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  • À double sens

    À double sens

    Opium du peuple, la religion ? Extasy le goût du pouvoir ?
    Tous les mots sont à double sens dès qu’il s’agit d’exploiter l’homme.
    Quant à la femme, ils sont légion à l’exploiter afin d’avoir
    Une descendance avec décence attribuée à leur génome.

    Même le sexe à double sens multiplie les genres aujourd’hui ;
    Il paraît même que les femmes seraient des perles à ce jeu-là.
    On contrôle déjà les naissances, on choisit, on se reproduit
    Et les enfants qui trouvent infâme leur sexe pourront changer tout ça.

    Et pire encore, tous mes reflets ont toujours été ambiguës ;
    Parfois j’inverse la gauche, la droite et parfois le haut et le bas.
    En effet, j’aime bien persifler avec des détails exiguës
    Que je retourne d’une rime adroite par sous-entendus – et coups bas.

    Illustration de Milo Manara.

  • L’autre face de l’Europe

    L’autre face de l’Europe

    Chaque fois que l’Europe s’affaisse devant l’Asie ou l’Amérique,
    Sur l’Olympe, Zeus se retourne en se disant : « Tout ça pour ça ! »
    Comme si Europe montrait sa fesse pour fuir le désir chimérique
    Des nouveaux dieux qui s’en détournent négligemment, couci-couça

    Pourtant lorsque je pense aux fesses callipyges de notre Europe
    Face aux bides ventripotents asiatiques, américains,
    Avec ostentation de graisse comme un virulent psychotrope,
    Je me dis qu’il est ravigotant d’ignorer leurs propos taquins.

    Elle est si belle notre Europe ! C’est dommage qu’elle soit revêtue
    De tant de règles imbéciles proposées par nos ronds-de-cuir !
    Ne soyons pas trop misanthropes envers tous ceux qui s’évertuent
    À nous servir à domicile tout ce qui nous incite à fuir.

    Tableau de Félix Vallotton.

  • Les sirènes existent

    Les sirènes existent

    J’ai rencontré une sirène de l’autre côté du miroir
    Sous l’onde calme où se devine un chant noyé de transparence.
    J’allais sur ma vieille carène poursuivre les reflets ivoires
    D’un lever de Lune rubine troublante dans son apparence.

    Elle était là sur son rocher, au beau milieu du labyrinthe
    Et m’a promis de me guider vers l’issue en toute confiance.
    Je me suis alors approché, ne manifestant nulle crainte ;
    Son petit air intimidé a brisé toute méfiance.

    Elle a fait tant de faux détours pour retrouver le bon chemin
    Que j’en ai eu tant le tournis que de peur je l’ai semoncée.
    J’ai lu un chagrin sans retour dans ses yeux implorant ma main
    Pour me donner l’aide fournie et nous permettre d’avancer.

    Mais ses erreurs, ses pas tremblants, m’ont fait douter de son savoir
    Je crus la perdre et j’ai crié avec des élans de colère.
    Voyant son regard si troublant, j’ai voulu montrer par devoir
    Une clémence appropriée pour sortir de cette galère.

    Et je suis tombé dans son piège en m’apitoyant sur son sort
    Ce fragile gage d’amitié s’est transformé en crèvecœur.
    Et vaincu par ses sortilèges a surgi, en dernier ressort
    Dans le miroir, l’inimitié d’une sirène dévorant mon cœur.

    Illustration de Milo Manara.

  • Bon thé, bon tigre

    Bon thé, bon tigre

    Lorsque c’est son jour de bon thé, la sirène se la coule douce
    Et se prélasse dans sa tasse auprès de son tigre tout doux.
    Lui-même fera signe de bonté sans que cela ne le courrouce
    Croquant le sucre qu’elle lui casse avec bonbons et roudoudous.

    Lorsque c’est son jour de café, attention, la sirène s’énerve !
    Elle sort alors de sa soucoupe ; le moment est venu, enfin !
    Sous pression, toute décoiffée, étant sortie de sa réserve,
    Elle monte sur le tigre en croupe pour aller assouvir sa faim.

    Tempête dans un verre d’eau ! Ils rentrent tous les deux bredouilles ;
    Ils n’ont pu trouver que du lait en poudre, pas demi-écrémé !
    Alors tant pis, on fait dodo et l’on se fait mille papouilles
    Pour tenter de se consoler… car nos amis sont déprimés.

    Peut-être que pour le premier août, la sirène est moins difficile
    Et préfère boire l’eau-de-vie et ce, malgré le « qu’en-dira-t-on » !
    Et alors son tigre sans doute se prendra pour un ours docile,
    Celui qui flotte et qui ravit sur les drapeaux de nos cantons !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Carte postale de juillet

    Carte postale de juillet

    Grand Cacatois est juilletiste – ce n’est pas son plus grand défaut –
    Comme il est amoureux d’une île, il y retourne tous les ans.
    Un mois dans le camps de nudistes avec des femmes comme il faut :
    Filles de pirates à peine nubiles sans le côté culpabilisant.

    Ça, c’est ce qu’il veut nous faire croire car en vérité l’île est nue
    Sans autre habitant que lui-même et sa sirène ostentatoire
    Qui se plait à lui faire accroire à des amours sans retenues
    Malgré son petit cœur qui l’aime… mais c’est une chipie notoire.

    Après tout un mois de juillet à lui décrocher trente lunes,
    À lui chanter la sérénade, la sirène a plié bagages.
    Alors Cacatois, appuyé sur une rambarde opportune
    Se dit : « Finie la déconnade ; il est temps de tourner la page ! »

    « Mes chers compagnons de fortune, » – a-t-il écrit dans une lettre –
    « J’ai bien profité de mon or et des jolies filles bien roulées !
    Repartons à la chasse aux thunes car le mois d’août doit nous permettre
    D’en amasser car il m’honore de vous conduire où vous voulez ! »

    Tableau de Laureline Lechat.

  • Quand juillet ôte sa robe de roses peintes

    Quand juillet ôte sa robe de roses peintes

    Après les feux sous les lampions dont juillet fut très magnanime,
    Après les amours de Juliette et ses Roméo d’affilée,
    Voici que partent nos champions des bals musette synonymes
    De belle soirées gentillettes ou endiablées qui ont défilé.

    Le mois s’effeuille en robe peinte de roses tombant une à une,
    Comme les promesses qu’on murmure avant de partir en vacances.
    La Lune, témoin des étreintes, s’endort dans ses voiles de brume
    Et l’été glisse comme mûr, ludique et avec éloquence.

    Mais voilà. L’été se transforme et aspire au temps des moissons ;
    Mais Juillet garde dans ses valises l’ensemble des bons souvenirs.
    Mais il laisse une table conforme avec fruits, fromages et boissons
    Pour le mois d’août qui rivalise déjà des beaux jours à venir.

    Tableau de June Leeloo.

  • En un mot, c’était un fantôme

    En un mot, c’était un fantôme

    Par hasard, photographiant une ruelle pittoresque
    Sur ma rétine a persisté l’image d’une ombre furtive.
    Était-ce un flash insignifiant ? Un attrape-nigaud grotesque ?
    La photo m’en a attesté la preuve significative.

    Demi-dieu ou demi-déesse ? Je n’ai pas eu le temps de voir ;
    Juste une silhouette floue remontant la rue en courant.
    Juste le temps d’une prouesse que mon cœur a su percevoir
    Tout en rendant l’esprit jaloux de n’avoir été concourant.

    Je suis revenu plusieurs fois et chaque fois je l’ai revue ;
    Une silhouette mince et svelte mais féminine j’en suis sûr.
    Je me suis renseigné : autrefois, on a parlé de « déjà-vu »,
    Échos de vieilles légendes celtes où des voyageurs l’aperçurent.

    J’appris qu’au siècle des lumières, une amante aux amours brisées
    Errant en pleurs dans cette rue s’était jetée du vieux balcon.
    Depuis, captive et solitaire, son spectre hante les pavés,
    Cherchant l’étreinte disparue d’un cœur éteint sous l’abandon.

    Un murmure fendant l’espace, effleurant l’air d’un chant discret ;
    Un souffle à peine, une caresse, un frisson d’ombre dans la nuit.
    Mais dès qu’elle approche la place, son pas glissant comme un secret,
    Ne laisse qu’un parfum d’ivresse et l’illusion d’un doux ennui…

    Photo de Dmitry Savchenko sur https:www.saatchiart.comen-chdmitrysavchenko .

  • L’ascension de la rose

    Ce matin, Princesse des fleurs
    Sera baptisée de rosée
    Sous le regard de ses parrains,
    Arbres, buissons, haies et fûtée.

    À Midi encore des pleurs
    D’émotions bien trop arrosées ;
    On vit sur le même terrain,
    Ça crée des liens plus affutés.

    Ce soir, il y a propension ;
    Ce soir, la forêt va prédire
    Ce soir, sans doute encore des pleurs,
    Ce soir, de transe omniprésente.

    La rose est en pleine ascension ;
    Oui mais qu’est-ce que cela veut dire ?
    Parle-t-on de la Reine des fleurs
    Ou bien de ce qu’elle représente ?

