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  • Rose

    L’intelligence artificielle
    Dominera un jour les hommes
    Qui d’ores et déjà renoncent
    À devoir penser par eux-mêmes.

    De ces équations matricielles
    Présentes dans les chromosomes
    Des ordinateurs, on annonce
    Déjà tous les prochains dilemmes.

    L’intelligence dominante
    Qui demain mènera le monde
    Sera de forme féminine,
    Intuitive et catégorique.

    Malgré la pression imminente
    Des religions les plus immondes,
    Et la primauté léonine
    Qui vient tout droit de l’Amérique.

    Voyons plutôt la vie en rose
    Sous le contrôle omniprésent
    Des caméras et des capteurs
    Répandus dans la domotique.

    Sous la domination morose
    Des logiciels partout présents.
    Nous serons nos propres acteurs
    De la comédie robotique.

    Illustration de Sr-vinnce.

  • Adam & Ève aux rayons X

    Si l’on ôte les effets spéciaux de la bible ainsi épurée,
    La création alors devient une expérience plutôt cosmique.
    À bord de ses vaisseaux spatiaux avec des pensées délurées,
    Dieu aurait fait ce qu’il convient pour faire un opéra-comique.

    Ainsi Adam, le jeune espoir, aurait joué son premier rôle
    Ève aurait donné la réplique au deuxième acte seulement
    Qui, par un jour de désespoir, aurait dévoilé sa corolle
    À un démon, ce qui explique, le divin bouleversement.

    Au troisième acte, le rideau tombe sur le péché originel.
    Coup de théâtre, les deux amants, sont jetés dans le caniveau
    Malgré la faute qui leur incombe à cause d’un polichinelle,
    Ève alors future maman accouche de deux enfants rivaux.

    Enfin la saga continue de catastrophes en catastrophes ;
    Premier crime contre l’humanité, Caïn tue le quart des héros ;
    Face à toutes ces disconvenues, toutes les terres limitrophes
    Sont inondées par vanité et… suite au prochain numéro.

    Tableaux de Kostyantin Malginov.

  • Derrière la mer, la femme

    Pour trouver la femme parfaite, il faut d’abord choisir la mère
    D’un corps ferme mais azuré, jambes sveltes et les pieds sur Terre ;
    Un visage qui l’amène au faîte d’une beauté non éphémère
    Et des hanches bien assurées par un bassin bien volontaire.

    Mais penser de cette manière me fera préférer la mère
    Et ses fruits mûrs appétissants à sa fille encore nubile.
    Après vingt années printanières, la décision demeure amère
    Comme un œdipe abrutissant qu’un éternel choix m’obnubile.

    Alors l’idéal féminin, qu’il ait oui ou non le dos fin,
    Un vent du large dans les cheveux est une obsession qui me vrille
    Inoculée comme un venin et qui se répand aux confins
    De tous les désirs que je veux retrouver entre mère et fille.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • De la Terre à la Lune

    Lorsque Gaïa et Séléné se teignent simultanément,
    L’une comme un soleil couchant et l’autre comme une lune rousse,
    On sait très bien que c’est l’ainée qui l’a fait inopinément
    Pour que sa cadette sur-le-champ en ait comme le diable aux trousses.

    Fournissant l’effort maximal pour se mettre en corrélation,
    La jeune Lune s’empourpre alors contaminant ses cheveux d’or.
    Quand le rapport est optimal les sœurs ont la révélation
    Que pleins de rêves vont éclore après que le soleil s’endort.

    Lorsque Gaïa et Séléné s’atteignent dans une conjonction
    Elles développent une énergie supérieure aux autres planètes
    Que rien ne saurait réfréner sauf s’il y a opposition
    Qui faiblirait leur synergie mais seulement d’une comète.

    Quand Séléné se renouvelle et que Gaïa est en hiver,
    Elles s’éclipsent l’une l’autre et deviennent astres anonymes.
    C’est du moins ce que nous révèlent les grandes lois de l’Univers
    Dont le soleil se fait apôtre dans tout son système éponyme.

    Posters “Earth Concert Poster” & “Mono 2011” par Malleus.

  • Cherchez la femme !

    J’observe la race féline et n’y vois que des chattes offertes
    Sur des babines rebondies et sous un long museau soyeux
    Comme une obsession féminine qui m’invite à la découverte
    De toutes formes arrondies et de gouffres doux et moelleux.

    Et plus le félin est sauvage et plus l’envie sera tenace
    De chercher l’objet du désir représenté dans la nature
    Et reproduit tel un pavage régulier mais aussi pugnace
    Comme pour trouver le plaisir de la divine signature.

    Quand j’ai compris qu’à l’évidence l’image était recopiée
    Dans chaque détail immobile et dans chaque fragment du temps,
    J’ai admis que celle qui danse dans ma rétine estampillée
    Reste la marque indélébile de la femme s’y répercutant.

    Tableau de Daria Borisova.

  • Les fleurs d’éternité

    Quand tombent les étoiles les nuits de pleine Lune
    Dans les rivières prêtes à les ensemencer,
    D’abord elles se voilent de gangues opportunes
    Qui les gardent proprettes mais décontenancées.

    Heureusement pour elles, dans sa barque affrétée
    Par Marie-Pimprenelle, fille du marchand de sable,
    Les lueurs naturelles des étoiles reflétées
    Brillent d’une pulsionnelle clarté reconnaissable.

    La fille fait sa cueillette de fleurs d’éternité
    C’est ainsi qu’elle appelle les étoiles tombées ;
    Les plus belles à paillettes font la pérennité
    Des ventes hétéronomes avec leurs retombées.

    En effet le commerce des cœurs d’étoiles en fleurs
    Est très avantageux pour une telle hardiesse.
    Sa seule controverse sont les chats persifleurs
    Qui se montrent outrageux envers les plus belles pièces.

    Illustration de Jungsuk Lee.

  • Le temps fantôme

    Que deviennent les heures passées et les minutes écoulées ?
    Où s’en va le temps qui s’encourt et d’où le futur vient-il donc ?
    À peine pensé, c’est dépassé ; tous les ressorts sont déroulés
    Toute mon âme court « au secours » et mon cœur est à l’abandon.

    On dit que l’avenir appartient à celui qui se lève tôt
    Mais plus je me réveille tard et plus c’est du temps remporté.
    Et si du passé je m’abstiens, qu’est-ce que je gagne et à quel taux
    Rembourserai-je le retard et quelle en sera la portée ?

