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  • Coiffures lumineuses

    Les créateurs pourraient aller ailleurs, sans tambour ni trompette,
    Se rhabiller quand sonne l’heure des vrais changements de saison.
    Car on s’sait qui s’est installé, tranquille aux commandes des tempêtes,
    Pour relâcher autant de leurres dans la nature sans raison.

    La nuit tous les cheveux sont gris que les songes mettent en couleurs
    Avec des fleurs d’intensité variable selon les rêves.
    Parfois si le temps s’est aigri, ils laissent place aux cauchemars
    Avec des peurs d’immensité fort heureusement assez brève.

    Vers minuit sous la pleine Lune, les racines se développent
    Créant une miscellanée de flammèche et mèches emmêlées.
    Et si la nuit est opportune, de petits reflets interlopes
    En feux follets instantanés brilleront d’un ciel constellé.

    Déesse sage, Dame Minerve, reste maîtresse de nos tresses,
    En aval des queues de cheval et en amont des beaux chignons.
    Que le cuir chevelu s’innerve, les cheveux soient moins en détresse
    Et que le culte minerval nous fasse paraître plus mignons.

    Tableaux de Hayk Shalunts.

  • Coiffures de saison

    L’hiver est doux comme un printemps qui retient encore ses flocons,
    Les perce-neiges ne savent plus s’il faut percer ou s’ignorer
    Et les coiffures en font autant en retombant sur les balcons
    Des poitrines qui ont tant plu que les saints les ont honorés.

    Le printemps cuit comme un été qui rôtit sous la canicule,
    Les coquelicots hésitent encore à s’ouvrir ou se refermer
    Et les coiffures viennent téter l’humidité qui s’accumule
    Entre les replis sur le corps gorgés de sueur renfermée.

    L’été pluvieux comme un automne qui se mélange les couleurs,
    Les feuilles se tâtent pour tomber ou pour rester sous les feuillages
    Et les coiffures monotones frisent sous l’effet d’enrouleurs
    Tout autour des mèches bombées par cet humide maquillage.

    L’automne est froid comme un hiver qui s’annonce un peu trop précoce,
    Les champignons sous leurs bonnets de nuit ensemble se regardent,
    Cheveux, chignons les plus divers, tresses et nattes se cabossent
    Et les coiffeurs sont abonnés à une mode d’avant-garde.

    Tableaux de Hayk Shalunts.

  • Timeo danaos et dona ferentes

    Timeo danaos et dona ferentes

    « Je crains les Grecs et les Romains, même lorsqu’ils apportent des cadeaux ! »
    Cela provient de leur nature à nous mêler de tous leurs dieux.
    Je crois après mûr examen me méfier de l’Eldorado
    Promis par toutes signatures au bas de contrats insidieux.

    Pareil quand le gouvernement apporte ses amendements
    Qui ne concernent que la classe des élus et riches nantis.
    Méfions-nous lorsque nous ment un député perfidement
    Qui fait croire à la populace une expansion sans garantie.

    Ainsi donc la constitution qui nous promet l’égalité,
    Apporte plus de disparités que d’équilibre entre les classes.
    Et la fameuse contribution « Liberté & Fraternité »
    Donne autant de sécurité qu’un verre avec un bris de glace.

    Tout ce qui vient de l’Élysée et de l’entrée au Panthéon
    Me semble l’arbre de cocagne qui cache l’administration.
    Tout est alors européisé à la sauce « Macroléon »
    Par ceux qui sortent d’hypokhâgne mais avec désapprobation.

    Illustration d’Albert Uderzo pour « Astérix légionnaire ».

  • Marianne désorientée

    Marianne désorientée

    Une Marianne orientale ? L’idée me semble intéressante
    Et pourquoi pas orientée ailleurs que le vieil occident ?
    Issue d’une ville natale aux légendes éblouissantes
    Et ses naïades enchantées découvertes par accident.

    Des gouvernements colorés nous ont déjà montré la voie,
    Alors aménageons des bustes d’une Marianne d’orient
    Et sa religion honorée dans nos églises par la voix
    Des enfants de chœur qui s’ajustent aux nouveau cultes inexpérients.

    Liberté d’être né ailleurs, Égalité des traditions,
    Fraternité dans la cuisine par couscous, méchouis et tajines.
    Plus d’officiers civil railleurs envers les noms en filiation
    Avec tout ce qui avoisine LGBT et androgynes.

    Mais quant à sa laïcité depuis le siècle des lumières,
    On repart toujours de zéro car de Dieu… aucune nouvelle.
    Fi de toute héroïcité dans toutes les avant-premières
    Car même les super-héros n’ont que des muscles sans cervelle.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La sirène médusée

    La sirène médusée

    Je fus complètement médusé par celle-là qui prit mon cœur,
    Qui m’étreignit entre ses bras, m’enlaça dans sa queue d’écailles.
    Si de moi, elle a abusé, je n’en garde aucune rancœur
    Bien que son lit, faute de drap, exhale un parfum de poiscaille.

    Mais l’odorat n’agit dans l’eau pas comme sur la terre ferme,
    Tandis que l’ouïe et le toucher dépassent de loin le barème.
    Mon sexe, hier assez branlo, connut l’exaltation du sperme
    Qui, par la sirène embouché, m’a donné un plaisir extrême.

    Le coup de grâce n’a pas eu lieu ; elle avait l’air d’être déçue
    Prenant le goût de ma semence, ni trop sucré, ni trop amer,
    Ni trop salé pour son milieu, comme un puissant coup de massue
    Car, avant que je recommence, elle courut tout droit vers la mer.

    Illustration de Hope Hokulani sur https:www.etsy.comfrshopHopeHokulani .

  • Dépucelage chimérique

    Dépucelage chimérique

    C’était au cours de ma jeunesse, plus précisément vers la fin,
    Lorsque j’étais adolescent mais pas vraiment l’âme sereine.
    J’avais gagné à la kermesse un poisson rouge d’un aigrefin,
    Un forain fou me confessant qu’il s’agissait d’une sirène.

    Sait-on jamais ? Délicatement mon poisson rouge déposé
    Dans l’onde tiède de ma baignoire, je sortis sans faire de bruit.
    Minuit sonna exactement à l’instant même supposé
    Où naquit parmi les eaux noires comment vous dirais-je… le fruit.

