Catégorie : Poésie du dimanche

  • Illusio in unguento, in vino veritas

    L’illusion n’émet pas d’odeur malgré son flacon débouché
    Qui laisse sentir l’envoûtement dans des volutes embaumées.
    Point n’ai besoin de décodeur pour voir ce leurre retouché
    À grands coups de glougloutements pulsés de sa fiole empaumée.

    Depuis l’arôme de la pomme, les mensonges sentent le roussi,
    Les tentations empuantissent et les escroqueries empestent.
    J’aspire à lire un nouveau tome dans un paradis sans souci
    Pour que le mal s’anéantisse de lui-même par la malepeste !

    Le vin cache sa vérité sous une robe vermillon
    Qui laisse aviser les rondeurs et tous les charmes de l’alcool.
    Sa force et sa témérité, comme les ailes d’un papillon,
    Créeront un trouble en profondeur dans mes esprits cavernicoles.

    Depuis la cuite de Noé et l’ivresse de la Pentecôte,
    Les mots me font tourner la tête dans des promesses politiques
    En pots-de-vin désavoués qui se décomposent et cocotent
    Avec demandes et requêtes vers un monde apocalyptique.

    « Illusio in unguento, in vino veritas» : Illusion dans le parfum, vérité dans le vin.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https://www.chieyoshii.com

  • Les roses de paradis

    Chaque jour j’achetais des roses pour les semer à tous les vents,
    Les voir s’envoler sur la mer d’une vague rouge enflammée.
    Jusqu’à en avoir la névrose d’associer au soleil levant
    L’œuvre que mon art éphémère se plaît au ciel à déclamer.

    Car j’aime déclarer ma flamme par devant les quatre éléments
    Comme une vestale d’amour qui veille sur son feu sacré.
    Plaise à mon cœur, plaise à mon âme de consacrer obstinément
    Chaque pétale de velours à sa demande consacrée.

    Mes roses forment une prière qu’évoquent toutes leurs corolles
    Par des tons plutôt que des mots et des litanies de couleurs.
    Les épines restent en arrière, les pétales portent mes paroles
    Qui me lavent de tous les maux qui ont crié mille douleurs.

    Texte inspiré des « Roses de Saadi » de Marceline Desbordes-Valmore

    Tableau de Jonas Burgert sur http://improvvisazionipoetiche.blogspot.com/2017/03/la-linea-di-piombo-jonas-burgert-al.html

  • La femme qui venait de l’azur

    Belles sirènes dont l’existence n’est connue que des initiés,
    Vos cousins pionniers intrépides sont partis conquérir l’azur !
    Leurs corps prirent la consistance des pluies et des vents nourriciers
    Et leurs yeux autrefois limpides bleuirent au fur et à mesure.

    Sirènes d’air aussi légères que des nuages ascensionnels
    Et dont les tribus tout entières ont quitté les marées esclaves,
    Peuplent mes envies passagères et mes rêves les plus passionnels
    De m’affranchir de la frontière d’une gravité qui m’enclave.

    L’une d’elles a croisé ma route lors d’une chute dans les montagnes
    Et m’a soutenu dans l’éther dans une étreinte anesthésique.
    Mon corps désormais en déroute du souvenir de sa compagne
    Me laisse le cœur solitaire et l’âme à jamais amnésique.

    Illustration d’Alexandre Mahboubi sur https://www.artstation.com/alex-mabb

  • Biographie d’une femme-fleur

    Déjà bébé, la femme-fleur, aux pétales tout potelés,
    Séduit d’un sourire charmant, toujours aux anges évidemment.
    Premières larmes, premiers pleurs et la voici remodelée
    À coups de serpes et de sarments que la vie porte vaillamment.

    À l’heure des jeunes filles en fleur, on la célèbre sous toutes formes ;
    Bouquet discret de séduction, bouquet sacré de mariage.
    Bouquet de toutes les couleurs, gerbe aux nuances uniformes,
    Bouton d’or en introduction au plus érotique voyage.

    La femme-fleur ne fane pas. N’est-elle pas une fleur immortelle ?
    Fleurette qui s’altère le nuit ressuscitera au matin.
    Elle s’épanouit sans faux pas sous autant de plis, de dentelles,
    S’évanouit, puis s’amenuit le soir dans ses draps de satin.

    Tableaux de Anna & Elena Balbusso sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2014/02/Anna-Elena-Balbusso.html

  • Dans la famille Fleur, je voudrais…

    Dans la famille Fleur, je voudrais une rose
    En couleur irisée de gouttes de rosée.
    Arrosée de mes pleurs sous un soleil morose
    Au fond d’un cœur brisé et l’âme névrosée.

    Cette fleur qui grandit d’amour immaculé
    Refleurit dans mon corps un matin de printemps.
    Pétales d’organdi où vont s’accumuler
    P’tits bonheurs en accord au ton de l’air du temps.

    Mais la rose se fane sans perdre de beauté,
    Puis ride son calice et dessèche sa tige.
    Le jardinier profane lui croit sa vie ôtée ;
    Le rêveur, sans malice, y voit fleur de prestige.

    Tableaux d’Anna & Elena Balbusso sur https://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2014/02/Anna-Elena-Balbusso.html

  • Où est le chat de l’écrivaine ?

    Il est là où il ne faut pas et n’est pas là où on l’attend
    Mais quand le maître est écrivain ou la maîtresse, femme de lettres,
    Alors le chat n’est pas sympa et devient suppôt de Satan
    Ou égérie de droit divin selon le souffle à lui transmettre.

    Celui de Shakespeare, coquin, était un matou choupinou ;
    Le chat scénique de Molière manifestait beaucoup d’humour ;
    Ceux des auteurs américains dorment toujours sur leurs genoux
    Et ceux des femmes romancières miaulent sur les romans d’amour.

