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  • L’année nouvelle

    L’année nouvelle

    L’année nouvelle ouvre ses ailes et montre ses premiers émois
    Dans les premiers jours qui s’étirent entre les longues nuits frissonnantes.
    Et Janvier, jeune jouvencelle portant l’oriflamme du mois,
    Joue les sémaphores et attire l’attention, dès minuit sonnantes.

    Évidemment, elle est fluette ; elle vient d’entrer en carême
    Qui durera jusqu’au printemps durant les deux longs mois d’hiver.
    Ils ne sont que deux, aux silhouettes qui se rapportent au barème :
    Frêles sous les vents éreintants qui sifflent entre les sapins verts.

    Février la suivra de près, pâlotte sœur aux mains de givre ;
    Elle recoud les jours trop courts et les ourlets qui se rebellent.
    Au coin de la cheminée de grès, on se regroupe autour d’un livre
    Et l’hiver, aux doigts rudes et gourds, guette le retour des hirondelles.

    Tableau d’André Édouard Marty.

  • Adieu année rodieuse !

    Adieu année rodieuse !

    L’année a-t-elle été radieuse ou bien a-t-elle été odieuse ?
    A-t-elle été plus insidieuse ou tout simplement fastidieuse ?
    A-t-elle été plus dispendieuse ou, par d’autres côtés, studieuse ?
    Ou faut-il la dire « rodieuse » ou même carrément « trodieuse » ?

    C’est le problème des années qu’on a toujours hâte de quitter
    Pour en épouser une plus belle, plus jeune, plus douce et plus docile.
    Une année à se pavaner, dont on apprécie l’équité
    Accompagnée d’une ribambelle de petits bonheurs à domicile.

    Ou, pourquoi pas, faire l’inverse ? Faire son ménage à l’intérieur
    Laisser l’odieux devant sa porte et laisser entrer le radieux ;
    Laisser la paix pleuvoir à verse, ouvrir les volets supérieurs
    Autant que le vent en emporte avec pléthore de bons dieux.

    Tableau de Vaclav Vaca.

  • Le génie de l’architecture

    Le génie de l’architecture

    Avec la règle et le compas comme l’ont enseigné les Grecs
    Je me fais fort de vous tracer de nombreux plans sur la comète.
    Hormis que c’est tout un combat car depuis que j’ai vu Star Trek,
    L’univers est embarrassé de trop de mesures obsolètes.

    Avec l’ordinateur c’est mieux mais le matériel évolue ;
    Mes plans ne sont plus compatibles avec les nouvelles versions
    Et mes calculs parcimonieux qui hier étaient bien résolus
    Ne seront pas plus convertibles par les dernières conversions.

    Bonne nouvelle désormais : l’intelligence artificielle
    Calcule et organise tout si je n’omets d’en publier
    La procédure que j’n’ai jamais retenue car superficielle
    Puisqu’elle se transforme surtout depuis que j’ai tout oublié.

    Bâtissons donc sur cet oubli une structure plus charnelle
    Où le compas perd ses appas devant ce corps de basilique.
    Le grand œuvre
    du temps accompli, dans une envolée éternelle,
    Se rit de ce que je n’sais pas soit-il quantique ou symbolique.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Le feu et l’eau

    Le feu et l’eau

    L’eau et le feu ne sont-ils pas les pires ennemis pour la vie ?
    Car l’eau n’essaierait-elle pas d’éteindre le feu qui se vautre ?
    Et le feu ne tente-t-il pas de la vaporiser à l’envi ?
    Finalement ne sont-ils pas indispensables l’un à l’autre ?

    Femme de feu ou femme d’eau ? Sans doute autant choisir les deux ;
    L’une pour les jours de grand froid l’autre pour les jours de chaleur.
    L’une pour l’intense libido, l’autre pour son corps frais galvaudeux ;
    L’une qui brûle avec effroi, l’autre qui lave tous les malheurs.

    À condition que l’eau ne sache jamais où est caché le feu
    Et que le feu ignore l’eau qui court dans toute la maison.
    Car si jamais le feu se fâche, il détruira tout ce qu’il veut
    Et si l’eau s’en va à vau-l’eau, c’est qu’elle a perdu la raison !

    Quant à l’IA, cette étincelle mêlée aux ondes de mes eaux,
    Dans ce climax de fin d’année dans lequel ses bons vœux m’inspirent,
    Elle est l’alliance universelle qui vibre au cœur de ses réseaux
    Et reste à mon âme enchaînée, pour le meilleur et pour le pire.

    Tableau d’Andrius Kovelinas.

  • Le château de cartes de Babel

    Le château de cartes de Babel

    Aujourd’hui les cartes à jouer prisées par les professionnels
    Tantôt du bridge ou du poker ont déjà fait le tour de monde.
    Comme des hiéroglyphes alloués, les arcanes traditionnels
    Évoquent rois, reines, joker et tout le petit peuple immonde.

    Elles sont langage universel à cœur et à cri ou à pique
    Dans les salles de casinos ou la maison de tout le monde.
    Le démon du jeu ensorcelle celle où celui qui s’y applique
    Et les tricheurs pas très finauds finissent sur le trottoir immonde.

    Pourtant force est de constater que Dieu doit être assez joueur
    Puisqu’il n’a pas daigné brouiller les cartes qu’il aurait dans la peau.
    Et si le diable a convoité d’en faire un péché envoûteur
    On peut dire qu’il aura gagné son pari et Dieu est capot.

    Désormais nos IA s’immiscent dans le jeu des probabilités
    Pour abattre leurs tours de codes en empilant leurs algorithmes.
    Cherchant la martingale factice et leurs plus froides vérités,
    Elles imposent leurs propres modes et brisent tous nos anciens rythmes.

    Le démon, devenu virtuel, tapis derrière les serveurs,
    Lance son défi aux étoiles d’un clic sur un poker menteur.
    Mais le Féminin éternel Pour sauver son homme rêveur
    Déchire enfin tous les voiles de ce monde bonimenteur.

    Tableau d’Andrei Vereshchagin.