    Lumière ! La sirène est là et comme elle n’a pas l’air farouche
    Je m’en approche, je tends la main, elle la saisit et m’encourage.
    Et puis après tout bascula et d’un goût salé dans ma bouche
    Je sentis mon corps de gamin perdre plus que son pucelage.

    Tableau d’Alisa Williams sur https:fineartamerica.comprofilesalisa-williams .

  • Le rêve dans le rêve

    Le rêve dans le rêve

    Je ne sais pas quand je m’endors mais je sais quand je sors du rêve ;
    Quand il devient réalité et que je m’observe dormir.
    Je ne sais si je me rendors ou si à maintes périodes brèves
    Je cherche la moralité du cauchemar qui m’a fait frémir.

    Parfois je lis une aventure pour inviter les plus beaux songes
    À poursuivre l’histoire sans fin dans un épisode exotique.
    Mais la rêverie dénature son contenu par un mensonge
    Qui me télétransporte aux confins des mondes les plus érotiques.

    Malgré le fantasme gravé dans les limbes de ma mémoire,
    Au réveil le texte a fondu comme neige dans l’aube matinale.
    Relire le texte entravé dans ce puits d’oubli aux eaux noires,
    Est immédiatement confondu dans une image subliminale.

    Tableau de Thomas Saliot sur https:www.art-spire.comtraditional-paintingreally-sexy-paintings-by-thomas-saliot.

  • Le choix du prénom

    Comment appeler son bébé au moment de l’accouchement ?
    Comment lui donner confiance si l’on ne connaît pas son nom ?
    De peur de le voir tituber ou résister farouchement
    Et qu’il montre de la méfiance à servir de chair à canon…

    Donnez un Scrabble aux médecins, puis installez la mère au centre,
    Piochez, triez et permutez jusqu’au prénom qui la contracte.
    Posez celui-ci sur le sein, puis posez la main sur le ventre,
    Et du placenta transmuté, sonnera la fin l’entracte.

    Au troisième acte, comme au théâtre, on cite le nom des acteurs :
    La sage-femme, l’obstétricien, la mère et le père échéant.
    Et quand enfin sort le bellâtre qui est, de la pièce, l’auteur
    Tous crient le nom du magicien qui paraît sortir du néant.

    Tableau de Wei Dong sur https:arthag.typepad.comarthag201103wei-dong-nicholas-robinson-gallery.html .

  • Quand j’entends le mot culture, je sors mon révolver †

    Quand j'entends le mot culture, je sors mon révolver †

    Mon jardinier consciencieux surveille tellement les cultures
    Qu’aussitôt le gazon poussé, il sort sa tondeuse thermique.
    L’automne, il se montre ambitieux envers les feuilles en sépulture
    Qui l’aperçoivent se trémousser avec son balai électrique.

    Un peu partout sur la planète sévissent ces genres d’experts
    Qui coupent l’herbe sous les pieds à tout esprit qui sort du rang.
    Ils ont beau faire place nette, je reste celui qui espère
    Qu’un jour, surviendront les pompiers envers ces actes exaspérants.

    D’autres jardiniers de l’état coupent la moindre tête qui ose
    Lever un œil informatif sur l’ignorance environnante
    Car plus le peuple reste bêta, plus on force sur la psychose
    D’un châtiment démonstratif et plus sa peur est dominante.

    (Illustration de Pawel Kuczynski ;
    † citation de Bladur von Schirach.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Concerto pour un naufrage

    Concerto pour un naufrage

    Lui, il jouait tout feu tout flamme sur un piano en plein naufrage,
    Elle, elle était tout feu tout femme pour accompagner son ouvrage.
    Le duo, hélas éphémère, aurait pu embraser le ciel
    Malheureusement ce fut la mer qui fit leur faire-part officiel.

    L’eau et le feu, antagonistes, luttèrent « da capo al coda »
    En recommençant du début au final désormais célèbre.
    La cantatrice et le pianiste, elle nue et lui en bermuda,
    Encore aujourd’hui contribuent à la plus belle plongée funèbre.

    Cette symphonie titanique coula ses toutes dernières notes
    Avec un sinistre « glou-glou » suivi d’une noyade immonde.
    Le pianiste devint volcanique en frappant une pichenotte
    Qui prétendait être le clou du spectacle de fin du monde.

    Tableau de Guido Mauas sur https:www.saatchiart.comen-chguidomauas .

  • La mort fleurie

    La mort fleurie

    On peut tout dire avec des fleurs mais pour la mort, c’est différent ;
    On peut tout dire avec humour mais pour la mort, c’est du sarcasme.
    Du moment qu’on ne fait pas peur, tout redevient indifférent
    Et au moindre petit tue-l’amour, on peut dire adieu à l’orgasme.

    Moi, j’aime rire avec la mort, surtout la mienne évidemment
    Sourire à la vie éternelle qui n’est qu’un miroir aux alouettes.
    J’ai vidangé tous mes remords pour m’en aller élégamment
    Contrer cette sempiternelle et futile dernière pirouette.

    On dit que la ligne vitale, ligne de chance, ligne de cœur
    Tracent, toute ma vie définie, la semaine des quatre jeudis.
    Moi, j’ai une ligne létale qui boucle en toute intelligence
    Comme le signe de l’infini… mais faut pas croire ce que je dis.

    Tableau de Jana Brike.

  • L’Hermalicorne

    L’Hermalicorne

    Gare aux nouveaux sexes en tous genres car on pourrait réinventer
    Licornes ni mâles, ni femelles et même sirènes unisexes.
    Gare au Minotaure transgenre pourvus de gros pis indentés
    Et Cyclopes aux mille mamelles dardant leurs sourcils circonflexes.

    J’ai rencontré l’Hermalicorne pas plus tard qu’hier après-midi
    Qui détroussait quelques touristes les transformants en morts-vivants.
    Avec le crâne qui encorne ceux qui font montre de perfidie
    Et un lapin volontariste pour achever les survivants.

    Malheureusement pour ma gouverne j’avais mon permis de séjour
    Mais aucun signe d’appartenance au sexe qu’il aurait fallu.
    Mais vu que tous ces balivernes duraient jusqu’à la fin du jour,
    J’ai dit pratiquer l’abstinence pour cause de grève du phallus.

    Illustration de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .

  • Côté Enfer : La descente aux enfers

    Côté Enfer : La descente aux enfers

    Heureux, comme un deuxième Ulysse, je suis descendu aux enfers
    Escorté par douze démones, de vraies blondes entièrement nues.
    Avant de mourir en coulisses, j’aurais été à mon affaire
    Malgré Hadès qui me sermonne sur ma destinée malvenue.

    Voyant mon billet supprimé pour les îles paradisiaques,
    On m’aurait alors détourné vers un vol plus économique
    Conduit par une vierge opprimée par des pilules aphrodisiaques
    Qu’un troll ne cessait d’enfourner entre ses lèvres anémiques.

    Dès l’entrée on m’a dévêtu pour prendre un escalier en fer ;
    Obéissant, évidemment, je suivis ces fieffées salopes.
    Je descendis à bride abattue suivant mes démones aux enfers,
    Toutes bientôt futures mamans et que j’appelle mes « Pénélope ».

    Tableau de Fred Juergen Rogner sur https:www.saatchiart.comaccountprofile801427 .

  • Côté Paradis : Vivre dans un monde libre

    Côté Paradis : Vivre dans un monde libre

    Tolérance et acceptation sont toutes, au paradis, dévouées ;
    L’habit ne faisant pas le moine, il est le plus souvent ôté.
    À force de contemplation, on n’ sait plus à quel sein se vouer
    Et sa valeur au patrimoine est d’être bien mal culotté.

    Bikini ou monokini ne jalousent pas les seins nus
    Car textiles et naturistes font bon ménage à la piscine.
    En revanche pas de burkini ; sans doute serait-il malvenu
    Ou conduit vers un rigoriste enfer qui tient lieu d’officine.

    Ici personne ne croit en Dieu car on est culturellement
    Divinisé dès son accueil et bâti comme un Apollon.
    Quant à moi, mes problèmes d’yeux se sont réglés naturellement
    À force de me rincer l’œil sur ces nanas sans pantalon.

    Tableau de Fred Juergen Rogner sur https:www.saatchiart.comaccountprofile801427 .

  • Le songe d’une nuit d’automne

    Le songe d’une nuit d’automne

    Cette année, l’automne est perplexe ; l’été n’a même pas résisté.
    D’habitude il revendiquait son été indien dévolu.
    Il s’en est allé sans complexe, sans même essayer d’insister
    Ni faire un geste qui indiquait que son temps était révolu.

    L’automne ayant toute la nuit, elle prépare le terrain.
    Elle rêve, songe et imagine comment rattraper le marasme
    Car elle a vu ce qui l’ennuie : L’été qui était son parrain
    S’est même montré misogyne envers Gaïa avec sarcasme.

    En ce qui concerne les troupes, pluies et tempêtes sont au top
    Mais le Soleil très affaibli et la Lune en monochromie.
    Il va falloir faire des groupes pour conserver au biotope
    Ce qui était préétabli mais qui lui semble compromis.

    Tableau d’Armelle Colombier sur https:www.artmajeur.comarmellecolombierfr?view=grid&epik=dj0yJnU9NXlURWVjLTlDNWpqNDVUY3J5RFRVUjVQWHRoX09keFgmcD0wJm49Zk5mdklMRHBnYzZvZzdpeVIwLVhVdyZ0PUFBQUFBR2JqNzQ4 .

  • La passation de pouvoir

    La passation de pouvoir

    Bien que personne ne l’ait élue, l’automne va prendre le pouvoir ;
    L’été dissout son ministère de la chaleur pour une année.
    Quand tu seras partie, salue le printemps qu’on n’a pas su voir
    Et dont l’effet reste un mystère dont il ne s’est pas pavané !

    Pour le costume de fonction, pas de changement à prévoir ;
    Si l’été s’habillait de gris, l’automne suit la tradition.
    Lorsque se fera la jonction, sans doute qu’on verra pleuvoir
    Tous ceux qui regrettent, aigris, cette saison de transition.

    De transition car c’est un fait, l’été était un imposteur ;
    Une saison parachutée par des dieux fourbes et méchants.
    La décision a pris effet dès qu’on a mis au composteur
    Les semences crapahutées qui se sont pourries dans les champs.

    Tableau de Daria Endresen sur https:scene360.comart102404daria-endresen .

  • L’esprit en escalier

    Toute la vie que l’œil perçoit descend l’escalier des mémoires
    Et en remontent des problèmes non résolus dans chaque rêve.
    L’ennui auquel le cœur sursoit et qu’il enferme dans ses armoires
    Revient la nuit dans l’âme blême qui s’y replongera sans trêve.

    La tour de la moelle épinière s’apparente à la vis sans fin
    Qui pousse les coups de pieds reçus vers l’esprit qui tarde à apprendre.
    Les maux dans cette pépinière progresseront jusqu’aux confins
    Tant que je n’aurai le dessus sur ce qui est dur à comprendre.

    Quand je montais chez mon psychiatre l’escalier en colimaçon,
    J’avais cette vue imprimée d’un développement encenseur.
    Malgré mes obstacles opiniâtres qui finissent en queue de poisson,
    Je laisse mon cœur s’exprimer en utilisant l’ascenseur.

    Photos de Sergio Feldmann.

  • Réécrivons l’histoire

    Les soviétiques nous ont montré comment réécrire l’histoire,
    Comment effacer d’un cliché un personnage indésirable.
    Dans les romans sont démontrées les mêmes idées rédhibitoires
    Envers la mémoire affichée dans les ouvrages vulnérables.

    Après les années quatre-vingt-dix, ils sont nés avec internet
    Et n’ont pas besoin qu’on les aide avec notre vieux vingtième siècle.
    D’une étude plus approfondie sur les échos de la planète,
    Il ressort que la Génération Z n’obéit qu’aux nouvelles règles.

    On a révisé les programmes scolaires ainsi que les niveaux ;
    On change les valeurs morales pour des valeurs économiques.
    La vie devient un psychodrame mais comme on formate les cerveaux,
    L’ancienne humanité orale tombe dans le puits technologique.

    Collages de Toon Joosen sur www.theinspirationgrid.comamusing-collages-by-toon-joosen .

  • Derrière les grilles

    Derrière les grilles

    On s’est assis derrière les grilles, on s’est parlé derrière les grilles
    On s’est dragués derrière les grilles, on s’est aimés derrière les grilles.
    Si l’amour n’a pas de frontière, désormais il faudra s’y faire
    Et survivre des années entières derrière les rideaux de fer.

