
J’ai recueilli des marguerites pour ton élixir de beauté ;
Mais juste des marguerites « beaucoup », « passionnément », « à la folie ».
Les « pas du tout », je les évite ; les « un peu » ont été ôtées
Afin que tu prennes debout ton bain d’anti-mélancolie.
Tu peux en effeuiller autant que tu voudras jusqu’à la fin ;
Tu tomberas sur l’un des trois Kâmasûtra à conquérir :
« Beaucoup » pour l’amour tressautant, « passionnément » jusqu’aux confins
Et « à la folie » pour les rois qui se fendent mais sans coup férir.
Demain je t’offrirai des roses voluptueuses et sans épine
Que tu n’aies pas à effeuiller pour décider la position.
Rose des vents ; pour que j’arrose ton jardin nu qui galopine,
Il faudrait, pour m’émerveiller, mettre fin aux suppositions…
Et quand s’éteindra la lumière, quand l’eau dormira sous ta peau,
Les marguerites prisonnières se feront radeau sur les flots.
Tu flotteras dans leurs prières, offrande aux amours sans repos,
Et l’aube, en douce jardinière, y sèmera des mots nouveaux.
Tableau d’Irina Kotova.
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