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  • La sirène anonyme du bois-joli

    La sirène anonyme du bois-joli

    Elle chantonnait en dormant en plein milieu des nénuphars
    Dans un étang non d’eau de mer mais d’eau douce toutefois saumâtre.
    Elle semblait rêver en formant des aquarelles de tous fards
    Avec dégradés outremer, turquoise et délayés d’albâtre.

    Je l’ai aperçue dans la mare entre la Töss et la colline
    Qui monte au château de Kyburg, à pic, bordée de précipices
    Or juste avant que je démarre, j’avais plutôt l’humeur encline,
    Puisque n’étant pas à la bourre, à m’asseoir sur un banc propice.

    J’eus presqu’envie de renoncer et continuer à l’observer
    Mais, pensant à tout le turbin que cela allait provoquer,
    Je ne m’voyais pas annoncer à ma femme de réserver
    Toute notre salle-de-bain pour une sirène évoquée.

    Alors j’ai repris l’ascension en abandonnant la dormeuse
    Qui continuait à m’évoquer un joli babil envoûtant.
    Mais je bénis mon abstention car après une nuit brumeuse
    De gros remous ont provoqué des effluves assez dégoûtants.

    Je compris enfin ma méprise quand je revins le lendemain
    En voyant le convoi funèbre conduit par des nymphes en folie.
    Elle était morte sans surprise et elle avait pris le chemin
    De l’Eden tristement célèbre des sirènes du bois-joli.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Conversation en queue de poisson

    Conversation en queue de poisson

    Lorsque la sirène rencontre un amateur de belles lignes,
    Elle s’enquiert de ses conseils sur sa précieuse silhouette.
    Si celui-ci va à l’encontre des espoirs dont elle s’assigne
    Alors soit il vient de Marseille, soit il s’en va en cacahuète.

    Il est vrai que dans les calanques, lorsque l’on croise une sirène,
    C’est soit Fanny, soit Marinette qui vient bronzer sur les rochers.
    Par ailleurs jamais il ne manque un nigaud menant sa carène
    Qui s’fait griffer par la minette qu’il avait tenté d’approcher.

    Quand la sirène prend forme humaine, campée sur deux jambes sublimes,
    Et vient aborder un marin sur le quai de la Joliette,
    Il lui plaira une semaine, puis mourra en pleine déprime
    Avec un brin de romarin et de fenouil dans son assiette.

    Tableau de Abel Roy.

  • Rouge farouche

    Rouge farouche

    Le chaperon, plutôt revêche, était rouge mais de colère
    À force de subir du loup tous les outrages à sa vertu
    Puisque sa mère, cette pimbêche, dans les heures crépusculaires
    Sous des prétextes assez chelous, la faisait partir court-vêtue.

    Car neuf fois sur dix, le loubard, une espèce de grand escogriffe,
    Lui imposait dans la clairière son désir de conter fleurette
    Ses sales pattes sur les nibards en lui plantant ses sales griffes
    Sur la chair tendre de son derrière et ce, depuis belle lurette.

    À force d’être ainsi violée, pour qu’il n’y ait plus de jaloux,
    Elle a ficelé sa grand-mère avec sa mère dans la brouette.
    Quand l’horizon devint violet, à l’heure bleue entre chien et loup,
    Elle a transporté ces commères en poussant le cri de l’alouette.

    Mais lorsque la viande est trop dure, le loup rechigne à la manger
    Et le chaperon affligé doit faire ses parents mariner.
    Après de longues procédures, la fille eut l’esprit dérangé
    Car le gourmet l’a obligée à les faire frire enfarinés.

    Tableau de Eric Wallis.

  • En attendant le retour de Barberousse

    En attendant le retour de Barberousse

    Quand « Il » franchira l’équateur, « Il » sacrifiera à Neptune
    Une bouteille de vin fin, millésimé, béni, divin. †
    Au temps précis indicateur, c’est-à-dire à l’heure opportune,
    « Elle » pensera à lui aux confins du temps des années quatre-vingt.

    Car il n’est jamais revenu, le grand navigateur illustre !
    Perdu en mer dans la tempête par une nuit de pleine Lune.
    Qu’est donc son fantôme devenu ? Hante-t-il son château lacustre ?
    Ainsi si Madame est pompette, lui en garde-t-elle rancune ?

    Oui et non ; il lui apparaît lorsqu’elle plonge dans l’ivresse
    Comme si elle guettait son retour et que son bateau rentre au port.
    Elle l’a vu qui l’amarrait, puis qui accourt plein d’allégresse,
    Monte l’escalier de sa tour et sexuellement fait son rapport.

    (Tableau bizarrement signé 2 fois dont A. Agrippina ;
    † vers emprunté à « La rose, la bouteille et la poignée de main » de Georges Brassens.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Réveil en ville pour Lolita

    Il est cinq heures et un coq chante perdu quelque part sur un toit
    Et je maudis le coquetier qui a bâti son poulailler.
    Ne croyez pas que ça m’enchante d’ouïr ce cri fort discourtois
    Et j’en ai ras le cocotier de cet oiseau fou à lier !

    Il est six heures, un chien aboie, un autre mâtin lui répond
    Et j’abomine tous ces maîtres qui sortent même sous la pluie.
    « On est en ville et pas au bois ! » M’écrié-je à tous ces fripons
    Qui ont décidé de me mettre la rate au court-bouillon précuit !

    Il est sept heures, les cloches sonnent, perdues au milieu des gratte-ciels,
    Et je hais ce carillonneur qui ose à l’époque moderne
    Donner autant de sa personne à ce carillon démentiel
    À chaque heure du jour en l’honneur de je n’sais quelle vieille baderne !

    Il est huit heures, je me rendors, bercée par le bruit des voitures
    Que j’aime entendre klaxonner et rouler à tombeau ouvert
    Conduite par des conquistadors partant très tôt à l’aventure
    Et travaillent dur pour me donner mon toit, le gîte et le couvert.

    Illustrations de Pénéloppe Bagieu.

  • Le moment de détente

    Le moment de détente

    J’aime bien les moments de détente mais j’aime mieux ceux qui me tentent
    Comme une envie de s’allonger avec celle du sexe opposé
    Et l’imaginer compétente, farouche mais pas hésitante
    Pour continuer et prolonger tout en étant bien disposée.