    Illustration de Trina Schart Hyman

  • Cœur d’étoile

    Du vide est venue la lumière et la parole, source de vie,
    Créées dans le cœur des étoiles où un dieu forgea son empire
    D’une symphonie de matière dans un tempo inassouvi
    Dont les anges ont tissé la toile pour le meilleur et pour le pire.

    Et je sens l’écho dans mon cœur comme une vibration fantôme
    Accordée au verbe divin dont mon âme se fait l’essence ;
    Petit esprit alambiqueur qui aspire à être l’atome
    Qui constituera le levain pour élever la connaissance.

    Mon cœur d’étoile s’est ouvert lorsque j’ai brisé la coquille
    De mes contrôles et mes limites qui m’occultaient ma subconscience.
    Par cet interstice entrouvert de fêlures qui me fendillent,
    Je vois l’origine des mythes et l’insoutenable omniscience.

    Tableau de Heather Thornton

  • Obsession féminine

    J’ai longtemps cherché l’héroïne qu’était l’idéal féminin
    Parmi les brunes et les blondes, les rousses aux cheveux embrasés.
    Un marc gorgé de caféine au malt saturé de tanins
    M’a révélé des furibondes âmes-sœurs à apprivoiser.

    J’ai pris les chemins de traverse parmi les mondes fantastiques
    À la recherche de ma promise bien loin de mes contrées natales.
    J’ai pérégriné de converse avec des filles bombastiques
    Mais j’y ai mouillé ma chemise sans trouver la femme fatale.

    J’ai vécu avec une meuf qui m’a capturé dans sa toile
    Et m’a conservé vingt-six ans pour élever nos deux enfants.
    Mais en traversant le Pont-Neuf, la tête ailleurs dans les étoiles,
    J’ai fait un plongeon suffisant pour fuir ce foyer étouffant.

    Justement, dans les hautes sphères, au-delà des chaînes alpestres,
    J’ai rencontré ma dulcinée, artiste-peintre passionnée.
    Dans cette nouvelle atmosphère, au milieu des vallées sylvestres,
    Mes pauvres ailes calcinées ont pu se reconditionner.

    Comics américains un peu partout sur la planète

  • Prête-moi ta plume

    Le pied du mur voit son maçon, le clair de Lune voit son poète,
    Le lac voit son temps suspendu et le ciel ses chasseurs d’étoiles.
    Je collecte ainsi ma moisson de petits bonheurs où je souhaite
    Redécouvrir l’inattendu et ses mystères qui s’en dévoilent.

    La plume en guise de canot sur une étendue insipide
    M’offre toujours un imprévu qui crève l’écran de l’azur.
    L’encre en manière des canaux s’agite en vagues intrépides
    Qui, d’un reflux de déjà-vu, grandissent au fur et à mesure.

    Pareil à Morphée qui m’endort, ma muse m’envoûte et m’emmène
    Derrière les coulisses terrestres vers les royaumes de l’invisible.
    L’esprit paré de toison d’or redécouvre maints phénomènes
    Que mon cœur et mon âme orchestrent en aventures imprévisibles.

    Illustrations d’Akira Kusaka sur https://akira-kusaka-illustration.tumblr.com

  • Infiniment vôtre

    Les années succèdent aux années, les mêmes images se répètent
    Comme l’absolu des miroirs qui s’interrogent l’un et l’autre.
    Douze mois déjà surannés par une force centripète
    Sont déjà rangés au tiroir, salués d’un infiniment vôtre.

    Douze autres mois pleins d’avenir vont passer au moulin du temps
    Et ressasser les mêmes guerres, mêmes crises et mêmes terreurs.
    Les anciens jours du souvenir parleront aux jours débutants
    Sans toutefois comme naguère éviter les mêmes erreurs.

    Cette hideuse répétition ressemble à l’enfer de Sisyphe
    Roulant sa Terre jusqu’au sommet pour repartir au même rythme.
    Casser cette malédiction serait une action décisive
    Pour s’éveiller à point nommé d’après un nouveau paradigme.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’année de l’avenir

    Quand la fin d’année se rapproche, j’observe la navigation
    De mon vaisseau spatial terrestre dans sa cabine de vigie.
    J’attends que mon regard accroche la treizième constellation
    Soumise au signe de Sylvestre dont mon chat dresse l’effigie.

    Minuit moins soixante secondes, dernière minute de l’année ;
    Nous fonçons à travers l’espace à la vitesse du futur.
    Quelques étoiles vagabondes escortent une micellanée
    De météorites qui passent pour célébrer l’investiture.

    Minuit sonnantes tous azimuts, nous franchissons l’étroit passage
    Qui petit à petit s’écarte dans les bras de la galaxie.
    Çà et là des astres permutent leurs phares suivant le traçage
    Que je relève sur les cartes, tous les sens en catalepsie.

    Enfin voici le nouveau monde d’un espace-temps inédit
    Où nous pourrions changer de vie pour une autre organisation
    Sortant des conditions immondes d’un passé lourd de discrédits
    Pour le quitter sans préavis et rallier l’illumination !

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les femmes-chamanes du nord

    Au-delà du cercle polaire, pays de la nuit éternelle,
    Lorsque le soleil pour six mois ferme le rideau de ténèbres,
    Dans des igloos alvéolaires, les cérémonies maternelles
    Préparent les femmes en émoi aux rituels qui les célèbrent.

    Depuis le pôle magnétique jusqu’aux grands réseaux telluriques,
    Elles dirigent l’énergie de toutes les mères du monde
    Au patrimoine génétique enrichi des forces ferriques
    Qu’elles stimulent en synergie de mille transes furibondes.

    Et lorsque revient la lumière, elle rendent grâce à l’Univers
    Qui a transformé leurs demandes en fait accompli, désormais.
    Elles restent toujours les premières à braver été comme hiver
    Ce froid que leur corps recommande pour les conserver à jamais.

    Illustrations de Jean-Sébastien Rossbach sur https://www.cfsl.net/chamanes-le-nouveau-livre-de-jean-sebastien-rossbach

  • Les femmes-chamanes du sud

    Dès le tropique du cancer où la chaleur est souveraine,
    Vivent les filles du Soleil, filles de Lune et des étoiles.
    Toutes pratiquant de concert les vieilles traditions pérennes
    Où les prêtresses se relayent par leur beauté qui se dévoile.