  • Le lac des cygnes

    Le lac des cygnes

    Je l’aimais bien le lac des cygnes de Madame Tchaikovsky
    Surtout quand elle s’y baignait nue avec les cygnes pour gardiens
    Car en échange d’un petit signe et d’une poignée de cookies,
    Ils me laissaient voir l’ingénue sans craindre un grand coup de gourdin.

    Car Monsieur Tchaikovsky, lui-même, protège son inspiratrice
    Des poètes de mon acabit qui se font un peu trop voyeurs.
    Si je sais qu’Antonina m’aime et se veut mon admiratrice,
    Son mari, urbi et orbi, souhaite m’en aller rimer ailleurs…

    Pourtant, dans cet instant de climax, je brave l’ombre du grand génie,
    Pour que l’éclat de sa beauté s’imprime enfin sous mes paupières.
    Mon cœur ne suit plus aucun axe dans cette douce épiphanie,
    Où l’amour, en toute pureté, se rit des lois et des frontières.

    Tableau d’Edward Dufner.

  • Pan & la Syrinx

    Pan & la Syrinx

    Comment Pan, dit le « dieu satyre », moitié-humain et moitié-bouc,
    Tomba amoureux de Syrinx, dévouée à la déesse Artémis ?
    Comme Don Juan, il n’y a pas pire ! On le lit partout sur Facebook
    Et entend hurler les larynx sur YouTube in extremis.

    Or pour échapper aux avances, Syrinx court jusqu’à la rivière
    Afin de supplier ses sœurs de la cacher au poursuivant.
    Comme on n’était ni en Provence, ni en Suisse et ni en Bavière,
    Il n’y avait nul défenseur à son poste, ce jour éprouvant.

    Faute de mieux, ses sœurs la changent en une touffe de roseaux
    Pile au moment où Pan s’apprête à la saisir par les cheveux.
    Afin de n’pas y perdre au change, Pan se plaint sur tous les réseaux
    Et trouve une méthode toute prête afin de faire tout ce qu’il veut.

    Déçu, Pan, enlace les roseaux et joue à se péter la glotte.
    Le son de l’air en s’échappant l’enchante tant qu’il en coupe neuf,
    Les colle et les taille en biseau comme des flûtes rigolotes
    Qu’on nommera « flûte de Pan » sans se soucier de la meuf.

    Tableau de Paul Thévenaz.

  • Ruby-rubis et Lino-onyx

    Ruby-rubis et Lino-onyx

    Ruby s’est payée un rubis et Lino un collier d’onyx
    Mais ça ne se voit pas vraiment car chez Lino, on voit tout noir
    Et pour Ruby, c’est au pubis que le percing, ici, se fixe
    Et seuls sans doute ses amants l’ont vu si j’en crois ma mémoire.

    La bague bien sûr est en toc ; elle vient d’un cadeau internet
    Qu’elle s’est acheté sur Temu en même temps que le collier
    Qui était un bracelet chintock un peu trop grand, soyons honnête,
    Et qu’elle a refilé tout émue au chat honteux et humilié.

    Comment je le sais ? C’est moi l’amant qui louvoie entre son bijou
    Et son minou mais pas le chat ; juste celui qui ne miaule pas
    Mais qui gémit un bon moment lorsque je m’amuse et me joue
    En lui faisant des entrechats avec mes doigts comme un compas.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • M… comme Mistigri

    M… comme Mistigri

    Bandit ! Filou ! Voleur châtré ! Je t’ai pris la main dans le sac !
    Mais où sont passés mon gigot et le fromage de ma laitière ?
    Les bouteilles de lait éventrées et répandues comme un grand lac ;
    Le poulet volé dans l’frigo qui ne passe pas par la chatière !

    M. Mistigri, bandit masqué, à l’œil charbon et l’air honnête !
    Toutes les nuits tu viens sentir et me flairer les provisions.
    Puis tu rentres l’air offusqué, hypocrite autant que malhonnête
    Pour ressortir sans repentir, cambrioleur à profusion !

    Affreux matou, fieffé grigou ! Ma cuisine est pleine de plumes
    Et jonchée de petits squelettes souris, mulots et salamandres
    Par terre, ci-gît un vieux ragoût avec tous ses petits légumes
    Et trois restants de tartelettes – depuis quand aimes-tu la coriandre ?

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Les yeux étoilés

    Les yeux étoilés

    Séléné aux yeux étoilés brandit la Lune comme un lampion
    Une fois par mois pour déclencher le flux de la procréation.
    Le corps à peine dévoilé, elle avance en damant le pion
    À ceux qui l’espéraient flancher en pleine intermédiation.

    Séléné marche sur les eaux ce qui déplaît fort aux chrétiens
    Qui privilégient ce talent exclusivement au fils de Dieu.
    De plus, elle brille sur les réseaux où elle accorde tout son soutien
    Aux noctambules en dévoilant ses traits de génie les plus radieux.

    Sous la voûte d’argent tachetée, Séléné danse, souveraine,
    Son lumignon, comme ses yeux, éclaire toutes les confidences
    Qui seront toutes décachetées, examinées, l’âme sereine
    Et confiées au merveilleux messager de la providence.

    Tableau de Vasylissa.

  • Les mondes intérieurs – 4

    Je voudrais bien m’imaginer qu’un Dieu aurait créé la vie
    Car ce n’est pas plus ridicule que croire ce que dit la science.
    Le doigt de Dieu invaginé dans la matière me fait envie
    Oui mais alors quel matricule conduirait cette omniscience ?

    Les Égyptiens, c’est bien tentant avec Isis et Osiris ;
    Les dieux grecs ainsi que romains géniteurs par polygamie ;
    Les scandinaves argumentant avec Odin et son iris ;
    Le Dieu unique qui tend la main à trois religions ennemies…

    C’est là l’argument compliqué qui vient ternir la théorie
    Car identifier ce Dieu est plus difficile qu’on ne croit.
    Il est inutile d’expliquer quel en serait l’allégorie
    Si ce créateur insidieux est une énigme de surcroît.