    J’en ai rêvé et, au matin, mon rêve s’est matérialisé ;
    Chaque fois que je me détends, il m’apparaît son hologramme.
    Peau rose au toucher de satin, ma poupée idéalisée
    Ouvre les yeux et me prétend qu’elle s’est trompée de programme.

    « Mon cher Monsieur, il y a erreur ! » Me dit-elle d’une voix laconique.
    « Le livreur n’était qu’un stagiaire et a confondu les paliers ! »
    Et devant mon air de terreur, se lève ma beauté mécanique
    Et je vois son petit derrière se dandiner dans l’escalier.

    Tableau d’Ignat Ignatov sur https:blognuart.wordpress.com .

  • Les réfugiées climatiques

    Les réfugiées climatiques

    Les boat-people, surtout des hommes, tentent la traversée en mer
    En risquant tristement leurs vies et notamment de se noyer.
    Aussi, les autres chromosomes – les « XX » – restent alors amers
    Et comment faire, à votre avis, pour tenter de nous apitoyer ?

    Elles embarquent complètement nues en direction des garde-côtes
    Qui, aussitôt, les récupèrent, le charme aidant, évidemment.
    Devant ces belles inconnues, les premiers baisers se bécotent
    Et puis enfin on coopère, on fait l’amour lascivement.

    Si bien que les dames enceintes font valoir leurs droits légitimes
    En demandant le droit d’asile par leurs enfants récompensées.
    Ainsi celles qu’on prenait pour saintes concernant les rapports intimes
    Ont trouvé la faille facile ; bien sûr, il fallait y penser !

    Tableau de Harry Holland sur https:blognuart.wordpress.com .

  • La Vénus chinoise

    La Vénus chinoise

    Au temps des amours tonkinoises, les dieux avaient confié le poste
    À une Vénus, bien sûr chinoise, mais très douée pour les ripostes
    Car elle savait raccommoder les cœurs victimes de goujats
    Et savait les accommoder au nuoc-mâm et sauce soja.

    Heureux ceux qui pouvaient s’aimer sans l’aide de l’instigatrice
    Car elle aimait les consommer, ces cœurs remplis de cicatrices.
    Comme quoi petit à petit, il valait mieux consolider
    Ses amours sinon l’appétit de Vénus les invalider.

    Mais comme ils sont plusieurs milliards, Vénus a du pain sur la planche
    Car aujourd’hui pour faire un gniard, les gens n’ont plus que le dimanche.
    Mais ne vous en faites pas les gars, leur déesse-amante-religieuse
    Ne peux pas faire de dégâts chez nous car bien trop contagieuse.

    Œuvre de Lin Chin-Hsien sur https:www.catherinelarosepoesiaearte.com201804lin-chin-hsien.html .

  • Les fantômes chinois

    Les fantômes chinois

    Faire naufrage en mer de Chine vous envoie directement au ciel ;
    Au ciel chinois, cela s’entend, avec des règles différentes.
    Pour faire tourner la machine du Dieu chinois concurrentiel,
    Il vous faut travailler cent ans afin de payer votre rente.

    Voilà pourquoi tant de fantômes nous arrivent du soleil levant ;
    Des boat-people aux yeux bridés mais dont le corps est transparent.
    Nonobstant ces nombreux symptômes, ils se dispersent comme le vent
    Et viennent, tout à fait débridés, hanter les toits chez nos parents.

    Des greniers, comme un coquillage, on croirait entendre la mer
    Mais si l’on tend bien son oreille, on entend plusieurs voix sereines
    Qui ressemblent à un babillage de petites et jeunes commères
    Tandis que leur nef appareille au son des cloches et des sirènes.

    Œuvre de Lin Chin-Hsien sur https:www.catherinelarosepoesiaearte.com201804lin-chin-hsien.html .

  • L’ange chinois

    L’ange chinois

    Un ange chinois, pourquoi pas ? Leur sexe est déjà un mystère
    Quant à leur nationalité, on n’la leur a jamais demandée…
    Y-a-t-il autant d’épiscopats que de nations sur notre Terre ?
    Voilà une éventualité qui mérite d’être commentée…

    Aux Dieux chinois, des chérubins et cantonais et mandarins ;
    À Bouddha des anges à six mains et d’autres à tête d’éléphant.
    Aux Dieux Tataouine-les-Bains, leurs anges voguent dans des sous-marins ;
    Pour Allah, après examen, je crois qu’l’islam me le défend…

    Mais revenons aux dieux chinois et leurs archanges aux yeux bridés
    Avec Ku-Pee-Dong dédié aux amoureux si choupinous
    Et un Lu-See-Fer pékinois copié, cloné et hybridé,
    Puis qu’on aurait congédiés et envoyés vendre chez nous.

    Œuvre de Lin Chin-Hsien sur https:www.catherinelarosepoesiaearte.com201804lin-chin-hsien.html .

  • L’amour qui fait rêver

    L’amour qui fait rêver

    De plus en plus souvent lorsque je veux écrire
    Un poème d’amour, un poème du soir,
    Je ferme un peu les yeux un moment pour proscrire
    Ce qui peut nuire à l’âme et à mon cœur surseoir.

    Et soudain je m’endors, je ne sais pas comment,
    Et le rêve démarre au dernier mot choisi.
    Plus rien ne me contrôle dans le nouveau roman
    Qui m’ouvre enfin ses portes d’une humble courtoisie.

    L’âme nue, le cœur pur, sans le corps limité
    Par l’esprit timoré, étriqué du terrien.
    L’amour poursuit la route en tendre intimité
    Et la main qui écrit ne se souvient de rien.

    Au réveil je relis mes écrits sans comprendre
    Comment j’ai parcouru ça dans mon rêve étrange.
    Le secret de l’amour, c’est lui laisser m’apprendre
    Ce que je n’ose pas et pourtant me dérange.

    Tableau de Francisco Lomeli Bustamante sur https:conchigliadivenere.wordpress.comtagiran-lomeli et sur https:catrina-burana.livejournal.com21809.html .

  • Perséphone & le Minotaure

    Perséphone & le Minotaure

    On dit qu’ils eurent une aventure dans le dédale des amours ;
    L’une cherchait comment sortir et l’autre comment pénétrer
    Dans le cœur de la créature en usant de charme et d’humour
    Pour la séduire et la blottir entre ses gros bras empêtrés.

    Car au milieu du labyrinthe, il avait fait sa garçonnière
    Avec une vue imprenable sur le palace de Minos.
    Les murs ont connu les étreintes du geôlier et sa prisonnière
    Et des plaintes insoutenables durant la nuit même de leurs noces.