    À l’équateur, l’astre solaire parle aux vestales solitaires
    Qui vivent nues pour recevoir l’émanation qui les nourrit.
    Leur nudité protocolaire leur offre un grade autoritaire
    Que leur tribu sait percevoir au même rang que les houris.

    Jusqu’au tropique du Capricorne, sous la forêt amazonienne,
    Se sont répandues les guerrières, gardiennes des terres sacrées.
    Sacralisées de doubles cornes, arborant leur région pubienne,
    Elles vivent des transes aventurières d’hommes à la semence nacrée.

    Illustrations de Jean-Sébastien Rossbach sur https://www.cfsl.net/chamanes-le-nouveau-livre-de-jean-sebastien-rossbach

  • Les femmes-chamanes de l’est

    Franchis au-delà des Carpates avant la chaîne de l’Oural,
    Tu trouveras dans les vallées et les forêts orientales
    Les ancestrales naturopathes, mères herboristes et culturales
    Qui cueillent et distillent l’azalée pour ses vertus fondamentales.

    On les qualifient de sorcières, alchimistes et magiciennes
    Car elles sont initiées des anges à tous les trésors de la Terre.
    Sans doute fières et outrancières mais authentiques praticiennes
    De la magie, cet art étrange, clef des secrets et des mystères.

    Elles incarnent les armes vivantes, soldates du féminin sacré,
    Seins nus afin de confirmer l’appartenance au gynécée,
    Cette sororité savante qui est à jamais consacrée
    À protéger et affirmer leur sexuelle panacée.

    Illustrations de Jean-Sébastien Rossbach sur https:www.cfsl.netchamanes-le-nouveau-livre-de-jean-sebastien-rossbach .

  • Les femmes-chamanes de l’ouest

    Au-delà du pays des Celtes, de l’Ankou et des Korrigans,
    Si tu traverses l’Atlantique en direction de l’occident,
    Tu connaîtras des femmes sveltes aux vêtements extravagants,
    D’une beauté si authentique que l’éclat paraît dissident.

    Parées de plumes et peaux de bêtes sur leurs personnes tatouées,
    Elles détiennent les secrets de la nature sauvagine.
    Parures d’oiseaux sur la tête pour plaire aux dieux amadoués,
    Poitrines aux seins nus consacrées à nourrir leurs fils androgynes.

    Quant à leurs filles immaculées, toutes favorites des dieux,
    Elles sont fécondées à leur tour par des anges érotomanes.
    Ainsi tout est articulé autour du féminin radieux
    Qui règne en paix aux alentours du pays des femmes-chamanes.

    Illustrations de Jean-Sébastien Rossbach sur https:www.cfsl.netchamanes-le-nouveau-livre-de-jean-sebastien-rossbach .

  • L’étreinte fleurie

    L’étreinte fleurie

    Dites-le-lui avec des fleurs, étreignez-la avec des roses,
    Embrassez-la avec des lys, aimez-la avec des lilas.
    Séchez-lui doucement ses pleurs, rassérénez son cœur morose
    Et rappelez-lui les délices qu’un jour son âme assimila.

    Ainsi les fleurs révèlent en elle les secrets de la création ;
    L’homme ne serait qu’une clef et la femme, serrure complexe
    Mais d’une forme originelle qui permet la procréation
    Continuellement recyclée par l’épanouissement des sexes.

    Tableau de Nicolas Nadja.

  • La pêche aux souvenirs

    La pêche aux souvenirs

    J’ai tant de trous dans ma mémoire que je creuse pour la retrouver
    Et parfois j’y découvre un vide où un avion pourrait voler.
    Dans cette énorme cavité noire où mon vertige est éprouvé
    J’envoie toutes mes sondes avides de mes souvenirs envolés.

    Graduellement, des luminaires éloignés s’y sont dépêchés ;
    Régulièrement, la pleine Lune s’y promène en toute innocence.
    D’après les tables solunaires, j’en profite pour aller pêcher
    Des réminiscences de fortune enfouies au fond de mon enfance.

    J’ai recouvré tous les fragments de mon cœur d’étoile brisé
    Quand l’amour allait à vau-l’eau de mes désirs à contresens.
    J’en recolle tous les segments ; il est presque cicatrisé.
    Demain je ferai du vélo dans mon crâne vide de sens.

    Tableau d’Andrej Mashkovtsev sur https:ghoti-and-us.tumblr.compost180996938912andrej-mashkovtsev-her-good-friend-mackerel .

  • Dieu… et ses femmes

    L’épouse de Dieu – car elle existe – est brune et rien ne lui résiste.
    Sans doute sa couleur de cheveux lui octroie de faire ce qu’elle veut.
    Cheveux d’ébène, reflets de jais, d’une main ferme dirigeait
    La maison de la Trinité depuis plus d’une éternité.

    La sœur de Dieu – drôle de frisure – possède une toison d’azur
    Qui s’accorde avec ses yeux pers, parfois turquoise ou outremer.
    D’humeur changeante et sans raison, elle produit en toutes saisons
    Des créatures chimériques, licornes et sirènes d’Amériques.

    La mère de Dieu – il n’en a qu’une – blonde sans hésitation aucune
    A créé fées et Walkyries pour parer aux gamineries
    Des anges qu’elle doit surveiller du matin jusqu’à la veillée
    Et dont elle détient leurs cœurs d’or cachés dans la boîte de Pandore.

    La fille de Dieu – c’est une coquine – espiègle déesse rouquine,
    Garde la faune saine et sauve, protégée de sa robe fauve.
    Elle envahit tous les automnes nos cœurs de langueur monotone
    Qu’elle ravive tous les printemps d’amours à un rythme éreintant.

    Illustrations d’Enki Bilal.

  • Le mariage est-il un échec ?