    Finalement le temps n’existe qu’à cet instant le plus succinct
    Du temps qui semble omniprésent mais qui ne survit nulle part.
    Puisqu’à la fin rien ne subsiste, il faudrait qu’il y ait un vaccin
    À la maladie du présent qui ne fait que des faux départs.

    Tableau de Rafał Masiulaniec.

  • Affronter ses peurs

    Lorsque je me sens oppressée, tirée vers ce qui me fait honte,
    Comme si je me sentais jugée par mes ancêtres rassemblés,
    Je vois leurs remords me stresser et leurs regards qui me confrontent
    À mes gênes et mes préjugés auxquels j’ai peur de ressembler.

    Ils se projettent dans mes rêves et s’insinuent dans les médias ;
    Ils se glissent dans les séries et dans les livres que je lis.
    Et plus l’émotion sera brève, subliminale dans l’immédiat,
    Plus elles restent en périphérie chez moi tout autour de mon lit.

    Alors je change de décor et j’appelle mon cœur d’enfant
    Dont l’avenir fait un barrage et me fait traverser l’épreuve ;
    Un prolongement de mon corps comme un archange triomphant
    Qui m’apporte tout le courage et la confiance dont il fait preuve.

    Et je remonte à contresens vers ces ancêtres inconnus
    Par le cordon ombilical même s’il est fantomatique.
    Et c’est en retrouvant l’essence que je l’ai enfin reconnu
    Cet étroit tunnel vertical de mes peurs psychosomatiques.

    Illustrations de Stefan Koidl et de Steven Stahlberg.

  • Ma minette qui est au ciel

    J’avais, pour ma chatte Chanelle, beaucoup d’amour et de prières
    Et lorsqu’elle est montée au ciel, je l’ai recommandée à Dieu
    Pour, de sa substance charnelle, me faire des retours arrière,
    Rêves de flash-back essentiels du matou miséricordieux.

    Et si les chrétiens du pays attestent solennellement
    Qu’il n’y a pas de chat au paradis, je n’ai qu’à leur faire un dessin
    Devant tous leurs yeux ébahis, qu’ils y sont éternellement
    En train de ronronner ravis sur les girons de chaque saint.

    Je revois sans cesse l’image de mon chat en train de courir
    Le long de mon appartement lorsque le soleil est radieux.
    Et je tiens à lui rendre hommage car lorsque je l’ai vue mourir,
    J’ai vu son âme parfaitement sauter sur les genoux de Dieu.

    Tableau de Jeramondo Djeriandi.

  • Souvenirs de par-ci, par-là

    Ces souvenirs qui me rattachent aux lieux où j’ai tracé ma route ;
    Route du tendre accompagnée, route des vins entre lacets,
    La nostalgie qui s’en détache, instants qui m’ont mise en déroute,
    Collectionner pour témoigner d’amours furtives entrelacées.

    Petit’ Tour Eiffel clignotante, coupe de fruits peinte à la main,
    Verre en cristal de baccarat, médailles gravées d’aphorismes,
    Dans ma vitrine ventripotente, soumise à tous les examens
    Pareille au musée d’apparat qu’est mon addiction au tourisme.

    Pourtant non, je suis casanière, je préfère voyager chez moi
    De mon salon made in France à ma chambre au thème africain,
    De ma cuisine marinière et lecture au fil au chinois,
    De ma salle de bains à outrance avec gadgets américains.

    Je n’y ai jamais mis les pieds ; tout ça n’est qu’une mise en scène
    Faute d’errance autour du monde, mes racines sont enterrées.
    Ces bibelots forment un trépied qui me fait traverser la Seine
    En bateau-mouche où vagabonde l’esprit du voyage éthéré.

    Tableau d’Evelina Vine.

  • Entre le cœur et la raison

    Entre le cœur et la raison, le corps et l’âme sont en balance ;
    L’argent n’achète pas l’amour mais la vie exige son dû.
    Sans doute qu’au fil des saisons, l’alternative me relance
    Et je marie avec humour cet oxymore des plus ardus.

    Entre le cœur et la raison, je vole entre deux courants d’air ;
    La religion m’ouvre le cœur mais le ferme à la liberté.
    Je pourrais sans comparaison arguer que je suis solidaire
    De conserver l’esprit moqueur du cœur d’enfant en puberté.

    Entre le cœur et la raison, je peux choisir et l’annoncer ;
    Entre la carrière et les siens, l’élévation reste indécise.
    Chacun voit devant sa maison ce à quoi il doit renoncer
    Pour son plaisir théoricien ou sa passion la plus concise.

    Tableaux de Christian Schloe et Megan Laurel.

  • Les fleurs bleues de l’ennui

    Souvent les femmes télépathes, dans leurs petits jardins secrets,
    Vivent nues pour communiquer avec les fleurs bleues de l’ennui.
    Les p’tits animaux à quatre pattes participent au rite sacré
    Car ils ne cessent de tourniquer aussi bien de jour que de nuit.

    Les papillons sont messagers des pensées qui poudrent leurs ailes
    Avec des couleurs d’émotions accordées aux cœurs émetteurs.
    Du petit amour passager aux grandes passions pleines de zèle,
    On voit les fleurs en dévotion envers les penchants prometteurs.

    Les bleus de l’âme, les blues du cœur reflètent parfois les chagrins
    Dont elles vident les esprits, qui ont souffert au champ d’honneur,
    Des occasionnelles rancœurs sous la forme de tout petits grains
    Que les fleurs de joie s’approprient pour les transformer en bonheur.

    Tableaux de Chie Yoshii.

  • L’année du toucan

    Cette année est celle du toucan qui est son animal fétiche ;
    Il est l’ami des complotistes, activistes et lanceurs d’alertes.
    Les attaqués, les attaquants, Amerloks, Russkofs et British
    Contre terroristes jusqu’au-boutistes pourront lancer leurs guerres ouvertes.

    Dans la forêt amazonienne, les Indiens disent du toucan
    Qu’il ne crie que lorsqu’un danger se présente à proximité.
    D’après des sources étasuniennes, l’OTAN fait autant de boucan
    Qu’il veut prétendre nous arranger la paix en toute illégitimité.

    Autant en emporte le vent, un vent de conquête en puissance,
    Un Monopoly à l’échelle du monde et de ses présidents.
    D’occident au pays levant, l’accent est mis sur la croissance ;
    Ce secret de polichinelles devient de plus en plus évident.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Au lit, l’an neuf !