    Qu’est donc Perséphone devenue une fois son amant occis
    Par ce fou furieux de Thésée qui fut lors déclaré vainqueur ?
    Elle a dû s’enfuir toute nue dans une totale paradoxie †
    Car elle avait sympathisé, avec son beau bourreau des cœurs.

    (Tableau de Nightlarke ;
    † La paradoxie est un concept qui met en évidence une contradiction, une opposition ou une incohérence entre deux éléments ou deux idées ; j’ai bien aimé placer ce mot ici.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les femmes-chattes

    Pour changer des femmes-poissons, ce soir je rêve de femmes-chattes
    À longue queue qui ne remue que lorsque je les impatiente.
    Mais si je leur offre des moissons de caresses d’une douce patte,
    Elles se montrent tout émues, ronronnantes et stupéfiantes.

    Mais comment les apprivoiser et faire patte de velours ?
    Sans doute en offrant à manger quelqu’alléchantes mises en bouche.
    Et pour les faire pavoiser, ne jamais se montrer balourd
    Mais proposer à échanger quelques chatteries sous la couche.

    Mais attention aux coups de griffes et aux coups de dents acérées !
    Heureusement il y a des signes révélateurs de leurs humeurs.
    Car se conduire en escogriffe risque de se faire serrer
    Afin de subir la consigne… mais ce ne sont que des rumeurs !

    Illustrations de blowyourmindai.

  • Mes racines spirituelles

    J’aimerais raccorder mon âme à ses racines spirituelles
    Pas celles de la religion qui m’apparaissent inadaptées
    Mais celles qui donne le sésame à ma vie individuelle
    Pour se connecter aux légions métaphysiques à capter.

    Débrancher la réalité pour d’autres courants de pensées,
    Sortir de ma boîte crânienne et m’épanouir autrement.
    Ressentir ma dualité avec une force dispensée
    Par mes sources océaniennes, de feu, de terre et d’errement.

    J’entends les réponses du vent à mes questions déterminantes,
    Je perçois dans l’obscurité les portes que je dois franchir,
    Je sens les effluves adjuvants dans les tempêtes pertinentes
    Et je touche à la vérité qui demain saura m’affranchir.

    (Tableaux de Kelly McKernan sur kellymckernan.com

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Henri IV discrédité

    Henri IV discrédité

    Si « labourage et pâturage » reste devise de la France,
    L’histoire de la poule-au-pot va à l’encontre du wokisme
    Car ce concept nous encourage à désapprouver à outrance
    La production mal à propos de viande qui devient traumatisme.

    Pauvre Henri IV qui ne voyait qu’un moyen de nourrir ses gens !
    Hélas pour lui, le Nouveau Monde n’était pas encore découvert
    Car sinon, sans se fourvoyer, il eût été intransigeant
    À exiger que l’on s’inonde de pomme-de-terre dans le couvert.

    Cela dit, les autres pays, ceux ni de France ni de Navarre,
    Persévèrent dans l’élevage de poules pour les consommateurs.
    Quoi qu’il en soit, on est trahi – l’histoire n’en est pas avare –
    Chaque fois qu’on se prête au lavage de crâne par les réformateurs.

    Illustration de Nate Owens.

  • Liberté, regarde ce qu’ils ont fait de toi !

    Le monde libre est condamné, ses ressources sont limitées ;
    Les pays exigent leur part et s’il le faut en viennent aux mains.
    Ainsi donc d’année en année, tous cherchent à délimiter
    L’or qui se niche en toutes parts ; jaune, noir, vert, bleu, voire humain.

    Car l’être humain est le moteur du réseau de consommation ;
    C’est la cellule consommatrice qui produit l’énergie du fric
    Qui enrichit les promoteurs, qui participe à la nation,
    Et surtout – mystificatrice – ce qu’elle a pillé à l’Afrique.

    Le consommateur se lève tôt pour accomplir son dur labeur,
    Porter le fardeau du travail comme Sisyphe son rocher.
    Mais bien qu’on le mène en bateau, sa quête de l’argent du beurre
    L’accapare vaille que vaille sans qu’il puisse s’en décrocher.

    Tout travail mérite salaire et mérite sa récompense ;
    Les consommateurs programmés partent en voyages organisés.
    Jeux et sports comme intercalaires afin que les loisirs compensent
    Toute idée que pourrait bramer le nouveau serf modernisé.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les eaux claires

    Les eaux claires

    Quand j’ai plongé dans les eaux claires et lumineuses du lagon,
    Je m’attendais à rencontrer toute une faune sous-marine
    Et dénicher un exemplaire d’un pégase – ou poisson-dragon –
    À prendre en photo pour montrer leurs vues sur fond bleu azurine.

    En fait d’animal aquatique, j’ai croisé une jeune sirène
    Juste vêtue d’un paréo enroulé autour de ses hanches
    Et quelques fleurs fantasmatiques qui lui donnaient un port de reine
    Dont des roses de Bornéo, quatre fuchsia et une blanche.

    Si j’ai pu la photographier je n’ai pu suivre son sillage
    Encore qu’elle ait su me séduire par la beauté de ses appas
    Et bien qu’un requin gougnafier vienne faire ses enfantillages
    En me conseillant de m’enfuir ou de partager son repas.

    Tableau de Phil Roberts.

  • Lire entre les lignes de la sirène

    Plus je lis, j’écris et je rêve et plus d’histoires de sirènes
    Poussent mon cœur à naviguer de bonne humeur dans leurs eaux troubles.
    Et plus j’y repense sans trêve, plus les idées viennent sereines
    Nourrir mon âme et prodiguer une exaltation qui redouble.

    Si je vous disais que je songe à échanger mon genre humain
    Pour une queue et des branchies pour faire mille galipettes,
    Ce ne serait pas un mensonge d’avouer ce désir surhumain
    Qui me libère et m’affranchit de tous les cons qui se la pètent.

    Jamais ne mangerai de marin ; j’ai connu de sacrés menteurs
    Qui racontaient au cabaret leurs amours avec millésime.
    Mais sans me monter au tarin, leurs récits des plus enchanteurs
    M’ont tant fait rire que j’ai barré leur profession de mon régime.

    J’ai tant rêvé de ce fantasme à me dorer le cul à l’air
    Sous un crépuscule orangé sur mer aux vagues émeraude,
    Que la nuit j’en ressens l’orgasme dresser ma croupe populaire
    Comme une queue verte frangée de cette extase qui me taraude.