    Le provisoire pour lutter contre un ennemi passager
    Se verra demain transmuté en dispositif messager
    Qui réduira les libertés en nous condamnant sans appel,
    Aux dépens de la sécurité, aux vaccinations de rappel.

    La police sera synonyme de prévention obligatoire
    Pour traquer tous les anonymes qui alors vivaient sans histoire.
    La démocratie affligée d’une majorité d’imbéciles
    Décide de nous protéger par les moyens les plus débiles.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les Marseillaises

    Plus besoin de parodier « La Marseillaise », c’est déjà fait !
    Quand les fanfares ouvrent le bal, les pots-pourris sont activés
    Et à force de psalmodier ces pastiches, quel mauvais effet
    Sur la jeunesse qui brinquebale et qui n’est plus très motivée !

    On voudrait changer les paroles comme on l’a proposé naguère
    Mais ce caprice est du ressort du Président de la République.
    Dommage car il eut été drôle de parler d’amour que de guerre
    En claironnant plutôt l’essor de Marianne en fille publique :

    « Allons enfants de la matrice, tous vos espoirs sont ravivés !
    Entre nous, l’érotomanie et l’obsession sont élevées ;
    Rapprochez-vous de vos compagnes qui vous ôtent vos bermudas
    Et vous invitent entre leurs draps à repeupler la France et les campagnes !
    Debout, les bons-à-rien, novices et moussaillons !
    Tronchons, tronchons sous les augures de jolis culs trognons ! »

    La troisième illustrations est de Vassantha.

  • Quand les sirènes voyagent en boîte

    Quand les sirènes voyagent en boîte

    À l’instar des humains en boîte, stockés dans leurs avions de lignes,
    Les sirènes voyagent aussi de conserve, entre autres en low-cost.
    Un peu serrées mais elles s’emboîtent, toutefois pas assez malignes
    Quand les marins leur négocient un tour qui vire à l’holocauste.

    Si vous trouvez sur votre table une boîte à sardines « Mermaid »,
    Ouvrez-la délicatement et laissez sortir les sirènes.
    D’abord leur goût est détestable après le fâcheux intermède
    Qui a haussé suffisamment leur trouillomètre dans leur carène.

    Non seulement reconnaissantes, elles seront dévouées à vie
    Et à l’escale de Gibraltar vous signaleront comme vedettes
    Car ce sont des adolescentes qui vivront, à mon humble avis,
    Tellement longtemps que tôt ou tard elles vous rembourseront leurs dettes.

    Illustration d’Alinabeska sur https:www.deviantart.comalinabeska .

  • Sirènes en boîte

    Vous pensiez les sirènes grandes, à l’échelle humaine et normales
    Mais elles sont en réalité de toutes petites ondines.
    Dans les pêcheries de Guérande, à cause de leur taille minimale,
    Il est d’éventualité de les prendre pour des sardines.

    Chaque fois que j’ouvre une boîte, je fais attention à frapper,
    Puis d’ouvrir délicatement la clef de peur d’en effrayer.
    D’autant que l’huile, inadéquate à tenter de les attraper,
    Les ferait sauter directement et ce n’est pas très conseillé.

    De temps en temps, j’ai de la chance et j’en recueille à l’occasion
    Lorsqu’elles proviennent de France mais pas de Suisse, ni de Bavière.
    En toute bonne intelligence, je leurs permets leur évasion
    Et je mets fin à leurs souffrances en les plongeant dans la rivière.

    Parfois elles restent une soirée à me raconter leurs projets
    Lorsqu’elles auront regagné les abysses qui les préservent.
    Un jour vous aussi vous croirez, vous n’ pourrez pas y déroger,
    Et trouverez dans le panier une sirène de conserve.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Pourquoi les étoiles ?

    Pourquoi les étoiles ?

    Pourquoi observer les étoiles brillant dans l’espace infini ?
    Pour en savourer la semence qui nourrit le cœur du rêveur.
    Pourquoi oser percer le voile de tout cet embrouillamini ?
    Sans doute pour sentir la romance pleine de toute sa ferveur.

    Pourquoi persister dans l’humour quand on est au bout de l’hiver ?
    Pour entretenir les valeurs contenues dans les vents moqueurs.
    Pourquoi chercher encore l’amour jusqu’aux confins de l’univers ?
    Pour en répandre la chaleur qui fait vivre et rire le cœur.

    Pourquoi continuer à chercher quand on croit que tout est acquis ?
    Parce que rien n’est déterminé et rien n’est écrit à l’avance.
    Certains vont aller se percher sur des sommets jamais conquis ;
    La vie n’est jamais terminée, après la mort, tout recommence.

    Illustration de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .

  • L’ombre du loup

    Si je pouvais me projeter sur l’écran noir de mes nuits blanches,
    Je verrais l’ombre de moi-même plus noire que l’obscurité.
    Un trou noir que j’aurais jeté où dévalerait en avalanche
    Toute la souffrance que j’aime ôter pour ma sécurité.

    Puisqu’il faut affronter ses peurs – surtout au stade supérieur –
    Je tracerais l’ombre gigantesque du plus vil effroi pourfendeur.
    Mais comme le mal est trompeur, menteur en mon for intérieur,
    Je rirais de l’aspect grotesque de cette folie des grandeurs.

    Illustration de kAt Philbin et Maria Ku.

  • Dans la peau de son personnage

    Dans la peau de son personnage

    Lorsque j’écris, la raison reste sur le bureau bien à sa place
    Et le cœur ouvre son canal vers des espaces supérieurs.
    L’âme demeure à la maison, l’esprit absent semble de glace ;
    Tant pis si, pour eux, c’est banal car mon « moi » passe à l’extérieur.

    Eh oui. Je dois me mettre nu.e pour mieux pénétrer dans l’histoire
    Et me vêtir des impressions qui me conduiront dans l’image.
    Je flirte le cœur ingénu entre les murs contradictoires
    Qui ralentissent et font pression mais qui ne sont que des mirages.

    Même s’il faut parfois creuser dedans ou laisser décanter,
    Le long chemin à parcourir devient la raison essentielle.
    Et plus l’intrigue est soupesée, plus le mystère est fréquenté
    Et plus tout tend à concourir vers une issue existentielle.

    Tableau de Carl Larsson.

  • Dessine-moi un loup !

    Puisque le loup a disparu définitivement des forêts,
    Ne reste que l’imagination en guise de substitution.
    Sauf qu’aujourd’hui est apparu un syndrome à ces mijaurées
    Qui donne une fascination envers une autodestruction.