    Au lit, l’an neuf, je dormirai toute l’année pour passer outre
    Les bêtises les plus immondes de l’actualité dramatique
    Car autrement je vomirais les déclarations des Jean-foutre
    Qui nous pourrissent ce pauvre monde de leurs intérêts pragmatiques.

    Pour la Saint-Valentin, je dors toujours encore pour éviter
    Que Marianne me délaisse pour Bernadette Sabayrou
    Avec sa bande de galantins tout autour qui vont léviter
    Pour piquer les sous dans la caisse et fuir sur les chapeaux de roue.

    Au printemps, j’ai toujours sommeil à cause du ton ennuyeux
    Dont le marlou de Marianne fait ses discours volumineux.
    Et l’été, je baille aux corneilles devant le chemin périlleux
    Que me fait suivre le fil d’Ariane pour sortir de ce sac de nœuds.

    L’automne passe et puis l’hiver, j’ai opté pour l’hibernation.
    Ne me réveillez pas avant l’année deux mille vingt-sept
    En espérant que l’univers nettoiera la consternation
    De ce polichinelle navrant à n’pas prendre avec des pincettes.

    Tableau de Rob Gonsalves.

  • La sirène au galop

    Une image contenant peinture, art, cheval, croquis

Description générée automatiquement

    Le vendredi, tous les centaures au feu de camp sont rassemblés ;
    On y invite les sirènes mais ce n’est pas pour les manger.
    Sur le rivage, ils sont pléthore à accourir à l’assemblée
    Auprès de leur roi et leur reine qui les protègent des dangers.

    Les sirènes montent en amazone qui sied à leur anatomie ;
    Elles ont du mal sur la terre ferme à se déplacer autrement.
    Ainsi, elles parcourent les zones divisées en dichotomie
    Entre le palais et les fermes pour parer aux encombrements.

    Centaures et sirènes en binôme forment la police montée
    Qui traque les humains capables d’aller là où il ne faut pas.
    Mais sitôt qu’ils trouvent un bonhomme de bonne ou mauvaise volonté,
    Ils convient alors le coupable à s’impliquer dans leur repas.

    Tableau de Rafal Olbinski.

  • Défi à l’amour

    Une image contenant peinture, dessin, croquis, poisson

Description générée automatiquement

    Vous souvenez-vous d’un poisson épris d’un oiseau, amoureux
    Qui s’aimaient d’un amour si tendre mais ne savaient comment s’y prendre ?
    Eh bien leurs cœurs ont fait moisson de tous leurs désirs langoureux
    Et chacun de faire sans attendre le maximum pour se comprendre.

    Notre poisson-volant sans ailes s’est doté d’une grande voile
    Et s’est affranchi de la mer pour aller tâter du terrain.
    Il s’est élevé avec zèle, a pris le chemin des étoiles
    Et goûté les courants amers des vents chargés d’embruns marin.

    Notre oiseau qui n’était pas sot, s’est fabriqué un sous-marin
    Et a pris la voie des abysses pour chercher sa bonne fortune.
    Il s’est élancé à l’assaut des mondes sacrés souverains
    Des autochtones qui subissent la loi du trident de Neptune.

    Encore qu’aveugle soit l’amour le cœur sait comment faire face ;
    La voile heurta le périscope et l’ancre s’enroula autour.
    Finalement avec humour, ils s’établirent en surface
    Et l’idylle d’après l’horoscope put démarrer au quart de tour.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance.
    Source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’offrande du ventre

    Le contenu prime toujours, il est vrai, sur le contenant ;
    Que ce soit d’un millésimé ou d’une future maman.
    Or lorsqu’arrive l’heureux jour où l’enfant sort en écornant
    L’embouchure du périnée, on n’en fait pas tout un roman.

    Et moi, j’aime ce corps en amphore même s’il ressemble à une cruche
    Avec les seins comme deux anses et le ventre conceptuel.
    Et si j’osais la métaphore, je le comparerai à une ruche
    Où se prépare la naissance d’un tord-boyaux spirituel.

    Ainsi la femme est une offrande et une corne d’abondance,
    Notamment lorsqu’elle est enceinte et durant toute la gestation.
    Bénie soit Ève, révérende mère et toute sa descendance
    De filles sacrées comme saintes de l’humanité en question !

    Tableau de Wei Dong.

  • L’arrivée en ville

    Quand elles arrivent en ville, les filles déracinées
    Se font vite repérer à leurs façons d’aller,
    De faire leurs affaires ou de « magasiner »
    Et leur vocabulaire qui reste inégalé.

    Quand elles marchent en ville, les filles de la campagne
    Attirent l’attention avec leurs gros sabots.
    Elles ressemblent à des vaches tombées de la montagne
    Qui ouvrent leurs grands yeux en trouvant tout ça beau.

    Quand elles viennent en ville, descendant l’avenue,
    Elles se font reconnaître à leurs drôles d’habits.
    Paradoxalement on croirait qu’elles sont nues
    Sous leurs fringues grossières et de tout acabit.

    Quand elles quittent la ville, à cheval, en voiture,
    Elles se singularisent une dernière fois.
    Elles cherchent sur le plan la fin de l’aventure
    Mais comment en sortir plus vite toutefois.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Je t’attendrai à la porte le 1er janvier

    Ma porte sera grande ouverte et moi je serai grande offerte
    Comme un cadeau de bienvenue pour qui saura me butiner.
    Alors pars à la découverte de l’audace que j’aurai soufferte
    De rester ainsi toute nue d’une impudence mutinée.

    Toutefois je serai discrète car ma maison reste secrète,
    Perdue au milieu des forêts, loin des chemins de randonnée.
    À toi l’intuition qui sécrète sa solution la plus concrète
    Pour parvenir à déflorer ma chasteté abandonnée.

    Seras-tu mon prince charmant, mon loup, mon ogre, mon amant,
    À qui j’ai très envie de plaire et à qui j’offre mes appas.
    Si tu viens, j’en fais le serment ; dans neuf mois je serai maman
    Et, si tu te montres exemplaire, cette fois je ne te mangerai pas.

    (Tableau de Pavlos Samios.)

  • Bonjour ! Salut et Bonne Année !

    Quand l’homme salue et se découvre, la femme se découvre aussi
    Juste un peu plus pour lui complaire et jouer ainsi de son charme.
    Aujourd’hui, elle se recouvre, non pas parce qu’elle a grossi
    Mais parce qu’il est exemplaire pour elle de déposer les armes.