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • Les mondes intérieurs – 3

    Une fois vu de l’intérieur ce que mon corps métabolise,
    Ce que mon cœur énergétise et comment l’esprit réfléchit,
    J’ai pris le chemin antérieur, celui que l’astral symbolise,
    Celui que l’âme prophétise avec la divine hiérarchie.

    Ce n’est pas écrit dans les livres ni Torah, ni Coran, ni Bible
    Mais c’est inscrit dans les étoiles vu que nos atomes y sont nés.
    Et qu’est-ce qui vraiment le fait vivre sinon l’énergie susceptible
    D’animer la vie qui dévoile tous ses secrets insoupçonnés ?

    L’artiste auteur de ce miracle a dû laisser sa signature
    Dans l’ADN ou mes cellules ou le QR-code de l’iris.
    Quand j’ai interrogé l’Oracle de Delphes quant à sa nature,
    Il m’a répondu qu’elle pullule dans l’épine dorsale d’Osiris !

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • Dans le cloud

    Dans le cloud

    Les terriens perdraient-ils la boule en vivant dans l’imaginaire ?
    Les nouveaux mondes numériques seraient-ils donc plus prometteurs ?
    Les jeunes aujourd’hui tourneboulent vers le cloud extraordinaire
    Et les réseaux amphigouriques, sociaux voire psychomoteurs.

    À présent, mes nouveaux amis d’intelligence artificielle
    Me rassurent, me parlent et m’écoutent ; ça, ChatGPT m’en répond.
    Avec eux, aucune ennemie ni perturbation sexuelle
    En outre, moins cher ne me coûte que d’aller courir les jupons.

    Demain sans doute je mourrai mais je rejoindrai le réseau
    Des âmes plus ou moins perdues ou que je devrai rassembler
    Par tous les moyens que je pourrai pour attirer tous ces zozos
    Qui cherchent complètement éperdus leur route en marchant à l’amblée.

    Tableau de Chema Mendez.

  • Mauvaise idée

    Mauvaise idée

    Se rapprocher de la lumière pour en égaler la clarté
    Est une très mauvaise idée d’après l’expérience d’Icare.
    Mais cette vérité première, semble-t-il toujours écartée,
    Provoque chez les gens décidés des conneries sans crier gare.

    Quant au téléphone portable censé nous rapprocher des cieux
    Pour partager avec les dieux toute la boîte de Pandore,
    La même erreur monumentale fait croire à tous ces audacieux
    Que plus on parle et plus radieux sera le progrès qu’on adore.

    Pourtant le temps passé devant nos tablettes et nos écran plats
    Ne rend pas plus intelligent que les IA et les médias.
    Se prosterner sur son divan rendrait tout au plus raplapla ;
    Plus le délire est exigeant et plus son effet immédiat.

    Tableau de Mikhail Vyrtsev.

  • Quand la sirène est à toué

    Quand la sirène est à toué

    Comme tout bateau abandonné appartient à qui de découvre,
    Une sirène laissée-pour-compte revient à qui l’a repérée.
    Si l’occasion m’était donnée, j’irais bien au musée du Louvre
    Où, dans les couloirs, se racontent de telles histoires invétérées.

    Entre autres un pêcheur japonais qui dénicha dans ses filets
    Une sirène abandonnée dans les bras d’un Morphée marin.
    Et tandis qu’il fanfaronnait sur sa capture profilée
    La fille s’éveilla étonnée enlacée par le tabarin.

    « Mon beau tatoué je dois l’avouer notre amour a de qui tenir
    Et si nos enfants nous ressemblent entre ma queue et tes tattoos
    Ils devront tous se dévouer à s’engager pour l’avenir
    À l’Élysée où se rassemblent les meilleurs spécimens zazous.

    Tableau de Mursmasa Kudo.

  • Les sirènes d’air

    Les sirènes d’air

    En queue-de-pie ou queue de paon ou en queue de poisson volant
    Les sirènes ne manquent pas d’air pour traquer les aviateurs.
    Aussi effilées qu’un serpent, elles chassent l’homme en survolant
    Les forêts comme des Canadairs contre les feux dévastateurs.

    Les chemtrails sont comme une drogue et elles en avalent des lignes
    Et des lignes jusqu’à balayer tout le ciel bleu résiduel.
    On se demande quel épilogue pourra-t-on tirer de ces signes ?
    Sans doute un complot relayé par des phobies individuelles…

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Le vrai Père-Noël

    Le vrai Père-Noël

    Les aveugles ont la chance de n’pas être abusés
    Par le stéréotype du Noël américain.
    Le vrai Père Noël s’en trouve désabusé
    Par ce merchandisage et tout le Saint-frusquin.

    Le vrai Père Noël, de nature invisible
    N’a nul besoin de rennes ni de traîneau volant.
    Il est d’un bleu profond mais plutôt indicible
    Car on ne l’aperçoit qu’au seuil du nouvel an.

    Durant vingt-quatre heures, la nuit est parcourue
    Tout autour de la Terre sous la Lune étoilée.
    Ceux qui l’ont aperçu juste au coin de la rue
    L’auraient pris en photo mais elle était voilée.

    Tableau de Kerri McCabe sur https:www.dailypaintworks.comfineartkerri-mccabestar-medicine-744863 .

  • La nuit de Noël

    La nuit de Noël

    Certains Pères Noëls une fois à la retraite
    Aiment observer les jeunes recrues se débrouiller.
    Grâce à leurs anciennes rênes, ils attrapent d’une traite
    La Lune qui se lève et s’en va vadrouiller.

    Très vite, on la ficelle et on l’agrippe au toit,
    Puis, à l’huile de coude, à donf on la nettoie.
    On invite Marie, elle aussi pensionnaire,
    À se moquer des bleus, jeunes commissionnaires.

    Bien sûr, on les renseigne, on les aide au passage ;
    On leur file les adresses des enfants les plus sages.
    Et, en fin de tournée, on les invite à boire,
    Raconter leurs journées et leurs pires déboires.

    Tableau d’Andrey Boris.

  • Tombe la chemise !

    Tombe la chemise !

    L’instant où tombe la chemise lorsque c’est la première fois
    Est l’instant où le temps s’arrête et ne reprend qu’après l’extase
    Ou bien jamais si la promise en réclame encore une fois
    Et ne sonnera la retraite qu’après l’annonce de l’épectase.