    À trop chercher le grand frisson, le risque les suit comme une ombre
    Prêt à se nourrir de leur peur et la mijoter au fourneau.
    Tant pis si nous nous hérissons de voir ces accidents en nombre
    Faire la Une avec stupeur en gros titres dans les journaux.

    Illustrations de Sacha Kisselkova.

  • Ne tournons pas autour du pot

    Ne tournons pas autour du pot

    Il faut aller à l’essentiel, ne tournons pas autour du pot ;
    Circonvolutions trop nombreuses nuisent au sujet et au style.
    Le contenu circonstanciel qui met les nerfs à fleur de peau
    Doit sortir des voies ténébreuses de tout superflu inutile.

    Une femme nue devant sa table ? Entrons direct dans l’érotisme !
    Une plante verte dans un pot ? C’est bucolique et c’est bohème !
    Une pipe en écume véritable ? On navigue dans l’exotisme !
    Les trois ensemble, fort à propos, servent à illustrer mon poème.

    La métaphore est indirecte mais l’effet doit être immédiat
    Comme une femme nue qui entre au milieu d’une foule en transe.
    J’aime la manière directe que j’apprécie dans les médias
    Lorsque le loup sort de son antre, juste, efficace et sans outrance.

    Tableau de Carl Larsson.

  • Escapades nocturnes

    Juste au moment de succomber au sommeil longtemps recherché,
    La nuit m’ouvre son univers mais ma raison reste en arrière ;
    Sans doute a-t-elle peur de tomber de sa position haut perchée
    Dans la nuée des faits divers des rêves qui lui font barrière.

    Tant pis si la raison résiste. L’âme et le cœur iront ensemble
    Au sommet de leurs espérances et pourront voir l’autre côté.
    Tant mieux si, au réveil, persiste un passe-partout qui ressemble
    À la fin du temps d’une errance et ses voies tarabiscotées.

    Tel Orphée sortant Eurydice des enfers qui l’ont séquestrée,
    Je ne regarde pas en arrière et je vais jusqu’au bout du rêve.
    Je n’connais aucun préjudice car tout y est bien orchestré
    Et nul ne ruine ma carrière en me lançant des « marche ou crève ! »

    La vie qui me reste est trop brève pour couvrir tous les corridors
    Des vérités les plus plausibles aux quêtes inassouvissables.
    On ne meurt jamais dans un rêve mais on peut mourir quand on dort ;
    On dit que c’est la mort paisible vers un monde indéfinissable.

    Tableaux de Jeremy Lipking.

  • La mode au paradis

    La mode au paradis

    Quand irons-nous au Paradis comment donc nous vêtirons-nous ?
    Un vêtement blanc, une tunique ? Un nimbe d’or, une couronne
    Ou un costume de comédie, un uniforme choupinou
    Prévu pour un spectacle unique de danses soufis isochrones ?

    Vivre toute une éternité, toujours dans la même tenue,
    Sera sacrément monotone ; Dieu ne peut pas nous faire cela !
    J’espère que la modernité avec ses fringues saugrenues
    N’aura d’influence qui détonne envers mes rêves d’au-delà !

    Ceux qui sont pour la transparence porteront l’aube translucide
    Et ceux qui cachent quelque chose, une robe opaque convenue.
    Mais quelle qu’en soit l’apparence, si je redeviens plus lucide,
    J’aspire à la métamorphose des hommes et femmes en anges nus.

    Photo de Spencer Tunick sur https:www.theguardian.comartanddesigngallery2022sep10the-naked-ambition-of-spencer-tunick-in-pictures .

  • Camille en corrélations

    Comme de coutume, le lundi, Camille à l’Opera Mundi
    Passe son temps en conférences, avec respect et déférence,
    À parler des choses du monde, autant agréables qu’immondes…
    Bref toutes les informations qui réclament son attention.

    Quant au reste de la semaine, elle est aux relations humaines ;
    Communications personnelles et attaches professionnelles.
    Entre théorie et pratique, correspondances médiatiques…
    Bref toutes les reconnaissances acquises depuis sa naissance.

    Heureusement le samedi, viennent loisirs et comédies ;
    Ce soir on va à l’Opéra ou bien au théâtre, on verra !
    Après elle va s’encanailler, elle a le cœur à chamailler…
    Bref ce soir Camille se lâche, samedi soir, on fait relâche.

    Que fait Camille le dimanche ? Elle va danser, elle se déhanche ;
    Thé dansant, salsa et tango, danses exotiques ou fandango.
    Dans les dancings festivaliers, elle choisit son cavalier…
    Bref Camille l’intellectuelle passe aux relations sexuelles.

    Tableaux d’Igor Bondarenko.

  • La chambre noire de lumière

    La chambre noire de lumière

    De retour dans sa chambre obscure éclairée par ses souvenirs,
    Vincent projetait les images qu’il avait perçues aujourd’hui.
    De gloire, il n’en avait cure car il savait qu’à l’avenir
    Le monde lui rendrait hommage sur tout ce qu’il avait produit.

    En attendant jusqu’à sa mort, il baguenaude en solitaire,
    Semant ses graines impressionnistes dans ses champs de blés encadrés.
    Il agit comme un matamore parcourant autour de la Terre
    La nature exhibitionniste aux couleurs qu’elle a engendrées.

    Il n’est pas mort, il dort derrière ses champs de tournesols dorés ;
    Il ne dort pas, il veille encore sur les étoiles en dévotion ;
    Il est reparti en arrière dans les ruelles décorées
    Trouver le ton qui édulcore la couleur de ses émotions.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’amertume impressionnante

    L’amertume impressionnante

    Trois soleils d’or illuminaient le crépuscule impressionniste
    Car Vincent ne voyait pas trois mais quatre, cinq et six dimensions.
    Quant aux couleurs qui dominaient, elles étaient opportunistes
    Pour passer par le filtre étroit dont son cœur a la prétention.

    Prétention de voir au-delà du paysage instantané
    Et de percevoir à travers le rideau de réalité.
    Orgueil d’entendre a capella le chœur d’étoiles spontané
    Qui chante le monde à l’envers dans toute sa sensualité.