    Quand il part seul, quand elle part seule, sur le grand chemin de la vie,
    Ni l’un ni l’autre ne connaît les règles et la finalité.
    Le jeu semble cruel et veule, personne n’est du même avis ;
    D’ailleurs chacun se reconnaît agir dans la légalité.

    L’adolescence marque les limites et chacun doit choisir son camp ;
    On fortifie son propre groupe mais on couche avec l’ennemi.
    Tout cela consolide le mythe de tous les corps à corps fréquents
    Et lorsque déborde la croupe, on a tous besoin d’accalmie.

    Mais un combat ne suffit pas, d’autres rencontres sont prévues ;
    Matches amicaux, matches d’intérêts, matches qui comptent pour le mérite.
    Ils durent parfois jusqu’au trépas d’un combattant, c’est l’imprévu
    Où le rescapé atterré ne gagne qu’un triomphe démérite.

    Tout ça pour ça, pour terminer une fin de course en solitaire
    Et toutes les parties perdues laissent toujours un goût amer.
    Restera-t-on déterminé à mettre un sens prioritaire
    Au sexe désormais éperdu, sauveur, sadique et victimaire ?

    Illustrations d’Enki Bilal.

  • Les romans policiers

    Les romans policiers

    J’aime ces livres labyrinthes appelés « romans policiers »
    Truffés de couloirs et d’intrigues qui vous perdent entre les lignes.
    Le suspense devient une étreinte et le lecteur, un justicier
    Car progressivement il brigue d’en interpréter tous les signes.

    Curieusement certains dédales sont bâtis sur le même plan ;
    Une fois qu’il est assimilé, on le parcourt les yeux fermés.
    Une fois le pied sur la pédale, l’ôteur crée des faits ressemblants
    Comme une sorte de fac-similé qui sent un peu le renfermé.

    Ô esprit d’Agatha Christie, esprits de Maurice Leblanc,
    Conan Doyle, Jean-Christophe Grangé, Fred Vargas, Georges Simenon,
    Revigorez-nous, sapristi, thrillers, polars de but en blanc
    Et éloignez ces étrangers au club des auteurs de renom !

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:www.designstack.co201702surreal-paintings-that-whisper-message.html .

  • Winterthur in Switzerland

    Une aventure en Switzerland ; départ Winterthur centre-ville.
    Montez en direction du Nord, traversez le Lac de Constance,
    Continuez jusqu’en Hollande, demandez l’officier civil
    Qui se prénomme Éléonore, pour une visite de circonstance.

    Si vous gardez le même cap, vous rencontrerez mes cousins
    À l’embouchure du Saint-Laurent, pays d’un éternel hiver.
    Mais on contourne le handicap en s’entraidant entre voisins
    Ce qui, pour les gens ignorants, est assez rare dans l’univers.

    Tournez tout autour de la Terre, passez l’Océan Pacifique,
    Promenez-vous en Océanie, courez la mappemonde australe,
    Puis regagnez ma salutaire petite ville mirifique
    Et rendez-vous « Chez Stéphanie » pour une tournée magistrale.

    (Illustration de Lilian Caprez ;
    Stéphanie y tient la boutique « Pain & Fromage » et ses dégustations sont délectables.)

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La fille de Lilith

    Parmi les filles de Lilith qui se sont auto-reproduites,
    J’en ai connu un spécimen qui avait beaucoup de bagout.
    Elle n’était pas très prosélyte et avait changé de conduite
    En préférant vivre un hymen avec un terrien à son goût.

    Elle m’aborda à la terrasse d’un café noir à la vanille
    Et me proposa de la suivre sans autre forme de procès.
    Bien que je ne la désirasse, j’emboîtai le pas à la fille
    Et ce qui aurait dû s’ensuivre s’est avéré un franc succès.

    D’une copulation frénétique, elle prit mon flot séminifère
    Et devint vite rondelette tandis que j’étais en retrait.
    De son patrimoine génétique et l’héritage de Lucifer,
    Elle accoucha d’une angelette qui lui ressemblait trait pour trait.

    Tableaux d’Andrej Mashkovtsev sur https:foxword.livejournal.com166536.html .

  • Mais où sont passées les vestales ?

    Le chat parti, les souris dansent et puis reviennent les vestales ;
    Ce sont nos matous disparus qui sourdent à travers les plinthes.
    Quand vacille la flamme en cadence d’une bougie sur piédestal,
    On voit leurs âmes comparues revenir miauler leurs complaintes.

    Quand ses neufs vies sont dépensées, le chat accède à sa retraite
    Et revient selon les saisons en robe de féminité.
    Mais pour ne pas nous offenser, en apparence de soubrette,
    Il vient fleurir notre maison dans toute sa félinité.

    Toutes les chattes de mon enfance reviennent régulièrement
    À travers portes et volets pour somnoler dans mon armoire.
    Chaque vestale pour ma défense fait fuir spectaculairement
    Démons et autres feux follets, tous délogés de ma mémoire.

    Tableaux de Prasanna Weerakkody sur https:prasannaweerakkody.com#xl_xr_page_gallery%201 .

  • La fuite par le jardin

    La fuite par le jardin

    La petite porte par derrière qui s’ouvre tout au fond du jardin,
    Me fait sortir de la maison discrètement sans être vu.
    Après je remets la barrière qui se bloque à l’aide d’un gourdin
    Et je disparais sans raison à donner, ni vu ni connu.

    Je n’ai plus qu’à faire l’inverse pour revenir furtivement
    Sans que ce soit qui me trahisse et qui apparaisse au grand jour.
    J’aime ce chemin de traverse qui répond impulsivement
    Lorsque des envies m’envahissent pour fuir les dialogues de sourds

    Tableau de Pierre-Auguste Renoir.

  • La chaîne des rêves

    La chaîne des rêves

    La chaîne des rêves à la main, formée de pensées authentiques,
    M’ouvre une voie étroite d’ombres, puis m’entraîne et même m’emporte.
    Et je m’élance sur ce chemin vers des voyages romantiques
    Peuplés de rencontres en nombre de ce que l’amitié comporte.