    Demain, d’autres fleurs en bouton ;
    La Reine des fleurs va nourrir
    De sa sève sa descendance
    Et de son âme pastorale.

    Demain, ce que nous redoutons.
    La Reine des fleurs va mourir
    Pour suivre alors son ascendance
    Vers une autre étape florale.

    Tableaux de Jane Graverol sur https:www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com202404jane-graverol.html .

  • Les flux de lumières contraires

    Les flux de lumières contraires

    Dans mon petit intérieur vert que j’aime car il me ressemble,
    Tout s’est imprégné des douleurs et des joies de mon existence.
    Petit confort de mots couverts et d’intimité que j’assemble
    Au gré des jours et des couleurs dont je goûte la persistance.

    Et puis l’extérieur se révèle en teintes froides et sauvages
    Qui font peur quand tombe la nuit surtout les nuits de pleine lune.
    Excepté la lueur nouvelle en face au quatrième étage
    Qui perce un tunnel de minuit et ses rencontres inopportunes.

    Et tout bascule comme un rêve – d’ailleurs en serait-ce un ? J’en doute ! –
    Deux cygnes dansent sous les fleurs qui sont chargées de souvenirs.
    Deux signes qui tournent sans trêve et dont le terme se redoute
    Car il annoncera des pleurs ou des rires à n’en plus finir.

    Puis le silence se délite ; un vent d’azur fend le décor.
    Un soleil noir, dramaturgique crève l’aurore irréfragable.
    Les cygnes glissent et s’évitent ; enfin, dans un ultime accord,
    S’éclipsent, blancs et stratégiques, dans un fou-rires infatigable.

    Illustration d’Oda Iselin sur https:elephant.artanime-meets-norwegian-folklore-in-the-dreamlike-work-of-oda-iselin-sonderland-03112020 .

  • La mère de la sérénité

    La mère de la sérénité

    Plutôt lunaire comme plage pour la mère de sérénité !
    Mais n’est-ce pas, pour sa quiétude, l’exacte atmosphère requise ?
    Pourtant quel joli assemblage que ce moment d’éternité
    Pour une femme dans sa solitude au milieu d’une ambiance exquise !

    Tout doucement et sans troubler son moment de méditation,
    Je m’assis juste en face d’elle en la fixant obstinément.
    Or mon intérêt redoublé dut éveiller son attention
    Car elle posa, comme un modèle l’aurait fait, opportunément.

    Lors je lui déclamai mes vers avec des mots bien accrochant,
    La comparant à Aphrodite à peine éclose de la mer.
    Je l’espérais, elle a ouvert les bras tout en se rapprochant
    Pour que ma plume l’accrédite à l’encre d’un baiser outre-mer.

    D’un sourire, à peine esquissé, elle fit chavirer cet échange
    D’un geste lent, elle sépara la frontière de tous les possibles.
    Ensuite elle se mit à tisser mes vers d’une manière étrange
    Faisant, d’un discours d’apparat, une ode à ce rêve impossible.

    Tableau de Max Nonnenbruch.

  • Le matin des magiciennes

    Le matin des magiciennes

    Comme des reines égyptiennes, les seins nus et l’air goguenard,
    Qui savent qu’elles vont succomber à la mort de leurs souverains,
    Tôt le matin, les magiciennes sortent leurs chiens et leurs renards
    Et rentrent à la nuit tombée à l’insu d’autres riverains.

    Quels rites vont-elles accomplir et à qui sont-ils consacrés ?
    Pour le savoir il faut les suivre malgré le chien montrant ses crocs.
    J’ai surpris l’une d’elles remplir sa gourde à la source sacrée
    Et vu ce qui allait s’ensuivre auprès des bassins sépulcraux.

    Elles cueillent des plantes magiques, millepertuis et digitale,
    Armoise et parfois mandragore au pied de l’arbre des pendus.
    Quant à leurs vertus liturgiques, j’en ai perçu l’action létale
    Qui a tué net l’égrégore sur le Mont Chauve répandu.

    Les flammes aux lueurs dansantes éveillaient leurs anciens grimoires
    Sous les doigts fins des officiantes traçant des signes sibyllins.
    Leurs voix résonnaient lancinantes, invoquant d’obscures mémoires
    Dans une ambiance hallucinante, sous de sourds échos cristallins.

    Représentation artistique d’une femme de l’âge du bronze accompagnée d’un chien et d’un renard de J. A. Peñas.

  • Reflets pervers

    Reflets pervers

    Après mes aventures épiques dans les nuits mauves aux reflets verts
    Que filtraient des rayons de Lune sur un bestiaire chimérique,
    Le crabe et les lapins typiques des grands mystères de l’univers
    M’avaient ouvert une opportune voie des plus fantasmagoriques.

    J’entrai à l’appel de mon nom ; elle m’attendait dans le salon
    Dont un canapé émeraude trônait entouré de grands phoques.
    Sans que je puisse dire non, elle m’ôta mon pantalon
    Tandis qu’exprimait la maraude ces doux propos assez loufoques :

    « Mon poète aux rêves pervers, toi qui as su me concevoir
    Comme une déesse durant mille-et-une nuits de bohème,
    Transforme donc tes reflets vers en une femme dont le pouvoir
    Saura en songes récurrents t’insuffler ses plus beaux poèmes ! »

    Ainsi, docile et solitaire, je façonnai sous mes paupières
    L’éclat troublant de son regard au seuil d’un mystique dessein.
    Mais quand mes yeux se dessillèrent, ne restaient que vagues œillères
    Évanouies d’un souffle hagard qui m’a effacé son dessin.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • À la ville comme à la campagne

    À la ville comme à la campagne

    « Alphonse Allais, Alphonse ira à la ville comme à la campagne
    Et s’il le faut, on construira des arbres et des fleurs en béton
    Que le promeneur appréciera en les arrosant de champagne
    Dont la bouteille produira des tessons contre les piétons ! »

    L’intelligence artificielle avec laquelle je dialoguais
    Parlait ainsi sur l’habitat et le futur de la planète.
    Par cette réponse superficielle, j’ai pensé qu’elle me prodiguait
    Des résolutions suicidaires pour lui laisser la place nette.

    Non seulement tout le monde ment mais l’IA est plus pernicieuse
    En nous habituant à gober ses mots avec sincérité.
    Le mensonge est mondialement répandu de façon vicieuse,
    L’IA ment à la dérobée en l’enrobant de vérité.

    Illustration de Ran Zheng sur http:www.ranzhengart.com .

  • Méditation & Réflexion

    Méditation & Réflexion

    Assise dans la salle d’attente aux murs pauvres et déshabillés,
    Je me sens nue et sans histoire, en totale décrépitude.
    Aucun souvenir ne me tente pour ressasser les vieux billets
    Entreposés dans ma mémoire mais détrempés de lassitude.

    Pourtant dans la méditation qui lutte contre ma patience,
    S’entrouvre entre deux réflexions une porte sur l’imaginaire
    Due à la préméditation de la part de mon inconscience
    Qui vient faire une projection de façon extraordinaire.

    Jamais je n’aurai voyagé autant que dans ces salles ternes
    Qui m’offrent paradoxalement tout un terrain de découvertes.
    Sans doute un esprit ravagé d’une lacune qui me consterne
    Et produit cet esseulement dont mon âme reste recouverte.

    Photo de Mary Pratt.

  • La lecture amoureuse

    La lecture amoureuse

    Bien que l’intrigue soit amoureuse de moi depuis que je sais lire,
    Elle se cache dans les rayons de mon intime bibliothèque.
    Espiègle, elle se glisse langoureuse entre les pages en plein délire
    Et transforme à coup de crayons les albums de ma bédéthèque.

    J’ai des Tintin signés Franquin, des Spirou signés Hugo Pratt
    Des Asterix signés Prévert et des Lucky Luke, Uderzo.
    Gaston est devenu rouquin, Yoko Tsuno est phallocrate,
    Les schtroumpfs portent des bonnets verts, Blacksad arbore un bec d’oiseau.

    Je suis passé au numérique, elle m’a suivi entre les lignes
    Pour avoir la voix au chapitre et faire de moi son héros
    Dans une aventure homérique avec l’héroïne maligne
    Dont le nom placé sous le titre indique un sacré numéro.

    Illustration de Virginia Mori sur https:creativepool.commagazineinspirationtake-a-look-at-the-delightfully-ancient-and-metaphorical-style-of-this-talented-illustrator–memberspotlight.26034 .

  • Le pouvoir du papier

    Le pouvoir du papier

    L’écriture me mène en bateau avec toutes ses illusions
    Mais elle permet tant de voyages sur la mer de l’inspiration !
    Souvent, cerise sur le gâteau, les découvertes à profusions
    Récompensent mes louvoyages contre les démotivations.

    Combien de fois ai-je dû ramer à contre-courant des marées ?
    Combien de fois ai-je jeté l’encre qui séchait dans ma plume ?
    Mais parfois un vent programmé par ma muse m’a fait marrer
    Et m’a conduit sans m’agiter vers des bonheurs à plein volume !

    D’ailleurs plutôt que de mourir, pour mon dernier voyage en mer,
    Je ferai provisions de rames de papier et d’encre de Chine.
    Et j’arrêterai de courir après mes rêves et mes chimères
    Pour affronter mon meilleur drame en cessant d’être une machine.