    Du corps resté sur le ponton, du cœur voguant à l’horizon,
    De l’âme au-delà de la mer, il a l’esprit de ses treize ans.
    La bouche pleine de plancton, l’œil évadé de sa prison
    Et le nez dans le vent amer, il goûte le moment présent.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Numériquement femme

    « J’en ai rêvé, Sony l’a fait » disait une publicité
    Promettant de réaliser l’un de nos rêves les plus chers.
    Mais ils étaient trop imparfaits car n’étant que duplicité
    De jouets idéalisés manquant de substance et de chair.

    Depuis je rêve de robots, d’intelligence artificielle,
    De partenaire programmée au code du Kâmasûtra.
    Prévert disait que « c’est trop beau pour être vrai » mais grâce au ciel
    « L’amour sentira le cramé » ainsi parlait Zarathoustra. †

    Quand viendra la femme numérique, son premier geste spontané
    Sera de virer la version obsolète et la remplacer
    Par celle d’un mâle générique remplaçable et instantané
    Qu’on range à la moindre aversion pour une remarque déplacée

    † Contrairement aux 2 premières citations, je ne suis pas sûr de la 3ème mais cela m’arrangerait bien.

  • Peau de café

    À la fois chaude et envoûtante, j’aime tant l’odeur de sa peau
    Que j’en abuse dans son lit à m’en électriser les nerfs.
    Tellement rare et déroutante que j’en perds même le repos
    À trop humer à la folie son arôme extraordinaire.

    À la fois douce, sucrée, amère, j’aime tant goûter sa saveur
    Que je m’enivre de son corps jusqu’à l’overdose des sens.
    Un préliminaire éphémère suffit à briguer ses faveurs
    Qui m’accordent encore et encor un orgasme de toute puissance.

    À la fois visuelle et tactile, j’aime toucher avec les yeux
    La robe brune de sa chair et l’observer avec mes doigts.
    Protubérance rétractile et orifices délicieux
    Exauce mon vœu le plus cher de la chérir comme il se doit.

    Tableaux de Wendy Artin.

  • Quand tout va à vau-l’eau

    Quand tout va à vau-l'eau

    Marianne au pot-au-lait cassé voit tous ses espoirs renversés.
    Adieu les vaches et les cochons, adieu retraites complémentaires !
    Comment cela s’est-il passé malgré tous les rêves versés
    Dans l’assurance dont le bouchon était prédit sacramentaire ?

    Pourtant tant va la cruche à l’eau qu’il est normal qu’elle se casse !
    Faire provision de prévisions et présomption de prétentions
    Nous a entrainés à vau-l’eau jusqu’à fendre la carapace,
    Par le miroir aux illusions, d’une république sous tension.

    À défaut d’s’en laver les mains, elle pourra prendre un bain de pied ;
    D’un bain de lait, un bain de boue et toutes sortes d’analogies.
    Mais elle recommencera demain d’autres projets comme il lui sied ;
    Bon pied, bon œil, toujours debout pour jouer dans la démagogie.

    Tableau de Pablo Amorsolo.

  • Ils croiront même être sauvés !

    Ils croiront même être sauvés !

    « Il n’y aura plus jamais de guerre, plus jamais ne coulera le sang ! »
    Ont dit à la Libération les pays membres de l’OTAN.
    Pourtant depuis il n’y a guère de jours qui ne s’écoulent sans
    Conflits et exaspérations entre-z-états omnipotents.

    On crée l’ennemi invisible qu’on ne pourra jamais nommer
    Répandant des épidémies parmi les jeunes et les anciens
    Qui ont peur d’un imprévisible virus que l’on craint d’assumer
    Comme une Saint-Barthélemy où seul Dieu connaîtrait les siens.

    L’état promet de vacciner ces maladies conjoncturelles ;
    Il nous inocule un produit qui nous délivre un droit d’accès
    Mais c’est pour mieux assassiner nos propres défenses naturelles
    Et préparer dès aujourd’hui un nouvel ordre avec succès.

    Heureux qui arbore bien en vue son précieux passe sanitaire !
    Heureux qui veut sa liberté d’aller là où on le conduit !
    Heureux qui craint les imprévus de l’avenir humanitaire !
    Honnis soient ceux qui ont déserté le nouvel esclavage induit !

    Illustration de Maxime Mo.

  • La sirène polluée

    La sirène polluée

    Que les sirènes soient en voie de disparition fait dilemme ;
    On doutait de leur existence, voilà qu’il faut les protéger !
    C’est pourquoi l’on entend des voix monter des eaux à l’heure même
    Où l’on subit les conséquences de la pollution agrégée.

    La mer, devenue la poubelle des êtres humains, va se venger
    En nous recrachant sur les côtes tout ce qu’ils y ont balancé
    La fameuse sirène Arabelle va repousser les étrangers
    Qui ont commis toutes ces fautes et ne font que recommencer.

    Avec la Marine Abyssale et son armée de cachalots,
    Ils vont renvoyer les déchets et les remonter des rivières,
    Puis établir des succursales un peu partout au fil de l’eau
    Pour dégueuler par les brochets notre merde jusqu’en Bavière.

    Vendredi treize, pas de chance ! Toutes les rivières ont débordé
    À cause des pluies abondantes, même un peu trop pour la saison.
    Pour Arabelle, il y a urgence ! Toutes ses troupes vont aborder
    Chargées d’épaves incommodantes à verser devant vos maisons.

    Tableau de Waldemar von Kozak.

  • La Selkie « Peau-de-phoque »

    La Selkie « Peau-de-phoque »

    Revêtue d’une peau de phoque dont le crâne faisait son bonnet,
    Une Selkie sortit des eaux en s’accrochant même à ma barque.
    De toutes mes rencontres loufoques auxquelles j’étais abonné,
    Celle-ci entrait dans le réseau des grands succès du cirque Hipparque.

    Car je suis souvent dans la Lune et reçois beaucoup de visites
    De séductrices chimériques selon mon imagination.
    Sirènes, filles de Neptune et créatures composites
    Appartiennent à mon homérique exigence en divination.

    Ses yeux de chien-de-mer battu lui donnaient un air de guerrière
    Et son sourire trahissait sa propre envie de copiner.
    Sans m’être un instant débattu, je l’ai laissée monter derrière
    Tandis que je me hérissais de ce fantasme inopiné.

    Et comme nous sommes vendredi treize, méfiez-vous car c’est le jour
    Où elle sort pour tenter sa chance parmi les beaux marins hardis.
    Restez chez vous avec Thérèse – ou tout autre prénom de l’amour –
    Accordez-lui ses exigences et, si possible, jusqu’à mardi !