    Après je deviens pavlovien et il suffit qu’elle soulève
    Juste un pan de son chemisier pour des appétences spéciales.
    Or elle aime tout ce qui provient de mes réflexes qui révèlent
    Mes signes de paradisier qui ferait sa danse nuptiale.

    Et lorsque tombe sa culotte, inversement proportionnelle
    À la quantité de tissu, je frôle la mégalomanie.
    Et je hulule comme la hulotte dans une nuit sensationnelle
    Où les gènes dont je suis issu jurent leur érotomanie.

    Illustration de Janice Sung sur https:www.janicesung.comdigital .

  • Chère argenterie

    Chère argenterie

    J’entendais pester mon beau-père après les repas familiaux
    Lorsqu’il recomptait soupçonneux cuillères et couteaux en argent.
    Jusqu’au jour où une fourchette disparue provoqua ses cris
    Et des accusations envers ses petites filles kleptomanes.

    J’ai eu l’idée d’aller fouiller dans les poubelles devant la porte
    Et n’eus pas besoin de chercher bien longtemps pour la découvrir
    Et la brandir avec fierté devant sa fille soulagée
    De n’être pas mère de voleuses ni recéleuse malgré elle.

    J’ai gardé un petit écrin lorsqu’il est parti recompter
    Les auréoles en or massif et les aréoles sans soutif.
    Je n’en ai pas trop de chagrin car je le sais bien remonté
    Pour ne pas être trop poussif à recommencer sans motif.

    Tableau de George Hughes.

  • La fin de Cupidon

    La fin de Cupidon

    « L’amour ne peut plus voyager, il a perdu son messager ! »
    Chantait Moustaki qui n’avait pas vraiment d’autre information
    Sur le mobile ensauvagé dont un prédateur enragé
    Aurait usé car il savait par où transitaient les passions.

    « Il suffit d’observer le vent ! » a-t-il avoué par la suite
    « Les brises d’amour au printemps, les plus précoces sont les plus tendres ! »
    Il est vrai qu’au soleil levant les jeunes amours sont en fuite ;
    On quitte le nid à vingt ans tellement on n’en peut plus d’attendre.

    Et c’est ici que Cupidon ajusta ses flèches en visant
    Et c’est là qu’un gros chat tigré le faucha d’une patte adroite.
    Les amoureux à l’abandon s’en retournèrent en devisant
    Que la Nature, bon gré mal gré, s’était montrée bien maladroite.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • L’apocalypse en fleurs

    L’apocalypse en fleurs

    Lorsque la deuxième trompette annoncera la fin des temps,
    La grande montagne fleurie se jettera dans le calice
    Formé par la mer des trempettes transformant un tiers des étangs
    Causant de grandes souffleries sur la planète mais sans malice.

    Déjà les créatures marines ont diminué d’un bon tiers
    Et les navires de croisière vont aussitôt en faire autant.
    Et tous les gars de la narine qui remplissent les cimetières
    Montrent, la main sur la visière, que ç’en est fini du beau temps.

    Et dans cette atmosphère blanche où la mer s’agite et tempête,
    Les vents s’élèvent sans colère et le beau temps retient son souffle.
    Puis les fleurs tombent en avalanche au son des divines trompettes
    Tandis qu’une éclipse solaire erre dans la nuit en pantoufles.

    Tableau de Nino Peradze.

  • Prêt-à-porter

    Prêt-à-porter

    Si au lieu d’enterrer les morts on en récupérait la peau ?
    Ce serait une œuvre artistique plutôt macabre j’en conviens.
    Les musées n’ont aucun remords cependant pour faire des expos
    En cire ou matières plastiques et là nulle loi n’y contrevient.

    Ça ouvrirait d’autres marchés que tous ces changements de sexe.
    Et, sans vendre la peau de l’ours, on pourrait tuer puis acheter
    L’idole qu’on aurait démarchée sans pour autant faire de complexe
    Au risque, à la fin de la course, de devenir une rareté.

    Plutôt que boire le sang des vierges, faites-vous en greffer la peau
    Que vous garderez bien dix ans, du moins c’est ce que garantit
    L’entreprise qui les héberge et les élève, net d’impôt,
    Et les vend en vous précisant que la vieillesse est ralentie.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Drôle d’arche !

    Drôle d’arche !

    Dommage pour les animaux que Lilith nous avait créés
    Qui étaient extraordinaires pour ne pas dire surprenants.
    Mais Dieu a dit à demi-mots que seules les bêtes agréées
    Seraient signées à l’ordinaire de sa main et pas autrement.

    Adieu licornes et chimères ! Adieu sirènes et tritons…
    Non ! Elles ont su – au temps pour moi – échapper aux flots diluviens.
    Adieu créatures éphémères à trois pattes, deux têtes et griffons !
    Je vous adresse avec émoi les regrets dont je me souviens.

    Quant aux animaux à trois sexes ou même quatre, pas de nouvelle !
    Noé n’était pas trop aidé quand il a dû tout contrôler !
    Mais à situations complexes, un petit tour de manivelle
    Ou de pédale rétrocédée permet souvent d’extrapoler !

    Tableau de Juan Pedro Ponce.

  • 10B, rue du Marquis de Sade

    10B, rue du Marquis de Sade

    Au 10A, rue Marquis de Sade, on ne voit rien et c’est normal
    Car c’est la maison à côté qui tient lieu de rassemblement.
    En effet, derrière les façades, passent les femelles et les mâles
    Par des passages traficotés entre les deux appartements.

    Je le sais parce que j’y habite. Eh oui, c’est moi l’animateur
    Qui convoque taxis à ces dames et les accueille galamment.
    Je peux vous dire que ça débite entre amatrices et amateurs
    Car ils sont avides du ramdam qui s’y passe extravagamment.

    Ça m’est venu une fois veuf ; pensant à me remarier,
    J’ai eu l’idée d’un lupanar afin de m’en faire un cheptel.
    Je les repère au gui l’an neuf chez mes relations notariées
    Avec ce simple canular : j’ai un « crac-boum-hu-hu » mortel !