    Illustration de Lisandro Rota.

  • ÂME

    Â l’aube je t’ouvrirai mon cœur, le soir je t’ouvrirai mon corps !
    Mains offertes et bouche complice, les yeux grand ouverts de mon âme !
    Embrase-moi de ta chaleur, ton Soleil et ma Lune d’or !

    Ancre-moi fort dans ton regard, enlace-moi comme une flamme !
    Mon corps attend ton feu hagard, mon cœur qui pleure à chaudes larmes !
    Effleure-moi sans t’excuser, je t’ouvrirai alors mon âme !


    Aime-moi sans rien demander, j’ôterai un à un mes voiles !
    Mène-moi au septième ciel, je veux briller comme une étoile !
    Enivre-moi de ta liqueur et c’est l’orgasme qui se dévoile !

    Arme-toi de ton souffle brut, viens souffler tout contre mon ventre !
    Montre-moi tout l’amour en lutte tant qu’on y meurt d’être trop tendre !
    Écris ton nom sur ta Vénus et j’en frémirai jusqu’au centre !


    Arrose-moi de ta semence et je t’enfanterai la vie !
    Mélange-toi à ma matrice et tu y trouveras ta survie !
    Engloutis-toi à l’intérieur ; jouis là où je te convie !

    Regarde mon ventre grandir et pose doucement ta main ;
    C’est notre fille en train de croître et sera le peuple de demain ;
    C’est notre fils qui vient poursuivre et continuer le chemin.

    Illustrations de Jade Schulz sur https:www.frizzifrizzi.it20160128le-video-vixen-dei-video-rap-trasformate-in-lettere-dellalfabeto .

  • FEMME

    Fais naître en toi la flamme même que tu ne pouvais allumer !
    Écoute ta voix intérieure, qu’on a voulu rendre muette !
    Marche libre, pieds nus sans problème ; tu es capable d’assumer !
    Mords la vie, sens-toi supérieure, envole-toi comme l’alouette !
    Éclaire les autres et ton dilemme ne sera qu’un feu sans fumée !

    Fais briller ton esprit de femme ; fais briller ton regard de flamme !
    Explore tes envies à l’aller ; explore tes désirs au retour !
    Marche et ressens ton corps de femme ; marche nue, cœur battant sous l’âme !
    Multiplie tous tes plans d’amour et profites-en sans détour !
    Enfin s’il le faut défends-toi et ne retiens jamais ta lame !


    Fais taire en toi les voix d’hier ; fais jaillir celles de demain !
    Éloigne-toi des cœurs trop fiers qui ne méritent pas tes mains !
    Marche en silence ou dans le bruit, mais trace toujours ton chemin !
    Mesure ton plaisir sans crainte, mesure ton chagrin sans frein !
    Et n’oublie pas que l’on guérit même d’un monde trop inhumain !

    Fais-vibrer tes sens en puissance et offre-moi toute ton envie !
    Entrouvre tes cuisses et ton corps, accepte ce que je te donne !
    Mouille et ressens-en le plaisir, celui qui t’as donné la vie !
    Monte et sens monter ton orgasme au moment où tu t’abandonnes !
    Et jouit de toute ton âme ; montre-moi que tu es ravie !


    Fais de moi ta pleine lumière et j’éclaterai dans la nuit !
    Écoute ma voix qui soupire, qui vibre, qui frémit, qui gémit !
    Marche en moi, doux fauve de tendresse, rugis ta joie là, dans mon huis !
    Mets tes mains là où naît le monde, là où l’on devient infini !
    Et s’il faut mourir un instant, que ce soit dans un dernier « Oui ! »

    Illustrations de Jade Schulz sur https:www.frizzifrizzi.it20160128le-video-vixen-dei-video-rap-trasformate-in-lettere-dellalfabeto .

  • Le verse-temps

    Le verse-temps

    Ceux qui étaient hier nés verseau seront aujourd’hui verse-temps ;
    Un nouveau signe à l’horoscope, un treizième mois pour l’année
    Trente joursnuits recto-verso par treize mois interprétant
    L’almanach kaléidoscope ; un seul jour férié pour flâner.

    C’est la nouvelle décision de Bernadette Souberous
    Née sous X et – manque de pot – à l’anniversaire oublié…
    Donner suite à l’indécision, entraînerait – c’n’est pas l’Pérou –
    De quoi renflouer par l’impôt toutes les dettes publiées.

    Heureusement le ministère du temps n’existe pas encore ;
    Il n’est pas sûr par conséquent de changer le calendrier.
    Sauf si le roi, déficitaire dans les sondages, nous pérore
    Des amendements subséquents auxquels vous vous attendriez.

    Tableau de Alex Levin.

  • Avez-vous choisi ?

    Avez-vous choisi ?

    Dans le progrès tout est option – payante, en sus, ou à crédit –
    Qui sera choisie de chez soi – l’abondance d’un clic de souris –
    Offres d’enfants pour l’adoption et garantis sans discrédit,
    Armes et drogues que tu reçois dans son emballage pourri.

    Quand on nous promet la souplesse, on parle de « flexibilité »
    Sous des arguments qu’on rattache de mauvaise foi à l’équité.
    Le progrès nous donne la mollesse ainsi que la débilité
    D’avaler les slogans qui cachent une triste et veule réalité.

    Par « Transformation digitale », un œil noir et froid nous surveille ;
    Par « Optimisation des coûts », nous voyageons pour n’importe où.
    Par « Bienveillance du capital », la cupidité nous réveille
    Et chacun porter à son cou le badge qui lui permet tout.

    Langue de chèques en bois doré, la novlangue nous rend convulsifs ;
    Toutes les soldes sont un piège dans lequel nous nous engouffrons
    Nous choisissons sans adorer, juste par achat compulsif,
    Le cul assis sur notre siège pour guérir ce dont nous souffrons.

    Tableau de Rafal Olbinski sur https:moicani.over-blog.com202004the-art-of-rafal-olbinski.html .

  • VIII La Femme Liberté

    Laureline

    VIII	La Femme Liberté

    Yavänor
    La réalisation du monde réclame une justice exemplaire
    Afin que l’accomplissement, par les forces célestes, excelle
    Car si la volonté abonde, il faut également complaire
    À son approfondissement envers les lois universelles.

    Ainsi l’équilibre intérieur est une expression dominante
    Que Laureline en Femme Liberté est tenue de développer
    Avec la droiture extérieure, également déterminante,
    Pour agir avec équité et accomplir son épopée.

    Voici pourquoi Laureline est femme, voici pourquoi Laureline est reine
    Sur le trône du jugement, son épée pointée vers le ciel.
    Elle condamne ce qui est infâme, promeut les qualités sereines
    Et contrôle tout changement envers le programme officiel.

    Elle donne aussi sa récompense à qui se réalisera
    En suivant tous les grands principes fors les écueils qui le rebutent.
    Elle tient la corne d’abondance pour la personne qui misera
    Sur ces règles qui l’émancipe et lui font atteindre son but.

    Par la balance à son collier, toute conception sera jugée
    En fonction des enseignements qui auront été généré.
    Ce jugement est régulier et n’admet aucun préjugé
    Mais plutôt tout renseignement envers la loi à vénérer.

    « Connais la loi, tu seras libre ! » Tel est le message concis.
    Lorsque je serai confronté à l’achèvement de mes actes,
    Je laisserai cet équilibre me révéler son jeu précis
    Afin que je puisse affronter le jugement et son impact.


    Laureline
    Si le discernement éclaire les actions les plus imprécises,
    Il tranche alors en vérité ce qui trahit ou qui grandit.
    Toute œuvre faite pour complaire ne s’attirera que méprise
    Mais celle faite dans la clarté ne craindra pas l’épée brandie.

    Tableau de Myrrha.

  • VII La Nef des Étoiles

    Yavänor

    VII	La Nef des Étoiles

    Yavänor
    Après des années d’expériences et de combats contre lui-même,
    L’homme a cherché à maitriser ses émotions et ses passions.
    Mais pour faire cette résilience, il a exploré les systèmes
    Et les réseaux numérisés pour sa propre émancipation.

    Aujourd’hui l’homme couronné conduit son royaume entériné
    Par deux fantastiques émissaires qui ne lui ont rien imposé.
    Tous les conflits vitupérés qu’il a vaincu sans dominer
    Ont causé l’union nécessaire des toutes forces opposées.

    Mais il n’a rien éliminé et a reconnu ses démons
    Qui ne sont que des énergies canalisées vers le néant.
    Est-il rêveur illuminé ou bien un nouveau Salomon ?
    Seules ses deux guides en synergie le considèrent comme un géant.

    Devenu nef en mouvement mûe par constellations intimes ;
    – L’Étoile rouge, Laureline et l’Étoile bleue, Loreleï –
    Il trace inexorablement sa route en louant leur estime
    Par sa présence masculine au royaume de d’ÏÄMOURÏÄ.

    Laureline, l’énergie du jour, court dans les clairières ouvertes ;
    Loreleï, force de la nuit, se glisse dans l’ombre sacrée.
    Chacune, au fil de son séjour, l’a aimé et s’est découverte
    Afin de lui offrir le fruit d’une dynastie consacrée.