    Curieusement la nudité de l’être devient un sésame
    Qui sait déverrouiller les cœurs, les corps et les esprits retors.
    Au début, par timidité, je n’osais contacter leurs âmes
    Mais l’amour est toujours vainqueur et ses prouesses sont pléthore.

    J’y vois des brebis égarées, des faunes et des biches aux abois
    Avec lesquelles j’aime apprendre de nouveaux défis à braver.
    Dans ces univers chamarrés, j’y ai croisé au coin d’un bois
    Des anges qui m’ont fait comprendre combien il est doux de rêver.

    Tableau de Beatrice Romaine Brooks sur http:aracelirldeloleoalcincel.blogspot.com202003beatrice-romaine-brooks.html .

  • La tournée du chat bleu-blanc-noir

    La nuit, les chats ne sont pas gris mais carrément ultra-violets
    Presque transparents sur les toits et confondus dans les ruelles.
    Ni malingres, ni rabougris, mais, dans le décor, étiolés
    Prêts à surgir d’un air matois sur leurs proies d’une patte cruelle.

    Potron-minet, sans faux-semblants, les matous guettent le réveil
    Des maîtres en quête de pitance au prix même de quelques rapines.
    Puis, la tête dans leurs culs blancs, ils se mettent en état de veille
    Comme s’ils faisaient pénitence d’une état d’âme galopine.

    Mais à l’heure entre chien et loup, matou se transforme hardiment,
    Prêt pour la tournée du chat noir, pour le grand rôle de sa vie
    Avec tous les minets jaloux et les minettes en ralliement
    Résonneront dans les manoirs leurs doléances à l’envi.

    Tableaux de Jean Metzinger.

  • Vénération féline

    Un gène hérité des panthères – ancêtre aussi noir que salace –
    Se traduit dans cette posture entre deux rayons de lumière.
    Au début, chat complémentaire qui a su occuper sa place,
    Il pose avec désinvolture telle Vesta dans ma chaumière.

    Depuis que je l’ai adopté, son ombre est un souffre-douleur
    Car il s’étale désormais sur tous les murs de la maison.
    Il s’est parfaitement adapté, m’en fait voir de toutes les couleurs
    Et s’est assorti à jamais dans tous les tons de la saison.

    Devenu chat supplémentaire par deux miroirs en vis-a-vis,
    Il s’est dupliqué sans raison dans l’infinité du présent.
    Dans cette optique élémentaire, lui et moi sommes du même avis :
    Je suis de trop dans ma maison face à ce chat omniprésent.

    J’en rêve le jour et la nuit, cauchemar frisant le délire ;
    Il s’émancipe et s’initie en milliard de petits minous.
    Je ne sais plus ce qui me nuit ; sans doute veut-il m’avilir
    À l’adorer comme un messie qui serait venu parmi nous.

    Illustrations de Mitch Itsallinsideus sur https:lustik.tumblr.compost677169715304677376mitch-itsallinsideus .

  • En robe dorée

    En robe dorée

    Au Paradis, lorsque j’y suis, un seul fantasme me poursuit ;
    Je m’y remarie tous les jours avec une femme, chacune son tour.
    Si tous les hommes font comme moi, nos nuits d’amour au fil des mois
    Deviennent lunes de miels dorées avec maintes épouses adorées.

    À coup sûr, parité oblige, les femmes en retour nous infligent
    De sélectionner leurs maris parmi les beaux gosses marris
    De ne pas avoir celles qu’ils veulent d’après leurs critères assez veules.
    Ainsi finalement c’est l’enfer mais franchement faut pas s’en faire…

    Car l’Éternel est féminin et, le ciel se montrant bénin,
    Dieu m’aura, je crois, acculé avec l’âme-sœur immaculée
    Que j’épouse en robe dorée et, pour l’avoir sainte-honorée,
    Une seule chair naturellement nous relie éternellement.

    Tableau de DibuMadHatter.

  • Fragments d’une belle inconnue

    Fragments d’une belle inconnue

    Que reste-t-il après l’amour transmis d’une belle inconnue
    Qui aurait traversé mes rêves durant la chaleur d’une nuit ?
    Quelques fragments au petit jour dans le brouillard qui s’insinue
    Et trouble en trois secondes brèves le souvenir qui s’amenuit.

    Et je remonte le chemin la nuit suivante et les prochaines
    Pour retrouver l’enseignement qui a illuminé mon cœur
    Mais si mon âme perd la main sur les indices qui s’enchaînent,
    J’en sentirai les saignements qui m’égratignent de rancœur.

    Or si j’apprivoise mes songes et si je m’en fait obéir,
    Je trouverai les raccourcis qui me ramèneront à elle
    Sans laisser la voie du mensonge me perturber et m’éblouir
    Mais au contraire m’endurcir d’une rêverie sexuelle.

    Tableau « Danae » de Gustav Klimt.

  • Fluctuations immobilières

    Ces merveilleux fous d’architectes et leurs drôles de mégastructures
    Nous offrent parfois des maisons aussi absurdes que loufoques.
    Leurs fondations paraissent suspectes et s’aventurent vers des ruptures
    Du bon sens et de la raison dans une folie équivoque.

    Les porte-à-faux m’incitent à croire qu’ils vont me tomber sur la tête ;
    Les défis à la gravité me donnent l’impression de tomber.
    Tout ce qui inspire la gloire d’un maître d’œuvre qui s’entête
    Ne sont pas faits pour éviter catastrophes et retombées.

    Mais j’exagère et après tout, le serpent se mordant la queue,
    Je verrai les derniers étages au niveau du rez-de-chaussée,
    Des escaliers vers n’importe où, des ascenseurs si belliqueux
    Qu’ils me retiendront comme otages si je n’me suis pas déchaussé.

    Montages de Victor Enrich sur https:www.pixfan.comvictor-enrich-paysage-urbain-reinvente .