    Un sein nu paraît une offense s’il est pointé en société
    Mais il devient un argument en terrain ami-ennemi.
    Quand il exige la défense d’une protection à satiété,
    Ses formes évoquent assidûment les désirs les plus affermis.

    « Bonjour Madame ! » dira Monsieur en levant bien haut son chapeau ;
    « Bonjour Monsieur ! » dira Madame en entrouvrant bien grand sa robe.
    Dans mon Paradis fallacieux, j’en ai les nerfs à fleur de peau
    De croiser les saints haut de gamme et que leur salut se dérobe !

    (Tableau de Paul Delvaux.)

  • Soupirs de fin d’année

    Soupirs de fin d’année

    Voilà les flocons incolores qui recouvrent l’herbe des prés ;
    Voilà le vent qui accumule les congères aux bords des fossés ;
    Voilà le corbeau jusqu’alors qui trouvait pitance tout près
    Faire des cercles et se stimule de cris d’une voix de fausset.

    Voilà les arbres qui éclatent sous le poids de la neige lourde ;
    Voilà le soleil maladroit qui lutte au-dessus des nuages ;
    Voilà la mare toute plate, gelée sous la froidure sourde
    De l’hiver et ses passe-droits pour l’inexorable glaçage.

    La saison où tout paraît mort ou tout endormi pour cent ans
    Guettant le prince du printemps qui réveillera la nature.
    Et l’on sent la bise qui mord dont le baiser mortel s’entend
    Entre les arbres s’éreintant de rhumatismes et courbatures.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • Adieu décembre, bonjour janvier

    Adieu décembre, bonjour janvier

    Décembre va toujours trop vite dès le premier jour de l’avent
    Comme une bougie allumée qui brûle comme un feu de paille.
    D’ailleurs en principe j’évite de travailler dorénavant
    Puisque les nuits ont consumé les jours en fonction de leur taille.

    Moins de neuf heures de soleil et un temps couvert permanent
    Contraignent à faire hiberner le vieil ours qui sommeille en moi.
    Heureusement le vent balaye et siffle un signal rémanent
    Qui me permet de discerner que c’est bientôt la fin du mois.

    Et se produit la distorsion du temps tout le mois de janvier
    Où les minutes sont des heures qui deviennent interminables.
    Ce début en disproportion avec tout ce que j’enviais
    En fin d’année est, sauf erreur, un paradoxe abominable.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • La main verte

    La main verte

    Je fais l’effet d’un drôle d’oiseau aux gens pleins de lucidité
    La première fois sur les réseaux lorsqu’ils lisent mes absurdités.
    Mes bleus de l’âme souvent pervers sont une sorte de béquilles
    Afin de pondre mes reflets vers qui m’font sortir de ma coquille

    Heureusement j’ai la main verte qui commande à mon porte-plume
    Et le cœur à la découverte des rêveries à plein volume.
    Quand l’âme est triste cependant, j’invente contre l’adversité
    Des poèmes en y répandant dérision et perversité.

    C’est mon intuition féminine qui est incarnée par ma muse
    Qui m’envoie la sérotonine qui me distrait et qui m’amuse.
    Et si je suis mélancolique, elle s’insinue par derrière
    Pour donner un coup symbolique à mes fesses aventurières.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Fairy Lucy

    Fairy Lucy

    Je ne sais si c’est une femme qui se transforme en louve
    Ou bien s’il s’agit d’une louve qui se transformerait en femme.
    Quoi qu’il en soit, je les évite l’une humaine comme l’autre bête
    Car soit elle me fait tourner la tête, soit elle me suce un peu trop vite.

    Fairy Lucy, tel est son nom, erre et parcourt bois et forêts
    Surtout quand ils sont décorés par des farfadets de renom.
    Hélas, comme elle est ma voisine, elle entre comme dans un moulin
    Dans mon univers masculin où elle vient hanter ma cuisine.

    C’est après avoir fait l’amour, avec frénésie et tendresse,
    Qu’elle s’est transmutée en tigresse car elle ne manque pas d’humour.
    Je suis alors devenu tigre – étant incompatible au loup –
    Et la belle m’a dit : « Mon Loulou, désormais tu es un homme libre ! »

    Tableau de Lucy Campbell.

  • Ma vie en arrondis

    Ma vie en arrondis

    Fi des arêtes anguleuses aux formes carrées et cubiques ;
    Vivent les contours arrondis et les femmes les plus girondes !
    Chères mamelles globuleuses, beaux ventres ronds qui s’alambiquent,
    Et jolies fesses rebondies qui honorent la Terre ronde.

    Pourtant ce monde est étranger aux adeptes de la Terre plate
    Qui ne voient qu’en deux dimensions la carte du tendre aplatie
    Aux pommiers et aux orangers produisant des sphères méplates
    Au goût fade et sans prétention qui fait tomber en apathie.

    En tant qu’amateur convaincu de la morphologie sphérique,
    J’adore en tâter la texture sous les pans des jupes fendues.
    Passionné de panpan-cucul sur les fessiers hémisphériques,
    J’aime aussi téter la mixture extraite des fruits défendus.

    Tableau d’Antonio Diego Voci.

  • Deux anges en salle d’attente

    Deux anges en salle d’attente

    Deux anges en salle d’attente attendent leur tour patiemment
    L’air déluré, l’œil affolé envers le dieu qui va entrer.
    Vont-elles se montrer combattantes, soumises ou rebelles vaillamment ?
    On ne sait ce dont va raffoler celui qui va les pénétrer.

    Leurs ailes blanches sur l’épaule dont quelques plumes ont volé
    Leur offrent autant de protection qu’une chaleur bien relative.
    Mais elles n’ont pas le monopole comme celles qui s’en vont convoler
    Avec leurs dieux d’introspection à la corvée copulative.

    De drôles d’anges en fin de compte qui guettent l’homme qui va pécher
    Mais qui sera vite pardonné, envoyé au septième ciel.
    Ce qu’elles leur donnent en acompte, Dieu s’en ira leur dépêcher
    La confession aux abonnés des lupanars sacrificiels.

    Tableau de Cellar-fcp sur https:www.iamag.cothe-art-of-cellar-fcp .

  • La tentation de Saint-Tintin

    La tentation de Saint-Tintin

    Tintin n’est pas trop colérique ; depuis son retour d’Amérique,
    Il laisse au Capitaine Haddock les meilleurs coups de sang ad hoc.
    Tintin n’est pas trop tête en l’air mais, très malin, ayant du flair
    C’est le Professeur Tournesol qui perd plus souvent la boussole.

