
Sans doute qu’en principe ôtée, la culotte n’est plus nécessaire
Et la lame sort du fourreau sans coup férir, à point nommé.
Je pense à la déculottée que va donner cette émissaire
Qu’elle assénera tel le bourreau victime de sa renommée.
Peut-être qu’elle attend que l’on vienne, peut-être pas… le sang l’ennuie…
Elle voulait l’amour, pas la guerre, mais le poignard tranche entre eux deux.
Ses seins aspirent, quoi qu’il advienne, à s’évader dès cette nuit
Et sa beauté nue désespère les clients bien trop galvaudeux.
Tranche, tranche ! Pleure, sanglote, venge-toi, fais couler le sang !
Le poignard ôté de l’étui doit goûter la chair ennemie.
Tue, tue, tue ! Et taille la glotte à même le cou rougissant
Qui bouillonne, jaillit et luit ; le corps tombant en anémie.
Mais nul ne sait, dans l’escalier, si c’est l’amour ou bien la haine
Qui fit jaillir, d’un sein troublé, l’étincelle au tranchant du jeu.
Elle sourit, peut-être absente, ou bien trop lasse de leur peine,
Puis s’abandonne, gorge offerte, à l’éclat noir de ce qu’elle veut.
Un soutien gorge dégrafé dans la bouche du cadavre exsangue
Comme si l’œuvre était signée Lucifera-les-cuisses-fraîches.
On l’entend déjà s’esclaffer en courant nue, tirant la langue
Comme si elle était assignée à rire d’une voix revêche.
Illustration d’Enki Bilal.
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