  • Femmes démultipliées

    Doublez les jambes d’une femme et invitez-la à danser
    Un mouvement à quatre temps ; vous la verrez s’exécuter
    Comme si elle valsait sur des flammes qui la forcent à se cadencer
    Dans le feu de l’action autant qu’un ballet russe azimuté.

    Doublez ses membres supérieurs, elle deviendra une déesse
    Capable de vous prodiguer plus de caresses tentatrices.
    Mais gare au retour postérieur qui développera ses prouesses
    Pour vous demander d’alléguer tous ses désirs et ses caprices.

    Si deux têtes valent mieux qu’une, on n’est pas sorti de l’auberge
    Car les deux cerveaux parallèles multiplieront ses aptitudes.
    D’ailleurs sans retenue aucune, il est possible qu’elle gamberge
    Pour contourner la bagatelle quatre fois plus que d’habitude.

    Tableaux de Shiori Matsumoto.

  • Où est le perroquet ?

    Où est le perroquet ?

    Pour vivre heureux, vivons cachés, n’est-ce pas Monsieur le Perroquet ?
    Disparaître dans le décor semble une bonne protection !
    Jusqu’à quand vas-tu t’attacher à tous ces fruits bons à croquer
    Qui ne cacheront plus ton corps au moment de la décoction ?

    Et chaque jour je le recherche et, chaque jour, je le reperds.
    Comme un petit enfant espiègle difficile à évaluer.
    Véritable ami ou faux derche ? Sans doute les deux font la paire
    Pour me faire douter des règles et finalement… évoluer

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’appel de la cigogne

    Vêtue d’une robe gigogne et d’un bustier en réduction,
    Madame la naturaliste joue la personnification.
    Elle guette le retour des cigognes en quête de reproduction
    Et d’instinct traditionaliste envers leurs nidifications.

    Demain matin la pouponnière ou demain soir, dernier délai,
    Elles accueilleront vos commandes de bébés fraîchement couvés.
    Ainsi la cigogne pionnière et son équipage au complet
    Satisferont toutes demandes pour votre bonheur approuvé.

    Illustration de Michael Parkes sur https:www.theworldofmichaelparkes.comartistsmichael-parkesoriginal-hand-pulled-stone-lithographs .

  • Couleurs océaniques – 2

    Toujours mes voyages insomniaques dans l’univers de mes nuits blanches
    Où un phare éclaire ma route pour franchir les quatre horizons
    Tel un pilote démoniaque qui perce dans ces avalanches
    De fortes vagues en déroute pour me sortir de ma prison.

    Tandis que la Lune persiste à m’attirer dans son sommeil,
    La mer se creuse des tourments qui m’ont frappé dernièrement.
    Alors l’astre de nuit m’assiste de son étrange halo vermeil
    Pour apaiser les flots gourmands d’alimentaire verdoiement.

    Parfois j’aborde des pays vierges de toute connaissance ;
    Une île nue, un continent, un monde perdu biscornu.
    Je reste un moment ébahi, puis je pars en reconnaissance
    Pour rencontrer un pertinent fragment d’un principe inconnu.

    Tableaux de Loren D. Adams sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201401Loren-Adams.html?m=1 .

  • Couleurs océaniques – 1

    Quand mes nuits blanches se prolongent, je pars, voyageur solitaire,
    Faire une course autour du monde parmi des rêves outremarins.
    Tandis qu’un soleil rouge allonge son rayon vert velléitaire
    Au-dessus des eaux furibondes sous un clair-obscur azurin.

    Vagues aux couleurs opalines contre lames ensanglantées
    Se livrent une dernière bataille sous un crépuscule malséant.
    Les ruisseaux d’algues corallines par le soleil ébouillantées
    Saignent sur la mer aux entailles qui cicatrisent l’océan.

    Ainsi mon âme quitte mon corps pour retrouver ses origines
    Dans mon élément maternel toujours agité par les vents.
    Sans doute me poursuivent encore de fantomatiques androgynes,
    Lointains ancêtres éternels au rayonnement survivant.

    Tableaux de Loren D. Adams sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201401Loren-Adams.html?m=1 .

  • Laura Lunaire

    Laura, pleinement circonscrite à la sphéricité lunaire,
    Exécute à date donnée une cérémonie rituelle.
    Depuis longtemps elle s’est inscrite à de mystérieux séminaire
    En vue de, ce jour, s’adonner à la lunaison spirituelle.

    Comme Atlas qui porte le monde, elle soutient la pleine Lune
    En moulant sa rotondité de tout son buste à l’épigastre.
    Tout en méditation profonde et sans modération aucune,
    Elle ressent dans sa nudité toute la puissance de l’astre.

    Après elle fera l’amour au Soleil quand paraîtra l’aube
    En partageant son énergie avec l’astre inséminateur.
    Puis, lentement, jour après jour, dans l’intimité de son aube
    Naîtra l’enfant en synergie avec l’univers créateur.

    Tableau de Dorina Costras sur https:fineartamerica.comprofilesdorina-costras .

  • L’expérience du fer

    L’expérience du fer

    Du fait que l’œuf est riche en fer, je prends des bains dans ma coquille
    De jaune enrichis d’ions ferriques, ferreux et surtout magnétiques.
    Puis je laisse la nature faire avec la Terre qui écarquille
    Son rayonnement tellurique sous un Soleil énergétique.

    Puisque je n’ai qu’une seule vie, sans aucune possibilité
    De vérifier mes expériences et mes erreurs à juste titre,
    Je ne peux suivre que mes envies, mes intuitions si limitées
    Mais qui me font prendre conscience que j’aime bien mon libre arbitre.

    Avec l’expérience du fer, sans doute serais-je plus aimante
    Avec un cœur galvanisé par un fort courant séducteur ?
    J’espère aussi vous satisfaire avec mes facultés d’amante
    Et mes amours dynamisées par mon corps supraconducteur.