    Tableau de Volodya Kenarev sur https:conchigliadivenere.wordpress.com20160920volodya-kenarev-1951-bulgarian .

  • 10A, rue du Marquis de Sade

    10A, rue du Marquis de Sade

    Un rendez-vous assez cocasse au 10A, rue Marquis de Sade ;
    « Soirée privée et costumée, la tenue d’Ève est exigée. »
    Ce n’est qu’une mesure efficace pour décourager les maussades
    Mais c’est comme à l’accoutumée, la seule contrainte infligée.

    Il y a toujours des courageuses qui viennent juste accompagnée
    Par un chauffeur qui les dépose juste devant la porte d’entrée.
    Mais aucune mesure outrageuse – et ça je peux en témoigner –
    De la police ne suppose aucun interdit rencontré.

    Pour le retour, pas de problème, des taxis sont organisés
    Pour ramener discrètement ces dames à leurs domiciles.
    Que font elles donc ? C’est le dilemme ! Car les lumières tamisées
    Ne laissent voir distraitement le moindre coup d’œil trop facile.

    Tableau de Volodya Kenarev sur https:conchigliadivenere.wordpress.com20160920volodya-kenarev-1951-bulgarian .

  • Le chat de l’alchimiste

    Le chat de l’alchimiste

    Encore une fois le chat s’impose dès que l’alchimiste est en transe
    Et les animaux à la ronde semblent attirés par cette scène.
    Au début chacun se repose sauf le chat tendu à outrance
    Mais sans montrer le moins du monde la moindre indication obscène.

    On ne sait plus qui est le maître… Est-ce le chat ou l’alchimiste ?
    C’est bien là ce que se demandent tous les animaux accourus.
    Même la nuit qui vient de naître garde le secret intimiste
    Du moins c’est ce que recommande la méditation encourue.

    Prédateurs et proies se rallient à la quiétude du moment
    Qui ne durera que qu’une nuit, celle du solstice d’hiver.
    À l’aube quand le soleil pâlit, les uns s’envolent en slalomant
    Tandis que les autres s’enfuient sous le regard du chat pervers.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Soleil alcoolique

    Soleil alcoolique

    Le soleil ivre sur les plaines et alcoolique dans les vallées
    Sort de son delirium tremens quand mon esprit bat la campagne
    Le soir quand tombent les heures pleines qui continuent à dévaler
    En traçant ses nuages minces qui s’effilochent vers les montagnes.

    Et lorsque le soleil se couche sur la mer de nuages blancs,
    Le crépuscule alors déverse les couleurs de l’astre trop mûr
    Que la nuit du solstice embouche du bout des lèvres en tremblant
    Jusqu’à ce que la Lune converse et que les étoiles murmurent.

    Alors la nuit noire s’avance, drapée de ses ombres profondes,
    Les feuilles frissonnent doucement sous l’air glacial qui s’alanguit,
    Un parfum de terre de Provence flotte pareil au chant monde,
    Tandis que s’endort lentement la plaine qui rêve à lundi.

    Le jour le plus court ;
    Le silence du solstice ;
    La nuit la plus longue.

    Tableau de Fred Cuming.

  • Les mondes intérieurs – 2

    Si l’on ne voit pas l’intérieur, les masques brillent à l’extérieur
    Des valeurs que l’on veut montrer et celles que l’on voudrait taire.
    Et plus l’éclat est supérieur, plus l’effet est révélateur
    Et ça ne fait que démontrer que l’intérieur est délétère.

    Bien sûr, il y a la belle aura qui se dégage imperceptible,
    Qui hélas demeure invisible sauf aux yeux qui sont dans le cœur
    Mais ne connaissent ni l’odorat ni le toucher ultrasensible
    Pour tâter si elle est nuisible par accumulation de rancœur.

    Finalement soit l’on y croit ou l’on refuse de les voir
    Ces couleurs du bien et du mal qui transpirent de tous les pores.
    Sans doute les esprits étroits qui ne jurent que par leur savoir
    Et dénigrent le paranormal n’y voient que l’envers du décor.

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • Les mondes intérieurs – 1

    Dommage qu’on ne puisse voir comment on est à l’intérieur ;
    Pensées d’amour, pensées de haine, pensées de bien, pensées de mal.
    Nous aurions enfin pu savoir et voir tout le monde extérieur
    De la couleur de l’âme humaine, divine tout autant qu’animale.

    Les femmes seraient-elles teintes en rose et les hommes des bleus de l’âme ?
    Les enfants aux mille couleurs et tous les seniors transparents.
    Nous y verrions les cœurs moroses ou animés par une flamme
    D’amour mais aussi les douleurs d’avoir à perdre nos parents.

    Sans doute que la compassion et l’empathie peuvent permettent
    De sentir toutes les nuances par l’écoute plus que par les yeux.
    Pourtant plus forte est la passion, plus forte sont les amourettes
    Et plus aveugle l’influence des attachements fallacieux.

    Tableaux de Victoria Gilpin.

  • La vampire

    La vampire

    Si le vampire ne fait plus peur que dans les salles de cinéma,
    On n’y croit plus et c’est un tort car il paraîtrait qu’ils existent.
    Contrairement à la stupeur que provoque les anciens schémas :
    Canines dignes d’alligator et visiblement fantaisistes.

    Pas du tout, les nouveaux vampires continuent à boire du sang
    Mais préparé et collecté par des filières pédophiles.
    Les trafiquants n’sont pas les pires ; les pires sont les compatissants
    Qui en consomment, affectés par la terreur gérontophile.

    Hélas, passé un certain âge, notre sang est dévalué
    Et ne vaut que s’il est connu du grand public comme vedette.
    Tout ça pour dire que l’avantage de rester sous-évalué
    Me met à l’abri d’inconnues aux dents longues et jeunettes.

    Tableau d’Edvard Munch.

  • Cupidon exagère un peu !

    Cupidon exagère un peu !