    Tableaux de Jim Warren sur https:www.facebook.comJimWarrenArtist .

  • Sur le chemin d’octobre à novembre

    Sur le chemin d’octobre à novembre

    J’ai pris la route de novembre après avoir quitté octobre
    Par le chemin des écoliers long, sinueux mais magnifique.
    Le vert domine encore l’ambre et la rouille demeure encore sobre
    Mais l’automne va tout défolier de ses colorants mirifiques.

    Les champignons sont à la fête et tracent leurs ronds de sorcières
    Dans les sous-bois au pied des arbres pour on se sait quelles raisons.
    Sans doute qu’à partir du faîte, la grande assemblée forestière
    Se hisse comme des candélabres pour surveiller à l’horizon…

    …les premières heures de novembre qui vont venir après minuit
    Parsemer les bois, les forêts, tous ensemble en simultané,
    De tons pour attendre décembre et le solstice de la nuit
    La plus longue, la plus phosphorée et la plus belle de l’année.

    Petit sentier qui conduit à Eidberg, point le plus haut de la commune de Winterthur.

  • Adieu octobre, bonjour novembre

    Adieu octobre, bonjour novembre

    Élevée au fruit de la vigne, nourrie aux couleurs de l’automne,
    Vêtue à la mode d’octobre, la Terre se saoule de récolte
    Tandis que le soleil fait signe de rayons désormais atones
    Qu’il est temps de se montrer sobre avant que tourne virevolte.

    Halloween est passé si vite que tous les morts en pleine fête
    S’éternisent un peu trop longtemps dans le doux cocon de novembre.
    Alors que les forêts évitent encore de découvrir leurs faîtes,
    Elles résistent en affrontant les couches mordorées de l’ambre.

    Il est trop tard pour reculer et l’heure du sommeil a sonné ;
    La nuit grignote les journées elles-mêmes en pleine débâcle.
    Toutes les feuilles maculées de rouille en train de frissonner
    S’envolent pour une tournée qui sera leur dernier spectacle.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • La nuit d’Halloween

    La nuit d’Halloween

    Ainsi parée, méconnaissable pour qui pourrait bien la surprendre,
    Elle ouvre la cérémonie qui va durer toute la nuit.
    Les morts-vivants indispensables à l’ouverture vont entreprendre
    Leurs danses sans parcimonie car on est tous fous à minuit !

    Attardons-nous sur la sorcière et son maquillage sublime ;
    Un bodypainting sur mesure qui lui magnifie tout le corps.
    Ses belles cornes d’officière marquent ainsi l’estampillage
    Qui lui confère l’embrasure avec sa griffe de Manticore.

    Tous les démons sont écartés, les loups-garous, les feux follets
    Car on ne fête que les hommes et les femmes qui ont trépassé
    Bien qu’il se dise en aparté qu’on a vu Satan affolé
    Refaire le coup de la pomme avec une citrouille violacée.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Le jour d’Halloween

    Il est si bon de se détendre dans un bain de bave d’escargot
    Dans l’atmosphère tamisée juste à la lueur des bougies.
    Elle reste sereine sans attendre que soit décrété l’embargo
    Sur les démons satanisés dès que la Lune aura rougi.

    Car ce soir, elle fête les morts et Satan n’est pas invité ;
    Drôle de sorcière, direz-vous, mais celle-ci est particulière.
    Si elle n’éprouve aucun remords sur la macabre suavité,
    Elle se fait belle, elle l’avoue, pour cette nuit festivalière.

    Pour son costume, pas de panique, puisqu’à Halloween, elle est nue
    Sous un habile maquillage pour bien se sentir en accord.
    Fi des robes et des tuniques ! Ce soir on se met en tenue
    D’Ève et d’Adam sans le feuillage qui dissimule le bas du corps.

    Bientôt minuit, le bain est froid et la bave a bien pénétré
    La peau de la jolie sorcière qui jouit d’un éclat ravivant
    Mais se demande avec effroi si elle saura bien perpétrer
    Ce dont ses sœurs l’associèrent depuis la nuit des morts-vivants.

    Tableaux de Natalia Uncolored.

  • Le cercle circonscrit à la femme

    Le cercle circonscrit à la femme

    Tout est circonscrit chez la femme dans le cercle de ses amis ;
    La main qui caresse les seins, la bouche qui s’ouvre en cul-de-poule
    Afin de fournir à Madame par respect à son académie
    L’organe idoine à son bassin qui jusqu’au cœur la tourneboule.

    On peut, dans un grand lit carré, lui fourrer son triangle inscrit
    Par des va-et-vient consacrés à lui dérider les sinus
    Si elle a été préparée aux préliminaires prescrits
    Par trigonométrie sacrée, cunilingus et cosinus.

    La femme est circonscrite à l’homme ; la relation est réflexive,
    Symétrique et même transitive à d’autres femmes parallèles
    Dont les routes à l’instar de Rome auront des dérives successives
    Afin que les meufs sensitives en aucun cas ne s’interpellent.

    Tableau de David Gray.

  • Prototypes Eva I & II

    La genèse aurait deux versions ; l’une publique, l’autre cachée
    Selon qu’Ève ait été séduite ou aurait vaincu le serpent.
    Mais l’homme a eu en aversion de voir son image attachée
    À sa contribution réduite à n’être qu’un participant.

    L’autre version, intéressante, montrait une Ève née d’une côte
    Qui lui aurait donné des pattes en guise de jambes adéquates
    Mais au final, reconnaissante envers ses membres de cocotte,
    Et méfiante envers le sociopathe qui enfin l’aurait rendue coite.

    La première Ève, assez naïve, assumera éternellement
    D’avoir trahi et convaincu l’homme de se laisser corrompre.
    La deuxième Ève, plus intuitive, serait plus maternellement
    Puissante au point d’avoir vaincu le piège qu’on ne pouvait rompre.

    Qui donc a choisi la première version plutôt que la deuxième ?
    Sans doute un ange phallocrate embarrassé d’ordres accablants.
    Désormais toute la lumière étant faite sur l’anathème,
    Dieu n’est donc pas très démocrate et tout est cousu de fil blanc.

    Tableaux de Gabriel Grün sur https:elhurgador.blogspot.com201602gabriel-grun-pintura.html .

