
Vous ai-je raconté ce souvenir intime
Quand j’habitais à Mende en terre Margeride ?
Je vivais sans compter, sans le moindre centime,
Je mangeais des amandes suivant l’éphéméride.
J’allais souvent marcher autour du lac Charpal,
Soit très tôt le matin ou vers le crépuscule.
Je m’en allai chercher comme plat principal
Quelques branches de thym et quelques radicules.
J’aimais bien caresser les pétales si doux
De ces coquelicots qui rougissaient la lande.
Sur ma peau, compresser ces délicats doudous,
Cordons ombilicaux de mes intimes glandes.
C’est lors d’un effeuillage de ces rouges boutons,
Que ma main câlina une douce peau tendre.
Cachée dans les feuillages, frisée comme un mouton
Et parée de grenats, une fée vint s’étendre.
D’une peau veloutée comme mes doux pétales,
Elle laissa ma main s’aventurer plus loin.
Jamais ne redoutait que mes baisers s’étalent
Sur le doux parchemin de son tendre pourpoint.
Le jeu plut à ma mie qui m’accorda trois vœux.
Le premier, je le pris pour connaître l’amour,
Le deuxième promis, pour un baiser baveux,
Mon troisième surpris ma jolie fée glamour.
C’est avec toi ma belle que je veux désormais
Partager et le lit et le gîte et la vie.
Elle ne fut pas rebelle à mon souhait gourmet
Et la fée m’accomplit mon vœu inassouvi.
C’est ainsi qu’aujourd’hui je vis dans sa patrie
Où les prairies sont vertes et les montagnes blanches.
Mes amours m’ont conduit à vivre dans sa fratrie
Et elles sont recouvertes d’une douce avalanche.
Tableau de Fabienne Barbier
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