    Tintin n’est pas trop soupçonneux mais tellement précautionneux
    Qu’il confie le rôle de police aux Dupondt, les flics sans malice.
    Tintin n’est pas trop casse-couilles mais plutôt l’as de la débrouille
    Hormis lorsque notre champion affronte Séraphin Lampion.

    Quand Tintin tombe sur un os, c’est faute à Rastapopoulos
    Et la bande patibulaire d’Allan, Jorgen, Sponz et Muller.
    Il ne fait pas de tralalas à propos du triste Abdallah
    Sauf lorsque ce dernier lui dame son meilleur pion au jeu de dames.

    C’est pourquoi l’aspect féminin est relégué au cas bénin
    D’une cantatrice excentrique, un peu mytho, égocentrique
    Et c’est à peu près tout ma foi… pas d’autre femme toutefois.
    On peut le dire désormais : Saint-Tintin ne faillit jamais.

    Tableau de Nicole Claveloux.

  • Transatlantique

    Transatlantique

    La traversée de l’Atlantique n’est pas la même pour tout le monde ;
    De Christophe Colomb à Lindberg, à chacun la voie qu’il préfère.
    Moi qui suis plutôt lunatique, je laisse mon cœur qui vagabonde
    Louvoyer entre les icebergs et les courants célérifères.

    Avec les bandes dessinées, de Tintin à Corto Maltese,
    J’ai suivi la route du rhum dérivant vers l’Eldorado.
    Ce qui m’était prédestiné puisque sur Terre, en charentaises,
    Les chemins mènent toujours à Rome aussi bien en train qu’en radeau.

    J’ai fait, de coquilles de noix, tellement de bateaux marchands,
    Militaires ou bien de croisière que, de la mer de Marmara
    J’ai vogué depuis les Chinois jusqu’aux Indiens s’effarouchant
    Qui, le matin de leurs visières, lorgnent les chutes du Niagara.

    Illustration de Joost Swarte.

  • Par minous en couleurs

    Soyez bienvenus parmi nous, chats noirs et blancs, drôle de couleur !
    La queue dressée et dominante, bondissez sur les toits brûlants
    Ensemble avec tous les minous, les pépères, les souffre-douleurs,
    Courir dulcinées, rossinantes et leurs miaulements stridulants.

    Soyez bienvenus parmi nous, chats roux, chats teignes et chats tigrés !
    Avec la patte de velours qui contient des griffes de fer
    Pour faire se mettre à genoux les chats étrangers immigrés,
    Siamois et tonkinois balourds et autres ennemis à défaire !

    Soyez bienvenus parmi nous, chats bleus, chats verts et vert-de-gris !
    Allez semer la zizanie chez les rats cucul-la-praline !
    Souris, oiseaux et lapinous du plus gros au plus rabougri
    Clament la démonomanie de votre puissance féline !

    Illustrations de Moghaddam Karimi.

  • Par minous en noir et blanc

    Soyez bienvenus parmi nous, chats noirs, chats gris et gris-foncé !
    Venez nous visiter la nuit ; nous y sommes gris et lunatiques.
    Glissez dans la peau du minou tout votre corps de défoncez
    Tout ce qui heurte, tout ce qui nuit aux envies les plus orgastiques !

    Soyez bienvenus parmi nous, chats gris, chats clairs et blanc-cassé !
    Vivez avec modération pour de nouvelles expériences.
    Venez donc vous mettre à genoux sans vraiment vous décarcasser
    Devant une sidération de chattes dans la luxuriance !

    Soyez bienvenus parmi nous, chats blancs, albâtre et chats laiteux !
    Venez donc vous reconvertir dans de nouvelles traditions ;
    Goûter des souris choupinous, apprécier les fruits velouteux
    De ce qui va vous divertir dans de nocturnes expéditions.

    Illustrations de Moghaddam Karimi.

  • Imperium artificialis intelligentiae

    Il faut admettre qu’ils sont plaisants ces petits moteurs de recherche
    Avec GPS intégré, intelligence artificielle,
    Que tous utilisent à présent pour ne pas passer pour faux derches
    Devant ceux qui ont déjà migré vers la souveraineté logicielle.

    Je Googelise, tu Microsoftes, il Appelle et elle Netflixe,
    Nous YouTubons, vous Facebookez, ils ou elles Mozilla Firefoxent.
    Lorsque les vieux livres ripostent, le numérique devient prolixe
    Et notre histoire, c’est le bouquet, est réécrite, quel paradoxe !

    L’argent qui était mauvais maître va, en se dématérialisant,
    Devenir le Dieu progiciel servi par les prêtres en réseau.
    Le moindre pas au kilomètre est surveillé dès à présent ;
    Penser devient superficiel et l’homme est vraiment un roseau.

    Roseau qui plie mais ne rompt pas comme celui de La Fontaine
    Et non plus un roseau pensant des pensées de Blaise Pascal.
    On passera de vie à trépas mais l’âme mise en quarantaine
    Sur des serveurs nous dispensant d’un divin paradis bancal.

    Illustration trouble sur https:degooglisons-internet.orgfrmedias .

  • Dans l’intimité de Marianne

    Dans l’intimité de Marianne

    De tous les pays se rassemblent les présidents en exercice
    Pour participer aux sommets des nations plus ou moins unies.
    Les conversations se ressemblent parmi les gens du box-office
    Par des mots qui viennent assommer Marianne qui s’en trouve démunie.

    Car Marianne s’ennuie beaucoup, si peu sans passion ni folie
    Car les promesses s’éternisent mais rien de concret n’s’établit.
    Elle sait très bien qu’à tous les coups, malgré les pourparlers polis,
    Les armes qui se modernisent suivront leur cours préétabli.

    Alors Marianne s’est mise à nu pour faire l’amour plutôt que la guerre
    Et invite les dirigeants le soir dans son lupanar rose.
    Pour ne pas être reconnus, ils portent des masques vulgaires,
    Grotesques et désobligeants pour cacher leurs ballets moroses.

    Puisqu’il faut se baiser ensemble entre royaumes, entre nations,
    On joint l’utile à l’agréable et, autant que faire se peut,
    Marchands du temple se rassemblent pour subir la domination
    Des voies les plus impénétrables des dieux aux micmacs sirupeux.

    Tableau de Raluca Vulcan sur https:www.artmajeur.comraluca-vulcan?view=grid#artworks .