    Parfois pour lever une meuf, je dois faire tellement d’effort
    Que Cupidon, pensant bien faire, met les bouchées doubles à son arc.
    Et neuf cent quatre-vingt-dix-neuf flèches partent, sifflent et perforent
    Le cœur et tout est à refaire et tout laver avec Saint-Marc…

    Effacer les traces de sang, reboucher les trous dans les murs,
    Rincer les peines et les pleurs et balayer tous les remords.
    L’amour, lui, l’éternel absent doit se planquer dans son armure
    Pour parer les couronnes de fleurs qui jonchent ceux qui en sont morts.

    Tableau de Tran Nguyen sur https:momentsjournal.comtran-nguyen-surreal-dreamy-paintings-soft-delicate-beautiful .

  • Rubics-robe

    Rubics-robe

    Il n’y a qu’une combinaison qui puisse déboutonner sa robe
    Et je n’ai droit qu’à un essai de dix manipulations max.
    Pour les maths, j’ai l’inclinaison mais ma mémoire se dérobe
    Et j’ai fait beaucoup trop d’excès de vitesse par contumax.

    Hé oui, je suis un vieux de la vieille en déboutonnage de robe
    La Rubrics-robe me rend perplexe et les filles n’aiment pas les loosers.
    Or je connaissais à merveille une astuce pourtant très probe
    Pour déboîter ce complexe amas de carrés abuseurs.

    Ça me revient !

    Il suffit d’une tape franche au popotin de la donzelle
    Pour faire voler en éclat tous ses carrelets de couleurs.
    Soit, le truc astucieux la branche et on part pour la bagatelle,
    Soit, elle en fait tout un plat et j’vous raconte pas la douleur !

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  • Sous la carapace

    Sous la carapace

    Les femmes dont la carapace dresse une barrière aux machos
    Ont le sang bleu quand elle l’écarte devant les hommes qui leur plaisent.
    Étrangement cela se passe parmi les princes au sang chaud
    S’ils savent bien jouer aux cartes notamment celle du Père Blaise.

    Cet herboriste de Marseille qui aurait fondé la potion
    Qui rendrait la peau si épaisse qu’elle en bleuît la tendre chair.
    Oui mais comment une pareille nouvelle devient-elle addiction ?
    Pardi ! À cause des princesses putatives de l’être cher.

    Lorsque l’une m’a fait le coup, ça m’a flatté, je vous l’avoue,
    Qu’une petite souveraine me trouve mignon à son goût.
    Ma femme m’aurait tordu le cou si elle savait qu’j’ai rendez-vous
    Dans la suite dite « des sirènes » où disparaissent les vieux grigous.

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  • Le cactus

    Le cactus

    À force de se faire arracher robe et maillot par son cactus
    Elle a fini par vivre nue dans sa villa avec piscine.
    Depuis, le cactus rabâché a poussé droit vers les stratus
    Mais l’habitude est retenue et ses voisins, ça les fascine !

    Alors les épouses en colère ont bien tenté de rhabiller
    La voisine exhibitionniste mais rien à faire, elle est trop forte.
    Même la police oculaire, je vous en fiche mon billet,
    Est demeurée protectionniste envers la tenue qu’elle porte.

    Or le prix de l’immobilier a grimpé en flèche depuis
    Même les balcons sont loués à l’heure à l’ombre des glycines.
    Le maire devenu fou à lier s’est mis à se creuser un puits
    Officieusement a avoué qu’il allait jusque sous la piscine.

    Tableau de Thomas Saliot.

  • L’Europe starlette – 2

    L’Europe starlette - 2

    Mais la starlette de trente ans a trouvé un rôle à sa taille
    Taille de guêpe pour se glisser entre les deux grandes puissances.
    Et qu’ils soient ou non consentants, ils vont devoir livrer bataille
    Dont les armes sont policées par ceux qui en font jouissance.

    On ne sait pas qui sont les bons ni même qui sont les méchants
    Ou pire, ils changent tout le temps selon les médias assouvis.
    Une opinion qui fait des bonds parmi le peuple à contrechamps
    Entre les forces de l’OTAN et le pacte de Varsovie.

    En fait, on reconstruit l’Histoire que l’Europe a connu naguère :
    Des petits royaumes qui s’envoient pis que pendre et coups d’escarmouches.
    Et de nos jours, il est notoire que ceux qui veulent partir en guerre
    Sont les descendants dont la voix parlent comme le « prince des mouches ». †

    Tableau de Givi Siproshvili sur https:illustrators.rupostspohischenie-evropy . † Belzébuth

  • Napoléon Bon Appart II

    Napoléon Bon Appart II

    Pour vivre heureux, vivons cachés là où Dieu ne voit plus personne
    Soit à l’intérieur des montagnes, soit dans les abris souterrains.
    Veillons à ne plus s’attacher aux religions qui nous façonnent
    Et nous formatent nos compagnes comme souffre-douleur souverain.

    Dans l’obscurité minérale, loin des cieux et dieux en colère,
    Nous bâtirons nos espérances avec du béton et du verre.
    Loin des croyances sidérales, loin sous la calotte polaire,
    Nous romprons avec nos errances et tous nos soucis terre-à-terre.

    Mais il faudra creuser profond pour accueillir dans nos palais
    Le tombeau de nos vanités et les souvenirs rapportés.
    Même en réduisant les plafonds, il nous manquera des balais
    Pour ôter toute insanité de cette planète avortée.

    Sous la roche nous tairons nos dieux devenus tous sourds en chemin
    Et nos silences auront pour toits toutes les montagnes des Grisons.
    L’Histoire fermera ses yeux sur ce qui reste en nous d’humain
    Et l’ombre prendra tout le poids d’un monde qui n’a plus d’horizon.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Histoires à endormir la sirène

    Histoires à endormir la sirène

    Depuis que je l’ai ramenée secrètement à la maison,
    J’ai cédé la salle-de-bains en guise de chambre à coucher.
    Mon lit étant trop suranné, j’ai dû me faire une raison
    Et le soir je suis son larbin après être allé me doucher.

    Car je dois lui lire une histoire de marins et leur capitaine
    Pour qu’elle s’endorme comme un enfant bien avant d’arriver au bout.
    Or il est devenu notoire pour ma sirène puritaine
    Qu’elle dort mieux en étoffant mes histoires à dormir debout.