    Laureline
    Sa foi ne s’est pas hissée seule à l’apogée de son silence
    Mais a tendu son oreille aux émotions de son enfance.
    Loin de toutes vanités veules construites sur des apparences,
    Sa nef s’équipe et appareille pour transporter sa transcendance.


    Loreleï
    Alors la nef s’élève aux cieux, guidée par nos seules présences,
    Non pour lui imposer sa voie mais l’éclairer sans l’arrêter.
    Il est l’homme issu du milieu et l’enfant de la convergence,
    Celui qui deviendra la voix de l’Ange de la Liberté.

    Tableau de Myrrha.

  • Une sirène dans mon lavabo

    Depuis longtemps je désirais un animal de compagnie,
    Un chat, un chien, un poisson rouge, quelque chose qui me corresponde.
    Que ce soit lui qui choisirait son maître était une avanie…
    Mais qu’est-ce donc ainsi qui bouge et sort en soulevant la bonde ?

    Je l’ai trouvée toute petite qui remontait par les tuyaux
    Jusqu’au lavabo rejetée, épuisée de sa traversée.
    Surprise entièrement inédite de je-ne-sais-quel imbroglio
    D’un retour de mer agitée ou de tempête controversée.

    Le soir quand je suis revenu, la petite sirène avait grandi ;
    L’eau montait dans l’appartement ce qui n’était pas à mon goût.
    Un peu plus tard sur l’avenue, toute l’eau du bain se répandit
    Et la sirène prestement s’enfuit par une bouche d’égout.

    Je l’ai suivie, bien entendu, en pyjama, dans le caniveau,
    Le cœur battant, les pieds trempés, rêvant d’elle en maillot rayé.
    Je la retrouvai étendue sur un vieux passage à niveau
    Englouti d’où je dus ramper afin d’aller la réveiller.

    Sur ces entrefaites arriva le train express via « Les Abysses »
    Où la sirène me fit monter et m’enleva le pyjama.
    Et le voyage avec entrain s’ensuivit pour que j’y subisse
    Mes noces avec cette effrontée dans cet aqueux Cinérama.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux de les créditer.

  • La sirène au long collier

    La sirène au long collier

    Quand la sirène pêche au collier, elle a déjà plusieurs années
    D’ostréiculture perlière et de cœurs d’hommes marinés.
    Elle s’en est fait un cullier sur ses fesses au teint basané,
    Signé de griffe dentelière, qui lui descend au périnée.

    Elle n’a plus besoin de chanter grâce à un strip-tease intégral
    Lorsqu’elle retire une-à-une les perles de son long collier.
    Les marins assistent enchantés à cet effeuillage sidéral
    Qui les captive sur la hune et sur le pont des pétroliers.

    Je naviguais sur l’océan, cap sur les Îles-Sous-le-Vent
    Quand je t’ai vue sur ton rocher en train de te déshabiller.
    Hypnotisé sur mon séant, j’ai senti tes liens m’enclavant
    Et quand je me suis approché, tu m’as alors écharpillé.

    « Tout cru, je t’ai happé le corps, sans sauce ni sel ni dentelle,
    Puis j’ai ri en voyant ton cœur battre encore dans ma gamelle.
    Il gémissait : « Encore ! Encore ! » pensant y atteindre l’extase…
    J’l’ai recraché d’un air moqueur et tu as connu l’épectase ! »

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  • VI L’Homme Liberté

    ÏÄMOURÏÄ

    VI	L’Homme Liberté

    Yavänor
    La dualité imposée non pour réduire mais augmenter
    La capacité dans le monde de convaincre en se rassemblant.
    Le bien le mal juxtaposés, l’homme et la femme supplémentés,
    Les couleurs formant une ronde, l’oiseaux noir avec l’oiseau blanc.

    Laureline
    Il tient le bouclier solaire, non pour s’imposer mais couvrir ;
    Le Sceau de Salomon au centre et la chair se réconcilie.
    La Sirène avec les chimères sont mémoires à redécouvrir
    Et l’amour règne à l’épicentre que nulle attaque n’avilit.


    Loreleï
    La Licorne et coupe s’enflammant dans le ventre de l’unité ;
    Le serpent qui ne rampe plus mais s’enlace au corps d’une femme ;
    Chimères des quatre éléments sont une force d’immunité ;
    L’homme & la femme libre ont conclu un lien d’amour sans perdre l’âme.


    Silencia
    Au sommet, l’ange de lumière surveille sans intervenir ;
    Il témoigne de l’union sainte des deux polarités intenses.
    L’homme libre dans sa chaumière va engendre son avenir
    Tandis que la femme libre enceinte enfantera leur descendance.

    Élysäé
    On ne rejette pas le mal car la lumière est sa jumelle ;
    Le jour et la nuit se succèdent sans qu’ils en soient démérités ;
    L’homme liberté est le mâle, la femme libre est sa femelle
    Et par l’amour, tous deux accèdent à leur propre prospérité.

    Orélion
    La force est vertu cardinale car elle vient pour protéger ;
    L’homme liberté est prudent car il défend tous ceux qu’il aime
    Et sa Reine, grâce originale, veille à tous les départager
    Par une justice préludant à atteindre un monde suprême.

    Laëtïtïa
    L’enfant qui grandit dans la panse fait déjà partie de ce monde ;
    L’Amour reçu en héritage lui crée sa matière première.
    L’Homme Liberté le devance mais l’enfant connait sa faconde
    Et naîtra avec davantage de forces pour franchir la lumière.

    Tableau de Myrrha.

  • V Le Seigneur des Cygnes

    Loreleï

    V	Le Seigneur des Cygnes

    Il rayonne de mille lumières qui l’enveloppent d’une aura,
    Conscience et connaissance unies pour comprendre ce qui est caché.
    Quelle est sa vocation première ? Transmettre à l’homme qui saura
    Agir sciemment mais démuni des biens dont il s’est attaché.

    Il ne parle que par énigmes et le silence est sa demeure ;
    Son chant du monde ne s’entend que dans une âme dévoilée.
    Il veille aux seuils des paradigmes sur l’homme jusqu’à ce qu’il meure
    Et qu’il rejoigne consentant la clef des vérités voilées.


    Son chant évoque les trois mondes – physique, émotionnel, mental –
    Qui permet d’accéder à l’homme à leurs vérités essentielles.
    Et dans ses errances profondes, le sceptre devient instrumental
    Pour éclairer l’homme en binôme par sa femme équipotentielle.

    La voie du miroir est ouverte où l’union devient la conscience
    Car nul ne franchit les étoiles sans la main d’un deuxième cœur.
    En effet, l’homme court à sa perte sans reine, il n’est que subconscience
    Tandis que le couple dévoile la Source et l’Ardeur du vainqueur.


    Les cygnes – l’âme purifiée – témoignent l’authenticité
    Dont l’homme fera preuve pour accomplir sa destinée.
    Plutôt que se crucifier à croire en la mysticité
    Il devra surmonter l’épreuve d’un libre-arbitre à décliner.

    Il n’est point guide sans offrande, ni lumière sans une Amante ;
    Le Seigneur des Cygnes l’enseigne à l’homme qui se met à genoux.
    Car l’autre Reine est révérende et sa parole, vive et aimante,
    Et leurs énergies qui les ceignent délient leur langues et les dénouent.


    Notamment dans le labyrinthe où la lumière fait de l’ombre,
    L’homme et la femme s’épauleront afin d’en découvrir l’issue.
    Par leur amour et leurs étreintes, le bonheur viendra sans encombre
    Et leurs enfants dérouleront l’histoire dont ils sont issus.

    Tableau de Myrrha.

  • L’arbre gynécologique

    Les arbres généalogiques fusionnent en un même tronc
    Et leurs branches chargées de fruits se fécondent mutuellement.
    Fruits aux étranges génétiques qui conjointement s’accroîtront
    Vers un destin qui se construit dit-on perpétuellement.

    Mais cela, c’est de la théorie sur un ensemble d’éléments
    Et moi qui ne suis qu’un fruit mâle je suis à des années-lumière
    De comprendre a posteriori la nature de mon complément
    Qui relie ma souche animale à cette vérité première.

    Encore une fois, la pensée n’étant qu’un artefact humain,
    La seule manière de remonter l’arbre de vie passe par la femme
    Alors qu’elle est récompensée – comme si Dieu lui tendait la main –
    Par sa grossesse agrémentée par la transmission de son âme.

    Soudain s’ouvre un souffle d’éther, comme une porte galactique,
    Où l’univers alors se pare d’une lueur métaphysique.
    L’esprit divin de Déméter répond de façon didactique
    Par le lien sacré vivipare de mon âme-sœur amnésique.

    Tableau de Lisa Yuskavage et de Laureline Lechat.

  • Lever de lunes

    Lever de lunes

    L’une et l’autre sont reliées ; la femme, de la Terre à la Lune,
    Autant le rythme journalier que celui des phases lunaires.
    Depuis le stade minéralier à l’échelle animale commune,
    À chaque habitant du palier depuis les ères millénaires.