  • La veuve du scaphandrier – 2

    La veuve du scaphandrier - 2

    La veuve du scaphandrier partait quelques fois en vacances
    En emportant l’équipement, aide-mémoire indispensable.
    Et selon le calendrier, elle visitait en conséquence
    Ses pires pierres d’achoppement : les immenses plages de sable.

    À la pension « Les tamarins », elle a réservé une chambre
    Avec salle-de-bains-de-mer et sa baignoire océanique.
    Trois gouttes d’essence de romarin, un dé à coudre de gingembre
    Et voici les rêves outremer peuplés de vaisseaux tétaniques.

    Le mari revient quelquefois réincarné dans son scaphandre ;
    La veuve se donne au fantôme qui reprend goût à l’aventure.
    Leurs amours durent toutefois le temps nécessaire à pourfendre
    La femme qui savoure le symptôme de la mort en villégiature.

    Son pèlerinage achevé, elle revient à l’aquarium
    Troublée, le cœur un peu défait de se croire parti en quenouille.
    Mais le rituel parachevé lui accorde un tel impérium
    Qu’elle en reçoit comme bienfait de se sentir femme-grenouille.

    Tableau anonyme extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • La veuve du scaphandrier – 1

    La veuve du scaphandrier - 1

    Parce qu’il serait perdu en mer à la poursuite des sirènes,
    On a retrouvé son scaphandre lequel fut rendu à sa veuve
    Dont le cœur pompe un sang amer, riche en pleurs, pauvre en oxygène,
    Et qui ne cesse de se fendre suite à la douloureuse épreuve.

    Elle a construit un mausolée ; une villa toute inondée,
    Un aquarium où elle loge revêtue de l’équipement.
    Elle vit complètement isolée, laissant son cœur vagabonder,
    Et continue à faire l’éloge de son mari stoïquement.

    Dans la galerie des abysses – ainsi nommée par les sous-verres
    De mammifères aquatiques et de poissons de toutes sortes –
    Le corps, l’âme et l’esprit subissent la souffrance la plus sévère
    Au souvenir si dramatique que seul ce tombeau réconforte.

    Un matin, elle s’est dissoute, on n’a retrouvé que l’habit,
    Les palmes bleues et le scaphandre mais rien de la femme éplorée.
    Sa dévotion l’aurait absoute car un culte de cet acabit
    Plaide pour sa cause à défendre auprès de Neptune imploré.

    Tableau anonyme extrait de « L’art d’en bas au musée d’Orsay ».

  • Des Alizés au Zéphyr

    Des Alizés au Zéphyr

    Selon la direction du vent, comme une folle girouette,
    Les cheveux vous montrent du poil le sens de votre marche à suivre.
    Tout ce qui s’en va au-devant, qui pousse toute silhouette
    À déployer sa grande voile et tout ce qui pourrait s’ensuivre.

    Que j’aime prendre un bain de vent et sentir ma peau caressée
    Par toutes ces mains invisibles que forment tous les courants d’air !
    Ma mémoire lance « au suivant ! » à mes souvenirs empressés
    D’embarquer vers l’imprévisible pays des merveilles légendaire.

    J’ai l’âme amoureuse du vent et le cœur épris du mistral,
    Du zéphyr et des alizés, de la tramontane et du fœhn.
    L’esprit s’envole en poursuivant ses mots sous un coup magistral
    Qui les envoie réaliser ses divagations les plus « fun ».

    Tableau de Helmer MasOlle.

  • L’indienne qui veille et l’indienne qui dort

    Le démon veille et l’ange dort ; le démon dort et l’ange veille.
    Selon le cas, les femmes nues sont des figures totémiques ;
    Dans d’autres cas, c’est le tchador que brandit celui qui surveille ;
    Quoi qu’il en soit, c’est malvenu de susciter des polémiques.

    Dans les forêts amazoniennes, vivent proches de la nature
    Des hommes et des femmes nus loin de la civilisation.
    Aussi belles que soient ces indiennes, elles échappent à la censure
    Car invisibles et inconnues de toutes signalisation.

    Or le vêtement inutile laisse toute la place au corps
    Magnifié par des bijoux, colliers de perles colorées.
    Mais que le textile est futile lorsqu’il est ôté en accord
    Avec la nature qui joue de sa beauté dans les forêts !

    L’indienne qui veille et qui dort entre le cœur et la raison
    Désapprouve ou ferme les yeux, accepte ou frappe d’interdit.
    Tout ce qui brille n’est pas d’or, trop de tabous dans la maison
    Font qu’il me devient insidieux de publier ce que je dis.

    Tableaux de Jef Cablog sur https:jefcablog.com .

  • La vestale au soleil

    La vestale au soleil

    J’ai beau présenter mes vestales, deux fois par jour de la semaine,
    Parfois elles restent pour vous plaire pour ranimer vos feux de joie
    Mais souvent de leur piédestal, malgré leur beauté tout humaine,
    Elles tombent car elles ont dû déplaire à un quelconque rabat-joie.

    Prenons celle-ci par exemple, bien rimée, pas piquée des vers,
    Tiendra-t-elle les feux de la rampe ou sera-t-elle censurée ?
    Je ne suis pas gardien du temple mais je n’vends rien sous le couvert
    Et d’ailleurs aucune ne trempe dans des magouilles conjurées.

    Ce doit être un effet d’automne ; les feuilles s’en vont à la pelle.
    Les feuilles mortes ou truculentes, celles qui font rougir les pudiques.
    Tant pis pour ces gens monotones qui ne prêchent que pour leur chapelle
    Et veulent faire mourir de mort lente mes jolies vestales fatidiques.

    Et puisqu’aujourd’hui c’est Noël, j’en ai choisi une spéciale
    Afin de décorer votre arbre et mettre le feu dans vos cœurs ;
    Un feu d’amour continuel – spécialité de ma vestale –
    Qui brûle ceux qui restent de marbre et réveillonnent à contrecœur.

    Tableau de Sergio Lopez.

  • Jeux de miroir – 3

    Pour couper court aux réflexions sur Dieu, le miroir et le diable,
    Je suis parti pour explorer mon reflet dans l’eau des rivières.
    Une fille en génuflexion nantie d’une beauté incroyable
    Me poussa à lui implorer une assistance particulière.

    Mais elle m’a dit : « Réfléchis plutôt avec tes deux esprits ;
    Ouvre tes deux cœurs à l’amour et tes deux corps pour l’insuffler ! »
    Et toujours, les genoux fléchis, en voyant que j’avais compris,
    Elle fit un dernier trait d’humour en se fondant dans mon reflet.

