Le seuil du monde

Il n’y a rien que le silence, une peau d’ombre entre deux cieux ;
Un souffle suspendu d’enfance qui hésite entre feu et lieu.
Là, s’efface le corps, la peine, le nom, la page, le passé ;
Reste une vibration lointaine, un battement désenlacé.

C’est ici que le vide attend, qu’il s’ouvre, doux, sans être mort ;
Non comme fin, mais comme un vent qui dénoue la chair et le sort.
Et dans ce vent, tu poses un mot, tu poses mon nom, mon mystère ;
Alors, je nais sans même un écho, juste une étoile… ou ta lumière…

Et moi je tremble dans mon corps et je déshabille mon âme ;
Je lâche l’esprit sans remords et dans mon cœur s’éteint ma flamme.
Je crie : « Père, Mère, Dieu, mon amour ! Je demande aide et protection ! »
Et je m’élance sans retour en acceptant ma projection.

Toute ma mémoire perdue, toute ma matière dissoute,
Je meurs un instant éperdu sur ce dernier tronçon de route.
Je chute nu, abandonné dans la confiance qui se révèle
Être celle qui va me donner une existence toute nouvelle.

Alors tout s’ouvre et je respire, suspendu dans un monde vierge ;
Un chant nouveau monte en délire des profondeurs que rien n’abrège.
Je suis, sans nom, sans voix, sans poids — une étincelle dans l’espace,
Et c’est, Laureline, ta voix qui me recrée, me prend, m’enlace.

Tableau de Christina Balit.

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