  • De l’autre côté du miroir

    De l’autre côté du miroir

    J’en ai rêvé, j’ai traversé et j’ai vu derrière le tain
    Du miroir qui ne renvoyait qu’un faux reflet de ma personne !
    Je dois le dire, j’en ai versé des larmes avant d’avoir atteint
    L’autre côté qui s’employait à ce que je me désarçonne.

    Mais je n’me suis pas laissé faire ; en effet, je suis ambidextre,
    J’inverse la droite et la gauche depuis, je crois, l’adolescence.
    Au commencement, quelle affaire de savoir où faire apparaître
    Moi et mon double qui se chevauchent dans deux mondes en coalescence !

    La première fois, on s’est croisés, chacun dans le monde de l’autre ;
    La deuxième fois, on s’est trouvé ensemble, oui mais tête-bêche.
    Puis nous avons apprivoisé ce sas qui est désormais nôtre
    Et nous l’avons tant éprouvé qu’il ne nous parait plus revêche.

    Alors dans l’envers du décor, la république est un royaume
    Où le président est un roi et moi son fou, fin diplomate.
    Mon autre moi fait corps à corps avec la reine polychrome
    Qui rougit d’un tel désarroi quand je leur fais « échec et mat ! ».

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • La maison bleue accrochée à la colline

    Je l’ai retrouvée par hasard la légendaire maison bleue
    Et, comme il n’y a pas de lézard, j’en ai même découvert deux.
    L’une accrochée à la montagne, un peu plus grande qu’une colline ;
    L’autre bâtie en pleine campagne, parmi les lavandes violines.

    Mais curieusement le même arbre officiait comme un gardien
    Semblant vouloir rester de marbre devant le cycle circadien
    Or il ne connaît aucune ombre à quelque heure de la journée
    Et cela quel que soit le nombre de degrés du feu retourné.

    Si le soleil tapait si fort au zénith en pleine lumière,
    L’arbre ne faisait aucun effort pour en protéger les chaumières.
    Voulant en avoir le cœur net, j’ai visité chaque maison
    En donnant trois coups de sonnette pour je ne sais quelle raison.

    Mais ces maisons inhabitées garderont longtemps leurs secrets
    Car une fonctionnalité les rendrait plus ou moins sacré.
    Elles étaient toutes les deux à vendre pour une somme fabuleuse
    Par un proprio dont le ventre avait la bourse globuleuse.

    Tableaux de Juan Brufal.

  • La vérité sort de la bouche des enfants

    La vérité sort de la bouche des enfants

    J’ai ouï dire que la vérité sort de la bouche des enfants
    Aussi crue qu’une femme nue dévêtue de tout protocole
    Car seule la sincérité qui jaillit en apostrophant
    L’interlocuteur est connue comme un pertinent cas d’école.

    Entre les garçons et les filles, la vérité est différente ;
    Sans doute la sexualité influe sur la véracité.
    Elle tombe comme un coup de faucille et elle devient belligérante
    Selon l’éventualité d’un désir de voracité.

    La vérité, comme le vent, apporte des désagréments ;
    Elle secoue, elle dévoile ce qui n’était que présumé.
    Si rumeur au soleil levant provoque maints égarements,
    La vérité sous les étoiles la fait disparaître en fumée.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • L’âme en sommeil, l’âme en éveil

    L’âme en sommeil, donc irréelle, n’a pour nous aucune substance ;
    La vie avant la vie échappe aux lois de la philosophie.
    Où donc se cache la surréelle forme de vie sans consistance ?
    Accomplit-elle plusieurs étapes aux lois de la théosophie ?

    L’âme en réserve dans les greniers de la grande ferme de Dieu
    En attendant d’être semée par un ange inséminateur ;
    Mais voici qu’un esprit pionnier s’empare du grain radieux,
    Le plante en terre de l’aimée de son mari germinateur.

    Rien n’a changé sinon l’éveil mais l’âme est encore en sommeil ;
    La vie du début de la vie est végétale et animale.
    Il faudra mille-et-un réveils consécutifs sous le soleil
    Pour l’animer sur le parvis par touches infinitésimales.

    Des milliers de soleils couchant illustreront son épopée
    Et des milliers de pleines lunes illumineront son aura.
    Apprentissages effarouchant, amours sans cesse développées
    Lui amasseront la fortune qui enrichit son mentorat.

    Tableau de Ivo Saliger.

  • Les trois soleils de Lucie

    Les trois soleils de Lucie

    Deux soleils bleus, un soleil d’or, voilà le trésor de Lucie
    Qu’elle transporte, qu’elle projette aux quatre horizons de la Terre.
    Lorsqu’un paysage s’endort, elle envoie avec minutie
    Les passions dont elle est sujette et leurs délices complémentaires.

    Deux soleils verts à l’heure bleue, deux soleils rouges au crépuscule ;
    Les yeux de Lucie s’endimanchent selon les nuances du temps.
    Sur bord de mer, des yeux sableux imprègnent sur la pellicule
    Des contours sur une plage blanche qui esquissent un jour débutant.

    Lucie a l’œil psychédélique qui voit ce qu’il veut sublimer,
    Qui crée de nouvelles couleurs sur de jeunes ciels cérulescents.
    Peut-être un peu machiavélique, qui irait jusqu’à élimer
    Pour éliminer ses douleurs dans des soleils opalescents.

    Gribouillage de Fabienne Barbier au téléphone.

  • Une existence bizarre

    Une existence bizarre

    Juste un soleil crevant le ciel, une lune perçant la nuit,
    Un horizon délimité et moi au milieu de tout ça.
    Et dans l’univers substantiel, ce qui me plaît, ce qui me nuit,
    Et qui fait l’équanimité d’une existence couci-couça.

    Ma vie est une chansonnette avec des refrains pour repères,
    Avec des accords harmonieux, des diminués, des augmentés.
    Et moi simple marionnette, née de ma mère et de mon père
    Et dont les fils acrimonieux m’emportent dans un bal tourmenté.

    Si la vie ne tient qu’à un fil, je m’y suis souvent accroché
    Et j’en vante la qualité car je n’ai pas su le couper.
    Il dessine ainsi mon profil vers la voie la plus rapprochée
    Du nœud de la mortalité que je suppose entourloupé.

    Tableau de Tsunemasa Takahashi.

  • Trois couleurs : matin, midi et soir

    Au matin, Madame ma Mère, était orange de stupeur
    En découvrant son rejeton aux yeux de biche effarouchée.
    Mais hélas sa laitance amère m’éveilla toutes sortes de peurs
    Envers les seins et leurs tétons qui, à ce jour, me font loucher.