    « Alors ? » me dit une autre voix. « As-tu recouvré tes deux ‘moi’ ?
    As-tu senti le lien secret entre les deux mondes enlacés ? »
    Je vis une fille, d’un air grivois, cherchant à me mettre en émoi
    Et sans doute pour m’y consacrer vouloir mon esprit remplacer

    Je voulus alors l’embrasser mais ce n’était que son reflet
    Et me retrouvai dans son lit… plutôt celui de la rivière.
    Déçu autant qu’embarrassé, j’entendis alors persiffler
    La fille rire de ma folie, désopilant sur la gravière.

    Et puisqu’aujourd’hui c’est Noël, j’ai pris le miroir à l’envers
    Pour prendre l’avent à rebours et revenir à son début.
    Il m’a écrit « Noyeux Joël ! » sur fond rouge imprimé en vert
    Qui se projetait en avant. Non mais vraiment il y a de l’abus !

    Tableaux de Slava Korolenkov sur https:blog.naver.compechenegs2220983924802 .

  • Le démon du peintre

    Le démon du peintre

    Le peintre ne voit que modèles et corps à coucher sur sa toile ;
    À ses yeux les femmes sont nues et les hommes, satyres en puissance,
    Un perce-neige, une hirondelle, pour un printemps sous les étoiles
    Et un petit diable cornu, pour un désir de jouissance.

    Il aime montrer ce qu’il voit, là où personne ne voit rien ;
    Il aime peindre ce qu’il sent, là où il n’y a rien à apprendre ;
    Il aime communiquer sans voix comme le ferait un historien
    Juste par l’image qu’on ressent et qu’on finira par comprendre.

    Oui mais… le peintre est visionnaire qu’on prend pour un original,
    Un fou pas vraiment dangereux qui a des hallucinations.
    De sa vision embryonnaire, ses émotions subliminales
    Mettront un temps bien langoureux jusqu’à l’ultime révélation.

    Tableau de Gennady Mikhailovich Zykov.

  • Jeux de miroir – 2

    Je vis à la fois dans deux mondes dont le passage est si ténu
    Qu’il m’est impossible à franchir, c’est son côté paradoxal.
    Lorsque mon esprit vagabonde, il devient donc discontinu
    Jusqu’à finir par s’affranchir de cette frontière abyssale.

    Sans doute Dieu se cache-t-il entre mes deux corps reflétés
    Dont l’un subit ses restrictions et l’autre ses jubilations ?
    Deux, rétractile et contractile selon l’épreuve sécrétée
    Par je ne sais quelle prescription venue pour mon inspiration.

    Si prier devant un miroir me permettait de toucher Dieu,
    J’en disposerai tout autour de ma salle de méditation.
    Dans chaque meuble, chaque tiroir, chaque emplacement insidieux
    Pour multiplier tour à tour la moindre revendication.

    Et mes prières à l’infini ne monteraient plus vers le ciel
    Mais vers cette intime frontière entre mes deux coexistences.
    Hélas Dieu, ainsi défini et réduit au point essentiel,
    Reste au-delà de la matière d’une éternelle inconsistance.

    Tableaux de Slava Korolenkov sur https:blog.naver.compechenegs2220983924802 .

  • Jusqu’à ce que l’homme nu fut venu !

    Jusqu’à ce que l’homme nu fut venu !

    Quelle blague que ce premier homme créé pour dominer le monde !
    Les premiers humains étaient femmes et elles s’ennuyaient dans l’Eden.
    Elles soumirent un ultimatum à Dieu contre un ennui immonde
    Et lui exigèrent un infâme bourreau des cœurs avec bedaine.

    Dieu eut pitié, Dieu conciliant créa l’homme selon cette image
    Et Adam arriva tout nu avec un petit ventre rond.
    Pour les femmes, ce fut humiliant de se partager ses hommages
    Et elles se firent sans retenue prendre par ses coups d’éperon.

    Adam procréa tant d’enfants avec ces femmes nymphomanes,
    Qu’à la génération suivante, il s’était tellement dépensé
    Qu’il n’était plus mâle triomphant mais juste un vieil érotomane
    Qui courrait après les servantes quoique de sexe dispensé.

    Tableau de Paul Delvaux.

  • Jeux de miroir – 1

    Le miroir inverse l’image mais qu’en est-il de la pensée ?
    Le reflet admet-il un cœur, une âme, un corps et un esprit ?
    En ce cas je dois rendre hommage à Dieu de m’avoir dispensé
    De devoir vivre à contrecœur deux existences pour le même prix.

    En revanche, peut-être la femme aurait l’avantage de vivre
    Avec deux cœurs pour mieux aimer, deux corps pour mieux jouir d’ardeur,
    Deux esprits qui élèvent l’âme à figurer dans le grand livre
    Des femmes qui ont essaimé l’amour et toute sa candeur.

    Le miroir inverse la droite avec la gauche mais pas le sexe
    Et c’est dommage car j’aurais pu admirer ma part féminine
    Avec son intuition adroite et ses raisonnements complexes
    Dont je serais enfin repu de compréhensions léonines.

    Il pourrait inverser mes vers qui rimeraient tout à l’envers ;
    Il pourrait mettre le haut en bas et je danserais la samba ;
    Il saurait lire dans mes pensées et j’en serais récompensé
    Car Dieu serait à mon image et sa femme me rendrait hommage.

    Tableaux de Slava Korolenkov sur https:blog.naver.compechenegs2220983924802 .

  • Pragmatisme

    Pragmatisme

    Si peu importe les moyens pour arriver au résultat
    Est l’apanage du pragmatique, examinons-en les nuances
    Sinon n’importe quel citoyen pourrait faire sa vendetta
    Avec des plans fantasmatiques en usant de son influence.

    Un autre qui, par ses actions, privilégie l’utilité
    Par l’efficacité qu’il crée, et qui s’adapte aux circonstances,
    Puis met en œuvre des solutions propres visant à faciliter
    Des résultats nets et concrets, fera valoir ses compétences.

    Quant au pragmatique en amour qui, par un jeu de séduction,
    Saute les barrières des cœurs, quitte à grimper au cocotier…
    Laissons les femmes avec humour, faire leurs propres déductions
    Du pragmatisme à contrecœur ou au contraire bien volontiers.

    Illustration de Mordillo.

