
Si le pion est pris en passant, la reine est éprise en passant
Car le pion était messager et son billet est délivré.
Et la voici outrepassant le protocole en se cassant
Rejoindre un lieu aménagé pour les rencontres enivrées.
L’exaltation chauffant ses sens, elle dégrafe et ôte sa robe
Et court juste avec la culotte qui cache ses plus beaux atours
Quoique sur ses seins turgescents quelques œillades se dérobent
Des sentinelles où se ballotent les oriflammes sur la tour.
Elle disparaît sous la poterne et rejoint le chevalier noir
Pour s’offrir, durant la partie où les rois font des escarmouches,
L’œuvre de chair sous la lanterne et l’on entend dans le manoir
Des gémissements répartis dans les sombres couloirs farouches.
Sous les tentures de velours, cachant leurs frasques libertines,
Elle s’abandonne, enfin subit tout ce qui est précieux en lui.
Sur l’échiquier de leurs amours, l’extase rôde et s’illumine ;
Le chevalier, sans son habit, sourit car le pion, c’était lui !
Tableau de Slava Groshev.
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