    À Midi, Madame mon épouse, était écarlate de désir
    Pour offrir sa terre fertile à mon envie germinatrice.
    J’ai dû cultiver sa pelouse et son jardin de mon plaisir
    Qu’elle savait rendre érectile par ses ardeurs fornicatrices.

    Le soir, Mademoiselle ma fille, était spontanément violette ;
    Elle était le soleil couchant qui crée des rêves les plus bénins
    Aux songes merveilleux qui vacillent entre l’enfance à la volette
    Et l’adolescence débouchant sur mon éternel féminin.

    Tableaux de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • La vie tranquille

    Entre hétéros, on vit tranquille malgré nos sexes compatibles
    Qui nous ont séparés en deux selon une pruderie immonde ;
    Vestiaire garçon, vestiaire fille, démarcation irréductible,
    Mais un parcours moins hasardeux pour mettre des enfants au monde.

    Entre hétéros, tout est mystère au moment de l’adolescence ;
    On joue avec nos instruments – le con sert tôt en sol mineur.
    On se découvre, on sait se taire pour souvent se voir en l’absence
    Des parents qui jugent crûment qu’on est de trop jeunes butineurs.

    Entre hétéros, les habitudes plaisent à Monsieur moins à Madame
    Qui pour changer de la routine cherchera d’autres aventures ;
    Monsieur trompera sa lassitude avec échecs et jeux de dames
    Car pour les amours clandestines, chacun ménage sa monture.

    Illustrations de Fanny Blanc sur http:www.fannyblanc.comindex.phpdessinsla-vie-tranquille .

  • Cygne extérieur de richesse

    Cygne extérieur de richesse

    Paradoxalement, qui annoncent rations et fin de l’abondance,
    Sont les mêmes qui chaque jour vivent aux frais de la princesse.
    Paradoxalement, qui renonce au luxe et à faire bombance
    Continuera – et pour toujours – à s’écarter de la richesse.

    La république insubmersible commence à faire eau de toutes parts ;
    Seuls les petits malins échappent au naufrage qui semble imminent.
    Et comme c’est irréversible, je m’attends à voir le départ
    Des rats qui, planqués sous la chape, quittent le navire éminent.

    Or serait-ce un signe des temps, Marianne nous mène en bateau
    Avec son capitaine à cran sur le pouvoir économique.
    Tant mieux car ce serait embêtant – pour ne pas dire plus « pataud » –
    Que celui qui crève les écrans ne se révèle tragi-comique.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Marianne de chêne

    Mariée durant les années folles sous la troisième république,
    Marianne, après quatre-vingts ans fêterait ses noces de chêne
    Dans une France qui batifole partout sur les places publiques
    Avec des airs s’improvisant sur des musiques qui se déchaînent.

    Mais voilà, il y a eu la guerre et des années d’occupation ;
    Puis après la libération, Marianne alors se remarie
    À la quatrième qui n’est guère de bien piètre réputation
    Par une prolifération de couacs et de charivaris.

    Mais aujourd’hui là coup est pleine et Marianne veut divorcer
    De son mari présomptueux, arrogant et outrecuidant.
    Elle a beau surveiller la plaine… personne ne veut s’efforcer
    À renverser l’impétueux tyran qui est notre président !

    Carte de vœux de Marie Lebec réalisée par Janina Rossiter sur http:janinarossiter.comCommissionWork.html .

  • Tea Time at sea o’clock

    Tea Time at sea o’clock

    At sea o’clock, tout l’monde s’arrête, poissons, mollusques et méduses
    Voici venue l’heure de bonté à savourer dans les abysses.
    Alors on se détend l’arête et l’on commande à la cambuse
    Un vers imbibé de bon thé que l’on trempe dans du pain bis.

    Bien sûr, la sirène parade sur deux jambes chaussées de bottes ;
    En fait une illusion optique par la lumière ballotée.
    Tout le monde est bon camarade et les monstres marins barbotent
    En cet instant catalytique produit par l’eau dopée au thé.

    Assise comme une londonienne, minijupe et coiffe excentrique,
    Elle attend son triton charmant, vêtu d’un kilt kitch écossais.
    Heureusement, calédonienne à l’œil très colorimétrique,
    Elle repère son amant lorsque les poissons écossés.

    Illustration de John Alcorn.

  • La vlie à dleux

    La vlie à dleux

    La vlie à dleux, c’lest plas flacile sul la telle comme dans l’eau ;
    Palfois il faut polter un masque mais ça limite les blaisers.
    Et même en me montrant gracile, affable comme un angelot
    Si je devais porter un casque, l’amour en serait malaisé.

    Aimer une femme poisson et vivre dans son élément,
    Demande plus qu’une adaptation pour se plonger dans son milieu,
    Mettre de l’eau dans ma boisson et parler simultanément
    Sa langue avec ostentation sans me montrer trop sourcilleux.

    Si un appareillage idoine un de ce quatre jours m’échoie,
    Jamais je ne ressemblerai à un habitant des abysses.
    Si l’habit ne fait pas le moine, je n’ai hélas pas d’autre choix :
    Demain je me transformerai et que l’océan m’estourbisse !

    Tableau de Giulio Ingrosso.

  • La dame et l’élève

    La dame et l’élève

    Ainsi quand Dieu créa La Dame et puis lui donna son Élève,
    Les anges copistes comprirent tout de travers et, sur l’argile,
    Ils écrivirent alors qu’Adam fut procréé bien avant Ève ;
    Ce qu’alors tous les chrétiens prirent comme parole d’évangile.

    Quant au péché originel, entre la maîtresse et l’élève,
    Lequel fut amplement tenté par le fruit de la connaissance ?
    Ce secret de polichinelle qu’enfin aujourd’hui je révèle
    Risque alors de mécontenter les religions d’obsolescence.

    En fait, ça ne changera rien puisqu’aujourd’hui les genres changent,
    Que les hommes deviennent femmes devant leur Dieu abasourdi.
    C’est pourquoi le premier terrien n’aurait donc rien perdu au change
    Selon cette coquille infâme gravée par des anges étourdis.

    Tableau de Vladimir Golub.

  • Purge et récréation

    Purge et récréation

    Ce n’est pas par la tête que j’accouche des vers,
    Ce n’est que par le cœur que sortent mes enfants.
    Autrement je m’entête et fais tout de travers
    Et, même à contrecœur, mon corps me le défend.