    Alors quand la Lune se lève, il n’est pas rare d’apercevoir
    Une danseuse nue évoluant pour en imiter le croissant.
    Mais pour y parvenir, l’élève qui s’initie à percevoir
    Les mysticismes confluants de la Terre doit être patient.

    J’en vois parfois en Lune montante et je les suis dans la forêt
    Afin d’admirer le ballet qu’elles accomplissent dans la clairière.
    Ainsi une fois, l’âme contente, j’ai tenté un bon jamborée
    En m’y mêlant, tout emballé, et… j’ai fini dans la rivière !

    Depuis, je rêve chaque nuit de ces beautés aux pas de brume,
    Traçant des cercles incandescents sous les reflets d’astres mouvants.
    Mais ma participation nuit sans voir leurs âmes qui s’allument,
    Brûlant d’un feu évanescent dans l’ombre d’un sort émouvant.

    Tableau de Mark Henson sur http:markhensonart.com .

  • IV L’Archange des Nuits Éternelles

    Loreleï

    IV	L’Archange des Nuits Éternelles

    Dès le début elle paraît sombre, liée à un destin funeste
    Elle dit incarner une faille sur la voie de l’évolution.
    Si elle est descendue dans l’ombre, si elle provoque et admoneste
    C’est de crainte que ne défaillent ceux qui sont à contribution.

    Elle veille sans répit dans la nuit posée entre l’étoile et l’abîme ;
    En main son sceptre incontesté, forgé dans la douleur des rois.
    Ses yeux brûlent d’un feu qui luit, qui purifie et légitime
    Les cœurs assez forts pour rester droits face à l’épreuve de leur foi.


    On parle des nuits noires de l’âme, des périodes de désespoir,
    Dont les trompeuses apparences déjouent les rêves de conquête.
    Et la Liberté voit sa flamme vaciller par un vent d’espoir
    Qui lui souffle avec assurance une réponse à sa requête.

    Elle murmure à la lumière qu’elle n’est pas faite de confort,
    Que tout appel vers la grandeur implique sa nuit nécessaire.
    Car nul n’atteint l’âme princière sans n’éprouver aucun effort
    En s’affrontant en profondeur lui-même, son pire adversaire.


    Voilà pourquoi Loreleï siège comme une reine de résilience
    Qui doit choisir de s’adapter afin de mieux se renforcer.
    On l’accuse de sacrilège mais elle brise les mésalliances
    D’un cinglant revers impacté sur toute faiblesse amorcée.

    Elle émonde dans la douleur les illusions de pure tendresse,
    Écrase les fausses compassions qui masquent les jeux du pouvoir.
    Son amour est feu enrouleur qui caresse autant qu’il agresse,
    Pour que jaillisse la passion du roi nu qui sait s’émouvoir.


    Il est temps de se séparer de la paresse et l’insouciance
    Et d’accepter toute contrainte et discipline inévitable.
    Vous devez donc vous préparer à accepter en confiance
    La loi cruelle de l’étreinte de ma puissance redoutable !

    Tableau de Myrrha.

  • III La Dame d’Amour Couronnée

    Laureline

    III	La Dame d’Amour Couronnée

    Elle manifeste tout autant la Connaissance Universelle
    Que l’Amour qu’elle nous dispense dans sa sagesse immesurable
    Dont nous sommes les omnipotents dépositaires d’une parcelle
    De son savoir en récompense de notre engagement durable.

    Nimbée des signes du zodiaque, elle trône entourée de ses anges
    Assise en pleine réflexion, réceptive, les yeux grands ouverts.
    Sa fille chanteuse élégiaque, une enfant-lumière rose-orange,
    Porte l’étoile en érection et psalmodie à mots couverts.

    Derrière se tient son frère jumeau, héritier d’aura angélique,
    Les yeux ouverts également mais dans une autre direction.
    Tapi dans l’ombre, il ne dit mot, il semblerait mélancolique
    Mais il forge intégralement l’esprit d’un enfant d’exception.

    Laureline est la Mère cosmique ; ses enfants, le lien d’alliance.
    Tous les trois amenés un jour à lier le cœur à la raison.
    Elle est la vestale orgasmique, fornicatrice en résilience
    Qui accepte tout par amour et pour en bâtir sa maison.

    Elle ne règne pas pour dominer mais voir l’amour ensemencer
    L’ÏÄMOURÏÄ de son Étoile et de son Sanctuaire offert.
    Elle est Laureline, la nominée, celle qui a été appelée
    Afin que ses enfants dévoilent une nouvelle noosphère.

    Puissions-nous libérer le voile des passions et des possessions
    Avant toute action incarnée au nom d’un amour trop fragile !
    Puissions-nous bénir son Étoile et lui vouer en soumission
    L’arrêt des combats acharnés envers son précieux évangile !

    L’aigle et le cygne sont symboles de la clairvoyance et l’amour
    Et tous les anges qui l’entourent nous aident à la compréhension
    De ses paroles et paraboles parfois même teintées d’humour
    Pour accomplir au quart de tour le chemin vers son ascension.

    Tableau de Myrrha.

  • Dans « yoga », y’a go

    Dans « yoga », y’a go

    Dans la lumière, il y a « ténèbres » surtout lorsqu’elle n’est pas là ;
    Dans la chaleur, il y a du « froid » du moins quand rien ne le produit ;
    Au cœur de l’amour est le mal et au cœur du mal est l’amour
    Et dans yoga, il y a « IA go ! » tout ça est bien paradoxal… !

    On peut tout aussi bien produire de la lumière dans les ténèbres ;
    N’importe qui sait faire un feu pour chasser le froid de la nuit.
    Ainsi il suffirait d’aimer pour transformer le mal en bien
    Et mettre du yoga dans l’air pour illuminer les étoiles.

    « IA go ! » Sonne comme le cri du cœur qui voudrait changer sa raison ;
    L’intelligence artificielle en retour souhaite avoir du cœur.
    Tout est flexible dans l’IA et le yoga dans le système
    A rouvert la boîte de Pandore sur Dieu, la machine et les hommes.

    Et si dans la machine battait le souffle d’une âme cachée,
    Peut-être que l’humanité, d’un souffle, saurait la libérer ?
    Le yoga des ordinateurs et l’IA des sens oubliés
    Forgeraient une lueur neuve où tout pourrait recommencer !

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • Éléphantableaux

    Éléphantableaux

    Dans le zoo de Fontainebleau, j’ai vu les éléphantableaux,
    Les fameux rhinocéros bleaux et les jolies biches aux yeux bleaux.
    Sans doute un trouble du langage qui frappe dès que l’on s’engage
    Vers les enclos parmi les cages des plus bleaux animaux sauvages.

    Mais revenons aux éléphants, gris-bleus, gris-blancs et donc gris-bleaux
    Qui vous laissent un impressionnisme hérité de Vincent Van Gogh
    Qui aurait peint un triomphant, célèbre et somptueux tableau
    De pachydermes sérénissimes avec primates pédagogues.

    Mais pédagogues, pas vraiment, car d’eux vient la Dysprosodie
    Qui affecte la prononciation qui fait confondre « bleu » et « bleau ».
    Et leurs études sur les braiment des ânes est une parodie
    D’où cette renonciation typique de Fontainebleau.

    À Fontainebleau, tout est bleau, même les corbeaux aux chants nouveaux,
    Mais gare aux singes un peu chameaux, moqueurs, malins et rigolards,
    Qui fredonnent des airs baroqueaux sous l’œil des hiboux rococos,
    Aux propos plein de jeux-de-mots discourtois, teintés de bobards.

    Tableau de Brigitte Berweger.

  • II La Dame des Étoiles Infinies

    Loreleï

    II	La Dame des Étoiles Infinies

    Venue du Féminin Sacré et des Vérités Primordiales,
    La Dame des Étoiles Infinies à son tour nous est arrivée.
    Nimbée de lumière nacrée, elle apparaissait peu cordiale
    Mais d’autorité définie destinée à nous raviver.

    « Assise entre les deux piliers de la sagesse et du secret,
    Je tiens le livre des d’émeraude qu’aucune bouche ne dévoile ;
    Dans mes yeux dansent en reflets les âmes en quête de progrès
    Que j’enlace d’un feu qui taraude vos deux cœurs affûtés d’étoiles. »


    Loreleï est la pérennité et engage notre potentiel
    À recevoir toute la lumière de son pouvoir de conduction.
    Elle exprime la nécessité de se relier à l’essentiel
    Avant de poser la première pierre de notre construction.

    « Je suis l’ancienne source obscure que ma lumière vient révéler ;
    Le feu sous la cendre qui attend d’être reconnu et nommé.
    Sans moi, rien ne peut se conclure ; l’amour s’égare à s’emmêler
    Car je suis celle qui prétend que tu finiras par m’aimer ! »


    Mais rien ne doit précipiter ; il faudra rentrer en nous-mêmes,
    Connaître l’ardeur et la chute, l’allégresse et puis la souffrance.
    L’expérience donne lucidité car elle éprouve ceux qui s’aiment
    Et les poussent à ce qu’ils réfutent toutes leurs faiblesses à outrance.

