
Sur sa planète, tout est rangé ; ça permet de gagner du temps.
Tout est pesé et mesuré, nettoyé et analysé.
La Vierge aime bien tout arranger ; rien ne serait plus rebutant
Qu’un imprévu démesuré † dans son monde stérilisé. ††
Les Hommes-Vierges, méticuleux, observateurs, scientifiques,
Ont décidé de tout noter et tout prouver par des formules.
Chercher ce lien miraculeux qui unit tout, c’est prolifique !
Rien n’est plus fortement connoté que cette quête qui les émule.
Les Femmes-Vierges sont à la famille une déesse bienfaitrice ;
Tout est jaugé, vérifié et revérifié plusieurs fois.
Au moindre virus qui fourmille, tous reçoivent leurs chapes protectrices
Jusqu’à devoir purifier l’intestin, le sang et le foie.

Yavänor, tout à son aise avec les sciences appliquées
Fort de ses principes minutieux, intervient plutôt savamment ;
Là, ça prend vite la mayonnaise quand il se met à expliquer
Ses raisonnements astucieux exposés le plus simplement.
Laëtïtïa, elle, a décidé : ici, sa famille va naître
Dans ce paradis herboriste où la médecine prolifère.
Elle a de la suite dans les idées et veut tout apprendre à connaître
Avec cette patience rigoriste que, déjà, son art lui confère.

Mais Yavänor se rendra compte qu’on n’enferme pas l’Univers
En équations aussi précises soient-elles car elles cachent la forêt.
Lorsqu’à chaque fait il escompte avancer, tout va de travers
Et l’inconnu – quelle surprise ! – devient alors démesuré. †
Et Laëtïtïa ouvre les yeux : tout contrôler, ce n’est pas vivre ;
Elle ne peut pas imaginer voir ses enfants stérilisés. ††
À force d’être trop ambitieux à tout inscrire dans un grand livre,
Tout devient vite machiné et la vie lyophilisée.
Illustrations de Gemini, Letaxä et Ledal.
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