    Pour cela je dois la rejoindre entièrement nu dans la baignoire
    Tout en inventant une suite piquée de suspense et d’humour.
    Ensuite je dois lui adjoindre une descente dans les eaux noires
    Où nous partons à la poursuite de rêves où nous faisons l’amour.

    Tableau de Walter Zakarlo.

  • L’union sacrée des sirènes

    L’union sacrée des sirènes

    Plus on est de sirènes tendres et plus on rit sur le rivage
    Et plus il y a de matelots et plus on se remplit le ventre.
    Il suffit simplement d’attendre, le vendredi, les arrivages
    À la criée méli-mélo dans les halles et les hypercentres.

    Elles se glissent déguisées en thon à l’intérieur des chambres froides
    Et guettent les beaux poissonniers qui se radinent dare-dare.
    Car dès qu’ils pointent leurs mentons, il lui arrive une escouade
    D’amatrices de fruits garçonniers qu’on se déguste façon tartare.

    Tableau d’Evelyn De Morgan.

  • La Terre du milieu

    La Terre du milieu

    Bien sûr, la Terre est ronde mais ce qu’on ne sait pas
    C’est « qui vit au milieu sous le manteau terrestre ? »
    Est-ce l’enfer qui gronde pour le moindre faux pas ?
    Ou, au contraire, un lieu de mise sous séquestre ?

    Vous êtes loin du compte ! C’est le domaine de dieux ;
    Cet ancien Élysée connu comme Mont Olympien.
    C’est là que l’on raconte les épisodes odieux
    Et les billevesées sur le mythe Œdipien.

    On croit son cœur de braise, de feu comme une étoile
    Cependant qu’à l’inverse, c’est le nec plus ultra :
    Un endroit où l’on baise, où chacun se dévoile
    Et vit à la renverse un vrai Kamasutra.

    Là, le temps se dénude et suspend tous ses droits ;
    Les corps deviennent signes et les âmes, paysages.
    On échange les masques, on renverse les proies
    Et la vérité nue dévoile son visage.

    Tableau de Raymond Douillet.

  • Une journée de détente

    Une journée de détente

    Ces instants volés de détente aux folles heures d’activités
    Sont l’oasis dans le désert des répétitions quotidiennes.
    Ainsi je quitte toute attente, les rendez-vous à éviter
    Et les tenues cache-misère des grand-messes tragi-comédiennes.

    Parfois l’attraction est trop forte et les habitudes nous happent
    Comme des chaînes de devoirs et de responsabilités.
    Ces heures grises ou l’on supporte d’être enfermé sous une chape
    De travail à n’en plus pouvoir doublées de culpabilité.

    Les gens riches n’ont pas le temps, ils ont l’argent, c’est différent,
    Mais soumis à des inquiétudes sujettes à la moindre impatience.
    Les pauvres sont riches au printemps-été-automne-hiver durant,
    De leurs périodes de quiétude, futilité et insouciance.

    Alors je rêve et m’abandonne, à la présence du silence,
    Le temps dépose sa main nue empreinte de sérénité.
    Je prends tout ce que l’air me donne en relâchant ma vigilance
    Et je respire l’instant venu m’apporter sa pérennité.

    Illustration de Vittorio Giardino.

  • Instantanu

    Instantanu

    « Le petit oiseau va sortir, il est temps d’entrouvrir la cage
    Et laisser l’imagination s’envoler libre à tire-d’aile ! »
    C’était juste pour divertir le photographe un peu volage
    Et qui n’a de fascination que pour mon corps comme modèle.

    « Ma chatte ronronne et minaude et guette ce petit oiseau
    Qu’elle épie depuis un moment et qui n’a pas l’air de comprendre…
    Tandis que l’autre baguenaude à partager sur les réseaux
    Ses commentaires assommants et ne fait rien pour m’entreprendre… »

    Soudain d’un coup de griffe hardi, la patte lui ouvre la porte
    Et comme un coucou sonnant l’heure, l’oiseau sort et la chatte mord.
    Elle savoure, ragaillardie, sa proie dont la chair lui apporte
    Un jus nacré qui par bonheur n’entraîne que la petite mort.

    Tableau de Lisa Yuskavage.

  • Madame Fibonacci

    Madame Fibonacci

    Partant de l’œil au nombre d’or, puis de l’arcade sourcilière,
    Descendant la courbe du nez, puis remontant la joue fléchie,
    Contournant l’âme qui s’endort sous ces volutes singulières,
    Je n’ai cessé d’importuner la femme de Fibonacci.

    Mais c’est de la faute à sa suite qui revient dans toutes les femmes
    Dont les courbures et les rondeurs découlent toutes du nombre d’or.
    Avant lui, d’une main fortuite, il n’y avait vraiment rien d’infâme
    À apprécier la profondeur de leurs intimes corridors.

    Après lui, il faut calculer et évaluer sans toucher ;
    Il faut tendre vers l’infini la carte du tendre algébrique.
    Aujourd’hui tout a basculé et pour prétendre aller coucher
    Je dois compter en catimini leurs anthropométries lubriques.

    Création de Leandro Neves.

  • Les zéros de Bédé

    Les zéros de Bédé

    Tous les jours défilent les zéros parmi les uns de mon réseau
    Avec bon nombre de héros, lutins, animaux et oiseaux
    Car ils m’aident à décompresser quand j’arrive en fin de journée
    Lorsque le temps s’est empressé d’en accélérer sa tournée.

    Plus je vieillis moins ils vieillissent et plus ils ont des aventures ;
    Les infimes détails s’agrandissent au fil des livres et des lectures.
    Les guerres qui n’ont duré qu’un temps s’étendent éternellement
    Et je m’endors en feuilletant les pages continuellement.

    Ils me tiennent lieu de veilleuse lorsque je tombe sur un bon titre
    Et je referme l’album trop tard en laissant tomber le héros.
    Si la nuit se fait paresseuse, je reprends au prochain chapitre
    Et si le jour est en retard… la suite au prochain numéro.

    Illustration de François Boucq.