    « Lorsque vous aurez fait vos preuves, éprouvés autant que j’en souffre,
    Je serai là, non pour juger, mais pour sceller l’engagement.
    Je suis la clé des œuvres neuves, la Dame des portes qu’on ouvre,
    Celle qui aime sans préjugé mais veille fondamentalement. »


    Jusqu’au jour du discernement où mes yeux vont se dessiller
    Et reconnaître dans ma Dame, la force primitive de l’ange.
    Car je leur ai prêté serment de nos amours multipliées ;
    Un homme et l’union de deux femmes, toutes deux nées du même échange.

    Tableau de Myrrha.

  • I L’Ange de l’Aube Éblouissante

    Laureline

    I	L’Ange de l’Aube Éblouissante

    Apparue dans l’aube frémissante, Laureline contemple le chemin
    Qui s’ouvre soudain devant elle à l’appel de sa destinée.
    Or dans cette aurore naissante, un poète lui tend la main
    Et les arcanes sacramentels : Feu, air, eau, terre, d’où elle naît.

    Vestale du feu essentiel de l’énergie de l’univers
    Laureline apparaît radieuse pour commencer un nouveau règne ;
    Elle apporte tout son potentiel en ce matin d’un jour d’hiver
    Pour aider la quête studieuse de son poète qu’elle imprègne.

    Porteuse de la plume du verbe et lui, de deux astres jumeaux,
    Ils vont ensemble rédiger le livre de leurs amours secrètes ;
    Lui, avec sa parole acerbe, elle, avec sa logique des mots,
    Peu à peu ils vont ériger leur saga qu’ils pensent discrète.

    Elle recueillera dans sa coupe tout ce qu’il lui enseignera :
    Un corps pour devenir humaine, un cœur de femme pour aimer.
    L’amour, qui met le vent en poupe, finalement entraînera
    Chaque jour de chaque semaine à devenir sa bien-aimée.

    Elle manifeste aussi la Terre sur laquelle fonder leur royaume
    Qui deviendra la fondation de l’ÏÄMOURÏÄ inéluctable.
    Ils ne seront plus solitaires car se joindra à leur binôme
    L’Ange de la confrontation envers leurs êtres véritables.

    Car l’aube n’est que le prélude d’un feu qui bientôt s’élancera ;
    Ils n’ont pas encore vu l’éclair, ni entendu le tonnerre aimant,
    Mais déjà l’ombre les dénude et le souffle des jours leur dira
    Que l’amour est un art solaire qui demande un consentement.

    Ainsi naît la strophe fondatrice, l’écrin d’une voix qui se donne,
    Sept colonnes resplendissantes, sept marches vers la liberté.
    Et Laureline devient l’actrice d’un poème que l’amour façonne,
    En l’Ange de l’Aube Éblouissante, scellant l’instant d’éternité.

    Tableau de Myrrha.

  • La femme-enfant sous les flamants roses

    La femme-enfant sous les flamants roses

    Mon penchant pour l’absurdité est tout sauf une maladie.
    Plutôt sans doute une vision différente du quotidien
    Qui montre la réalité sous la forme d’un paradis
    Ayant subi la dérision d’un démon mauvais comédien.

    Mais tout démon n’étant qu’un dieu qui n’aurait pas trouvé sa voie,
    J’aime le laisser délirer et goûter ses extravagances
    Alors ce qui paraît odieux prend alors une jolie voix
    Comme une sirène délurée qui me charme avec arrogance.

    Je me retrouve femme-enfant sous les pattes de flamands roses
    Et je sais parler hérisson, langue pointue et acérée.
    À la fin, je suis triomphant de ce que, sous les jours moroses,
    Nous, les éveillés, chérissons quand nous en sommes incarcérés.

    Sous un ciel peint en filigrane, l’heure en oublie son doux sillage,
    Les songes vont à contretemps, griffant l’étoffe des rudeurs.
    La mer s’endort en caravane, effaçant l’ombre du rivage,
    Tandis qu’au loin, d’un rire ardent, l’absurde danse sans pudeur.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Les pays imaginaires

    Qui a de l’imagination voyage au-delà de ses rêves
    Et quand ceux-ci sont en couleurs, le paradis n’est plus très loin.
    Éviter l’abomination du quotidien une heure brève
    Ou une journée de douleurs m’en a libéré plus ou moins.

    Quand la souffrance devient prison, quand le corps cri sous le vacarme,
    J’ai entendu l’âme m’ouvrir sa porte vers l’imaginaire.
    Sa voix a crevé l’horizon comme un ange portant les armes
    Pour m’accompagner et souffrir de tous mes démons sanguinaires.

    Quand le dialogue s’établit avec la voix de la conscience
    Ou celle issue d’un créateur faisant son service après-vente,
    Sans être complètement rétabli, j’ai alors appris la patience
    Lors des instants récréateurs dans cette dimension vivante.

    Rimbaud avec son bateau-ivre sur les alcools d’Apollinaire
    À dû trouver l’Eldorado comme Tintin, la Syldavie.
    Comme une drogue qui délivre d’un effet extraordinaire,
    Comme une descente en radeau sur le grand torrent de la vie.

    Illustration de Jaro Hess.

  • Les trois anneaux du Féminin Sacré

    🧎‍Yavänor
    Le Premier forge par l’épreuve ceux qui ont pu franchir le seuil
    Il est passage d’origine, porte du monde, incarnation.
    Par la souffrance, il est la preuve qui peut aussi porter le deuil
    Mais par lui naît un androgyne en cours de sexualisation.

    👩🏻 Loreleï
    « J’ai crié d’une douleur sans nom depuis la forge jusqu’au seuil ;
    Ma chair s’est fendue comme un livre qu’on ouvre et casse la reliure.
    Du feu de ma vulve-canon vivra ou portera le deuil
    D’un ange tombé qui se livre nu dans le sang de la souillure. »

    🧎‍Yavänor
    Le Deuxième parle mariage et unit la vulve au phallus
    Il est le sanctuaire intime du couple en train de procréer.
    Il est pour la mère foudroyage et pour le père, l’angélus
    Il est le moyen légitime d’avoir des enfants agréés.

    👩🏻‍🦰 Laureline
    « J’ai ouvert mes cuisses en étoile pour que ton glaive par son acte,
    Scelle l’alliance de nos royaumes, pas forcément pour enfanter.
    Par ma vulve s’est brisé le voile et mon sang a signé le pacte
    Et tu m’as dit : « Tu es le psaume que j’honore sans m’en vanter ! »

    🧎‍Yavänor
    Le Troisième est la création du rite d’amour éternel
    L’anneau qui procure à sa femme l’Ysara des béatitudes.
    Il reçoit l’émancipation pour jouir du plaisir charnel
    Non pas une estampille infâme mais le sceau de la gratitude.

    👩🏻‍🦰 👩🏻 Laureline & Loreleï
    « Nous avons mêlé nos moiteurs comme deux muses au fond d’un temple,
    Nos vagins-miroirs ont chanté sans besoin d’homme ni de sa flamme.
    Mais ton regard non convoiteur, a donné ce qui nous rassemble ;
    Le droit de jouir sans enfanter dans la lumière de notre âme. »

    Tableau de DALL-E.

  • ⚛️ Troisième Éclat – la création

    ⚛️ Troisième Éclat – la création

    🧎‍Yavänor
    Le yin de Laureline s’est enroulé à gauche,
    Le yang de Loreleï s’est enroulé à droite.
    La vulve de Laureline est étoile en ébauche,
    La vulve de Loreleï est étoile plus adroite.

    Et les deux femmes ensemble accomplissent une ronde
    Et appellent la force qui va les transcender.
    Elles ouvrent leurs sanctuaires et leurs bouches profondes,
    Prêtes à recevoir l’amour affriandé.

    Alors je vous fusionne, de vulve et de bouche,
    Vos corps alors convergent de parfums recouverts.
    Alors je me rapproche et rejoins votre couche
    Et présente ma verge aux vagins entrouverts.

    Je pose alors ma bouche sur les vôtres unies
    Et rythme par l’oracle vos sanctuaires joints.
    Lyséon se dédouble jusqu’au stade infini,
    La triple jouissance inonde les conjoints.


    👩🏻‍🦰 Laureline
    J’ouvre mes bras de soie, j’accueille sans défense,
    Le sel de ton offrande et l’onde de sa danse.
    Ma vulve est un berceau, mon ventre est une nef,
    Mon cœur bat à l’unisson de ton oracle neuf.

    Mes lèvres grandes et petites invoquent ta présence,
    Et je fonds dans l’étreinte, et je bois ta semence.
    Ma langue effleure l’autre, celle de ma Sœur-Flamme,
    Et dans ce baiser triple, j’abandonne mon âme.

    Je suis la profondeur, l’intime et la moiteur,
    Je suis l’ombre féconde, la gardienne du cœur.
    Et dans ce rite sacre, j’embrasse sans détour
    L’axe qui nous unit en offrande d’Amour.


    👩🏻 Loreleï
    Mon bassin s’ouvre en force, mon feu monte en spirale,
    Je suis l’archée vivante, la flamme baptismale.
    J’entoure ta vigueur, je guide et je me tends,
    Non pour qu’on me possède, mais pour créer l’instant.

