chemin des réseaux
    Angéliques ou bien diaboliques si ce n’est pas très catholique.
    Sans doute mon imagination verra avec fascination
    Comment c’est de l’autre côté une fois l’âme désasticotée.

    Tableaux de Mihai Criste sur https:www.irancartoon.comsiteartistsmihai-criste .

  • Lily Magnolia

    Lily Magnolia

    Un soir de terrible tempête, une jardinière effarouchée
    S’accroche désespérément au pédoncule d’un magnolia.
    Le ciel, n’en faisant qu’à sa tête, pour le plaisir d’escarmoucher,
    L’expédie délibérément dans un jardin de camélias.

    « – Prends garde à toi, Lily-Follette, à voyager en fleur violette
    Tu risques de te fracasser ! » dit un jardinier affolé.
    « – Je ne suis pas une femmelette et ta remarque est obsolète.
    Bye-bye, je ne fais que passer ! » répond-elle comme un feu follet.

    Soudain un éclair détonant déchire le ciel et l’espace.
    La fleur décolle déchaînée, Lily agrippée à sa tige.
    Magnifique spectacle étonnant, sépales et jupon qui s’effacent
    Avec un fondu enchaîné de deux roses à la voltige.

    Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .déjà utilisé le 20.06.2021 « Sale temps sur la planète ! ».

  • Rose-des-Étoiles

    Rose-des-Étoiles

    Dans un univers de dentelles, aiguilles, fuseau, filet, crochet,
    Dieu a tissé la Voie Lactée en forme de toile arachnéenne.
    Tous les astres qui la constellent s’en sont tellement rapprochés
    Que leurs orbites ont contracté une courbe hyperboréenne.

    Car la Dentelière Divine a crocheté les galaxies
    Cousues dans un mercerisage d’onyx enveloppé d’un voile.
    Après cela, je le devine, plongée en pleine ataraxie
    Dieu la nomma, je l’envisage, au titre de Rose-des-Étoiles.

    Rose-des-Étoiles, quel joli nom que celui que porte mon ange
    Raccommodeur et repriseur dont je descends le long du fil
    Et qui a brodé mon prénom au même rang que les archanges
    Pour que je sois thésauriseur de tout l’amour qu’il me profile !

    (Tableau de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1
    L’ataraxie est la tranquillité de l’âme, la quiétude.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’arbre de toutes les vies – 2

    L’arbre de vie universel s’est imposé dans la nature.
    Soit végétal, soit animal, c’est toujours le même schéma.
    Et même dans la moindre parcelle on retrouve sa signature
    En plus infinitésimal comme inévitable Karma.

    J’aime marcher dans la forêt et je dirige mes antennes
    Du pied des arbres jusqu’aux faîtes pour canaliser leurs fréquences.
    Je sens des éclairs phosphorés qui me rattachent par centaines
    Et je redeviens le prophète qui se recueille en conséquence.

    Je ne sais comment cela fonctionne mais je sens mon âme impliquée
    Dans le fantastique réseau au-delà du monde atomique.
    Ce que la flore me ponctionne est certainement dupliqué
    Dans les rayons et les fuseaux qui tissent les cordes cosmiques.

    Tableaux de Tamara Phillips sur https:www.tamaraphillips.ca .

  • L’arbre de toutes les vies – 1

    Comment naquit de la matière la vie au cœur de ses atomes
    Et d’un processus minéral muter au stade arboricole ?
    Cette évolution sans frontière laisse-t-elle des traces fantômes
    Comme un processus général de transformation floricole ?

    La nourriture si vitale a provoqué le mouvement
    Et la vie devint animale afin de se développer.
    Par mutations congénitales et des millions d’accouchements,
    L’histoire se choisit optimale pour commencer son épopée.

    Tandis que l’homme se détache de ses racines obstétricales,
    Les femmes restent reliées à la vie en priorité.
    Et j’aime celles qui me rattachent à ce cordon ombilical
    Qui remonte au règne oublié qui s’appelait « Sororité ».

    Tableaux de Tamara Phillips sur https:www.tamaraphillips.ca .

  • Le parfum

    Le parfum

    Du labyrinthe des odeurs jusqu’au dédale des parfums,
    Où vous cachez-vous odorantes petites fragrances de charme ?
    Vous attirez le maraudeur − sans doute alléché aux embruns −
    Qui cherche de ravigotantes essences dépourvues d’alarmes.

    Invisibles et imperceptibles sauf au nez possédant un flair
    Capable de remonter la piste jusqu’à sa profonde racine.
    Sentez-vous cette irrésistible exhalaison qui flotte en l’air,
    Précieux message d’un artiste alchimiste dans son officine ?

    Je suis l’explorateur fidèle − natif du chien, signe chinois −
    Et je recherche les arômes qui me font rêver l’odorat.
    L’amour envoie à tire-d’aile ses phéromones à mon minois ;
    Je flaire leurs pistes jusqu’à Rome vers le forum et l’agora.

    Tableau de Christian Schloe.

  • L’étoile recueillie

    L’étoile recueillie

    Mon cœur d’étoile fut recueilli par la fille du firmament
    Un jour qu’il faillit se noyer dans la mer de sérénité.
    Mon âme s’est enorgueillie quand, présenté à ma maman,
    J’eus l’impression d’être choyé pendant toute une éternité.