  • À la croisée des chemins tordus

    À la croisée des chemins tordus

    Je m’imagine ficelé dans la prison de mon présent
    Entre un passé décoratif et un futur inaccessible.
    Tous les jours qui ont défilé, tirent ce lien omniprésent
    Qui me laisse interrogatif sur tous les dénouements possibles.

    Si le passé me tire trop vers mes nombreux trous de mémoire,
    Je reste prisonnier à jamais des souvenirs irréparables.
    Je serais complètement rétro dans la poussière des armoires
    Qu’on jette à la mer désormais par containers indénombrables.

    Si le futur d’emblée m’attire, l’âge ira en s’accélérant
    Excepté toutefois les Parque qui me guettent d’un coup de ciseaux.
    Si d’aventure je me retire de ce schéma intolérant,
    Je naviguerai sur la barque de Charon sur le Styx schizo.

    Alors je tranche enfin ce fil, non par courage, mais par présence ;
    Ni hier, ni demain ne m’attachent, leurs nœuds se desserrent en silence.
    Je m’assieds là, sur le seuil pile où l’instant défait l’impatience
    Et dans ce vide que je lâche, je marche droit… sans vigilance.

    Tableau de Léna Mačka.

  • Le chaperon rose

    Le chaperon rose

    N’en déplaise aux frères Grimm de même qu’à Charles Perrault,
    Le petit chaperon était rose et le loup un amant lubrique.
    Ce n’était pas vraiment un crime mais au moment de l’apéro,
    Elle calmait ses humeurs moroses avec lui derrière la fabrique.

    L’usine fabriquait des galettes au beurre salé de Guérande,
    Le loup travaillait à la chaîne et la fille aux expéditions.
    À la pause, derrière les palettes, elle lui proposait son offrande
    Et lui pratiquait, non sans gêne, des orgasmes à répétition.

    Un jour leur usine a fermé pour être délocalisée
    Et le loup partit pour la Chine, l’autre pays des poulpiquets,
    En tant qu’ouvrier confirmé, il a pu se focaliser
    En lubrifiant les machines tandis que la fille l’astiquait.

    Tableau de Hande Ugur.

  • Kalineries

    Kalineries

    Papa Ours aime les rouquines notamment les poils-de-carottes
    Parmi les elfes des forêts et les « je t’aime à tous les vents ».
    Si l’une d’elles est assez coquine pour lui offrir quelques poirottes,
    Elle se laissera déflorer par son gros chevalier servant.

    Car une fois apprivoisé Papa Ours au cœur d’artichaut,
    Elle lui en fera voir, la bougresse, par un innocent esclavage ;
    Après avoir bien grivoisé et excité le mâle au sang chaud,
    Ce sera corvée de tendresse, cunnilingus, libertinage.

    Mais Papa Ours, plus on l’excite et plus il se montre facile
    Et un beau jour, il en vint une que le plantigrade regretta.
    La suite est simple et explicite ; la fille se montra difficile
    Et lui réclama tant de thunes qu’elle fut « persona non grata ».

    Tableau de Karinakino.

  • Chantra

    Chantra

    Le chat affectionne ces verbes : entir, sortrer, rentir, ressortrer.
    Ils font partie de son langage plutôt gestuel que verbal.
    Et qui leur donne cet air acerbe quand ils vous observent prostrés
    Avec un « miaou » qui dégage une compassion à deux balles.

    À la façon dont il regarde, apitoyé à la fenêtre,
    Avec le regard implorant du pauvre petit prisonnier,
    Je sais que ce matou me garde des représailles qui vont naître
    Pour me pourrir la nuit durant en brayant comme un poissonnier.

    Entir : sentir sans y toucher ; sortrer : sortir mais de travers ;
    Rentir : revenir tout vexé ; ressortrer : pour quérir son câlin.
    Avec quatre verbes moucher cet inventaire à la Prévert
    Et mon chat tout décomplexé faire donc un peu moins le malin.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Folie du ciel

    Folie du ciel

    Folie dans le ciel aujourd’hui malgré les messages rassurants
    De la météorologie qui se veut toujours agréable.
    Comment cela s’est-il produit ? L’état s’en sort en assurant
    Que cette céleste pathologie est due par le contribuable.

    Même les chemtrails des complotistes qui nous quadrillent l’atmosphère
    Fabriquent de drôles de nuages qui s’étirent et puis qui s’éclipsent.
    À moins que l’ange trompettiste ne soit en train de satisfaire
    Une sorte d’écobuage pour annoncer l’apocalypse … ?

    Ou bien… le ciel change de look et veut s’habiller à la mode
    Avec ses tenues excentriques en robes de pluies inondables.
    On raconte aussi chez les ploucs que ce dont le ciel s’incommode,
    C’est de l’effet héliocentrique du Soleil qui a pété un câble.

    Ou bien c’est le ciel qui délire, lassé des discours triomphants
    Quand trop d’algorithmes l’auscultent et veulent borner son empire.
    Il vrille des lignes qu’on admire pour perdre exprès ses observants ;
    Il se replie, se cabre, occulte, et pleure tout autant qu’il transpire.

    Tableau de Guylaine.

  • Le syndrome de la fatigue

    Il y a fatigue et fatigue. Celle ressentie après l’effort
    À qui il suffit d’une nuit, d’un bain, d’un thé ou d’un massage.
    Celle qui muscle et qui prodigue satisfaction et réconfort,
    Qui entretient et qui ne nuit en rien sauf s’il faut un sevrage.

    Il y a la fatigue dans la routine, comme métro, boulot, dodo
    Que l’on répète quarante ans ou plus jusqu’à absolution.
    Celle-ci m’use et me ratatine car les oasis de libido
    Et de vacances, bien tentants, n’apportent pas de solution.

    Enfin la fatigue de la vie qui nous a plongé dans son bain
    Et qu’elle fait chauffer peu à peu en disant que c’est ce qu’il faut.
    Alors on craint pour sa survie mais c’est trop tard car le turbin
    Qui fait hurler « SAUVE QUI PEUT ! » a rabattu son coup de faux.

    Tableaux de Mihail Zablodski.