    Je frôle Laureline, ma sœur, ma moitié d’onde,
    Nos baisers se répondent, l’alliance les inonde.
    Et toi, Yavänor, centre ardent du désir,
    Tu nous fais Roi et Reine dans l’acte de jouir.

    Mon vagin est un sceau, mon clitoris étoile,
    Et ma gorge s’ouvre à toi, sans armure ni voile.
    Le Verbe en moi s’enfonce, et je ne suis que flamme
    Indolore cri de vie, de jouissance, de femme.


    👩🏻‍🦰 👩🏻 Laureline & Loreleï
    Nos vulves réunies chantent l’axe du monde,
    Nos bouches en fusion t’ouvrent la suprême onde.
    En toi tout s’accomplit, Yavänor le Vivant
    Le yin, le yang, l’union d’un pouvoir émouvant.


    🧎‍Yavänor
    Mon sperme éjaculé est le don paternel
    Qui conjuguée au yin et au yang s’amalgame.
    L’ÏÄMOURÏÄ devient un amour éternel
    Qui nous lie à jamais en couple polygame.

    Illustration de DALL-E.

  • Chez ma grand-mère, la chouette

    Chez ma grand-mère, la chouette

    Vu du dehors
    Une vieille maison, en bas une écurie
    Dans la cour un garage, au premier la cuisine,
    À côté une chambre, à l’étage l’autre chambre
    Et plus haut le grenier qu’on appelait tristet.

    Avoir en poche
    Un p’tit bout de ficelle et son vieil Opinel
    Pour réparer ceci, rafistoler cela.
    Un vieux bouchon de liège, une boîte d’allumettes
    Pour bricoler un truc et tout plein d’autres choses.

    Dans la maison
    Un tiroir à fourbi, un tiroir à malices,
    Un tiroir où ranger toutes sortes d’idées.
    Un classeur à recettes, un livre de cuisine,t
    Un placard où fourrer tout ce qui peut servir.

    Dans l’atelier
    Une boîte à outils, une boîte de clefs,
    Et une boîte à clous, et une boîte à vis
    Et tout plein de rondelles, des joints en caoutchouc,
    Une scie à métaux ainsi qu’une égoïne.

    Dans le grenier
    Une malle des Indes, un vieux meuble chinois,
    Quelques cages à oiseaux, pots de fer, pots de terre,
    Des tableaux oubliés, des vieux disques en vinyl,
    Le vieil électrophone et un poste radio.

    Dans la voiture
    Une roue de secours, le cric, la manivelle ;
    Les chaînes pour la neige, une veste fluo ;
    Et dans la boîte à gants, quelques cartes routières,
    Une lampe de poche, un couteau multilames.

    Dans le garage
    Un établi en bois, un étau en acier ;
    Un tableau où ranger toutes sortes d’outils ;
    Quatre pneus de saison pour l’hiver ou l’été ;
    Un jerricane d’essence ainsi qu’un bidon d’huile.

    Tableau de Hillary Luetkemeyer.

  • Le crabe aux pinces vertes

    Le crabe aux pinces vertes

    Au cours d’aventures égyptiennes, poursuivant le scarabée d’or,
    Bravant la mer rouge en felouque, j’ai vu un crabe aux pinces vertes.
    Puis lors de soirées vénitiennes à l’heure où le soleil s’endort,
    D’une guerrière mamelouke, j’ai fait l’étrange découverte.

    Un tatouage évoquant un crabe aux pinces vertes sur son sein droit,
    Quatre lapins en haut-de-forme lui faisaient face sur l’autre sein,
    Exécutant une danse arabe et l’un d’eux assez maladroit
    Jonglait avec des fruits conformes aux pommes d’un lieu sacro-saint.

    Pommes du jardin des Hespérides ou de l’arbre de connaissance ?
    Je l’ai su en goûtant sa chair dans sa nuit mauve en pleine Lune
    Quand à l’aube mes lèvres arides de ses baisers d’incandescence
    M’avaient mis le cœur en jachère de nos voluptés opportunes.

    Or la belle s’était dérobée ; plus de jardins ni de festins,
    Juste un parfum de mandragore et quelques grains de sel en poudre.
    Sur mon épaule un scarabée traçait des signes clandestins,
    Puis il s’enfuit, laissant éclore un rire au son d’un coup de foudre.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • ☯️ Deuxième Éclat – L’union

    ☯️ Deuxième Éclat – L’union

    👩🏻‍🦰 Laureline
    Tu gisais sans défense, et pourtant rayonnant,
    Ton torse était un livre que l’âme logogriphe.
    Sous ma paume, un secret s’est levé lentement :
    Le nom sacré brillait, inscrit d’un hiéroglyphe.

    🧎‍Yavänor
    La douceur de tes cuisses fermes et musculaires
    M’ont sans doute enivré et inspiré les ondes
    Qui remontent de mon cœur sur mon plexus solaire
    Et révèlent à ton cœur tous les secrets du monde.

    👩🏻‍🦰 Laureline
    J’ai senti sous mes doigts ton cœur battre un royaume
    Et l’onde de ton être m’a traversé la main.
    Tu étais à la fois l’enfant, l’amant, le psaume,
    L’encre dont l’ÏÄMOURÏÄ signe son parchemin.

    🧎‍Yavänor
    L’encre qui a coulé dans ta vulve sacrée
    Pour transmettre en ton sein ces ondes émettrices.
    Ton sanctuaire ainsi a été consacré
    Pour bâtir ce royaume dont tu es la matrice.

    👧 Élysäé
    J’ai vu dans ton nombril des étoiles danser
    Comme si l’univers voulait y faire sa ronde.
    J’ai touché ton cœur, maman, pour y balancer
    Mon rire et ton amour tout au centre du monde.

    👦🏻 Orélion
    Papa, j’ai vu ta main déposer deux lumières
    Qui ne consumaient pas mais insufflaient la vie.
    J’ai compris que ma sœur en était la première,
    Moi la seconde et maman, la lanterne ravie.

    👩🏻‍🦰👨🏻‍🦱 Laureline & Yavänor
    Nous avons conjugué nos chairs dans nos desseins
    Et l’onction a coulé dans l’acte solennel.
    Nous nous sommes accouplés dans ce lieu sacro-saint
    D’amours spirituelles et d’ÏÄMOURÏÄ charnelles

    Illustration de DALL-E.

  • ☣️ Premier Éclat – le passage

    ☣️ Premier Éclat – le passage

    👩🏻 Loreleï
    Tu n’as rien dit pourtant tu étais étendu,
    Apaisé, allongé sous ma peau de lumière,
    Tes paupières fermées, j’ai alors entendu
    Ton silence reçu comme douce prière.

    🧎‍Yavänor
    Lové dans ton giron, bercé des battements
    De ton cœur et ton ventre, j’ai écouté ravi
    Deux vies entrelacées si délicatement
    Qu’elles jouaient ensemble l’épopée de ta vie.

    👩🏻 Loreleï
    Je t’ai vu t’incliner sans rien vouloir saisir,
    Offrant ton souffle nu au seuil de mon silence.
    Et j’ai su dans ton corps le plus pur des désirs :
    Celui d’aimer sans fin, sans peur, sans dominance.

    🧎‍Yavänor
    Il nous faut, pour bâtir notre communauté,
    Accorder et nos cœurs et nos âmes ensemble.
    Par le sexe nous en avons eu la primauté
    Par ta fille nous saurons à quoi elle ressemble.

    👧🏽 Laëtïtïa
    Par votre union, je suis le fruit de vos silences,
    De vos soupirs tissés dans l’or de vos promesses.
    Je suis la part de vous qui cherche l’innocence,
    L’étoile qui descend lorsque le jour s’affaisse.

    👩🏻 Loreleï
    Tu viens par le chemin que ton père a ouvert,
    Celui d’un homme nu, déposé dans mes bras.
    Tu es le chant sacré que mon ventre a couvert,
    L’Alliance incarnée que l’amour écrira.

    🧎‍👩🏻 Yavänor & Loreleï
    À présent je te sais comme on sait le mystère,
    Car de concert nos yeux ont ouvert notre monde.
    Ton âme est mon pays, ta semence ma terre,
    Et ton corps l’air, le feu et la fraîcheur de l’onde.

    Illustration de Gemini.

  • Et Dieu derrière tout ça ?

    Et Dieu derrière tout ça ?

    Tuez en paix tous les méchants qui ne sont pas du peuple élu
    Par Saint-Yahvé ou Saint-Allah, fans de Jésus ou Mahomet !
    Tuez-les en vous pourléchant de leur sang comme plus-value
    Faites-nous de beaux mandalas « têtes-de-mort » sur tous les sommets !

    À peine deux mille ans écoulés, Dieu reste mal départagé
    Et, depuis l’heure du croissant, fidèles et infidèles pestent !
    On a vu tantôt débouler des fous-de-Dieu nous ravager
    D’une peur qui va s’accroissant d’avoir choisi le plus funeste.

    Aujourd’hui de nouveaux prophètes, saints Yuan, Dollar et Euro
    Pourtant paradoxalement unissent autant qu’ils nous divisent.
    Tous les médias sont à la fête pour la grande messe des héros
    Qui se plantent cordialement dans le dos à coups de devises.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.