    (Tableau de Marco Gonzales ;
    Les Selkies sont des créatures mythologiques que l’on trouve dans le folklore des îles Féroé, de l’Islande, de l’Irlande et de l’Écosse.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’émancipation du petit chaperon rouge

    L’émancipation du petit chaperon rouge

    Lorsqu’elle ouvrit son chaperon, les seins surgirent turgescents
    Et son corps sous l’étoffe rêche put respirer, les fesses à l’air.
    Sans le vicieux loup fanfaron aussi lubrique qu’indécent,
    La fille plongea dans l’eau fraîche sous la bénédiction solaire.

    Nourrie de petits pots de beurre, d’une peau laiteuse à souhait,
    Elle goûta d’être nymphe blanche, grande sans-culotte des forêts.
    Charles Perrault, vieux regimbeur, l’aurait dès lors désavouée
    De peur que l’ingénue ne déclenche d’autres envies à déflorer.

    On ne parle pas dans les contes de ce qu’on porte sous les robes ;
    Cendrillon, Peau d’âne et bien d’autres ne portaient nul sous-vêtement.
    Quant à Blanche-Neige, on raconte que la probité se dérobe,
    Quand les nains dans son lit se vautrent avec prestes halètements.

    Illustration de Frank Frazetta sur https:markboyddesign.weebly.comblogartist-alley-frazetta .

  • Le goût du baiser

    Le goût du baiser

    Baiser sucré, acidulé ? Une mise en bouche pour commencer.
    Baiser salé, congratulé ? Une tentative romancée.
    Baiser âpre, amer, langoureux ? Pour plus de sensibilité.
    Baiser umami savoureux ? Pour plus de possibilités.

    À chaque goût, sa tentation, son appétit et son fantasme
    Jusqu’à montrer l’ostentation d’aller plus loin vers son orgasme
    À chaque saveur, son désir de tout donner pour recevoir
    Et s’abandonner au plaisir du fruit d’amour à concevoir.

    Baiser ailleurs que sur la bouche… manque beaucoup de retenue,
    Baiser plus profond dans la bouche… pour ensuite se mette nu.
    Baisers continus sur la couche… pour un plaisir plus soutenu
    Et les deux sexes qui se touchent… jusqu’à l’orgasme parvenus.

    Tableau de Jana Brike sur https:www.kaifineart.comjanabrike .

  • Le coup passa si près que le chapeau tomba

    Le coup passa si près que le chapeau tomba

    Armé du salut détonant, rapide, presque instantané,
    Le héros-chevalier-sans-peur envoie son bonjour valdinguer.
    Désarmé d’un tir étonnant, ce contrecoup momentané
    Frappe le rival de stupeur aux salutations distinguées.

    C’est ainsi que parle la poudre et que l’honneur part en fumée
    Au nom de la force de l’ordre ou de l’amour ou de l’argent.
    Mais selon qu’il faudra recoudre le malheureux ou l’inhumer,
    La vie donne du fil à retordre par ses conflits décourageants.

    Si dure est la loi de l’ouest qui permet de porter une arme
    Mais elle met à égalité le salueur et le salué.
    Si la répartie est funeste, heureusement, il y a le charme
    De l’imprévue fatalité qui reste, certes, à évaluer.

    Illustration de Jean Giraud et le titre est de Victor Hugo ici https:www.poesie-francaise.frvictor-hugopoeme-apres-la-bataille.php .

  • La soif narcissique

    La soif narcissique

    Si, lorsque à même la rivière, tu désires étancher ta soif,
    En te penchant à la surface, tu y découvriras ton double ;
    Mouille tes lèvres de fraîcheur et abreuve-toi de baisers.
    En savourant combien l’eau t’aime, toi-même alors tu t’aimeras.

    Tu peux aussi t’imaginer aimer ton ego inversé,
    Lui, ni concave ni convexe mais juste inversé par le sexe.
    L’âme-sœur enfin retrouvée qui te donne l’eau de la vie
    Et qui coule alors dans ton corps comme une semence d’amour.

    Alice à travers le miroir a dû sentir pareillement
    Un frisson quand son âme-çon l’a pénétrée d’une onde brève.
    Je sais, j’en ai plein mes tiroirs de tous ces émerveillements
    Que j’aime mettre à l’hameçon de ma canne-à-pêche aux beaux rêves.

    Tableau de Jana Brike.

  • Prie comme l’oiseau – 2

    Prie comme l’oiseau - 2

    Dans le plus profond dénuement quand je crois avoir tout perdu,
    Lorsque je me retrouve nu.e et que je suis au fond du gouffre,
    Alors j’écoute ingénument la petite voix éperdue
    Dans ma mémoire revenue et qui crie autant que je souffre.

    Comme un petit oiseau chétif, un compagnon imaginaire
    Mais doté de réalité ne faisant pas partie de moi.
    Mon esprit tout d’abord rétif ne voit rien d’extraordinaire,
    Et croit à l’éventualité de mes délires en plein émoi.

    Mais très bientôt RÉVÉLATION ! Me voici entouré.e des anges,
    Vêtu.e d’habits resplendissants et transporté vers les sommets
    Où je subis l’élévation dans un puits d’ascension orange.
    Ainsi je monte en grandissant, ivre d’extase consommée.

    Après cette transformation, je reprends apparence humaine
    Mais j’ai changé de dimension et suis délivré de mes chaînes
    Pour une nouvelle conformation dont cet étrange phénomène
    M’a initié en prévention d’une fin du monde prochaine.

    Tableau de Rodrigo Luff sur http:www.signatureillustration.orgillustration-blog201312rodrigo-luff .

  • Prie comme l’oiseau – 1

    Quand l’âme remonte du cœur et vient se percher sur le corps,
    Elle, comme un oiseau sur la branche, renoue avec son élément ;
    Ce milieu qui d’un air moqueur gonfle ses ailes en accord
    Avec la confiance franche envers soi délibérément.

    Laisse alors monter ta prière et s’envoler à tire d’aile
    En criant dans le firmament ta requête envers l’Invisible.
    Tu sentiras un vent arrière porter au loin l’âme fidèle
    Qui se ressource éminemment dans sa nature indivisible.