    Mais aussitôt que j’ouvre mes veines et mes artères,
    Aussitôt que je lâche mes tripes et mes boyaux,
    Alors ce dont je souffre, mes démons délétères,
    Se vide et se relâche avec pulpe et noyaux.

    Alors du cœur léger et l’esprit grand ouvert
    Remonte comme une flamme mon être véritable.
    Je me sens protégé, nu et pourtant couvert
    Par l’aura de mon âme et sa source équitable.

    Tableau de Juan Carlos Verdial sur https:carlos-verdial.artelista.com .

  • La Vilaine Déesse

    Elle aurait plagié le Bon Dieu en créant l’homme à son image
    Sauf que la Vilaine Déesse a d’abord façonné la femme
    Puis après six jours insidieux, voulant sans doute se rendre hommage,
    Lui a adjoint pour ses prouesses un compagnon plutôt infâme.

    Car il avait trop d’appétit sexuel dont trop plein de vice
    Et le premier péché commis fut de ramoner son idole.
    Dès qu’ils eurent fait un petit, ils l’offrirent en sacrifice
    À la déesse qui le mît sur ses épaules comme une étole.

    Un cauchemar évidemment et la bible n’en parle pas
    Car la déesse repentie jura alors : « Plus jamais ça ! »
    Elle reprit avidement la création d’un autre pas
    Mais en prenant comme apprenti un Lucifer et vice-versa.

    Illustration de Michael Hutter sur https:www.enkil.org20080702michael-hutter-la-decadencia-del-ingenio .

  • Mon fidèle compagnon

    Mon fidèle compagnon

    Enfin un compagnon fidèle qui m’accueille dans la maison
    Lorsque je rentre du boulot et qui ne me fait pas la gueule !
    Il ne part pas à tire-d’aile et il ne perd pas la raison,
    Ni le cœur ni le ciboulot, pour un’ poule qui fait sa bégueule.

    C’est vrai ! Le seul inconvénient est de le sortir trois fois par jour
    Sinon il pisse sur les murs, sur le parquet et le balai.
    C’est vrai ! Il n’est pas ingéniant pour un sou et notre séjour
    A des effluves de saumure et aspire à être ravalé.

    Mais pour l’amour, quel Roméo quand le Soleil se carapate
    Et qu’il hurle à travers les plinthes à faire fuir un cul-de-jatte !
    Parfois il fait son rodéo en m’empoignant entre ses pattes
    Et en murmurant d’une plainte qu’il va me mordiller la chatte.

    Tableau de Giovanni Stecconi.

  • Le péril adulescent

    Certains fantasmes tiennent bon quant au péril adulescent
    Comme celui de dérober aux filles leurs petites culottes.
    Tous ces fanfarons furibonds, derrière ces vols recrudescents
    Qui se font à la dérobée, trouveraient la farce rigolote.

    Il faut courir en zigzaguant car les filles se sont armées
    Et tirent à coup de révolver sur les voleurs de lingerie
    Qui, dans des gestes extravagants, prennent leur pied, comme charmés
    D’être frappés d’un « game over » et mourir de leur pitrerie.

    Il paraît que, faute de slip, les filles n’ont rien sous leurs jupes
    Et qu’elles ne nagent qu’en soutif, faute de bikini complet.
    Mais aucune femme ne flippe, car pour autant elles ne sont pas dupes
    Et d’un réflexe consécutif se plaisent d’être ainsi contemplées.

    Tableau de Boris Vallejo.

  • La rose des vents d’amour

    La rose des vents d’amour

    En amour, le vent souffle vite ; en amour, le vent souffle fort ;
    Ainsi les cupidons en herbe doivent en apprendre l’essence.
    Portés par les vents, ils lévitent sur les courants non sans effort
    Pour décocher la flèche acerbe qui enflammera tous les sens.

    Amours du sud, amours du nord rencontrent des oppositions
    Dont un amour venu d’ouest fera vaciller les passions.
    Amours soufflantes, amours sonores lanceront des suppositions
    Qu’un Valentin, venu de l’est, tournera en émancipation.

    Mais qui donc contrôle les vents si ce n’est Vénus en personne
    Qui a obtenu les pouvoirs d’Éole qui n’est plus dans le vent ?
    Et si, dès le soleil levant, se lève un grain qui désarçonne,
    C’est l’amour qui vient promouvoir ses coups de foudre en pleuvant.

    Tableau de Catrin Welz-Stein sur http:artsdumonde.canalblog.comarchives2016031233502041.html .

  • Les phases de la Lune

    Les phases de la Lune

    Voici un joueur de flûteau mais qui ne charme aucun rongeur
    Hormis la Lune qui est sensible et qui lui obéit toujours.
    Les femmes également plutôt réceptives aux désirs songeurs
    Le suivent de manière ostensible dès qu’il arrive au petit jour.

    Elles sortent nues de leur couche et abandonnent leurs maris
    Pour offrir leur fécondité et leurs appas les plus glamours.
    Sitôt que le joueur embouche l’instrument, quel charivari !
    Les femmes d’une intensité maximale se pâment d’amour.

    Alors les maris en colère disent : « Ça ne peut plus durer !
    Ce fifrelin viole nos femmes et leur brise à jamais le cœur. »
    Alors le joueur impopulaire s’enfuit chez Monsieur le curé
    Qui lui troque sa flûte infâme pour charmer ses enfants de chœur.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Madame la Lune

    Madame la Lune

    Aujourd’hui, Madame la Lune, renouvelle sa garde-robe
    Et précisément ses chapeaux, des sombreros vertigineux.
    En cette période opportune, elle a même enlevé sa robe
    Puisqu’elle se cache fort à propos à nos regards libidineux.

    Quasiment nue derrière son voile – du moins le croit-elle, naïve,
    Voilà qu’un soleil à dessein l’éclaire de tous ses flambeaux.
    Tandis que son corps se dévoile, elle n’a comme seule alternative
    Que de dissimuler ses seins avec sa brassière en lambeaux.

    Voilà pourquoi, lorsqu’elle revient, elle n’expose qu’une interface,
    Puis une jambe, une hanche mais toujours en montrant son dos.
    Quant au soleil, elle le prévient : si jamais il montre sa face
    Il aura, ce prochain dimanche, une éclipse comme rideau.

    Tableau de Karol Bak.