    Tableau de Vladimir Kush sur https:www.contioutra.comvladimir-kush?amp=1 .

  • Dentelles femmes, il y a…

    Aujourd’hui on tombe le voile – ou du moins on peut l’entrouvrir –,
    L’ajourer de jolies dentelles pour laisser passer la lumière.
    Très fines afin que se dévoilent deux jolis seins à découvrir
    Qui montrent enfin la femme telle qu’elle est dans son âme première.

    Dentelles vertes pour les vierges, dentelles bleues pour les nubiles ;
    Petites fleurs et papillons, figuratifs ou arabesques.
    Et pour que la grâce converge aux coins des lèvres volubiles
    Une voilette en croisillons pour parler d’amours romanesques.

    Ce serait bien pour les chrétiens de revêtir ainsi Marie
    Et d’en affubler tous les saints, le pape et pourquoi pas Bouddha.
    Notons aussi que l’entretien serait consacré au mari
    Qui, lui, porterait à dessein juste un pull sur un bermuda.

    Tableaux de Lisa Wright sur http:lisawrightartist.co.ukworknew-work .

  • Sous la lumière noire

    Lueurs courbées et féminines aperçues dans l’obscurité
    Par le troisième œil intuitif embrasent le désir de mon cœur.
    Ombres d’étoiles sibyllines qui viennent à maturité
    Défier l’organe sensitif comme un simulacre moqueur.

    Mais le rideau de nuit s’écarte et l’ange femelle apparaît
    Sortant de dimensions obscures qui sont les coulisses du ciel.
    Tendrement elle abat ses cartes et mon anxiété disparaît
    Entre ses bras qui me procurent la chaleur de son potentiel.

    Une fois nourrie de l’essence de mes sentiments prodigués,
    Elle pratique un rituel afin d’enfanter en son sein
    Un être de luminescence dans les ténèbres endiguées
    Par des rayons spirituels issus d’un astre noir enceint.

    Photos de Burak Bulut sur https:www.burakbulut.orgblack-light .

  • Les violons de l’automne

    Les violons de l’automne

    Que deviennent les notes mortes d’une rhapsodie automnale ?
    Sans doute vont-elles dans les airs pour lancer d’autres inspirations
    Qui renaîtront de toutes sortes de danses et de bacchanales
    Qui pleuvront sur les monts déserts et les vallées d’habitations.

    On les découvre éparpillées dans tous ces oiseaux migrateurs
    Qui se rassemblent, le bec rempli de pizzicatos éreintants.
    Certaines sont écharpillées par des piafs vociférateurs
    Mais le miracle s’accompli par une reprise au printemps.

    *

    Tableau de Pablo Picasso.

  • Le petit port d’automne

    Le petit port d’automne

    Les mâts perdent leurs voiles mortes qui, hier encore, claquaient au vent ;
    Les coques se couvrent de rouille et battent pavillon d’automne.
    Les oiseaux volent en cohorte et se rassemblent sur les auvents
    Des maisons du port qui se mouille de vaguelettes monotones.

    Les brumes opaques du matin floutent les barques des pêcheurs ;
    Elles perdurent jusqu’au soir pour s’évanouir en clair-obscur
    Dans le firmament de satin qui règne sur les pluies de fraîcheur
    Par la hauteur des déversoirs et la colonne de mercure.

    *

    Tableau de Claude Monet.

  • Copains comme sirène

    Bien qu’elles soient assez cruelles envers leurs victimes marines,
    Elles se montrent assez copines avec le bestiaire aquatique.
    Leurs performances sexuelles et leurs gourmandises utérines
    Leur ouvrent des relations coquines avec les plus fantasmatiques.

    Entre le phallus des baleines et le pénis des cachalots,
    Les sirènes sont à la fête pour des jeux les plus colossaux.
    Elles copinent à perdre haleine avec le moindre matelot
    Qui pour elles perdra sa tête, son cœur et ses autres morceaux.

    Fatalement, elles accouchent de créatures métissées
    Qui ressemblent à leurs géniteurs, le plus souvent désaccordés.
    Aucunement saintes-nitouches au cours de maintes odyssées,
    On dit que leurs baby-sitters sont complètement débordées.

    Illustrations de Vladimir Stankovic.

  • La nature s’emballe

    Dame Nature domestiquée ? L’homme y a cru dès le début !
    Il a détourné les rivières, il a apprivoisé les vents.
    Il a aussi sophistiqué le faste auquel il contribue
    En détruisant des terres entières pour un résultat décevant.

    Le luxe est sa priorité ; il vit ses rêves désormais,
    Le temps béni de l’insouciance et de la folie des grandeurs.
    Tant pis si la précarité des autres est bannie à jamais ;
    Il ne vit que pour l’opulence, pour le faste et pour la splendeur.

    Aïe ! La Terre est passée en automne et ses ressources sont menacées.
    Mais il est trop tard à présent car il ne vit plus comme avant.
    Ses rêves deviennent monotones à force d’être ressassés
    Par les médias omniprésents qui le dirigent dorénavant.

    Voilà, les rêves sont terminés ; la Terre est morte ce matin.
    Hier encore, les pluies acides ont tué la flore moribonde.
    Une fois tout exterminé, le paroxysme fut atteint
    Quand l’homme est devenu lucide une heure avant la fin du monde.

    Tableaux de Vasko Taškovski.

  • Les souvenirs du crépuscule

    Les souvenirs du crépuscule

    La nuit, ma mémoire à tiroir dévide tout son contenu
    D’une manière aléatoire favorisant l’inattendu
    Dans un décor qui fait miroir à un litige convenu
    Entre mon cœur et ses histoires et ma raison, bien entendu.

    Coincée entre la voie ferrée et mon usine à méditer,
    La rue pavée de prétentions m’ouvre à l’âme un rêve éveillé.
    Seule, là-haut, la Lune affairée à transpercer l’obscurité
    Brille d’étranges intentions sans pour autant m’émerveiller.

