Fous êtes-vous ?

Je sais que je ne suis pas fou parce que je sais que j’en suis un
Tandis que les fous véritables croient justement qu’ils n’en sont pas.
Ce paradoxe, voyez-vous, montre qu’il est inopportun
De demander à nos notables de faire leurs mea culpa.



Il m’est déjà arrivé de devenir fou quand j’étais à l’hôpital et que j’avais contracté le staphylocoque doré lors de mes opérations de fracture du bassin.
La nuit la fièvre me provoquait des crises de folies et je faisais des rêves mégalomanes au cours desquels je me croyais le maître du monde et je me débattais contre les infirmières, persuadé qu’elles étaient folles et me voulaient du mal et que j’étais le seul à conserver toute ma raison.
Au matin, je me retrouvais tout honteux avec la peur que cela recommence les prochaines nuits.
La véritable peur, c’était que je ne me rendais pas du tout compte de mon état durant ces crises et surtout que je ne le sentais pas du tout venir.
La seule chose dont je me souvienne, c’est cette sensation euphorique, de penser être le seul à avoir toute sa raison et que les autres étaient fous.
J’en conclus que, tant que je doute, tant que je m’interroge et tant que je me demande si ce n’est pas moi qui suis fou… c’est que tout va bien !

Tableaux d’Anne-Marie Cutolo

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