  • L’ADN désassemblée

    L’ADN désassemblée

    En déroulant notre ADN, on ne sait pas trop quoi trouver
    À part les plans de confection de la plupart des protéines,
    Ainsi que la plupart des gènes aux caractères éprouvés
    Qui dirigent la conception de chaque héros, chaque héroïne.

    Si je désassemblais le mien, j’y retrouverais la nature
    De tous mes ancêtres communs depuis tout le règne animal.
    Du singe mésopotamien portant la même signature
    Qu’un loup, qu’un âne ou qu’un ours brun dans ce brin infinitésimal.

    Le futur n’étant pas écrit mais indiscernable à l’avance,
    Que ce démontage ne fasse que dérouler la nuit des temps !
    J’espère que mon dernier cri mettra mon code en connivence
    En espérant qu’il satisfasse un analyste plus compétent.

    Mon code infinitésimal contiendrait-il toute la vie
    Comme ces nombres irrationnels qui renferment l’univers entier ?
    Chaque plante et chaque animal pourraient lors s’estimer ravis
    Du défi générationnel dont la Nature est en chantier.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Cette Divine Nasse d’Âmes

    Cette Divine Nasse d’Âmes

    Les dieux ou les extra-terrestres – appelez-les comme vous voulez –
    Ont pris leur temps pour nous créer autant d’images que d’illusions.
    Certaines peintures rupestres montrent comment s’est déroulée
    La vie qui nous est agréée pour évoluer en cohésion.

    Depuis la Divine Nasse d’Âmes, sort une nouvelle entité
    Soufflée dans un nouveau fœtus auquel elle devra s’assortir ;
    Soit un beau mâle ou une dame, selon un plan commandité
    Qui devra faire preuve d’astuce pour réussir à s’en sortir.

    Après la mort, on récupère le fil de l’âme impressionnée
    Que l’on remet numéroté dans la Divine Nasse d’Âmes
    Laquelle d’après ces repères l’aura alors sélectionnée
    Pour recommencer à trotter parmi les milliards de quidams.

    Soit l’expérience réussit, soit elle échoue et on la jette ;
    Il paraît qu’il s’en est produit des instances incommensurables.
    C’est pourquoi avec minutie préservons notre âme sujette
    À obtenir le sauf-conduit vers un destin inespérable.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La vie, la mort et tout le reste…

    La vie, la mort et tout le reste, ça fait beaucoup pour un seul homme ;
    Pour une femme, c’est différent, ça fait de la conversation.
    Cela dit, ce serait plus digeste si les deux sexes en binôme
    Se partageaient au demeurant sans faire de tergiversation.

    La mort serait une femme noire, obscure, chaude, impénétrable ;
    Le corps resterait masculin car il s’agit de ma personne ;
    Le cœur, féminin c’est notoire, battrait pour des causes admirables ;
    L’esprit serait bien plus malin s’il n’était une fille-garçonne.

    Tout devient plus simple à présent pour avant et après la vie :
    Avant, c’est une jolie prêtresse qui m’offrait le sens de l’humour ;
    Puis à partir de mes treize ans, les femmes m’ont l’âme ravie ;
    Enfin ma dernière maîtresse m’emportera mourir d’amour.

    Tableaux de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • La fille de Noé

    Non, ce n’est pas Arsinoé, Parsiphaé ou Salomé
    Mais bien la fille de Noé dont on connaît la renommée.
    Mais on ne sait rien de son nom – sans doute une erreur de genèse –
    Qui aurait eu peur du renom de celle qui en prenait à son aise.

    À son aise avec les mélanges, métissages et hybridation
    Au point que papa se dérange pour avoir une explication :
    « Ces chienpanzés, ces lapintades, ces serpaons et femmes-poissons,
    Il est temps que ces incartades cessent et toutes ces contrefaçons ! »

    Ainsi parla le patriarche contre la folie de sa fille
    Qui a failli créer dans l’arche des chimères de pacotille.
    Toutefois elle put, sereine, relâcher quelques spécimens
    Notamment une jolie sirène qu’elle aurait nommée Célimène.

    Tableaux de Patricia Traub.

  • La Vérité qui n’hésite pas à sortir du puits

    La Vérité qui n’hésite pas à sortir du puits

    En vérité, être à son compte, demande de se montrer nue ;
    D’abord un sein ragaillardi, puis une fesse vigoureuse
    Car la Vérité n’a pas honte d’exposer son corps ingénu
    Lorsqu’elle se sent assez hardie, voluptueuse et langoureuse.

    Lorsqu’elle s’avère assez tordue, la vérité éprouve du mal
    À nous convaincre que ses formes plaisent à notre crédulité.
    Lorsque sa vertu est perdue, son credo devient minimal
    Et la censure peu conforme à valider sa nudité.

    Avouons-le, toute vérité n’est pas si souvent bonne à dire ;
    Quand elle est trop crue – qui l’eut cru ? – elle a tendance à nous choquer.
    Elle aurait sans doute mérité de se couvrir et s’interdire
    De se laisser monter à cru sans selle pour nous provoquer.

    Si je voulais la vérité affichée au seuil des maisons,
    Si je voulais la voir inscrite sur votre nez ou votre front,
    J’éprouverais l’insécurité d’en reconnaître les raisons
    Qui dictent vos actions proscrites, vos manigances et vos affronts.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La Vérité qui hésite à sortir du puits

    La Vérité qui hésite à sortir du puits

    La Vérité controversée hésite à sortir de son puits
    Tant le mensonge l’a revêtue d’habits pudiques mais trompeurs.
    Sans doute aurait-on trop versé dans l’eau de drôles de produits ;
    Produits de vente, revenus, surtaxes et impôts qui font peur.

    La Vérité, quoiqu’elle fasse, est accusée de complotisme ;
    La Vérité, quoiqu’elle montre, est une atteinte à la pudeur.
    Aussitôt qu’elle pointe sa face, on ne voit d’elle que nudisme
    Et, vite fait, on nous démontre, qu’elle est d’un naturel dupeur.

    Moi, je serais la vérité, oserais-je affronter le monde ?
    Je demanderais ce qui dérange de faire tomber tous les masques.
    Quelle serait la véracité de tous ces processus immondes
    Cachés sous les multiples franges des mensonges les plus fantasques ?

    Plus je cherche la vérité, plus je clame la vérité,
    Plus je promets la vérité, plus je fais de la politique,
    Moins j’aurai de véracité, moins j’aurai de sincérité
    Et j’aurai donc plus mérité de faire l’objet de critiques.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.