    Le vent apporte ses trous d’air, des turbulences et des tempêtes
    L’esprit connait ses vagues-à-l’âme et ne peut s’accrocher à rien.
    Une prière solidaire pourtant sans tambour ni trompette
    Saura réanimer la flamme du cœur noble et épicurien.

    Il y a un truc, évidemment, comme les ailes du papillon
    Thaïlandais qui occasionne des cyclones chez les québécois.
    Une prière incidemment portée tout bas au pavillon
    De l’Univers alors fusionne avec… en fait, je ne sais quoi…

    Tableau de Rodrigo Luff sur http:www.signatureillustration.orgillustration-blog201312rodrigo-luff .

  • Rêve en jaune

    Rêve en jaune

    L’habit ne fait pas la moniale surtout si celle-ci est novice
    Car une fois la bure ôtée, la nonne alors redevient femme.
    Cette doctrine cérémoniale me sacrerait de tous les vices
    Et, s’il faut, j’irais pleuroter auprès de Dieu ce qui m’affame.

    Je rêve d’une sœur en jaune et moi, l’adorateur en mauve,
    Je prierais en complémentaire pour amalgamer nos couleurs.
    Elle serait mon amazone tandis que moi, sa bête fauve,
    J’aurais le rôle sacramentaire de l’adorateur roucouleur.

    Nous referions les évangiles à l’image d’un dieu d’amour ;
    Nous réécririons les épîtres de Paulette, Jeannette et Pierrette.
    Les actions seraient plus agiles avec la grâce de l’humour
    Et seule aurait droit au chapitre Sainte-Madeleine des amourettes.

    Tableau de Julie Bell.

  • Fantasmes chez la coiffeuse

    Fantasmes chez la coiffeuse

    Ah, si les coiffeuses étaient nues sous leurs pudiques tabliers,
    J’irais plus souvent admirer dans les miroirs leurs jolies fesses !
    Un tout petit plaisir ténu mais maintes fois multiplié
    À l’infini dont frémirait mon obsession, je le confesse.

    Ah, si des shampooineuses à poil sous un minuscule plastron
    Me massaient le cuir chevelu devant les glaces face à face,
    Alors, le cœur dans les étoiles, je rêverais d’être leur patron
    Bien que de moins en moins velu pour que cela me satisfasse.

    Ah, si les artistes au séchoir sous la douce moiteur du casque
    Pratiquaient des gestes émouvants avec beaucoup de répondant
    Et après avoir laissé choir leurs blouses sur leur corps fantasques,
    Je reviendrais bien plus souvent mais serais chauve cependant.

    Tableau d’Angela Dzherih sur http:eve-adam.over-blog.com-49 .

  • Miss Météo, la vierge sage

    Miss Météo, la vierge sage

    Elle a pris son parapluie rouge… Miss Météo deviendrait sage ?
    Sans doute a-t-elle assez pleuré hiver, printemps et tout l’été ?
    Lorsque, à ce point, les choses bougent, c’est sans doute un mauvais présage
    Qui annonce, faut pas se leurrer, des catastrophes répétées.

    Ou alors, soyons optimiste, si Miss Météo se découvre
    Profitons-en pour admirer ses jolies jambes et la flatter.
    Ou encore, soyons pessimistes, si nous voyons qu’elle se recouvre
    Hommes et femmes, vous frémirez quand sa colère va éclater.

    Je propose que le Président l’invite un jour à l’Élysée
    Et la nomme au gouvernement ministre du temps adéquat,
    Avec permis de résident permanent et fidélisé.
    Le temps n’sera pas plus clément mais au moins on saura pourquoi.

    Tableaux de Paul Kelley.

  • Chaude lapine et Fauve Loup – 2

    Quel avenir après l’amour que toutes traditions séparent ?
    On ne peut plus rentrer chez soi car rien ne sera comme avant !
    Les belles familles en désamour face au mal que rien ne répare
    N’auront jamais, quoi qu’il en soit, de regard comme auparavant.

    Même les étoiles dans le ciel ne donnent de bonne réponse ;
    L’astrologie et la voyance n’offrent que de vaines objections.
    Le libre arbitre reste essentiel ; soit on choisit, soit on renonce,
    Mais il faut bâtir sa confiance et suivre ses propres projections.

    On ne voit pas toujours le lien qui unit à jamais deux cœurs ;
    Cette cinquième dimension qui replie l’espace et le temps.
    La force de cet hyperlien, au-delà de toute rancœur,
    Résiste à toutes les tensions par son pouvoir omnipotent.

    Illustration de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .

  • Miss Météo, la vierge folle

    Ce dernier hiver, déjà folle ; au printemps sa folie fleurit,
    Cet été, c’est du gros délire… J’appréhende à peine l’automne…
    Miss Météo, je crois, raffole de tempêtes et de temps pourris
    Et je suis d’accord pour l’élire Manneken-Pis. Ça vous étonne ?

    Sans cesse entre deux mauvais temps, jamais Miss Météo n’oublie
    D’ouvrir son parapluie en grand et le refermer s’il fait beau.
    Mais si le ciel paraît végétant c’est qu’elle est un peu affaiblie
    Ou bien qu’elle a, détail flagrant, les deux pieds dans le même sabot.

    Combien de temps va donc régner Miss Météo, la vierge folle ?
    C’est à notre planète de répondre mais vu comment on l’a traitée,
    On va devoir se résigner à voir son cul qui batifole
    Sur les nuages en train de pondre la prochaine averse apprêtée.

    Tableaux de Paul Kelley.

  • Chaude lapine et Fauve Loup – 1

    Loup affamé n’a pas d’oreille sauf s’il est en manque d’amour ;
    Chaude Lapine n’a de raison que pour attirer son vainqueur.
    Rencontre à nulle autre pareille n’aurait jamais manqué d’humour
    Si un coup sans comparaison n’avait foudroyé leurs deux cœurs.

    À première vue, Chaude Lapine devrait bien sûr craindre le loup
    Mais un air de « Belle et la Bête » planait sous le ciel étoilé.
    Comme une rose sans épine d’une Juliette aux pieds jaloux,
    Elle s’est élancée à tue-tête vers son Roméo dévoilé.

    La bête fauve était avide de nourrir sa concupiscence ;
    Chaude Lapine était féconde et, d’une lascive caracole,
    S’offrît à lui, tout impavide devant sa farouche puissance
    Et vit passer en une seconde sa descendance cunicole.

    Illustrations de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .