
Mon corps cloisonné m’a beaucoup donné :
Dans le poumon droit, l’esprit à l’étroit ;
Dans le poumon gauche, des rêves en ébauche ;
Blotti dans le cœur, un peu de liqueur ;
Calé dans le foie, un manque de foi ;
Clos dans l’estomac, mes petits formats ;
Tassé dans le rein, du gros sel marin ;
Et par l’intestin, s’enfuit mon destin.
Dans un œil je loge une grande horloge,
Dans l’autre je range un regard étrange.
Jusqu’au râtelier monte un escalier
En colimaçon pour mes deux garçons
Qui vont à l’école entre mes épaules
Faire les fantassins au creux du bassin.
Tandis que mes filles descendent aux chevilles
Pour faire la fête criant à tue-tête.
J’ai dans mes deux seins, comme médecin,
La crème du lait, un petit filet
Qui coule à l’abri jusqu’à mon nombril
Et dont le nectar est bu sans retard.
Après l’écrémage, j’en fait du fromage ;
Mon petit mari le soir s’en nourrit.
Et puis, dans la chambre, j’étire mes membres,
Le jour se dérobe, j’enlève ma robe.
Illustration Photo Sculpture Tableau de Enrica Campi
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