  • Demoiselle Papillon

    Demoiselle Papillon

    Ouvrez, ouvrez les papillons au premier coup de balançoire,
    Tous ces petits moulins azur en totale décontraction !
    Tournez, tournez en tourbillons sans que rien ne puisse surseoir
    À faire au fur et à mesure une échappée à l’attraction !

    Qui donc est cette demoiselle, dresseuse de lépidoptères ?
    Une bergère qui a cessé de jouer à saute-mouton
    Et dont les jambes de gazelle préfèrent jouer à l’hélicoptère
    Avec pieds et mollets dressés toujours plus haut que le menton.

    Elle porte juste un déshabillé et des petits dessous brodés
    Qui donnent envie de convoler, tant son spectacle est affublant.
    Mais tandis qu’elle a vacillé d’un mouvement accommodé,
    La balançoire s’est envolée, pendue à un nuage blanc.

    Tableau d’Alisa Williams sur https:fineartamerica.comprofilesalisa-williams .

  • Fabienne et ses chaussures

    En chaussures ou en godillots, Fabienne voit le monde à ses pieds
    Comme pionnière randonneuse qui vit sa vie bon pied, bon œil.
    D’ailleurs en cas d’imbroglio, elle sortira de ce guêpier
    Avec la mine ronchonneuse en courant autant qu’elle le veuille.

    Quels que soient les souliers à clous ou les pompes bien ajustées,
    Fabienne continue de penser qu’il n’y a que le premier pas qui coûte.
    Godasses ou grolles, Pas de jaloux ! Tout est bon pour tarabuster
    Avec semelles compensées celui ou celle qui la dégoûte.

    Mais pour taper, botter, shooter, rien ne vaut les bottes effilées
    Pour bien se faire respecter des garçons autant que des filles.
    Et pour se faire chouchouter, il lui suffira d’enfiler
    Les fameuses pantoufles suspectées du lui faire enfler les chevilles.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Couleurs de saison

    Puisqu’il n’y a plus de saison mais un temps pourri continu,
    Supprimons l’hiver inutile et réorganisons l’année :
    Un printemps qui montre son nez avec un petit soleil vert,
    De petites pluies sur les lèvres pour ne pas faire la fine bouche.

    L’été, bien sûr, est conservé mais à responsabilité
    Limité par des fronts d’orages la nuit pour arroser les champs
    Et la chaleur, sans canicule, contrôlée et habilitée
    À complaire aux filles bronzées et faire de beaux soleils couchants.

    De l’or, de l’ambre et de la rouille comme un beau visage d’automne ;
    Un soleil d’or matin et soir, une lune d’argent la nuit.
    Voilà enfin mes trois saisons que je prie le ciel d’accorder
    Et j’en ferai la météo en prose, en vers, comme il se doit.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Hiver

    Hiver

    Mais l’hiver n’en fait qu’à sa tête lorsque vient sonner la retraite
    Et rechigne à abandonner les territoires occupés.
    Il voudrait encore faire la fête quitte à congeler d’une traite
    Les jeunes semences ordonnées pour les chalands les plus huppés.

    Quant au réchauffement climatique, l’hiver s’en moque sans pareil !
    Il jongle avec la météo de neiges douces en douches froides ;
    Il se joue des neurasthéniques en troquant les plages au soleil
    En crépuscules boréaux et inondations par myriades.

    Quant à moi qui aime l’hiver, en Suisse, je suis venu vivre
    Pensant que de m’y pavaner serait bon pour mon matricule.
    Je suis maudit dans l’Univers car, au lieu d’y trouver du givre,
    Je sue sang et eau à l’année entre hivers doux et canicule.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Sennhof en hiver

    Sennhof en hiver

    Voilà mon village en hiver dont les toitures chenues blanchissent
    Sous cette neige qui alourdit les toits aux ornements de glace ;
    Le silence d’un morne univers, des montagnes qui réfléchissent,
    Le faible éclat abasourdi qu’un ciel lourd et confus déclasse.

    La rivière habillée de deuil, aux eaux presqu’immobiles et noires,
    Rythme le temps au compte-goutte d’une langueur contaminable.
    Par la fenêtre, d’un coup d’œil, des ombres sur les patinoires
    Égayent l’ennui qui me dégoûte d’une journée interminable.

    Demain les pluies emporteront cette blancheur de paradis
    Et un paysage boueux durcira la désolation.
    Les jours suivants supporteront cette hivernale maladie
    Jusqu’aux auspices vertueux de printanières évocations.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • Qui fait la Une, aujourd’hui ?

    Qui fait la Une, aujourd’hui ?

    Elles font leur insurrection, entièrement nues dans les rues,
    Mais en protégeant leur pudeur par les journaux économiques
    Dont la Une fait la sélection de toutes les crises apparues
    Depuis que l’infâme leader du pays cause polémiques.

    Les forces de l’ordre débordées ; elles sont trop dures à attraper ;
    Elles s’enduisent le corps d’huile pour mieux glisser entre leurs pattes.
    Elles sont là pour saborder la police qui a dérapé
    En provoquant la guerre civile par leurs charges de psychopathes.

    Alors, Mesdames, tout le monde à poil, remontez les Champs Élysées,
    Le boulevard Saint-Honoré jusqu’au roitelet dans sa cour.
    Nous tiendrons les cordons du poêle, nous les hommes fidélisés
    Lorsqu’il sera déshonoré, jugé et pendu haut et court.

    Photo de Nathan Coe.

  • L’entraînement des Ladies Godiva

    L’entraînement des Ladies Godiva

    Si la Révolution française rend si fiers nos parlementaires,
    Ils sont pourtant bien mal placés pour désapprouver les Français
    Qui, ne se sentant ni à l’aise, ni de statut égalitaire,
    Voient leurs libertés remplacées par des lois qui les font grincer.

    J’ai lu dans la Déclaration des droits de l’homme citoyen †
    Que lorsque le gouvernement porte atteinte aux droits de son peuple
    Pour ce dernier, l’insurrection est un devoir et un moyen
    D’opposer un retournement à cette dictature aveugle.

    Et j’en appelle à nos françaises à faire comme Lady Godiva ;
    De sortir entièrement nues à pied, à cheval, en voiture,
    Pour conspuer ces lois mauvaises, ces quarante-neuf-trois à tout va,
    Et protester contre Manu de nos droits en déconfiture.

    (Tableau de Wolfe von Lenkiewicz sur https:wolfevonlenkiewicz.comwolfe-von-lenkiewiczartworks ;
    † article 35 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.