    L’image s’incruste sur ma rétine comme une scène de théâtre
    Où vont surgir tous les acteurs d’une expérience inaboutie.
    Curieusement mon corps piétine dans cette atmosphère bleuâtre ;
    J’y reste à jamais spectateur de ce souvenir englouti.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Les rameneurs de soleil

    Les rameneurs de soleil

    Aux ramoneurs, les cheminées et aux rameneurs, les couchers.
    Aux allumeurs, les réverbères et les chats seront bien gardés.
    Qu’en penses-tu, mon beau minet, toi qui n’ te laisse effaroucher
    Ni sur les toits par les cerbères, ni par les voleurs attardés ?

    C’est vrai qu’il en voit tous les jours lorsque la chance lui sourit
    Quand le hérisson répand la suie sur le grand rideau étoilé.
    L’espion aux pattes de velours guette la danse des souris
    Au bal des petits rats de nuit à travers l’œil-de-bœuf voilé.

    Par tous les temps, les machinistes ouvrent le spectacle du soir.
    Seule change l’humeur de la Lune, avec les femmes… comment savoir ?
    Les spectateurs opportunistes en profitent pour aller s’asseoir
    Et chercher la bonne fortune au risque de s’y décevoir.

    Tableau d’Ireneusz Wielgosz.

  • Tiroirs à idées – 2

    Je classe depuis ma naissance les souvenirs dans ma mémoire
    Comme un Ego-ordinateur qui accumule ses fichiers.
    Je crois augmenter ma puissance en personnifiant une armoire
    Mais ce « moi » coordinateur devient bientôt nul à chier.

    Plein de choses ne rentrent pas dans les cadres que j’imagine ;
    Les images sont déformées à force de les consulter.
    Des trous apparaissent pas à pas et ma cervelle s’invagine
    Dans les replis désinformés du chaos qui en a résulté.

    Plus jamais vivre comme avant mais comme un voyageur du temps
    Qui garde toute sa confiance envers ce que le vent apporte !
    J’ai mis derrière un paravent tout ce qui n’est pas important ;
    J’y laisse toute ma méfiance et puis j’en referme la porte.

    Tableaux de Vladimir Dunjic sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201105vladimir-dunjic-serbia.html .

  • Tiroirs à idées – 1

    L’homme est à gauche, la femme à droite ; la vie agit comme un miroir.
    Le reflet couplé à l’image engendre tout son avenir.
    Une réminiscence adroite organisée dans des tiroirs
    Donne une mémoire à étages, plutôt commode à souvenirs.

    Mais plus je range dans ma commode, plus les tiroirs deviennent grands
    Ou à l’inverse trop petits pour classer toute ma famille.
    Et les siècles changeant de modes, le désordre en devient flagrant ;
    J’y perds le goût et l’appétit dans tout ce réseau de ramilles.

    Mon arbre généalogique commence avec mes deux parents,
    Se scinde en quatre grands-parents, puis huit, seize… une infinité.
    Si je continue la logique des enfantements récurrents,
    J’obtiendrai un nombre effarant supérieur à l’humanité.

    Tableaux de Vladimir Dunjic sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com201105vladimir-dunjic-serbia.html .

  • Rêves des nuits d’un été passé

    Rêves des nuits d’un été passé

    Pendant les jours caniculaires, on guettait le soleil couchant
    Qui s’é-é-étirait si longuement qu’on pensait le temps élastique.
    Le thermomètre patibulaire aux degrés si effarouchant
    Donnait impitoyablement ses températures sarcastiques.

    Quand enfin la fraîcheur nocturne, trop courte, remplaçait l’azur,
    Compter les étoiles filantes rimait avec conter fleurette.
    Après la journée taciturne d’une chaleur en démesure
    Et sous la Lune jubilante, on se nourrissait d’amourettes

    Les peaux satinées du halo disparaissaient parmi les ombres
    Et les baisers à cache-cache qui nous maintenaient en éveil.
    On regagnait le bungalow en se tâtant dans la pénombre
    En espérant que l’aube vache n’aurait pas ouï son réveil.

    Tableau de Jiri Trnka.

  • À l’écoute du thé

    À l’écoute du thé

    Par l’enveloppe cachetée et postée à l’heure du thé,
    Je suis à l’écoute du monde grâce aux feuilles éparpillées,
    Collectées, parfois tachetées d’épreuves et d’adversités
    Comme il arrive chaque seconde de chaque minute gaspillée.

    L’heure du thé vert, à l’envers ; l’heure du thé noir, à l’endroit ;
    Tout dépend du type de mouture, son origine et sa saison.
    Quand le thé passe de travers, je plains ce planteur maladroit
    Qui s’est soit trompé de bouture, soit s’est planté de floraison.

    Allô, allô, thé à la menthe ? Non, ici c’est thé au jasmin !
    Les routes du thé se mélangent dans des arômes interférents.
    Parlez-moi de thé, belle amante ? Permettez-moi d’un baisemain
    Respirer ce thé à l’orange aux récits si désaltérants.

    Tableau de Hanna Silivonchyk.

  • Angelettes, chouettes et paonnettes

    Sans doute, la mythologie et ses chimères fantastiques
    Est le fruit d’amours interdites avec des anges dépravés.
    Ève, surprise dans son logis par un démon-ailé drastique,
    Aurait enfanté d’inédites créatures aux ailes excavées.

    Des angelettes aux grandes ailes pareilles aux plus grands des archanges,
    Des femmes-chouettes ou femmes-ducs semblables aux rapaces nocturnes,
    Des paonnettes qui font avec zèle la roue pour attirer les anges
    Qui renouvellent les œils caducs de leurs longues plumes taciturnes.

    Elles sont aux royaumes des airs ce que la sirène est à la mer ;
    Déesses fantasmagoriques recherchées par des hommes avides.
    Elles survolent les déserts, les océans, les monts amers
    En personnages allégoriques mais dont le cœur reste impavide.

    Tableaux de Chie Yoshii sur https:www.chieyoshii.com .