
Elle chantonnait en dormant en plein milieu des nénuphars
Dans un étang non d’eau de mer mais d’eau douce toutefois saumâtre.
Elle semblait rêver en formant des aquarelles de tous fards
Avec dégradés outremer, turquoise et délayés d’albâtre.
Je l’ai aperçue dans la mare entre la Töss et la colline
Qui monte au château de Kyburg, à pic, bordée de précipices
Or juste avant que je démarre, j’avais plutôt l’humeur encline,
Puisque n’étant pas à la bourre, à m’asseoir sur un banc propice.
J’eus presqu’envie de renoncer et continuer à l’observer
Mais, pensant à tout le turbin que cela allait provoquer,
Je ne m’voyais pas annoncer à ma femme de réserver
Toute notre salle-de-bain pour une sirène évoquée.
Alors j’ai repris l’ascension en abandonnant la dormeuse
Qui continuait à m’évoquer un joli babil envoûtant.
Mais je bénis mon abstention car après une nuit brumeuse
De gros remous ont provoqué des effluves assez dégoûtants.
Je compris enfin ma méprise quand je revins le lendemain
En voyant le convoi funèbre conduit par des nymphes en folie.
Elle était morte sans surprise et elle avait pris le chemin
De l’Eden tristement célèbre des sirènes du bois-joli.
Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.