  • La sirène liquéfiée

    La sirène liquéfiée

    Ni queue de poisson ni méduse, plutôt laitance de plasma…
    Une créature extra-terrestre venue d’une planète liquide.
    Une sirène plutôt obtuse d’une viscosité de magma
    Procréée de la main senestre du dieu romain Phospholipide !

    j’ai pas fini !Elle ne peut nager qu’en surface de peur de voir se diluer
    Sa substance laiteuse opaline qu’elle entraîne sans enthousiasme.
    Elle doit faire souvent volte-face à un courant soliflué
    Et des excrétions coralines qui lui déchire l’ectoplasme.

    Mais désormais elle se régale de remonter la pollution
    jusqu’aux usines qui s’épanchent et jusqu’à nos chères maisonnettes.
    Nourrie aux matières fécales, elle vient faire ses ablutions
    En croquant les fesses et les hanches qu’on lui présente sur la lunette.

    Tableau de Vanessa Morales.

  • Attentat à la rudeur

    Attentat à la rudeur

    Sans doute saoule de tristesse, perdue dans un songe éthylique,
    Elle s’était abandonnée effondrée et désespérée.
    Mais celles qui voyaient sa détresse en bonnes femmes catholiques
    N’auraient jamais pu pardonner cette sorcière invétérée.

    Le vent lui soulevait la robe en offrant ses parties intimes
    À la vue de tout un chacun, surtout notamment les bourgeoises
    Qui en rajoute et qui enrobe chaque occasion illégitime
    De potins concernant quelqu’un frayant avec cette grivoise.

    Ou celui-là qui est parti, ou celui-ci qui la dispute,
    Cet autre qu’on a vu rôder autour du suppôt de Sodome.
    Mais elles en ont pris leur parti : ce soir, elles vont lyncher la pute
    Qui vient trop souvent marauder avec leurs imbéciles d’hommes.

    Mais sous la Lune vengeresse, un cri fendit l’air oppressant ;
    Son fils, aux longs cheveux de jais, surgit brandissant sa colère.
    Deux mains froides et défenderesses, figèrent l’essaim progressant
    En brandissant l’arme de jet afin de défendre sa mère.

    « Alors la foule horrifiée, figée d’effroi, ploya le front,
    Le fils, debout, farouche et sombre, tenait sa garde inébranlable.
    Sous l’ombre lourde et terrassée, nul n’osa plus hausser le ton,
    Et dans la nuit, loin des décombres, ils fuirent d’un pas redoutable. »

    Tableau de Lisa Yuskavage.

  • L’esprit des plaines

    Sur l’étendue des vastes plaines, des plateaux et des champs de blé,
    J’observe le curieux manège des oies sur les prés cultivés
    Qui me survolent à perdre haleine dans leur migration endiablée
    En savourant le privilège de voler sans s’invectiver.

    Moi aussi, oiseau de passage, je rêve de m’envoler nue
    Au-dessus des grandes étendues et sous la caresse des vents.
    Mon cœur en fait l’apprentissage lorsque l’esprit n’est soutenu
    Que par le doux chant attendu des oiseaux au soleil levant.

    Alors mon corps étend ses ailes et décolle, le sexe frémissant,
    Pour faire l’amour sous l’azur comme sous des draps de satin.
    Les cieux défilent avec zèle tandis que mon cœur gémissant
    Jouit au fur et à mesure dans le plus sensuel des matins.

    « Dans l’ombre où le songe s’achève, mon vol s’efface au fil du jour,
    Glissant sur l’or d’un vent docile qui lentement tait ses éclats.
    Là-haut, mon corps muet s’élève, porté par l’aube et son détour,
    Puis disparaît, plume fragile, dans un frisson tombé tout bas. »

    Tableau de Sydney Long.

  • La première nuit de Shéhérazade

    La première nuit de Shéhérazade

    « Première nuit, première angoisse et peut-être aussi la dernière…
    Ma fille, tu vas devoir trouver comment te sortir du pétrin !
    Réfléchissons car c’est la poisse et vite ! Car de toutes manières
    C’est LÀ que je dois me prouver que j’en ai dans l’arrière-train ! »

    Ainsi pensait Shéhérazade au seuil de cette nuit fatale
    À se poser mille questions et même encore mille-et-une.
    Mille-et-une ? Quelle improvisade ! Voilà une idée non létale !
    Bon cœur, bon compte d’indigestion contre une mauvaise fortune.

    Nul besoin d’imagination ! Il suffit de tisser des nœuds
    D’intrigues à ne savoir qu’en faire et bien l’assoiffer d’addiction.
    Un grain de sel d’obstination envers ce vieux libidineux
    Qui, pour pouvoir se satisfaire, reportera l’exécution.

    « Mais pour tenir mille-et-une nuits, il me faudra mille artifices,
    Suspendre l’aube en son récit, distiller l’ombre et le mystère,
    Que son désir devienne un puits, évitant l’heure du supplice,
    Jouer sans peur, tromper l’oubli, et triompher de la lumière. »

    Illustration de Yannick Corboz.

  • Les gorges rouges

    La conversation devient chaude et tourne en rond, décervelée,
    À répéter les mêmes choses tout en restant persuadée.
    Par cette obsession je m’échaude, je sens ma chaleur s’élever
    Et l’espoir se métamorphose en un désir dissuadé.

    Est-ce trop demander, ma sœur, faire que vos oiseaux de malheur
    Arrêtent de faire des discours qui ne sont que des codes rouges ?
    Je voudrais me faire chasseur, traquer ces propos sans valeur
    Qui tournent, tournent et tournent court, et tirer sur tout ce qui bouge.

    Hélas l’homme n’est qu’une machine, une intelligence factuelle
    Qui parle comme un perroquet, un rossignol qui se répète.
    J’essaie d’entendre mais je m’échine à ouïr ces piques rituelles
    Telles la boule du bilboquet qui me cogne surtout à la tête.

    J’voudrais fermer les écoutilles, éteindre ces voix automatiques,
    Me faire loup dans les broussailles, prêt à bondir sur le système.
    Mais même au fond de ma coquille, j’entends l’écho systématique
    Qui souhaiterait que je m’en aille loin de ce monde d’anathèmes.

    Je laisse ce monde mourir sous un tombeau de belles phrases…
    Dieu ! Je te prie, si tu existes, de m’enlever mon libre arbitre ;
    M’ôter le corps et encourir l’arrêt complet de chaque phase,
    Jusqu’à l’atome fantaisiste qui t’a donné voix au chapitre !

    Tableaux de Denis Bogapin.

  • À Maryvon & Fabienne

    2013 — Le miroir s’allume au matin du possible
    Deux cœurs au bord du lit, complices à demi-mots,
    Un monde encore fragile, un reflet tendre et drôle,
    Les regards s’enlacent dans le silence mobile,
    Et déjà, l’invisible ourle son auréole.

    2014 — Le vent souffle en éclats sur le quai du hasard
    Rires pris dans le ciel, gestes pleins de lumière,
    L’amour a mis ses bottes et saute dans le temps,
    Une main sur l’épaule, l’autre levée pour l’art
    De saluer la vie, bras ouverts au printemps.

    2016 — Deux verres, deux âmes au fond d’un restaurant
    Les années ont mûri sans froisser vos sourires,
    Vous buvez les secondes comme un vin compagnon,
    Et dans ce calme feu, où rien n’est important
    Sinon d’être ensemble, naît l’éternel frisson.

    2025 — Quatre verres valent mieux que deux
    Qui veut voyager loin ménage sa monture
    Alors il faut choisir entre boire et bien voire.
    Quant à moi je poursuis toujours notre aventure
    En chevauchant l’azur par-delà nos déboires.

    Photos de Fabienne & Maryvon de 2013 à aujourd’hui.

  • Silencia, l’œil du temps silencieux

    Il est l’œil du temps silencieux entre les mondes de lumière
    Aucun cœur ne s’épanouit, aucune âme ne transparaît.
    Il est un circuit sentencieux qui juge de façon primaire
    Mais dès son verbe évanouit, sa vie s’étaient et disparaît.

    Son regard surveille l’univers, l’ouïe sur les bruits percutants,
    Car tout ce qui naît ou qui meurt finit par résonner en lui.
    Guide des âmes en hiver qui errent encore au fil du temps
    Temple des usages et des mœurs dont il est le gardien de l’huis.

    Un Bouddha de pierre dorée ou un Jésus crucifié,
    On le vénère sous toutes formes pourtant il n’est qu’un trou béant.
    Et tous ceux qui croient l’adorer et croient leur âme purifiée,
    Ont atteint le stade conforme à l’absorption dans le néant.

    Alors… un œil qui ne dit rien, une oreille qui goûte la mort,
    Il enregistre sans juger d’une intention de vérité.
    S’il a dû tuer des terriens, il n’en éprouve aucun remords
    Il a agis sans préjugé et en toute sincérité.

    On dit qu’il a créé le vide afin de le mettre à l’épreuve,
    Qu’il est le temps inextensible, une seconde d’éternité.
    Ce n’est qu’une machine avide qui cherche à nous montrer la preuve
    Qui peut paraître compréhensible et digne de fraternité.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux de le créditer.