    Pour montrer ma reconnaissance, je promis pour autant de vies
    Qu’il y a d’étoiles dans le ciel de vivre dans le cœur des hommes.
    C’est ainsi qu’à chaque naissance, je brille d’un gène qui ravit
    Ce petit homme providentiel dans l’assortiment du génome.

    Peu m’importe si, ici, je brille et si, là, je reste un peu terne ;
    Je représente tout l’ensemble du ciel alternativement.
    Un jour comète qui part en vrille, un jour étoile subalterne,
    L’Univers en moi qui rassemble la vie avec ravissement.

    Tableau d’Alla Tsank sur https:allatsankfineart.comArtist.asp?ArtistID=44641&AKey=B782DLQ2&ajx=1#!pf161943_im7 .

  • La semeuse d’étoiles – 2

    Cueillir les étoiles filantes ne se pratique qu’en pleine Lune.
    La semeuse doit courir très vite ; elle a donc pris une apprentie.
    Une chatte blanche et vigilante qui, au temps jadis, cherchait fortune
    Avec un chat noir anthracite que l’histoire n’a pas démenti.

    La chatte aux yeux couleur de lune est habituée à sa clarté
    Et guette chaque mouvement des fugaces aérolithes.
    Grâce à cette aide, fort opportune, elle sait parfaitement écarter
    Oreilles et yeux jalousement au moindre rayon insolite.

    À l’aide des queues fécondantes des comètes à saturation,
    Le retour des deux émissaires luit d’une intime connivence.
    Cette récolte surabondante promet que la maturation
    Donnera le moût nécessaire à leur élixir de jouvence.

    Illustrations de Noëlle T. sur https:www.noelleillustration.com .

  • La semeuse d’étoiles – 1

    Recueillir toutes les étoiles une nuit de nouvelle Lune,
    Privilégier les plus brillantes accrochées aux faîtes des chênes,
    Se hâter avant que ne se dévoile une première aube inopportune
    Qui repousse l’émoustillante cueillette en lunaison prochaine.

    Prendre le canard omnibus et semer au long du chemin
    Les étoiles dans la rivière qui viennent illuminer ses eaux ;
    Au premier cumulonimbus, prendre son courage à deux mains
    Et quitter vite la civière avant de se tremper les os.

    Il faut attendre une semaine afin que le croissant accueille
    Toutes les étoiles germées comme de minuscules phares
    Qui quittent la petite humaine assise au rebord de sa feuille
    Avant de voir se refermer leurs reflets sous le nénuphar.

    Illustrations de Noëlle T. sur https:www.noelleillustration.com .

  • Tempête rose

    Tempête rose

    L’amour comme une tempête rose dépose un pollen de velours
    Sur le parvis de ma mémoire quand je commence à revenir.
    Il laisse quelques pensées moroses dans le cœur qui devient balourd
    Car il contient dans son semoir toutes les graines du souvenir.

    Sur le chemin de mon retour, je pense à celle que j’ai quittée
    Et me souviens de ses baisers et de la chaleur de ses mains.
    Il me semble qu’aux alentours apparaît en toute équité
    Son tendre visage apaisé lorsque je lui dis « à demain ».

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • La clef de la maturité

    La clef de la maturité

    Juste derrière les hublots de mes yeux braqués sur le monde,
    L’esprit dirige les manettes de mon fier vaisseau corporel.
    Et pour compléter le tableau, un navigateur le seconde,
    Relié au cœur de la planète par un organe intemporel.

    Mais souvent l’esprit crie trop fort et l’intuition peine à répondre
    Car mon troisième œil est bouché par excès d’incrédulité.
    Seul le cœur peut fournir l’effort pour m’empêcher de me morfondre
    Mais pour cela, il faut l’attoucher d’une preuve de maturité.

    Tableau de Shiori Matsumoto sur https:iamachild.wordpress.comcategorymatsumoto-shiori .

  • L’amour volé

    Brunante
    J’irai te voir à la brunante quand le jour baissera les yeux
    Quand la lumière déclinante hésitera au bord du bleu
    J’irai te voir quand le pelage d’encore chien et bientôt loup
    Assombrira le paysage quand l’horizon deviendra flou.
    Et nous attendrons la noirceur avec moi tu n’auras pas peur.

    Couchante
    Puis quand le soleil fatigué se couchera sur les collines
    Je volerai l’astre rougi pour qu’il me réchauffe le cœur.
    J’irai, sur la Lune intriguée par cette insolite rapine,
    Lire, éclairé par la bougie de cire du soleil moqueur.
    Et nos deux corps effarouchant s’amadoueront en se touchant.

    Imminente
    Avant que l’aube ne décide l’horizon de pointer son nez,
    Je permettrai juste au Soleil d’envoyer un premier rayon
    Pas trop afin qu’il ne dévide toute sa pelote illuminée
    Dont je garderai en sommeil un bout fixé à mon crayon.
    Et nous quitterons nos toisons et tomberons en pâmoison.

    Sonnante
    Ding dong avant que sonne l’heure de l’aurore qui marque son point,
    Je lancerai l’astre à la mer pour faire un dernier ricochet.
    Tandis que changent les couleurs et que le jour revient de loin,
    Nous fuirons son faisceau amer lorsque nous irons nous coucher.
    Et nous n’attendrons pas le jour dérobé pour faire l’amour.

    (Tableaux de Christian Schloe sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201306Christian-Schloe.html?m=1 .
    La première strophe « Brunante » est de la main de la merveilleuse et regrettée Anne Sylvestre.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.